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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je ne connais que les princes protestants qui se conduisent raisonnablement. Ils tiennent les prêtres à la place où ils

... Mon pauvre Voltaire, ce n'est malheureusement plus d'actualité .

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

19 juillet [1763] 1

Madame, on n’est pas si raisonnable à Genève que l’est Votre Altesse Sérénissime. Il y a beaucoup de philosophes, à la vérité, qui ont un profond mépris pour les infâmes superstitions que le vicaire savoyard semble avoir détruites dans l’Emile de ce pauvre Rousseau. L’article de ce vicaire vaut mieux sans doute que tout le reste du livre. Il est goûté des grands et des petits, et cependant il est anathématisé par le conseil, qui est un peu l’esclave des prêtres. Tout est contradiction dans ce monde. Ce n’en est pas une petite de condamner ce qu’on estime et ce qu’on croit dans le fond de son cœur. Deux cents citoyens ont réclamé contre l’arrêt du petit conseil de Genève, mais bien moins par amitié pour Jean-Jacques que par haine pour les magistrats. Leur requête n’a rien produit, et Jean-Jacques ayant renoncé à son beau titre de citoyen n’a plus de titre que celui de Diogène. Il va transporter son tonneau en Écosse 2 avec milord Maréchal. Ce pauvre diable traîne une vie misérable, et le pape est souverain avec quinze millions de revenu. Voilà comme va le monde.

Nous autres Français, nous chassons les jésuites ; mais nous restons en proie aux convulsionnaires. Je ne connais que les princes protestants qui se conduisent raisonnablement. Ils tiennent les prêtres à la place où ils doivent être, et ils vivent tranquilles (quand la rage de la guerre ne s’en mêle pas).

Madame, j’ai l’honneur de vous envoyer un petit catéchisme qui m’a paru assez raisonnable 3.

Agréez mon profond respect.

V. »

1 Le lendemain 20 juillet 1763, d'Alembert écrit de Potsdam, à un correspondant non identifié, : « Le roi [Frédéric II] me parle souvent de Voltaire, et en e vérité, on ne peut pas mieux sur tous les points . On ne saurait avoir l'esprit plus droit et le goût plus juste que l'a ce prince . »

2 Si Rousseau eut cette intention, il n'y donna pas suite . Dans la lettre du 9 juillet 1763 à laquelle répond V*, la duchesse de Saxe-Gotha écrit : « Je suis charmée d'apprendre que Jean-Jacques soit rétabli dans sa patrie comme citoyen . C'est ainsi au moins que j'explique l'anecdote que vous avez la bonté monsieur de le mander .[...] qu'il soit chrétien ou non je l'estime de tout mon cœur parce que je le crois de bonne foi un véritable honnête homme . Milord Maréchal que j'ai vu ici il y a quelques semaines en fait son idole .[...]. »

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04/07/2018 | Lien permanent

Le comble de mon malheur, c'est que l'amitié la rende malheureuse

A peaufiner ...

"... séparer sa destinée de la mienne"...

Pour la question de la destinée, lire et relire "Zadig ou La Destinée" (et non pas les étiquettes des fringues de Zadig et Voltaire que semble tellement apprécier un ministre inculte ), dans une belle version , mise en lumière par Mam'zelle Wagnière dont j'admire le travail :

http://www.monsieurdevoltaire.com/article-conte-zadig-ou-la-destinee---partie-1-68775925.html

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« A M. le maréchal duc de Richelieu

 

A Colmar, le 7 novembre [1754]

 

Voici, monseigneur, une lettre que Mme Denis reçoit aujourd'hui . On m'en écrit quatre encore plus positives 1. Ce n'est pas là un rafraichissement pour des malades . J'ai bien peur de mourir sans abolir la consolation vous revoir . Nous sommes forcés et tout prêts à prendre un parti bien triste . Quelque chose que je dise à Mme Denis, je ne peux la résoudre à séparer sa destinée de la mienne . Le comble de mon malheur, c'est que l'amitié la rende malheureuse . Si vous aviez quelque chose à me dire , quelque ordre à me donner, je vous supplie d'adresser toujours vos ordres à Colmar ; vos lettres me seront très exactement rendues .

