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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

vous serez amusé, et un ministre a souvent besoin de l'être

... lui qui n'amuse guère ses concitoyens ne peut guère attendre que ceux-ci le mettent en joie . Pour le consoler, le choix des distractions ne manque pas ce jour, avec le défilé des Champs Elysées, le Tour de France et tout ce que permet le beau temps . Haut les coeurs !

 

 

« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin

[vers le 27 juillet 1763] 1

[…] A propos, monseigneur, ceci n'est pas une dépêche de Rome moderne, ce n'est pas un mémoire sur les diètes de Pologne, ce ne sont pas des nouvelles des deux frères qui se disputent la Perse, ce n'est pas un détail des sottises de ce pauvre Grand Mogol, c'est votre conjuration, ce sont vos roués, c'est une attrape qui vous amusera . Je ne vous dirai point que cela fera fondre en larmes, je mentirais ; mais cela peut attacher, cela fera raisonner, et vous serez amusé, et un ministre a souvent besoin de l'être .

Vous pèserez, quand il en sera temps, l'importance extrême dont il est, de mettre la conspiration sous le nom d'un jeune novice jésuite, qui, grâce à la bonté du parlement , est rentré dans le monde, et qui comme Colletet et tant d'autres, attend son dîner du succès de son ouvrage . Je m'imagine que les girouettes françaises tournent actuellement du côté des jésuites ; on commence à les plaindre ; les jansénistes ne font point de pièces de théâtre, ils sont durs, ils sont fanatiques, ils seront persécuteurs, on les détestera, on aimera passionnément un pauvre petit diable de jésuite, qui donnera l'expérience d’être un jour un Lemière, un Colardeau, un Doriat . Je persisterai toujours à croire qu'il faut donner un nom à ce jeune jésuite ; le public aime à se fixer . Si on ne nomme personne, on me nominera, et tout sera perdu .

Mais pourquoi ne faites-vous pas faire une tragédie à M. Thomas? Quel homme a écrit avec plus de force que lui ? Quel homme a plus d'idées ? Il est jeune, et j'ai besoin d'un coadjuteur .

Enfin , monseigneur, vous ne nous abandonnerez pas, Mme Denis et moi, dans notre querelle avec la sainte Église . Nous espérons que vous voudrez bien vous damner pour nous, rien n'est plus beau que d'aller au diable pour faire du bien aux gens qu'on protège .

Agréez, je vous en conjure, mon attachement, ma reconnaissance, et mon profond respect .

Le vieux de la montagne . »

1 L'édition Vie privée donne un texte très corrompu daté de décembre . Moland place la lettre à la fin de 1764 . Tel que le texte se présente dans les éditions, ces deux dates sont impossibles pour de nombreuses raisons . Mais en fait, ce texte s'avère résulter d'un amalgame de trois lettres fragmentaires : la présente lettre, celle du 21 août 1763 généralement donnée comme adressée au duc de Richelieu mais dont le destinataire est Praslin, et la lettre du 17 octobre 1763 .

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14/07/2018 | Lien permanent

Calvin et le pape sont estimés tout juste ce qu'ils valent, c'est-à-dire pas grand-chose

... Et ce n'est pas moi qui vais dire le contraire .

 

 

« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

13è décembre 1763 au château de Ferney

par Genève 1

Vous ne savez pas, madame, que j'ai perdu à peu près les deux yeux . D'ailleurs, vous n'avez point de reproche à me faire . J'ai répondu très exactement aux lettres dont vous m'avez honoré . Il n'est guère possible d'envoyer de gros paquets par la poste , dans le beau climat où vous avez choisi votre demeure ; mais si vous voulez pour vous amuser, des sermons dans le goût de celui du rabbin Akib, vous en aurez d'un peu plus longs, qui vous édifieront bien davantage, et qui ne vous mettront pas en danger de vous faire juive .

Je ne m'attendais pas qu'on jouât jamais Alzire et L'Orphelin de la Chine, dans le fond de l'Ost-frise . Nous réussissons plus en Allemagne, nous autres Français, à la comédie qu'à la guerre .

Je vous vois retenue plus longtemps dans le pays où vous êtes . Une famille, une mère malade, sont des liens qu'on ne peut rompre . On parle cependant d'un voyage que vous devez faire à Vienne . En ce cas Marphise et Bradamante n'auront jamais été des héroïnes plus voyageantes que vous .

