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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

si vous ne daignez pas écrire en faveur de la bonne cause, du moins vous écraserez la mauvaise, en disant ce que vous pe

... C'est le moins qu'on puisse faire .

Avec ou sans humour ?

Avec ! https://www.youtube.com/watch?v=hz5xWgjSUlk

Et , remarquablement : https://www.youtube.com/watch?v=UKQGL9PEoIg

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

7 septembre [1764]

Mon cher philosophe, vos lettres sont comme vous, au-dessus de notre siècle, et n’ont assurément rien de welche. Je voudrais pouvoir vous écrire souvent pour m’en attirer quelques-unes. C’est donc de votre estomac, et non pas de votre cœur, que vous vous plaignez ! Vos calomniateurs se sont mépris. Il semble qu’on vous injurie, vous autres philosophes, quand on vous soupçonne d’avoir des sentiments. Il paraît que vous en avez en amitié, puisque vous avez été fidèle à M. d’Argenson après sa disgrâce et après sa mort. Vous avez assisté à son enterrement comme son confrère ; mais Simon Le Franc, qui n’est le confrère de personne, a prétendu y être comme parent : il faisait par vanité ce que vous faisiez par reconnaissance 1.

Vous me parlez souvent d’un certain homme 2. S’il l’avait voulu faire ce qu’il m’avait autrefois tant promis, prêter vigoureusement la main pour écraser l’infâme, je pourrais lui pardonner ; mais j’ai renoncé aux vanités du monde, et je crois qu’il faut un peu modérer notre enthousiasme pour le Nord . Il produit d’étranges philosophes. Vous savez bien ce qui s’est passé 3, et vous avez fait vos réflexions. Je laisse madame Denis 4 donner des repas de vingt-six couverts, et jouer la comédie pour ducs et présidents, et intendants et passe-volants, qu’on ne reverra plus. Je me mets dans mon lit au milieu de ce fracas, et je ferme ma porte. Omnia fert aetas 5. Vraiment j’ai lu ce dictionnaire diabolique 6, il m’a effrayé comme vous ; mais le comble de mon affliction est qu’il y ait des chrétiens assez indignes de ce beau nom pour me soupçonner d’être l’auteur d’un ouvrage aussi antichrétien. Hélas ! à peine ai-je pu parvenir à en attraper un exemplaire. On dit que frère Damilaville en a quatre, et qu’il y en a un pour vous. Je suis consolé quand je vois que cette abominable production ne tombe qu’en si bonnes mains. Qui est plus capable que vous de réfuter en deux mots tous ces vains sophismes ? Vous en direz au moins votre avis avec cette force et cette énergie que vous mettez dans vos raisonnements et dans vos bons mots ; et si vous ne daignez pas écrire en faveur de la bonne cause, du moins vous écraserez la mauvaise, en disant ce que vous pensez. Votre conversation vaut au moins tous les écrits des saints Pères. En vérité le cœur saigne quand on voit les progrès des mécréants. Figurez-vous que neuf ou dix prétendus philosophes, qui à peine se connaissent, vinrent ces jours passé souper chez moi. L’un d’eux, en regardant la compagnie, dit , Messieurs, je crois que le Christ se trouvera mal de cette séance. Ils saisirent tous ce texte ; je les prenais pour des conseillers du prétoire de Pilate ; et cette scène se passait devant un jésuite  ! et à la porte de Calvin ! Je vous avoue que les cheveux me dressaient à la tête. J’eus beau leur représenter les prophéties accomplies, les miracles opérés, et les raisons convaincantes d’Augustin, de l’abbé Houteville, et du père Garasse : on me traita d’imbécile. Enfin la perversité est venue au point, qu’il y a dans Genève une assemblée qu’ils appellent cercle, où l’on ne reçoit pas un seul homme qui croie en Christ ; et quand ils en voient passer un, ils font des exclamations à la fenêtre, comme les petits enfants quand ils voient un capucin pour la première fois. J’ai le cœur serré en vous mandant ces horreurs. Elles enflammeront peut-être votre zèle ; mais vous aimez mieux rire que servir. Conservez-moi votre amitié, elle me servira à finir doucement ma carrière.

Je me flatte que votre d’Argenson, mon contemporain, est mort avec componction et avec extrême-onction. C’est là un des grands agréments de ceux qui ont le bonheur de mourir chez vous ; on ne leur épargne, Dieu merci, aucune des consolations qui rendent la mort si aimable. Toutes ces choses-là sont si sages qu’on les croirait inventées par des Welches, s’ils avaient jamais inventé quelque chose .

Vale.

Je vous conjure de crier que je n’ai nulle part au Portatif. »



1 D'Alembert a écrit le 29 août 1764 : « […] savez-vous que Simon Lefranc est à Paris ? Il est vrai que c'est bien incognito, et qu'il ne tient pas table de 26 couverts. Je l'aperçus l'autre jour à l'enterrement du pauvre M. d'Argenson, où il était comme parent, et moi comme homme de lettres . »

2 Frédéric II ; D'Alembert dit qu'il vient d’en recevoir « une grande et belle lettre [...] » ; voir lettre du 29 août 1764 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/02/correspondance-avec-d-alembert-partie-32.html

3 Le meurtre d'Ivan . Ce passage est à retenir pour le commentaire du conte intitulé Éloge historique de la raison, où l’enthousiasme pour le « Nord », en dépit du partage de la Pologne, est en effet excessif . Voir : http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/voltaire-eloge-historique-de-la-raison.html

4 Mot ajouté au-dessus de la ligne .

5 Tout vient avec l'âge , Virgile, Bucoliques, IX 51

6 « J'ai lu, par une grâce spéciale de la Providence, ce dictionnaire de Satan dont vous me parlez …. » , voir lettre du 29 août 1764 citée ci-dessus.