 

Je ne crois pas que le cérémonial ait entré dans la tête de Mme la margrave de Baireuth . Elle ne fait point difficulté d'aller affronter un vice-légat italien ; elle serait beaucoup plus aise de voir celui qui fait honneur et les honneurs de la France ; elle voyage incognito . On n'est plus au temps où le puntiglio 2 faisait une grande affaire, et vous êtes le premier homme du monde pour mettre les gens à leur aise . Je crois qu'elle ne m'a point trompé quand elle m'a dit qu'elle craignait la foule des états3 et l'embarras du logement . Elle n'est pas si malingre que moi, mais elle a une santé très chancelante , qui demande du repos sans contrainte . Elle trouverait tout cela avec vous , avec les agréments qu'on ne trouve guère ailleurs . Reste à savoir si elle aura la force de faire le petit chemin d'Avignon à Montpellier, car on dit qu'elle est tombée malade en route . Elle a un logement retenu dans Avignon, elle n'en a point à Montpellier . Pour moi, je voudrais être caché dans un des souterrains du Merdenson 4, et vous faire ma cour le soir, quand vous serez las de la noble assemblée . Mais je suis, de toutes façons, dans un état à n'espérer plus dans ce monde d'autre plaisir que celui de vous être attaché avec le plus tendre respect, de vous regretter avec larmes, et de souffrir tout le reste patiemment . »

 

 

1 On lui confirme l'impression de La Pucelle dans une édition erronée.

2 = pointillerie , le point d'honneur, le cérémonial .

3 Les Etats du Languedoc que va gouverner le duc .

4 Nommé de nos jours, plus joliment, Verdanson ; voir : http://www.rolandjolivet.com/08verd3.htm

 

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12/10/2011 | Lien permanent

Venons maintenant aux histrions . C'est le pays de l'infidélité, comme de la tracasserie , de la discorde et du mauvais

... Histrion Ier : Jean-Luc Mélenchon ( qui au passage a bien pris du ventre pour justifier le surnom d'enflure ) qui s'amuse à faire perdre du temps et de l'argent avec ses simagrées menaçantes envers le président . Jusqu'à quand LFI sera assez lâche pour le suivre ? N'y a-t-il rien de mieux à faire en France actuellement ?

Voir déjà ce que voulait l'énergumène : https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/apres-les-legislatives-melenchon-imagine-la-demission-de-macron-et-un-duel-contre-le-pen_237230.html

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« A Marie-Louise Denis

13è février 1769 à Ferney

Je réponds , ma chère nièce, à votre lettre du 4 février . Vous avez dû recevoir il y a dix ou douze jours, par M. Marin, un paquet pour votre frère . M. des Franches doit vous en avoir donné un autre .

J'attendrai avec grand plaisir M. et Mme Dupuits sur les frontières de leurs États, et je leur enverrai des chevaux à Meyrin quand ils voudront m'avertir . Je leur fais à tous deux les plus tendres compliments . Voici une lettre pour le gros neveu du Parlement . Je vous l'envoie toute ouverte, afin que vous jugiez de ce qu'elle contient, puisqu'étant sur les lieux vous êtes seule à portée de faire ce qui est convenable . M. de Richelieu ne m'a point écrit depuis qu'il a été obligé de payer un mémoire à Souchay pour ce Gallien qui faisait entendre à Genève qu'il était son bâtard 1. M. de Richelieu ne résistera pas à vos sollicitations ; il vient de toucher un gros remboursement, il ne dépense rien à Versailles, il faut bien qu'il vous paie.

Je vous assure que vous seriez bien embarrassée si vous étiez à Ferney . Nulle société, nul secours, nulle diversion, c'est un désert . Les troupes ont tellement dévasté la campagne qu'il n'y a pas un lapereau à la ronde , et toutes les denrées sont devenues plus chères à Genève que jamais . Racle a voulu vendre en vain sa maison au rabais, ou plutôt la maison bâtie avec mon argent ; aucun Genevois n'en veut ni n'en voudra . Soyez très sûre que la terre de Ferney n'est plus qu'un palais d'Alcine 2, bâti dans une solitude . J'ai dépensé près de cinq cent mille livres, et elle ne vaut que la peine de la cultiver . Plût à Dieu qu'elle eût été vendue lorsqu’elle pouvait l'être ; vous auriez beaucoup d'argent comptant, outre vos rentes . Mais l'extrême modicité de son revenu est si publique, et l'aversion des Genevois pour les terres en France si forte, qu'il faut perdre toute espérance de s'en défaire . Vous vivrez à Paris, et je mourrai au pied du mont Jura, voilà notre destinée .