Vous me parlez des tragédies de M. Derschau 2, dont le nom et le mérite ne me sont pas inconnus, et vous ne me parlez point de votre grand procès que je connais très bien . Je vous souhaite autant de succès dans vos affaires que les ouvrages et la société de M. Derschau peuvent vous donner de satisfaction . J'ai assez orné le pays où j'ai fixé ma demeure . M. le prince Louis de Virtemberg, que vous connaissez, est venu s'établir philosophiquement auprès de Lausanne, avec sa femme . Voilà un bel exemple pour vous . Il n'a pas dédaigné comme vous la Suisse ; sa maison qui n'est pas grande , est dans le plus bel aspect, et le plus riant . Il y a toujours dans nos cantons une foule d'étrangers qui vont en Italie, ou qui en reviennent . C'est le centre de toutes les nouvelles de l'Europe ; tous les bons livres nous parviennent en peu de temps ; la philosophie se met à la mode ; Calvin et le pape sont estimés tout juste ce qu'ils valent, c'est-à-dire pas grand-chose . Une liberté entière nous assure des jours tranquilles . Croyez-moi , madame, si jamais vous achetez une terre achetez-la dans notre pays .

Ma nièce répond à 3 la lettre dont vous l'avez honorée . Pour moi, madame, soyez persuadée que je ne cesserai jamais de vous être attaché avec les sentiments les plus respectueux et les plus tendres .

V. »

1 La lettre de la comtesse n'est pas connue .

2 Christoph Friedrich von Derschau a publié une tragédie, Pylades und Orestes, 1747, et le poème de la Lutheriade, 1760-1761 ; voir : https://de.wikipedia.org/wiki/Christoph_Friedrich_von_Derschau

et : https://www.ostfriesischelandschaft.de/fileadmin/user_upload/BIBLIOTHEK/BLO/Derschau.pdf

3 Wagnière a écrit par un lapsus on pour à .

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12/12/2018 | Lien permanent

Les enfants ne se font pas à coups de plume

... Je confirme, par expérience ! Ou alors on m'a menti sur la cigogne et les roses et les choux et les abeilles, enfin tout ce qui concourt à faire augmenter la population de charmante manière . Point de plumes donc, si ce ne sont celles de la cigogne, livreur express doué d'ubiquité comme le père Noël  .

De toutes façons, ...

 http://www.youtube.com/watch?v=zuNmzTLwjcc

 

 

« A M. Jean-Baptiste-François de La MICHODIÈRE
intendant d'Auvergne.

