Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

vous verrez ce que peut encore un jeune homme de quatre-vingt et un ans, quand il veut vous amuser et vous plaire

 

blaireau2.gif

Blaireau des Alpes : j'ai du mal à reconnaitre en lui Volti qui n'était vraiment pas si rondouillard, ni si poilu . Par contre leur point commun est de se réfugier loin du froid, dans une tanière, fût-elle un château.

Je signale en passant que le château de Volti à Ferney-Voltaire peut se visiter en période hivernale par groupes constitués et sur réservation ( voir le lien ci-contre ). A tous ceux qui auront la chance de faire cette visite, je conseille de mettre une doudoune car souvent il fait plus chaud dehors que dans le château. Mais votre jeune guide saura vous réchauffer par sa verve.

 Gentillet, limite cucul , -comme une chanson de Patrick Sébastien-, mais bon , c'est rythmé et ça réchauffe: http://www.deezer.com/listen-7597940

Plus intello : http://www.deezer.com/listen-6685971

Réaliste ? : http://www.deezer.com/listen-2486481 (tranche de vie avec au passage un petit coup de griffes sur les curés ! promis, juré ce n'était pas prémédité !!)

Dédié à tous ceux qui ne lisent plus que Voici ou Olla et les accros des reality shows : http://www.deezer.com/listen-2635319

Et n'oublions pas que les blaireaux ne sont pas seulement européens, outre-atlantique aussi on en trouve, aucun pays n'y échappe, cette espèce à deux pattes à su s'adapter à tous les climats . J'adore cette chanson et je vous souhaite bien des rires à cette écoute : http://www.deezer.com/listen-6942894

Vous voyez/entendez que le blaireau inspire encore au XXIè siècle !

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

24 novembre 1774

 

Mon cher ange, il faut premièrement que madame d'Argental affermisse sa santé contre la rigueur de l'hiver ; pour moi, je ne sors de ma chambre que quatre mois. Tout ce que je crains, c'est de mourir avant que l'affaire du jeune homme si digne de vos bontés soit entamée . Il faut avoir toutes les pièces du procès sans en excepter une, après quoi on prendra le parti que votre prudence et celle des autres sages jugeront le plus convenable. J'écris à Mme la duchesse d'Anville i. Je vous prie de lui demander à voir ma lettre, et de me dire si la vivacité de ma jeunesse ne m'a pas emporté un peu trop loin. Elle pardonnera sans doute à un cœur sensible aussi pénétré de sa générosité que des abominables horreurs dont je lui parle. Je vais écrire à Mme du Deffand ii, j'écrirai aussi à M. Goltz iii. M. de Condorcet dit qu'il aura les pièces à Paris. Je fais mille efforts pour les avoir à Abbeville ; ce que j'ai n'est pas suffisant, et on ne peut rien hasarder sans ce préalable.

 

M. Turgot nous protègera et certainement nous ne le compromettrons point. J'aimerais mieux mourir (et ce n'est pas coucher gros iv) que d'abuser de son nom et de ses bontés ; il doit en être persuadé, et quand mon cher ange le verra, il le confirmera dans cette sécurité.

 

Si vous me demandez ce que je fais dans les intervalles que me laisse cette épineuse et exécrable affaire, vous le saurez bientôt, mon cher ange, et vous verrez ce que peut encore un jeune homme de quatre-vingt et un ans, quand il veut vous amuser et vous plaire v.

 

Je ne sais si d'Hornoy dans ces commencements aura le temps vi de prendre des mesures avec vous pour la résurrection de notre jeune homme vii. Rien ne presse encore ; il faut attendre que la procédure arrive. Vous croyez bien que je ne paraitrai pas m'en mêler ; mes services secrets sont nécessaires ; mais mon nom est à craindre.

 

Je voudrais bien que vous pussiez rencontrer M. le marquis de Condorcet et causer avec lui sur cet évènement infernal.

 

Quoi qu'il en arrive, cette entreprise coûtera beaucoup et a déjà coûté, mais on ne peut mieux employer son argent. Vous m'avez mis par votre attention charmante viii en état de faire ce que l'humanité exige de moi. Plût à Dieu que M. le maréchal de Richelieu voulût en user comme vous ! Il me doit beaucoup. Son intendant me mande que l'affaire de Mme de Saint-Vincent l'empêche de me soulager . Cette affaire est bien désagréable. Il valait peut-être mieux s'accommoder avec la famille pour quelque argent, ce qui eut été très facile, que de s'exposer à soixante-dix-huit ans aux discours du tout Paris et de l'Europe, et surtout de plusieurs gens de lettres très accrédités qui se plaignent de lui, et qui ne pardonnent point. Cela me fâche ix. Le marquis de Vence l'appelle dans ses lettres l'antique Alcibiade ; c'est un nom que je lui avais donné dans mes goguettes, quand il n'était point antique x. Le sarcasme retombe un peu sur moi, et cela me fâche encore.

 

Les Enquêtes de Paris sont fâchées aussi, mais la Grand'chambre doit être bien aise. Le Grand conseil me parait demander de petites modifications nécessaires.

 

Je me trouve entre mon neveu Mignot et mon neveu d'Hornoy xi. je les aime tous les deux parce qu'ils ont tous deux l'âme très honnête. J'aime la besogne de M. de Maurepas dans cet arrangement difficile. Il a rempli les vœux du public, et en rétablissant le parlement, il n'a donné aucune atteinte à l'autorité royale xii. Voilà certainement l'aurore d'un beau règne. M. de Maurepas commence mieux que le cardinal de Fleury xiii. C'est qu'il a plus d'esprit , qu'il est plus gai , et qu'il n'est point prêtre.

 

On dit que Henri IV va paraître à la fois à la Comédie italienne et à la Française, comme sur le Pont-Neuf xiv. La nation sera toujours très drôle et il est bon de laisser en cela ses coudées franches.

 

Adieu, mon cher ange, le grand point est que madame d'Argental se porte bien. Je fais mille voeux pour sa santé, mais à quoi bon les vœux d'un blaireau des Alpes peuvent-ils servir ? Ceux de l'univers entier ne servent pas d'un clou à soufflet . »

 

 

soufflet-fe3d3.jpg

 

 

 

i V* écrit à cette dame le 26 : « J'ai appris par M. d'Argental l'action généreuse que vous daignez faire ... Le jugement atroce qui ne passa que de deux voix est mille fois pire que celui des Calas. Il n'y avait certainement pas de quoi fouetter un page ... Un seul homme détermina les juges à être assassins et cannibales, afin de passer pour chrétiens ... je suis persuadé que vous toucherez M. le comte de Maurepas ... Je me jette à vos pieds au nom de l'humanité ... »

Page 269 : http://books.google.be/books?id=eSAQAAAAYAAJ&pg=PA271...

 

Mme la duchesse d'Anville vue par Boissieu, qui visita Ferney en 1765 : http://www.whitman.edu/VSA/visitors/Boissieu.html

 

ii Ce jour même : « ... le principal sujet de ma lettre est de vous remercier ... de l'humanité ...avec laquelle vous êtes entrée dans l'affaire dont M. d'Argental vous a parlé. Il me mande que vous voulez bien la solliciter auprès de Mme la duchesse d'Anville. Je sais qu'elle n'attend pas qu'on la prie ... Les éloges que vous donnerez à sa belle action seront sa récompense... »

Page 266 : http://books.google.be/books?id=eSAQAAAAYAAJ&pg=PA271...

