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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

la bonne jurisprudence, touchant le fait et le droit

... C'est bien entendu celle qui doit être, incontestablement . La réalité nous montre parfois des faits douteux et des lois boiteuses, sources d'interprétations , régals des avocats, échappatoires des prévenus , n'est-ce pas Nicolas ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

16 juillet 1766 1

Votre ami, monsieur, est toujours aux eaux de Rolle en Suisse, et les médecins lui ont conseillé un grand régime. Vous pouvez toujours m’écrire chez M. Souchay, à Genève, tant pour les affaires de Bugey que pour le vingtième. Nous vous supplions très instamment, M. Frégol 2 et moi, de nous envoyer, à l’adresse de M. Souchay la consultation des avocats, les conclusions du procureur général, comme aussi l’avis du rapporteur, les noms des juges qui ont opiné pour, et ceux des juges qui ont opiné contre, afin que nous puissions nous conduire avec plus de sûreté dans la révision de cette affaire.

Nous espérons tirer un grand parti de la consultation des avocats ; nous espérons même de vous envoyer, avant qu’il soit peu, un mémoire raisonné qu’on nous dit être fait sur la bonne jurisprudence, touchant le fait et le droit.

S’il y a quelque chose de nouveau, nous vous prions de vouloir bien en parler à MM. les conseillers Mignot et d’Hornoy, qui vous donneront sans doute les éclaircissements nécessaires. Nous nous recommandons à votre amitié et à votre bonté, étant très particulièrement, monsieur, vos très humbles et très obéissants serviteurs.

Jean-Louis Wagnière et compagnie

procureurs chez M. Souchay

à Genève, au Lion-d'Or. 3»

1 Copie contemporaine ; l'édition de Kehl comporte des variantes de détail .

2 Texte de la copie de Darmstadt ; celle de Kehl et éditions portent Frégote .

3 Louis Moland dans l'édition Garnier de 1883 donne comme signature « J.-L. B. et compagnie. » et note « Ce qui signifie J.-L. Boursier et compagnie. « 

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12/10/2021 | Lien permanent

Si j'avais de la santé et de la jeunesse je ne serais pas toujours si éloigné de la seule personne de l'univers qui ait

... Non ! non, il n'est évidemment pas question de Poutine . Voltaire était encore plein d'idéalisation de la Grande Catherine, qui a fait progresser l'empire russe moins benoitement que le croyait le patriarche . Elle a été un chef de guerre pour l'accroissement de l'empire et championne des annexions bien avant Vladimir, ce qui en aucun cas ne peut excuser ce dernier . Son seul grand mérite est d'avoir réorganisé l'administration de son empire sans toutefois réussir à le sortir complètement de la féodalité . La Russie est une bête à problèmes de toute éternité , et Vladimir est son poison . 

 

 

« Au comte Alexandre Romanovitch Vorontsov

A Ferney, 28è avril 1767

Monsieur,

J'ai l'honneur de vous adresser deux exemplaires d'un petit ouvrage 1 qui m'arrive de Suisse . Il y est beaucoup question d'une personne très respectable 2 à laquelle vous êtes fort attaché . Au reste je ne connais pas l'auteur, mais celui qui m'envoie cet ouvrage me prie de m'informer si le directeur de la poste de Riga n'a point reçu deux paquets affranchis jusqu’à Nuremberg pour votre société économique . Je pense qu'il faut qu'ils parviennent francs de port à Pétersbourg ; j'ai écrit pour cela au directeur de la poste de Riga, et je lui ai mandé qu’il lui plût tirer sur moi une lettre de change à Genève . S'il était besoin des bons offices de Votre Excellence pour faire parvenir ces deux paquets à leur destination, je présume que vous me pardonnerez cette liberté .

Si j'avais de la santé et de la jeunesse je ne serais pas toujours si éloigné de la seule personne de l'univers qui ait pris les armes pour que les hommes fussent libres .

J’ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect, monsieur, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Lettre sur les panégyriques .

2 Catherine II .

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12/11/2022 | Lien permanent

ce qui court dans Paris et ailleurs est l'ouvrage de la plus vile canaille, aidée par des gens qui méritent un châtiment

Je paraphrase : "Ceux qui courent dans Paris et ailleurs font ouvrage de vile canaille, aidés par des gens qui méritent une volée de bois vert " .

On ne craint pas de qualifier (ou traiter) d'escroc un  vendeur de grigris miraculeux (retour d'affection, richesse, santé insolente , ...) . Or que vois-je devant mes yeux étonnés ? des coqs et poules qui prétendent tranformer leur fumier en tout ce que l'on désire . Qu'esgourdè-je à qui mieux-mieux ? la crise, c'est la faute aux autres, je vais vous en sortir avec mes petits bras musclés !.. Ce sont eux aussi des escrocs, experts en faux et usage de faux , je le maintiens, de cette sale espèce qui  affirme ne vouloir que notre bien et se mettre au service de la nation . 