Je suis très fâché de la mauvaise santé de Mme d'Argental, et je serais au désespoir si vous étiez languissante comme elle . Je sens par ma longue et funeste expérience ce que c'est que la perte de la santé, ayez un soin extrême de la vôtre . Vous ne pouvez vous sauver par l'exercice, sauvez-vous par une attention scrupuleuse . Si c'est un bien que la vie, je ne dois ce bien qu'à des soins continuels .

Venons maintenant aux histrions .

Je ne suis pas étonné que le paquet envoyé par M. Marin se soit égaré . C'est le pays de l'infidélité, comme de la tracasserie , de la discorde et du mauvais goût . La friponnerie s'y est glissée ainsi que dans toutes les compagnies du royaume ; c'est l'esprit de ce beau siècle . Les comédiens d'ailleurs, sont très capables de refuser la pièce de La Touche 3, puisqu'ils ont joué avec tant d'empressement celle de Guillaume Tell 4 . Le public n'a pas plus de goût que les comédiens . Le vin du siècle de Louis XIV est bu, et on ne peut pas même faire du vinaigre passable avec la lie dans laquelle nous sommes .

J'apprends qu'on a joué encore une détestable pièce anglaise 5 .Les Welches ne sont aujourd'hui que des esclaves qui veulent imiter des maîtres barbares dont ils ont été battus . Dieu les bénisse, ou plutôt qu'il les refonde, je ne regretterai ni la France , ni la vie, mais je vous regretterai toujours .

V. »

2 Le palais d'Alcine est un souvenir de l'Arioste que V* a relu pour écrire La Princesse de Babylone.

3 Les Guèbres, bien entendu .

4 Guillaume Tell, tragédie de Lemierre représentée pour la première fois le 17 décembre 1766 .

5 L'Orphelin anglais, de Charles-Henri de Longueil, a été représentée le 26 janvier 1769, la pièce « anglaise » ne l'étant que par le sujet .

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19/08/2024 | Lien permanent

Il est très éloigné de vouloir jamais revenir contre ce qui a été décidé

... Le président Macron a sans doute le gouvernement qui lui plait - enfin - !

L'opposition de gauche enrage, celle de droite extrême se la joue grenouille aussi grosse que le boeuf, le citoyen sort peureusement manifester, les fins de mois restent difficiles, beaucoup d'argent public gaspillé, la montagne a accouché d'une souris .

Rentrée des classes pour : https://www.vie-publique.fr/en-bref/295289-le-gouvernemen...

Nota bene : Quelles sont les conditions pour être ministre  : https://www.vie-publique.fr/fiches/19465-conditions-pour-etre-ministre-et-incompatibilites-gouvernementales

Pourquoi pas vous ? ou moi ?

Est-ce la nécessité de probité qui a ralenti si démesurément le choix de nos nouveaux gouvernants ? En notant au passage que Rachida Dati , bien que mêlée à une affaire de corruption reste en poste, ce qui ne me rassure pas sur la qualité blanc-bleu demandée aux nommés , et non respectée évidemment . Rendez-vous à de nouvelles "affaires" touchant ces nouveaux dirigeants .

 

 

 

« A Louise-Bernarde Berthier de Sauvigny

17è mars 1769 à Ferney

J’ai attendu, madame, pour vous remercier de la confiance et de la bonté avec laquelle vous avez bien voulu m’instruire de l’état des affaires de monsieur votre frère, que je fusse plus particulièrement informé de sa conduite présente. Je n’ai rien épargné pour en avoir les informations les plus sûres. J’ai envoyé un homme sur les lieux ; j’ai écrit aux magistrats, aux gentilshommes ses voisins. Je crois que vous serez contente d’apprendre que, depuis sept ans qu’il est dans ce pays-là, tout le monde, sans exception, a été charmé de sa conduite. On lui a donné partout droit de bourgeoisie, et on a partout recherché son amitié. Ces témoignages unanimes plairont sans doute à une sœur qui pense aussi noblement que vous.

Je sens bien que la crainte de voir un frère peu accueilli dans les pays étrangers devait vous inquiéter ; je sens combien il est cruel d’avoir à rougir de ceux à qui le sang nous lie de si près, et je partage la consolation que vous devez éprouver d’être entièrement rassurée.

