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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

vous vous acquitterez insensiblement d'une grande partie de votre dette, sans débourser d'argent ; ce marché pourrait du

... Yeah !

8, oui, vous lisez bien HUIT centimes d'euro supplémentaires pour chaque heure de travail d'un SMICard à compter du 1er janvier 2015 ; modérez votre joie de futurs millionnaires, c'est une augmentation brute , 12,14€ par mois : une place de cinéma et un petit cornet de pop corn , une vie de nabab nous tente inexorablement .

On dit "merci" ? sans coup de pouce à attendre du ministère (le Sapin est un sapin givré et le ridicule ne tue pas encore).

Et : "encore !" ce n'est qu'un début !

 http://www.lefigaro.fr/emploi/2014/12/18/09005-20141218AR...

smic cagnotte.png

 Le SMICAGNOTTE nouveau est arrivé

 

«  A François Guillet, baron de Monthoux, au château d’Annemasse . Recommandé à M. Mirabaud

[vers le 10 décembre 1759] 1

Monsieur, une indisposition de quelques jours m'a privé jusqu'à présent de répondre à l'honneur de votre dernière lettre par laquelle vous me fîtes savoir l'emploi des 12000 livres ; je n'ai jamais douté de votre exactitude, je vous avais seulement averti des difficultés qu'on me faisait à Genève ; je vous serai très obligé de vouloir bien me procurer le plus que vous pourrez d'avoine . Si vous pouviez m'en fournir trois à quatre cents coupes à 4 livres de France comme vous l'avez proposé dans vos lettres, vous vous acquitterez insensiblement d'une grande partie de votre dette, sans débourser d'argent ; ce marché pourrait durer longtemps et serait commode pour vous et pour moi .

Je serai toujours à vos ordres, et j'ai l'honneur d'être avec le plus respectueux attachement,monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire »

1 Monthoux note sur la lettre : « Voltaire – par laquelle il m'offre 4 francs de France la coupe de l'avoine à continuer les années suivantes. »

 

 

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18/12/2014 | Lien permanent

Voici encore un petit changement que j’ai jugé absolument nécessaire

... Ou quand l'opposition apporte son grain de sel amer et freine des quatre fers pour l'élaboration d'une loi .

 

 

« A Henri-Louis Lekain

21 février 1767

Vous avez dû, mon cher ami, recevoir une lettre de moi avec la tragédie des Scythes, que j’ai adressée pour vous à M. Marin. Voici encore un petit changement que j’ai jugé absolument nécessaire. Ma mauvaise santé et mon épuisement total ne me permettent plus de travailler à cet ouvrage ; je vous demande en grâce de me dire si vous pouvez la faire jouer le mercredi des Cendres, parce que si elle ne peut être jouée dans ce temps-là, il est d’une nécessité absolue que je donne l’édition corrigée, pour indemniser le libraire de la perte de sa première édition. Il serait beaucoup plus avantageux pour vous que la pièce fût jouée le mercredi des Cendres, parce qu’alors je serai plus en état de vous procurer un honoraire de la part du libraire ; d’ailleurs, comme on joue actuellement cette pièce à Lausanne, et qu’on va la jouer à Bordeaux, aussi bien que chez moi, il paraît indispensable que les comédiens se déterminent sans délai. Je vous prie très instamment de me mander votre dernière résolution, et de compter toujours sur la tendre amitié que je vous ai vouée pour le reste de ma vie.

V.

Corrections à la scène deuxième du cinquième acte,

entre Sozame et Obéide.

 

Obéide.

Avez-vous bien connu mes sentiments secrets ?
Dans le fond de mon cœur avez-vous daigné lire ?

 

Sozame.

Mes yeux l’ont vu pleurer sur le sein d’Indatire ;
Mais je pleure sur toi dans ce moment cruel :
J’abhorre tes serments.

 

Obéide.

Vous voyez cet autel,
Ce glaive dont ma main doit frapper Athamare ;

Vous savez quels tourments mon refus lui prépare :
Après ce coup terrible, et qu’il me faut porter,
etc.



M. Lekain est prié de porter ce changement sur la copie que M. Marin a dû lui remettre. »

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22/07/2022 | Lien permanent

s'il se présente quelque évêque ou quelque balayeur du collège de Sorbonne

balayeur.gif

 

Balayeur : http://www.deezer.com/listen-2148635

Evêque : http://www.deezer.com/listen-628031

Balayeur : http://www.deezer.com/listen-2119137

 Saint Nicolas , même après sa fête, ça compte encore : http://www.deezer.com/listen-3416201

Balayeur Yéyé : http://www.deezer.com/listen-1336294

Et, en ce temps hivernal, pour se réchauffer a "brandy for the bishop" (ou plus si affinité ! ) : http://www.deezer.com/listen-5857712

http://www.deezer.com/listen-2650147 vie d'un balayeur vue par un  prince de la poésie, Prévert .