N'est-ce pas ainsi que nombre de citoyens voient les faiseurs de promesses électorales : "votez pour moi et vous aurez l'aisance que me procure ma fonction, vous écarterez les affreux de tous les autres bords qui vous mentent évidemment, en cinq ans mes réformes vous rendront heureux et fiers d'être français, ... blablabla,... tata tata tata tatère, citoyens, tatsin tatsin, sang impur, tsoin tsoin !"

 

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Rien à droite ! ça me gonfle !!

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Rien au centre ! ça me gonfle aussi !!

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Rien à gauche ! ça me gonfle itou !!

 

 

« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.

31 juillet [1755]

Je reçois, mon héros, votre lettre du 26 de juillet. Or voyez, mon héros, comme vous avez raison sur tous les points. Premièrement, ce qui court dans Paris et ailleurs est l'ouvrage de la plus vile canaille, aidée par des gens qui méritent un châtiment exemplaire. Voici ce qu'on y trouve

Et qu'à la ville, et surtout en province,

Les Richelieu ont nommé maquereau.

Dort en Bourbon, la grasse matinée.

Et que Louis, ce saint et bon apôtre,

A ses Bourbons en pardonne bien d'autre.


Ce n'est pas là apparemment l'ouvrage que vous voulez. Les La Beaumelle, les Fréron, et les autres espèces qui vendent sous le manteau cette abominable rapsodie sont prêts, dit-on, de la faire imprimer. Un nommé Grasset, qui en avait un exemplaire, est venu me proposer, à Genève, de me le vendre cinquante louis. Il m'en a montré des morceaux écrits de sa main je les ai portés sur-le-champ au résident de France. J'ai fait mettre ce malheureux en prison, et enfin on n'a point trouvé son manuscrit. J'ai cru, dans ces circonstances, devoir vous envoyer, aussi bien qu'à Mme de Pompadour et à M. le duc de La Vallière, mon véritable ouvrage, qui est à la vérité très-libre, mais qui n'est ni ne peut être rempli de pareilles horreurs. Ils ont reçu leur paquet. Vous n'avez point le vôtre; apparemment que M. de Paulmy a voulu préalablement en prendre copie. Vous pourriez bien en demander des nouvelles à M. Dumesnil, en présence de qui je donnai le paquet cacheté sans armes, pour être cacheté avec les armes de M. de Paulmy, contre-signé par lui, et vous être dépêché le lendemain.
Vous sentez, monseigneur, le désespoir où tout cela me réduit. La canaille de la littérature m'avait fait sortir de France, et me poursuit jusque dans mon asile.
Le second point est le rôle de Gengis donné à Lekain. Je ne me suis mêlé de rien que de faire comme j'ai pu l'Orphelin de la Chine, et de le mettre sous votre protection. Zamti le Chinois et Gengis le Tartare sont deux beaux rôles. Que Grandval et Lekain 1 prennent celui qui leur conviendra , que tous deux n'aient d'autre ambition que de vous plaire que M d'Argental vous donne la pièce; que vous donniez vos ordres; voilà toute ma requête. Je me borne à vous amuser; et, si par hasard l'ouvrage réussissait, si on le trouvait digne de paraître sous vos auspices, je vous demanderais la permission de vous le dédier 2 à ma façon, c'est-à-dire avec un ennuyeux discours sur la littérature chinoise et sur la nôtre. Vous savez que je suis un bavard, et vous me passeriez mon rabâchage sur votre personne et sur les Chinois. Je vous supplierais, en ce cas, d'empêcher, en vertu de votre autorité, que monsieur le souffleur ne fit imprimer ma pièce et ne la défigurât, comme cela lui est arrivé souvent. Tout le monde me pille comme il peut. Adieu, monseigneur. Si vous commandez une armée, je veux aller vous voir dans votre gloire, au lieu d'aller aux eaux de Plombières. »

1 Lekain obtint beaucoup moins de succès dans le rôle de Gengis, que Mlle Clairon dans celui d'Idamé. (CL.)

2 Voir l'épltre dédicatoire de L 'Orphelin de la Chine .Page 211 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5811423w/f000218.tableDesMatieres

 

 

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06/03/2012 | Lien permanent

C'est une bonne réponse à tous les criailleurs de leur dire, jean-foutre sachez que je suis meilleur chrétien que vous,

... Jean-foutre intégristes regagnez vos pénates et n'en sortez plus .

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

26 décembre 1760 1

Bon bon voilà un excellent renfort pour notre Capilotade que cet abbé Grizel ! Ne manquez pas je vous prie de me faire savoir les suites de cette affaire divine ! Comment ? Cinquante mille livres volées à la terre pour enrichir le ciel ? Cela va être incessamment dans son cadre . Il est bon aussi de savoir si notre cher Fréron est écroué pour 12 mille livres 2. En ce cas le Fort-l'Evêque sera son Parnasse . Je suis très affligé de petit Ballot , 57 ans ce n'est pas Voiture . Nous sommes plus tenaces nous autres . Domestick purges procure a long life 3, dit Cheyne le docteur .

