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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

il est d’une nécessité indispensable que vous parliez

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

2 mars 1768

 

             Mon cher ami, vraiment ne doutez pas de ma discrétion sur l’affaire de La Harpe ni même de mon indulgence ; mais il est d’une nécessité indispensable que vous parliez à M. d’Alembert avant que La Harpe ait embouché cet Antoine [cf. lettre du 1er mars 1768]. Il est nécessaire que vous vouliez bien vous joindre à moi pour engager M. d’Alembert à faire à ce jeune homme une exhortation paternelle ; car en  vérité La Harpe a de furieux torts, et il a cruellement blessé mon amitié. Encore une fois je lui pardonne tout, mais je souhaite qu’il se repente, et qu’il se corrige. Parlez à M. d’Alembert, je vous prie.

 

             Qu’est-ce qu’une Lettre de l’archevêque de Cantorberi à votre archevêque [La Lettre de l’archevêque de Cantorbery à M. l’archevêque de Paris, est de V*]? Qu’est-ce qu’un mandement d’un évêque suffragant de Strasbourg pour manger gras le carême ? On parle aussi d’une Relation de l’expulsion des jésuites de la Chine [Relation du bannissement des jésuites de la Chine, de V*, évidemment ]. La presse hollandaise fournit tous les huit jours de ces plaisanteries. Cela amuse les gens oisifs.

 

             Voici, mon ami, ma réponse à M. de Bret. Les gazettes disent qu’il n’y aura plus de directeurs particuliers des vingtièmes : que deviendrez-vous ?[Damilaville, premier commis au vingtième, pouvait briguer le poste de directeur devenu vacant] Parlez donc de vous à votre ami. Erc[asez] l’Inf[âme].

 

             A propos vous ai-je dit qu’il n’y a pas un mot de vrai dans l’aventure prétendue de L’Honnête criminel[f1]  et qu’il me l’a écrit lui-même ? On ne peut jouer [La copie de cette lettre à la Bibliothèque historique de Paris porte « jouir », ce qui est certainement fautif] de Gabriel Cramer.

 


 [f1]L’Honnëte criminel (1767), mélodrame de Charles-Georges Fenouillot de Falbaire de Quingey. Fenouillot de Falbaire enverra une copie d’une lettre de V* à l’auteur, -du 11 avril 1768,- aux éditeurs de Kehl , où V* le félicitait d’avoir « ajouté à l’histoire du jeune Fabre tout ce qui peut la rendre plus touchante » . Fenouillot ajoute une note : « M. de Voltaire avait été mal informé … L’histoire du héros … est exactement telle qu’elle fut imprimée à la tête de le seconde édition que M ; de Falbaire donna de cette pièce en mars 1768 … ; M. le maréchal-prince de Beauvau … a entre les mains le certificat du sergent qui permit l’échange et reçut le fils à la place  du père … Cette jeune victime de l’amour filial et de l’intolérance religieuse ayant passé sept ans aux galères … en était sortie en 1762… ; il lui était , selon l’usage, défendu d’approcher de plus de six lieues » « de Paris et de tous lieux où le roi fait  son séjour … ».

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02/03/2010 | Lien permanent

dans les campagnes ce ne sont pas toujours les plus vertueux et les plus sensés qui prédominent . Il y a quelques magist

... Des noms ! des noms !

 

 

«  Au prince Dmitri Mikhailovitch Golitsin

[vers le 1er novembre 1765]1

Monsieur,

J'ai trop d'obligations à Sa Majesté impériale, je lui suis trop respectueusement attaché pour ne pas l'avoir servie autant qu'il a dépendu de moi dans le dessein qu'elle a eu de faire venir dans son empire quelques femmes de Genève et du pays de Vaud pour enseigner la langue française à de jeunes filles de qualité à Moscou et à Petersbourg . C'est d'ailleurs un si grand honneur pour notre langue que j'aurais secondé cette entreprise quand même la reconnaissance ne m'en aurait pas imposé le devoir .

M. le comte de Shouvalow a déjà rendu compte à Votre Excellence de toute cette affaire, et de la manière dont le Petit Conseil de Genève a fait sortir de la ville M. le comte de Bulau 2, chargé des ordres de l'impératrice .

Je peux assurer à Votre Excellence que jamais il n'a été défendu à aucun Genevois ni à aucune Genevoise d'aller s'établir où bon leur semble . Ce droit naturel est une partie essentielle des droits de cette petite nation dont le gouvernement est démocratique . Il est vrai qu'il ne prétend pas qu'on fasse des recrues chez elle, et M. le duc de Choiseul même a eu la bonté de souffrir que les capitaines genevois au service de la France ne fissent point de recrues à Genève quoiqu’il fût très en droit de l'exiger .

Mais il y a une grande différence entre battre la caisse pour enrôler des soldats et accepter les conditions que demandent des femmes maîtresses d'elles-mêmes pour aller enseigner la jeunesse . Le Petit Conseil de Genève semble je l'avoue ne s'être conduit ni avec raison ni avec justice ni avec le profond respect que doivent des bourgeois de Genève à votre auguste impératrice . Mais Votre Excellence sait bien que dans les campagnes ce ne sont pas toujours les plus vertueux et les plus sensés qui prédominent . Il y a quelques magistrats que l'esprit de parti a rendu ridiculement ennemis de la France et de la Russie et qui faisaient des feux de joie à leurs maisons de campagne lorsque nos armes avaient été malheureuses dans le cours de la dernière guerre . Ce sont ces conseillers de ville qui ont forcé les autres à faire à M. de Bullau l'affront intolérable dont M. le comte de Shouvalow se plaint si justement .

Je ne me mêle en aucune manière des continuelles tracasseries qui divisent cette petite ville et sans avoir la moindre discussion avec personne je me suis borné dans cet éclat à témoigner à M. le comte de Shouvalow et à d'autres mon respect, ma reconnaissance et mon attachement pour S. M. l'impératrice . Ces sentiments gravés dans mon cœur seront toujours la règle de ma conduite . C'est ce que j'ai écrit en dernier lieu à un ami de M. le duc de Praslin, et c'est une protestation que je renouvelle entre vos mains . Les bontés que vous avez eues pour moi m'y autorisent.

