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22/01/2016

Rien n'est si bon que la messe, mais les assassins ne doivent pas la dire

... Pas plus que ceux qui vivent du meurtre , toutes religions confondues, ne doivent se prosterner devant un Dieu ou un prophète de quelque sorte qu'il soit et s'en glorifier .

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« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon

Aux Délices 22janvier 1761 1

Je vois, monsieur, que vous vous intéressez au sieur de Croze . Son fils a été en effet en danger de mort pendant quinze jours . Il mérite votre compassion . Je savais que les curés du pays de Gex étaient fort insolents, mais je ne croyais pas qu'ils fussent assassins . On trouve fort étrange que les complices aient été décrétés de prise de corps, et que le chef n'ait été assigné que pour être ouï ; on trouve encore plus étrange qu'il dise la messe . Rien n'est si bon que la messe, mais les assassins ne doivent pas la dire . Vous entendez d'ici les cris de Genève . Ce n'est pas à ses portes qu'un prêtre doit être impuni . On espère que le parlement éclairera ou rectifiera la conduite des juges subalternes, et surtout on espère beaucoup de votre protection et de votre justice .

Je me flatte monsieur que je n'entendrai jamais parler de Charles Baudy 2, et que vous conserverez votre amitié à l'homme du monde qui la désire le plus et qui en est infiniment honoré .

V. »

1 L'édition Desnoireterres est limitée à de brefs extraits ; Émile Desserre dans La Vie littéraire à Dijon au XVIIIè siècle, 1902,[https://archive.org/stream/lavielittraire00debe/lavielitt...] suit pour la date une mention portée sur le manuscrit : «  Volt. jer 1760. De Croze et l'infamie du bois de Charlot. »

2 Dans une lettre non datée mais à peu près contemporaine de Charles De Brosses à V*, on apprend que ce « Charlot Baudy » avait, à la demande de De Brosses livré pour 42 écus de bois à V* . Celui-ci les considérant comme un don du président avait refusé de payer Baudy ; sur quoi celui-ci s'était retourné vers De Brosses à qui il demandait le paiement, ce à quoi ce dernier se refusait ; voir la lettre du 30 janvier 1761 à de Brosses  en réponse à celle du 22 janvier 1761 de ce dernier qui dit «  Agréez , monsieur, que je vous demande l'explication d'une chose tout à fait singulière que je trouve dans le compte de mes affaires que l'on vient de m'envoyer du pays de Gex, pour les années 1759 et 1760 . C'est à l'article des paiements qu'a faits le nommé Charlot Baudy, d'une coupe de bois que je lui avait vendue avant notre traité . Il me porte en compte et en paiement « quatorze moules de bois vendus à M. de Voltaire à trois patagons le moule [patagons = coins d'Espagne, au sens d'écus] » . Et comme il pourrait paraître fort extraordinaire que je payasse le bois de la fourniture de votre maison, il ajoute pour explication , qu'ayant été vous demander le paiement de sa livraison , vous l'aviez refusé en affirmant que je vous avais fait don de ce bois . » . Après quelques explications circonstanciées, De Brosses conclut : « J'espère que vous voudrez faire incontinent payer cette bagatelle à Charlot, parce que, comme je me ferai certainement payer de lui, il aurait infailliblement aussi son recours contre vous, ce qui ferait une affaire du genre de celles qu'un homme tel que vous ne veut point avoir . »

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