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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

je n'ai jamais été si heureux que je le suis, quoique malade et vieux

... Heureusement pour moi , je ne suis ni l'un ni l'autre , pour autant que je sache .

 

« A Cosimo-Alessandro Collini, secrétaire

intime de Son Altesse Sérénissime Électorale

à Manheim

Au château de Ferney par Genève

29è décembre 1760

Les hivers me sont toujours un peu funestes, mon cher Collini, vous connaissez ma faible santé . Je ne peux vous écrire de ma main ; j'attendrai que la foule des compliments du jour de l'an soit passée, pour importuner d'une lettre Son Altesse Électorale, et pour lui présenter mon tendre et respectueux attachement . J'ai bien peur de n'être plus en état de venir lui faire ma cour ; je mourrai avec le regret de n'avoir pu finir notre affaire de Francfort ; vous savez que les évènements s'y sont opposés ; on est obligé de recommencer sur nouveaux frais quand on croyait avoir tout fini ; ce qui ne me paraissait pas vraisemblable est arrivé ; soyez bien sûr que si les affaires se tournent d'une manière plus favorable, je poursuivrai celle qui vous regarde avec la plus grande chaleur . Je m'imagine que vous aurez de beaux opéras cet hiver . Vous finirez par les faire vous-même et vous plairez à la cour en vers et en prose 1. Les hivers sont d’ordinaire fort agréables dans les cours d'Allemagne ; pour moi je passerai mon hiver dans mes campagnes . Il faut que je cultive mon petit territoire, j'ai environ deux lieues de pays à gouverner ; les choses sont bien changées de ce que vous les avez vues ; je n'ai jamais été si heureux que je le suis, quoique malade et vieux ; je voudrais que vous partageassiez mon bonheur.

V. »

1 Le passage cet hiver . …... en vers et en prose soigneusement biffé d'une main étrangère sur le manuscrit manque dans les éditions .

 

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29/12/2015 | Lien permanent

on dit qu’il y a des aveugles qui donnent des coups de pied dans le ventre de ceux qui veulent leur rendre la lumière

toutatis dieu-gaulois.jpg

http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.lyon-pas...

« A Michel-Ange-André Le Roux Deshautesrayes

 

21 décembre [1760 ]

 

                                      Monsieur,

                            J’avais déjà lu vos Doutes [Doutes sur la dissertation de M. de Guignes, qui a pour titre : Mémoire dans lequel on prouve que les Chinois sont une colonie égyptienne.]. Ils m’avaient parus des convictions. Je suis bien flatté de les tenir de la main de l’auteur même. Les langues que vous possédez et que vous enseignez sont nécessaires pour connaître l’Antiquité, et cette connaissance de l’Antiquité nous montre combien on nous a trompé en tout. C’est l’empereur Camhi [Kyang-Hi (1661-1721)], autant qu’il m’en souvient, qui montra à frère Parennin, jésuite de mérite et mandarin, un vieux livre de géométrie dans lequel il est dit que la proposition du carré de l’hypothénuse était connue du temps des premiers rois [ce que Parennin a écrit à Dortous de Mairan (Lettres édifiantes et curieuses). V* ajoute ce fait en 1761 en l’honneur des Chinois dans l’Essai sur les Mœurs.]. Les Indiens revendiquent cette démonstration. Ce petit procès littéraire au bout du monde dure depuis 4 ou 5  mille ans, et nous autres qu’étions-nous il y a 20 siècles ? Des barbares qui ne savions pas écrire, mais qui égorgions des filles et des petits garçons à l’honneur de Teutatès, comme nous en avons égorgé en 1572 à l’honneur de st Barthélemy.

 

                            Un officier qui commande dans un fort près du Gange [Louis-Laurent de Féderbe, chevalier de Maudave] et qui est l’ami intime d’un des principaux bramines m’a apporté une copie des 4 Vedams qu’il assure être très fidèle [L’Ezour-Veidam que V* va donner à la bibliothèque royale l’été 1761, est un apocryphe écrit sans doute par les jésuites de Pondichéry pour amener les Indiens vishnouistes au catholicisme. V* ajoutera un chapitre sur les brahmanes, le Veidam et l’Ezour-Veidam dans son Essai et indiquera cette addition le 3 mars 1761 dans le Journal encyclopédique.]. Il est difficile que ce livre n’ait au moins 5 mille ans d’antiquité. C’est bien à nous qui ne devons notre sacrement de baptême qu’aux usages des anciens Gangarides qui passèrent chez les Arabes et que N.S. J.-C. a sanctifiés, c’est bien à nous vraiment de combattre l’antiquité de ceux qui nous ont fourni du poivre de toute antiquité ! Le monde est bien vieux. Les habitants de la Gaule cisalpine sont bien jeunes et souvent bien  sots  ou bien fous. Si quelqu’un peut les rendre plus raisonnables c’est vous, Monsieur, mais on dit qu’il y a des aveugles qui donnent des coups de pied dans le ventre de ceux qui veulent leur rendre la lumière. Je suis plein d’estime pour vous, Monsieur, et des plus respectueux sentiments.