 

 

iii Envoyé de Prusse ; d'Etallonde étant entré au service du roi de Prusse, celui-ci a promis le 8 octobre d'en faire parler favorablement par son envoyé au nouveau ministre français ; le 18 novembre, il informait V* des bonnes intentions qu'avaient manifesté le vice-chancelier de Vergennes et ajoutait que « cette affaire sera suivie par M. de Goltz ». Le 7 décembre, V* écrit à Goltz : « ... je me flatte que le nom du roi votre maître suffise, avec vos bons offices, pour obtenir la justice qu'on demande. S'il nous est impossible de retirer du greffe (les pièces du procès) nous pourrions alors vous conjurer d'engager M. le comte de Vergennes [ministre des affaires étrangères] à demander la communication de ces pièces à M. le garde des sceaux, et nous saurions enfin précisément ce que nous devons demander. »

Page 271 : http://books.google.be/books?id=eSAQAAAAYAAJ&pg=PA271...

 

iv= risquer gros .

 

v Édition proche de Dom Pèdre dans les premiers jours de 1775 ; le 9 décembre il reparle de cet ouvrage en disant qu'il l'enverra dans six semaines.

Page 105 : « Il est très inutile de savoir quel est le jeune auteur de cette tragédie nouvelle ... » :

http://books.google.be/books?id=yU40AAAAMAAJ&pg=PA105&lpg=PA105&dq=dom+p%C3%A8dre+voltaire&source=bl&ots=50Q-gpJbzc&sig=PlIniSt8L_qe3AgZw_DDPa7CxSk&hl=fr&ei=adjrTLXpPIWk4AbngZmaAQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&ved=0CBoQ6AEwAQ#v=onepage&q&f=false

 

vi Il y avait neuf édits à mettre au point ; l'ancien parlement avait été rétabli par lit de justice du 12 novembre 1774 et d'Hornoy était entré en fonction ; cf. lettre à d'Hornoy du 20 novembre .

 

vii D'Etallonde, qui avait été brûlé en effigie après avoir réussi à fuir.

 

viii En payant sa dette de 10 000 livres ce dont V* le remerciait le 10 octobre.

Page 803 : http://books.google.be/books?id=sSsTAAAAQAAJ&pg=PA803...

 

ix« Fâcher » = affliger .

Le 28 novembre, V* engage Richelieu à faire paraître un Mémoire .

Cf. lettre du 5 septembre à d'Argental.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/05/24-jour-de-la-st-barthelemy-je-ne-sais-par-quelle-fatalite-s.html

Le marquis de Vence est le père de Mme de Saint-Vincent.

 

x Dans l'épître à Pallu datée de Plombières en août 1729.

Page 60 : http://books.google.be/books?id=o8o_AAAAcAAJ&pg=PA63&...

 

xi Mignot appartenait au parlement de Maupéou et d'Hornoy à l'ancien parlement. L'ancien parlement vient d'être rétabli le 12 novembre . L'abbé Mignot redevient conseiller clerc au Grand conseil qui vient d'être restauré lui-aussi. Les Enquêtes = la Grande chambre des enquêtes .

Les chambres des requêtes viennent d'être supprimées.

 

xii Le public a applaudi le retour de l'ancien parlement, symbole des libertés. En rétablissant le parlement dissous par Maupéou et supprimant les Conseils supérieurs qui en réduisaient le ressort, le gouvernement a pris certaines précautions. Il donne les offices du Grand conseil rétabli aux titulaires des offices créés en 1771 et supprimés maintenant, et surtout limite les privilèges du Parlement. Si pour forcer la main au roi il suspendait la justice, le Grand conseil se substituerait à lui ; en cas de démissions concertés, les démissionnaires seraient jugés par une cour pleinière. Le parlement rétabli va d'ailleurs faire des représentations au roi dès le 8 janvier 1775 contre l'ordonnance de discipline et contre les pouvoirs accordés à la Grand'chambre qui « se trouverait seule ... être un tribunal supérieur à toute la Pairie. »

 

xiii Ils sont tous deux devenus ou redevenus ministres à 73 ans . Maurepas revint au gouvernement le 11 mai 1774. V* fait sans doute allusion à la lutte d'influence que Fleury dut soutenir contre le duc de Bourbon pour s'imposer. Cf. début du Précis du siècle de Louis XV :chapitre III : http://www.voltaire-integral.com/Html/15/09PREC10.html#i3

 

xiv 14 novembre 1774, au Théâtre Italien, Henri IV ou la bataille d'Ivry de Barnabé Farmian de Rosoy ;

le 16 novembre 1774 à la Comédie Française La partie de chasse de Henri IV de Collé ;

le 10 janvier 1775 sur le Théâtre des Grands Danseurs Le Charbonnier est maître chez lui, ou la partie de chasse de Roger TimothéeRégnard de Pleinchesne ; on joua aaussiLa Partie de chasse ou le charbonnier est maître chez lui de Nicolas Médard Audinot.

 

Lire la suite

24/11/2010 | Lien permanent

si mes souffrances continuelles me permettent l’amusement du travail

 

 

DSC07006.JPG
Un mien voisin, placide et gros mangeur !

 

http://www.youtube.com/watch?v=rCXlg7Amy3U&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=9QjVDY2g7Cs&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=I9oaS-zvIm8&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=vt__em0aKFM&feature=re...

 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

 

31 de janvier [1770]

 

                                   Rétablissez votre santé, mon très cher philosophe[f1]  [ ], j’en connais tout le prix, quoique je n’en aie jamais eu, porro unum est necessarium[f2]  [ ]; et sans ce nécessaire, adieu tout le plaisir qui est plus nécessaire encore. Je me souviens que je n’ai pas répondu à une galanterie de votre part, qui commençait par sic ille vir[f3]   [ ]: soyez sûr que vir ille n’a jamais trempé dans l’infâme complot dont vous avez entendu parler[f4]  [ ]. Il n’est pas homme à demander ce que certaines personnes avaient imaginé de demander pour lui[f5]  [ ]; mais il désirerait fort de vous embrasser et de causer avec vous.

 

                                   Je vous avais bien dit que l’aventure de Martin était véritable[f6]  [ ]. Le procureur général travaille actuellement à réhabiliter sa mémoire ; mais comment réhabilitera-t-on les Martins qui l’ont condamné ? Le pauvre homme a expiré sur la roue, et le tout par une méprise. Qu’on dise à présent quel est l’homme qui est assuré de n’être pas roué !

 

                                   Voici l’édit des libraires[f7]  [ ], tel que je l’ai reçu ; c’est à vous de voir si vous l’enregistrerez. Pour moi, je déclare d’abord que je ne souffrirai pas que mon nom soit placé avant le vôtre et celui de M. Diderot, dans un ouvrage qui est tout à vous deux. Je déclare ensuite que mon nom ferait plus de  tort que de bien à l’ouvrage, et ne manquerait pas de réveiller des ennemis qui croiraient trouver  trop de liberté dans les articles les plus mesurés. Je déclare de plus qu’il faut rayer mon nom, pour l’intérêt même de l’entreprise.