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27/10/2019 | Lien permanent

Il n’y a point, à la vérité, de fortune à faire ; mais on aura sûreté et protection

... M. Zelensky , optimiste, peut le dire en déposant sa demande d'admission de l'Ukraine dans le giron européen , qui irait alors du Cabo da Roca portugais au Donbass . On oubliera le rêve qui donnait une Europe allant du Portugal à l'Oural, Poupout'n n'est pas d'accord, c'est évident, il déteste la démocratie et adore piller .

Il va voir confirmé que politique et géographie ne sont pas concordantes : https://www.ouest-france.fr/monde/guerre-en-ukraine/video...

Géographie de l'Europe et géographie de la construction européenne

Vue du ciel, l'Europe c'est plus grand qu'on ne croit .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

28 novembre 1766 1

Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 20 novembre. Le roi ne pouvait s’y prendre plus paternellement pour apaiser les troubles de Genève. Il fera dans cette taupinière ce qu’il a fait dans son royaume. Il a éteint les querelles indécentes et dangereuses des parlements et des évêques. Il a tout remis dans l’ordre, et je joins, dans les titres que je lui donne, le nom de sage à celui de bien-aimé.

M. Boursier écrit à M. d’Alembert, Vous voyez bien qu’il ne vous trompait pas, quand il disait qu’on pouvait absolument compter sur les offres de son correspondant 2. Ces offres ne sont point du tout à rejeter. Il n’y a point, à la vérité, de fortune à faire ; mais on aura sûreté et protection.

M. du Cré dit qu’il vous a envoyé un paquet par votre directeur, et il suppose que vous l’avez reçu. Je crois que ce paquet doit être parti de Lyon. N’avez-vous point vu M. l’abbé Mignot depuis qu’il est de retour à Paris ?

Je crois que l’affaire de M. de Lamberta réussira 3.

Adieu, mon cher ami ; je vous écris à bâtons rompus et fort à la hâte, étant entouré de monde et accablé de maladie. Mille compliments, je vous prie, à M. Tonpla.

N. B. On m’a envoyé la Justification de Rousseau 4 . Quel est le sot qui a écrit cette sottise ? Est-il vrai que c’est le libraire Panckoucke ? En ce cas, il est digne de seconder le docteur Pansophe.

Encore un petit mot : M. de Beaumont a-l-il vu l’Avis au public 5? »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. incomplète des 2è et 3è paragraphes ; l'édition Correspondance littéraire ne donne toujours pas le destinataire .

2 Le roi de Prusse, pour la colonie de philosophes à Clêves.

4Justification de J.-J. Rousseau dans la contestation qui lui est survenue avec M. Hume ; Londres (Paris), in-12 de ij et 28 pages. Beuchot disait : « L’auteur ne m’est pas connu. »

Voir lettre du 20 novembre 1766 à Lacombe : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/21/je-crois-qu-il-est-de-votre-interet-de-temporiser-au-moins-q-6367428.html

5 L’Avis au public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/527

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28/02/2022 | Lien permanent

Vous auriez passé par Lyon, vous auriez vu l'illustre et saint oncle , qui vous aurait donné mille préservatifs

... Le saint oncle et ses confrères, après avoir mis le préservatif à l'index, comme le demandait il papa, essaient la taille king size , avec le sourire, oui, mais ça ne les empêche pas de répandre des coïonneries aussi nocives que treponema pallida ( NDLR - : germe de la vérole) !

preservatif réglages.jpg

Préservatifs pour couilles molles ?

… Lyon , cité maternelle de Guignol est aussi celle de Gnaffron qui de nos jours a pris les traits de monsignore Barbarin, homme au sens rassis (il n'est qu'à l'écouter) et à la modestie remarquable (cet homme de Dieu, prince de l’Église -excusez du peu,- arbore à son revers, non pas quelque discret crucifix, mais le signe du hochet à la mode, la légion d'honneur ) . Et dire qu'il pourrait être élu pape ! Ça fait frémir ! même si depuis des siècles on aurait dû s'habituer à voir à la tête de l’Église catholique et romaine des hommes instruits, certes, mais scandaleusement bornés .

Barbarin Philippe, tu n'as pas le monopole du mariage, le sais-tu ? N'oublions pas que c'est un acte civil d'abord, que certains ornent ou enjolivent de bénédictions religieuses qui n'ont pas force de loi . La loi autorisant le mariage gay ne me semble pas plus détestable que celle qui définit la taille des mailles des filets de pèche ou les normes de tailles des préservatifs (j'y reviens ! ).

http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Barbarin

http://www.dailymotion.com/video/xtlyob_mariage-gay-un-archeveque-fait-polemique_news

 

 

« A Madame Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Aux Délices, 1er août.[1757]