Tout le défaut de M. Durey de Morsan, comme je vous l’ai déjà dit 1, madame, est cette malheureuse facilité qui causa sa ruine . Il a été pillé en dernier par trois ou quatre réfugiés, les uns banqueroutiers, les autres chargés de mauvaises affaires. Il s’était endetté pour eux. L’un d’eux lui avait fait accroire qu’il devait avoir quarante-deux mille livres de rente par la liquidation de ses biens ; et on ne lui mettait ces chimères dans la tête que pour vivre à ses dépens.

Je lui ai fait voir clair comme le jour qu’il ne doit espérer de longtemps que les six mille livres de pension auxquelles il est réduit par ses fautes passées. Je lui ai fait, sentir très fortement qu’il doit vivre avec une sage économie, en homme de lettres tel qu’il est ; et que, loin de se plaindre de vous, il doit s’appliquer à mériter votre tendresse par la conduite la plus mesurée, et par une confiance entière.

Je l’ai tiré des mains qui dévoraient sa subsistance ; j’ai payé pour lui environ deux mille livres : je lui ferai rentrer de 2 ce qu’on lui doit, autant que je le pourrai ; la pitié que m’a d’abord inspirée son état s’est changée ensuite en amitié.

Il est très éloigné de vouloir jamais revenir contre ce qui a été décidé par sa famille ; il se contentera de ses six mille livres. Il n’a nul dessein de tenter jamais de revenir à Paris ; il voudrait seulement pouvoir faire un petit voyage dans le pays de Bresse et dans celui de Saint-Claude, où on lui doit quelque argent. Je lui procurerai une habitation fixe et peu coûteuse vers le territoire de Genève ; j’empêcherai qu’il ne dépense un écu au delà de sa pension : il donnera une procuration à un homme de confiance pour recevoir son revenu tous les mois, et payer son petit ménage . Il aura des livres qui le consoleront dans sa retraite . Je veillerai sur sa conduite, j’en répondrai comme de moi-même ; et je m’engage envers vous, madame, et envers sa famille, comme s’il s’agissait de mes propres intérêts.

Je suis bien persuadé que vous aimerez mieux le savoir sous mes yeux que sous des yeux étrangers.

Je vous donne encore ma parole d’honneur qu’il ne sortira pas hors des limites du mont Jura, et qu’il n’habitera jamais aucune ville du royaume. La personne chargée de son revenu ne le permettra pas, et, de plus, je vous jure qu’il n’a nulle envie de se montrer, et qu’il veut vivre dans la plus profonde obscurité. Je me flatte, encore une fois, que ce parti vous agréera, et que vous ne souffrirez pas qu’on poursuive votre malheureux frère comme un voleur de grand chemin, tandis qu’il est assez puni de ses faiblesses passées, et qu’il les expie depuis si longtemps par une vie irréprochable. Je sais, madame, que vous avez eu de la générosité pour des étrangers . Vous en aurez pour un frère.

J'ai l'honneur d'être avec respect . »

2 L'édition Besterman omet le mot ce .

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22/09/2024 | Lien permanent

Nunc itaque et versus et cætera ludicra pono . Je n’en dis pas de même de votre amitié et de l’envie de vous voir

... A Mam'zelle Wagnière

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Nous y retournerons

 

 

« A Jacques-François-Paul Aldonce de Sade

Le second volume 1 m’est arrivé, monsieur : je vous en remercie de tout mon cœur ; mais M. Fréron vous doit encore plus de remerciements que moi. Il doit être bien glorieux : vous l’avez cité 2, et c’est assurément la première fois de sa vie qu’on l’a cru sur sa parole. Mais, comme je suis plus instruit que lui de ce qui me regarde, je puis vous assurer que je n’ai pas seulement lu cet extrait de Pétrarque dont vous me parlez. Il faut que ce Fréron soit un bien bon chrétien, puisqu’il a tant de crédit en terres papales. Vous m’avez traité comme un excommunié. Si la seconde édition de l’Histoire générale était tombée entre vos mains, vous auriez vu mes remords et ma pénitence d’avoir pris 3 la rime quaternaire pour des vers blancs. Ces rimes de quatre en quatre n’avaient pas d’abord frappé mon oreille, qui n’est point accoutumée à cette espèce d’harmonie. Je prends d’ailleurs actuellement peu d’intérêt aux vers, soit anciens, soit modernes . Je suis vieux, faible, malade.

