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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

La discorde et l’envie sont faites pour la médiocrité

Il n'y a pas d'heure pour les braves. En suis-je ? J'ose l'espèrer , en tout cas je fais tout pour .

Le coeur passe avant l'esprit, ce qui explique ma mise en page tardive.

Une tendre amie méritait la priorité sinon je n'aurais même pas mérité la corde pour me pendre, et pour tout vous dire , bande de curieux avides de Secret Story, elle est trop belle pour vous ! Elle me bouleverse et j'en suis heureux.

Saurai-je lui rendre la pareille ? Suis-je encore capable de cet élan ? Dites "oui", lecteurs, ou je ne vous parle plus !!

Qui a dit :"enfin" ?

Ne vous réjouissez pas trop, un seul oui suffira pour que je continue ma coupable occupation , vous faire connaître un homme du XVIIIème siècle que je vois comme un frère des hommes du XXIème ; son esprit n'a pas une ride et son rire me met en joie .

Il m'accompagnera jusqu'à ce que mes neurones me lachent .

Qui a crié :"ça commence déjà ! ".

"La locomotive de vos sarcasmes patine sur les rails de mon indifférence !!": Hugh ! j'ai dit .

 

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"La discorde et l'envie sont faites pour la médiocrité" : de ce fait je ne vous parlerai plus (-je ne vous citerai plus-) des activités, ou plutôt des inactivités d'un agent, dit d'Etat, qui franchement ne mérite pas un mot autre que ... Oui, je crois que vous avez trouvé sans mon aide !

Adieu M. H.... (comme la bombe, aussi nocif ! ).

 

 

 

 

 

 

 

 

Poursuivons ...

 

 

http://www.dailymotion.com/video/x2qwj0_jacques-brel-au-s...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«  A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

                            Je ne comprends, mon cher ange, ni votre lettre ni vous. J’ai suivi de point en point la distribution que Lekain m’avait indiquée, comme par exemple de donner Alzire à Mlle Durancy, et Zaïre à Mlle Dubois, etc.

 

Comme je ne connais point les talents ni de l’une ni de l’autre, je m’en suis tenu uniquement à la décision de Lekain, que j’ai confirmée deux fois.

 

Mlle Dubois m’a écrit en dernier lieu une lettre lamentable à laquelle j’ai répondu par une lettre polie. Je lui ai marqué que j’avais partagé les rôles de mes médiocres ouvrages entre elle et Mlle Durancy ; que si elles n’étaient pas contentes, il ne tiendrait qu’à elles de s’arranger ensemble  comme elles voudraient. Voilà le précis de ma lettre ; vous ne l’avez pas vue sans doute. Si vous l’avez vue, vous ne me feriez  pas les reproches que vous me faites.[à Damilaville le 12 octobre : « Soyez très persuadé que je n’ai nulle part à la retraite de Mlle Durancy ; M. d’Argental a été très mal informé. »]

 

                            M. de Richelieu m’en fait de son côté de beaucoup plus vifs s’il est possible [V* répondait à Richelieu le 9 septembre : « La petite Durancy avait joué chez moi, aux Délices, à l’âge de quatorze ans. Je ne lui ai donné quelques rôles que sur la réputation qu’elle  s’est faite depuis. J’ai fait un partage assez égal entre elle et Mlle Dubois. Il me paraît que ce partage entretient une émulation nécessaire. Si Mlle Durancy  ne réussit pas, les rôles reviendront naturellement aux actrices  qui sont plus au goût du public et vos ordres décideront de tout. »].Il est de fort mauvaise humeur. Voilà entre nous, la seule récompense d’avoir soutenu le théâtre pendant près de cinquante années, et d’avoir fait des largesses de mes ouvrages depuis environ quinze ans.

 

                            Je ne me plains pas qu’on m’ôte une pension que j’avais, dans le temps qu’on en donne une à Arlequin [l’acteur Carlin de la Comédie Italienne]. Je ne me plains pas du peu d’égard que M. de Richelieu me témoigne sur des choses plus essentielles. Je ne me plains pas d’avoir sur les bras un régiment [la veille , il écrivait à S. Dupont : « Les dissensions de Genève m’ont attiré un régiment entier en garnison dans mes terres. ». Sur la manière dont il a traité ce régiment et sur la reconnaissance qu’on lui en témoigne, voir la lettre écrite à Choiseul le 16 mars 1768, en simulant une lettre à lui adressée par le ministre.] sans qu’on me sache le moindre gré de ce que j’ai fait pour lui. Je ne me plains que de vous, mon cher ange, parce que plus on aime, plus on est blessé.

                           

Il est plaisant que presque dans le même temps je reçoive des plaintes de M. de Richelieu et de vous [On sait que d’Argental et Richelieu n’étaient pas en bons temes ; le 9 septembre V* avait écrit au duc que « le pauvre M. d’Argental a été bien loin de se mêler dans ces tracasseries. »] Il y a sûrement une étoile sur ceux qui cultivent les lettres, et cette étoile n’est pas bénigne. Les tracasseries viennent me chercher dans mes déserts. Que serait-ce si j’étais à Paris ? Heureusement notre théâtre de Ferney n’éprouve point de ces orages. Plus les talents de nos acteurs sont admirables, plus l’union règne parmi eux. La discorde et l’envie sont faites pour la médiocrité. Je dois me renfermer dans les plaisirs purs et tranquilles que mes maladies cruelles me laissent encore  goûter quelquefois. Je me flatte que celui qui a le plus contribué à ces consolations ne les mêlera pas d’amertume  et qu’une tracasserie entre deux comédiennes ne troublera pas le repos d’un homme de votre considération et de votre âge, et n’empoisonnera pas les derniers jours qui me restent à vivre.