Entendez par la Lettre à l'Oracle 4 lettre à l'auteur de L'Oracle , c'était brevitatis causa 5. Les étincelles doivent sauter au visage de ceux qui ont brûlé cette excellente brochure .

N.B. – J'ai dépossédé les frères jésuites d'un bien assez considérable qu'ils avaient usurpé à six frères tous officiers du roi . Je leur ai prêté sans intérêt tout l'argent nécessaire pour rentrer dans leur héritage . Je crois vous l'avoir mandé . Cela est bien pis que la maladie, la mort, et la vision de frère Berthier . Pour me mettre à l'abri des calomnies de frère Croust et autres, j'écris à un sénateur de Bolonia la grassa 6, mon ami, très bien auprès du pape, grand homme de lettres ; je l'instruis de l'état de la littérature en Gaule , je finis par une belle profession de foi, naturellement et gaiement amenée . C'est une bonne réponse à tous les criailleurs de leur dire, jean-foutre sachez que je suis meilleur chrétien que vous, et meilleur serviteur du roi . C'est alors qu'on est le maître absolu dans ses châteaux .

Il y a une lettre de M. l'archevêque de Lyon à M. l'archevêque de Paris 7. Cette lettre est un livre, et un très bon livre pour ceux qui aiment ces matières, et j'aime tout, tout m'amuse .

Est-il vrai que princes et pairs ont répondu aux gens tenant la cour de parlement qu'ils iront si leur santé le permet ?

Vos nouvelles de paix n'ont aucun fondement . J'en sais plus que vous autres Parisiens .

Interim vale et me ama .8 »

1 L'édition Voltaire à Ferney date successivement le manuscrit de 1770, 1771, 1761 ; mais la lettre est bien de 1760 .

2 Voir lettre du 22 décembre 1760 à Thieriot : ...

3 Les purges domestiques procurent une longue vie . La phrase exacte n'a pas été retrouvée, mais George Cheyne était un partisan convaincu de « l'évacuation par en haut et par en bas » , voir Dr Cheyne's own account of himself and of his writings, 1743 .

5 Pour la brièveté .

6 Voir lettre du 23 décembre 1760 à Albergati Capacelli : ...

7 Voir lettre du 15 décembre 1760 à JR Tronchin : ….

8 Entre temps porte toi bien et aime moi .

 

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27/12/2015 | Lien permanent

toute mon ambition se borne à n'avoir pas la colique

... Vade retro dragée Fuca !

Il est des plaisirs simples en ce bas monde, et pour y goûter lavons nous bien les mains et ne fréquentons pas les foules porteuses de germes pathogènes . Paroles d'homme en bonne santé et qui veut le demeurer .

Non ! pas la colique !!

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« A Jean-Robert Tronchin

 

Lausanne 20è octobre 1757

Votre amitié, monsieur et votre probité éclairée me fortifient contre la répugnance que j’aurais naturellement à communiquer des idées qui peut-être sont très hasardées . Je vous les soumets avec confiance .

Il n'a tenu qu'à moi il y a près de deux ans d'accepter du roi de Prusse des biens dont je n'ai pas besoin et ce qu'on appelle des honneurs dont je n'ai que faire ; il m'a écrit en dernier lieu avec une confiance que je juge même trop grande et dont je n'abuserai pas . Mme la margrave m'étonnerait beaucoup si elle faisait le voyage de Paris . Elle était mourante il y a quinze jours 1 et je doute qu'elle puisse et qu'elle veuille entreprendre ce voyage ; ce qu'elle m'a écrit , ce que le roi son frère m'a écrit est si étrange, si singulier, qu'on ne le croirait pas, que je ne le crois pas moi-même et que je n'en dirai rien de peur de lui faire trop de tort .

Je dois me borner à vous avouer qu'en qualité d'homme très attaché à cette princesse, d'homme qui a appartenu à son frère et surtout d'homme qui aime le bien public, je lui ai conseillé de tenter des démarches à la cour de France ; je n'ai jamais pu me persuader qu'on voulut donner à la maison d'Autriche plus de puissance qu'elle n'en a jamais eu en Allemagne sous Ferdinand II, et la mettre en état de s'unir à la première occasion avec l'Angleterre plus puissamment que jamais ; je ne me mêle point de politique mais la balance en tout genre me paraît bien naturelle .

Je sais bien que le roi de Prusse par sa conduite a forcé la cour de France à le punir et à lui faire perdre une partie de ses états . Elle ne peut empêcher à présent que la maison d'Autriche ne reprenne sa Silésie, ni même que les Suédois ne se ressaisissent de quelque terrain en Poméranie . Il faut sans doute que le roi de Prusse perde beaucoup mais pourquoi le dépouiller de tout ? Quel beau rôle peut jouer Louis XV en se rendant l'arbitre des puissances en faisant des partages en renouvelant la célèbre époque de la paix de Westphalie ? Aucun événement du siècle de Louis XIV ne serait aussi glorieux .