J'ai l'honneur d'être avec respect

monsieur

de Votre Excellence

le. »

1 L'édition de Kehl suite aux hésitations de la copie Beaumarchais, date de « fin octobre 1765 » . Cette lettre a été écrite après réception d'une lettre de Schouvalov datée du 28 octobre 1765 . Une lettre de Golitsin, dont on conserve la trace, datée du 7 novembre 1765 constitue sans doute la réponse à la présente, d’où la date proposée .

Voir page 369, note 4 : https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1990_num_22_1_1769

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23/02/2021 | Lien permanent

un préservatif contre l'imposture

...Celui-ci n'existe pas encore et les dirigeants du GAFA, ces gros pontes sont incapables d'empêcher la diffusion des infox-fake news via leurs canaux de diffusion, qu'ils le veuillent ou non . L'Ia ne semble pas plus que l'Ih (Intelligence humaine) capable de contrer ce fléau, au contraire même elle facilite ce pourrissement de l'information, et c'est à la portée de n'importe quel péquin . L'imposture est comme les MST , elle se transmet par contact direct .

Le vrai circule sur une crête bordée d'un côté par l'erreur et de l'autre par le mensonge, malfaisants , les "côtés obscurs".

Que faire ? Voir la capote le préservatif prôné par le gouvernement "Sortez couverts !": https://www.gouvernement.fr/fausses-nouvelles-guide-des-questions-a-se-poser-face-a-une-information

Et si vous avez un peu plus de temps, voir les recommandations de l'UNESCO concernant la propagation de l'information : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000372695/PDF/372695fre.pdf.multi

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« A Louis Phélypeaux, comte de Saint-Florentin

[23 juin 1768] 1

Monseigneur,

Ayant reçu la lettre dont vous m'avez honoré de la part du roi, je l'ai sur-le-champ envoyée à mon curé, qui a répondu par la déclaration que j'ai l'honneur de vous présenter .

Comme les mêmes calomniateurs qui ont fait parvenir à Sa Majesté ce puéril mensonge m'ont persécuté jusque dans ma retraite, et au bord de mon tombeau, je joins au certificat du curé et du prêtre qui était présent, et de toute la paroisse, un certificat plus ample, signé au nom de la petite province que j’habite 2. Cette pièce m'a été accordée comme un préservatif contre l'imposture . Le roi sait quels sont les effets de la calomnie, il connaît les hommes, et cependant il leur fait tout le bien qu'il peut . Sa bonté égale ses lumières .

Il est assez singulier qu'en présentant le pain bénit, et en avertissant à voix demi-basse le curé de prier pour la santé de la reine, on avait saisi cet accomplissement du devoir d'un sujet, pour dire que j'avais fait un sermon . On peut juger par là du reste, et surtout du mensonge absurde qui m'a imputé le Dictionnaire philosophique, rapsodie tirée de vingt auteurs connus, publiquement imprimé en Hollande chez Marc-Michel  Rey avec cent autres sottises de cette espèce .

J'ose attendre, monseigneur, de votre bonté et de votre équité, que vous daignerez informer le roi de ces vérités, et j'attends de sa magnanimité qu’il daignera rendre justice à un vieillard mourant occupé à sa gloire .

J'ai l'honneur...

 

Reçu l'honneur de votre lettre le 23 juin à 11 heures du matin . Répondu à midi . »

1 Copie envoyée à Mme Denis . En tête, Wagnière a écrit : « M. le comte de Saint-Florentin ayant fait de vifs reproches au sieur Voltaire de la part du roi, auquel on avait persuadé que le sieur Voltaire était monté en chaire le jour de Pâques dernier, et avait prononcé un sermon, le révérend père prédicateur lui a fait la réponse suivante accompagnée de quelques déclarations authentiques . »

2 Cette attestation est conservée . Il n'y est rien dit du « sermon » sur lequel on a déjà vu différents jugements ; voir lettre du 11 avril 1768 à Mgr Biord : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/12/14/je-dois-mepriser-ces-impostures-sans-pourtant-hair-les-impos-6475717.html

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06/02/2024 | Lien permanent

Je n'ai osé mêler ma voix au bruit des canons qui ont grondé

...

 

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Aux Délices près de Genève

1er septembre [1759]

Madame, il y a longtemps que Votre Altesse Sérénissime n'a entendu parler de moi . Je n'ai osé mêler ma voix au bruit des canons qui ont grondé des bords du Mein jusqu'au rivage de l'Oder . Languissant, malade, retiré dans mes ermitages j'ai été en danger d'être privé absolument de la vue, et d'être réduit à faire des souhaits pour votre bonheur sans avoir la consolation d'écrire à Votre Altesse Sérénissime.

J'ai béni la providence de ce qu'elle a au moins écarté cette année la guerre de vos États . Il y a un mois que je reçus une grande lettre du roi de Prusse qui m'annonçait sa résolution de combattre, mais qui ne me préparait point à ses malheurs . J'ignore où il est, ce qu'il devient, et si la communication est encore libre . Je gémis sur tous ces évènements qui ne font que prolonger les malheurs du genre humain . Puissent vos États madame être toujours préservés de ces horribles fléaux comme ils l'ont été cette année et comme l'est le petit coin de terre que j'habite, dans lequel on n'a d'autre malheur que d'être hors de portée de vous faire sa cour . Voilà mon fléau madame et je n'ai point encore appris à le supporter avec patience . J'ai perdu le premier des biens, la liberté dont le roi de Prusse m'a fait connaître tout le prix n'est que le second . Je ne m'attendais pas lorsqu'il me fit quitter ma patrie, qu'un jour le roi de France me ferait plus de bien que lui . Sa Majesté Très Chrétienne a déclaré libres et indépendantes les terres que j'ai en France auprès de Genève, et j'ai été obligé de renoncer pour jamais aux terres du roi de Prusse . Cependant madame je ne renonce point à lui . Je prends même la liberté de supplier Votre Altesse Sérénissime de vouloir bien lui faire parvenir cette lettre que j'ose recommander instamment à vos bontés et à votre protection 1 . Je me flatte qu'elle veut bien me pardonner cette démarche, qu'elle me conserve les sentiments dont elle m'a toujours honoré, et qu'elle agréée ainsi que toute son auguste famille mon profond respect et mon attachement . »