 

                   Vous ne m’ayez  point parlé de Mme de Grolée [la riche tante de Lyon, sœur du cardinal de Tencin, dont d’Argental pourrait hériter .], vous croyez qu’il n’y a que  les spectacles qui me touchent. Vous ne savez pas qu’ils sont mon plus léger souci, qu’ils ne servent qu’à remplir le vide de mes moments inutiles, et que je préfère infiniment votre amitié à la vaine et ridicule gloire des belles-lettres qui périssent dans ce malheureux siècle.

 

                            Voltaire

                                  30 septembre 1767. »

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30/09/2009 | Lien permanent

la colique , les lettres, les Russes et les arbres prennent tout mon temps

Colique ! petit délire ! ah , qu'en termes galants ces choses-là sont dites :

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Les lettres : inspiration plus romantique , bien que réaliste :

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Les Russes veulent-ils la guerre ? Niet !?

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Les arbres

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« A Jean-Antoine-Noé Polier de Bottens

premier pasteur à Lausanne.i

 

[vers le 15 novembre 1757]

 

Quand je suis voisin du naufrage

Je dois en affrontant l'orage

Penser, vivre et mourir en roi.

 

[Vo]ilà les derniers vers que la lettre du roi de Prusse [m']écrivit avant la bataille ii, il a pensé, il a agi en roi et il n'est pas mort. M. de Correvon iii me demandait ces trois derniers vers. Je lui ai écrit avant de savoir ce qu'il m'ordonnait. Je vous prie, mon cher ami, de lui communiquer ces trois lignes qu'il demande et que la journée du 5 rend si belles. Je n'ai pas un moment à moi dans ma retraite ; la colique , les lettres, les Russes iv et les arbres prennent tout mon temps. On me parle toujours des quatre Russes qu'il faut élever à la brochette v; mais ils sont aussi lents qu'Apraxin vi. Le diable est en Allemagne. La paix soit parmi vous.

 

Vale et ama tuum.

 

V.

 

P.S.- Si vous avez Palavicin vii voyez, je vous prie, s'il dit qu'en 1551 Philippe depuis devenu roi d'Espagne, passa à Trente, que les pères du Concile lui donnèrent un bal, lequel fut ouvert par le cardinal de Mantoue Léges viii. Dansez donc , vous autres pauvres diables. »

 

 

i http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-No%C3%A9_de_Polier_d...

Auteur entre autres de l'article Messie dans l'Encyclopédie : cf cet article dans : http://sites.univ-provence.fr/pictura/Voltaire/VoltaireGe...

 

ii Le 8 octobre avant la bataille de Rossbach où il fut vainqueur le 5 novembre.

iii Gabriel Seigneux de Correvon qui traduisit Usong, histoire orientale de Albrecht von Haller : http://books.google.fr/books?id=UYhaAAAAQAAJ&printsec...

Il écrivit : Voeux de l'Europe pour la paix : http://www.priceminister.com/offer/buy/79671964/seigneux-...

http://books.google.fr/books?id=VTP5gnTcr6cC&printsec...

Voir « les érudits » : http://www.culturactif.ch/revues/espaceseptembreoctobre20...

Et surtout : Essai sur l'usage, l'abus et les inconvénients de la torture : http://books.google.fr/books?id=pFc7AAAAcAAJ&printsec...

 

iv Son Histoire de Russie.

v « Élever à la brochette » = élever avec beaucoup de soin et d'application (dict. De Trévoux, 1752), la brochette étant un petit bâton utilisé pour donner la becquées aux petits oiseaux ; il s'agit ici sans doute des jeunes Russes dont parle V* dans sa lettre du 7 août à Schouvalov.

viLe maréchal Stepan Fédorovitch Apraksin après avoir battu les Prussiens le 30 août à Gross-Jaegersdorf , n'a pas exploité sa victoire.

vii Sforza Pallavicino auteur de Istoria del consilio di Trento, 1656-1657, page 15, chap. XI.

http://en.wikipedia.org/wiki/Pietro_Sforza_Pallavicino

http://fr.wikipedia.org/wiki/Francesco_Maria_Sforza_Palla...

 

viii Voltaire s'appuie sur les textes de Pallaviciono et Fra Paolo Sarpi pour discuter de ces questions particulières du concile de Trente dans un chapitre ajouté à l'Essai sur les mœurs.

Voir : http://www.voltaire-integral.com/Html/12/06ESS175.html#172

 

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15/11/2010 | Lien permanent

Que Paris est encore bête

... A manger du foin !

Prêt à passer sous les fourches caudines du Qatar pour la gloriole d'un prince (auto proclamé ! c'est plus facile quand on tient le sabre par la poignée ) qui lâchera les travaux prévus * si jamais ça ne lui rapporte pas assez .

*NDLR : projet de super stade parisien ; quid de l'ancien ?

Ou "comment se faire rouler, en une passe ! "

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« A M. Jean Le Rond d'ALEMBERT.

5 de février [1758]

A la réception de votre lettre du 28, j'ai lu vite les articles dont vous parlez 1, homme selon mon cœur, mon vrai, mon courageux philosophe. Ces articles augmentent mes regrets. Non, il n'est pas possible que la saine partie du public ne vous redemande à grands cris; mais il faut absolument que tous ceux qui ont travaillé avec vous quittent avec vous. Seront-ils assez indignes du nom de philosophes, assez lâches pour vous abandonner?
J'écrivis d'abord à M. Diderot, et je lui dis ce que je pense; je lui ai écrit encore. J'ai redemandé mes articles 2, et je n'ai point eu de réponse : ce procédé est rare.
La profession de foi des sociniens honteux est sous presse et presque finie. Les prêtres qui la font ont voulu parler au nom des magistrats comme au leur, et les magistrats ne l'ont pas souffert 3. Ils ont consumé un grand mois à ce bel ouvrage. « Voilà qui est bien long, disait-on.-Il faut un peu de temps, répondit Huber, quand il s'agit de donner un état à Jésus-Christ 4 . La seule politesse que je fasse consiste à dire que vous avez fait beaucoup d'honneur à la ville, que votre article 5 est l'éloge de la liberté, et que le gouvernement doit être flatté , que d'ailleurs vous n'avez certainement voulu blesser personne.
Qui donc a eu la bassesse d'envoyer un libelle en province 6? Est-ce quelque confesseur de quelque dame du palais ? Mme de Pompadour semblait faite pour protéger l'Encyclopédie. L'abbé de Bernis doit chérir cet ouvrage, s'il a le temps de le lire. Ne se feront-ils pas tous deux honneur d'en être le soutien? Je n'en sais rien, je vois tout de trop loin. Mettez-moi au fait, je vous en prie 7; point tant de cachets quand vous m'écrirez; quatre donnent du soupçon, un seul n'en donne pas.
Je ne me console point que les fanatiques vous rendent Paris désagréable, et vous empêchent de revoir les Délices. Mais pourquoi n'y pas revenir? Quand la profession de foi est faite, la paix l'est aussi.
Que Paris est encore bête . Cicéron et Lucrèce passèrent-ils par les mains des censeurs de livres ? Pourquoi cette rage contre la philosophie? Je ne m'accoutume point à voir les sages écrasés par les sots. J'ai le cœur navré. »