 Nunc itaque et versus et cætera ludicra pono 4.

Je n’en dis pas de même de votre amitié et de l’envie de vous voir : ce sont deux choses pour lesquelles je me sens toute la vivacité de la jeunesse.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, du meilleur de mon cœur, et sans cérémonie, votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire.

23 janvier 1765 au château de Ferney. »

2 Dans son introduction au second volume des Mémoires pour la vie de Pétrarque, Sade cite une déclaration de Fréron dans l'Année littéraire du 31 juillet 1764, selon laquelle le compte-rendu de la Gazette littéraire de l'Europe sur l'ouvrage de Sade est de V* (voir lettre du 18 juin 1764 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/07/27/j... ) . Fréron a bien entendu raison et le démenti que donne ici V* est pur mensonge !

3 Dans l'édition de 1761 d'un passage de l'Essai sur les mœurs (chapitre actuel LXXXII) V* dit que l'ode de Pétrarque à la fontaine de Vaucluse est en vers blancs . Il corrigera cette erreur dans l'errata du même volume et dans les éditions suivantes .

4 C'est pourquoi je renonce maintenant aux vers et aux autres amusements ; Horace, Épîtres, I, i, 10.

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07/04/2020 | Lien permanent

Les Juifs ont toujours aimé l’Égypte quoi qu'on dise dans leur impertinente histoire

 Rédigé le 22 juillet 2011 pour parution le 20 décembre 2010

 

Les Juifs peut-être, mais de nos jours les Juifs Israeliens restent bloqués par une politique de rejet, un toujours immense appétit de gain, un terrible compexe de supériorité de soi-disant peuple élu ; je suis certain que le jour du vote , ils ont fait, comme en Corse, voter les morts , et pour augmenter leurs chances, éliminé la concurrence . Peuple élu, laissez-moi rire ...

 

 

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Kien Long ne respire pas la joie de vivre ! Non ?

 

 

« A Frédéric II , roi de Prusse

 

20 décembre 1770

 

Sire,

En vérité ce roi de la Chine écrit de jolies lettres 1. Mon Dieu comme son style s'est perfectionné depuis son Éloge de Moukden !2 qu'il rend bien justice à ce saint flibustier juif nommé David, et à nos badauds de Paris ! Je soupçonne sa majesté Kienlong de n'avoir chez lui aucun mandarin qui l'entende, et de chanter comme Orphée devant de beaux lions, de courageux léopards, des loups bien disciplinés, des faucons bien dressés . J'allai autrefois à la cour du roi, je fus émerveillé de son armée mais cent fois plus de sa personne et je vous avoue, Sire, que je n'ai jamais fait de soupers plus agréables que ceux où Kienlong le Grand daignait m'admettre . Je vous jure que je prenais la liberté de l’aimer autant qu'il me forçait à l'admirer, et sans un Lapon 3 qui me calomnia je n'aurais jamais imaginé d'autre bonheur que de rester à Pékin .

 

Il est vrai que j'ai fait une très grande fortune dans l'Occident et quoique un abbé Terray m'en ait escamoté la plus grande partie 4(ce qui ne me serait point arrivé à Pékin) il m'en reste assez pour être plus heureux que je ne mérite . Cependant je regrette toujours Kienlong que je regarde comme le plus grand homme des deux hémisphères .

 

Comme il parle parfaitement le français (qu'il n'a pourtant point appris de révérends pères jésuites 5), comme il écrit dans cette langue avec plus de grâces et d'énergie que les trois quarts de nos académiciens, j'ai pris la liberté de lui adresser par le coche trois livres nouveaux 6, avec cette adresse : au Roi ; car il n'y en a pas deux à ce qu'on dit, et on parlera peu du sultan et du mogol d'aujourd'hui . On a écrit sur l'adresse : pour être mis à la poste dès que le paquet sera dans ses États . C'est un tribut payé à la bibliothèque du Sans-Souci de la Chine . Je ne crois pas ce tribut digne de Sa Majesté, mais c'est la cuisse de cigale que ne dédaigna pas le grand Y ha o.7

 

Sa Majesté est voisine de ma grande souveraine russe . Je suis toujours fâché qu'ils n' aient pu s'ajuster pour donner congé à Moustapha . Je suis encore dans l'erreur sur Ali Beg . Elle-même y est aussi 8. Pourquoi n'a-t-elle pas envoyé quelque Juif sur les lieux s'informer de la vérité ? Les Juifs ont toujours aimé l’Égypte quoi qu'on dise dans leur impertinente histoire .

