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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Mon grand plaisir serait de n'avoir affaire de ma vie ni à un seigneur paramont , ni au roi séant en son conseil, et de

 ... No comment !

Il y a consensus à ce sujet; je suis prêt à le parier sur la diode de ma souris !

 

 

 

« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon

Aux Délices 23 septembre [1758]

J'avoue, monsieur, qu'il y a des abus dans les républiques comme dans les monarchies Ubicumque calculum ponas, ibi naufragium invenies 1. On ne trouve pas toujours naufragium, mais on trouve partout quelque orage. Ils sont ici moins noirs et plus rares qu'ailleurs. Je suis très-aise d'être dans un coin de terre, dove non si vede mai la faccia della Maestà 2, et où les souverains m'envoient demander mon carrosse pour venir manger mon rôti. C'est pour augmenter mon bonheur, mon indépendance, que je vous ai proposé de me préférer à Chouet le fermier, fils du doge Chouet 3. C'est pour n'être ni en France, ni à Genève. Car mon idée est de mourir parfaitement libre. Si j'achète à vie, il faudra payer les lods 4 au seigneur suzerain il faudra solliciter un secrétaire d'État et le conseil pour obtenir que, moi catholique, je sois affranchi du dixième et de la capitation comme un huguenot. Mon grand plaisir serait de n'avoir affaire de ma vie ni à un seigneur paramont 5, ni au roi séant en son conseil, et de ne rien payer à personne. Voyez, monsieur, si la tournure que j'ai prise vous convient, quittez un moment votre Salluste 6, que pourtant je voudrais bien voir, et examinez mes propositions. Si elles sont acceptées, il m'en coûtera environ soixante mille livres, et vous jouirez peut-être dans deux ans, peut-être dans un an, de tout le fruit de mes peines. Je sais que je m'impose un fardeau onéreux. Mais un degré d'indépendance de plus, et surtout l'honneur de votre amitié, seront l'intérêt de mon argent.

Si quid novisti rectius istis,

Candidus imperti; si non, his utere mecum.7

Si vous approuvez mes idées, je mets les maçons en besogne, je trace un jardin, je plante des arbres à la réception de votre lettre, et j'attends de vous du plant de Bourgogne pour vous faire boire du vin du cru quand vous viendrez voir votre royaume de Tournay.

En cas que j'aie l'honneur de terminer avec vous, il me semble que le secret sur la nature de nos conventions est la chose la plus convenable. L'affaire des Russes n'est pas tirée au clair; mais les apparences sont qu'ils ont perdu une très-grande bataille. Laissons les fous s'égorger, et vivons tranquilles. Le fatras de l'Esprit d'Helvétius 8 ne méritait pas le bruit qu'il a fait. Si l'auteur devait se rétracter, c'était pour avoir fait un livre philosophique sans méthode, farci de contes bleus

Ut ut est,9 conservez l'honneur de vos bonnes grâces au vieux Suisse V., âgé de soixante-quatre ans, et bientôt de soixante-cinq. Encore un mot. Si le problème que je propose à résoudre paraît trop compliqué, vous le simplifierez par l'équation qui vous paraîtra la plus convenable. Mais point de seigneur suzerain, point de lods et ventes, point de vingtièmes, point de capitation, point d'intendant, ni de subdélégué, si fas est.10

Voyez, par exemple, monsieur, si vous n'aimeriez pas mieux que je rendisse le château logeable plutôt que d'y faire un pavillon qui rendrait ce château trop vilain. En ce cas, je vous donnerais une somme plus forte argent comptant. Vous auriez bien moins à rendre après ma mort, et votre terre serait toujours, embellie et améliorée. Vous pourriez convenir de payer après ma mort la moitié des frais des réparations et embellissements nécessaires au château.

Voilà de quoi exercer à la fois votre esprit et votre équité. Il faudra qu'il y ait bien du malheur si nous ne nous arrangeons pas.

Je vous présente mon respect.

V.

N. B. Que votre terre est dans un état déplorable, et qu'on détruit votre forêt.11 »

1 Chaque fois que tu feras le calcul tu trouveras un désastre ; Pétrone, Satiricon, chap. cxv, 16.

2 D'où l'on ne voit plus la face de la Majesté .

3 Jean-Robert Chouet avait été à plusieurs reprises syndic de Genève .

4 Les lods sont une abréviation pour les droits de lods et ventes. « Terme de jurisprudence féodale . C'est un droit en argent que doit un héritage roturier au seigneur dont il relève immédiatement quand on fait une vente, en considération de la permission qu'il est supposé donner au vassal pour aliéner son héritage. » Le pourcentage perçu , variable selon les coutumes, était généralement d'un douzième . L'équivalent de ce droit pour les propriété nobles était la quinte . Les seigneurs de Gex étaient les princes de Conti ( et non Condé comme l'a écrit F. Caussy dans Voltaire seigneur de son village, 1912) en leur qualité de comtes de la Marche .

5 Vieux mot de la coutume féodale désignait le suzerain ( mot qui a survécu en anglais : paramount).

6 De Brosses en faisant le commentaire de l'offre de V*, dans sa lettre du 14 septembre 1758, disait : « Je vais tâcher de le faire moins long que celui que j'ai écrit sur Salluste, que je n'ose plus ni relire, ni publier, de peur de m’enorgueillir du talent que j'ai eu de faire un gros in-quarto d'un très petit in -douze . » En fait l'Histoire de la république romaine dans la cour du VIIè siècle, par Salluste, en partie rétablie et composée sur les fragments qui sont restés de ses livres perdus, lorsqu'elle sera publiée à Dijon en 1777 tiendra en trois volumes in-4°.

7 Si tu connais quelques meilleurs principes, fais m'en part d'un cœur sincère ; sinon règle toi sur les miens . Le texte donne nil pour non .