 

Eveque.jpg

 Cet évêque-ci est doublement utile ; comme son modèle de chair (ici, il ne reste que l'os )  il cure les oreilles (des pécheurs : qui abet audias audiat audiendi !) et les débarasse de leurs (ignorance ? ) crasse (sous-ongulaire) . Allez ! et ne grattez plus !

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

Mon cher philosophe, mon cher ami, il est important que nous ayons i avec M. Gaillard un littérateur quel qu'il soit ii, attaché à l'Académie, philosophe, et intrépide ennemi des cagots. On m'a parlé beaucoup de M. de Malesherbes iii.

 

On dit aussi que le président de Brosses se présente. Je sais qu'outre les Fétiches iv et les Terres australes v, il a fait un livre sur les langues vi, dans lequel ce qu'il a pillé est assez bon, et ce qui est de lui détestable.

 

Je lui ai d'ailleurs envoyé une consultation de neuf avocats, qui tous concluaient que je pouvais l'arguer de dol à son propre parlement vii. Il a eu un procédé bien vilain contre moi, et j'ai encore la lettre dans laquelle il m'écrit en mots couverts que si je le poursuis il pourra me dénoncer comme auteur d'ouvrages suspects que je n'ai certainement pas faits. Je puis produire ces belles choses à l'Académie, et je ne crois pas qu'un tel homme vous convienne viii.

 

J'ignore s'il se présente quelque évêque ou quelque balayeur du collège de Sorbonne. Si on veut un homme de lettres, il me semble qu'il en faut un qui puisse servir la littérature et l'Académie. Il n'y en a peut-être pas de plus propre à remplir ces deux objets que M. Marin. Il a réussi dans quelques histoires bien écrites ix; il a fait de jolis vers ; il a obligé tous les gens de lettres x; il est dans un âge et dans une place qui répondent de sa conduite. Voyez ce que vous pouvez faire. Je crois que de tous les littérateurs c'est celui dont vous serez le plus content. Je devine très bien quelle est la souscription xi dont vous me parlez, cela serait charmant.

 

L'aventure de l'archevêque de Toulouse n'est que trop vraie, et vous ferez très bien de savoir qu'il a eu des ordres supérieurs xii. C'est un mystère qu'il faut absolument éclaircir.

 

Permettez-moi d'embrasser M. de Condorcet et vos autres amis.

 

V. 

 

A Ferney ce 10 décembre 1770 »

 http://www.deezer.com/listen-5247380

 

i  = qu'on élise à l'Académie française.

 

ii   Cf. lettre à Richelieu du 4 février 1771; et pour connaitre les titres de Gabriel-Henri Gaillard : http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academici...

Et lettres à d'Alembert au sujet de cette élection prévue : pages 518-... : http://books.google.be/books?id=HhJEAAAAYAAJ&pg=RA4-P...

 

iii    Lamoignon de Malesherbes qui sera reçu à l'Académie le 16 février 1775. http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academici...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Chr%C3%A9tien_Guillaume_de_L...

 

iv   Du culte des dieux fétiches, ou parallèle de l'ancienne religion de l'Égypte avec la religion actuelle de Nigritie, 1760. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k106440f

De Brosses : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Brosses

 

v   Histoire des navigations aux terres australes, 1756.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k751404

 

vi   Traité de la formation mécanique des langues et des principes physiques de l'étymologie, 1765. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50476b/f2.image.pag...

 

vii   De Dijon . Voir les lettres de V* à Mme Denis du 6 avril 1768 et lettres de novembre 1761 pour les démêles de V* avec de Brosses à qui il a acheté le comté de Tournay en 1758.

 

viii    V* , ulcéré, écrira à d'Alembert le 28 décembre 1770 : « Je passe le Rubicon pour chasser le nasillonneur, délateur et persécuteur, et je déclare que je serai obligé de renoncer à ma place si on lui en donne une. »

 

ix   Marin a écrit une Histoire de Saladin , 1758, http://books.google.be/books?id=98IGAAAAcAAJ&printsec...

et des pièces de théâtre, 1765, participé à des éditions et à la compilation de la Bibliothèque du théâtre français, 1768.

 

x  Marin en temps que secrétaire général de la Librairie rend des services aux philosophes et à V* particulièrement en essayant de faire pénétrer ses ouvrages en France et lui faisant parvenir des lettres. Par la suite V* changera d'avis sur Marin. http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Louis_Claude_M...

 

xi  Pour la statue de V* par Pigalle.

 

xii   Le 23 novembre, V* écrit déjà à d'Alembert : « ... votre archevêque de Toulouse, si tolérant, a fait mourir par son intolérance, le pauvre abbé Audra (qui enseignait l'Histoire de V* et en avait fait un manuel) ... Il a fait un mandement cruel contre lui, et a sollicité sa destitution de sa place de professeur en histoire ... Cette aventure a donné la fièvre et le transport au pauvre abbé, et il est mort au bout de quatre jours »(le 17 octobre). D'Alembert répondra : « ... L'abbé a forcé l'archevêque à donner son mandement, en manquant à sa parole, en retirant sa démission, en voulant compromettre un des grands vicaires ; l'archevêque avant ce temps-là avait résisté pendant un an aux clameurs du parlement, des évêques, de l'Assemblée du clergé . A la fin on lui a forcé la main. » L'abbé est mort d'une « fièvre maligne ». Voir aussi : http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres...