Il m'a paru que madame la margrave avait une estime particulière pour un homme respectable 2 que vous voyez souvent. J'imagine que si elle écrivait directement au roi une lettre touchante et raisonnée, et qu'elle adressât cette lettre à la personne dont je vous parle, cette personne pourrait, sans se compromettre, l'appuyer de son crédit et de son conseil. Il serait, ce me semble, bien difficile qu'on refusât l'offre d'être l'arbitre de tout, et de donner des lois absolues à un prince qui croyait, le 17 juin 3, en donner à toute l'Allemagne. Qui sait même si la personne principale, qui aurait envoyé la lettre de madame la margrave au roi, qui l'aurait appuyée, qui l'aurait fait réussir, ne pourrait pas se mettre à la tête du Congrès qui réglerait la destinée de l'Europe? Ce ne serait sortir de sa retraite honorable que pour la plus noble fonction qu'un homme puisse faire dans le monde ce serait couronner sa carrière de gloire.
Je vous avouerai que le roi de Prusse était, il y a quinze jours, très-loin de se prêter à une telle soumission . Il était dans des sentiments extrêmes et bien opposés 4; mais ce qu'il ne voulait pas hier, il peut le vouloir demain; je n'en serais pas surpris, et, quelque parti qu'il prenne, il ne m'étonnera jamais.
Peut-être que la personne principale dont je vous parle ne voudrait pas conseiller une nouvelle démarche à madame la margrave, peut-être cet homme sage craindrait que ceux qui ne sont pas de son avis dans le conseil l'accusassent d'avoir engagé cette négociation pour faire prévaloir l'autorité de ses avis et de sa sagesse, peut-être verrait-il à cette entremise des obstacles qu'il est à portée d'apercevoir mieux que personne; mais s'il voit les obstacles, il voit aussi les ressources. Je conçois qu'il ne voudra pas se compromettre; mais si, dans vos conversations, vous lui expliquez mes idées mal digérées, s'il les modifie, si vous entrevoyez qu'il ne trouvera pas mauvais que j'insiste auprès de madame la margrave, et même auprès du roi son frère, pour les engager à se remettre en tout à la discrétion du roi, alors je pourrais écrire avec plus de force que je n'ai fait jusqu'à présent. J'ai parlé au roi de Prusse, dans mes lettres, avec beaucoup de liberté, il m'a mis en droit de lui tout dire; je puis user de ce droit dans toute son étendue, à la faveur de mon obscurité. Il m'écrit par des voies assez sûres, j'ose vous dire que, si ces lettres avaient été prises, il aurait eu cruellement à se repentir. Je continue avec lui ce commerce très-étrange; mais je lui écrirai ce que je pense avec plus de fermeté et d'assurance, si ce que je pense est approuvé de la personne dont vous approchez. Vous jugez bien que son nom ne serait jamais prononcé.
Je sais bien qu'après les procédés que le roi de Prusse a eus avec moi, il est fort surprenant qu'il m'écrive, et que je sois peut-être le seul homme à présent qu'il ait mis dans la nécessité de lui parler comme on ne parle point aux rois; mais la chose est ainsi.

C'est donc à vous, mon cher monsieur, à développer à l'homme respectable dont il est question ma situation et mes sentiments avec votre prudence et votre discrétion ordinaires. Je n'ai besoin de rien sur la terre que de santé; toute mon ambition se borne à n'avoir pas la colique, et je crois que le roi de Prusse serait très-heureux s'il pensait comme moi.

Je vous écris d'un cabinet d'où je vois douze lieues de lac et de campagne ; M. de Montferrat 5 a été bien content de ma retraite des Délices, mais dussiez-vous en être fâché, ma maison de Lausanne est encore plus agréable .

Il n'y a pas grand mérite à être philosophe dans de si beaux lieux avec ma chère liberté , Mme Denis, des amis et des livres . Tout ce dont je jouis est bien plus solide que ce que je viens d'écrire . A l'égard du liquide, c'est-à-dire des bons vins, je ne vous presse pas, mes besoins ne regardent que la fin de l'hiver .

Bonsoir mon très cher correspondant, je suis honteux d'avoir presque rempli huit pages .

 


[BILLET SÉPARÉ.]
[20 octobre 1757]
J'ai quelque envie de jeter au feu la lettre que je viens de vous écrire; mais on ne risque rien en confiant ses châteaux en Espagne à son ami. Vous pourriez, dans quelque moment de loisir, dire la substance de ma lettre à la personne en question vous pourriez même la lui lire, si vous y trouviez jour, si vous trouviez la chose convenable, s'il en avait quelque curiosité. Vous en pourriez rire ensemble; et, quand vous en aurez bien ri, je vous prierai de me renvoyer ce songe que j'ai mis sur le papier et que je ne crois bon qu'à vous amuser un moment. 

Je vous embrasse de tout mon cœur mon cher correspondant .

V.»