 

                            V. »

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21/12/2009 | Lien permanent

Je ne sais quel contretemps a pu retarder un présent si flatteur pour moi

 ... Serait-ce un passé déplorable ?

 Mes vingt premières années ? ou les suivantes ?

 http://www.dailymotion.com/video/xveyuw_jean-louis-aubert-vingt-ans-clip-officiel_music#.UehexW1cXpc

Alone ?

Think pink !

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« A Jean-Louis AUBERT

abbé

Aux Délices 22 mars 1758 1

Je n'ai reçu, monsieur, que depuis très peu de jours dans ma campagne où je suis de retour, la lettre 2 pleine d'esprit et de grâces dont vous m'avez honoré, accompagnée de votre livre qui me rend encore votre lettre plus précieuse . Je ne sais quel contretemps a pu retarder un présent si flatteur pour moi . J'ai lu vos fables avec tout le plaisir qu'on doit sentir quand on voit la raison ornée des charmes de l'esprit . Il y en a qui respirent la philosophie la plus digne de l'homme . Celles du merle, du patriarche, des fourmis sont de ce nombre . De telles fables sont du sublime écrit avec naïveté . Vous avez le mérite du style, celui de l'invention, dans un genre où tout paraissait avoir été dit . Je vous remercie et je vous félicite . Je donnerais ici plus d'étendue à tous les sentiments que vous m'inspirez si le mauvais état de ma santé me permettait les longues lettres . Je peux à peine dicter mais je ne suis pas moins sensible à votre mérite et à votre présent .

J'ai l'honneur d'être, avec toute l'estime que je vous dois . »

1 Jean-Louis Aubert ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Abb%C3%A9_Aubert

Aubert répondra  par les vers que voici :
Ma muse n'est pas assez vaine
Pour espérer, par ses essais,
Égaler les brillants succès
De l'ingénieux La Fontaine:
Elle connaît tout le danger
Du goût décidé qui l'entraîne
Mais tu daignas l'encourager,

2 Cette lettre est du 10 février 1758, (Besterman) : Voir page 357 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f360.image . L'abbé Aubert y demande à V* « que l'auteur de la Henriade sacrifie quelques moments à la lecture d'une cinquantaine de fables et qu'il daigne écrire ce qu'il en pense ». Ces Fables nouvelles, avec un discours sur la manière de lire les fables, ou de les réciter avaient été publiées à Amsterdam en 1756, sous le nom de M***. Voir ; http://books.google.fr/books?id=U7MWAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

 

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18/07/2013 | Lien permanent

il ne vous resterait, après avoir perdu votre argent, que la honte et le danger d'avoir imprimé un ouvrage scandaleux

 http://www.deezer.com/music/track/14529547

Mr Grasset François, Your heart is as black as the night  !

grasset25mai1755_895.JPG

 Et une belle version de I put a spell on you , juste pour rappeler des souvenirs de slows qu'on trouvait toujours trop courts :  http://www.deezer.com/music/track/14529548

C'était des hiers : Yesterdays :

http://www.deezer.com/music/track/14769765

Qui sont un seul Yesterday :

http://www.paroles-musique.com/paroles-The_Beatles-Yester...

 

 

« A M. GRASSET 1

Aux Délices, le 26 mai [1755]

On m'a renvoyé de Paris, monsieur, une lettre que vous avez écrite au sieur Corbi. Vous lui mandez que vous allez faire une édition d'un poème intitulé la Pucelle d'Orléans, dont vous me croyez l'auteur, et vous le priez de la débiter à Paris. On m'a envoyé, en même temps, des lambeaux du manuscrit que vous achetez. Je dois vous avertir que vous ne pouvez faire un plus mauvais marché; que ce manuscrit n'est point de moi; que c'est une infâme rapsodie aussi plate, aussi grossière qu'indécente; qu'elle a été fabriquée sur l'ancien plan d'un ouvrage que j'avais ébauché il y a trente ans, que c'est l'ouvrage d'un homme qui ne connaît ni la poésie, ni le bon sens, ni les mœurs, que vous n'en vendriez jamais cent exemplaires et qu'il ne vous resterait, après avoir perdu votre argent, que la honte et le danger d'avoir imprimé un ouvrage scandaleux. J'espère que vous profiterez de l'avis que je vous donne ; je serai d'ailleurs aussi empressé à vous rendre service qu'à vous instruire du mauvais marché qu'on vous propose. Si vous voulez m'informer de ce que vous savez sur cette affaire, comme je vous informe de ce que je sais positivement, vous me ferez un plaisir que je reconnaîtrai, étant tout à vous.
VOLTAIRE, gentilhomme ordinaire du roi. »