1 Cette lettre, importante pour l'histoire des relations entre V* et Frédéric, et même pour l’histoire de France, ne nous est pas parvenue . son contenu peut cependant être inféré de certains documents : d'une part la réponse de Frédéric, d'autre part un manuscrit endossé de la main de V* sous la forme de deux mentions, « instructions de M. l'ambassadeur de Chauvelin sur la lettre écrite au R. de P. p. ord. du ministère » et «  instructions de M. l'ambassadeur Chauvelin » qui , selon les éditeurs de Kehl étaient le commentaire de la lettre de V* à laquelle Frédéric répondit le 22 septembre 1759 (voir ci-dessous ). D'autres éditeurs placent la lettre en 1758 . Bestermann fait une entrée à la date de la présente lettre à la duchesse : « La lettre est très bien, le fond et le ton en sont à merveille, je n'y ferai que deux observations . 1° Je ne sais si je lui présenterais aussi décisivement l'idée de restitution, je crois qu'elle lui sera toujours amère, et je ne sais si elle ne blesserait pas sa gloire autant que son intérêt . Peut-être faudrait-il adoucir ce passage . 2° je crois qu'il conviendrait de lui expliquer davantage le fond d'un système de pacification fondé sur les idées propres à lui qu'il développe dans sa dernière lettre . En conséquence je lui dirais ce me semble : « Vous ne voulez pas faire la paix sans les Anglais, vous avez raison, votre honneur y est intéressé, mais pourquoi ne feriez-vous pas faire la paix aux Anglais en mêle temps qu'à vous ? N'avez-vous pas acquis assez de droits sur leur estime, assez d'ascendant sur eux pour qu'ils sacrifient quelques -uns de leurs avantages à l'honneur de vous assurer las vôtres ? Alors les Français en compensation d'un tel bienfait ne seront-ils pas excités et autorisés à déterminer leurs alliés à des sacrifices équivalents à ceux que les Anglais auront fait pour eux en votre faveur ? Alors ne serez-vous pas l'auteur et le mobile, de cette condescendance réciproque qui ramènera tout à un équilibre désirable et utile à tout l'univers ? En un mot si vous déterminez les Anglais à ne pas envahir l'empire des mers, la propriété de toutes les colonies, et le commerce universel, doutez-vous que les Français n'engagent vos ennemis à renoncer aux prétentions qui vous seraient nuisibles ? » Il me semble que cette tirade maniée par le génie de M. de V., embellie des grâces nerveuses de son style, et ajoutée aux notions qu'il a déjà prises du R. de P., et des objets les plus propres à l'émouvoir , peut mettre dans tout son jour l'idée d'un plan qu'il serait très heureux que ce prince saisît, adoptât, et conduisît à sa maturité . »

Voici d'autre part le texte de la réponse de Frédéric II auquel se réfèreront de nombreuses lettres ultérieures de V* .

« 22 septembre [1759]

La duchesse de Saxe-Gotha m'envoie votre lettre etc. Comme je viens d'être étrangement balloté par la fortune, les correspondances ont toutes été interrompues . Je n'ai point reçu votre paquet du 29 ; c'est même avec bien de la peine que je fais passer cette lettre, si elle est assez heureuse de passer .

Ma position n'est pas aussi désespérée que mes ennemis le débitent . Je finirai encore bien ma campagne , je n'ai pas le courage abattu . Mais je vois qu'il s'agit de paix .tout ce que je puis vous dire de positif sur cet article c'est que j'ai de l'honneur pour dix, et que quelque malheur qui m'arrive, je me sens incapable de faire une action qui blesse le moins du monde ce point si sensible et si délicat pour un homme qui pense en preux chevalier, si peu considéré de ces infâmes politiques qui pensent comme des marchands .

Je ne sais rien de ce que vous avez voulu me faire savoir, mais pour faire la paix, voilà deux conditions dont je ne me départirai jamais , 1° de la faire conjointement avec mes fidèles alliés ; 2° de la faire honorable et glorieuse . Voyez-vous ! Il ne me reste que l'honneur ; je le conserverai au prix de mon sang .

Si on veut la paix qu'on ne me propose rien qui répugne à la délicatesse de mes sentiments . Je suis dans les convulsions des opérations militaires ; je suis comme les joueurs qui sont dans le malheur, et qui s'opiniâtrent contre leur mauvaise fortune . Je l'ai forcée de revenir à moi plus d'une fois, comme une maitresse volage . J'ai à faire à de si sottes gens qu'il faut nécessairement qu'à la fin j'aie l'avantage sur eux . Mais qu'il arrive tout ce qu'il plaira à sa sacrée majesté le hasard, je ne m'en embarrasse pas . J'ai jusqu'ici la conscience nette des malheurs qui me sont arrivés . La bataille de Minden, celle de Cadix, et la perte du Canada sont des arguments capables de rendre la raison aux Français auxquels l'ellébore autrichien l'avait brouillée . Je ne demande pas mieux que la paix, mais je la veux non flétrissante . Après avoir combattu avec succès contre toute l'Europe, il serait bien honteux de perdre, par un trait de plume, ce que j'ai maintenu par l'épée .

Voilà ma façon de penser . Vous ne la trouverez pas à l'eau-rose . Mais Henri IV, mes ennemis même que vous citez, ne l'ont pas été plus que moi . Si j'étais né particulier je céderais tout pour l'amour de la paix, mais il faut prendre l'esprit de son état . Voilà tout ce que je peux vous dire jusqu'à présent . Dans trois ou quatre semaines la correspondance sera plus libre , etc.

F. »

 

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03/10/2014 | Lien permanent

Voilà comme sont faits les talents, ma chère enfant, ils violent . Gardons qu'ils ne tuent.

 http://www.youtube.com/watch?v=XgDuH2bA1iw&feature=related

 http://www.youtube.com/watch?v=b8Zjj6mM0LE&feature=related

 http://www.youtube.com/watch?v=NPpgrJWqMvQ&feature=related

And so on !...