8 A la même époque, Helvétius écrivait à V* vers le 20 septembre 1758 : « Vous ne doutez pas que je ne vous eusse adressé un exemplaire de mon ouvrage le jour même qu'il a paru si j'avais su où vous prendre . Mais les uns vous disaient à Manheim, les autres à Berne, et je vous attendais aux Délices […] Vous saurez que le livre est supprimé, que je suis dans une de mes terres à trente lieues de Paris, que dans ce moment-ci il ne m'est pas possible de vous en envoyer parce qu'on est trop animé contre moi . […] Je suis dénoncé à la Sorbonne, peut-être le serai-je à l'assemblée du clergé . » On peut remarquer qu'il n'est pas dit que la Sorbonne a condamné le livre . Le 26 septembre 1758 Thieriot écrivit à V* à propos de cet ouvrage : « Il est très difficile d'avoir ce livre, cependant [...] je vous en procurerai un exemplaire […] et je le ferai partir dans la semaine par la diligence de Lyon pour M. Tronchin. »

9 Quoiqu'il en soit .

10 Si le destin le permet .

11 Entre autres, de Brosses répondra : « […] vous me renvoyez votre projet de convention si travesti, si chargé de prétintailles qu'il ne m'est plus possible de le reconnaître . […] votre proposition était d'acheter cette terre à vie […]. vous m'offriez vingt cinq mille francs, je vous demandais trente . Le nouveau projet de convention porte vingt mille livres dont je rendrai environ la moitié, et la moitié aussi des dépenses que vous y aurez faites [...]. Ce fonds perdu est trop cher pour moi . […] Qui diantre est allé suggérer ce moulin de don Quichotte ? [il] coûterait beaucoup à bâtir, à entretenir, il irait rarement et ne rendrait guère . […]

Pour le bâtiment, […] en faire non une belle maison mais un logement commode et parfaitement situé . […] Au hasard de la tontine . Qui gagnera, gagnera . […] Vous faites bien d'être indépendant, mais il ne faut pas être trembleur . […] l'ange de la fatalité, conduisant Zadig par le monde, mit dans ce vieux château un talisman qui fait qu'on n'y meurt point . Mon vieux oncle éternel […] y a vécu quatre-vingt-onze ans […]

J'attends votre réponse si le mémoire ci-joint vous agrée . Sinon voulez-vous acheter ma terre purement et simplement ? […]

PS. - M. de Fautrière, retiré à Genève, me fait proposer un échange contre sa terre plus voisine des miennes de Bresse . Mais je n'ai pas une fort grande envie d'avoir affaire à lui . »

Pour la fin de la transaction, voir lettre du 14 octobre 1758 à de Brosses .

 

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02/11/2013 | Lien permanent

Voilà pourtant ce qu'on ose m'attribuer

... dit l'ex-président/candidat ! Et il fallut alors sur TF1 voir sa mine de faux jeton et son rappel hautain et méprisant envers l'outrecuidante journaliste .

A quel propos ? 

http://www.melty.fr/nicolas-sarkozy-clash-avec-laurence-f...

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/sarkozy-finance-par-kadhafi-en-2007-mediapart-insiste_1092481.html

Qu'en est-il vraiment ?

Je n'en sais rien, mais le mensonge est tellement rituel dans ces grosses foires d'empoigne que sont les élections présidentielles, qu'il se pourrait que N. S. ( Nos Sous ) soit mouillé à l'insu de son plein gré  ? Non ?

La soif de pouvoir fait oublier souvent de quelle main vient l'eau du verre . Qu'importe le flacon , pourvu que ...

D'autre part, sa "franchise" a permis d'avoir un florilège de lieux communs et enfonçages de portes-ouvertes ; remarquable (et lamentable) exercice de représentant de commerce avec, entre autres trucs,  cette exécrable et imbécile répétition du prénom de l'interlocuteur.

Coin coin coin coin ! Cause toujours , tu m'intéresses !

coin coin canard-barbarie-blanc.jpeg

 

J'arrête ici, sinon je sens que je vais devenir grossier .

 

 

 

« A M. Jean-Robert TRONCHIN, de LYON 1

8 août 1755.

Les La Beaumelle et autres ont eu la barbarie de me poursuivre jusqu'au pied des Alpes. Ils ont fait courir partout un manuscrit digne de la plus vile canaille, sous le nom de la Pucelle d'Orléans. Voici ce qu'on y trouve. C'est de Charles VII, roi de France, dont il s'agit. Le laquais qui a composé ces vers n'est pas obligé de savoir que Charles VII n'est point de la branche des Bourbons.

Charle amoureux d'une gueuse fanée

Dort en Bourbon la grasse matinée.

Et saint Louis, le saint et bon apôtre,

A ses Bourbons en pardonne bien d'autre.

Les Richelieu l'ont nommé m...


Voilà pourtant ce qu'on ose m'attribuer. Un nommé Grasset, qui est d'ailleurs un voleur public, est venu me proposer de me vendre ce beau manuscrit cinquante louis d'or. Je l'ai sur-le-champ déféré à la justice, lui et son manuscrit. Il a été flétri et banni. On dit qu'il s'est retiré à Lyon, et qu'il va passer à Trévoux.
Je vous supplie, monsieur, de faire lire cet écrit ou la substance à monseigneur le cardinal de Tencin et à M. de Rochebaron, s'il est possible, afin de prévenir de grandes calomnies et de grands malheurs. Pardonnez au trouble où ma douleur me plonge. Quelque absurde, quelque impertinente que soit la calomnie, elle est toujours très à craindre. M. l'abbé Pernetti m'a mandé que ces horreurs couraient dans Lyon. Il me mande aussi qu'il est constant que le roi demandera mon éloignement de Genève. Je crois le roi trop juste pour m'imputer des vers que les laquais de Paris rougiraient d'avoir faits. Je crois le cardinal de Tencin trop juste pour m'en accuser, pour persécuter un innocent dont il n'a pas assurément à se plaindre. »

 

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13/03/2012 | Lien permanent

Me voilà donc engagé absolument à ne plus rien changer

... Et pourtant, rendez-vous compte : la banane ,- le fruit qui dépanne,- est radio-active ! Est-ce grâce à elle qu'on peut devenir un brillant sujet ? Que nenni : https://www.buzzwebzine.fr/experte-revele-banane-radioact...

Je ne changerai rien à mon régime .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

27 avril 1767

Après vous avoir écrit, mon cher ange, et vous avoir envoyé un exemplaire des Scythes corrigé à la main, je suis obligé de vous écrire encore. La nouvelle édition, à laquelle on travaille à Genève, sera achevée dans deux jours, et il a fallu envoyer la pièce telle qu’elle est en Hollande, pour prévenir l’édition qu’on y allait faire suivant celle de Paris. Me voilà donc engagé absolument à ne plus rien changer. On traduit cette pièce en italien et en hollandais. Les éditeurs et les traducteurs auraient trop de reproches à me faire si je les gênais par de nouveaux changements.