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11/12/2010 | Lien permanent

il faut un peu de temps pour achever le tableau des sottises humaines

 Petit exemple de ce que peut la trouille de Dieu et, encore plus, de ses représentants ( VRP =Véritables Requins Prédateurs ) barbus ou imberbes, mitrés ou calottés .

M. Hollande et M. Sarkozy, grands laïcs en peau de lapin (cacher ), habités de l'éternelle envie de se faire élire grand chef, sont allés caresser dans le sens du poil  la communauté juive, François s'offrant le luxe de faire lever Nicolas qui n'aime pas qu'on lui passe la main dans le dos, ne sachant pas où ça peut finir . Sourires de larrons pour chasse au pognon .

A quand leurs visites et leurs paroles encourageantes chez les mormons, les intégristes de feu Mgr Lefebvre , les raheliens, les pentecotistes, les adventistes, tous les tr-istes confits en religion, sans omettre nos "frères" musulmans en quète de reconnaissance ? Deux mois de campagne, ça va être court ! Les oubliés seront ils capables de faire un choix ? Vous le saurez dans le prochain épisode de : " Il faut m'élire !" 

sottises voilées.jpg

Paquet de sottises voilées uni à un amateur éclairé .

(Sac bio, consigné, renouvelable à la demande)

 

 

 

« A M. Jean-Baptiste-Nicolas de FORMONT 1

Aux Délices, 13 de juin [1755]

Mon ancien ami et mon philosophe, je vous regretterai toute ma vie, vous et Mme du Deffant 2. Elle s'est donc accoutumée à la perte de la vue. Il me reste des yeux, mais c'est presque tout ce qui me reste. Je ne lui écris pas, qu'aurais-je à lui mander de ma solitude? que je vois de mon lit le lac de Genève, le Rhône, l'Arve, des campagnes, une ville, et des montagnes. Cela n'est pas honnête à dire à quelqu'un qui a perdu deux yeux, et, qui pis est, deux beaux yeux, mais je voudrais l'amuser, et vous aussi. Je voudrais vous envoyer certain poème3 dans le goût de messer Ariosto, qui court dans Paris, indignement défiguré, plein de grossièretés et de sottises. Je veux en faire pour vous une petite copie bien propre, et vous l'envoyer. Vous en connaissez déjà quelque chose, il est juste que vous l'ayez tout entier, et tel que je l'ai fait, puisque des gens sans goût l'ont tel que je ne l'ai pas fait. Mandez-moi comment, et par qui, je peux vous faire tenir cette ancienne plaisanterie, que je m'amusai à corriger il y a quelques années. Je ne veux pas perdre mes peines et c'est en être payé que de faire passer deux ou trois heures à me lire les gens qui sont capables de bien juger. Notre ami Cideville 4 est de ce petit nombre. S'il est encore à Paris, quand vous aurez cet ancien rogaton, je vous prierai de lui en faire part car deux copies sont trop longues à faire. J'aimerais mieux vous envoyer cette espèce d'Histoire générale qu'on a autant défigurée que mon petit poème ariostin. C'est un ouvrage plus honnête, plus convenable à mon âge et à mon goût; mais il faut un peu de temps pour achever le tableau des sottises humaines, depuis Charlemagne jusqu'à nos jours. J'ai été indigné et ennuyé de la manière dont on a presque toujours écrit les grandes histoires chez nos modernes. Un homme qui ne saurait pas que Daniel 5 est un jésuite le prendrait pour un sergent de bataille. Cet homme ne vous parle jamais que d'aile droite et d'aile gauche. On retrouve enfin le jésuite quand il est à Henri IV, et c'est encore bien pis. Il semble qu'il ait voulu écrire la vie du révérend père Cotton 6, et qu'il parle par occasion du meilleur roi qu'ait eu la France; mais ce qu'il oublie toujours, c'est la nation. L'histoire des mœurs et de l'esprit humain a toujours été négligée. C'est un beau plan que cette histoire c'est dommage que la bibliothèque du roi ne soit pas sur les bords de mon lac. Je n'ai pas laissé de trouver quelque secours , je travaille quand je me porte tolérablement, je bâtis, je plante, je sème, je cultive des fleurs, je meuble deux maisons aux deux bouts du lac, tout cela fort vite, parce que la vie est courte. Mme Denis a eu assez de philosophie et assez d'amitié pour quitter la vilaine maison que nous occupions à Paris 7, et pour se transporter dans le plus beau lieu de la nature. Il fallait sans doute cette philosophie et cette amitié, car on est assez porté à croire qu'un trou à Paris vaut mieux qu'un palais ailleurs. Pour moi, je n'aime ni les trous ni les palais; mais je suis très-content d'une maison riante et commode, encore plus content de mon indépendance, de ma vie libre et occupée; et sans vous, sans Mme du Deffant, sans quelques autres personnes que je n'oublierai jamais, je serais bien loin de connaître les regrets.  Adieu, mon ancien ami , continuez à tirer le meilleur parti que vous pourrez de ce songe de la vie. Je vous embrasse tendrement. »

 

1 Ce fut un ami de Mme du Deffant connu de V* depuis 1723 à Rouen, lors de l'édition de la Henriade . V* le nomme « philosophe aimable » et parfois « Aristarque ».