J'aurais bien voulu, madame, être le porteur de ma lettre quelque arrêt qu'ait rendu notre grand docteur Tronchin contre les eaux de Plombières, je serais venu au moins vous les voir prendre. Vous savez quel serait l'empressement de vous faire ma cour; mais je ne suis pas comme vous, madame, je ne me porte pas assez bien pour faire cent lieues. Mme Denis, que je comptais vous amener, s'est trouvée aussi malade, et n'a pu s'éloigner de notre docteur, en qui est notre salut. J'ai un double regret, celui de n'avoir point fait le voyage de Plombières, et celui de voir que vous n'avez pas donné la préférence à Tronchin, qui engraisse les dames, sur des eaux chaudes qui les amaigrissent. Ah madame, que n'êtes-vous venue à Genève ! que n'ai-je pu vous recevoir dans mon petit ermitage ! Vous auriez passé par Lyon, vous auriez vu l'illustre et saint oncle 1, qui vous aurait donné mille préservatifs contre les poisons du pays hérétique où je suis; et plût à Dieu que M. d'Argental vous eût accompagnée! Mais je ne suis pas heureux. Je ne sais pas positivement quel est votre mal, mais je crois très-positivement que M. Tronchin vous aurait guérie enfin, je suis réduit à souhaiter que Plombières fasse ce que Tronchin aurait fait.
Nous avons presque tous les jours, dans notre ermitage, des nouvelles des succès qu'on obtient du Dieu des armées en Bohême contre mon ancien et étrange Salomon du Nord. On lui prend toujours quelque chose. Cependant il reste en Bohême, il y est cantonné, il est toujours maître de la Saxe et de la Silésie. Que m'importe tout cela, madame, pourvu que vous vous portiez bien? Soyez heureuse, et ne vous embarrassez pas qui est roi et qui est ministre. Pour moi, j'oublie tous ces messieurs aussi parfaitement que je me souviendrai toujours de vous. Retournez à Paris bien saine et bien gaie ayez beaucoup de plaisir, si vous pouvez, et jamais d'ennui. Amusez-vous de la vie, il faut jouer avec elle; et quoique le jeu ne vaille pas la chandelle, il n'y a pourtant pas d'autre parti à prendre. Vous avez encore un des meilleurs lots dans ce monde. Je ne sais de triste dans mon lot
que d'être éloigné de vous. Daignez m'en consoler en conservant vos bontés au Suisse V. » 

1 Le cardinal Pierre Guérin de Tencin, frère de la mère de Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Gu%C3%A9rin_de_Tencin

 

 

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28/11/2012 | Lien permanent

quoique j'y aie dit tout ce que je pense, je me flatte pourtant d'avoir trouvé le secret de ne pas offenser beaucoup de

... Et moi, dirai-je que je n'aime pas la programmation de la Fête à Voltaire 2012 , que l'on peut sans hésiter nommer la Fête à JJ Rousseau ?

Oui !

... Sans offenser beaucoup de monde ?

J'en doute !

Car le Rousseauiste manque cruellement d'humour , n'est pas naturellement tolérant, et  idolâtre l'affreux JJR . Enfin , c'est ce qu'il me semble, mais je peux me tromper, ou non !

Quand je pense que c'est pour la première fois que  celà va se dérouler intégralement sur le site du château de Ferney-Voltaire , ce qui à mes yeux, à ceux de Mam'zelle Wagnière, et de bien d'autres, fait une part exagérément belle à JJ Rousseau dont on célèbre le tricentenaire . Bast ! je ne supporte pas cet individu, et si Voltaire eut la gentillesse de l'inviter chez lui, ce gougnafier de JJR  non seulement campa sur ses ergots mais médit de Volti . Qu'il aille au diable !

En 1994, tricentenaire de Voltaire, la municipalité de Ferney-Voltaire ne se "décolla la pulpe" de l'inertie intellectuelle que sous l'impulsion d' Andrew Brown, anglais étonnant et passionnant, voltairiste émérite, qui avec une petite équipe réussit à faire éditer une commémoration justement due au Patriarche . On fut alors à deux doigts que celle ci fût à Oxford en un nouvel exil anglais, post mortem !

Jean-Jacques, reste chez toi à Genève , espèce de ...

navet !

 

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« A M. THIERIOT.

Aux Délices, 12 avril [1756]

Je dicte ma lettre, mon cher et ancien ami, parce que je ne me porte pas trop bien. C'est tout juste le cas de combattre plus que jamais le système de Pope.

Bonne ou mauvaise santé
Fait notre philosophie 1.


Mandez-moi comment je peux vous envoyer quelques exemplaires de mes lamentations de Jérémie sur Lisbonne, et de mon testament en vers, où je parle de la religion naturelle d'une manière en vérité très-édifiante. J'ai arrondi ces deux ouvrages autant que j'ai pu; et, quoique j'y aie dit tout ce que je pense, je me flatte pourtant d'avoir trouvé le secret de ne pas offenser beaucoup de gens. Je rends compte de tout dans mes préfaces, et j'ai mis à la fin des poèmes des notes assez curieuses. Je ne sais si les théologiens de Paris me rendront autant de justice que ceux de Genève. Il y a plus de philosophie sur les bords de notre lac qu'en Sorbonne. Le nombre des gens qui pensent raisonnablement se multiplie tous les jours. Si cela continue, la raison rentrera un jour dans ses droits mais ni vous ni moi ne verrons ce beau miracle. Je suis fâché que vous ayez perdu l'idée de venir à mes Délices; elles commencent à mériter leur nom: elles sont bien plus jolies qu'elles ne l'étaient quand votre petit aimable Patu y fit un pèlerinage. Je vous assure que c'est une jolie retraite, bien convenable à mon âge et à ma façon de penser. Je ne fais pas de si beaux vers que Pope, mais ma maison est plus belle que la sienne, et on y fait meilleure chère, grâce aux soins de Mme Denis; et je vous réponds que les jardins d'Épicure ne valaient pas les miens. Si jamais vous vous ennuyez des rues de Paris, et que vous vouliez faire un voyage philosophique, je me chargerai volontiers de votre équipage. Dites, je vous en prie, à Lambert, que je vais lui envoyer les poèmes de Lisbonne et de la Loi naturelle. Dites-lui, en même temps, qu'il aurait bien dû s'entendre avec les Cramer pour l'édition de mes rêveries. Il était impossible que cette édition ne se fît pas sous mes yeux; vous savez que je ne suis jamais content de moi, que je corrige toujours et il y a telle feuille que j'ai fait recommencer quatre fois. L'édition est finie depuis quelques jours. Puisque Lambert en veut faire une, il me fera grand plaisir de mettre votre nom 2 à la tête du premier Discours sur l'Homme; le quatrième 3 est pour un roi, et le premier sera pour un ami: cela est dans l'ordre.
Bonsoir; je vous embrasse. »