Je vous dirai encore que plus je réfléchis sur l’idée de la nécessité d’un mariage en Scythie, et sur l’addition d’un monologue au deuxième acte, plus je trouve ces additions entièrement opposées au tragique. Tout ce qui n’est pas de convenance est froid ; et ce monologue, dans lequel Obéide s’avouerait à elle-même son amour, tuerait entièrement son rôle ; il n’y aurait plus aucune gradation. Tout ce qu’elle dirait ensuite ne serait qu’une malheureuse répétition de ce qu’elle se serait déjà dit à elle-même. Je préfère à tous les monologues du monde ces quatre vers que vous et madame d’Argental m’avez conseillés :

Au parti que je prends je me suis condamnée

Va, si j’aime en secret les lieux où je suis née,

Mon cœur doit s’en punir ; il se doit imposer

Un frein qui le retienne et qu’il n’ose briser, etc.

 

En un mot, je vous conjure d’engager le premier gentilhomme de la chambre à exiger de Molé une ou deux représentations ; cela ne peut nuire à sa santé. Le rôle d’Indatire n’est point du tout violent, et il n’y a guère de principal rôle comique qui ne demande beaucoup plus d’action. Il serait fort triste et fort déplacé que Lacombe, à qui j’ai rendu service, refusât de sacrifier ce qui peut lui rester de son édition pour en faire une plus complète, surtout lorsqu’il ne lui en coûte que cent écus pour Lekain. Je pense bien donner à Lekain les cent autres écus, puisque, en d’autres occasions, je lui ai donné cinq ou six fois davantage.

J’envoie à Lekain, par cet ordinaire, un exemplaire conforme aux vôtres, à un ou deux vers près. J’ai oublié à la page 45 :

Ils vaincront avec moi. – Qui tourne ici ses pas ?

au lieu de :

Quel mortel tourne vers moi ses pas ?

Je crois aussi qu’à la page 73 il faut :

Connaissez dans quel sang vous plongerez mes mains.

au lieu de :

vous enfoncez mes mains 1.

Je me jette à vos pieds et je vous demande mille pardons de tant de tourments ; mais je vous supplie que je vous aie l’obligation de la représentation que je demande aux comédiens, et de l’édition que je demande à Lacombe, édition d’ailleurs dont je lui achèterai deux cents exemplaires, pour envoyer aux académies dont je suis, et dans les pays étrangers. Je me mets à vos pieds, mon cher ange, toujours honteux de mes importunités, et toujours le plus importun des hommes. »

1 Ici le texte ne fut pas corrigé ; ac. V, sc. 5 .

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11/11/2022 | Lien permanent

je dois vous supplier de faire cesser un si horrible scandale.

vengeances hatives carton-pic.jpg

Oui ! parfois !

http://www.youtube.com/watch?v=b9GBeXa7Gq8&feature=related

Ou tardives, comme celle de Volti contre ce vraiment détestable individu : Desfontaines...

 

 

 

 

« A René Hérault

 

A Cirey ce 20 février [1739]

 

    Monsieur,

 

             Je ne peux empêcher [sic ! voir lettre à Moussinot du 18 février] que plusieurs gens de lettres vous présentent des requêtes contre l’abbé Desfontaines, aussi bien que tout le public. Mes parents peuvent s’y joindre pour l’honneur de toute une famille outragée[f1] . Mais moi, Monsieur, qui regarde plus ma réputation que ma vengeance, j’ai l’honneur de vous supplier instamment de me faire accorder un désaveu des calomnies du sieur Desfontaines, qui soit aussi authentique que son libelle. Vous avez entre les mains, Monsieur, la lettre de Mme de Bernières [« … où elle avoue hautement tout ce que j’ai fait, …, tout les services que j’ai rendus à Desfontaines ;… »], celle du sieur Thiriot, celle du libraire Prault, le certificat de Dumoulin, la lettre du sieur de Lyon[f2]  , enfin celle de l’abbé Desfontaines même écrite au sortir de Bicêtre. Puis-je moins demander, Monsieur, que le désaveu de ces calomnies si horribles et si prouvées, et quand vous êtes prêt à punir le coupable, n’aurez-vous pas quelque bonté pour le citoyen offensé ? Je parle à l’homme autant qu’au juge, je parle à mon protecteur aussi bien qu’au magistrat. Songez que le moment où j’ai servi l’abbé Desfontaines est l’époque de ses fureurs contre moi. Voyez la lettre du sieur de Lyon, voyez celle de Thiriot, du 16 août 1726, dans laquelle il m’avertit que Desfontaines pour récompense a fait contre moi un libelle ; considérez, Monsieur, je vous en conjure, qu’il m’a persécuté, calomnié pendant dix années, écoutez la voix publique, songez qu’un écrit intitulé Le Préservatif que[f3]  je n’ai ni imprimé, ni fait, a été le  prétexte de son libelle, qu’il a fait et imprimé, distribué, et avoué publiquement. Je sais ses récriminations ; mais, Monsieur, est-ce un crime de se plaindre d’un ingrat et d’un calomniateur ? Je porte à votre tribunal les mêmes plaintes qu’à tous les honnêtes gens. Est-ce à lui à m’accuser d’avoir écrit il y deux ans qu’en effet il avait payé mes bienfaits d’un libelle[f4] ? Oui, Monsieur, c’est précisément de quoi je demande vengeance, je la demande et de ce libelle fait en 1726, et de vingt autres et surtout du dernier. Je la demande avec tous les gens de lettres, avec tout le public qui vous en aura obligation, mais cette vengeance n’est autre chose qu’un désaveu nécessaire à mon honneur. Il ne m’appartient pas de vous prier de punir, mais je dois vous supplier de faire cesser un si horrible scandale.

 

             Je vous demande ce désaveu, Monsieur, et par cette lettre et par ce placet ci-joint.