3 La Pucelle.

4 Rouennais lui-aussi , Pierre-Robert le Cornier de Cideville : .http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Robert_Le_Cornier_de_Cideville

5 On trouve dans l'article Ana, Anecdotes du Dictionnaire philosophique : « De l’abjuration de Henri IV. Le jésuite Daniel a beau me dire, dans sa très sèche et très fautive Histoire de France, que Henri IV, avant d’abjurer, était depuis longtemps catholique, j’en croirai plus Henri IV lui-même que le jésuite Daniel . » http://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Daniel

6 Qui fut confesseur de Henri IV. Ses activités sont critiquées vertement ici : http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article1358

 

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09/02/2012 | Lien permanent

je veux douter afin de n'avoir pas de fausse joie

... Dit Fillon avant la confirmation des résultats .

"Ce n'est guère le temps d'ôter le commandement à celui qui vient de remporter une victoire" répliqua Copé .

Et pendant ce temps-là, Sarko fait la gueule, on le fait travailler pour des nèfles,  l'opposition se déglingue, belles preuves de programme commun s'il en est . L'Union des Mauvais Perdants montre sa vraie face, et ce n'est pas la Joconde !

 L'Amour vache

joconde de mestik genève 2012 9001.JPG

Mestik fecit

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

6 août 1757

Ma chère nièce je remercie d'abord , avec votre permission, le grand écuyer de Cyrus 1 de ses nouvelles . M. le maréchal de Richelieu m'avait parlé des chars et les avait renvoyés en Assyrie . Je doute fort qu'il aille au pays de Hanovre relever le maréchal d'Estrées à moins que M. d4Estrées ne soit blessé à mort . On prétend que le 24 juin 2 il y a eu bataille, ne vous déplaise, entre les Français et les Hanovriens, que ceux-ci ont été coucher à Hamelen et que les Français ont couché sur le champ de bataille faute de lits . Je doute de cette bataille mais si elle est vraie ce n'est guère le temps d'ôter le commandement à celui qui vient de remporter une victoire .

Non seulement nous savons depuis quinze jours la prise de Gabel en Bohème, mais nous savons celle de Gorlitz sur le chemin de la Silésie et celle de Zittau ; et peut-être en savons nous trop, car je doute de Zittau . On parle d'un convoi coupé, on dit que la foudre s'en mêle et qu'elle est tombée par prélude sur un magasin de Luc 3, qu'il abandonne Leimerits, qu'il ne sait que faire et que dans son dépit il a fait arquebuser quarante de ses officiers pour attacher les autres à son service ; quel Salomon ! Je doute de tout cela . On l’écrit de Ratisbonne. On me mande de l'armée autrichienne de Bohême que Luc est perdu . Je doute encore ; mais les choses s'éclairciront dans peu . C'est un prince très éclairé, très au fait, très bon officier qui me mande que ce Luc est sans ressource et cependant je veux douter afin de n'avoir pas de fausse joie .

Cette litanie de mes doutes étant épuisée je prie M. le Grand Écuyer de vouloir bien nous mander ce qu'il aura de certain ... »

1 Le marquis Claris de Florian , oncle du futur fabuliste .

2 Lapsus calami , V* pense sans doute 24 juillet, ce qui est une date aussi erronée . Voir lettre du 6 août 1757 à François de Chennevières : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/11/28/les-francais-ont-eu-l-honneur-de-coucher-sur-le-champ-de-bat.html

3 Surnom donné par V* à Frédéric II de Prusse, peut-être pour l'anagramme qu'on en peut faire .

 

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29/11/2012 | Lien permanent

faire généralement tout ce que je jugerai convenable

...

 

« A Joseph-Marie Balleidier Procureur

à Gex

21 mai [1763] 1

On m’assure monsieur que la procuration sous seing privé donnée à M. Etienne de Crassy par messieurs ses frères et mesdames ses sœurs n'est pas suffisante pour mettre mes créances en sureté .

Je suis prêt de faire à M. de Crassy et à toute sa famille tous les plaisirs qui dépendront de moi . Il est nécessaire au préalable que M. de Crassy ait une procuration par devant notaire tant de madame sa mère que de ses frères et sœurs pour l'autoriser à emprunter et pour ratifier les emprunts ci-devant faits afin de parvenir à rentrer dans leur domaine, sauf ensuite à la famille de s'arranger avec M. Etienne de Crassy .