1Lettre du 28 janvier de d'Alembert : « J'en ai fait beaucoup d'autres pour ce 7ème volume … tels que Force, Fondamental, Gravitation, Gravité, Forme substantielle, Fortuit, Fornication, Futur contingent, Frères de la charité, , Fortune, etc. Vous trouverez aussi à la fin de l'article Goût des réflexions sur l'application de l'esprit philosophique aux matières de goût ... »

4 Huit jours plus tard V* corrigera l'attribution de ce mot de Jean Huber à Claire Cramer . Jean Huber né en 1722 à Genève est célèbre pour ses papiers découpés et ses portraits de V*.

5 Article Genève .

6 Voir lettre de d'Alembert du 28 janvier 1758 : « Croiriez-vous qu'une satire atroce contre nous qui se trouve dans une feuille périodique qu'on appelle les Affiches de Province, a été envoyée de Versailles à l'auteur [Meunier de Querlon] avec l'ordre de l'imprimer, et qu'après avoir autant qu'il a pu, jusqu'à s'exposer à perdre son gagne-pain, il a enfin imprimé cette satire, en l'adoucissant de son mieux ? ». Voir : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/574-gabriel-meusnier-de-querlon

Les Affiches de Province publiées par la Gazette de France , avaient donné dans le numéro du 28 décembre 1757 un compte-rendu très favorable du Nouveau mémoire pour servir à l'histoire des cacouacs . Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k838027/f2.image

7  D'Alembert répondra le 15 février 1758 : « Vous me demandez si M. et Mme une telle ne nous protègent pas ? Pauvre républicain que vous êtes ! Si vous saviez de quel bureau partent quelques unes des satires dont nous nous plaignons …. vous sentiriez combien vous avez raison quand vous dites que vous voyez tout de trop loin . »

 

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06/04/2013 | Lien permanent

une petite réponse faite à la hâte pour votre aimable dame . Je la fais courte

... Oui ! oui ! monsieur Macron, pourquoi avez-vous réagi à votre parution en couple people dans Match comme un fautif de cour de récréation qui dit "c'est pas moi M'sieur, c'est l'autre qu'a commencé !" ? Vous aimez votre femme, sans doute, sinon que seriez vous allé faire dans cette galère , et réciproquement , alors assumez . Point .

 Rions un peu avec François Morel :

http://www.dailymotion.com/video/x44m6ll

et avec Charline :

http://www.dailymotion.com/video/x44lj33_j-ai-fait-une-be...

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Prochain objectif après "En marche" : "Alors on danse !"

 

«  A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville, ancien conseiller

au Parlement de Rouen

En sa terre de Launay

près de Rouen [biffé et remplacé par:] à Paris

De présent chez monsieur le marquis

de La Vieville rue saint-Pierre proche la

Place des Victoires à Paris

Aux Délices 20 mai 1761

Mon cher et ancien ami, nos ermitages entendent souvent prononcer votre nom, nous disons plus d'une fois que n'est-il ici, il ferait des vers galants pour la nièce du grand Corneille, nous parlerions ensemble de Cinna, et nous conviendrions qu'Athalie qui est le chef-d’œuvre de la belle poésie n'en est pas moins le chef-d’œuvre du fanatisme 1. Il me semble que Grégoire VII et Innocent IV ressemblent à Joad comme Ravaillac ressemble à Damiens . Il me souvient d'un poème intitulé La Pucelle, que par parenthèse personne ne connait ; il y a dans ce poème une petite liste des assassins sacrés, pas si petite pourtant .

Elle finit ainsi :

Et Mérobad , assassin d'Itobad,

Et Bénédad, et la reine Athalie,

Si méchamment mise à mort par Joad .2

Vous voyez mon cher ami que vous vous êtes rencontré avec cet auteur .

Je pardonne à tous ceux dont je me suis moqué, et notamment à l'archidiacre Trublet 3 et même à frère Berthier à condition que les jésuites que j'ai dépossédés d'un bien qu'ils avaient usurpé à ma porte, paieront leur contingent de la somme à quoi tous les frères sont condamnés solidairement .

J'ai un beau procès contre un promoteur 4, ainsi je finis mon ancien ami en vous envoyant une petite réponse 5 faite à la hâte pour votre aimable dame . Je la fais courte pour ne pas enfler le paquet . C'est la troisième d’aujourd’hui dans ce goût 6, et le czar m'appelle . Vale .