 

             Je serai toute ma vie avec respect et reconnaissance,

                 Monsieur,

                          Votre humble et très obéissant serviteur,

                     Voltaire. »

 

 

 

 


 [f1]V* a été très sensible que Desfontaines dans sa Voltairomanie le disait issu d’un paysan ; il reprendra ce grief dans ses Mémoires  Présentement, il l’utilise pour essayer de mobiliser son neveu Mignot « officier de la chambre des comptes, dont le grand-père est traité de paysan » écrit-il à Hérault le 2 mars.

 

 [f2]Du Lyon, le 7 janvier a écrit à V* qu’il avait essayé de dissuader Desfontaines d’écrire contre V* des pamphlets qui déshonoreraient leur auteur.

 

 [f3]Le chevalier de Mouhy avait accepté de passer pour l’auteur.

 

 [f4]Dans la lettre à Maffei de septembre 1736

Lutter toujours,ça Volti l'a fait jusqu'à son dernier de souffle .

J'aimerais en être capable, comme cet "Homme de la Mancha", Don Quichotte-Brel qui me fait arriver au bord des larmes et dresser les poils d'émotion : http://www.youtube.com/watch?v=npkrfnoU0X4&feature=re...

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20/02/2010 | Lien permanent

c’est une chose infâme de n’être pas tous unis comme des frères dans une occasion pareille.

http://www.dailymotion.com/video/x1d7dd_the-rasmus-in-the...

Voilà un générique d'émission dont je cherchais le titre depuis quelque temps, et le hasard m'a permis de le trouver et apprécier en entier ! GO !!!

 

 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

des Académies française et des sciences etc.

rue Michel-le-Comte

à Paris

 

 

Lausanne 13 février [1758]

 

                            Je vous demande en grâce, mon cher et grand philosophe, de me dire  pourquoi Duclos en a  mal usé avec vous [le 26 février d’Alembert écrira que leur « brouillerie vient de que (Duclos) a voulu faire mettre dans l’Encyclopédie des choses auxquelles (d’Alembert) (s’est) opposé. »]? Est-ce là le temps où les ennemis de la superstition devraient se  brouiller ? Ne devraient-ils pas au contraire se réunir tous contre les fanatiques et les fripons ? Quoi ! on ose dans un sermon devant le roi traiter de dangereux et d’impie un livre approuvé, muni d’un privilège du roi, un livre utile au monde entier, et qui fait l’honneur de la nation ! Je ne parle que d’une bonne moitié du livre [V* critique certains articles de théologie et les « déclamations » qu’on trouve dans l’Encyclopédie]. Et tous ceux qui ont mis la main à cet ouvrage ne mettent pas la main à l’épée pour le défendre ! Ils ne composent pas un bataillon carré ! Ils ne demandent que justice ! M. de Malesherbes n’a-t-il pas été attaqué comme vous et vos confrères dans ce discours d’harengère  appelé sermon prononcé par Garasse-Chapelain [sermon de Charles-Jean-Baptiste Chapelain, jésuite,  publié en 1760 sous le titre de Sermon sur l’incrédulité des esprits forts de ce siècle, dans Discours sur quelques sujets de piété et de religion], qui prêche comme Chapelain faisait des vers ?

 

                            Je vous ai déjà mandé que j’avais écrit à Diderot [vers le 5 et le 8 janvier ; le 8, entre autres V* lui écrit : « On vous engage à demander une rétractation à M. d’Alembert. Il se déshonorerait à jamais, lui et le dictionnaire. »], il y a plus de six semaines, premièrement pour le prier de vous encourager sur l’article Genève en cas que l’on eut voulu vous intimider, secondement pour lui dire qu’il faut qu’il se joigne à vous, qu’il quitte avec vous , qu’il ne reprenne l’ouvrage qu’avec vous . Je vous le répète, c’est une chose infâme de n’être pas tous unis comme des frères dans une occasion pareille. J’ai encore écrit pour que Diderot me renvoie mes lettres, mon article Histoire, les articles Hauteur, Hautain, Hémistiche, Heureux, Habile, Imagination, Idolâtrie etc. Je ne veux pas dorénavant fournir une ligne à l’Encyclopédie. Ceux qui n’agiront pas somme moi sont des lâches, indignes du nom d’hommes de lettres, et je vous prie de le leur signifier. Mais je veux absolument que Diderot remette mes lettres et mes articles chez M. d’Argental en un paquet bien cacheté. Je ne sais pas ce qui peut autoriser son impertinence de ne me point répondre, mais rien ne peut justifier le refus de me restituer mes papiers [d’Alembert répondra que les articles sont restés entre ses mains et « n’en sortitront que sur ordre exprès » de V*. Le 25, à d’Argental, V* précise au sujet des papiers qu’  « il s’agit de papiers … au sujet de l’article « Genève » et des Kakouacs, de lettres … ». Le 19 février, Diderot finira par répondre à V*, mais en lui disant qu’il faut malgré tout continuer l’Encyclopédie pour ne pas « tromper l’espérance » des souscripteurs ]. Il faut avoir un style net, et un procédé net.

 

                            Les Russes sont à Koenigsberg [le 21 janvier]. L’année 1758 vaudra bien la dernière. D’ailleurs on ne fait que mentir. La fessade et le carcan de l’abbé de Prades sont des contes, mais qu’il est triste qu’on les fasse . Quiconque est là s’expose au moins à faire dire qu’il est fessé. Feliciter vivit qui libere vivit [vit heureux qui vit libre]. Que fait Jean-Jacques chez les Bataves ? [en fait JJ est à Montmorency] que va-t-il imprimer ? Sa rentrée dans le giron de l’Eglise de Genève ?

 

                            Ce n’est point Huber qui a dit que les prédicants étaient occupés à donner un état à Jésus-Christ, c’est la Cramer [Claire Cramer, femme de Gabriel cramer, imprimeur ; le 5 février, V* avait écrit à d’Alembert que c’était Huber]. Elle en dit parfois de bonnes. La lenteur et l’embarras de ces gens là vous justifient à jamais [Le Conseil s’est abstenu une deuxième fois de prendre position, après la rédaction de la Déclaration de le Compagnie des pasteurs].

 

                            V »

 

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14/02/2010 | Lien permanent

mes frères, que la vérité est forte ! Un parlement a beau employer les bras de ses bourreaux, a beau fermer son greffe,

... Aurons-nous à le vérifier durant cette législature ?