Il y a encor un parti plus court à prendre, c'est que toute la famille me passe une procuration pour agir en son nom à l'effet de recouvrer son domaine, autorise les emprunts faits à moi au nom de la famille pour la poursuite de cette affaire, promette le remboursement de mes avances et de mes frais, me donne pouvoir d'agir en son nom, de constituer et révoquer procureurs , de faire généralement tout ce que je jugerai convenable , ratifie les emprunts faits par M. Etienne de Crassy qui en comptera à la famille, en un mot je demande une procuration légale et ample qui mette tout en règle .

Quant aux trois mille livres et arrérages que me doit le seigneur Vuaillet j'en ai un besoin pressant 2. Votre devoir est d'agir . Il ne peut vous en savoir mauvais gré . Je vous déclare donc qu'il faut absolument et sans délai redemander mon argent en justice . J'en suis fâché, mais j'y suis forcé .

Je vous prie de demander à MM. de Crassy leur dernière résolution . Vous pouvez leur faire entendre que ce n'est qu'en vertu d'une procuration en bonne forme que je peux leur prêter de l'argent .

Faites assigner Vuaillet, sans remise .

Votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

1 L'édition Vézinet donne une version fragmentaire .

2 Les rapports avec Vuaillet s'éclairent par une mention de Balleidier sur le manuscrit original : « le 24è dud[it] je suis allé aux Délices . Led[it] jour le s[ieur] Vuaillet a fait une soumission de livrer 10 chars de foin et 3 de regain de 15 % 16q[uin]tasses. »

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19/05/2018 | Lien permanent

Si nous ne pouvons venir à bout de réprimer juridiquement tant d'horreurs, nous aurons au moins la consolation de les re

... Et nous serions plus consolés encore si l'exécration du terrorisme et de la maltraitance était universelle et les rendait impossibles .

 Résultat de recherche d'images pour "réprimer les horreurs humour"

 

 

 

« A monsieur le ministre Jacob Vernes

[vers le 20 août 1762]

Oui, mon cher physicien qui démontrerez que la consubstantialité est fort antiphysique, l'affaire des Calas va encore mieux que je n'osais l'espérer ; oui le chancelier a demandé la procédure, oui toute la cour est soulevée et le roi est instruit . On travaille à la requête raisonnée, c'est mon avocat au conseil qui en est chargé . J'espère qu'elle sera bien faite . Nous aurons immédiatement après une consultation des avocats de Paris . Jusqu'à présent mon projet de campagne contre le fanatisme le plus barbare a très bien réussi . Dieu veuille nous aider pour le reste . Si nous ne pouvons venir à bout de réprimer juridiquement tant d'horreurs, nous aurons au moins la consolation de les rendre exécrables à l'Europe entière . Autant je hais les persécuteurs cruels et absurdes, autant je vous aime .

V. »

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16/07/2017 | Lien permanent

je m'engage à ne pas vivre plus de quatre ou cinq ans. Moyennant ces offres honnêtes, je demande la pleine possession d

...Pour le curé, je pense qu'il en est un , -un peu cher je vous l'avoue,- qui  se trouve sur le marché , au chomage pour ainsi dire, licencié sans indemnités, c'est Mgr Franz-Peter Tebartz-van Elst, indigne prélat allemand qui s'est pris pour un sultan des mille et une nuits , un nabab immoral .

Ce baron Thunder Ten Tronck moderne , je l'enverrais volontiers faire la manche à la sortie des églises, il est doué, le bougre, pour récupérer l'argent de ses paroissiens . Comment voulez-vous après ça donner le denier du culte , qui, si je ne me trompe, est une taxe à l'égal des impôts en Allemagne, et en Suisse . Qu'il connaisse le chom'du, la précarité, le trottoir , ce soi-disant prince de l'Eglise .

http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/p-1911-Le-...


http://www.swisscastles.ch/Geneve/tournay.html

tournayGE.JPG

 

 

 

« A Charles de BROSSES, baron de Montfalcon

Aux Délices, près de Genève,

9 septembre 1758.

J'ai lu avec un extrême plaisir ce que vous avez écrit sur les Terres australes 1; mais serait-il permis de vous faire une proposition qui concerne le continent ? Vous n'êtes pas homme à faire valoir votre terre de Tournay 2. Votre fermier Chouet en est dégoûté, et demande à résilier son bail. Voulez-vous me vendre votre terre à vie ? Je suis vieux et malade. Je sais bien que je fais un mauvais marché mais ce marché vous sera utile et me sera agréable. Voici quelles seraient les conditions que ma fantaisie, qui m'a toujours conduit, soumet à votre prudence.

Je m'engage à faire bâtir un joli pavillon des matériaux de votre très-vilain château, et je compte y mettre vingt-cinq mille livres. Je vous payerai comptant vingt-cinq autres mille livres. Tous les embellissements que je ferai à la terre, tous les bestiaux et les instruments d'agriculture dont je l'aurai pourvue, vous appartiendront. Si je meurs avant d'avoir achevé le bâtiment, vous aurez par devers vous mes vingt-cinq mille livres, et vous achèverez le bâtiment si vous voulez. Mais je tâcherai de ne pas mourir de deux ans, et alors vous serez joliment logé sans qu'il vous en coûte rien.

De plus, je m'engage à ne pas vivre plus de quatre ou cinq ans.