1 Ce sont les deux derniers vers de l'ode de Chaulieu sur la Première Attaque de goutte : http://www.verse.fr/show.php?table=poems&id=1756

3 En fait le cinquième , le quatrième ayant été dédié à Helvétius en 1738 .

 

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nous étions si unis que vous aviez le frisson quand j’avais la fièvre.

Hier soir , je me suis senti une âme de justicier, aussi j’ai applaudi aux exploits de Louis la Brocante qui plein d’astuces a lutté contre une forme moderne d’esclavagisme.

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Ci dessus, le vrai héros !

Je passe sous silence mets en avant un morceau de bravoure où Louis le débrouillard, devant deux gendarmes médusés (il est vrai qu’un rien les étonne, pas vrai ?) réussit à faire passer son fourgon chargé trop en hauteur en se contentant de dégonfler les roues arrières .

Moi je dis : « gonflé le mec ! mais un peu con-con ! si tu ne dégonfles pas aussi à l’avant, tu te retrouves avec une décapotable !! » .

Amis scénaristes et aussi acteurs, de la féérie oui, du réalisme aussi, SVP !. Une vraie histoire belge ou de fada que vous connaissez surement : « pourquoi tu dégonfles les pneus, c’est le haut du camion qui est trop haut ! ».

 

Comme l'animatrice, je fais du vent !helicoptere.jpg

Dans le domaine « Protégeons les candidats de jeux télévisés contre la torture », je m’élève bien haut (en hélicoptère, pour l’occasion !) contre les affreux tortionnaires de la Chasse au trésor !

Ces rois du bon goût et de la psychologie appliqués sont capables de remettre, sans sourire, un jeu et la console qui va avec à l’équipe perdante de la manche de sélection . Où est le mal me direz-vous ?

Tout simplement, à ces éliminés qui en gros sur la patate, qui viennent de voir s’envoler l’espoir de toucher 10000 euros, on offre un jeu « La Chasse au trésor », qui je cite, leur « permettra de revivre les aventures du jeu » !!!

A ceci, j’aimerais entendre répondre : « Sadiques, cruels animateurs, idiots !... Vous savez ce que je vais en faire de votre console de débile, de votre DVD pourri ? A coté de moi les champions olympiques du lancer du disque et du marteau réunis vont pleurer d’envie ; record du monde, satellisées vos saletés !

Vous êtes juste bons à offrir le film de l’accident d’un tétraplégique !

Revivre un échec, et puis quoi encore ? Dire merci ? Je suis heureux d’avoir participé et de m’être fait « boiter » et botter en touche ! ».

 

Je vous laisse le soin de figurer en bonne place dans les records du bétisier télévisuel, bande de zozos !

 

Personnellement, lorsque je ne fais pas un bon score au tir à l’arc, n’essayez pas de me consoler en me disant : « tu n’es quand même pas mal placé !» .Je ne vais pas en compétition pour me faire battre, sinon j’irais à la pêche, bande de moules !(à la pêche aux moules-moules…)

 

 

 

 

 

 

Remets-toi, Volti ! Ton ami Thiriot mène une vie de bâton de chaise et a des amours à géométrie variable, ne mets pas ton doigt dans l’engrenage . Nous sommes en été, et Emilie te fais bon accueil ! Profite …

 

« A Nicolas-Claude Thiriot

 

 

           Je n’ai point été intempérant, mon cher Thiriot, et cependant j’ai été malade. Je suis un juste à qui la grâce a manqué. Je vous exhorte à vous tenir ferme car je crois être encore au temps où nous étions si unis que vous aviez le frisson quand j’avais la fièvre.

 

 

           Vous voilà donc vengé de votre nymphe [Mlle Sallé , maitresse de Thiriot, que V* appellera « votre putain »]. Elle a perdu sa beauté. Elle sera dorénavant plus humaine, et trouvera peu de gens humains. Vous pourrez lui dire :

 

Les dieux ont vengé mon outrage,

Tu perds à la fleur de ton âge

Taille, beautés, honneurs et bien.

 

           Mais avec tout cela je crains bien que quand elle aura repris un peu d’embonpoint, et dansé belle chacone, vous ne redeveniez son chevalier plus enchanté que jamais. J’ai reçu une lettre charmante de votre ancien rival, ou plutôt de votre ancien ami M. Balot [Balot de Sovot qui publiera l’Eloge de monsieur Lancret , peintre du roi (1743) et un acte du ballet Pigmalion (1748)]; mais vraiment je suis trop languissant à présent pour lui répondre.