 [vers octobre 1757]1

Monsieur, c'est à Breslau, à Londres, et à Dordrecht, qu'on commença, il y a environ trente ans, à supputer le nombre des habitants par celui des baptêmes. On multiplia, dans Londres, le nombre des baptêmes par 35, à Breslau, par 33. M. de Kerseboum, magistrat de Dordrecht, prit un milieu. Son calcul se trouva très-juste : car, s'étant donné la peine de compter un par un tous les habitants de cette petite ville, il vérifia que sa règle de 34 était la plus sûre.
Cependant elle ne l'est ni dans les villes dont il part beaucoup d'émigrants, ni dans celles où viennent s'établir beaucoup d'étrangers et, dans ce dernier cas, on ajoute pour les étrangers un supplément qu'il n'est pas malaisé de faire.
Toutes ces règles ne sont pas d'une justesse mathématique; vous savez mieux que moi, monsieur, qu'il faut toujours se contenter de l'à-peu-près. La fameuse méridienne de France n'est certainement pas tirée en ligne droite, le roi n'a pas le même revenu tous les ans, et le complet n'est jamais dans les troupes. Il n'y a que Dieu qui ait fait au juste le dénombrement des combattants du peuple d'Israël, qui se trouva de six cent mille hommes 2 au bout de deux cent quinze ans, tous descendants de Jacob, sans compter les femmes, les vieillards, et les enfants. Les habitants de Clermont en Auvergne ne peuvent avoir augmenté dans cette miraculeuse progression. Ceux qui ont attribué quarante-cinq mille citoyens à cette ville ont presque autant exagéré que l'historien Josèphe,3 qui comptait douze cent mille âmes dans Jérusalem pendant le siége. Jérusalem n'en a jamais pu contenir trente mille.
Lorsque j'étais à Bruxelles 4, on me disait que la ville avait cinquante mille habitants, le pensionnaire, après avoir pris toutes les instructions qu'il pouvait, m'avoua qu'il n'en avait pas trouvé dix-sept mille 5.
J'ai fait usage de la règle de 34 à Genève elle s'est trouvée un peu trop forte. On compte dans Genève environ vingt-cinq mille habitants; il y naît environ sept cent soixante-quinze enfants, année commune or 775 multiplié par 34 donne 26,350.
La règle de 33 donnerait 25,575 têtes à Genève 6. Cela posé, monsieur, il paraît évident qu'il y a tout au plus vingt mille personnes à Clermont, et ce nombre ne doit pas vous paraître extraordinaire, les hommes ne peuplent pas comme le prétendent ceux 7 qui nous disent froidement qu'après le déluge il y avait des millions d'hommes sur la terre. Les enfants ne se font pas à coups de plume, et il faut des circonstances fort heureuses pour que la population augmente d'un vingtième en cent années. Un dénombrement fait en 1718, probablement très-fautif, ne donne à Clermont que 1,324 feux; si on comptait (en exagérant) dix personnes par feu, ce ne serait que 13,240 têtes; et si, depuis ce temps, le nombre en était monté à vingt mille, ce serait un progrès dont il n'y a guère d'exemples. Il vaut mieux croire que l'auteur du dénombrement des feux s'est trompé mais, quand même il se serait trompé de moitié, quand même il y aurait eu le double de feux qu'il suppose, c'est-à-dire 2,648, jamais on ne compte que cinq à six habitants par feu mettons-en six il y aurait eu 15,888 habitants à Clermont; et, depuis ce temps, le nombre se serait accru jusqu'à vingt mille par une administration heureuse, et par des événements que j'ignore.
Tout concourt donc, monsieur, à persuader que Clermont ne contient en effet que vingt mille habitants s'il s'en trouvait quarante mille sur environ 588 baptêmes par an, ce serait un prodige unique dont je ne pourrais demander la raison qu'à vos lumières.
Voilà, monsieur, ce que mes faibles connaissances me permettent de répondre à la lettre dont vous m'avez honoré. Cette lettre me fait voir quelle est votre exactitude et votre sage application dans votre gouvernement; elle me remplit d'estime pour vous, monsieur; et ce n'est que par pure obéissance à vos ordres que je vous ai exposé mes idées, que je dois en tout soumettre aux vôtres. Vous êtes à portée de faire une opération beaucoup plus juste que ma règle. On vient, dans toute l'étendue de la domination de Berne, d'envoyer dans chaque maison compter le nombre des maîtres, des domestiques, et même des chevaux 8. Il est vrai qu'on s'en rapporte à la bonne foi de chaque particulier, dans le seul pays de l'Europe où l'on ne paye pas la moindre taxe au souverain, et où cependant le souverain est très-riche. Mais, sous une administration telle que la vôtre, quel particulier pourrait déranger, par sa réticence, une opération utile qui ne tend qu'à faire connaître le nombre des habitants, et à leur procurer des secours dans le besoin ?
J'ai l'honneur d'être avec la plus respectueuse estime, etc.
VOLTAIRE

gentilhomme ordinaire du roi. »

1 Cette lettre, datée ainsi Ferney, novembre, dans l'édition de Kehl, ne fut certainement écrite ni à Ferney, ni en novembre 1757. Voltaire n'acheta Ferney que vers octobre 1758, et ce fut dès octobre 1757 que J.-B.-Fr. de La Michodière, né le 2 septembre 1720, passa de l'intendance de Riom à celle de Lyon. (Clogenson.)

 

2 Il est question de six cent trois mille cinq cent cinquante dans le chapitre Ier des Nombres, verset 46 ; Exode XII, 37 .

 

3 Flavius Josèphe donne différentes indications sur la population de Jérusalem dans De bello judaïco VI, xi, 3 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58257f/f37.image

 

4 En 1740, 1741, et 1742.

 

5 En 1824, on comptait cent douze mille habitants à Bruxelles. (Clogenson)

 

6 C'était ce nombre d'habitants que des hommes bien informés comptaient encore à Genève en 1823. (Clogenson)

 

7 Le père Petau; voyez tome XXVII, page 73.

 

8 Un recensement fut fait en 1757 du nombre d'hommes aptes à servir et des chevaux disponibles en cas de mobilisation .

 

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08/01/2013 | Lien permanent

j’ai la vanité de croire que je pense comme elle

... (comme elles) : https://charliehebdo.fr/2021/11/societe/feminisme/charlie...