Moyennant ces offres honnêtes, je demande la pleine possession de votre terre, de tous vos droits, meubles, bois, bestiaux, et même du curé 3, et que vous me garantissiez tout jusqu'à ce que ce curé m'enterre. Si ce plaisant marché vous convient, monsieur, vous pouvez, d'un mot, le rendre sérieux : la vie est bien courte pour que les affaires soient longues.

J'ajoute encore un petit mot ; j'ai embelli mon trou intitulé les Délices. J'ai embelli une maison à Lausanne. Ces deux effets, grâce à ma façon, valent actuellement le double de ce qu'ils valaient. Il en sera autant de votre terre. Voyez ce que vous en pensez. Vous ne vous en déferez jamais dans l'état où elle est. Quoi qu'il en soit, je vous demande le secret, et j'ai l'honneur d'être, d'ailleurs, avec la plus respectueuse estime, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,

Voltaire »

1 Paru sous le titre Histoire des navigations aux terres australes, dont de Brosses adressait le tome V en manuscrit à Jallabert le 21 mars 1755 . Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k751404 ; http://www.odsas.fr/scan_sets.php?set_id=9

De Brosses écrivait à Jallabert le 12 mai 1757 pour lui annoncer l'envoi de quatre exemplaires de son œuvre destinés , à lui-même, Pictet, Charles Bonnet et Voltaire, en disant au sujet de ce dernier «  … je vous prie de [lui] faire de ma part cette mienne offrande comme une légère marque de l'agrément que je trouve à l'avoir vu devenir mon voisin. »

Voir aussi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Brosses

2 Le château de Tournay est une demeure seigneuriale fortifiée du XVè siècle, au nord de Genève, sur le territoire de la commune de Pregny-Chambésy .

De Brosses donnera son accord le 14 septembre 1758 avec les précisions suivantes : « Terre, seigneurie, prés, vignes, droits .- Convenu .

Meubles . Convenu. Mais je vous avertis qu'il n'y en a guère.

Bois .- Vous l'entendez sans doute comme un usufruitier a les bois d'une terre […] il n'a pas le droit de les couper […] Les bois ne sont pas dans le bail du sieur Chouet, si ce n'est pour le pâturage, le chauffage, la glandée (articles annuels).

Bestiaux- […] [le] troupeau de vaches […] est du bail , par conséquent de la vente . Mais […] dans ce pays-là, c'est un fonds dans les terres . Il sera convenu qu'après vous, on le rendra en même nombre et valeur qu'il aura été livré .

Curé .- Sous la figure d'un ours, ce curé est un très bon homme, fort droit, chose rare, […] il parle mal, mais il pense bien . Sérieusement si nous finissons, je vous le recommande .

Vous voulez construire un bâtiment de vingt cinq mille francs ; je n'en doute pas […]. mais la volonté de l'homme est ambulatoire .[...] Lorsque mon vieux vilain château, logeable pour moi pendant quinze jours tous les trois ans, pour un fermier et pour mes pressoirs pendant toute l'année, sera, une fois détruit, je me trouverais fort embarrassé , si par le hasard des évènements les choses venaient à en rester là . […]

Vous m'offrez vingt cinq mille livres comptant . Mettez la main sur le pourpoint : ce n'est pas assez . Il y a 3000 livres, puis 3300 livres de rente dans le bail actuel . Cela vaut trente mille livres . Je dirais bien trente trois . Mais je n'ai jamais qu'un mot, et s'il m'arrivait d'en avoir plusieurs , ce ne serait jamais avec vous […] .

Vous vous obligez à ne vivre que quatre ou cinq ans ; point de cet article, s'il vous plait, sinon marché nul […] .

Je vous garderai le secret le plus exact et j'ai l'honneur de vous le demander de même à mon égard, surtout par une raison qui nous intéresse tous deux . J'ai tiré jadis cet avantage du malheur de mes pères, huguenots dès le temps de Calvin, que leur terre est de l'ancien dénombrement . Nous n'en sommes fâchés ni vous ni moi, pour qui les édits bursaux * n'ont pas des attraits vainqueurs . On a bien voulu me continuer ce droit en dernier lieu dans le renouvellement du cadastre […] le droit, selon la teneur du privilège, est pour ma famille, ou en cas de vente, à un Genevois, Suisse, etc. autrement il se perd et ne se recouvre pas par réachat . […]

Je suis si fidèle au secret que je n'en ai donné mot à Mme de Brosses […] . Mais , comme Dieu permet que tout se découvre, elle […] demander[a] la chaine du marché **. Je ne sais pas de combien […] Agissons politiquement. Commencez par me corrompre . En fait de terres, je suis vénal comme un Anglais . Quand nous serons tous deux contre elle, nous la réduirons. »

* Mesure extraordinaire de taxation .

** Terme de loi archaïque : gratification donnée à une femme lors de la vente par son mari d'une propriété où elle a un intérêt.