Talents ! tels que Volti ne les connaissait pas .

Violent-ils nos esprits ? Tuent-ils ? Non, heureusement ...

 

Mais je veux ce jour râler un peu . Chaque année on en fait un évènement national : revenons à la réalité, ce n'est qu'un rituel, une tradition . Religieuse dites-vous ?  

Le ramdam rituel commence ce jour, l'arbitraire religieux va encore pouvoir se manifester avec éclat et de zélés musulmans opportunistes vont montrer leur dur sacrifice pour acheter le pardon divin, et l'indulgence de leurs patrons .

De plus, et je n'invente rien : si on prolonge le jeûne du ramadan de six jours de plus, non seulment on acquiert le pardon des fautes de l'année écoulée mais on a un bonus de pardon pour l'année à venir ! Bon calcul qui me rappelle furieusement les primes des abonnements téléphoniques .

Il fut un temps où les catholiques achetaient des indulgences ; puis plus démocratiquement celles-ci purent être obtenues par de simples prières assorties de conditions spirituelles (près de chez moi, une vieille croix sur le socle de laquelle on peut lire "40 jours d'indulgence à qui en état de grâce récitera un pater et un ave ", ce qui est d'un rapport qualité/prix imbattable !).

Frères musulmans praticants, cessez de marchander avec Dieu et laissez en paix ceux d'entre vous qui ne pratiquent pas . Ce sont des humains qui ne sont ni meilleurs ni pires que vous.

Je ne connais pas un(e) seul(e) musulman(e) qui finisse le mois de ramadan plus mince qu'il/elle l'a commencé . Meilleur ? Dieu seul le sait !

Pour le dire crûment, cessez de nous les gonfler en vous glorifiant d'un jeûne de quelques heures, encadré de deux périodes où vous vous remplissez la panse comme le chameau avant la traversée du désert . Après tout, vous n'êtes pas plus méritants que les malades hospitalisés qui mangent à 18h et jeûnent jusqu'au lendemain à 7 ou 8h : 13 heures de jeûne et ils n'en font pas tout un plat -sic-, et ils ne considèrent pas qu'ils sont la crême du monde .

Aurez-vous encore le front de vous réclamer de Dieu et du prophète Mohammed lorsque vos coreligionnaires feront exploser leurs bombes par aveuglement sectaire ?

http://fr.wiktionary.org/wiki/ramdam

Ah ! Volti ! accorde-moi encore une bonne dose de tolérance ! Pour la liberté de pensée et d'expression je m'en occupe .

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

A Lunéville ce 12 [août1749]


 


 

Ma chère enfant, j'ai reçu aujourd'hui deux lettres de vous qui m'ont désolé. Je vous croyais à la campagne et vous avez été malade à Paris. Peut-être l'êtes vous encore . Vous travaillez avec un autre feu que Mme du Bocage [i]; et ce feu vous consume. Votre pièce [ii] en vaudra mieux mais il ne faut pas que l'architecte soit accablé par sa maison. Je vous donne des conseils que je n'ai pu prendre pour moi. Il y a longtemps comme vous le savez que je roulais dans ma tête il y a près d'un an [iii] le dessein de venger la France de l'infamie de Catilina. Je voulais rendre à Cicéron la gloire qu'il aimait tant et qu'on avait indignement avilie, jusqu'à le faire maquereau de sa fille ainsi qu'un certain prêtre, imaginé uniquement pour partager ce maquerellage. Je voulais venger le sénat de Rome,[iv] et tout Paris. Je voulais réparer la honte de la nation. Mais ce projet m'avait passé de la tête car comment introduire des femmes dans la conspiration de Catilina ? Enfin le 3 du présent mois un démon ennemi du repos s'empara de moi, me donna l'idée d'une femme qui fait un effet terrible [v], me fit relire Sallustre et Plutarque, me fit travailler malgré moi, et me mena si grand train qu'en huit jours de temps j'ai fait la pièce. Je suis encore épouvanté de ce tour de force. Je lisais tous les deux jours un nouvel acte à Mme du Châtelet, qui est bien difficile ; à M. de Saint-Lambert,[vi] qui a autant de goût que d'esprit ; enfin à notre petite société. La plénitude du sujet, la grandeur romaine, le pathétique affreux de la situation de ma femme, Cicéron, Catilina, César, Caton m'ont élevé au-dessus de moi-même, m'ont donné des forces que je ne connaissais pas. Si on m'avais demandé : Combien de temps vous faut-il pour cet ouvrage ? J'aurais répondu : deux ans . Il a été fait en huit jours, et, il faut tout dire, en huit nuits ; je me meurs, je vais dormir. Voilà comme sont faits les talents, ma chère enfant, ils violent . Gardons qu'ils ne tuent. Songez à votre santé. Mais songez aussi à votre pièce. Je vous enverrai quelques scènes de Catilina, mais en donnant donnant souvenez-vous de M. de La Reynière [vii]. On dit que Mérope est froide, en comparaison de Catilina, et que je n'ai encore fait que cette tragédie. Ce n'est pas tout à fait vrai. Mais entre nous, je crois que Catilina est sans contredit ce que j'ai fait de plus fort à beaucoup d'égards.



 

Il faut être bien sot et bien méchant pour m'imputer ce livre que j'ai à peine lu [viii]. Quelle impertinence ! Laissons dire et faisons ; travaillons, soyons heureux et revoyons-nous, et que je puisse dire

Vivons pour nous ma chère Rosalie [ix]



 

 Quel est donc le fat avec qui vous êtes brouillée ? Comment va la pièce à qui je m'intéresse plus qu'à Catilina [x] ? Les plates lettres que celles de Rousseau [xi]! Bonsoir. »

 



iMme du Bocage vient de faire représenter Les Amazones avec un piètre succès.


 

ii La Femme à la mode, qui deviendra La Coquette punie.


 

iii Le 21 août, à d'Argental, il dira six mois. Le Catilina de Crébillon fut représenté le 21 décembre 1748.


 

iv Il donnera le titre de Rome sauvée à sa pièce.


 

v A d'Argental, le 12 août : le « diable » lui « fit imaginer l'épouse de Catilina ».


 

vi Amant de la marquise et père de l'enfant qu'elle porte.