 

 

« A Jean-François Marmontel [A madame de Geoffrin

rue et quartier St Honoré

à Paris]

Chancelier de Bélisaire, on me dit que la Sorbonne demande des cartons. Ce n’est pas Bélisaire qui est aveugle, c’est la Sorbonne. Voici les propres mots d’une lettre 1 de l’impératrice de Russie, en m’envoyant son édit sur la tolérance : « L’apothéose n’est pas si fort à désirer que l’on pense ; on la partage avec des veaux, des chats, des ognons, etc., etc., etc. Malheur aux persécuteurs ! Ils méritent d’être rangés avec ces divinités-là. »

Elle ambitionnera votre suffrage, mon cher confrère, dès qu’elle aura lu votre Bélisaire, et n’y fera pas assurément de cartons. Cet ouvrage fera du bien à notre nation, je peux vous en répondre. Tout ce que je vous écris est toujours pour Mme Geoffrin 2, car j’ai la vanité de croire que je pense comme elle. Si le roi de Pologne et l’impératrice de Russie ne s’entendaient pas sur la tolérance, je serais trop affligé.

Bonsoir, mon cher confrère ; jouissez de votre gloire, et du ridicule des docteurs.

V.

28è février 1767. »

2 Comme le confirme l'adresse .

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01/08/2022 | Lien permanent

me soucie fort peu de voir cette platitude

... Laquelle ? je ne sais pas encore, mais elle se trouve à coup sûr dans la liste suivante , je vous laisse entre les plumes de critiques plus cinéphiles que moi :

https://www.senscritique.com/films/toujours-a-l-affiche

A priori, je mettrai de côté puis jetterai aux oubliettes The House, Ils ont cloné Tyrone, Limbo, Le Manoir hanté, Barbie ( - Ô Barbie ! comme tu as de longues jambes ! - C'est pour mieux fuir Ken , mon enfant ! ). Mais c'est à vous de voir .

Le diabl@gueur: Les (tout) derniers navets du cinéma français

https://www.senscritique.com/top/resultats/les_meilleurs_...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

8 janvier [1768]

Mon cher ami, je n'ai point vu la facétie de la Sorbonne , et me soucie fort peu de voir cette platitude ; mais j'ai lu l'arrêt du Conseil contre le Parlement 1, et la vengeance de M. Chardon, de laquelle j'ai été fort édifié. Pourvu que ces tracasseries parlementaires ne nuisent point aux Sirven, je suis content.

Le froid est excessif. Mes paroles sont gelées, et la main de celui qui écrit est transie.

Je suppose que M. d'Alembert a reçu la lettre d'Italie que j'ai fait chercher à Genève. Voulez-vous bien avoir la bonté d'envoyer l'incluse à M. de La Harpe 2, rue du Battoir?

Portez-vous bien, et quand vous serez à la tête des vingtièmes, écrasez l'inf... »

1Cet arrêt du Conseil, en date du 26 décembre 1767 annulait la délibération du 23 décembre ; mais le Parlement n'en maaintint pas moins ses objections contre Chardon ; voir lettre du 4 janvier 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/07/27/nous-manquons-d-hommes-en-bien-des-genres-mon-cher-ange-cela-6454327.html

2 Elle manque.

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31/07/2023 | Lien permanent

Me conseillez-vous de renouveler mes protestations dans quelque journal ?

 http://owni.fr/2012/02/20/le-nuage-de-protestations-qui-vient/

occupy_poing protestation.jpg

 http://www.youtube.com/watch?v=eJZbaVGyQ38

 Avec Voltaire, "We will be victorious !" , Mam'zelle Wagnière !

 

 

« A M. le comte d'ARGENTAL.