1 Du 16 octobre : « de madame la margrave de BAIREUTH.
Le 16 octobre.
Accablée par les maux de l'esprit et du corps, je ne puis vous écrire qu'une petite lettre. Vous en trouverez une ci-jointe qui vous récompensera au centuple de ma brièveté. Notre situation est toujours la même un tombeau fait notre point de vue. Quoique tout semble perdu, il nous reste des choses qu'on ne pourra nous enlever c'est la fermeté et les sentiments du cœur. Soyez persuadé de notre reconnaissance, et de tous les sentiments que vous méritez par votre attachement et votre façon de penser, digne d'un vrai philosophe.
WILHELMINE »
.

Voir lettre du 8 octobre 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/01/09/je-suis-surprise-que-vous-soyez-etonne-de-notre-desespoir.html

2 Le cardinal de Tencin .

3 Veille de la bataille de Kolin, qui verra une grave défaite de Frédéric II .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Kolin

 

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10/01/2013 | Lien permanent

l'abbé de Châteauneuf me disait : mon enfant, laissez crier le monde

...

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

22è juin 1764

Mon cher frère, encore une fois, plus j'y pense, moins j'imagine que le roi de Pologne veuille tous ses exemplaires . Il faudrait avoir une cinquantaine d'yeux pour lire 25 Corneille . Le roi de Pologne n'en a que deux comme moi, et encore ne sont-ils pas meilleurs que les miens . J'ai l'honneur d'être affligé de la vue comme lui . J'espère que M. Hulin se contentera du paquet qui est chez M. de Laleu, et que nous pourrons donner des Corneille aux gens de lettres . Frère Cramer n'en a pas assez tiré ; il s'est cru obligé de faire la petite édition des Commentaires pour les libraires de Paris 1; mais comme il se trouve que cette petite édition ne se rapporte point aux pièces de Corneille telles que les libraires de Paris les ont imprimées, par conséquent elle devient inutile . Tout cela ne paraît pas trop bien entendu .

Quoi qu'il en soit, mon cher frère, je crois que vous devez toujours garder vos exemplaires aussi bien que le petit billet pour M. Hulin . Je vous ai déjà mandé que j'avais écrit à M. Hulin par M. d'Argental . Je l'ai prié de faire retirer le paquet chez M. de Laleu pour le roi de Pologne ; et voici un autre billet pour M. de Laleu que je vous supplie de lui faire tenir . Vous voilà plus chargé des affaires du Parnasse que de celles du vingtième .

Ce M. Blin de Sainmore, vous dis-je, m'a écrit une belle lettre très bien raisonnée sur les pièces admirables de Racine , et sur les scènes imposantes de Corneille . Il y a quelque soixante ans que l'abbé de Châteauneuf me disait : mon enfant, laissez crier le monde, Racine gagnera tous les jours et Corneille perdra .

Pardonnez-moi encore une fois mes importunités, et permettez que je mette les trois lettres ci-jointes dans votre paquet .

Écr l'inf. »

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07/08/2019 | Lien permanent

Nous sommes si innocents que nous sommes en droit de demander justice au lieu de grâce

... Comme disent les hommes/femmes politiques mis en examen , n'est-ce pas MM. Sarkozy et Darmanin , Mme Marine Le Pen and C° .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

7 janvier 1767

Comme nous ne voulons rien faire, mon très cher ange, sans vous en donner avis, nous vous communiquons, Mme Denis et moi, le nouveau mémoire que nous sommes obligés d’envoyer à monsieur le vice-chancelier 1, fondé sur une lettre dans laquelle on nous avertit que des personnes 2 pleines de bonté ont daigné lui recommander cette malheureuse affaire.

Le mémoire, dont ces personnes ont ordonné qu’on nous fît part, alléguait des faits dont elles ne pouvaient être instruites. Ce mémoire se trouvait en contradiction avec les nôtres, et avec le procès-verbal. Vous voyez, mon divin ange, que nous sommes dans l’obligation indispensable d’exposer le fait tel qu’il est, et de requérir que monsieur le vice-chancelier daigne se procurer les informations que nous demandons. Nous sommes si innocents que nous sommes en droit de demander justice au lieu de grâce. Nous passerions pour être évidemment complices de la Doiret, si nous l’avions connue.

Nous vous supplions de vouloir bien vous intéresser à l’autre affaire 3 que nous avons recommandée à vos bontés auprès de M. de La Reynière, le fermier général.

Venons à des choses plus agréables. On ne pouvait guère, dans l’état de crise où la république de Genève et moi nous nous trouvons par hasard, imprimer correctement Les Scythes . Nous vous enverrons incessamment des exemplaires plus honnêtes. J’ai essuyé de bien cruelles afflictions en ma vie. Le baume de Fierabras 4, que j’ai appliqué sur mes blessures, a toujours été de chercher à m’égayer. Rien ne m’a paru si gai que mon épître dédicatoire. Je ne sais pas si elle aura plu, mais elle m’a fait rire dans le temps que j’étais au désespoir.