 

Je savais très bien ce que faisaient des ingénieurs sans génie, et j'en étais très affligé 9. Je trouve tout cela aussi mal entendu que les croisades . Il me semble qu'on pouvait s'entendre ; et qu'il y avait de beaux coups à faire .

 

J'ai bien peur que les Welches et même les Ibères n'échouent 10. Leurs entreprises depuis longtemps n'ont abouti qu'à nous ruiner .

 

Je frappe trois fois la terre de mon front devant votre trône du Pegu, voisin du trône de la Chine . »


Le 4 décembre, par plaisanterie, Frédéric lui écrit « qu'un vaisseau revenu de la Chine … lui a apporté une lettre en vers de l'empereur » Kienlong qu'il a fait traduire, et il lui a envoyé ses Vers de l'empereur de la Chine. V* écrit le lendemain à d'Alembert : « Frédéric a écrit des vers à faire mourir de rire de la part du roi de la Chine ».

2 Éloge de la ville de Moukden et de ses environs …, de Kien Long ; voir les lettres à Catherine II du 26 novembre :26/11/2010

à Thieriot du 26 novembre : 25/11/2010

à Mme d'Argental du 7 décembre : 9/12/2008

3 Maupertuis qui a fait une expédition scientifique en Laponie, s'est fait peindre en Lapon, et fut une des causes du départ de Prusse de V*.Voir la fameuse Diatribe du docteur Akakia .

4 L'argent des rescriptions.

5 Rapport au fait que Frédéric a accueilli des jésuites chassés d'autres États ; voir lettre du 27 avril 1770 à Frédéric : 15/4/2011

6 Trois volumes des Questions sur l'Encyclopédie .

7 Dans la Philosophie de l'histoire, V* écrit que « I ha o » est le nom le plus sacré des Égyptiens, emprunté ensuite par les hébreux pour désigner Jéhovah .

8 Le 22 décembre, V* écrit à Catherine : « Le roi de Prusse prétend qu'Ali Beg (Ali Bey) n'est point du tout roi d’Égypte ».

9 On avait envoyé des ingénieurs français avec le baron de Tott pour renforcer les défenses turques de Constantinople, ce que Frédéric signalait à V* le 4 décembre .

10 L’Angleterre réclamait à l'Espagne (qui cèdera en 1771) les iles Falkland que la France lui avait cédées en 1767 . Des rumeurs de guerre avec l'Angleterre circulaient .

 

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20/12/2010 | Lien permanent

il faut mettre les plaisirs dans la besace de devant, et les chagrins dans celle de derrière

...

 

 

 

« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

née comtesse

d'Oldenbourg

à Vienne

Aux Délices 7è juin 1760

Je suis obligé de dicter, madame, étant assez malade mais il faudrait que je fusse mort pour ne pas vous remercier de vos bontés . Il n'y avait pas , à la vérité, de feuilles de laurier dans votre lettre, mais elle est pleine d'une bonté à laquelle je dois la plus vive reconnaissance ; je vous supplie, madame, d'ajouter à tous vos bons offices celui d'instruire M. de Durazzo de mon état ; c'est cet état cruel qui me prive de l'honneur de lui écrire .

Vous allez donc avoir de magnifiques fêtes à Vienne ; je me flatte que les décorations du théâtre seront ornées de drapeaux pris sur les ennemis ; vous aurez beau avoir une belle musique italienne, elle ne vaudra jamais les cors enroués d'une vingtaine de postillons crottés arrivant aux portes du palais sur des chevaux boiteux ; et je ne serais pas fâché que le nouveau marié 1 eût vu partir ces postillons .

Vous êtes bien heureuse, madame, de voir quelquefois le géomètre si admirable en fait de triangles 2 ; c'est lui qui est véritablement philosophe, et philosophe aimable ; ceux qui font de méchantes actions, et qui disent de grosses injures, ne sont ni géomètres ni philosophes .