V. »

 

1 Cideville écrivait le 13 mai 1761 : « On dit à propos de Corneille que vus méditez de nous en donner une belle édition avec des notes instructives ; le milieu de ses ouvrages est admirable, le commencement est d'un homme qui lutte contre le mauvais goût de son siècle, et la fin d'un vieillard faible qui perd sa lumière […] Je vis ces jours passssés Athalie sur ce théâtre moins barbare, réformé enfin sur vos conseils, e tplus digne de faire sentir tout l'effet des pièces ; je vais dire un blasphème, mais je n'aime point ce drame, non que je ne sente le mérite qu'il y a de faire une pièce sasn amour et sans intrigue, mais je n'aime pas qu'un Racine se trouve enveloppé dasn les filets des prêtres malfaisants […]. »

2 Seul ce troisième vers vient de La Pucelle , XVI, 143, les précédents y ont été modifiés . Ce vers conservé est adapté d'une épigramme de Racine sur la Judith de l'abbé Boyer, v. 10 : voir : http://bibdramatique.paris-sorbonne.fr/boyer_judith/front-2

3 « L'archidiacre Trublet a donc obtenu sa grâce ? Vous disiez plaisamment que vous pardonniez volontiers à ceux dont vous vous êtes moqué . Il a baillé à la lecture de La Henriade et pur se réveiller vous l'avez pincé . » : Cideville, 13 mai 1761 .

4 Dans un mémorandum relatif à la reconstruction de l'église de Ferney, V* précise qu'il s'agit du curé d'Ornex .

6 La seule autre épître remontant à cette date est adressée à La Vallière ; auparavant, V* avait écrit l’Épître à Mme Denis sur l'agriculture . L'expression « aujourd'hui » doit être prise en un sens large .

 

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20/04/2016 | Lien permanent

employer tout votre crédit auprès de M. le duc de Choiseul, auprès de ses amis, s'il le faut auprès de sa maitresse, etc

... On ne sait jamais , ça peut rapporter !

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 Aux pieds de sa maitresse ! Amour désintéressé !

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Voici la plus belle occasion mon cher ange d'exercer votre ministère céleste . Il s'agit du meilleur office que je puisse recevoir de vos bontés . Je vous conjure mon cher et respectable ami d'employer tout votre crédit auprès de M. le duc de Choiseul, auprès de ses amis, s'il le faut auprès de sa maitresse, etc. etc. etc. Et pourquoi osai-je vous demander tant d'appui, tant de zèle, tant de vivacité, et surtout un prompt succès ? pour le bien du service, mon cher ange, pour battre le duc de Brunswik . M. Galatin 1, officier aux gardes suisses, qui vous présentera ma très humble requête est de la plus ancienne famille de Genève . Ils se font tuer pour nous de père en fils depuis Henri IV 2 . L'oncle de celui-ci a été tué devant Ostende 3, son frère 4 l'a été à la malheureuse et abominable journée de Rosbac, à ce que je crois , journée où les régiments suisses firent seuls leur devoir . Si cela n’est pas à Rosbac, c'est ailleurs, le fait est qu'il a été tué . Celui-ci a été blessé . Il sert depuis dix ans, il a été aide-major . Il veut l'être . Il faut des aides-majors qui parlent bien allemand, qui soient actifs, intelligents . Il est tout cela . Enfin vous saurez de lui précisément ce qu'il lui faut . C'est en général la permission d'aller vite chercher la mort à votre service . Faites-lui cette grâce, et qu'il ne soit point tué car il est fort aimable , et il est neveu de cette Mme Calendrin 5 que vous avez vue étant enfant . Madame sa mère 6 est bien aussi aimable que Mme Calendrin .

V.

Aux Délices 9 février [1761] »

1 Jean-Louis Gallatin . Voir page 376 : https://books.google.fr/books?id=LQ4QVb1NWDsC&pg=PA37...

2 Contemporains de Henri IV, Claude et Marin Gallatin vécurent respectivement jusqu'à l'age de quatre-vingt deux et soixante-dix-neuf ans .

3 François Gallatin, parent éloigné, avait été tué à Ostende le 23 août 1745 : http://www.gen-gen.ch/GALLATIN/Francois/36153

V* a écrit le père, surchargé l'oncle peut être d'une autre main .

4 Jacques Gallatin avait été tué à Warburg le 30 juillet 1760 : http://www.gen-gen.ch/GALLATIN/Jaques/36114

5 Julie Calandrini, née Pellissari .

6 Née Camille Pictet .

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09/02/2016 | Lien permanent

Les ouvrages de génie sont aux compilations ce que le mariage est à l’amour

Belle journée que ce samedi, préparée depuis hier, avec un travail très physique : faire la pressée des pommes du Verger Tiocan qui nous donnent un jus à en boire sans soif et sans modération (quoique, je dois le signaler aux gourmands, le "sans modération" entraine quelques mini problèmes de transit intestinal si on n'a pas l'habitude ! )

http://www.patrimoinedespaysdelain.fr/fr/annuaire/index.h...

 

Suite des festivités le samedi 10 octobre au verger lui-même, et le 11, dimanche, exposition, animations, boudin aux pommes (extra ! je vous le promets ). De ce fait, sachez-le, énorme besoin de main-d'oeuvre pour cueillir les pommes, les peler, le couper , les cuire pour avoir la meilleure marmelade qui soit . Et tout ça, à la main avec des fruits obtenus sans pesticides, sans engrais artificiels, juste à l'huile de coude et au savoir faire transmis par ceux qui connaissent la nature et veulent nous conserver de bons fruits et une bonne santé.

 

Cet après midi, autre activité, réalisation de toits pour des cibles d'archerie à Prévessin : grande partie de rigolade, mais les résultats sont visibles et espérons le , durables .

Là, comme avec le grand Georges, on a eu le temps des copains :

 

http://www.dailymotion.com/video/xjs62_brassens-les-copai...

 

 

 

 

 

Mon Volti, lui a été un peu casanier, si je le crois . Potsdam et Frédéric ne sont pas ce qu'il y a de mieux pour lui .

 

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"Ce monde est un naufrage. Sauve qui peut ..." : il est vraiment diminué physiquement et sur la défensive intellectuellement . Que ses adversaires ne se réjouissent pas trop, pas trop tôt ! Il va batailler (contre l'injustice ) et nous réjouir (je parle pour ceux qui aiment la liberté ) pendant encore 26 ans !