J’avais promis à M. le chevalier de Beauteville d’aller lui rendre sa visite à Soleure, et d’aller de là passer le carnaval chez l’Électeur palatin et arranger mes petites affaires avec M. le duc de Virtemberg ; mais mon quart d’apoplexie et une complication de petits maux assez honnêtes me forcent à rester dans mon lit, où j’attends patiemment la nombreuse armée de cinq à six cents hommes qui va faire semblant d’investir Genève. L’état-major n’investira que Ferney ; il croira s’y amuser, et il n’y trouvera que tristesse, malgré le moment de gaieté que j’ai eu dans mon épître dédicatoire, et dans ma préface contre Duchesne 5.

Je pense qu’on ne saurait donner trop tôt Les Scythes ; il ne s’agit que de trouver un vieillard. La représentation de cette pièce ferait au moins diversion . Cette diversion est si absolument nécessaire qu’il faut que la pièce soit jouée ou lue.

Adieu, mon aimable et très cher ange ; je me mets aux pieds de madame d’Argental . J’ai bien peur qu’elle ne soit affligée.

V. »

1 Ce mémoire est donné ici, d’autant plus qu'il a été certainement dicté par V* ; la minute ou copie est conservée en deux parties à la BNF (N. 24339 ffos 120et 117 )

Ce mémoire est intitulé « Addition au mémoire envoyé à Mgr le vice-chancelier le 29è décembre 1766 par la dame Denis de Ferney au sujet de la saisie de son équipage à Collonges », il est signé de la main de Voltaire, qui ajoute en marge : « Nota qu'ils n'avaient point de droit de visiter puisque le plomb n'est mis que pour assurer qu'on ne mettra point d'autres effets, et que le tout sera visité à l'arrivée à la douane. »

« Monseigneur,/ La dame Denis ayant appris dans le moment, que des amis généreux et respectables ont parlé ou écrit à monseigneur le vice-chancelier sur cette affaire, est obligée de lui dire , que dans leurs bontés prévenantes, ils ne pouvaient en aucune manière être instruits du fait ; et s'ils ont dit que la femme Doiret est parente de la femme de charge du château de Ferney, ils ont été trompés par de faux rapports . / Aucun de nos domestiques n'a jamais connu la femme Doiret . Notre femme de charge est sœur du boulanger du roi, nommé Thierry, qui vient d'acheter la charge de président du grenier à sel de Versailles . / Monseigneur est très instamment supplié de le faire interroger par un officier de justice de Versailles . Il verra que la famille de cette femme de charge n'est ni parente , ni alliée, ni connue de cette femme Doiret . / Monseigneur peut aussi exiger que M. l’intendant de Chalons ou son subdélégué, interroge les Doiret de Chalons . / La femme de charge du château se nomme Mathon. Elle est chargée de nourrir plus de cent personnes par jour, et dirige même souvent les travaux de la campagne . C'est une personne infiniment estimable dan son état et qui n'a jamais su s'il y a eu au monde des La Mettrie, des Frérets, des Lords Bolingbroke, des Du Marsais et des Boulangers . / En un mot , il paraît que toute cette aventure est une friponnerie de gens qui ont abusé d'un nom connu pour faire un commerce punissable. / Signé Denis de Ferney .

 

« 7 janvier 1767 / La nommée Doiret de Chalons est allée en Suisse pour voir une de ses parentes et amies qui l'a chargée de plusieurs papiers qu'elle ne connaissait point et dont elle ignorait entièrement la conséquence . De là elle est allée à Ferney où elle a une cousine femme de chambre de Mme Denis . Après y a voir resté quelques jours n'ayant point de voiture pour se rendre à Collonges, cette cousine à l'insu de ses maîtres lui en a fait prêter une avec quatre chevaux, lui a donné un homme pour l'accompagner et faire plomber ses malles . Elle était de si bonne foi et y entendait si peu de finesse qu'elle a livré ses malles pour cette opération . Il s'est trouvé en les visitant que que les papiers dont elle s'était chargée étaient des livres prohibés en France . Là-dessus les commis ont saisi la voiture, les chevaux, les malles et se sont emparés des papiers . La femme craignant qu'on en usât de même à son égard s'est sauvée après avoir déclaré les faits qu'on vient d'exposer . L'homme qui l'accompagnait avait fait une déclaration contraire par rapport à la voiture et aux malles, mais il n’était pas instruit et c'est celle de la femme qui est dans l'exacte vérité . / Mme Denis informée de l'aventure a réclamé tout ce qu'on avait saisi hors les papiers . On n'a consenti à rendre la voiture, les chevaux et deux malles qu'à condition de consigner 50 louis ce qui a été fait . Aujourd’hui il est question de les faire rendre ; les malles réclamées par Mme Denis contenaient des habits appartenant à elle et à M. de Voltaire . »

2 D’Argental lui-même .

3 Le renvoi de Jeannin.

4 Ce baume magique apparaît dans les romans du XIIIè siècle . Don Quichotte en fait grand cas ; voir : https://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_1952_num_40_132_8622_t1_0308_0000_2

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15/04/2022 | Lien permanent

On fait toujours très mal les choses auxquelles on a de la répugnance.