Aux Délices, 29 octobre [1755]

Mon cher ange, je vous ai envoyé deux exemplaires de votre Orphelin. Je vous prie de pardonner à ma misère, je devrais avoir mieux répondu aux soins dont vous avez honoré mes Chinois, vous et Mme d'Argental. J'ai rendu compte, autant que je l'ai pu, de ce qui s'est passé entre le quatrième et le cinquième acte; mais je ne sais si j'en ai rendu bon compte 1. Je vous demande en grâce de donner un exemplaire de cette nouvelle fabrique au négligent de Lambert 2, qui devient si impatient quand il s'agit de me faire enrager. Qu'il fasse au moins usage de cet exemplaire, si je ne peux lui en procurer un meilleur. Je vous avoue que l'aventure de la Pucelle m'a mis hors d'état de travailler. Je suis parfaitement instruit qu'elle est imprimée, elle inondera bientôt tout Paris, et je serai à mon âge l'occasion d'un grand scandale. Me conseillez-vous de renouveler mes protestations dans quelque journal ?
Permettez que j'insère sous votre enveloppe un petit mot 3 à M. le comte de Choiseul; je ne sais point sa demeure, et je crains que ma lettre n'aille à quelqu'un de son nom qui n'aurait pas pour moi la même indulgence que lui. J'ai reçu de mon mieux les deux pèlerins 4 que vous m'avez annoncés. Les deux exemplaires de l'Orphelin de la Chine sont partis à l'adresse de M. Dupin, secrétaire de M. d'Argenson; mais j'ai bien peur que Jeanne ne fasse plus de bruit qu'Idamé. Mon cher ange, priez Dieu pour moi. »

 

2 Libraire imprimeur .

4 Palissot et Patu .

 

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11/04/2012 | Lien permanent

La vieillesse et la jeunesse se réunissent dans les mêmes sentiments

... Il serait bon que ce soient des sentiments de joie . La grogne a assez fait de mal, tous âges confondus,  qu'elle disparaisse au plus tôt .

 

 

« Voltaire,

Pierre-Jacques-Claude Dupuits

et Marie-Françoise Corneille

à Béatrix de Choiseul-Stainville, duchesse de Gramont, et à

Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

Au château de Ferney, 15 février 1763

Madame et Monseigneur le Duc,

La lettre dont vous daignez m'honorer 1 fondra nos neiges et me rendra la vue . Nous sommes à vos pieds et à ceux de Monseigneur le duc de Choiseul, votre digne frère ; et quoique je sois de l'Académie, nous ne trouvons point de termes pour vous exprimer notre respectueuse reconnaissance . La vieillesse et la jeunesse se réunissent dans les mêmes sentiments . Nous sommes tous ici sous votre protection, nous nous regardons comme vos créatures, et nous sommes, avec le plus profond respect, Madame, vos très humbles et très obéissants serviteurs

Voltaire, Dupuits, Corneille. »

1 Lettre du 21 [11] février 1763 : « Je vous renvoie ci-jointe, monsieur , la requête que vous m'avez fait passer ; vous deviez être bien sûr qu'il y serait fait droit . Je l'ai communiquée à Mme de Gramont, qui vous prie instamment , ainsi que moi, de vous regarder autorisé par la présente à signer pour nous au contrat de Mlle Corneille, nous soumettant ma sœur et moi, dans le cas où cela serait jugé nécessaire, à passer acte par-devant notaires à la première réquisition qui nous en sera faite, portant que c'est avec grand plaisir et de notre propre mouvement que nous vous avons prié de signer en nos noms le contrat de Mlle Corneille , et de l'assurer du désir que nous avons, l'un et l'autre, de trouver des occasions de lui donner des marques plus essentielles de l'intérêt que nous prenons à son bonheur . Ma sœur m'a dit être entrée avec vous dans quelques détails relatifs à cet établissement ; j'ose croire qu'elle ne proposera rien qui puisse nuire aux vues que vous avez de procurer à Mlle Corneille tous les avantages dont son nom la rend susceptible. Vous connaissez les sentiments, etc. ». Cette lettre répond à la demande de V* du 25 janvier 1763 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/12/15/je-n-ai-pas-ose-mais-j-ose-vous-demander-si-je-peux-vous-sup-6008700.html

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15/01/2018 | Lien permanent

il est permis à tout citoyen d'écrire ce qu'il veut sur la religion, qu'on ne peut le condamner sans l'entendre, qu'il f

... Sait-il cela celui qui a tenté d'assassiner des Londoniens hier ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

21è auguste [1763]

Il est bon que nos frères sachent, qu'hier, six cents personnes vinent pour la troisième fois, protester en faveur de Jean-Jacques contre le Conseil de Genève 1, qui a osé condamner Le Vicaire savoyard . Ils disent qu'il est permis à tout citoyen d'écrire ce qu'il veut sur la religion, qu'on ne peut le condamner sans l'entendre, qu'il faut respecter les droits des hommes, et on prétend que cela pourrait bien finir par une prise d'armes . Je ne serais pas fâché de voir une guerre civile pour Le Vicaire savoyard . Je ne crois pas qu'il y en ait dans Paris pour Saül et David .