 

vii Par qui passer pour ne pas payer le port des lettres.


 

viii La Connaissance des beautés et des défauts de la poésie et de l'éloquence dans la langue française, 1749, de D. Durand.


 

ix Le 5 janvier, V* lui envoya le début de La Vie à Paris, Épître à Mme Denis dont il cite ici le premier vers.


 

xLa future Coquette punie.


 

xi Jean-Baptiste Rousseau : Lettres sur différents sujets, dont on attribue l'édition à « Racine le fils ou Racine fi comme disait l'abbé Gedoyn » et comme le dit V* dans ses lettres du 30 juillet à Mme Raynal et du 24 à Mme Denis.

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11/08/2010 | Lien permanent

Jugez quel est mon attachement pour ces deux ministres, et à quel point je suis bon Français

... Oups ! Ex-ministres ! Montebourg-Filipetti les rois des galipettes pour lesquelles ils semblent avoir plus de disposition que pour le travail . Les paris sont ouverts, combien de temps vont-ils rester ensemble ? Plus ou moins qu'au gouvernement ?

 

 

 

« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

14 août [1759]1

Il n'y a pas moyen, madame, de songer à d'autres tragédies qu'à celle qui vient d’ensanglanter les environs de Minden 2 et de plonger toute la France dans la douleur et dans le deuil . Je me flatte qu'au moins vos braves autrichiens et les russes répareront cette perte, et je me flatte surtout que notre ministère ne se découragera pas . On a mené à la boucherie une armée florissante, on l'a fait combattre pendant quatre heures contre quatre-vingts pièces de canon, il n'y a d'autre parti à prendre qu'à envoyer une nouvelle armée avec un nouveau général .

Je suis très persuadé que M. le comte de Choiseul vous assurera bientôt combien la cour de France est inébranlable . Il n'appartient pas à un solitaire obscur tel que je le suis d'oser dire ce qu'il pense sur des objets si importants , mais je peux dire au moins ce que je souhaite . Je suis pénétré des bontés de mon roi ; il m'a fait une grâce bien singulière, il a déclaré ma terre de Ferney, qui est sur la lisière de France, indépendante et libre . Elle l'avait été autrefois, mais de si beaux privilèges étaient perdus . Je dois même à M. le comte de Choiseul cette faveur dont M. le duc de Choiseul m'a fait honorer par le roi . Jugez quel est mon attachement pour ces deux ministres, et à quel point je suis bon Français, quoique moitié genevois et moitié suisse . Soyez bien sûre que je suis pas moins autrichien . Je pousse mon zèle jusqu'à être russe car je fais imprimer à présent l'histoire de Pierre premier . Ce n'est pas assez d'être autrichien, russe et français, je suis surtout aldembourgeois, et je m'intéresse plus que jamais à votre procès .

Je me garderai bien d'oser écrire à cet illustre avocat plein de génie dont vous me faites l'honneur de me parler . Il est vrai que j'écris quelquefois à l'adverse partie, mais ce n'est pas sans raison ni sans permission expresse de la part des intéressés . Voilà ce que vous pouvez assurer madame au généreux triangle 3. Je lève les mains au ciel pour lui depuis cinq ans, je ne me connais point en affaires . Mais s'il ne s'agissait que de la production de certaines pièces je pourrais me féliciter de n’avoir pas nui à la cause . Vous connaissez mes sentiments, vous savez tout ce que j'ai eu l'honneur de vous dire sur votre procès . Il s'est passé depuis des choses uniques et qui certainement vous plairaient autant qu'elles vous surprendraient . Je ne suis point , madame, comme ce M. de Larré qui ne voulait pas que vous eussiez votre terre de Knip-hausen, et qui vous trahissait pour M. de Bentheim . En un mot votre avocat doit être très content de moi .

M'est-il permis de présenter ici mes très humbles respects au grand homme dont vous me faites de si justes éloges ? Je le crois dans une grande crise au moment que j'ai l'honneur de vous écrire . Je ne serai point étonné d'apprendre bientôt qu'il y a eu une bataille près de Francfort-sur-l'Oder .

La nièce saucée dans les ruisseaux de Francfort-sur-le-Mein vous est toujours tendrement attachée . L'oncle dont les sentiments ne changent jamais, et à qui vous accordez de la mémoire, est à vos pieds pour toute sa vie, et vous prie de brûler sa lettre . »

1 La lettre à laquelle celle-ci répond ne nous est pas connue .

2 Le 1er août 1759, à la bataille de Minden l'armée française sous les ordres du marquis de Contades subit une défaite décisive de la part de l'armée anglo-allemande commandée par Ferdinand de Brunswick . Mais la façon dont V* présente les faits est inexacte .c'est l'infanterie anglaise qui, quoiqu'exposée au feu de l'artillerie de Contades, défit la cavalerie française et l'aurait peut être mise en déroute sans l'indiscipline de lord George Sackville .

3Le chancelier Kaunitz, appelé ainsi par V*, parce qu'il a réalisé la triple alliance entre la France, l'Empire austro-hongrois et la Russie ; et aussi allusion à sa maison : voir lettre du 15 mai 1756 à la comtesse :

et voir lettre du 9 septembre 1758 à Mme de Bentinck : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/10/22/tout-le-monde-avoue-qu-il-faut-etre-philosophe-qu-il-faut-et.html

Et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Wenzel_Anton_von_Kaunitz-Rie...

 

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13/09/2014 | Lien permanent

in quantum possum, et in quantum indigent / Autant que je puis et autant qu'ils en ont besoin

... Telle devrait être la réponse de tout candidat à quelque élection lorsqu'on lui demande ce qu'il a l'intention de faire pour les citoyens défavorisés .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

5è mars 1764, aux Délices 1

Je reçois la lettre du 27 Février, dont mes anges m’honorent. Je suppose qu’ils ont reçu l’épître aux auteurs de la Gazette littéraire . Je suppose aussi qu’ils ont reçu celle que j’ai pris la liberté de leur adresser pour M. de Cideville 2, qui probablement a quelquefois le bonheur de les voir, et qui demeure rue Saint-Pierre.