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« A Etienne-Noël Damilaville

31 juillet 1762

Est-il vrai que nous pourrons posséder notre frère, au mois de septembre, dans le pays des parpaillots ? Il est juste que les initiés communient ensemble. Frère Diderot ne peut quitter l’Encyclopédie ; mais frère d’Alembert ne pourrait-il pas venir se moquer des sociniens honteux de Genève ?

On ne trouve plus ici aucun contrat insocial de J.-J., et sa personne est cachée entre deux rochers de Neuchâtel. Oh ! comme nous aurions chéri ce fou, s’il n’avait pas été faux frère ! Et qu'il a été un grand sot d’injurier les seuls hommes qui pouvaient lui pardonner !

Est-il possible qu’on n’imprime pas à Paris les mémoires des Calas ? Eh bien , en voilà d’autres ; lisez et frémissez, mon frère. On a imprimé ces lettres à La Haye et à Lyon. Tous les étrangers parlent de cette aventure avec un attendrissement mêlé d’horreur. Il faut espérer que la cour sauvera l’honneur de la France, en cassant l’indigne arrêt qui révolte l’Europe. Mon Dieu, mes frères, que la vérité est forte ! Un parlement a beau employer les bras de ses bourreaux, a beau fermer son greffe, a beau ordonner le silence, la vérité s’élève de toutes parts contre lui, et le force à rougir de lui-même.

Espérez-vous la paix ? Tout le monde en parle ; mais j’ai bien peur qu’il n’en soit comme de la pluie que nous demandons, et que Dieu nous refuse. Tout est tari dans notre pays, excepté notre lac.

Ne vous livrez pas, mon frère, au dégoût et au dépit ; et tâchez de tirer parti du passe-droit que vous essuyez.

Thieriot et moi nous embrassons notre frère. »



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23/06/2017 | Lien permanent

On nuit plus au progrès de l’esprit en plaçant mal les récompenses qu’en les supprimant

paresseux.jpg

Accrochez-vous bien !

Je peux témoigner que "tomber" amoureux n'est pas toujours figuré .

(NDLR : un conseil d'ami : méfiez-vous des chaises à roulettes  ;- ))

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-François Hénault

 

Au château de Potsdam, 8 décembre [1751]

 

                            Vous me croirez paresseux, mon cher confrère, mais c’est parce que je ne le suis point que j’ai été si longtemps sans vous écrire. J’étais occupé à finir mon essai du Siècle de Louis XIV, à tâcher de vous imiter et de mériter votre suffrage et vos bontés. Il s’est glissé beaucoup de fautes tant de ma part que de l’éditeur, et je fais des cartons. J’ai pris la liberté de vous voler la liste des maréchaux de France et des ministres que j’ai mise à la suite de l’ouvrage [emprunt au Nouvel abrégé chronologique de l’Histoire de France de Hénault ]. Elle est suivie d’un catalogue de presque tous les artistes qui ont immortalisé ce siècle en tant de différents genres. Je vous supplie de jeter les yeux sur une petite partie de ce catalogue et de renvoyer ensuite ces deux feuilles à Mme Denis. J’avais, comme vous le voyez, prévenu cet énorme abbé Lambert, [Claude-François Lambert, auteur de Histoire littéraire du règne de Louis XIV (Paris 1751) ],  et je crois ni ne penser ni écrire comme lui. Franchement son gros livre déshonore la nation qu’il a cru honorer ; mais des barbouilleurs ont beau défigurer les grands hommes et peindre des pygmées à coté d’eux, les pygmées disparaissent, les barbouilleurs sont oubliés et les grands hommes restent.

 

                            A propos de grands hommes, il est triste que le roi de Prusse ait supprimé  la vie de son père dans l’Histoire de Brandebourg [ le règne de Frédéric-Guillaume est peu traité dans l’édition hollandaise de Mémoires pour servir à l’histoire de la Maison de Brandebourg (1751), mais il était traité dans l’édition faite « Au donjon du château » et le sera à nouveau dans la Continuation (1757) ]; mais vous m’avouerez, Monsieur, que les trois dissertations sur la religion, les mœurs, le gouvernement de son pays sont d’un vrai philosophe, et que Salomon, Marc Aurèle et Julien n’eussent pas  mieux fait. Au reste je n’ai d’autre part aux ouvrages  de cet homme très extraordinaire que celle d’avoir fait avec lui mon métier d’académicien et d’avoir servi à perfectionner en lui la connaissance de notre langue. C’est un faible mérite auprès du génie.

 

                            Je ne sais si on lui pardonne d’avoir comparé l’Electeur, son bisaïeul, à Louis XIV. On ne connait en France cet Electeur que pour avoir été surpris et bien battu par le maréchal de Turenne, et pour avoir été contraint malgré tous ses artifices à recevoir une paix honteuse. Mais cet Electeur, qui a dans Berlin le nom de Grand, a fait  réellement de grands biens à son pays, et par là cette comparaison devient excusable dans la bouche de celui qui d’ailleurs l’a si prodigieusement surpassé.

 

                            Cet homme singulier doit être cher à votre ministère pour avoir abaissé la maison d’Autriche, affaibli l’Empire, changé la face de l’Allemagne et tenu la balance du Nord. Il doit l’être de tous les êtres pensants par sa philosophie libre, par la culture des lettres, et surtout aux Français puisqu’il a appris d’eux seuls à penser et à écrire. Il a donné une telle vogue à notre langue qu’elle est devenue langue générale du Nord et qu’on vient d’établir une  académie française à Copenhague. Un officier poméranien qui a servi longtemps en Russie [Manstein qui écrit les Mémoires de Russie (édités 1770), publiés par David Hume ; V* retouchera le texte français ], et qui est actuellement à Potsdam, y compose en français l’histoire des dernières révolutions de la Russie. Il fera connaitre le premier une nation qui est bien plus redoutable qu’on ne pense. Enfin, Monsieur, je vous assure que j’habite Sparte devenu Athènes, et cette nouvelle Athènes n’est qu’une colonie de Paris.  Vous seriez peut-être étonné aux soupers du roi de croire être chez vous.