Yes he can !

And you ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

                            Mon cher  ange, Le Siècle (c'est-à-dire la nouvelle édition, la seule qui soit passable), était déjà presque tout imprimé, il m’est par conséquent impossible de parler cette fois-ci de la petite épée que cacha monsieur votre oncle sous son cafetan [D’Argental avait demandé à V* d’ajouter une allusion à son oncle Charles de Ferriol qui avait insisté pour porter son épée à la cour de Turquie, sur ordre de Louis XIV sans doute, mais « contrairement à un usage très raisonnable ».]. J’ai rayé bien exactement cette épithète de petit, attribuée au concile d’Embrun [ce qu’avait demandé le cardinal de Tencin, autre oncle de d’Argental]. J’ai recommandé à ma nièce d’y avoir l’œil [elle est chargée de faire supprimer ce « petit » dans la nouvelle édition de Paris, (édition Lambert) ,  c’est ce qu’écrit V* le 28 et il ajoutera « Il est malheureusement dans un douzaine d’autres dont la France est inondée et surtout dans celle que l’abbé Pernetti a fait imprimer à Lyon sous les yeux du père du concile. »], et je vous prie de l’en faire souvenir.[le 8 septembre, il se montrait agacé par « les plaintes de trente personnes qui trouvent qu’(il) n’a pas dit assez de bien de leurs arrière-cousins » dans le Siècle]. Je voudrais de tout mon cœur qu’il fût regardé comme le concile de Trente, et que toutes les disputes fussent assoupies en France. Mais il parait que vous en êtes assez loin. Le siècle de la philosophie est aussi le siècle du fanatisme. Il me parait que le roi a plus de peine à accorder les fous de son royaume qu’il n’en a eu à pacifier l’Europe. [Lutte entre le parlement et le clergé à propos des billets de confession, que V* résume ainsi dans ce qui sera le Précis du siècle de Louis XV, en date du 11 aout 1752 : « Le roi recommanda toujours la paix, sans que les ecclésiastiques cessassent de refuser les sacrements et sans que le Parlement cessât de procéder contre eux. Enfin le roi permit… »] Il  y a en France un grand arbre, qui n’est pas l’arbre de vie, qui étend ses branches de tous côtés, et qui produit d’étranges fruits. Je voudrais que Le Siècle de Louis XIV pût produire quelque bien. Ceux qui liront attentivement tout ce que j’y dis des disputes de l’Église pourront, malgré tous les ménagements que j’ai gardés, se faire une idée juste de ces querelles ; ils les réduiront à leur juste valeur, et rougiront que dans ce siècle-ci, il y ait encore des troubles pour de pareilles chimères. Un petit tour à Potsdam ne serait pas inutile à vos politiques, ils y apprendraient à être philosophes.

 

Mon cher ange, les beaux-arts sont  assurément plus agréables que ces matières. Une tragédie bien jouée est plus faite pour un honnête homme. Mais me demander que je songe à présent au Duc de Foix et à Rome sauvée c’est demander à un figuier qu’il porte des figues en janvier. Car ce n’était pas le temps des figues [Evangile St Marc]. Je me suis affublé d’occupations si différentes, toute idée de poésie est tellement sortie de ma tête, que je ne pourrais pas actuellement faire un pauvre vers alexandrin. Il faut laisser reposer la terre. L’imagination gourmandée ne fait rien qui vaille. Les ouvrages de génie sont aux compilations ce que le mariage est à l’amour. L’hymen vient quand on l’appelle. L’amour vient quand il lui plait. [Atys, opéra de Quinault ] Je compile à présent, et le dieu du génie est allé au diable.

 

                            En vous remerciant de la note pour l’abbé de St Pierre. J’avais deviné juste, qu’il était mort en 43. Je lui ai fait un petit article assez plaisant. Il y en a un pour Valincourt qui ne sera pas inutile aux gens de lettres, et qui plaira à la famille. Je n’ai point de réponse de M. Secousse. Il est avec les vieilles et inutiles ordonnances de nos vieux rois [V* avait joint « un petit mémoire «  pour lui à la lettre à d’Argental du 5 août . Le neuvième volume des Ordonnances des rois de France de la troisième race, de Denis Secousse paraitra en 1755.] . Mais il a pour rassembler ces monuments d’inconstance et de barbarie six mille livres de pension. Il n’y a qu’heur et malheur en ce monde.

 

                            Mes anges, ce monde est un naufrage. Sauve qui peut est la devise de chaque individu. Je me suis sauvé à Potsdam, mais je voudrais bien que ma petite barque pût faire un petit trajet jusque chez vous. Je remets toujours de deux mois en deux mois à faire ce joli voyage. Il ne faut pas que je meure avant d’avoir eu cette consolation. Je ne sais pas trop ce que je deviendrai. J’ai cent ans, tous mes sens s’affaiblissent, et il y en a d’enterrés. Depuis huit mois  je ne suis sorti de mon  appartement que pour aller dans celui du roi ou dans le jardin. J’ai perdu mes dents. Je meurs en détail. Je vous embrasse tendrement, je vous souhaite une santé constante, une vieillesse heureuse. Je me regarderai comme très malheureux si je ne passe pas mes derniers jours, ô anges !  auprès de vous et à l’ombre de vos ailes.

 

                            Voltaire

                            A Potsdam 3 octobre 1752. »

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03/10/2009 | Lien permanent

la vraie consolation consiste dans beaucoup d'acheteurs

... Tel est plutôt le credo de ceux qui nous nourrissent, et qui se dispenseraient volontiers de recevoir des subventions au prix  d'infiniment de temps perdu avec leurs lots de paperasses insensées .

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 30 juin 1768] 1

Le malade de Ferney a écrit une lettre très consolante à l'ami Panckoucke . Mais la vraie consolation consiste dans beaucoup d'acheteurs .

