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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

votre Majesté comme le modèle de toutes les nations, et en cela l’auteur ne se trompe point

Note rédigée le 16 août 2011 pour parution le 28 octobre 2010 .

Merci à Mam'zelle Wagnière qui m'a permis de copier la lettre qu'elle avait mise en ligne le 30 janvier 2010, et je vous invite à vous rendre sur son site sans tarder : 

http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-catherine-ii-et-voltaire---suite-et-fin-43922384.html

 

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« A Catherine II, impératrice de Russie

A Ferney, 28 Octobre 1777.

Madame,

Si votre Majesté impériale a le temps et la bonté de jeter un coup d’œil sur les trois feuillets que je mets à ses pieds, les deux premiers contiennent le sujet du prix de cent louis d’or 1, dont je donne la moitié, pour celui qui osera imiter votre jurisprudence. Le troisième n° 32, cite votre Majesté comme le modèle de toutes les nations, et en cela l’auteur ne se trompe point.

 

Le roi de Prusse en use dans ses États comme votre Majesté dans les siens 2. Plusieurs princes font le même changement dans les lois de leur pays. Cette révolution s’étendra jusqu’à Rome et jusqu’aux pays d’Inquisition 3. C’est un siècle nouveau qui va naître et dont vous aurez été la créatrice.

 

Je fais partir pour Pétersbourg des exemplaires complets que je mets à vos pieds 4. Je vous supplie de pardonner à ma hardiesse en faveur de mes intentions. Je ne puis finir mes jours par un hommage plus pur et plus sincère que celui que je rends à votre Majesté Impériale.

 

Daignez agréer, Madame, le profond respect et la reconnaissance de votre très humble admirateur et adorateur.

 

Le vieux malade de Ferney. »

 

1 Il s'agit du prix proposé par la Société économique de Berne dont il est question dans la lettre au landgrave de Hesse-Cassel du 16 juillet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/07/16/c...

Le 25 juillet, V* avait demandé à Catherine de « favoriser cette entreprise de deux cents roubles ». V* disait qu'il ajouterait lui-même cinquante louis d'or et qu'il proposait « aux concurrents le plan d'une nouvelle loi contraire à tout ce qui se pratique autour de nos provinces et conforme à tout ce qu'il sait des lois émanées de Vote majesté Impériale . » ; il lui demandait à cet effet le recueil de ses lois.

2 Frédéric II a écrit à cette occasion, le 11 octobre,une lettre où il exposait ses idées en matière de jurisprudence .Voir page 114 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80043w/f119.image.r=.langFR

3 Voltaire avait écrit à Frédéric − qui ne s’en étonnait pas (le 5 septembre ; page 101 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80043w/f106.image.r... )- que l’Inquisition, jugulée par d’Aranda, avait été rétablie en Espagne.

 

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28/10/2010 | Lien permanent

Il me paraît absurde de m'attribuer un ouvrage ... mais la calomnie n'y regarde pas de si près.

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert


 

9 de juillet [1769]


 

Mon cher philosophe, je vous envoie la copie d'une lettre que je suis obligé d'écrire à l'auteur du Mercure [*]. Je vois que cette Histoire du Parlement qu'on m'impute, est la suite de ce petit écrit qui parut, il y a dix-huit mois, sous le nom du marquis de Bélestat [cf. lettre du 20 septembre à Mme du Deffand, où il dit que les deux derniers chapitres de l'Histoire du parlement sont du même style que l'Examen ...], et qui fit tant de peine au président Hénault [**]. C'est le même style ; mais je ne dois accuser personne, je dois me borner à me justifier . Il me paraît absurde de m'attribuer un ouvrage dans lequel il a deux ou trois morceaux qui ne peuvent être tirés que d'un greffe poudreux, où je n'ai assurément pas mis le pied ; mais la calomnie n'y regarde pas de si près.


 

Je vous demande en grâce d'employer toute votre éloquence et tous vos amis pour détruire un bruit encore plus dangereux que ridicule [***]. Ma pauvre santé n'avait pas besoin de cette secousse. Je me recommande à votre amitié.