 

                            Comme nous sommes ici fort libres, permettez-moi d’user de cette liberté pour ne point croire la réponse de Louis XIV à l’ambassadeur Stairs [A la fin de 1714, dans le Nouvel Abrégé de Hénault, on trouve cette réponse de Louis XIV : « Monsieur l’ambassadeur, j’ai toujours été maitre chez moi, quelque fois chez les autres, ne m’en faites pas souvenir . » V* a demandé le 15 août à Hénault  « d’adoucir par un on dit cette réponse étonnante de Louis XIV ».]. Dans tout le reste je me range sous vos étendards.

 

                            Je vous supplie de vouloir bien faire quelque commémoration de moi à M. d’Argenson et à M. de Paulmy. Ils m’honoraient autrefois d’un peu de bonté, et s’ils daignaient se souvenir de moi avec quelque prédilection, je regretterais trop ma patrie.

 

                            J’ai lu avec bien de la satisfaction, dans l’excellent discours de M. d’Alembert, ces paroles remarquables : On nuit plus au progrès de l’esprit en plaçant mal les récompenses qu’en les supprimant. [introduction à l’Encyclopédie ] Peut-être trouverait-on dans cette réflexion des raisons pour justifier ma retraite si les bontés, les biens, les honneurs dont me comble un grand roi, et la vie très libre dont je jouis, je ne dis pas dans sa cour, mais dans sa maison, ne me justifiaient pas.

 

                            Cependant, mon cher et illustre confrère, croyez que malgré la petite vengeance que j’ai prise en me rendant heureux, malgré une liberté plus entière à la table d’un si grand roi que dans les soupers anglais, malgré tous les agréments attachés à la faveur d’un souverain, je vous regrette très sincèrement ; je vous voudrais à Potsdam, ou bien le roi de Prusse à Paris. Mme la marquise du Deffand m’inspire les mêmes sentiments. Ayez la bonté, je vous en prie, de lui présenter mes respects. Elle n’a guère de serviteur ni plus éloigné ni plus attaché. Je lui souhaite une meilleure santé que la mienne .Je suis si malade, je deviens si faible que je ne peux guère soutenir d’autre vie que celle de Potsdam, c'est-à-dire une liberté parfaite pour mon régime, et une suppression entière des moindres devoirs. Avec cela je traine gaiement. Monsieur, vivez aussi heureux que vous méritez de l’être. Qu’un bon estomac soit le prix etc [extrait de l’Epitre à Hénault du 13 juillet 1744 ]. Conservez-moi une amitié dont j’ai grand besoin, même en jouissant, j’ose le dire et répéter sa propre expression, de celle dont  m’honore un homme qui aura dans la postérité le nom de Grand. Songez que vous irez aussi à la postérité.

 

                                 Voltaire. »

 

 

 

 

 

 

 

 

A tous ceux qui ont tout lu, pour récupèrer, installez-vous confortablement et écoutez :

http://www.youtube.com/watch?v=0NYN3-g8RxM

Beau programme , non ?

 

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08/12/2009 | Lien permanent

il est contre les mœurs d'imprimer les lettres des particuliers

... Mais il est légal d'écouter des particuliers un peu particuliers .

Il est contre les moeurs d'enregistrer frauduleusement ses concitoyens, encore plus d'en faire choses publiques .

Il est effarant de voir de quelle faune détestable a été capable de s'entourer sire Sarko : tant vaut le valet, tant vaut le maître . Et dire qu'il a le front de briguer les suffrages !

 Un buisson , aussi fleuri soit-il, n'est pas toujours promesse de bons fruits

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« A Élie BERTRAND, premier

pasteur de l’Église française

à Berne
A Tournay, par Genève, 16 février 1759.
Mon cher ami, le voleur Grasset, imprimeur du libelle diffamatoire, et le prétendu bel esprit rédacteur de cet infâme ouvrage, trouvent dans Lausanne de la protection, et surtout auprès des examinateurs de l'Académie, dont un membre 1 est associé avec Grasset. Ils remuent ciel et terre, et font servir, selon l'usage, le prétexte de la religion pour justifier leur brigandage.
Je me flatte qu'ils ne trouveront pas la même faveur auprès des esprits désintéressés, nobles et éclairés, des seigneurs de Berne leurs maîtres. J'ai lu ce libelle, déjà proscrit à Genève et en France, et dont deux ballots ont été saisis. J'envoie un nouveau Mémoire 2 aux seigneurs avoyers et aux seigneurs curateurs, et surtout à notre respectable M. de Freudenreich. L'Académie de Lausanne lui manque formellement de respect en protégeant un libelle contre moi, malgré la bonté qu'il a eue de me recommander à Lausanne, quand il est venu dans ce pays, au nom de l'État. Je vous prie de lire mon Mémoire, qui est entre les mains de M. Freudenreich, et de mettre dans cette affaire toute l'activité de votre zèle prudent et de votre amitié.
Si les jésuites ont comploté, comme on l'assure, l'assassinat du roi de Portugal, ils sont un peu plus coupables que vos gens de Lausanne.

Felices nimium, sua cum bona norint,
Agricolae, etc
.3 

V.»

1D'Arnay .

2 Requête aux magnifiques seigneurs Curateurs de l'Académie de Lausanne

Étant informé que les professeurs de Lausanne croient devoir favoriser le sieur d'Arnay, leur concitoyen et Grasset l'imprimeur, je présente cette requête aux Magnifiques Seigneurs Curateurs et les supplie de me pardonner si elle n'est pas dans les formes que j'ignore .

1° Je déclare et proteste que dans ce libelle infâme il n'y a de toutes choses qu'on m'impute, aucune pièce qui soit de moi, excepté ma déclaration en faveur de la famille Saurin, qui m'a priée de prendre sa défense, et qui conjure très humblement leurs Excellences de daigner empêcher qu'on la couvre d'opprobre , qu'on renouvelle encore dans des libelles anonymes des plaies faites depuis soixante et dix ans, qu'on fasse valoir contre leur père une lettre à lui imputée, que la famille jure n'avoir jamais été écrite .

2° Les cent douze premières pages de ce libelle sont tirées à la vérité de pièces anonymes, ramassées dans d'anciens journaux de Hollande ; je ne les avais jamais lues, et je suis aussi surpris qu'indigné qu'on m'impute dans ces fatras des opinions que je n'ai jamais professées . Ces cent douze pages sont pleines d'injures que je dois pardonner mais que le bon ordre ne peut permettre . On imprime impunément en Hollande, mille scandales que le sage gouvernement de Berne ne souffre pas .