 

 

           Quand je vous ai demandé des anecdotes sur le siècle de Louis XIV, c’est moins sur sa personne que sur les arts qui ont fleuri de son temps. J’aimerais mieux des détails sur Racine et Despréaux, sur Quinault, Lully, Molière, Lebrun, Bossuet, Poussin, Descartes, etc. que sur la bataille de Stinkerke. Il ne reste plus rien que le nom de ceux qui ont conduit des bataillons et des escadrons. Il ne revient rien au genre humain de cent batailles données, mais les grands hommes dont je vous parle ont préparé des plaisirs purs et durables aux hommes qui ne sont point encore nés. Une écluse du canal qui joint les deux mers, un tableau de Poussin, une belle tragédie, une vérité découverte sont des choses mille fois plus précieuses que toutes les annales de cour, que toutes les relations de campagnes. Vous savez que chez moi les grands hommes vont les premiers, et les héros les derniers. J’appelle grands hommes tous ceux qui ont excellé dans l’utile ou dans l’agréable. Les saccageurs de provinces ne sont que des héros. Voici une lettre d’un homme moitié héros, moitié grand homme que j’ai été bien étonné de recevoir et que je vous envoie. Vous savez que je n’avais pas prétendu m’attirer des remerciements de personne, quand j’ai écrit l’Histoire de Charles XII, mais je vous avoue que je suis aussi sensible aux remerciements de cardinal Alberoni, qu’il l’a pu être à la petite louange très méritée que je lui ai donnée dans cette histoire [V* dit d’Alberoni :  « puissant génie qui a gouverné l’Espagne assez longtemps pour sa gloire, et trop eu pour la grandeur de cet Etat »]. Il a vu apparemment la traduction italienne qu’on a faite à Venise. Je ne serais pas fâché que M. le Garde des Sceaux [Chauvelin] vît cette lettre,[Alberoni écrit :  « …avec votre style sublime vous avez dit plus en deux mots de moi que ce qu’a dit Pline de Trajan dans son panégyrique. Heureux les princes qui auront le bonheur de vous intéresser dans leurs faits ! Votre plume suffit pour les rendre immortels… »] et qu’il sût que si je suis persécuté dans ma patrie, j’ai quelque considération dans les pays étrangers. Il fait tout ce qu’il peut pour que je ne sois pas prophète chez moi.

 

 

           Continuez, je vous en prie, de faire ma cour aux gens de bien qui peuvent se souvenir de moi. Mille tendres compliments à Balot, c’est un aimable correspondant. Je voudrais bien que Pollio [par assimilation à Asinius Pollio, homme de lettre et mécène de Virgile] de La Popelinière pensât de moi plutôt comme les étrangers que comme les Français.

 

 

           On m’a écrit que ce portrait est imprimé [Portrait de Voltaire, attribué au comte Charost, à l’abbé de La Marre, à Ramsay, à Jean-Baptiste Rousseau, puis à Piron, lettre manuscrite en quatre pages, tout en antithèses]. Je suis persuadé que les calomnies dont il est plein seront crues quelque temps et je suis encore plus sûr que le temps les détruira.

 

 

           Adieu, je vous embrasse tendrement, le temps ne détruira jamais mon amitié p[ou]r vous.

 

 

           Voltaire

           Vers le 15 juillet 1735. »

 

 

          

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15/07/2009 | Lien permanent

prêcher la morale à coups de bâton, selon ces paroles : Contrains-les d'entrer

... De ces deux célèbres techniques pour faire avancer les ânes que nous sommes, la carotte et le bâton, il semblerait que nos législateurs soient furieusement à cours de carottes et terriblement bien fournis en bâtons ; il n'est vraiment pas sûr que taper sur la couenne des citoyens les attendrissent, au contraire , me semble-t-il . Nos inénarrables ronds-de cuir se font fort de polir les dits bâtons qu'ils ne manquent pas de ferrer contre tous ceux qui ne sont pas de leur digne et intouchable  profession .

Si seules les menaces étaient efficaces, ça se saurait !

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« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon

Au château de Ferney, 30 janvier 1761

Il ne s'agit plus ici, monsieur, de Charles Baudy, et de quatre moules de bois 1 ; il est question du bien public, de la vengeance du sang répandu, de la ruine d'un homme que vous protégez, du crime d'un curé qui est le fléau de la province, et du sacrilège joint à l'assassinat . Le procureur de cet infortuné de Croze est à Dijon ; Girod qui conduit l'affaire, n'entend point du tout la procédure criminelle . Le curé de Moens emploie le sacré, le profane, le ciel et la terre pour accabler l'innocence que vous protégez . Il est inouï qu'un homme, convaincu d'avoir été chercher lui-même, à une demi-lieue de chez lui les assassins dans un cabaret, de les avoir armés, d'avoir frappé le premier, d'avoir encouragé les autres à frapper, n'ait été qu'assigné pour être ouï, tandis que ses complices, cent fois moins coupables, ont été décrétés de prise de corps .

Il est beaucoup plus étrange que le curé de Moens ait obtenu une attestation de vie et mœurs du conseil de la ville de Gex, malgré la réclamation du notaire-conseiller Vuaillet, au fils duquel ce même curé de Moens donna un soufflet en public, l'an 1758, soufflet pour lequel il essuya un procès criminel dont une minute est au greffe, et qu'il accommoda pour cent écus .

J'ai entre les mains les dépositions des cinq personnes qu'il a rouées de coups ; il est essentiel que les preuves de tous ces excès soient jointes au procès, pour contrebalancer , ou plutôt pour anéantir l'indigne certificat que cet insolent curé a arraché à la complaisance des conseillers de Gex . Le sieur Girod ne veut pas comprendre de quelle importance est cette réquisition, et combien elle sert à détruire les défenses du curé qui prétend n'être sorti de chez lui à dix heures du soir, et n'avoir armé cinq hommes de bâtons ferrés que dans une sainte intention, que pour empêcher le scandale .