Je suppose encore qu’ils ont la lettre de M. le premier président de Dijon, qui est tout à fait encourageante, conciliante, qui tranche toute difficulté, qui met tout le monde à son aise.

Je suppose de plus , qu'ils me diront si M. le duc de Praslin veut que je fasse venir des livres d'Italie, attendu qu'étant à la porte je serai servi plus vite, et je servirai mieux : j'entends que je servirai en cas que je ne devienne pas aveugle .

Autre supposition, c'est que mes anges auront daigné faire lire à mon frère Damilaville Les Trois Manières, car mon frère mérite cette bonté de leur part, et cette attention de la mienne .

Mes anges m’ordonnent d’envoyer aux comédiens ordinaires du roi la disposition de mes rôles ; je l’envoie in quantum possum, et in quantum indigent 3. Si mes anges ne trouvent pas que ma lettre pour M. le duc de Duras suffise, il faudra bien en écrire une directement, car j’aime à obéir à mes anges ; leur joug est doux et léger.

Non, pardieu ! il n’est pas si doux ; ils voudraient que d’ici au 12 du mois, qu’on doit jouer cette Olympie, je leur fisse un cinquième acte. Je le voudrais bien aussi ; ce n’est pas la mort de Statira au 4 qui me fait de la peine, c’est la scène des deux amants au 5 . C’est une situation assez forcée, assez peu vraisemblable, que deux amants viennent presser mademoiselle de faire un choix, dans le temps même qu’on brûle madame sa mère ; mais je voulais me donner le plaisir d’un bûcher ; et si Olympie ne se jette pas dans le bûcher aux yeux de ses deux amants, le grand tragique est manqué. La pièce est faite de façon qu’il faut qu’elle réussisse ou qu’elle tombe telle qu’elle est. Ne croyez pas que je suis paresseux, je suis impuissant : et puis d’ailleurs comment voulez-vous que je fasse à présent des vers ? Savez-vous bien que je suis entouré de quatre pieds de neige ? j’entends quatre pieds en hauteur, car j’en ai quarante lieues en longueur ; et, au bout de cet horizon, j’ai l’agrément de voir cinquante à soixante montagnes de glace en pain de sucre. Vous m’avouerez que cela ne ressemble pas au mont Parnasse : les Muses couchent à l’air, mais non pas sur la neige. Mon pays est fort au-dessus du paradis terrestre pendant l’été ; mais pendant l’hiver il l’emporte de beaucoup sur la Sibérie, si je faisais actuellement des vers, ils seraient à la glace.

On dit qu’on tolérera un peu la Tolérance ; Dieu soit béni ! D’ailleurs je ne conçois rien à tout ce qu’on me mande de chez vous . Il semble que ce soit un rêve . Je souhaite qu’il soit heureux. Mes anges le seront toujours, quelque train que prennent les affaires ; ainsi je trouve tout bon.

Avez-vous lu le mandement de votre archevêque ? Je sais que la pièce est sifflée ; mais ne pourriez-vous pas avoir la bonté de me la faire lire ? Certes ce que vous avez vu depuis quelques années est curieux.

Respect et tendresse.

V.

Après cette lettre écrite et cachetée, des remords me sont venus au coin du feu. La scène d’Olympie entre ses deux amants, au 5è acte, m’a paru devoir commencer autrement. Voici une manière nouvelle ; je la soumets à mes anges , ils la jetteront dans le feu, si elle leur déplaît. »

1 Lettre amputée du 3è et du 4è paragraphe dans l'édition de Kehl et suivantes .

3 Autant que je puis et autant qu'ils en ont besoin .

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Cette bonne compagnie de Paris est fort agréable, mais elle ne sert précisément à rien. Elle soupe, elle dit de bons mot

... un million selon eux !

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Pour mémoire

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

6 Mai 1768

Mon divin ange, le mémoire de votre infant 1 m’a paru modéré et ferme. Voilà donc la seconde guerre de Parme et du Saint-Siège ! Quand les Barberins firent la première, ils firent jurer aux soldats de rapporter tous leurs fusils quand la paix serait faite, comptant bien qu’il n’y aurait aucun homme de tué ni de fusil perdu. Les choses ne se seraient pas passées ainsi du temps de Grégoire VII ou d’Innocent IV ; ils auraient dit comme Jodelet à l’infant :

Petit cadet d’infant, vous aurez cent nasardes ;

Car, me devant respect, et l’ayant mal gardé,

Le moindre châtiment c’est d’être nasardé.2

Il faut espérer que Rezzonico 3, qui a un nez à la vénitienne, et qui n’a pas le nez fin, recevra seul les croquignoles.

J’ai eu pendant trois jours M. le marquis de Mora que vous connaissez. Je vous prie de faire une brigue pour qu’on l’associe quelque jour au ministère d’Espagne. Je vous réponds qu’il aidera puissamment le comte d’Aranda, son beau-père, à faire un nouveau siècle. Les Espagnols avancent quand nous reculons. Ils ont fait plus de progrès en deux ans que nous n’en avons fait en vingt. Ils apprennent le français pour lire les ouvrages nouveaux qu’on proscrit en France. On a rogné jusqu’au vif les griffes de l’inquisition, elle n’est plus qu’un fantôme. L’Espagne n’a ni jésuites ni jansénistes. La nation est ingénieuse et hardie ; c’est un ressort que la plus infâme superstition avait plié pendant six siècles, et qui reprend une élasticité prodigieuse. Je suis fâché de voir qu’en France la moitié de la nation soit frivole et l’autre barbare. Ces barbares sont les jansénistes. Votre ministère ne les connaît pas assez. Ce sont des presbytériens 4 plus dangereux que ceux d’Angleterre. De quoi ne sont pas capables des cerveaux fanatiques qui ont soutenu les convulsions pendant quarante années ? Il est cruel d’être exposé aux loups, quand on est défait des renards.

Informez-vous, je vous en prie, du personnage qui a pris le nom de Chiniac La Bastide Duclos, avocat au parlement, et qui est auteur des Commentaires sur le Discours des libertés gallicanes, de l’abbé de Fleury 5. C’est un énergumène qui établit le presbytérianisme tout cru . Il est de plus calomniateur très insolent, à la manière janséniste. Eux et leurs adversaires calomnient également bien, le tout pour la gloire de Dieu et la propagation du saint Évangile.