J’espère que mon cher frère aura la charité de m'envoyer cette pièce édifiante que je ne connais point du tout .

Voici encore un petit mot pour M. Mariette . J'importune beaucoup mon frère, mais quand on a un certain procès contre la sainte Église, il faut bien s'adresser aux sages . J'embrasse mon sage frère .

Écr l'inf . »

1 Cette nouvelle donnée par V* est confirmée de façon précise par une mention des registres du Conseil de Genève : « Monsieur le Premier a rapporté que samedi dernier entre une et deux heures après midi le sieur Vieussieux accompagné de 25 à 26 citoyens ou bourgeois vint chez lui et lui remit un papier dont il lui fit lecture, qu'ensuite il lui dit qu'un grand nombre de citoyens étant dans les sentiments exprimés dans cet écrit viendraient chez lui ; mais successivement pour lui causer moins d’incommodité, qu'il le priait de les recevoir et qu'ils vinrent en effet successivement au nombre d'environ 450 et que ce matin, le sieur Antoine Joly avec environ trente personnes est encore venu pour appuyer cet écrit . »

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15/08/2018 | Lien permanent

il n’appartient qu’à un siècle ridicule de ne vouloir pas qu’on rie.

... Fillon

... Macron

... Mélenchon

... Hamon

... Marion

... Du . on

A quoi bons ? bons à rien .

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Je confirme .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4 février [1762]

Mon cher frère saura que je lui ai écrit toutes les postes, que j’ai déterré les deux exemplaires de l’Oriental 1 avec les Sentiments du curé 2, dont j’ai fait trois envois à trois postes différentes. Je suis frère fidèle, et frère exact.

M. Picardin, de l’Académie de Dijon, attend toujours avec grande impatience le Droit du Seigneur, tel qu’on l’a châtré et mutilé. Il me le prêtera, et nous le jouerons incontinent à Ferney sur un très joli théâtre. Et si jamais frère Thieriot, qui n’est pas retenu par le vingtième, et qui n’a rien à faire, vient voir nos petites drôleries, il trouvera peut-être que mademoiselle Clairon ne désavouerait pas madame Denis pour son élève, et que mademoiselle Corneille pourrait passer pour celle de mademoiselle Dangeville.

M. Picardin vous prie très instamment, mon cher frère, de continuer vos bontés à cet Ecueil du Sage. Il ne serait peut être pas mal de faire mettre dans L'Avant-Coureur 3 qu’on s’est trompé quand on m’a attribué cet ouvrage, et qu’on n’est point du tout sûr qu’il soit de moi. Cela servirait à dérouter le public, que les grands politiques doivent toujours tromper.

M. Picardin vous supplie de faire deux lots du produit de l’histrionage : l’un sera pour le cher frère Thieriot, le plus grand paresseux de la cité ; l’autre sera en dépôt chez M. de Laleu, notaire, pour être perçu par celui à qui il est promis.

M. Picardin, qui a du goût, a été fort irrité que les histrions aient retranché à la fin, ai-je perdu la gageure ? Ce n’est pas la peine de faire une gageure pour n’en pas parler ; c’est la discrétion qu’il faut que le marquis paie. On s’est mis depuis quelque temps à proscrire le comique de la comédie ; c’est là le sceau de la décadence du génie. Le goût est égaré dans tous les genres, et il n’appartient qu’à un siècle ridicule de ne vouloir pas qu’on rie.

Je lis toujours avec édification le Manuel de l’Inquisition, et je suis très fâché que Candide n’ait tué qu’un inquisiteur 4.

Mandez-moi, je vous prie, mon cher frère, si vous avez reçu tous mes paquets, et engagez tous mes frères à poursuivre l’inf… de vive voix et par écrit, sans lui donner un moment de relâche.