Un avocat de Paris, que j'ai fait venir, est d'une opinion bien différente du sieur Girod ; il prétend que cette réquisition est d'une nécessité indispensable . Vous savez sans doute à présent, monsieur, que le sacrilège est joint à l'assassinat . Le jésuite Jean Fessy, aumônier du résident à Genève, a osé refuser l'absolution à la fille de Croze, jusqu'à ce que la soeur eût trahi le sang de son frère, et le père le sang de son fils .

Mon avocat assure que, dans des cas pareils, on exige le serment de la fille et le serment du confesseur . Ces deux serments, quand ils sont contradictoires, ne décident rien ; mais les juges voient aisément de quel côté est le parjure . Il est même à croire que Fessy ne se parjurera pas ; car je sais qu'il est persuadé par le curé de Moens, et qu'il croit qu'il ne s'était rendu le 18 décembre au logis où soupait de Croze, que pour prêcher la morale à coups de bâton, selon ces paroles : Contrains-les d'entrer 2.

Il est donc indispensable que le jésuite Fessy soit mis en cause ; et pour ne vous point fatiguer, monsieur, je vous prie de renvoyer ma lettre à M. Girod, avec une simple apostille de votre main, ou dictée par vous .

Tous les gentilshommes du pays sont dans l'indignation la plus violente mais aucun ne secourt de Croze ; je suis son seul appui ; je lui prête de l'argent comme j'en ai prêté à MM. de Crassy, gentilshommes au service du roi, pour rentrer dans leur bien usurpé par les jésuites ; mais je serai obligé d'abandonner de Croze, s'il n'a pas de courage, et s'il ne fait pas toutes les poursuites que doit faire un père qui a son fils à venger d'un monstre .

Au reste, monsieur, vous ne pouvez mieux placer votre protection et votre pitié que dans cette affaire, qui crie vengeance à Dieu et aux hommes .

J'ai l'honneur d'être, avec le plus respectueux attachement

monsieur,

votre très humble etc .

Voltaire. »

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31/01/2016 | Lien permanent

Ces bagatelles amusent un moment deux ou trois cents oisifs de la ville et sont ensuite oubliées pour jamais

... Comme le dernier match du multimillionnaire Messi avec le PSG ( Perdant Sans Gloire ) : https://www.huffingtonpost.fr/sport/video/christophe-galt...

https://i.eurosport.com/2021/08/11/3199710-65549468-2560-1440.jpg

Heureusement !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

2 novembre 1767 1

J'ai reçu, mon cher ami, les deux actes de Colmar que vous avez eu la bonté de m'adresser . Ils me seront très utiles dans le délabrement des affaires de M. le duc de Wurtemberg . Personne ne me paye et j'ai depuis six semaines les régiments de Conti auquel il faut faire les honneurs du pays . Je suis plus embarrassé que la Sorbonne ne l'est avec M. de Marmontel .

J'ai fait des petites notes sur Charlot, mais je doute que ces notes passent à la douane des pensées . Je doute aussi beaucoup que Merlin ne fasse une seconde édition . Ces bagatelles amusent un moment deux ou trois cents oisifs de la ville et sont ensuite oubliées pour jamais .

Je viens d'apprendre qu'il y a des Mémoires imprimés du maréchal de Luxembourg 2, et je suis honteux de l'avoir ignoré ; ils me seront très utiles pour la nouvelle édition que l'on fait du Siècle de Louis XIV; et je vous prie instamment, mon cher ami, de me les faire venir par Briasson, ou de quelque autre manière.

Connaîtriez-vous un petit écrit sur la population d'une partie de la Normandie et de deux ou trois autres provinces de France ? On dit que l'intendant, M. de La Michodière, a part à cet ouvrage, qui est, dit-on, très exact et très bien fait 3.

Mandez-moi surtout des nouvelles de votre cou, je m'y intéresse plus qu'à tous les dénombrements de la France. »

1 Copies contemporaines : Darmstadt B. ; B. H. ;édition de Kehl . Voir lettre du 31 octobre 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/31/il-faut-bien-quelque-philosophe-que-l-on-soit-ne-pas-neglige-6445602.html

3 Messance : Recherches sur la population des généralités d'Auvergne, de Lyon, de Rouen, et de quelques provinces et villes du royaume, 1766, in-4" : https://books.google.bj/books?id=AyhGpkZI2AgC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

On a dit à l'époque que La Michodière et Audra avaient collaboré à cet ouvrage ; voir notamment la Correspondance littéraire, VII, 130 . Du reste V* connaissait La Michodière à qui il a écrit : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1757/Lettre_3422

C'est l'ouvrage dont Voltaire parle dans une note de L'Homme aux quarante écus; voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome21.djvu/338

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02/06/2023 | Lien permanent

Je n'ai vu nulle part une telle situation

... Ce qui peut être envisagé favorablement ou au contraire détestation .

Ainsi en est-il du pays de Gex que je connais tout comme l'ami Voltaire et dont j'apprécie les paysages réellement remarquables . Youppie !