Le vieux bonhomme est toujours d'avis qu'il faut une carton à la dernière scène d'Oreste, car si quelque curieux voit jouer cet Oreste tout différemment de cet in-4°, ledit in-4° sera très décrié .

Plus la promptitude dans l’exécution dans Le Siècle de Louis XIV et de Louis XV est nécessaire, plus on me fait languir . On ne m'a donné que sept feuilles depuis six semaines . Ce n'est pas ainsi qu'on doit traiter un premier garçon d'imprimerie qui travaille pour monsieur Gabriel depuis quinze ans .

Ut ut est 2, mille amitiés. 

V.»

1 Original, bibliothèque de l'université Columbia, collection David Eugene Smith . La date est fixée à peu de chose près par la mention, au début de la lettre, de « la lettre très consolante » envoyée par Panckoucke, qui doit être celle-ci : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/02/13/imitez-les-filles-soyez-modeste-pour-etre-riche-6485097.html

2 Quoi qu'il en soit .

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15/02/2024 | Lien permanent

nous aurons la paix, et nous l'aurons en vainqueurs, et voilà comme il faut l'avoir

... En toute modestie, avec le plus grand réalisme et bon sens .

 

« A François de Chennevières

11 juillet [1760]

Depuis la victoire de Landshut, nous ne savons rien de nouveau . Encore deux ou trois petites affaires pareilles, et nous aurons la paix, et nous l'aurons en vainqueurs, et voilà comme il faut l'avoir . À l'égard des vaisseaux, je vous en souhaite . Mille amitiés je vous en prie à M. Sénac , et à messieurs ses enfants .

Il y a une Mme de Puiseux à Vincennes 1; ce n'est pas, comme vous le pensez bien , Mme la marquise de Puisieux, c'est une pauvre diablesse de bel esprit qui loge dans une maison de campagne du village de Vincennes ; si vous pouvez, mon cher correspondant, lui épargner le port du présent paquet vous ferez une bonne œuvre . Toutes les Délices les disent parce qu'elles les sentent . »

1 Cette Mme de Puisieux est celle pour qui Diderot avait éprouvé une « violente passion » ainsi qu'il l'avait écrit à V* le 11 juin 1749 .

 

 

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10/07/2015 | Lien permanent

que leurs traits ne se méprennent point, et ne détruisent pas la religion que je respecte infiniment, et que je pratique

C'est Noël, et en guise de cadeau je vous donne cette lettre de Volti à Mme du Deffand qui avait la chance/malchance d'avoir du temps à perdre et qui parfois, pour se désennuyer demandait "du Voltaire" ; elle aurait pu tomber plus mal en guise de distraction .

http://www.deezer.com/listen-1150471 

nounours noel animé.gif

http://www.deezer.com/listen-7578479 : "I believe" dit le King, tout comme -(là j'extrapole un peu, un tout petit peu !-) )- Volti .

Etonnante citation-titre aux yeux de certains , évidente pour ceux qui connaissent notre malicieux et prudent -(de temps en temps)- Volti .

http://www.deezer.com/listen-540427

 

 Quant à moi, -paraphrasant Volti,- je déclare à Mlle Wagnière :

"Ce n'est pas assurément, Mam'zelle, une lettre de bonne année que je vous écris, car tous les jours m'ont paru fort égaux, et il n'y en a point où je ne vous sois très tendrement attaché."

Et je n'ajoute ni ne retranche rien à cette déclaration .

 Fidèlement : http://www.deezer.com/listen-2544872

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

 

26è décembre 1768

 

Ce n'est pas assurément, Madame, une lettre de bonne année que je vous écris, car tous les jours m'ont paru fort égaux, et il n'y en a point où je ne vous sois très tendrement attaché.

 

Je vous écris pour vous dire que votre petite mère ou grand-mère i(je ne sais comment vous l'appelez) a écrit à son protégé Dupuits une lettre où elle met sans y songer, tout l'esprit et les grâces que vous lui connaissez. Elle prétend qu'elle est disgraciée à ma cour, parce que je ne lui ai envoyé que Le Marseillais et le Lion de Saint Didier, et qu'elle n'a point eu Les Trois Empereurs de l'abbé Caille ii. Mais je n'ai pas osé lui envoyer ces trois têtes couronnées, à cause des notes qui sont un peu insolentes, et de plus il m'a paru que vous aimiez mieux Le Marseillais et le Lion ; c'est pourquoi elle n'a eu que ces deux animaux . Il y a pourtant un vers dans Les Trois Empereurs qui est le meilleur que l'abbé Caille fera de sa vie . C'est quand Trajan dit aux chats fourrés de la Sorbonne :

Dieu n'est ni si méchant, ni si sot que vous le dites iii.

 

Quand un homme comme Trajan prononce une telle maxime, elle doit faire un très grand effet sur les cœurs honnêtes.

 

Votre petite mère ou grand-mère a un cœur généreux et compatissant . Elle daigne proposer la paix entre La Bletterie et moi. Je demande pour premier article qu'il me permette de vivre encore deux ans, attendu que je n'en ai que 75, et que pendant ces deux années il me serait loisible de faire une épigramme contre lui tous les six mois iv. Pour lui il mourra quand il voudra.

 

Saviez-vous qu'il a outragé le président Hénault autant que moi ? Tout ceci est la guerre des vieillards. Voici comme cet apostat janséniste s'exprime, page 235, tome II : En revanche, fixer l'époque des plus petits faits avec exactitude, c'est le sublime de plusieurs prétendus historiens modernes ; cela leur tient lieu de génie et de talents historiques v.

 

Je vous demande , Madame, si on peut désigner plus clairement votre ami ? Ne devrait-il pas l'excepter de cette censure aussi générale qu'injuste ? ne devrait-il pas faire comme moi qui n'ai perdu aucune occasion de rendre justice à M. Hénault, et qui l'ai cité trois fois vi dans le Siècle de Louis XIV avec les plus grands éloges ? Par quelle rage ce traducteur pincé du nerveux Tacite outrage-t-il le président Hénault, Marmontel, un avocat Linguet et moi, dans des notes sur Tibère ? Qu'avons-nous à démêler avec Tibère ? Quelle pitié ! et pourquoi votre petite mère n'avoue-t-elle pas tout net que l'abbé de La Bletterie est un mal avisé ?