... Ce qui n'est pas le cas de ce père de 550 (cinq cent cinquante ! ) enfants, donneur de sperme inimaginable , qui aime trop les travaux manuels, champion de l'autosatisfaction, et qui va se trouver privé de son plaisir préféré : https://www.midilibre.fr/2023/04/28/pere-de-plus-de-550-e...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

18 septembre 1767

Mon cher ange est donc dans l'allégresse et la jubilation ; la convalescence se soutient donc parfaitement ; l'appétit est donc revenu, Dieu soit loué! Je chante Te Deum pour Mme d'Argental, et pour moi un Libera 1, car j'ai encore de grands ressentiments de fièvre. Je tâcherai d'engager Lacombe à faire encore mieux que vous ne proposez pour Lekain ; mais il a imprimé L'Ingénu, sans m'en rien dire, sur les premières feuilles incorrectes qu'il a été assez heureux pour se procurer. Son édition fourmille de fautes absurdes . Je ne conçois pas comment on en a pu souffrir la lecture. Je ne lui ai écrit jusqu'à présent que pour lui laver la tête . Vous aurez incessamment Charlot, ou la Comtesse de Givry, dont je fais plus de cas que de L'Ingénu, mais qui n'aura pas le même succès. Je ne la destine pas aux comédiens, à qui je ne donnerai jamais rien, après la manière barbare dont ils m'ont défiguré, et l'insolence qu'ils ont eue de mettre dans mes pièces des vers dont l'abbé Pellegrin et Danchet auraient rougi. D'ailleurs les caprices du parterre sont intolérables, et les Welches sont trop Welches.

Il m'a été de toute impossibilité, mon cher ange, de faire ce que vous exigiez à l'égard des Scythes . La tournure que vous vouliez était absolument incompatible avec mon goût et ma manière de penser. On fait toujours très mal les choses auxquelles on a de la répugnance.

Au reste, les comédiens me doivent la reprise des Scythes, qu'ils ont abandonnés, après les plus fortes chambrées, pour jouer des pièces qui sont l'opprobre de la nation. J'espère que vous voudrez bien engager les premiers gentilshommes de la chambre 2, qui sont vos amis, à me faire rendre justice et que, de son côté, M. le maréchal de Richelieu, qui a fait jouer Les Scythes à Bordeaux avec le plus grand succès, ne souffrira pas qu'on me traite avec si peu d'égards. On dit qu'il n'y aura point de spectacles à Fontainebleau, ainsi je compte qu'on jouera les Scythes à la Saint-Martin. Il serait bien étrange que les comédiens ne payassent mes bienfaits que d'ingratitude . Vous ne le souffrirez pas ; vos bontés pour moi sont trop constantes, et ce n'est pas votre coutume d'abandonner vos amis.

Mon village est devenu le quartier général des troupes qui font le blocus de Genève. Je vous écris au son du tambour, et en attendant la fièvre qui va me prendre. ·

Mme Denis et M. de Chabanon se joignent à moi pour vous dire combien ils s'intéressent à la santé de Mme d'ArgentaI, et moi, je ne puis vous dire combien je vous aime.

V. »

2 C'étaient à l'époque, par ordre d'ancienneté, les ducs d'Aumont, de Fleury, de Richelieu, de Fronsac, de Duras, de Villequier .

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29/04/2023 | Lien permanent

Je vous demande encore en grâce d'en faire votre affaire

... C'est ce qu'Emmanuel Macron, président, demande à Benyamin Nétanyahou, premier ministre,  pour qu'il fasse cesser l'écrasement de Gaza qui ne distingue pas les terroristes des civils , et qui applique jusqu'à ce jour ces célèbres paroles "Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens !"https://www.liberation.fr/international/emmanuel-macron-exhorte-netanyahou-a-cesser-les-operations-et-fustige-le-bilan-intolerable-a-gaza-20240214_TYAAT7YCABEXTKDQTTHUWP6FDE/

Mais il est vrai qu'il est difficile de faire boire un âne qui n'a pas soif et les demandes françaises ne seront sans doute pas agréées , nous n'avons aucun moyen de pression financier ou tactique pour nous faire entendre en Israël , pas plus que pour éradiquer Hamas . Il y a quelque chose de pourri dans ce Moyen-Orient !

 

 

« A Gabriel Cramer

[juin – juillet 1768]

Il est fort bien, monsieur Caro, de jouer la comédie, mais je me flatte que vos plaisirs ne vous font pas oublier vos amis . Je vous ai conjuré de me faire avoir les lettres et mémoires de Duplessis-Mornay 1, et les pièces concernant les premiers états de Blois . Il s'agit d'un point d'histoire très curieux et qui seul ferait rechercher votre Histoire générale . Je vous demande encore en grâce d'en faire votre affaire . Empruntez ces livres pour vous, et confiez-les moi ; ne me traitez pas comme Pharaon traitait les pauvres Juifs à qui il demandait des briques sans leur donner de paille 2. Envoyez-moi, je vous prie, ce qui est imprimé des trois nouveaux volumes de Mélanges 3.