Le gros bémol, le défaut qui fait fuir : la cherté de l'immobilier due à ce cher, trop cher voisin suisse qui a fait briller des louis d'or dans les yeux des heureux propriétaires terriens gessiens. Si vous voulez acheter ou louer dans cette région au demeurant extraordinaire, PACSez-vous, mariez-vous, concubinez-vous, faites tout pour avoir deux salaires suisses, sinon vous ne serez pas dignes d'essuyer vos prolétaires semelles sur la moquette de votre banque . Si vous croyez que j'exagère, vérifiez, mes sources sont sures ça c'est certain ( à répéter dix fois ) ! Beurkh !

 salon-immobilier-pays-de-gex-2015.jpg

 

 Pour la petite maison dans la prairie, regarde bien cet homme là, il n'est pas prêt à lâcher l'affaire . Paye ! paye encore ! paye beaucoup !

 

 

« A Claude-Henri Watelet

Aux Délices 25 avril 1760

Je ne sais, monsieur, si c'est par un amateur que vous m'avez fait parvenir le beau présent dont j'ai l'honneur de vous remercier . Mais cet amateur ne s'appelle pas il far presto 1. Je n'ai reçu que depuis trois jours ce poème instructif et agréable,2 ces leçons de maître données en prose avec modestie, ces belles estampes dessinées de votre main qui ajoutent un nouveau mérite à l'ouvrage, et qui font un des plus précieux monuments des beaux -arts .

Je ne sais pourquoi il y avait tant de grands peintres dans le seizième siècle, et que nous en avons aujourd'hui si peu . J'imagine que les manufactures de glace, les magots de la Chine et les tabatières de cent louis d'or ont nui à la peinture . Puisse votre ouvrage, monsieur, former autant de bons artistes qu'il vous attirera de louanges . Je voudrais trouver quelque Claude Lorrain qui peignit ce que je vois de mes fenêtres . C'est un vallon terminé en face par la ville de Genève qui s'élève en amphithéâtre . Le Rhône sort en cascade de la ville pour se joindre à la rivière d'Arve qui descend à gauche entre les Alpes . Au-delà de l'Arve est encore à gauche une autre rivière et au delà de cette rivière quatre lieues de paysage . A droite est le lac de Genève, au-delà du lac les plaines de Savoie ; tout l'horizon est terminé par des collines qui vont se joindre à des montagnes couvertes de glaces éternelles éloignées de vingt cinq lieues , et tout le territoire de Genève semé de maisons de plaisance et de jardins . Je n'ai vu nulle part une telle situation . Je doute que celle de Constantinople soit aussi agréable .

Si M. Hubert 3 voulait s'amuser à peindre ce beau site, j'en ferais encore plus de cas que de ma découpure en robe de chambre .

J'ai l'honneur d'être avec bien de la reconnaissance et l’estime la plus respectueuse

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Le faire vite .

2 L'Art de peindre , poeme avec des reflexions sur les differentes parties de la peinture, poème de C-H Watelet, 1760 ; http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109815c.pdf

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Henri_Watelet

et : http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/claude-henri-watelet

3 Jean Huber est l'auteur d'une série d'amusants tableaux ou esquisses représentant V* en toutes situations courantes de sa vie de seigneur rustique, en robe de chambre, aux prises avec un cheval rétif, … Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Huber

et : http://www.ville-ge.ch/bge/imv/voltaire_delices/visiteurs.html

 

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26/04/2015 | Lien permanent

Comment a-t-on le front d'inventer tant de circonstances et de détails !

... Tout bonnement pour mieux se vendre ou vendre du papier people !

 

« A Ivan Ivanovitch Schouvalov

Au château de Ferney par Genève

27 septembre 1760 1

Monsieur, Votre Excellence a reçu sans doute la lettre de M. de comte de Golofkin 2. J'ai pris la liberté de lui adresser pour vous un petit ballot contenant quelques exemplaires du premier volume de l'Histoire de Pierre le Grand . Votre Excellence en présentera un à sa Majesté Impériale si elle le juge à propos . Je m'en remets en tout à vos bontés . J'ai amassé de mon côté des matériaux pour le second volume . Ils viennent de M. le comte de Basssevits qui fut longtemps employé à Petersbourg . Le gentilhomme 3 que vous m'aviez annoncé et qui devait me rendre de votre part de nouveaux mémoires n'est point venu . Je l'attends depuis près de deux mois .

Je ne peux m'empêcher de vous conter qu'on m'a remis des anecdotes bien étranges, et qui sont singulièrement romanesques . On prétend que la princesse épouse du csarovits ne mourut point en Russie, qu'elle se fit passer pour morte, qu'on enterra une bûche qu'on mit dans la bière, que la comtesse de Konismark conduisit cette aventure incroyable, qu’elle se sauva avec un domestique de cette comtesse, que ce domestique passa pour son père, qu'elle vint à Paris, qu'elle s'embarqua pour l'Amérique, qu'un officier français qui avait été à Pétersbourg la reconnut en Amérique et l'épousa, que cet officier se nommait d'Aubane, qu'étant revenu d'Amérique, elle fut reconnue par le maréchal de Saxe, que le maréchal se crut obligé de découvrir cet étrange secret au roi de France, que le roi quoique alors en guerre avec la reine de Hongrie lui écrivit de sa main pour l'instruire de la bizarre destinée de sa tante ,

que la reine de Hongrie écrivit à la princesse en la priant de se séparer d'un mari trop en dessous d'elle et de venir à Vienne,

mais que la princesse était déjà retournée en Amérique, qu'elle y resta jusqu'en 1757 temps auquel son mari mourut, et qu'enfin elle est actuellement à Bruxelles où elle vit retirée et subsiste d'une pension de 20 mille florins d'Allemagne que lui fait la reine de Hongrie.

Comment a-t-on le front d'inventer tant de circonstances et de détails ! ne se pourrait-il pas qu'une aventurière ait pris le nom de la princesse épouse du csarovits ?