 

                                   Je déclare enfin que, si mes souffrances continuelles me permettent l’amusement du travail, je travaillerai sur un autre plan qui ne conviendra pas peut-être à la gravité d’un Dictionnaire encyclopédique[f8]  [ ].

 

                                   Il vaut mieux, d’ailleurs que je sois le panégyriste de cet ouvrage que si j’en étais le collaborateur.

 

                                   Enfin ma dernière déclaration est que, si les entrepreneurs veulent glisser dans l’ouvrage quelques-uns des articles auxquels je m’amuse, ils en seront les maîtres absolus, quand mes fantaisies auront paru. Alors ils pourront corriger, élaguer, retrancher, amplifier, supprimer tout ce que le public aura trouvé mauvais ; je les en laisserai les maîtres.

 

                                   Vous pourrez, mon très cher philosophe, faire part de ma résolution à qui vous jugerez à propos ; tout ce que vous ferez sera bien fait : mais surtout portez-vous bien. Mme Denis vous fait ses compliments ; nous vous embrassons tous deux de tout notre cœur.

 

                                   Voltaire. »


 [f1]Le 25 janvier d’Alembert se plaignait d’étourdissements et d’un « affaiblissement de la tête »

 [f2]D’ailleurs une suele chose est nécessaire

 [f3]Le 11 décembre 1769, d’Alembert avait écrit : « On dit … que vous avez du chagrin pour une cause qui me parait bien juste . Je ne saurais croire que cette cause soit réelle ; si par hasard elle l’était, elle me rappellerait la belle tirade de la péroraison pro Milone, qui commence par ces mots : Hiccine vir patriae natus etc » (= voici un homme né pour sa patrie).

 [f4]C’est-à-dire les démarches entreprises pour le faire venir à Paris ; le 15 octobre 1769 Mme Denis renonçait au projet . V* écrivit pourtant à Mme du Deffand le 1er novembre : « si je suis en vie au printemps … je compte venir passer dix ou douze jours auprès de vous avec Mme Denis… »

 [f5]La demande était faite par Mme Denis, ses amis, et même par Mme du Barry et Richelieu.

 [f6]Cf lettres à d’Alembert du 28 octobre 1769 et du 11 décembre à Christin.

 [f7]Le prospectus de Panckoucke qui annonçait le Supplément à l’Encyclopédie et dans lequel le nom de V* précède Diderot et d’Alembert. V* en cite le début à d’Alembert le 12 janvier en disant : « Il manquait … la formule : car tel est notre bon plaisir . Vous avez enrichi les libraires, et vous voyez qu’ils n’en sont pas plus modestes. »

 [f8]V* a décidé de donner ses Questions sur l’Encyclopédie au lieu de travailler au Supplément . Il écrira aux Cramer : « Vous pouvez mander à Panckoucke que cet ouvrage de la manière dont il est conçu, ne convient point du tout au Dictionnaire encyclopédique. »

Lire la suite

31/01/2010 | Lien permanent

« La tolérance est établie chez nous ; elle fait loi de l’État, et il est défendu de persécuter. »

... Devinez où , et quand, et quel chef d'Etat dit cela ?

-- Russie .

-- 1765

-- Catherine II .

Qu'en pense le dictateur Poutine ( exhibitionniste ridicule, qui en cela arrive à battre le Donald Trump de triste mémoire ) "le plus orgueilleux" et "le plus malhonnête homme" qui soit ? J'ajouterai : le plus dangereux .

Poutine super tsar: 60 dessins de presse: Amazon.fr: Collectifs, Chol,Éric:  Livres

Pitoyable !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

24è janvier 1766 1

Je vous avoue, mon divin ange, et à vous aussi, ma divine ange, que je trouve vos raisons pour ne pas venir à Genève extrêmement mauvaises. Je penserai toujours qu’un conseiller d’honneur du parlement de Paris peut très bien figurer avec un grand trésorier du pays de Vaud ; je penserai qu’un ministre plénipotentiaire d’un petit-fils du roi de France est fort au-dessus de tous les plénipotentiaires de Zurich et de Berne ; je penserai que l’incompatibilité du ministère de Parme avec celui de France est nulle, et qu’on a donné des lettres de compatibilité 2 en mille occasions moins importantes. Enfin, je croirai toujours que ce voyage ne serait pas inutile auprès de Mme de Grosley ; mais vous ne voulez point venir, il ne me reste que de vous aimer en gémissant.

On me mande de Paris que, le jour de Sainte-Geneviève 3, jour auquel sa chapelle autrefois ne désemplissait pas, il ne se trouva personne qui daignât lui rendre visite, et que celle qui donne la pluie et le beau temps gela de froid le jour de sa fête. Je ne me souviens plus si je vous ai mandé que M. Dupuits, et mon jésuite, qui nous dit la messe, s’en allèrent malheureusement à Genève donner des copies de cette guenille : on l’imprima sur-le-champ, le tout sans que j’en susse rien. On l’a imprimée à Paris. Fréron dira que je suis un impie et un mauvais poète . Les honnêtes gens diront que je suis un bon citoyen.

Vous souvenez-vous d’un certain mandement d’un archevêque de Novogorod contre la chimère aussi dangereuse qu’absurde des deux puissances ? L’auteur ne croyait pas si bien dire. Il se trouve en effet que non-seulement cet archevêque, à la tête du synode grec, a réprouvé ce système des deux puissances, mais encore qu’il a destitué l’évêque de Rostou, qui osait le soutenir. L’impératrice de Russie m’a écrit huit grandes pages de sa main, pour me détailler toute cette aventure. J’ai été prophète sans le savoir, comme l’étaient tous les anciens prophètes. Voici d’ailleurs deux lignes bien remarquables de sa lettre 4 : « La tolérance est établie chez nous ; elle fait loi de l’État, et il est défendu de persécuter. »

Pourquoi faut-il que ma Catherine ne règne pas dans des climats plus doux, et que la vérité et la raison nous viennent de la mer glaciale ! Il me semble que, dans mon dépit de ne vous point voir arriver à Genève, je m’en irais à Kiovie finir mes jours, si Catherine y était ; mais malheureusement je ne peux sortir de chez moi ; il y a deux ans que je n’ai fait le voyage de Genève.

Vous me demandez qui sera mon médecin quand je n’aurai plus le grand Tronchin ; je vous répondrai : personne, ou le premier venu ; cela est absolument égal à mon âge ; mon mal n’est que la faiblesse avec laquelle je suis né, et que les ans ont augmentée ; Esculape ne guérirait pas ce mal-là . Il faut savoir se résigner aux ordres de la nature.