3 Antoine Burdet fut curé de Pregny de 1724 jusqu’à sa mort en 1762 . Ref . Voltaire et son curé, Antoine Richard .

 

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23/10/2013 | Lien permanent

S'il y a des sots, il faut les braver

... J'adore l'ironie du "si" concernant l'existence des sots .

S'il est permis de douter de l'existence de Dieu et de la coexistence pacifique de toutes les religions, -ou plus exactement de tous ceux qui pratiquent des rites religieux-, je pense que la présence des sots terrestres n'est plus à chercher , j'y apporte aussi ma modeste part , la plus modeste possible au demeurant, tant que faire se peut .

Braver les sots avec des mots

Tel est notre lot, notre dot ;

Pas de pot, jusqu'au dernier rot

Se lever tôt,

Aimable Voltaire .

sot.jpg

 

 

 

« A Jean Le Rond d'ALEMBERT.

de l'Académie française et des Sciences,

rue Michel-le-Comte

à Paris

Aux Délices, 7 juin [1758]

Par ma foi, mon grand et aimable et indépendant philosophe, vous devriez apporter votre Dynamique 1 à Genève. Qui vous empêche de passer par le mont Cenis? Quoi parce que quelques marmottes du pays, en manteau noir, ont signé qu'ils sont d'accord avec vous dans le fond, et ont un peu biaisé sur la forme, vous éviteriez de passer par une ville où tous les honnêtes gens vous estiment et vous considèrent comme ils doivent . Qui vous empêche de venir coucher chez M. Necker 2, à la ville, et chez moi, à la campagne? Pour moi, je pense que rien ne serait mieux pour vous et pour les Genevois. Vous feriez voir hardiment que, dans le siècle où nous sommes, les disputes sur la consubstantialité 3 n'altèrent point l'union des gens sages, et qu'on commence à devenir plus humain que théologien, en un mot, pour la rareté du fait, pour l'édification publique, et pour mon plaisir, je vous prie de passer hardiment par chez nous. S'il y a des sots, il faut les braver et d'ailleurs un sujet, un pensionnaire du roi de France, un académicien, doit être respecté dans une ville qui est sous la protection du roi, et qui ne subsiste que par l'argent qu'elle gagne avec la France, argent dont elle fait cent fois plus de cas que de l'homousios.

Vous avez fait en digne philosophe de dédier la Dynamique à un disgracié 4. Ce n'est pas qu'il entende un mot de votre livre; mais il sera plus flatté de votre attention qu'il ne l'eût été quand il donnait des audiences.

Je vous remercie de la bonté que vous avez de me faire parvenir votre ouvrage. J'en entendrai ce que je pourrai, car j'ai bien renoncé à la physique depuis qu'aucune académie n'a pu m'apprendre le secret de se laver les mains dans du plomb fondu sans se faire de mal, secret connu de tous les charlatans et celui de chasser les mouches d'une maison, comme font les bouchers de Strasbourg. Si vous savez ces grandes choses, je vous prie de m'en faire part.

Allez voir faire un pape 5, vous ne verrez pas grand'chose; un bel opéra est plus agréable.

Je suis persuadé que vos voyages ne vous feront pas oublier l'Encyclopédie. Vous l'embellirez aux articles Rome, et Pape, et Moines, et vous leur direz tout doucement leurs vérités.

J'ai changé Histoire; j'en ai fait un article outrecuidant 6. S'il passe, à la bonne heure; sinon, je me passerai bien qu'on l'imprime. Mes nièces et l'oncle suisse vous aiment de tout leur cœur.

V. »

2 Louis Necker (V* écrit Nekre) âgé de 28 ans est le frère ainé de Jacques Necker (qui sera ministre sous Louis XVI), et est déjà un mathématicien et physicien renommé, memebre correspondant de l'Académie des Sciences le 23 juin 1756 ; leur père est Charles-Frédéric Necker, mort professeur de droit civil à Genève en 1760 .

3Pour la forme de ce mot, voir la lettre du 15 janvier 1758 à Théodore Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/03/23/c-est-cet-amas-de-dogmes-absurdes-toujours-expliques-et-touj.html

et pour omousios (fin du paragraphe), voir lettre du 19 janvier 1758 à Elie Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/03/26/sans-me-lamenter-le-moins-du-monde-avec-vous-sur-les-miseres.html

4 Le comte d'Argenson ; un mot semble manquer devant Dynamique, mais il est aussi possible que V* ait voulu produire une allitération en d .

5 Benoît XIV était mort le 3 mai 1758, et Carlo della Torre Rezzzonico lui succèdera le 6 juillet sous le nom de Clément XIII .