 

J'attends M. de Schomberg [qui fut chambellan du duc d'Orléans et inspecteur général de la cavalerie]. Il voyage comme Ulysse qui va voir les ombres. Mon ombre vous embrasse de tout son cœur. »

 

 

*Cette lettre publiée par V* dans le Mercure reparle de l'Examen de la nouvelle histoire de Henri IV … par M. le marquis de B*** (Bélestat), et signale des erreurs historiques ; V* se dit surtout choqué par « l'extrême injustice avec laquelle on y censure l'ouvrage de M. le président Hénault » et 'l'injustice encore plus absurde » qu'on lui avait faite en lui attribuant cet Examen. On renouvelait cette injustice en lui attribuant l'Histoire du parlement : « pour composer un livre utile sur cet objet il faut avoir fouillé pendant une année entière au moins dans les registres ... » or il est « absent de France depuis plus de vingt années... uniquement occupé à d'autres objets. »


 


 

**Mme du Deffand, le 29 septembre 1768, dit à V* qui avait signalé à Hénault ce qu'on disait de son ouvrage dans l'Examen … :  « heureusement qu'il n'en a pas été fort troublé. » Cf lettres du 18 septembre, 26 octobre, 21 décembre 1768 et 13 janvier et 3 février 1769.



 

***Le 23 juin, Dupan écrivait : « Le livre où il est mal parlé du roi est intitulé l'Histoire des parlements … C'est une chose inconcevable que Voltaire ose attaquer le roi comme il l'a fait dans un chapitre de ce livre. »

V* dans une lettre à la duchesse de Choiseul, le 18 septembre, reniera particulièrement ces passages : « … comment croira-t-on que j'ai dit que le roi « donna » des pensions à tous les conseillers qui jugèrent Damiens, tandis qu'il est de notoriété publique qu'il n'en donna qu'aux deux rapporteurs ? … comment aurais-je dit qu'on « fit un procès à Damiens » et qu'on « perpétra » son supplice ? Tout cela est absurde, et aussi impertinent que mal écrit ».

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09/07/2010 | Lien permanent

éclairé et bienfaisant. Que de princes ne sont ni l’un ni l’autre

... Tout comme une foule de ceux qui sont aux gouvernes .

Page 3 - Ce La Vie High Resolution Stock Photography and Images - Alamy

 

 

 

« A Frédéric II, landgrave de Hesse-Cassel

Ferney, à Ferney 25 auguste 1766

Monseigneur, pourquoi mon âge et mes maux me réduisent-ils à ne remercier Votre Altesse Sérénissime qu’en lui écrivant ! Pourquoi suis-je privé de la consolation de vous faire ma cour ! J’ai été pénétré au fond du cœur de voir en vous un prince philosophe. La justesse de votre esprit et la vérité de vos sentiments m’ont charmé. Votre façon de penser semble réparer les actions tyranniques que la superstition a fait commettre à tant de princes. Vous êtes éclairé et bienfaisant. Que de princes ne sont ni l’un ni l’autre ! mais en récompense ils ont un confesseur, et ils gagnent le paradis en mangeant le vendredi pour deux cents écus de marée.

Votre Altesse Sérénissime m’a attaché à elle ; je ne souhaite de la santé que pour m’aller mettre à ses pieds. Je ne vais jamais à la ville de Calvin ; mais je veux aller à la capitale d’un prince qui connaît Calvin, et qui le méprise. Puisse la nature m’en donner la force comme elle m’en donne le désir !

Votre Altesse Sérénissime m’a paru avoir envie de voir les livres nouveaux qui peuvent être dignes d’elle. Il en paraît un intitulé le Recueil nécessaire 1. Il y a surtout dans ce recueil un ouvrage de milord Bolingbrooke 2, qui m’a paru ce qu’on a jamais écrit de plus fort contre la superstition. Je crois qu’on le trouve à Francfort ; mais j’en ai un exemplaire broché que je lui enverrai, si elle le souhaite, soit par la poste, soit par les chariots. Cette dernière voie est fort longue. L’autre est un peu coûteuse. J’attendrai ses ordres.