Rousseau est un grand fou, et un bien méchant fou, d’avoir voulu faire accroire que j’avais assez de crédit pour le persécuter, et que j’avais abusé de ce prétendu crédit. Il s’est imaginé que je devais lui faire du mal, parce qu’il avait voulu m’en faire, et peut-être parce qu’il lui était revenu que je trouvais son Héloïse pitoyable, son Contrat social très insocial, et que je n’estimais que son Vicaire savoyard dans son Émile ; il n’en faut pas d’avantage dans un auteur pour être attaqué d’un violent accès de rage. Le singulier de toute cette affaire-ci, c’est que les petits troubles de Genève n’ont commencé que par l’opinion inspirée par Jean-Jacques au peuple de Genève que j’avais engagé le conseil de Genève à donner un décret de prise de corps contre Jean-Jacques, et que la résolution en avait été prise chez moi, aux Délices. Parlez, je vous prie, de cette extravagance à Tronchin, il vous mettra au fait ; il vous fera voir que Rousseau est non-seulement le plus orgueilleux de tous les écrivains médiocres, mais qu’il est le plus malhonnête homme.

J’ai été tenté quelquefois d’écrire au conseil de Genève pour démentir solennellement toutes ces horreurs, et peut-être je succomberai à cette tentation 5; mais j’aime bien mieux la déclaration que me donnèrent, il y a quelque temps, les syndics de la noblesse et du tiers état de notre province, les curés et les prêtres de mes terres, lorsqu’ils surent qu’il y avait, je ne sais où, des gens assez malins pour m’accuser de n’être pas bon chrétien. Je conserve précieusement cette pièce authentique, et je m’en servirai, si jamais la tolérance n’est pas établie en France comme en Russie.

J'espère que ma petite famille verra M. de Chabanon avec plus de plaisir que Virginie . On a dit qu'il a beaucoup de talents agréables et des mœurs charmantes ; il a une sœur fort aimable, qui voulait acheter une terre dans mon voisinage.

Adieu, anges cruels, qui ne voulez voir ni les Alpes ni le mont Jura ; je ne m’en mets pas moins à l’ombre de vos ailes. 

Je vous supplie d’avoir la bonté de me mander si cette dame Belot que M. de Meynières vient d’épouser, est la dame Belot traductrice de Hume, et qui voulait venir à Ferney .

V.»

1 L'édition de Kehl, suivant la copie Beaumarchais et suivie des éditions omet le dernier paragraphe ainsi que celui qui commence par « J'espère … voisinage. »

2 Littré ne donne pas d'exemple de ce mot, qui existe pourtant dans le langage juridique dès le XVIIè siècle .

3 Le 3 janvier .

4 V* se montre un peu trop optimiste . Voir la lettre , qui occupe deux folios, donc quatre pages dans l'original conservé à Moscou : «De Catherine II, impératrice de Russie II,

« À Pétersbourg, ce 28 novembre 1765 [9 décembre nouveau style].

« Monsieur, ma tête est aussi dure que mon nom est peu harmonieux ; je répondrai par de la mauvaise prose à vos jolis vers . Je n’en ai jamais fait, mais je n’en admire pas moins pour cela les vôtres. Ils m’ont si bien gâtée, que je ne puis presque plus en souffrir d’autres. Je me renferme dans ma grande ruche ; on ne saurait faire différents métiers à la fois. Le mien prend beaucoup de temps , et je trouve ma tête, malgré ce que vous me dîtes de mon bau nom , si peu docile, si peu flexible, que le nom de Catherine m'est très justement donné . Il harmonie avec l'harmonie de mon génie . C'est feu l'impératrice Élisabeth à laquelle je dois beaucoup qui m'appela ainsi par tendresse et par respect pour sa mère .

Jamais je n’aurais cru que l’achat d’une bibliothèque m’attirerait tant de compliments : tout le monde m’en fait sur celle de M. Diderot. Mais avouez, vous à qui l’humanité en doit pour le soutien que vous avez donné à l’innocence et à la vertu dans la personne des Calas, qu’il aurait été cruel et injuste de séparer un savant d’avec ses livres, et empêchez je vous prie M. d'Alembert d'être aussi sensible au refus de la pension qui lui est due . C'est une inconséquence qu'il doit mépriser, il a fait des sacrifices bien au-delà de cette très modique pension . L'effet de ce refus retombe sur ceux qui le persécutent, ils en souffrent plus que lui ..

Dmitri, métropolite de Novogorod, n’est ni persécuteur, ni fanatique. Il n’y a pas un principe dans le Mandement d’Alexis qu’il n’avouerait, ne prêcherait, ne publierait, dès que cela était utile ou nécessaire . Il abhorre la proposition des deux puissances, plus d’une fois il en a donné des exemples que je pourrais vous citer si je ne craignais de vous ennuyer . Je les mettrai sur une feuille séparée, afin de la brûler si vous ne voulez pas la lire.

La tolérance est établie chez nous : elle fait loi de l’État, et il est défendu de persécuter. Nous avons, il est vrai, des fanatiques qui, faute de persécution, se brûlent eux-mêmes ; mais si ceux des autres pays en faisaient autant, il n’y aurait pas grand mal ; le monde n’en serait que plus tranquille, et Calas n’aurait pas été roué. Voilà, monsieur, les sentiments que nous devons au fondateur de cette ville, que nous admirons tous deux.

Je suis bien fâchée que votre santé ne soit pas aussi brillante que votre esprit : celui-ci en donne aux autres. Ne vous plaignez point de votre âge, et vivez les années de Metusalem, dussiez-vous tenir dans le calendrier la place que vous trouvez à propos de me refuser. Comme je ne me crois point en droit d’être chantée, je ne changerai point mon nom contre celui de l’envieuse et jalouse Junon . Je n’ai pas assez de présomption pour prendre celui de Minerve ; je ne veux point du nom de Vénus, il y en a trop sur le compte de cette belle dame. Je ne suis pas Cérès non plus ; la récolte a été très-mauvaise en Russie cette année . Le mien au moins me fait espérer l’intercession de ma patronne là où elle est  et à tout prendre, je le crois le meilleur pour moi ; mais en vous assurant de la part que je prends à ce qui vous regarde, je vous en éviterai l’inutile répétition.

Le mandement m'a fait ressouvenir de l'honnête Antoine Vadé et de son discours. » ***

*** En rouge les sections manquantes dans l'édition selon Beuchot . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire...

5 Ce qu'il fait le jour suivant, voir lettre du 25 janvier 1766 à Pierre Lullin .

Lire la suite

12/05/2021 | Lien permanent

Apprenez-moi l'histoire du monde, si vous la savez, mais gardez-vous de l'inventer . Voyez, tâtez, mesurez, pesez, nombr

... That's life !

 

« A Claude-Nicolas Le Cat

[1767-1768 ?] 1

Oui, monsieur, je l'ai dit, je le redis, et je le redirai, malgré la certitude d'ennuyer, que la doctrine des qualités occultes est ce que l'antiquité a produit de plus sage et de plus vrai . La formation des éléments, l'émission de la lumière, animaux, végétaux, minéraux, notre naissance, notre vie, notre mort, la veille, le sommeil, les sensations, la pensée, tout est qualité occulte .

Descartes se crut fort au-dessus d'Aristote, lorsqu'il répéta en français ce que ce sage avait dit en grec : il faut commencer par douter . Il ne devait pas, après avoir douté, créer un monde avec des dés, faire de ces dés une matière globuleuse, une rameuse et une subtile ; composer des astres avec de tels ingrédients, et imaginer dans la nature une mécanique contraire à toutes les lois du mouvement .