3° La Défense de milord Bolingbroke n'est point de moi mais d'un homme très supérieur à moi, et à qui on doit du respect . Cet écrit n'est point l'ouvrage qu'on m'avait annoncé d'abord ; et quel qu'il soit, je me plains qu'on m'attribue ce que je déclare n'avoir point fait .

Il est dit page 26 de la partie du libelle imprimée en petits caractères, que le roi de Prusse m'a chassé de ses États ; cela est faux ; j'en atteste Sa Majesté le roi de Prusse .

Je proteste et je fais serment qu'une lettre à moi imputée page 17 écrite à M. Thieriot à Paris est falsifiée , et je m'en rapporte au témoignage du sieur Thieriot . J'ajoute qu'il est contre les mœurs d'imprimer les lettres des particuliers .

Je persiste à dire que la prétendue lettre d'une société de Genève est un libelle infâme qu'il est défendu d'imprimer à Genève et qu'il n'y a jamais paru .

Je pourrais demander justice des injures grossières qu'on vomit contre moi dans trente pages de ce libelle, des termes de déiste et d'athée dont on ose se servir ; mais il ne m'appartient que de demander la suppression de cette infamie, et d'attendre le jugement avec confiance et respect.

Voltaire.

N.B.- Deux professeurs de Lausanne liés avec le sieur d'Arnay et Grasset , disent dans leur rapport, qu'il n'y a rien dans le libelle contre l’État et la religion . Vraiment on le croit bien, si le libelle était contre Dieu et l’État, l'auteur mériterait le dernier supplice, mais ce libelle diffame des particuliers qui implorent la justice et la bonté des Magnifiques Seigneurs Curateurs . »

3 Heureux les laboureurs, puisqu'ils connaissent leur bonheur ! Virgile, Georgiques, II,458-459 .

 

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22/03/2014 | Lien permanent

C’est une étrange chose que cette petite jalousie ! mais que faire ? Il faut passer aux hommes leurs faiblesses

...

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

22 Octobre 1764.

Divin ange, laissons un moment les Roués , et parlons des brûlés. Deux conseillers du Conseil de Genève sont venus dîner aujourd’hui chez moi ; ils ont constaté que le Dictionnaire philosophique qu’on m’impute est de plusieurs mains ; ils ont reconnu l’écriture et la signature de l’auteur de l’article Messie, qui est, comme vous savez, un prêtre. Ils ont reconnu mot pour mot l’extrait de l’article Apocalypse, de M. Abauzit, Français réfugié depuis la révocation de l’édit de Nantes, et aussi plein d’esprit et de mérite que d’années. Ils certifient à tout le monde que l’ouvrage est de plusieurs mains. Ils sont d’avis seulement qu’il ne faut pas compromettre les auteurs d’une douzaine d’articles répandus dans cet ouvrage. Tout le monde sait que c’est un pauvre libraire de Lausanne, chargé d’une nombreuse famille et accablé de misère, à qui un homme de lettres de ce pays-là donna le recueil, il y a quelques années, par une compassion peut-être imprudente. En un mot, on est persuadé ici que je n’ai nulle part à cette édition.

Il serait donc bien triste qu’on m’accusât en France d’une chose dont on ne me soupçonne pas à Genève.

D’ailleurs, dès que j’ai vu que l’imprudence de quelques gens de lettres m’attribuait à Paris cet ouvrage, j’ai été le premier à le dénoncer dans une lettre ostensible  écrite à M. Marin 1, et envoyée tout ouverte dans une adresse à M. de Sartines.

J’ai écrit à M. le vice-chancelier, à M. de Saint-Florentin  ; en un mot, j’ai fait ce que j’ai pu pour prévenir les progrès de la calomnie auprès du roi. Je sais que le roi en avait parlé au président Hénault d’une manière un peu inquiétante.

Je suis pressé de faire un voyage dans le Virtemberg et dans le Palatinat pour l’arrangement de mes affaires 2, ayant presque tout mon bien dans ce pays-là ; mais je ne veux point partir que je n’aie détruit auparavant une imposture qui peut me perdre.

Vous me direz peut-être que j’aurais dû m’adresser à M. de Montpéroux, qui est résident à Genève ; mais il est tombé en apoplexie, et il a même tellement perdu la mémoire, qu’il oublie l’argent qu’on lui a prêté. Il s’enferme chez lui avec un vicaire de village qu’il a pris pour aumônier, lequel vicaire ( par parenthèse), n’est pas l’ami des possesseurs de dîmes, et excite violemment les curés contre les seigneurs. Ce pauvre M. de Montpéroux a été piqué, je ne sais pas pourquoi, que les articles pour la Gazette littéraire n’aient pas passé par ses mains. C’est une étrange chose que cette petite jalousie ! mais que faire ? Il faut passer aux hommes leurs faiblesses. Nous nous flattons, madame Denis et moi, que ni M. de Montpéroux ni son vicaire turbulent n’empêcheront l’effet des bontés de M. le duc de Praslin pour madame Denis contre le concile de Latran.

Le grand point est que le roi soit détrompé sur ce petit Dictionnaire, qu’il ne lira assurément pas. Des beaux esprits de Paris pourront dire : C’est lui, messieurs ; voilà son style. Il a fait l’article Amour et Amitié il y a cinq ou six ans, donc il a fait Apocalypse et Messie. Le roi est trop bon et trop équitable pour me condamner sur les discours de M. de Pompignan.

Croyez-vous qu’il soit nécessaire que j’écrive à M. le prince de Soubise pour détromper Sa Majesté ?

Le petit abbé d’Estrées, qui n’est pas assurément descendant de Gabrielle, emploie toutes les ressources de son métier de généalogiste pour prouver que le diable engendra Voltaire, et que Voltaire a engendré le Dictionnaire philosophique.

Vraiment, le marquis d’Argens est bien autrement engendré du diable ; il a traduit l’admirable discours de l’empereur Julien contre les chrétiens . Il l’a enrichi de remarques très curieuses et d’un discours préliminaire plus curieux encore ; c’est un ouvrage diabolique : on est forcé de regarder Julien comme le premier des hommes  de son temps. Il est bien triste qu’un apostat comme lui ait eu plus de vertu dans le cœur, et plus de justesse dans l’esprit, que tous les Pères de l’Église. Le marquis d’Argens s’est surpassé en commentant cet ouvrage.