Je suis, avec le plus profond respect et l'attachement le plus inviolable,

monseigneur

de Votre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

  1. 1Le Recueil nécessaire, à Leipzig, 1765, in-8°, https://books.google.fr/books?id=jzQHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false contient :

  2. Avis de l’éditeur ;

  3. Analyse de la religion chrétienne (sous le nom de Dumarsais) ;

  4. 3° le Vicaire savoyard, tiré de l’Émile de Rousseau ;

  5. Catéchisme de l’Honnête Homme : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/533

  6. Sermon des Cinquante : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/447

  7. Examen important, par milord Bolingbroke (c’est-à-dire par Voltaire ) voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/205

  8. Dialogue du Douteur et de l’Adorateur : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/139

  9. Les dernières paroles d’Épictète à son fils : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Derni%C3%A8res_Paroles_d%E2%80%99%C3%89pict%C3%A8te_%C3%A0_son_fils/%C3%89dition_Garnier_1879

  10. Idées de La Mothe Le Voyer : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome23.djvu/499

2 Publié séparément en 1767 sous le titre Examen important de Milord Bolingbroke, cet ouvrage a d'abord été imprimé dans le Recueil nécessaire, sous le titre « Examen important par Milord Bolingbroke, écrit sur la fin de 1736 » , pages 151-290 de cet ouvrage : https://books.google.fr/books?id=jzQHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

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18/11/2021 | Lien permanent

Beaucoup d’artistes et d’ouvriers, des fils de marchands, d’avocats, de procureurs, s’enfuient de tous côtés ; ils vont

... -- XVIIIè siècle ou XXIè ?

-- Les deux mon président !

Pas besoin de virus pour faire s'exiler une partie non négligeable de nos jeunes et de nos ouvriers qualifiés et artisans . Un parti pris pour un enseignement purement intellectuel et théorique aux dépends du manuel, des rémunérations à la traine, une bureaucratie paralysante, des avenirs bornés, et autres joyeusetés ne sont pas faits pour stopper le flux d'une émigration nous privant de talents nécessaires . L'après-pandémie est sans doute trop proche ( NDLR -- James soupçonne ses concitoyens d'être assez raisonnables pour se faire tous vacciner . ) pour inverser tout de suite la courbe  de l'exil ( à propos, j'en ai marre de voir ces reportages uniquement ciblés sur commerciaux , vendeurs de tous poils mis en vedette dans ces foutus émirats qui immanquablement se casseront la g... un jour prochain : qui prend le pari ? Un indice : quand l'eau sera-t-elle plus rare que le pétrole ? ).

 

Rendez-vous de l'Antiquité - Les Métamorphoses d'Apulée (Lyon, 2021) |  éduscol | Ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports  - Direction générale de l'enseignement scolaire

Ô qu'ils sont savants nos enseignants : https://eduscol.education.fr/566/les-rendez-vous-de-l-antiquite-les-metamorphoses-d-apulee

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

1er avril 1766 1

Je crois, mes anges, que le petit ex-jésuite me fera tourner la tête. Il est au désespoir d’avoir choisi un sujet qui n’est pas dans les mœurs présentes ; il dit que ce n’est pas assez de bien faire, et qu’il faut faire au goût du monde. Presque tous ses vers me paraissaient assez bons, mais il n’est pas encore satisfait. Il a donné depuis peu quelques coups de pinceau à son tableau du Caravage : il vous supplie de le lui renvoyer ; il jure qu’il vous le rendra bientôt avec une préface d’un de ses amis, et des notes historiques d’un pédant assez instruit de l’histoire romaine. Cela fera un petit volume qui pourra plaire à quelques gens de lettres. Tout cela sera prêt pour le retour de Roscius Lekain.

Gabriel Cramer avait commencé, sans m’en rien dire, ce recueil eu trois volumes 2, ce qui n’est pas trop bien à lui. Et pourquoi charger encore le public de ces trois boisseaux d’inutilités ? Il avoua enfin ce mystère. Il était tout prêt à imprimer une infinité de rogatons qui ne sont pas de moi ; il a fallu, pour l’en empêcher, lui donner les sottises que j’ai pu trouver sous ma main. Voilà l’histoire de cette plate édition, à laquelle je ne m’intéresse en aucune manière.