Cet extravagant roman réussit quelques temps, parce que les romans étaient alors à la mode. Cirus et Clélie 2 valaient beaucoup mieux, car ils n'introduisaient personne en erreur . Apprenez-moi l'histoire du monde, si vous la savez, mais gardez-vous de l'inventer .

Voyez, tâtez, mesurez, pesez, nombrez, assemblez, séparez, et soyez sûr que vous ne ferez jamais rien de plus .

Newton a calculé la gravitation, mais il n'en a pas découvert la cause . Pourquoi cette cause est-elle occulte ? c'est qu'elle est premier principe .

Nous savons les lois du mouvement ; mais la cause du mouvement, étant premier principe, sera éternellement cachée . Vous êtes en vie, mais comment? vous n'en saurez jamais rien . Vous avez des sensations, des idées, mais devinerez-vous ce qui vous les donne ? Cela n'est-il pas la chose du monde la plus occulte ?

On a donné des noms à un certain nombre de facultés qui se développent en nous, à mesure que nos organes prennent un peu de force au sortir des téguments où nous avons été enfermés neuf mois (sans qu'on sache même ce que c'est que cette force ) . Si nous nous souvenons de quelque chose, on dit : c'est de la mémoire ; si nous mettons quelques idées en ordre, c'est du jugement ; si nous formons un tableau suivi de quelques autres idées éparses dont le souvenir s'est présenté à nous, cela s'appelle de l'imagination ; et le résultat ou le principe de ces qualités est appelé âme, chose mille fois plus occulte encore .

Or, s'il vous plaît, puisqu'il est très vrai qu'il n'est point dans vous un être à part qui s'appelle sensibilité, un autre qui soit mémoire, un troisième qu'on appelle jugement, un quatrième qui s'appelle imagination, concevrez-vous aisément que vous en avez un cinquième , composé des quatre autres qui n'existent point ?

Qu'entendait-on autrefois quand on prononçait en grec le mot psyché, ou celui de nous ? Entendait-on une propriété de l'homme ou un être particulier caché dans l'homme ? N’était-ce pas l'expression occulte d'une chose très occulte ?

Toutes les ontologies, toutes les psychologies, ne sont-elles pas des rêves ? On s'ignore dans le ventre de sa mère ; c'est là pourtant que les idées devraient être les plus pures, car on est moins distrait . On s'ignore en naissant, en croissant, en vivant, en mourant .

Le premier raisonneur qui s’écarta de cette ancienne philosophie des qualités occultes corrompit l'esprit du genre humain. Il nous plongea dans un labyrinthe dont il nous est aujourd’hui impossible de nous tirer .

Combien plus sage avait été le premier ignorant qui avait dit à l'être auteur de tout : « Tu m'as fait sans que j'en eusse connaissance, et tu me conserves sans que je puisse deviner comment je subsiste . J'ai accompli une des lois les plus abstruses de la physique en suçant le téton de ma nourrice et j'en accomplis une beaucoup plus ignorée en mangeant et en digérant des aliments dont tu me nourris . Je sais encore moins comment les idées entrent dans ma tête pour en sortir le moment d'après sans jamais reparaître et comment d'autres y restent toute ma vie quelque effort que je fasse pour les en chasser . Je suis un effet de ton pouvoir occulte et suprême, à qui les astres obéissent comme moi . Un grain de poussière que le vent agite ne dit point : c'est moi qui commende aux vents . In te vivimus movemur et sumus 3; tu es le seul être, tout le reste est mode . »

C'est là cette philosophie des qualités occultes que le père Malebranche entrevit dans le dernier siècle . S'il avait pu s'arrêter sur le bord de l'abîme, il eût été le plus grand, ou plutôt le seul métaphysicien ; mais il voulut parler au verbe ; il sauta dans l'abîme et il disparut .

Il avait dans ses deux premiers livres frappé aux portes de la vérité . L'auteur de L'Action de Dieu sur les créatures 4 tourna tout autour, mais comme un aveugle tourne la meule . Un peu avant ce temps il y avait un philosophe qui était leur maître sans qu'ils le sussent 5 . Dieu me garde de le nommer .

Depuis ce temps, nous n'avons eu que des gens d'esprit, desquels il faut excepter le grand Locke 6 qui avait plus que de l'esprit , etc. »

1 Édition Commentaire historique qui place cette lettre après une lettre de Le Cat, datée , à tort du 31 décembre 1768 car Le Cat est mort le 20 août 1768 . C'est en réponse à une lettre bien antérieure de V* ( lettre du 15 avril 1741 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire... ) qu'il avait dû écrire la lettre en question . On peut penser que V* a écrit la présente lettre après avoir lu le Traité des sensations ; voir lettre du 10 mai 1765 à Le Cat : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/08/29/leur-ame-immortelle-ou-mortelle-est-si-sotte-qu-assurement-i-6260046.html

Mais ce n'est qu'une hypothèse fragile .

3D'après les Actes des Apôtres, XVII, 28 : https://saintebible.com/acts/17-28.htm

Lire la suite

25/07/2023 | Lien permanent

je ne croirais pas cette bêtise, si celles de mon pays ne m’y avaient préparé.

 Il est parfois difficile de faire partie du "modèle" français, aujourd'hui comme hier !

 En matière d'éducation, regardons du côté de l'étoile du nord .

etoile du nord.jpg

 

 

« A Catherine II, impératrice de Russie



A Ferney, 27 Février.

 

Madame,

Votre Majesté Impériale daigne donc me faire juge de la magnanimité avec laquelle elle prend le parti du genre humain i. Ce juge est trop corrompu et trop persuadé qu’on ne peut répondre que des sottises tyranniques à votre excellent mémoire. Ne pouvoir jouir des droits de citoyen ii parce qu’on croit que le Saint-Père ne procède que du Père me paraît si fou et si sot, que je ne croirais pas cette bêtise, si celles de mon pays ne m’y avaient préparé. Je ne suis pas fait pour pénétrer dans vos secrets d'État ; mais je serais bien attrapé si Votre Majesté n’était pas d’accord avec le roi de Pologne iii ; il est philosophe, il est tolérant par principe ; j’imagine que vous vous entendez tous deux, comme larrons en foire, pour le bien du genre humain, et pour vous moquer des prêtres intolérants.

 

Un temps viendra, Madame, je le dis toujours, où toute la lumière nous viendra du Nord : Votre Majesté Impériale a beau dire, je vous fais étoile, et vous demeurerez étoile. Les ténèbres cimmériennes resteront en Espagne ; et à la fin même elles se dissiperont. Vous ne serez ni ognon, ni chatte, ni veau d’or, ni bœuf Apis ; vous ne serez point de ces dieux qu’on mange, vous êtes de ceux qui donnent à manger. Vous faites tout le bien que vous pouvez au-dedans et au dehors. Les sages feront votre apothéose de votre vivant ; mais vivez longtemps, Madame, cela vaut cent fois mieux que la divinité ; si vous voulez faire des miracles, tâchez seulement de rendre votre climat un peu plus chaud. A voir tout ce que Votre Majesté fait, je croirai que c’est pure malice à elle, si elle n’entreprend pas ce changement : j’y suis un peu intéressé ; car, dès que vous aurez mis la Russie au trentième degré, au lieu des environs du soixantième, je vous demanderai la permission d’y venir achever ma vie, mais, en quelque endroit que je végète, je vous admirerai malgré vous, et je serai avec le plus profond respect, Madame, de Votre Majesté Impériale, etc. »

 



i Dans son Manifeste sur les Dissensions de la Pologne, Catherine invoquait le « Devoir sacré de l’humanité ».