Votre passionné frère, V. »

2 Testament de Jean Meslier, 1762 ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Meslier

 

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27/01/2017 | Lien permanent

Je ne veux rien avoir de caché pour vous

... Je tiens le pari que ceci figure dans la "lettre" du candidat Macron . Chiche !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

1er décembre [1766]

Mon cher ami, j’ai prié M. d’Argental de vous mettre dans la confidence d’un drame d’une espèce assez nouvelle. Je ne veux rien avoir de caché pour vous. Je crois que cet ouvrage était absolument nécessaire pour confondre la calomnie, cette calomnie dont je vous parlais si souvent en vous disant : « écrasons l’infâme ».

Vous savez avec quel acharnement elle m’impute, presque tous les mois, quelque mauvais livre bien scandaleux que je n’ai jamais lu et que je ne lirai jamais. Les mauvais poètes ne sachant plus comment s’y prendre pour me perdre, après m’avoir immolé à Crébillon, m’ont voulu immoler aux jansénistes ; ils se sont avisés de faire de moi un théologien, et ils prétendent, avec l’abbé Guyon et l’abbé Renoard 1, que je traite continuellement la controverse. Or certainement un homme qui fait une tragédie n’a guère le temps de controverser. Une tragédie 2 demande un homme tout entier, et le demande pour longtemps. Non seulement je me suis remis à faire des pièces de théâtre, mais j’en fais faire. Je m’occupe beaucoup de celle à laquelle La Harpe travaille actuellement sous mes yeux, et j’en ai de grandes espérances. J’ai dans ma vieillesse la consolation de former des élèves : je rends par là tout le service que je puis rendre aux belles-lettres.

Il me semble que je ne mérite pas les cruelles persécutions que j’essuie depuis si longtemps.

Mandez-moi donc à qui on attribue le petit livre savant et éloquent 3 que vous m’avez envoyé avec une note de M. Thieriot. L’auteur de ce livre ne me traite pas comme les Guyon et les Fréron : je voudrais bien connaître cet honnête homme.

Savez-vous quel est le polisson qui a fait le plat ouvrage intitulé la Justification de J .-J., et qui prétend que J.-J. est le seul philosophe dont la conduite soit conforme à ses principes ?

Les affaires de Genève doivent finir bientôt. Ce petit État devra au roi toute sa félicité, outre quatre millions cinq cent mille livres de rente dont les Genevois jouissent en France. M. le chevalier de Beauteville leur a donné un projet qui est la sagesse même. S’ils ne l’acceptaient pas, il faudrait qu’ils fussent plus fous et plus méchants que J.-J.

Je vous embrasse tendrement, mon très cher ami. Remerciez bien pour moi M. Thieriot de son attention, et faites quelquefois mention de moi avec Tonpla 4.

M. Boursier est toujours dans les mêmes sentiments ; il dit qu’il se tiendra toujours prêt 5.

N. B. -- L’avocat de Besançon, auteur du Commentaire sur les lois, concernant les Délits, a beaucoup augmenté son ouvrage 6. L’édition est entièrement épuisée. Pourriez-vous demander à M. Marin si on permettra dans Paris l’entrée d’une nouvelle édition conforme à ce qui a déjà été imprimé, et très circonspecte dans ce qui sera ajouté ? »

1 L’un, Claude-Marie Guyon ,auteur de l’Oracle des philosophes : https://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Guyon_-_L%E2%80%99Or... ; l’autre, rédacteur du Journal chrétien.

Beuchot a corrigé ce nom en Dinouard . Joseph-Antoine-Toussaint Dinouard est en effet, avec l'abbé Trublet, le rédacteur du Journal chrétien . Voir : https://data.bnf.fr/fr/documents-by-rdt/12001651/te/page1?

Voir : L'Art de se taire ,principalement en matière de religion : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64999j.image.f30

et  Le Triomphe du sexe -Ouvrage dans lequel on démontre que les femmes sont en tout égales aux hommes : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71935s.image

2 Par « saut du même au même », copie et édition de Kehl omettent n'a plus guère le temps de controverser . Une tragédie […].

3 Comme l'indique une lettre de Thieriot du 2 décembre 1766, ce livre est intitulé Petit Traité sur les commissions en matière criminelle , attribué à Pierre-Louis Chaillou (1740-1806), avocat au parlement de Bretagne , ouvrage en faveur de La Chalotais . Voir note 59 (page 166 -suiv.) sur https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00391106/PDF/AffairedeBretagne.pdf

4 Cette phrase n'est donnée que par la copie et l'édition de Kehl .

5 Le paragraphe n'est donné que par la copie tardive et la Correspondance littéraire .

6 Cet ouvrage est de Voltaire .

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