 

Et vous, Madame, il faut que je vous gronde. Pourquoi haïssez-vous les philosophes quand vous pensez comme eux ? Vous devriez être leur reine, et vous vous faites leur ennemie . Il y en a un dont vous avez été mécontente vii, mais faut-il que le corps en souffre ? est-ce à vous de décrier vos sujets ?

 

Permettez-moi de vous faire cette remontrance en qualité de votre avocat général . Tout notre parlement sera à vos genoux quand vous voudrez, mais ne le foulez pas aux pieds quand il s'y jette de bonne grâce .

 

Votre petite mère et vous, vous me demandez L'A.B.C. Je vous proteste à toutes deux, et à l'archevêque de Paris, et au syndic de la Sorbonne, que L'A.B.C. est un ouvrage anglais, composé par un M. Huet très connu traduit il y a six ans, imprimé en 1762 viii, que c'est un rostbif anglais, très difficile à digérer par beaucoup de petits estomacs de Paris. Et sérieusement, je serais au désespoir qu'on me soupçonnât d'avoir été le traducteur de ce livre hardi dans mon jeune âge, car en 1762 je n'avais que 69 ans. Vous n'aurez jamais cette infamie qu'à condition que vous rendrez partout justice à mon innocence, qui sera furieusement attaquée par les méchants jusqu'à mon dernier jour.

 

Au reste il y a depuis longtemps un déluge de pareils livres. La Théologie portative ix pleine d'excellentes plaisanteries et d'assez mauvaises ; L'Imposture sacerdotale x traduite de Gordon ; La Riforma d'Italia xi, ouvrage trop déclamatoire qui n'est pas encore traduit mais qui sonne le tocsin contre tous les moines ; Les Droits des hommes et les Usurpations des papes xii, Le Christianisme dévoilé xiii par feu Damilaville ; Le Militaire philosophe xiv de Saint Hyacinthe ; livres tout de raisonnements, et capables d'ennuyer une tête qui ne voudrait que s'amuser. Enfin, il y a cent mains invisibles qui lancent des flèches contre la superstition. Je souhaite passionnément que leurs traits ne se méprennent point, et ne détruisent pas la religion que je respecte infiniment, et que je pratique.

 

Un de mes articles de foi, Madame, est de croire que vous avez un esprit supérieur . Ma charité consiste à vous aimer quand même vous ne m'aimeriez plus, mais malheureusement je n'ai pas l'espérance de vous revoir. »

 

 

i La duchesse de Choiseul .

 

iii Vers 101 .

 

iv Le 20 avril, d'Alembert signala à V* que La Bletterie « dans une des notes du second volume » de son Tibère, ou les six premiers livres des Annales de Tacite, traduits par ... Jean-Philippe-René de La Bletterie, 1768, « s'exprime avec beaucoup de mépris sur les écrivains autrefois célèbres qui veulent mourir la plume à la main et qui font dire au public: « Le pauvre a oublié de se faire enterrer »... Ses amis savent et publient que c'est à vous qu'il adresse cette belle diatribe ... »   Voir pages 97-98 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cr...#                                                   V* avait déjà envoyé une épigramme dans sa réponse à d'Alembert le 27 avril.                                                                               Pages 341-343 : http://books.google.be/books?id=zzQHAAAAQAAJ&printsec...

 

v Citation exacte mot pour mot, sauf que le texte porte « avec la plus grande exactitude ».

 

vi Deux fois dans le chapitre sur la campagne et la mort de Turenne et quatre fois dans le Catalogue.

 

vii D'Alembert, notamment en 1760 où elle l'accuse d'avoir été son délateur auprès de V*.

 

viii Lieux et dates de publication sont fictifs, l'ouvrage L'A.B.C., dialogue curieux traduit de l'anglais de M. Huet est bien de V*. http://www.voltaire-integral.com/Html/27/16_A-B-C.html

 

xi De Carlo Antonio Pilati di Tassulo ; http://it.wikipedia.org/wiki/Carlantonio_Pilati

 

xiii Sans doute effectivement de Damilaville, attribué aussi au baron d'Holbach . http://www.voltaire-integral.com/Html/31/07_Devoile.html

http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-88619&...

xiv Publié par Naigeon, entre autres, à partir d'un manuscrit : Les Difficultés sur la Religion proposées au père Malebranche. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k86225z/f1.image.pag...

 

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25/12/2010 | Lien permanent

un génie malin qui se moque de nous tous, et qui abandonne tout Paris à son temps réprouvé. Cela s'étend aussi à la banl

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http://www.deezer.com/listen-5122539

Le barreau étant, depuis bien des lustres, une tragi -"comédie", je mets mes pas dans ceux de Brassens : Gare au gorille , avec son épilogue qui me ravit :

http://www.deezer.com/listen-984834

Et A voix basse , de Juliette :

"Un article du code pénal,

Poilu comme une moisissure,

S'est comporté comme un vandale

Se soulageant dans mes chaussures "

http://www.deezer.com/listen-909265 . Je ne cesse d'admirer le pouvoir créatif de cette femme .

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy

6è janv[ier] 1774

Je veux croire, mon cher ami, pour l'honneur du climat de Paris, que vous n'avez pas le quart des neiges que nous avons à Ferney, et que vous allez tous les jours par un chemin très sec de La Chevrette i à la capitale. Vous allez augmenter votre famille ii. Voila une belle génération de gentilshommes picards qui se forme . Mes compliments à madame d'Hornoy et à ses enfants, s'il vous plait.