 

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23/08/2013 | Lien permanent

Croyez-vous que Moustapha l’imbécile déclare la guerre

... Oui ! On ne compte plus les Moustapha va-en-guerre dans ce Moyen-Orient et cet Orient qui menacent le monde d'embrasement . Ils ont pour modèle ce Poutine qui rêve d'empire et ne craint pas de tuer une population pour avoir son territoire . Ajoutons à ce scénario catastrophe un Neanyahou jusqu'au-boutiste et un Hamas dégueulasse . Pour ne citer que le minimum . Sale temps pour la planète .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

18 novembre 1768

Mes anges avaient très grande raison de s’endormir, comme au sermon, aux deux premières scènes du cinquième acte des Guèbres ; le diable qui affligeait alors le petit possédé était un diable très soporatif 1, un diable froid, un diable à la mode. Ces scènes n’étaient que des jérémiades où l’on ne faisait que répéter ce qui s’était passé, et ce que le spectateur savait déjà. Il faut toujours, dans une tragédie, que l’on craigne, qu’on espère à chaque scène ; il faut quelque petit incident nouveau qui augmente ce trouble ; on doit faire naître à chaque moment, dans l’âme du lecteur, une curiosité inquiète. Le possédé était si rempli de l’idée de la dernière scène, quand il brocha cette besogne, qu’il allait à bride abattue dans le commencement de l’acte, pour arriver à ce dénoûment, qui était son unique objet.

À peine eut-il lu la lettre céleste des anges qu’il refit sur-le-champ les trois premières scènes qu’il vous envoie. Il ne s’en est pas tenu là ; il a fait, au IVè acte, des changements pareils : il polit tout l’ouvrage. Ce n’est plus le seul Arzémon qui tue le prêtre, c’est toute la troupe honnête qui le perce de coups. Il n’y a pas une seule de vos critiques à laquelle votre exorcisé ne se soit rendu avec autant d’empressement que de reconnaissance. Le diable de la Chose impossible 2 n’était pas plus docile.

À l’égard des adoucissements sur la prêtraille, c’est là véritablement la chose impossible, qui est au-dessus des talents du diable. La pièce n’est fondée que sur l’horreur que la prêtraille inspire ; mais c’est une prêtraille païenne. Mahomet a bien passé, pourquoi les Guèbres ne passeraient-ils pas ? Si on craint les allusions, il y en avait cent fois plus dans le Tartuffe.

Trouveriez-vous à propos que Marin montrât la pièce au chancelier 3, ou plutôt que quelqu’un de ses amis la lui confiât comme un ouvrage posthume de feu La Touche, auteur de l’Iphigènie en Tauride ? Un homme fraîchement sorti du Parlement ne s’effrayera pas de l’humiliation des prêtres. Il m’a écrit une lettre charmante sur le Siècle de Louis XIV 4.

À l’égard des acteurs, j’oserais presque dire que la pièce n’en a pas besoin . C’est une tragédie qu’il faut plutôt parler que déclamer. Les situations y feraient tout, les comédiens peu de chose ; et le sujet est si piquant, si intéressant, si neuf, si conforme à l’esprit philosophique du temps, que la pièce aurait peut-être le succès du Siège de Calais, et du Catilina de Crébillon, quoique ces deux pièces soient inimitables.

Il y a plus encore : c’est que cette tragédie pourrait faire du bien à la nation . Elle contribuera peut-être à éteindre la flamme où le chevalier de La Barre a péri, à la honte éternelle de ce siècle infâme.

Si on ne peut jouer les Guèbres, il se trouvera un éditeur qui la fera imprimer avec une préface sage 5, dans laquelle on ira au-devant de toutes les allusions malignes. Un jour viendra que les Welches seront assez sages pour jouer les Guèbres. C’est dans cette douce espérance que je me mets à l’ombre de vos ailes avec toute la tendresse imaginable.

Est-ce Villars qu’on appelle aujourd’hui Praslin ? ou est-ce Praslin auprès de Châlons ?

Croyez-vous que Moustapha l’imbécile 6 déclare la guerre à ma Catau-Sémiramis ? Ne pensez-vous pas que le pape aide sous main les Corses ? Si vous ne faites pas rentrer l’infant dans Castro 7, je vous coupe une aile.

Et du blé, en aurez-vous ? Je vous avertis que j’ai été obligé de semer trois fois le même champ. L’Évangile ne sait ce qu’il dit quand il prétend que ce blé doit pourrir pour germer 8 ; les pluies avaient pourri mes semences, et, malgré l’Évangile, je n’aurais pas eu un épi. Je suis un rude laboureur.

V. »

1 Les exemples donnés par Littré montrent que V*a dû contribuer à répandre l'emploi figuré de ce mot, qui n'était jusque-là à peu près qu'un terme de médecine ; soporifique était un terme employé dans le même sens par les médecins.

2 Tiré d’un conte de La Fontaine « La Chose impossible » : https://www.museejeandelafontaine.fr/?CHOSE-LA-IMPOSSIBLE&lang=fr

3 Maupéou.

4 La lettre de Maupéou à V* est conservée et est en effet aimable .

5 Cette préface n’était pas encore composée, à ce qu’il paraît ; mais ce fut dans les mêmes idées que Voltaire composa celle-ci : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome6.djvu/499

6 Le sultan Moustapha III (28 janvier 1717 – 21 janvier 1774) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_souverains_ottomans . L’Empire ottoman déclara la guerre à la Russie le 6 octobre 1768 : https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2022/04/23/la-guerre-russo-turque-de-1768-a-1774/

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30/05/2024 | Lien permanent

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