 

ii C’était ce que les catholiques polonais prétendaient imposer aux dissidents.

 

iii Stanislas Poniatowski, ancien amant de Catherine.

Lire la suite

27/02/2011 | Lien permanent

Royer, ne pouvant me tuer, a tué un de mes enfants ; je souhaite que le sien vive .

NDLR :  Une lettre de plus pour laquelle il va falloir que je prenne le temps d'ajouter des notes .

Si j'oublie, rappelez-le moi !

Scusi !!

Je laisse vos oreilles en accord/désaccord avec Pancrace Royer - l'assassin sus-nommé-, champion des triples croches (et plus ) :

http://www.deezer.com/listen-2745870

 

 

 

« A M. le marquis de Ximenès

 

 

 

Au château de Prangins, pays de Vaud, 19 janvier [1755]

 

 

 

Vous voyez, monsieur, que tous les maux sont sortis pour moi de la boîte de Pandore avec les doubles croches de M. Royer . Il ne savait pas seulement que Pandore fût imprimée, et il fit faire , il y a un an, des canevas par M. de Sireuil son ami, qui crut que j'étais mort , comme les gazettes l'avaient annoncé . Royer, ne pouvant me tuer, a tué un de mes enfants ; je souhaite que le sien vive . Il m'écrivit, il y a trois mois, que son opéra était gravé . Il le sera sans doute dans la mémoire, mais il ne l'était pas encore en papier . Je fis les plus humbles remontrances ; je n'ai rien obtenu . On me regarde comme mort ; on vend mon bien, on le dénature . M. de Sireuil m'a écrit ; il me paraît un homme sage et modeste, très fâché de la peine qu'on l'a engagé à prendre et à me faire . Je ne crois pas qu'il soit possible d'empêcher cette nouvelle tribulation, qu'il faut bien que j'essuie . Je n'ai pas même l'espérance qu'on disait être au fond de la boîte . C'est un nouveau malheur, et , qui pis est, un malheur ridicule . Vous m'offrez généreusement votre secours ; vous voulez qu'un M. de La Salle, sous vos ordres, remédie autant qu'il pourra à cette déconvenue . J'accepte vos bontés ; il faudrait que tout se passât sans choquer personne ; il faut craindre un ridicule de plus . Royer dit qu'il ne veut rien changer à sa musique . Il a obtenu une approbation pour faire imprimer le poème sous le nom de Fragments de Prométhée, avec les changements et additions que M. Royer a cru propres à sa musique ; c'est à peu près ce que porte le titre .

 

 

 

Voilà où en est cette aventure . Si, dans de telles circonstances, vous croyez que je puisse être reçu à me mêler de mon ouvrage, et que ma procuration à M. de La Salle soit valable, je suis prêt à vous l'envoyer signée d'un notaire suisse, et légalisée par un bailli .

 

 

 

Adieu, monsieur ; je vous remercie bien tendrement ; je suis très malade . Mme Denis qui a eu le courage de me suivre et d'être ma garde, vous fait les plus sincères compliments . Vous savez par combien de titres je vous suis attaché . Permettez-moi de présenter mes respects à madame votre mère . »

 

Lire la suite

10/11/2011 | Lien permanent

apprendre à la France que nous avons plus besoin de cultivateurs que de moines.

 

 

 

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

 

Aux Délices, 23 mars 1763

 

             Vous faites de moi, monsieur, un petit Noé. Grâces à vos bontés je plante des vignes dans ma vieillesse. Si je ne bois pas du vin  qu’elles produiront, ceux qui viendront après moi le boiront à ma santé. Agréez, je vous prie, mes très humbles remerciements.

 

             Je crois que vous avez à présent plus d’une affaire ; vous devez être surchargé ; les jésuites vont surtout vous occuper ; vous ne pourrez guère vous dispenser de leur donner un habit court, et d’en faire des citoyens [le parlement de Dijon mettait des réserves à la dissolution de la Compagnie de Jésus . Le parlement de Paris (7 août 1762) et autres parlements de province avaient prononcé sans réserve la dissolution de cet Ordre et interdit aux membres d’en porter l’habit.]; mais après tout, ils ne font point de marché pour bâtir des palais de dix-sept cent mille livres, comme dom l’Enfant trouvé [jeu de mot sur dom Lenfant, supérieur de Cîteaux qui fait des travaux d’agrandissement]. On lapide aujourd’hui les fils  de Loyola avec les pierres de Port-Royal [cf. lettre du 12 février 1763 à Fyot de La Marche]. Ils ont été persécuteurs, et ils sont persécutés ; ils recueillent ce qu’ils ont semé, rien n’est plus juste. Puisse ce premier pas apprendre  à la France que nous avons plus besoin de cultivateurs que de moines.

 

             Vous me feriez un très grand plaisir, Monsieur, de vouloir bien m’apprendre si on peut compter que les tailleurs bourguignons rogneront, comme ailleurs, les robes des jésuites. Ils ont un petit bien, un domaine rural dans le pays de Gex qui pourrait faire quelque bien au canton, en étant remis dans la circulation,[le 25, V* demande à Balleidier, procureur à Gex « s’il est vrai que les jésuites abandonneront  Ornex , si l’on pourrait acquérir quelque terre de leur domaine ». Des ordonnances des 3 et 5 février 1763 fixaient les attributions du bureau des économats pour la gestion et la vente des biens appartenant aux jésuites.] et en n’étant plus mainmortable. Il se trouverait des voisins qui paieraient la valeur de ce domaine, et on prendrait dès à présent, des mesures pour rassembler la somme nécessaire, que l’on déposerait ensuite, ainsi qu’il serait ordonné par le parlement. Si cette affaire n’est pas encore mûre, j’ose pourtant vous demander ce que vous en prévoyez, et je vous promets le secret.

 

             J’ai l’honneur d’être, avec l’attachement le plus respectueux, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

 

             Voltaire

 

             Permettez-moi d’en dire autant à Madame Le Bault. »

 

Lire la suite

23/03/2010 | Lien permanent

Moquez-vous de tous ces gens-là, et surtout de ceux qui vous ennuient

...

Mis en ligne le 12/11/2020 pour le 17/7/2015

 

« A Gabriel Sénac de Meilhan

16 juillet 1760 1

Vous m'écrivez, monsieur, comme l’Église ordonne qu'on fasse ses Pâques, à tout le moins une fois l'an . Je voudrais que vous eussiez un peu plus de ferveur ; mais aussi, quand vous vous y mettez vous êtes charmant . Je vous remercie très sincèrement de votre poésie et de votre prose ; vous avez raison dans l'un et dans l'autre, et certains raisonneurs ont un peu tort .

Je suis très fâché que Palissot se soit déclaré l’ennemi des philosophes, il ne faut pas se moquer des gens qu'on persécute ; passe pour les gens heureux et insolents, c'est un grand soulagement de rire à leurs dépens .