Je voudrais, madame, que vous eussiez gagné ce que M. de La Trimouille a perdu 3; cela vous aiderait à solliciter votre procès . Savez-vous bien, madame, qu'il ne tiendrait qu'à moi d'avoir un procès à Vienne ? J'ai recouvré tous les papiers qui servent à prouver le vol qu'on nous fit à Francfort, quand cette pauvre Mme Denis , avec un passeport du roi de France, fut trainée dans les boues par le nommé Shmitt, marchand de Francfort, condamné comme faux monnayeur par une commission impériale, et conseiller du roi de Prusse ? Mais ce n'est pas aux vieillards infirmes à se souvenir des monstres et des voleurs, l'amitié dont vous m'honorez fait tout oublier . Vous savez qu'on a créé l'homme avec deux besaces 4, il faut mettre les plaisirs dans la besace de devant, et les chagrins dans celle de derrière .

J'ai Dieu merci, achevé mes petits châteaux ; j'en jouis paisiblement, et je ne regrette rien au monde que d'être éloigné de vous ; ne m'oubliez pas , madame, auprès de M. l'ambassadeur de France, et de Mme l'ambassadrice ; vous voyez que vous êtes ma protectrice en tous pays , excepté en Prusse, où les dames sont si fières qu'elle ne protègent personne .

Mme Denis et moi nous sommes à vos pieds . Recevez mon tendre et profond respects .

V. »

1 Sur le mariage de l'archiduc, voir lettre du 26 avril 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/04/26/qui-terre-a-et-qui-plume-a-guerre-a-5610855.html

4 Souvenir de La Fontaine ; La Besace : « Il fit pour nos défauts la poche de derrière

Et celle de devant pour les défauts d'autrui. » ; http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/besace.htm

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07/06/2015 | Lien permanent

Je suis dans les horreurs de la persécution que la canaille littéraire me fait depuis quarante ans

Canaille(s) en tout genres !

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De Paris ?

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En douceur ?

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Sans douceur ? ça râpe le rap !

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental


13 août [1755]


Mon cher ange, je ne suis pas en état de songer à une tragédie. Je suis dans les horreurs de la persécution que la canaille littéraire me fait depuis quarante ans. Vous m'aviez assurément donné un très bon avis. Ce Grasset [i] était venu de Paris tout exprès pour consommer son iniquité. Il n'est trop vrai que Chevrier était très instruit de ce maudit ouvrage, et de toute cette manœuvre . Fréron n'en avait parlé dans sa feuille que pour préparer cette belle entreprise [ii]. Vous savez de quelles abominations on a farci ce poème [iii]. On a voulu me perdre et gagner de l'argent. Je n'y sais autre chose que de déférer moi-même tout scandale qu'on voudra mettre sous mon nom en quelque lieu que je sois. Pour comble de douleur on m'apprend que Lyon est infecté d'un premier chant aussi plat que criminel dans lequel il n'y a pas quarante vers de moi. Mon malheur veut que monsieur votre oncle [iv] que je n'ai jamais offensé ait depuis un an écrit au roi plusieurs fois contre moi, et ait même montré les réponses. Il a trop d'esprit et trop de probité pour m'imputer les misères indignes qui courent, mais il peut sans les avoir vues écouter la calomnie. L'abbé Pernetti m'a écrit de Lyon qu'on me forcerait à quitter mon asile, qui m'a déjà coûté plus de quarante mille écus. Madame Denis se meurt de douleur et moi de colique.


J'écris un mot à Mme de Pompadour au sujet des cinq pagodes [v] que vous lui faites tenir de ma part.


Je me flatte qu'elle ne trouvera rien dans la pièce qui ne plaise aux honnêtes gens et qui ne déplaise à Crébillon. Je me flatte que si elle l'approuve, elle sera jouée malgré le radoteur Lycophoron [vi]. Adieu mon très cher ange qui me consolez. »



iCf. lettre du 28 juillet.

ii Fréron a parlé de La Pucelle dans l'Année littéraire du 12 septembre 1754 ; cf. lettres du 15 octobre et 20 novembre 1754.

iii « … Dort en Bourbon la grasse matinée / … Et saint Louis, là-haut mon compagnon / M'a prévenu qu'un jour certain Bourbon / M'en donnerait à pardonner bien d'autres ... » annotés par V* dans la marge de la copie de La Pucelle : « Quel est le laquais qui a fait la plupart de ces vers ? Quel est le maraud de la lie du peuple qui peut écrire ces insolentes bêtises ? »

iv Le cardinal de Tencin .

vL'Orphelin de la Chine, dans sa version en cinq actes.

vi C'est « le vieux Crébillon ». Lycophoron avait écrit un poème tragique d'une obscurité proverbiale.