Comme vous ne voyez aucun de ces cuistres, vous pourriez vous mettre au fait par M. l’abbé de Chauvelin.

Je sais que la bonne compagnie méprise si fort tous ces animaux-là, qu’elle ne s’informe pas seulement s’ils existent. Les femmes se promènent aux Tuileries, sans s’inquiéter si les chenilles rongent les feuilles. Cette bonne compagnie de Paris est fort agréable, mais elle ne sert précisément à rien. Elle soupe, elle dit de bons mots, et pendant ce temps-là les énergumènes excitent la canaille, canaille composée à Paris d’environ quatre cent mille âmes, ou soi-disant telles.

L’autre tripot, j’entends celui de la Comédie, est, quoique vous en disiez, mon cher ange, dans un état déplorable. Voilà vingt femmes qui se présentent, et pas un homme : et encore aucune de ces femmes n’est bonne que pour le métier où elles réussissent toutes, et qu’on ne fait pas devant le public.

M. le duc de Choiseul a envoyé seize officiers dans mon hameau : domandavo acqua, non tempestà 6. Quand j’arrivai dans ce désert, on n’aurait pu y loger quatre sergents. Tous les officiers y sont assez à leur aise ; mais l’église est devenue trop petite . Il faut l’agrandir, et édifier mes paroissiens. J’y fais prier Dieu pour la santé de la reine. J’ai déjà été exaucé sur celle de madame d’Argental. Puisse-t-elle longtemps jouir avec vous de la vie la plus heureuse ! Pour moi, tant que je respirerai, je conserverai pour vous deux mon culte de dulie. 

V.»

1 Ferdinand , duc de Parme dont d'Argental est le ministre à Paris . Voir : https://books.openedition.org/pul/6585?lang=fr

4 Comme d'habitude, V* utilise ce terme au sens général d'anti-épiscopalien . Voir : https://normandie-univ.hal.science/hal-02060733/document

5 Chiniac en était bien l’auteur. (Georges Avenel.)

Sur cet ouvrage, voir lettre du 25 mars 1768 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/11/17/on-a-toujours-raison-quand-on-rit-6471523.html

6 Je demandais de l'eau, non la tempête.C’est l’exclamation d’un paysan italien qui demandait au ciel de la pluie, et non de l’orage. (Beuchot.)

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06/01/2024 | Lien permanent

j’ai cédé au désir de vous dire ce qu’en pense une femme

 

Coupe America !!

Il y a loin de la coupe à la mer amère.

http://www.youtube.com/watch?v=b8XdcG9VRg0

Allusion à deux géants, bateaux de course, tellement bien conçus qu'ils ne peuvent pas naviguer : pas assez de vent ! trop de vagues ! trop de vent ! y'a du brouillard ! le skipper s'est cassé un ongle !

Des motifs à n'en plus finir ! J'en passe et des meilleurs .

Tellement sophistiqués, tellement "pointus" qu'ils sont plus doués pour faire des ronds dans le bassin des Tuileries que sur mer.

C'est vrai que si tout se passait bien, cette course en trois manches (plus une quatrième , celle d'un avocat, dans laquelle on trouve tout , tout ce qu'il faut pour faire gagner le perdant  : c'est ça le sport nautique, oui, monsieur quand il ya autant de pognon en jeu !! ) pouvait être baclée en une semaine .

Je comprends que ceux qui sont bien payés à ne rien faire (si cracher dans l'eau pour faire des ronds !) ont intérêt à ce que leur engagement dure, dure ... Je viens négligemment de me mettre deux équipes de valeureux sportifs sur le dos ! Sans doute pas ! Je les vois mal tenir un winch d'une main et les écrits de Voltaire de l'autre , quoique ce ne soit pas incompatible , j'entends, une activité après l'autre ...

 

 

 

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« A Pierre-Joseph Thoulier d’Olivet

 

A Cirey ce 12 février 1736

 

                            Si vous avez eu la goutte dans votre séjour du tumulte et de l’inquiétude [= Paris ! ], j’ai eu la fièvre, mon cher abbé, dans l’asile de la tranquillité.

 

                            Si bene calculum ponas, ubique naufragium invenies [si on calcule bien (les chances de la vie), partout on trouvera le naufrage ; Pétrone], mais il faut absolument que je vous apprenne que pendant mon indisposition Mme la marquise du Châtelet daignait me lire au chevet de mon lit. Vous allez croire peut-être qu’elle me lisait quelque chant de l’Arioste ou quelqu’un de nos romans. Non,  elle me lisait les Tusculanes de Cicéron, et après avoir goûté tous les charmes de cette belle latinité elle examinait votre traduction, et s’étonnait d’avoir du plaisir en français. Il est vrai qu’en admirant l’éloquence de ce grand homme, cette beauté de génie au caractère vrai de vertu et d’élévation qui règne dans cet ouvrage, et qui échauffe le cœur sans briller d’un vain éclat, après, dis-je, avoir rendu justice à la belle âme de Cicéron et au mérite comme à la difficulté d’une traduction si noble, elle ne pouvait s’empêcher de plaindre le siècle des Cicéron, des Lucrèce, des Hortensius, des Varron, d’avoir une physique si fausse et si méprisable, et malheureusement ils raisonnaient en métaphysique tout aussi faussement qu’en physique. C’est une chose pitoyable que toutes ces prétendues preuves de l’immortalité de l’âme alléguées par Platon. Ce qu’il  y a de plus pitoyable  peut-être est la confiance avec laquelle Cicéron les rapporte. Vous avez-vous-même dans vos notes osé faire sentir le faible de quelques unes de ces preuves, et si vous n’en avez pas dit davantage, nous nous en prenons à votre discrétion. Enfin le résultat de cette lecture était d’estimer le traducteur autant que nous méprisions les raisonnements de la philosophie ancienne. Mon lecteur ne pouvait se lasser d’admirer la morale de Cicéron et de blâmer ses raisonnements. Il faut avouer, mon cher abbé, que quelqu’un qui a lu Loke, ou plutôt qui est son Loke à soi-même, doit trouver les Platon des discoureurs et rien de plus. J’avoue qu’en fait de philosophie un chapitre de Loke ou de Clark est, par rapport au bavardage de l’Antiquité, ce que l’optique de Neuton est par rapport à celle de Descartes. Enfin vous en penserez ce qu’il vous plaira, mais j’ai cédé au désir de vous dire ce qu’en pense une femme conduite par les lumières d’une raison que l’amour-propre n’égare point, qui connait les philosophes anciens et modernes et qui n’aime que la vérité.  J’ai cru que c’était une chose flatteuse et rare pour vous d’être estimé d’une Française presque seule capable de connaitre votre original.