M. de Chabanon partit pour Lyon le lendemain de la lettre 3 à laquelle vous me répondez par la vôtre du 26è mars .

J’ai eu l’honneur de recevoir dans mon ermitage celui qui occupe la place que je vous destinais. Je vois bien que cette place devait être remplie par un homme aimable. Il y a deux ans que je ne suis sorti de chez moi ; il y est venu sans façon avec M. de Taulès et M. Hennin ; il s’est accoutumé à moi tout d’un coup . Il a dîné avec autant d’appétit que si ses cuisiniers avaient fait le repas. C’est, ce me semble, un homme très simple et très accommodant ; mais je doute qu’il veuille se charger du droit négatif, qui est le fondement de toutes les querelles de Genève. Au reste, il s’occupe à écouter les deux partis avec l’air de l’impartialité ; ses collègues en font autant, et tous trois sont résolus, si je ne me trompe, à brider un peu le peuple ; mais qui ne faudrait-il pas brider ?

La nouvelle milice excite de grands mécontentements dans toutes les provinces du royaume. Beaucoup d’artistes et d’ouvriers, des fils de marchands, d’avocats, de procureurs, s’enfuient de tous côtés ; ils vont par bandes dans les pays étrangers. J’ai perdu des artisans qui m’étaient extrêmement nécessaires, et j’en suis fort affligé.

Vous voyez que je réponds, mes divins anges, à tous vos articles ; et, afin de ne laisser rien en arrière, j’ai lu les critiques de mon aîné d’Olivet sur Racine 4. Mon aîné est un peu vétillard 5; mais il faut qu’il y ait de ces gens-là dans notre république des lettres. Mon ex-jésuite est à vos pieds, et moi aussi ; nous attendons tous deux la plus voyageuse des tragédies. »

1 L'édition de Kehl, suivie des autres supprime le troisième paragraphe biffé sur la copie Beaumarchais .

4 Remarques sur la grammaire de Racine, 1738, réédité 1766, de l'abbé d'Olivet : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50814w.image

5 Terme attesté dans le dictionnaire d'Oudin dès 1640, quoique par la suite Littré ne cite pas d'exemple de ce mot en dehors de ceux qu'il trouve dans la correspondance de V* en 1766 et en 1768 .

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05/07/2021 | Lien permanent

nous ne sommes que des barbouilleurs de papier, très inutiles en ce monde

... Notre presse people correspond parfaitement à ce jugement . Son seul mérite est de donner du travail à certains, et son défaut majeur d'être des pollueurs physiques et moraux . Tout n'est pas rose en notre monde ma pauvre M'ame Michu !

 

 

« A Jacob Vernes

[vers le 20 décembre ? ] 1764 1

[…] Jean-Jacques et moi nous ne sommes que des barbouilleurs de papier, très inutiles en ce monde . Tout notre mérite est d'augmenter le commerce du chiffon . Nos vers, notre prose, nos paradoxes, nos contradictions, nos sottises ne font ni bien ni mal . Le grand point est de manger en paix à l'ombre de son figuier 2, et de se réjouir dans ses œuvres 3. Tout le reste est vanité 4 . Dieu nous tienne ne liesse . 

V.»

1 D'après le manuscrit olographe dont manque la partie supérieure ; l'édition Charles Dardier, Esaïe Gasc, 1876, propose cette date par rapprochement avec la lettre du 21 décembre 1764 à Albergati Capacelli .

2 Michée ( Prophètes mineurs, ou Douze) , IV, 4 : https://fr.wikisource.org/wiki/Bible_Segond_1910/Mich%C3%A9e#Mich%C3%A9e_4

4 Ecclésiaste, I, 14 : https://www.levangile.com/Bible-Annotee-Ecclesiaste-1-Note-14.htm . On ne peut se montrer plus pénétré du style biblique que V* ne le fait dans ces quelques lignes .

 

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24/02/2020 | Lien permanent

Je sens combien le métier est difficile et je vous jure que je ne voudrais pas le recommencer

... Parole de retraité ! 

 

 

 

« A Charles PALISSOT de MONTENOY

Je hasarde , monsieur, ce petit mot de réponse , rue du Dauphin où vous demeuriez l'année passée et où je suppose que vous êtes encore . Votre jugement sur la pièce nouvelle 1 confirme ce qu'on m'en a déjà mandé . Je sens combien le métier est difficile et je vous jure que je ne voudrais pas le recommencer .