 

 

Cool , p'tit' canaille :

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Et une curiosité qui me ramène à mes années estudiantines :

http://www.deezer.com/listen-235929

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13/08/2010 | Lien permanent

Travaillons à force, et moquons nous du reste

... Beau programme . Qui va l'appliquer, quitte à déplaire aux politiciens sclérosés ?

Il semblerait bien que notre nouveau président y tienne réellement . Tant mieux .

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« A Gabriel Cramer

[vers le 10 juillet 1762] 1

Mon cher Gabriel, c'est moi qui vous conjure d'être sage . Votre lettre 2 est d'une violence extrême . Quand on a écrit de telles lettres il faut se couper la gorge avec celui auquel on a écrit . Je sais quand il faut réprimer le zèle . Supprimez votre lettre je vous en conjure . Ce n'est pas vous qui êtes outragé, c'est moi . C'est à moi à répondre . L'honneur et la vérité m'y forcent . J'aimerais mieux perdre les Délices que de souffrir qu'on dise qu'on m'a donné un asile, et que l'Europe m’en refusait .

Je défie d'ailleurs qu'on trouve dans les écrits que vous avez imprimés de moi une ligne contre la religion et il y en a cent en sa faveur . En un mot il est d'une nécessité absolue que les honnêtes gens voient la lettre ci-jointe que j'envoie au colonel Pictet et à monsieur le premier syndic .

Vous avez eu hier Le Menteur . Travaillons à force, et moquons nous du reste .

Il est nécessaire que je voie mon cher Gabriel . »

1 Manuscrit olographe daté par l'éditeur de « juin 1762 » ; l'édition Gaston Maugras, Querlles de philosophes : Voltaire et J.-J. Rousseau, 1886, inexacte et incomplètes place cette lettre en août . Crowley suggère juillet 1762 ; voir lettre du 10 juillet 1762 à Charles Pictet .

 

 

 

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01/06/2017 | Lien permanent

il n'y a à vos Délices ni bonne graine de navet, ni perce-pierre , ni seringa, ni chèvrefeuille, ni jasmin

... Et si je ne discute pas le bien-fondé de la demande de salade et de fleurs odorantes, je ferai remarquer que le navet ne fait pas mes délices, qu'il soit long, rond ou cinématographique , qu'on se le dise . Cette dernière forme étant de loin la plus indigeste, je demande aux programmeurs de télévision de ne pas infliger à autrui ce qu'ils ne voudraient pas subir eux-mêmes ; mais je crois que c'est beaucoup trop demander, hélas . Je suis heureusement d'un naturel conciliant, sachant appuyer sur le bouton "arrêt" à mon gré, mais la recherche d'un bon programme s'apparente quotidiennement au travail d'un orpailleur . Beaucoup de boue remuée, peu de pépites .

 Ceci n'est pas un navet DSCF1977ceci n est pas un navet.png

 

« A Jean-Robert Tronchin

Aux Délices 17 avril [1758]

Ce petit billet, mon cher monsieur, ne sera je crois payé qu'au commencement de mai . Je vous l'envoie toujours à bon compte, ignorant combien de temps vous serez encore à Paris . On me flatte que vous pourriez bien passer par Genève à votre retour . Je me mets au rang de ceux qui le souhaitent 1 le plus vivement .

M. de Laleu vous donnera peut-être un petit compte pour moi . M. d'ArgentaI vous priera aussi de vous charger d'un paquet de papiers . Mais sachez qu'il n'y a à vos Délices ni bonne graine de navet, ni perce-pierre 2, ni seringa, ni chèvrefeuille, ni jasmin et je vous jure qu'un jour vous seriez bien aise de trouver tout cela dans des petits bosquets que je vous plante . C'est bien dommage que vous n'aimiez pas encore la campagne . Je vous embrasse de tout mon cœur et suis à jamais

votre très humble et très obéissant serviteur .

V. »

1 Sur le manuscrit V* a sans doute écrit souhaillent en oubliant exceptionnellement les barres des t .

2 Le perce-pierre (= passe-pierre, = casse-pierre) est une salade propre à être conservée dans du vinaigre . Voir : Wikipedia

 

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04/08/2013 | Lien permanent

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