 

                            On doit vous avoir rendu votre malheureux livre de la vie de Vanini [ Vanini, exécuté en 1619 ; La Vie et les sentiments de Lucilio Vanini, 1717, de David Durand, livre demandé par V* le 30 novembre 1735 . cf lettres du 4 octobre 1735 et 6 janvier 1736 à d’Olivet]. L’autre exemplaire n’était pas encore arrivé à Paris. Ainsi je reprends le pardon que je vous demandais de ma méprise.

 

                            Avez-vous lu la traduction de l’Essai de Pope sur l’homme ? C’est un beau poème en anglais quoique mêlé d’idées bien fausses sur le bonheur. Adieu, augmentez mon bonheur en m’écrivant.

 

                            J’ai bien des anecdotes sur Corneille et sur Racine, et sur la littérature du beau siècle passé. Vous devriez augmenter mon magasin [pour le Siècle de Louis XIV ].

 

                            V. »

 

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11/02/2010 | Lien permanent

on ne s’intéresse guère qu’à nos passions, et très peu à nos dévotions

... Dans un monde normal, laïc . Pour ce qui est des théocraties, c'est bien évidemment exactement le contraire , les exemples ne manquent pas, encore aujourd'hui, où religion officielle et nationalité sont indissociablement obligatoires , véritables lois insultantes pour la liberté de pensée .

 https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_islamique

 

 

 

« A Bernard-Louis Chauvelin

A Ephèse 1 26 février 1762

Votre excellence est bien persuadée de tous les sentiments que le roi mon maître 2 a pour elle. Il s’intéresse à votre santé ; il m’en a parlé avec une sensibilité qui est bien rare dans les personnes occupées de grandes affaires. C’est un exemple que vous lui avez donné ; il sait que, dans la guerre et dans les négociations, vous avez toujours cultivé l’amitié, et que vous paraissez toujours occupé de vos amis comme si vous aviez du temps de reste. Votre caractère l’enchante. Il a été lui-même assez malade ; mais, dès que sa majesté macédonienne a été en état de raisonner, je lui ai fait part de vos remontrances. Il admire toujours la sagacité de votre génie et la facilité de vos moyens ; il dit qu’il n’a jamais connu d’esprit plus conciliant. J’ai pris ce temps pour lui dire : faites donc ce qu’il vous propose . Il m’a répondu que cela lui était impossible. Mettez-vous à ma place, m’a-t-il dit, que m’importe d’avoir autrefois donné un coup de sabre à une Persane ? Quels si grands remords pourrai-je en avoir, si je n’étais pas éperdûment amoureux de sa fille ? n’ai-je pas dit exprès à mon maître de la garde-robe :

Ces expirations, ces mystères cachés,

Indifférents aux rois, et par moi recherchés,

Elle en était l’objet ; mon âme criminelle

N’osait parler aux dieux que pour approcher d’elle.3

Vous savez, a-t-il ajouté, qu’on ne s’intéresse guère qu’à nos passions, et très peu à nos dévotions . Si je me suis confessé, et si j’ai communié, on sent bien que c’est pour Olympie. J’insiste encore sur les ridicules qu’on me donnerait si mon père et moi avions eu pendant treize ans la fille d’Alexandre entre nos mains, après l’avoir prise dans son palais, et que nous n’en sussions rien.

Je ne vois d’autre réponse à cet argument que de bâtir un roman à la façon de Calprenède 4, et de supposer un tas d’aventures improbables, d’amener quelque vieillard, quelque nourrice qu’il faudrait interroger ; et ce nouveau fil romprait infailliblement le fil de la pièce. L’esprit partagé entre tant d’événements perdrait de vue le principal intérêt.  Il y a bien plus, dit-il, une reconnaissance est touchante quand elle se fait entre deux personnes qui ont intérêt de se reconnaître . Mais Cassandre, en apprenant que sa maîtresse est la fille de Statira, n’apprendrait qu’une très fâcheuse nouvelle. De plus, il faudrait deux reconnaissances au lieu d’une, celle d’Olympie et celle de Statira ; l’une ferait tort à l’autre. Je vous avoue que j’ai été fort ébranlé de toutes ces raisons que le roi mon maître m’a déduites fort au long, et dont je communique le faible précis à Votre Excellence. Je l’en fais juge, et je la supplie de considérer dans quel embarras elle nous jetterait, s’il fallait refondre 5 toute la pièce uniquement pour faire apprendre par Antigone ce qu’on peut très bien savoir sans lui.

On m’a envoyé du petit royaume des Gaules, situé au bout de l’Occident, un petit écrit 6 concernant des prêtres des idoles, qu’on appelle jésuites . Je ne sais ce que c’est que cette affaire ; on ne s’en soucie guère à Ephèse. J’en fais part, à tout hasard, à Votre Excellence. Statira, Olympie, et l’hiérophante, font mille vœux pour vous et madame l’ambassadrice. »

1 Lieu où se place la pièce d'Olympie .

2 V* joue à se présenter comme le ministre du roi de Macédoine ; dans la pièce, Statira est la veuve d'Alexandre le Grand .

3 Olympie, IV, 4 .

4 Dont précisément l'un des romans les plus célèbres est intitulé Cassandre .

5 L'édition de Kehl donne par erreur résoudre .

6 Voir dans les Facéties : La Balance égale . Voir lettre du même jour à d'Argence : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/02/16/celui-la-a-non-seulement-perdu-les-yeux-mais-les-mains-j-ent-5911502.html

 

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17/02/2017 | Lien permanent

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