J'ai été longtemps en peine de votre ami M. Patu . Je désire de tout mon cœur qu'il repasse par mon petit ermitage à son retour : mais il sera triste qu'il y revienne seul . Il avait un compagnon de voyage 2 que je regretterai toujours et à qui je souhaiterais un emploi auprès de mon lac hérétique plutôt qu'en terre papale .

C'est une chose bien flatteuse pour moi que Mme la princesse de Robecq 3 ait bien voulu ne pas m'oublier ; j'ambitionnais son suffrage quand elle ornait les premières loges de sa présence . Je désirais son souvenir ; je l'en remercie bien respectueusement et je vous prie de me mettre à ses pieds . Soyez sûr, monsieur, que votre souvenir n'est pas moins précieux pour moi que celui des belles princesses .

Aux Délices 15 août [1757] »

1 Iphigénie en Tauride, de Guymond de La Touche, représentée pour la première fois le 4 juin 1757 avec un grand succès .

2 Lors de son séjour en octobre 1755, Patu était accompagné de Palissot, et lors du second en novembre 1756, il était avec d'Alembert .

3 Anne-Marie de Montmorency, (1728-1760) , fille du maréchal-duc de Luxembourg et de Marie-Sophie Colbert-Seignelai,épousa en 1745 Anne-Louis-Alexandre de Montmorency , prince de Robecq . Elle mourut le 4 juillet 1760, deux mois après la représentation de la comédie Les Philosophes ( où elle se fit porter mourante) qu'elle protégea particulièrement.

 

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05/12/2012 | Lien permanent

Vous n'êtes pas homme à croire qu'un parlement a toujours raison

...

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

A Ferney , 12 octobre [1762]

Nous n'avons plus de maréchaux en France, nous avons encore un pair ; mais si mon cher et respectable monsieur de La Marche avait été là, j'aurais bien dit : Cedant arma togae 1. Allez-vous à Paris ? Quand partez-vous ? Instruisez moi un peu de votre marche … Vous allez revoir ce que vous avez de plus cher dans votre famille ; vos amis vous retrouveront . Je ne vous pardonne de quitter votre retraite que pour revoir ceux qui vous aiment . Si vous n'aviez pas cette raison, vous seriez inexcusable . Vous savez qu'on n'est bien que chez soi et avec soi . Vous possédez à La Marche le plus bel empire, celui de vous-même . Que n'ai-je pu y être un de vos sujets ! Je vous demande en grâce, mon grand magistrat, de vous faire donner, quand vous serez à Paris , le mémoire à consulter des Calas , signé par quinze avocats . M. d'Argental vous le procurera facilement . Vous n'êtes pas homme à croire qu'un parlement a toujours raison . Je m'en rapporte à votre jugement sur cette affaire comme sur bien d'autres . Vous aimez la justice et la vérité encore plus que l'intérêt des classes 2.

Conservez votre santé, votre gaieté et vos bontés pour moi .

V. »

1 Que les armes le cèdent à la toge ; Cicéron, De officiis, I, xxii, 82 .

2 Les différentes classes composant le parlement . V* continue sa campagne clairvoyante contre la fronde des parlements , qui sera l'une des causes de la chute de la monarchie française . Voir : https://www.cairn.info/revue-parlements1-2011-1-page-114.htm

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11/09/2017 | Lien permanent

C'est un parti pris et c'est un parti raisonnable

... Assigné à résidence, ça me rappelle la mise aux arrêts de rigueur . Reste la liberté de parole et de pensée, essentielles . Faisons contre mauvaise fortune bon coeur .

 

 

« A François Tronchin

Conseiller d’État

rue des Chaudronniers

à Genève

[12 janvier 1765] 1

Mon cher ami voici ma démission . C'est un parti pris et c'est un parti raisonnable . Je vous demande seulement qu'il soit secret .

Vous m'avez enchanté par vos sentiments fermes et nobles . Je me flatte que tous vos confrères penseront avec la même grandeur d'âme , et qu'un godenot 2, insensé et malhonnête homme ne triomphera pas d'une compagnie de magistrats sages et vertueux .