Je vous réitère encore ma prière au sujet de l'Histoire de Henri IV par Bury 4.

Il est très important de savoir si c'est le marquis de Belloste ou La Beaumelle qui est l'auteur de cet examen ; vous avez des droits sur Chirol, il peut vous en instruire . Il n'est pas juste qu'on accuse le marquis de Belloste s'il n'est pas coupable de s'être moqué du président Hénault . Je vous embrasse cher Caro.

V. »

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15/02/2024 | Lien permanent

Le sang pétille dans mes vieilles veines en vous parlant de lui

Il ne s'agit pas ici de mes propres veines qui n'ont qu'une vieillesse future !

Quand à l'age de mes artères, je reste discret sur cette part de mon histoire anatomique .

Mon souhait est de garder un esprit ouvert et pétillant comme celui de Volti.

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental


 

19è juillet 1776


 

Mon cher ange, j'apprends que Mme de Saint Julien arrive dans mon désert avec Lekain [cf. lettre du 24 juin]. Si la chose est vraie, j'en suis tout étonné et tout joyeux. Mais il faut que je vous dise combien je suis fâché pour l'honneur du tripot contre un nommé Tourneur [Pierre-Prime-Félicien Le Tourneur], qu'on dit secrétaire de la Librairie [le 6 cotobre, Condorcet lui apprendra que Le Tourneur n'est plus secrétaire de la Librairie et eszt devenu le bibliothécaire du comte de Provence], et qui ne me paraît pas le secrétaire du bon goût. Auriez-vous lu deux volumes de ce misérable [Shakespeare traduit de l'anglais, 1776-1782], dans lesquels il veut nous faire regarder Shakespear comme le seul modèle de la véritable tragédie ? Il l'appelle : le dieu du théâtre . Il sacrifie tous les Français, sans exception à son idole, comme on sacrifiait autrefois des cochons à Cérès. Il ne daigne pas même nommer Corneille et Racine ; ces deux grands hommes sont seulement enveloppés dans la proscription générale, sans que leurs noms soient prononcés. Il y a déjà deux tomes imprimés de ce Shakespear, qu'on prendrait pour des pièces de la Foire faites il y a deux cents ans.


 

Ce maraud a trouvé le secret de faire engager le roi, la reine, et toute la famille royale à souscrire à son ouvrage.


 

Avez-vous lu son abominable grimoire dont il aura encore cinq volumes [il y en aura vingt]? Avez-vous une haine assez vigoureuse contre cet impudent imbécile ? Souffrirez-vous l'affront qu'il fait à la France ? Vous, et M. de Thibouville , vous êtes trop doux . Il n'y a point en France assez de camouflets , assez de bonnets d'âne, assez de piloris pour un pareil faquin. Le sang pétille dans mes vieilles veines en vous parlant de lui . S'il ne vous a pas mis en colère, je vous tiens pour un homme impassible. Ce qu'il y a d'affreux, c'est que le monstre a un parti en France ; et pour comble de calamité et d'horreur, c'est moi qui autrefois parlai le premier de ce Shakespear [dans la 18ème Lettre philosophique], c'est moi qui le premier montrai aux Français quelques perles que j'avais trouvées dans son énorme fumier. Je ne m'attendais pas que je servirais un jour à fouler aux pieds les couronnes de Racine et de Corneille pour orner le front d'un histrion barbare.


 

Tâchez, je vous en prie, d'être aussi en colère que moi,sans quoi je me sens capable de faire un mauvais coup.


 

Je reviens à Lekain. On dit qu'il jouera six pièces pour les Genevois ou pour moi. J'aimerais mieux qu'il eût joué Olympie à Paris [D'Argental répondra le 24 juillet qu'il « n'a pas tenu à Lekain qu'on remit Olympie », qu'il « l'avait demandé » et qu'on en était convenu »] ; mais il n'aime point à figurer dans un rôle lorsqu'il n'écrase pas tous les autres.


 

Je ne sais si M. de Richelieu fait paraître le précis de son procès qui sera son dernier mot [Contre Mme de Saint Vincent qui a fait des faux billets au nom de Richelieu, et réclame le remboursement d'une énorme somme ; elle a été libérée par la cour des pairs qui a ordonné un nouvel examen du dossier; cf. lettres du 5 avril à d'Argental, 5 septembre et 24 novembre 1774]. Il m'avait promis de me l'envoyer. Je ne lui ai point assez dit combien il est important pour lui de ne point ennuyer son monde. Il avait choisi un avocat qu'il croyait fort grave, et qui n'était que pesant. Il y a beaucoup de ces messieurs qui font de grands factums, mais il n'y en a point qui sache écrire.


 

Quand à mon ami M. le cocher Gilbert, je souhaite qu'il aille au carcan à bride abattue [il est alors accusé de vol et de faux, lui qui avait témoigné contre Morangiès].


 

Si vous voulez, mon cher ange, me guérir de ma mauvaise humeur, daignez m'écrire un petit mot. »

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19/07/2010 | Lien permanent

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