On dit que Lefranc de Pompignan est heureux, qu'il est gros et gras, qu'il est très riche, qu'il a une belle femme, mais il a été fort insolent en parlant à ses confrères, et cela n'est pas bien . Je ne peux m'empêcher de savoir gré au cousin Vadé, et à M. Alethof, et même encore à un certain frère de la doctrine chrétienne d'avoir rabattu l’orgueil de ce président de Quercy . Ce n'est pas le tout d'avoir fait la prière du déiste, il faut encore être modeste . Fi ! que cela est vilain de se faire délateur de ses confrères ! Son frère l'évêque devrait lui refuser l'absolution .

Moquez-vous de tous ces gens-là, et surtout de ceux qui vous ennuient . Vivez avec votre maîtresse ; goutez les plaisirs, et chantez-les . Faites mes compliments, je vous en prie, à monsieur votre père, et à monsieur votre frère que j'ai vu dans un pays où certainement je ne le reverrai jamais . Si vous êtes fermier général en titre d'office 2, demandez le département du pays de Gex . Vous trouverez les Délices un peu plus agréables qu'elles n'étaient . Vous serez mieux logé, et nous tâcherons de vous faire les honneurs de la maison mieux que nous n'avons fait . J'ai bâti un château dans le pays de Gex, mais ce n'est pas avec la lyre d'Amphion, son secret est perdu ; je me suis ruiné pour avoir l'impertinence d'être architecte ; je crois mon château fort joli, parce qu'un auteur aime toujours ses ouvrages ; mais il me paraitra bien plus agréable , si jamais vous me faites l'honneur d'y venir .

J'admire l'impudence des ennemis de la philosophie qui prétendent qu'il ne m'est pas permis de revenir à Paris ; il ne tient qu'à moi, assurément, d'y être, et d'y souper avec MM. Favart, Poinsinet et Colardeau, mais je suis trop vieux, j'aime le repos, la campagne, la charrue et le semoir .

Quand il vous prendra fantaisie de m'envoyer des vers ou de la prose, ayez la bonté de donner le paquet à M. de Chennevières qui me l'enverra contresigné .

Votre très humble obéissant serviteur

V.

16 juillet. »

1 Pour la date, V* avait d'abord écrit 15 en tête de lettre puis 17 à la fin . Le copie de Beaumarchais édition de Kehl omet : « Je vous remercie ...un peu tort ; Vivez avec votre maitresse .... chantez les . » Et :  « Si vous êtes fermier... Gex . ». «Quand il vous prendra ... contresigné . » Palissot est remplacé par des astérisques .

2 C'est le frère de Gabriel, Jean Sénac qui devint fermier général .

 

Lire la suite

17/07/2015 | Lien permanent

vous croyez donc qu'on s'égorge tous les jours, comme les petites filles s'imaginent que les hommes bandent toujours !

 http://www.deezer.com/listen-2305235

 

 

 

 

« A Nicolas-Claude Thiriot

 

Chez Madame la comtesse de Montmorency, rue Vivienne à Paris.

 

3 octobre [1758] aux Délices

 

Urbis amator, credule galle [i], vous êtes donc tous fous avec votre bataille du 26 ii; et vous croyez donc qu'on s'égorge tous les jours, comme les petites filles s'imaginent que les hommes bandent toujours ! Le fait est que les Russes ont perdu environ quinze mille hommes le 25è [iii], et n'avaient nulle envie de se battre le 26, que Frédéric après les avoir vaincus, et les avoir mis hors d'état de pénétrer plus avant , a couru dégager son frère, qu'il a fait repasser les montagnes au duc de Daun, et qu'on est à peu près au même état où l'on était avant cette funeste guerre.

 

 Maupertuis crèverait s'il savait que le roi son maître m'a écrit deux lettres depuis sa bataille de Custrin, mais je n'en suis ni enorgueilli ni séduit.

 

Les deux couplets sur le livre d'Helvétius [iv] sont assez jolis, mais il me parait qu'en général il y a beaucoup d'injustice et bien peu de philosophie , à taxer de matérialisme l'opinion que les sens sont les seules portes des idées. L'apôtre de la raison, le sage Loke n'a pas dit autre chose, et Aristote l'avait dit avant lui. Le gros de votre nation ne sera jamais philosophe, quelque peine qu'on prenne à l'instruire.[v]

 

J'ai reçu les manuscrits concernant la Russie [vi]. Ce sont des anecdotes de médisance, et par conséquent cela n'entre pas dans mon plan [vii].

 

 Pour Jean-Jacques, il a beau écrire contre la comédie,[viii] tout Genève y court en foule. La ville de Calvin devient la ville des plaisirs et de la tolérance. Il est vrai que je ne vais presque jamais à Genève. Mais on vient chez moi, ou plutôt chez mes nièces. Mon ermitage est charmant dans la belle saison. Si vous n'étiez pas un casanier, je vous dirais toujours omitte mirari beatae fumum et opes strepitumque Romae.[ix]

 

Je vous suis très obligé, mon cher et ancien ami, du livre que vous me destinez [x]. Mme de Fontaine vous fera rembourser du prix. Le bruit qu'a fait ce livre m'a engagé à relire Loke. J'avoue qu'il est un peu diffus. Mais il parlait à des esprits prévenus et ignorants auxquels il fallait présenter la raison sous tous les aspects et sous toutes les formes.

 

Je trouve que ce grand homme n'a pas encore la réputation qu'il mérite. C'est le seul métaphysicien raisonnable que je connaisse et après lui je mets Hume.

 

Bonsoir, il est vrai que je me suis amusé avec La Femme qui a raison, mais c'est pour notre troupe et non pour la vôtre. Scurror mihi non populo [xi].Je vous embrasse de tout mon cœur. Vale.

 

V.

 

Madras ! quel conte ! il n'y a que des La Bourdonnais qui le prennent . Ils en ont été bien payés ![xii]

 

 Pourquoi a-t-on pendu un huissier ?[xiii] »

 

 

i Amoureux de la ville, crédule Gaulois .

ii En fait il n'y eu qu'une canonnade et une escarmouche.

iii A Zorndorf, les Russes reconnurent 13 000 blessés et près de 11 000 disparus.

iv De Thiriot, le 26 septembre, en parlant des couplets qui commencent ainsi : « Admirez cet écrivain-là / Qui de l'esprit intitula / Un livre qui n'est que matière. » 

v A Thiriot le 17 septembre, V* dit qu'il avait lu dans un journal qu'Helvétius avait fait un livre sur l'esprit « un livre très bon plein de littérature et de philosophie, approuvé par un premier commis... » et apprenait le même jour « qu'on a condamné ce livre, et qu'il (Helvétius) le désavoue comme un ouvrage dicté par le diable ». Le 23, V* fait des réserves sur le livre : « Le fatras de l'Esprit d'Helvétius ne méritait pas le bruit qu'il a fait. Si l'auteur devait se rétracter, c'était pour avoir fait un livre philosophique sans méthode, farci de contes bleus. » ; cf. lettre du 18 octobre.

vi Le manuscrit que l'abbé Ménet devait remettre à Thiriot.