Soyez d'ailleurs très persuadé que Mme la duchesse de L...3 n'a jamais parlé ni su parler de médiation, qu'elle n'influera rien sur vos affaires . Tenez pour certain que M. le duc de P***4 méprise Jean-Jacques comme il le doit . Que le Conseil soit ferme et tout ira bien . Mes respects je vous prie à tout Tronchin.

V. »

1 Datée par Tronchin sur le manuscrit .

2 Un godenot est une figurine qu'escamotaient les joueurs de gobelets ; par extension c'est un vilain petit bonhomme .

3 Duchesse de Luxembourg . V* dit curieusement qu'il n’est pas question de médiation de sa part, alors qu'il vient précisément de la solliciter ; voir lettre du 9 janvier 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/17/c-est-un-exercice-qui-apprend-a-la-fois-a-bien-parler-et-a-bien-prononcer-e.html

4 Duc de Praslin .

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24/03/2020 | Lien permanent

je l'ai trouvé malade et un peu dégoûté des vanités de ce monde . Il vous rendra dans quelque temps des réponses plus po

... Emmanuel Macron ? Malade et dégoûté des vanités : ça se saurait, et actuellement ça ne se voit pas, tant mieux pour certains, tant pis pour quelques malveillants opposants . Le confinement agace, surtout quand son arrêt est hypothétique .

https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/04/14/espoir-humilite-contrition-l-allocution-d-emmanuel-macron-vue-par-les-editorialistes_6036493_823448.html

Dessins humoristiques et caricatures sur l'actualité et les ...

 

 

 

« A Henri-Louis Lekain

Mon cher grand acteur, je suis bien paresseux, mais je songe toujours à vous ; j'ai parlé à notre ex-jésuite ; je l'ai trouvé malade et un peu dégoûté des vanités de ce monde . Il vous rendra dans quelque temps des réponses plus positives . Il vous aimera toujours bien tendrement ; voilà ce qui est très certain . Il voit avec douleur Melpomène abandonnée pour la foire . Il dit que les jours de la décadence sont arrivés . Il prétend qu'à moins de quelque prodige, qu'il n'est pas permis d’attendre, votre théâtre sera désert . Pour moi j'ai détruit celui où vous avez joué si bien Tancrède avec Mme Denis . Je me suis réduit à la vie philosophique . Les plaisirs bruyants ne sont plus faits pour moi . Vous penserez de même quand vous aurez mon âge .

Adieu, je vous embrasse ; je vous souhaite un autre siècle, d'autres auteurs, d'autres acteurs et d'autres spectateurs.

28è janvier 1765. »

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14/04/2020 | Lien permanent

assurément je vous remercie de tout mon cœur de l'amitié que vous me témoignez dans toutes les occasions

... Mam'zelle Wagnière .

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« A Claude-Germain Le Clerc de Montmercy

10 février 1765 1

Je vous remercie bien tard, mon cher confrère en Apollon, mais assurément je vous remercie de tout mon cœur de l'amitié que vous me témoignez dans toutes les occasions . Il est vrai que j'ai peu d'obligation à M. Robinet . C'est un grand indiscret, sans doute, que ce M. Robinet qui publie ainsi les secrets des gens qu'il ne connait pas, et le tout pour vingt-cinq louis d'or ; en vérité, c'est trop payé . Encore s'il avait imprimé fidèlement mes secrets, il n'y aurait que demi-mal ; il ressemble aux honnêtes gens qui pendent les autres en effigie ; ils ne s'embarrassent pas que le portrait soit ressemblant . Les beaux vers que vous avez bien voulu faire pour moi me consolent ; vous faites mon apothéose quand d'autres me damnent . Ma santé et ma vue s’affaiblissent tous les jours . Je serais bien fâché de mourir sans avoir pu souper entre vous et M. Damilaville, à qui j'adresse ce petit billet pour vous . Je supprime toutes les cérémonies, le sentiment ne les admet pas.

V. »

1 La lettre à laquelle répond V* n'est pas connue . Voir lettre du 12 décembre 1764 à Montmercy : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/02/14/le-plus-dangereux-des-metiers-de-ce-monde-est-donc-celui-d-aimer-la-verite.html

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01/05/2020 | Lien permanent

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