J'ai plus de correspondance avec les Grandes Indes qu'avec Paris. Cependant je ne laisse pas d'être informé quelquefois de ce qui se passe dans votre ancienne patrie. On m'a fait parvenir tout ce qui s'est dit, écrit, et fait , dans le drôle de procès de cet intrépide et plaisant Beaumarchais, qui se bat seul contre neuf ou dix personnes iii, qui donne à l'une quelques soufflets, à l'autre force coups de pieds au cul, qui les jette tous par terre et qui rit à leur nez quand ils sont tombés.

Le barreau est devenu une comédie où l'on bat des mains, où l'on rit, et où l'on siffle.

J'ai été un peu scandalisé de la Correspondance et des Œufs rouges iv, dans lesquels on prétend que nous devons manger les meilleurs petits pâtés du monde attendu que votre oncle l'abbé Mignot est , disent-ils, le petit-fils de ce fameux pâtissier Mignot dont il est parlé dans Boileau ; mais Boileau dit expressément que ce Mignot était un empoisonneur v, ce qui fait grand tort à la bonne chère que nous devons faire.

Un polisson nommé Clément s'est avisé de répéter cette belle généalogie dans une lettre critique à moi adressée vi, et imprimée avec permission tacite, de sorte qu'il est décidé à présent dans Paris que l'abbé Mignot n'osera plus faire servir de la pâtisserie sur sa table, à moins qu'elle ne soit excellente.

Il semble qu'il y ait un génie malin qui se moque de nous tous, et qui abandonne tout Paris à son temps réprouvé. Cela s'étend aussi à la banlieue. On m'a envoyé de tous côtés le testament de mort des deux dragons qui se sont avisés de mourir comme Caton, après avoir bu bouteille. Mais je trouve ces marauds fort impertinents de m'avoir fourré dans leurs caquets vii. Je me serais fort bien passé de leurs louanges. Je les suivrai bientôt, ce sera d'une façon toute naturelle. Mes quatre vingts ans, et mes maladies continuelles m'avertissent de faire mon paquet.

Je suis fâché que la nouvelle Mme de Florian viii soit en train de m'accompagner. Il est difficile qu'elle échappe à la maladie funeste dont elle est attaquée. Elle est condamnée par les médecins de Genève et de Montpellier malgré les remèdes du charlatan suisse ix qui connait si bien les maladies et le caractère des gens par une petite bouteille d'urine envoyée par la poste. Ne faites pas semblant de savoir ce triste arrêt quand vous écrirez à Florian. A peine le sait-il lui-même ; il faut lui laisser la consolation de l'espérance. Pendant que nous mourons, continuez votre belle occupation de repeupler le monde. Faite-nous de gros garçons vertueux comme vous ; que la bénédiction de Jacob se répande sur toute votre famille, et sur celle de M. et Mme de Magnanville x.

Je vous écris le jour que trois grands rois apportèrent de l'encens, de la myrrhe et de l'or au divin enfant. Je ne vous en envoie point, parce que je n'en ai point.

On dit que le fermier général La Boissière avait deux millions en or dans une petite cassette quand il est mort. On n'en trouvera pas tant dans la mienne. Adieu, mon cher ami, bien des compliments à l'accouchée, ou à l'acccouchable. »

 

i Propriété du beau-père de d'Hornoy, Magnanville, près de Paris.

Voir aussi : http://amue.academia.edu/PierreYvesBEAUREPAIRE/Papers/240...

ii Une fille, Constance.

iii Affaire Goëtzmann ; cf. lettre du 17 janvier à d'Argental .A venir...

iv La Correspondance secrète ou familière de M. de Maupéou avec M. de Sor*** ou Maupéouana de Augeard ; les Oeufs rouges de monseigneur Sorhouet mourant . A Monsieur de Maupéou, attribués à Mairobert ou à Augeard. Cf. http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/29/j...

v Dans les « Satires » de Nicolas Despréaux/Boileau: « Car Mignot c'est tout dire, et dans le monde entier / Jamais empoisonneur ne sut mieux son métier. » ; voir fin page 21 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70170v/f32.image.pa...

 

vi La Quatrième lettre à M. de Voltaire ; cf. lettre du 30 décembre 1773 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/29/j...

 

vii Affaire racontée par Grimm dans la Correspondance Littéraire en janvier 1774 . Deux jeunes gens, Bourdeaux et Humain, se suicidèrent dans un cabaret à StDenis le jour de Noël 1773 et laissèrent un testament assez nettement matérialiste et uù ils ne mentionnaient pas V*.

Page 341-347 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57843695/f345.image...

viii Lucrèce-Angélique Rilliet, née Normandie, deuxième femme du marquis de Florian, divorcée et huguenote. La première femme du marquis ayant été Marie-Elisabeth Mignot le 7 mai 1762, veuve de Nicolas-Joseph de Dompierre de Fontaine en 1758, cette nièce de V* mourra en 1771. Cf. lettre à d'Argental du 1er avril 1772 . Et Page 128 lettre au cardinal de Bernis: http://books.google.be/books?id=1v1BAAAAYAAJ&pg=PA128...

 

ix D'après Wagnière, « Michel Schuppac, appelé le médecin de la montagne, qui demeurait à Langnau, auprès de Berne. » Il avait soigné la nouvelle madame Florian avec « une liqueur rouge inconnue... mordante et stimulante » qui selon V*, « excite la toux et donne la diarrhée » et « n'est autre chose qu'un vrai poison pour la poitrine. »

Page 217 : http://books.google.be/books?id=ETsuAAAAYAAJ&pg=PA363...

x Beaux-parents de d'Hornoy : Marie-Emilie Joly de Choin qui épousa (en 1744) Charles-Pierre Savalette de Magnanville.D'Hornoy a épousé leur fille Louise-Sophie, et naissent, en 1774 Charlotte-Marie-Sophie et Victor en 1776. http://gw1.geneanet.org/index.php3?b=garric&lang=fr;p...

 

 

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06/01/2011 | Lien permanent

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