vii Cf. lettre du 7 août 1757 ; le 10 juillet, V* précise à Shouvalov qu'il ne retient des mémoires que ce qui « caractérise particulièrement Pierre le Grand », en particulier son action en tant que « réformateur des mœurs... créateur des arts, de la marine et du commerce », éliminant « ces anecdotes désagréables dont tant de livres sont remplis ».

viii Lettre à d'Alembert sur les spectacles, pour répliquer à l'article Genève de l'Encyclopédie de 1757.

ix Cesse d'admirer la fumée, les richesses et le bruit de l'opulente Rome.

x Celui d'Helvétius.

xi Je fais l'amuseur pour moi, non pour le peuple.

xii La Bourdonnais a pris Madras en 1746, qui fut perdue, puis assiégée par Lally fin 1758, délivrée par les Anglais en février 1759. La Bourdonnais a été emprisonné à son retour en France en 1748.

xiii Moriceau de La Motte avait critiqué le comportement du gouvernement dans l'affaire du régicide Damiens et avait eu en main des brochures séditieuses, il a été exécuté le 11 septembre .

Lire la suite

03/10/2010 | Lien permanent

Pour sauver la peau des grands hommes, Il faut la faire corroyer.

http://video.google.com/videoplay?docid=-7588898461606073... : une pause dans notre monde de brutes !

 

tambour-du-garde-champetre-carrieres-sur-seine.jpg

 

 

Oyez !Oyez!

http://www.deezer.com/listen-291423

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

A Lille, ce 16 novembre [1743]

 

Est-il vrai que dans votre cour

Vous avez placé cet automne

Dans les meubles de la couronne

La peau de ce fameux tambour

Que Zisca fit de sa personne ?i

 

La peau d'un grand homme enterré

D'ordinaire est bien peu de chose,

Et, malgré son apothéose,

Par les vers il est dévoré.

 

Le seul Zisca fut préservé

Du destin de la tombe noire ;

Grâce à son tambour conservé,

Sa peau dure autant que sa gloire.

 

C'est un sort assez singulier.

Ah ! Chétifs mortels que nous sommes !

Pour sauver la peau des grands hommes,

Il faut la faire corroyer.

Ô mon roi, conservez la vôtre ;

Car le bon Dieu qui vous la fit

Ne saurait vous en faire une autre

Dans laquelle il mît tant d'esprit.

 

Il n'est pas infiniment respectueux de pousser un grand roi de questions ; mais on en usait ainsi avec Salomon, et il faut bien , Sire, que le Salomon du Nord s'accoutume à éclairer son monde.

 

Sa Majesté me permettra donc que j'ose lui demander encore ce que c'est qu'un arc trouvé à Glats ii. Votre Majesté me dira peut-être qu'il faut m'adresser à Jordan ; mais ce Jordan, Sire, est un paresseux, tout aimable qu'il est ; et vous avez plutôt réglé quatre ou cinq provinces, et fait deux cents vers et quatre mille doubles croches, qu'il n'a écrit une lettre.

 

J'arrive à Lille, qui est une ville dans le gout de Berlin, mais où je ne reverrai ni l'opéra ni la copie de Titus iii, Votre majesté, et la reine mère, et Mme la princesse Ulrique ne se remplacent point. Je n'ai pas encore l'armée de trois cent mille homme avec laquelle je devais enlever la princesse, mais en récompense le roi de France en a davantage. On compte actuellement trois cent vingt cinq mille hommes, y compris les invalides : ce sont trois cent mille chiens de chasse qu'on a peine à retenir ; ils jappent, ils crient, ils se débattent, et cassent leurs laisses pour courir sus aux Anglais, et à leurs pesants serviteurs les Hollandais. Toute la nation, en vérité, montre une ardeur incroyable iv. Heureusement encore votre ami de Strasbourg v ne fera plus semblant de commander les armées, et l'empereur, appuyé de Votre Majesté et de la France, pourra bientôt donner des opéras à Munich vi.

 

Comme j'ai osé faire force questions à Votre Majesté, je lui ferai un petit conte, mais c'est en cas qu'elle ne le sache déjà.

 

Il y a quelques mois que Mlle Adélaïde, troisième fille du roi mon maître, ayant treize louis d'or dans sa poche, se releva pendant la nuit, s'habilla toute seule, et sortit de sa chambre. Sa gouvernante s'éveilla, lui demanda où elle allait. Elle lui avoua ingénument qu'elle avait ordonné à un palefrenier de lui tenir deux chevaux prêts pour aller commander l'armée et secourir l'empereur ; mais si elle apprend que Votre Majesté s'en mêle, elle dormira tranquillement désormais.

 

Au moment où j'ai l'honneur d'écrire à Votre Majesté, nos troupes sont en marche pour aller prendre le Vieux-Brisach vii. A l'égard des troupes de comédiens, j'apprends une singulière anecdote dans cette ville de Lille ; c'est que, tandis qu'elle fut assiégée par le duc de Malborough, on y joua la comédie tous les jours, et que les comédiens y gagnèrent cent mille francs. Avouez, Sire, que voilà une nation née pour le plaisir et pour la guerre.

 

Titus prie toujours Votre Majesté pour ce pauvre Courtils qui est à Spandau sans nez viii.

 

Je suis pour jamais aux pieds de Votre Humanité, etc. »

 

i Il s'agit du tambour dit recouvert de la peau de Jan Zizka, héros hussite de la fin du XIVè siècle; Frédéric confirmera, le 4 décembre, l'avoir rapporté de Bohème.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jan_%C5%BDi%C5%BEka

 

ii C'est l'arc de Valasca, ancienne souveraine païenne du comté de Glatz, redoutée pour ses sorcelleries. Le 24 octobre la Spenersche Zeitung signale que le tambour et l'arc sont arrivés à Glatz et portés au cabinet royal de curiosités.

Ici, page 369, il est question de cotte de maille de Valasca : http://books.google.be/books?id=qLl3sOhNChQC&pg=PA369...

 

iii Cf. lettre à Maupertuis du 16 octobre.

 

iv V* parle de la puissance militaire de la France à Frédéric qui en doute, ce qui fait partie de la mission diplomatique que V* veut assumer. Le a décembre, Frédéric répondra : « Vous voilà plus enthousiasmé que jamais de quinze cents gâteux de Français qui se sont placés sur une ile du Rhin et d'où ils n'ont pas le cœur de sortir. »

 

v Broglie qui fut relevé de ses fonctions en juillet 1742 . Cf. lettre à Frédéric du 26 mai 1742 où V* évoque le passage de Frédéric à Strasbourg en 1740 sous le nom de comte du Four.

 

vi Charles VII reprit Munich le 22 novembre.

 

vii Cédé en 1714.

 

viii Ce gentilhomme avait déserté et répondu insolemment à Frédéric-Guillaume qui lui fit couper le nez et les oreilles et envoya à Spandau en 1730. V* raconte l'histoire de ce gentilhomme dans ses Mémoires et demandera sa grâce en octobre 1743. Frédéric consentit à adoucir son sort et finit par gracier Courtils qui ne sortit de Spandau qu'en 1749 cependant.

Lire la suite

16/11/2010 | Lien permanent

Page : 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155