Je vais écrire à Versailles pour savoir quel peut être le fondement d'une telle histoire, incroyable dans tous les points 4.

Je me flatte que notre histoire de votre grand empereur sera plus vraie . Songez monsieur que je me suis établi votre secrétaire, dictez-moi du palais de l'impératrice, et j'écrirai .

M. de Soltikof passe sa vie à étudier, il se dérobe quelquefois à son travail pour assister à nos petits jeux olympiques . Nous jouons des tragédies nouvelles sur mon petit théâtre de Tournay, nous avons des acteurs et des actrices qui valent mieux que des comédiens de profession . Notre vie est plus agréable que celle qu’on mène actuellement en Silésie . On s'y égorge, et nous nous réjouissons .

J'ignore toujours si vous avez reçu le gros ballot que j'adressai à M. de Keizerling, et la caisse de Coladon . Il y a malheureusement bien loin d'ici à Pétersbourg . Je serai toute ma vie avec le plus sincère et le plus inviolable dévouement de Votre Excellence le très humble obéissant serviteur .

Voltaire. »

 

1 Manuscrit olographe . L'édition de Kehl suivie des autres éditions donne 21 pour quantième .

2 Il s'agit de la lettre du 26 août, de La Haye, par laquelle Golovkin rendait compte de ses démarches pour éviter que le libraire de Hondt n'imprimât l'Histoire de Pierre le Grand ; voir un extrait de cette lettre en note de la lettre du 2 août 1760 à Schouvalov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/22/mon-zele-ne-se-ralentira-point-vous-m-avez-fait-russe-5748380.html

3 Pouchkine .

4 Voir sur toute cette histoire la lettre à la comtesse Bassewitz du 22 janvier 1761 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/22/d-aubant-fut-amoureux-d-elle-et-de-sa-principaute-ils-se-mar-5748378.html

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27/09/2015 | Lien permanent

Ou les hommes deviendront entièrement fous, ou ils admireront tout ce que vous faites de grand et d’utile. Cette prédict

... Si au moins c'était vrai, si au moins il se trouvait quelque gouvernant qui permette ce constat, ce compliment ! On en est encore loin à ce jour . Les humains sont plus prompts à  délirer qu'à admirer . Un peu d'optimisme, tout n'est pas perdu, espérons !

 

 

« A Catherine II, impératrice de Russie

24è janvier 1766 1

Madame,

24 janvier.

La lettre2 dont Votre Majesté impériale m’honore m’a tourné la tête ; elle m’a donné des patentes de prophète . Je ne me doutais pas que l’archevêque de Novogorod se fût en effet déclaré contre le système absurde des deux puissances. J’avais raison sans le savoir, ce qui est encore un caractère de prophétie. Les incrédules pourront m’objecter que cet archevêque ne s’appelle pas Alexis3, mais Démétri. Je pourrai répondre avec tous les commentateurs qu’il faut de l’obscurité dans les prophéties, et que cette obscurité rend toujours la vérité plus claire. J’ajouterai qu’il n’y a qu’à changer Alex en Démé, et is en tri, pour avoir le véritable nom de l’archevêque. Il n’y aura certainement que les impies qui puissent ne se pas rendre à des preuves si évidentes 4.

Je suis si bon prophète que je prédis hardiment à Votre Majesté la plus grande gloire et le plus grand honneur. Ou les hommes deviendront entièrement fous, ou ils admireront tout ce que vous faites de grand et d’utile. Cette prédiction même vient un peu, comme les autres, après l’événement.

Il me semble que si cet autre grand homme, Pierre Ier, s’était établi dans un climat plus doux que sur le lac Ladoga, s’il avait choisi Kiovie, ou quelque autre terrain plus méridional, je serais actuellement à vos pieds, en dépit de mon âge. Il est triste de mourir sans avoir admiré de près celle qui préfère le nom de Catherine aux noms des divinités de l’ancien temps, et qui le rendra préférable 5. Je n’ai jamais voulu aller à Rome ; j’ai senti toujours de la répugnance à voir des moines dans le Capitole, et les tombeaux des Scipions foulés aux pieds des prêtres ; mais je meurs de regret de ne point voir des déserts changés en villes superbes, et deux mille lieues de pays civilisés par des 6 héroïnes. L’histoire du monde entier n’a rien de semblable ; c’est la plus belle et la plus grande des révolutions : mon cœur est comme l’aimant, il se tourne vers le nord. D’Alembert a bien tort de n’avoir pas fait le voyage, lui qui est encore jeune. Il a été piqué de la petite injustice qu’on lui faisait ; mais l’objet, qui est fort mince, ne troublait point sa philosophie. Tout cela est réparé aujourd’hui. Je crois que l’Encyclopédie est en chemin pour aller demander une place dans la bibliothèque de votre palais 7.

Que Votre Majesté impériale daigne recevoir avec bonté ma reconnaissance, mon admiration, mon profond respect.

Feu l’abbé Bazin. »

1 En tête de la minute, V* a porté « à S.M. L'impéra/tr » complété par Wagnière « à l’impératrice de Russie ».

4 V* a commencé ici un nouveau paragraphe qui a été biffé : « Je jure madame, par les dieux qui m’inspirent, je jure par le nom de Catherine et par tout ce qu'elle fait d'utile et de grand. »

5 Ce qui précède, depuis celle qui préfère [...] , est autographe .

6 Mot ajouté par V* au-dessus de la ligne .

7 Les quelques lignes , depuis D'Alembert a bien tort […] sont autographes .

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13/05/2021 | Lien permanent

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