A l’ombre de vos ailes. »

2 Ces six mots manquent dans la copie Beaumarchais .

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12/12/2019 | Lien permanent

le démon de la discorde et de la calomnie souffle terriblement ...Il faut donc combattre jusqu’au dernier jour de sa vie

... La preuve : le RN impuissant, en toute logique mathématique , un tiers des voix, c'est loin de  cinquante pour cent plus un . Les cocoricos de Bardella ont viré au "c'est trop inzuste" de Caliméro, risibles, point de poste de premier ministre, retour à la case départ . Continuons à combattre un tel parti , il n'est pas négligeable bien que détestable par son programme .

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« A Jean Le Rond d'Alembert, des Académies

française et des sciences

près de Bellechasse

à Paris

31è décembre 1768

Mon cher philosophe, le démon de la discorde et de la calomnie souffle terriblement sur la littérature. Voyez ce qu’on a imprimé dans plusieurs journaux du mois de novembre 1. Il est nécessaire que vous en soyez instruit . Je ne crois pas que ces journaux soient fort connus à Paris, mais ils le sont dans l’Europe.

Croiriez-vous que M. le duc et Mme la duchesse de Choiseul ont daigné m’écrire pour disculper La Bletterie 2? Mais comment se justifiera-t-il, non-seulement d’avoir traduit Tacite en style pincé, mais de n’avoir fait des notes que pour insulter tous les gens de lettres ? Je ne parle pas de Linguet, qui s’est défendu un peu trop longuement 3; mais pourquoi désigner Marmontel dans le temps de la persécution qu’il essuyait ? N’a-t-il pas désigné de la manière la plus outrageante le président Hénault, par ces paroles que vous trouverez page 235 du second tome ?  Fixer l’époque des plus petits faits avec la plus grande exactitude, c’est le sublime de nos prétendus historiens modernes. Cela leur tient lieu de génie et des talents historiques

Quoi ! cet homme attaque tout le monde, et il trouve la plus forte protection et les plus grands encouragements ! Est-ce pour l’éducation des enfants de France qu’il a publié son Tacite ? Je sais certainement qu’il veut être de l’Académie, et probablement il en sera.

Je crois connaître enfin le beau marquis 4 qui a peint le président Hénault et le petit-fils de Sha-Abas d’un pinceau si rembruni et si dur . Mais par quelle rage m’imputer cet ouvrage, dans lequel je suis moi-même maltraité ? Il faut donc combattre jusqu’au dernier jour de sa vie ? Eh bien ! combattons.

Avez-vous jamais lu le Catéchumène 5, une ode contre tous les rois dans la dernière guerre 6, une Lettre au docteur Pansophe ?7 Tout cela est de la même main. On a cru y reconnaître mon style. L’auteur n’a jamais eu l’honnêteté de détourner ces injustes soupçons ; et moi, qui le connais parfaitement aussi bien que Marin, j’ai eu la discrétion de ne le jamais nommer. Je sais très bien quel est l’auteur du livre attribué à Fréret 8, et je lui garde une fidélité inviolable. Je sais qui a fait le Christianisme dévoilé 9le Despotisme oriental 10Énoch et Élie 11, etc., et je ne l’ai jamais dit. Par quelle fureur veut-on m’attribuer l’A. B, C. ? C’est un livre fait pour remettre le feu et le fer aux mains des assassins du chevalier de La Barre.

Je compte sur votre amitié, mon cher philosophe, qu’elle soit mon bouclier contre la calomnie, et la consolation de mes derniers jours.

Je vous embrasse très tendrement.

V. »

1 La description est vague ; peut-être V* pense-t-il à une harangue du duc de Duras, tenue à l'occasion de la visite du roi de Danemark ; voir lettre du 23 décembre 1768 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/28/pourquoi-n-a-t-il-pas-ete-aussi-plaisant-qu-il-pouvait-l-etr-6504864.html

2 On a vu ces lettres à propos des lettres du 23 décembre à d'Alembert et du 26 décembre 1768 à Dupuits : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/02/on-m-a-fait-etranger-et-puis-on-me-reproche-de-penser-comme-6505333.html

4 De Bélestat .

5 Par M. Bordes. (Kehl) . Voir lettre 10586 1er mars à d'Argental 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/11/je-ne-veux-pas-payer-pour-lui-6465393.html

6 Cette Ode sur la guerre est aussi de Bordes . Le Journal encyclopédique du 1er août 1761, dans lequel on trouve cette ode, dit qu’elle a été attribuée à un illustre auteur, qui la désavoue. Il en est question dans la lettre du prince Henri de Prusse le 8 février 1762 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome42.djvu/49

Voir lettre à Pierre Rousseau du 16 septembre 1761 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/08/27/vous-avez-un-beau-champ-pour-rendre-justice-a-notre-nation-5840515.html

7 A letter [,,,] to M. Jean-Jacques Rousseau, publiée en français et en anglais en avril 1766, plus connue sous le titre Lettre au docteur Pansophe, que Wilkes attribue dès l'origine à V* ainsi qu’il l'écrit à Suard le 20 mai 1766 en lui envoyant cette « lettre en français et en anglais de M. de Voltaire à Rousseau ». Voir pourtant la lettre du 1er mars 1768 à d'Argental où V* l'attribue déjà au même auteur que le Catéchumène, c'est-à-dire sans doute à Bordes .

 

8 L'Examen critique des apologistes de la religion chrétienne, peut-être de Lévesque de Burigny ; voir lettre du 22 janvier 1768 à Morellet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/08/28/une-si-bonne-cause-defendue-par-de-si-mauvaises-raisons-6458471.html

9 Sur Le Christianisme dévoilé attribué par V* à Damilaville, voir lettre du 15 décembre 1766 à Mme de Saint-Julien : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/16/il-est-entierement-oppose-a-mes-principes.html

et lettre du 20 décembre 1768 à Villevielle : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/26/je-mourrai-console-en-voyant-la-veritable-religion-c-est-a-d-6504508.html

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08/07/2024 | Lien permanent

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