1 François Grasset,(1722-1789) né à Lausanne, où il fut libraire, est souvent nommé dans la Correspondance, de 1755 à 1760. Il se fit l'instrument des adversaires de V* par ses publications . Son frère cadet Gabriel, après avoir travaillé avec les frères Cramer, s'établit à son compte et publia V* qui le fit venir chez lui en 1763 . Quant à Corbi, digne correspondant de Grasset, son nom est écrit tantôt Corbo, Corbie, et tantôt Corbier, dans les lettres originales de Voltaire. C'était un facteur en librairie, à Paris. (CL.)

 

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26/01/2012 | Lien permanent

entamer des négociations . Cela vaut mieux que d'entamer des provinces

... Et les ruiner , n'est-ce pas messieurs les gros capitalistes ? Mais bon, le partage ne vous intéresse que si vous avez le gâteau et l'ouvrier les miettes tombées de la table .

 entamer des négociations.jpg

 A l'est tout est nouveau !

 

« A Jean-Robert Tronchin

banquier à Lyon

Aux Délices 13 septembre [1757]

Je crains toujours les prêtres ; ce chanoine de Soleure m’excommuniera . Mais il faut s'armer de patience contre les excommunications injustes . Je vous ai déjà fait ma confession , mon cher correspondant, je vous ai accusé un petit tonneau contenant non pas cent cinquante bouteilles mais cent trente trois demi-bouteilles 1, tonneau arrivé à Genève, tonneau envoyé dans ma petite cave par M. Cathala, tiré le lendemain, essayé le surlendemain et bu en partie à votre santé . Je suis innocent, tirez-vous d'affaire avec l’Église comme vous pourrez . Pour moi je m'en lave les mains et surtout le gosier .

Oui, j'ai reçu toutes les pancartes palatines 2 et je vous demande pardon si je ne vous l'ai pas dit en son temps car je voudrais être exact . On dit qu'on parle à La Haye d'entamer des négociations . Cela vaut mieux que d'entamer des provinces . Est-ce que le ministère de France voudrait rendre la Maison d’Autriche toute puissante pour avoir le plaisir de se venger aujourd'hui et pour être accablé un jour ? Mais il ne m'appartient que de meubler ma maison de Lausanne et de planter des pêchers aux Délices . Mme Denis se joint à moi pour vous remercier de toutes vos bontés .

Nous avons diné hier chez le docteur et nous dinons aujourd’hui chez monsieur votre frère avec les inoculés 3.

V. »

2 Les accords écrits concernant le prêt en viager de 130 000 livres à l’Électeur palatin, reçus début août 1757 de la part de « Son excellence monsieur le baron de Becker [Heinrich Anton von Beckers] ministre d’État et de conférence à Manheim » et voir lettre de l’Électeur palatin Charles Théodore du 15 août 1757 : page 246 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f249.image

3 Inoculation de la variole, ancêtre du vaccin, par le  docteur  Théodore Tronchin . Le frère ici, est François .

 

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20/12/2012 | Lien permanent

j’ai demandé une belle ratification du traité

... dit le maire de Sanary-sur-Mer, Ferdinand BERNHARD qui ne craint pas le ridicule :

https://actu.orange.fr/france/confinement-comme-il-y-a-toujours-de-bonnes-raisons-de-sortir-un-maire-interdit-de-s-eloigner-a-plus-de-10-m-de-chez-soi-magic-CNT000001oV0ZR.html

L'enfer est pavé de bonnes intentions ! Et l'incohérence est fille de l'ignorance et du trouillomètre à zéro .

Si mon maire le décidait ainsi, je ne pourrais pas même aller à ma boite aux lettres, ni sortir ma poubelle, ni jeter mes déchets végétaux sur le tas de compost .

Le numéro du 12 mars du Courrier international est illustré par une caricature d'André-Philippe Côté.

Conseil municipal  à Sanary-sur-Mer

 

 

« A Sébastien Dupont, Avocat au

Conseil souverain d'Alsace

à Colmar

15è janvier 1765 à Ferney 1

J’ai suivi vos conseils, mon cher ami ; j’ai demandé une belle ratification du traité, avec une expédition des registres de la chambre de Montbéliard. On aime tant à se flatter, que j’ose toujours espérer, malgré mon triste état, de vous voir au printemps, et d’examiner ce Montbéliard. Il y a des gens devers la Franche-Comté qui prétendent que la créance n’est nullement assurée ; mais je m’en rapporte plus à vous, qui êtes instruit du fond de l’affaire, qu’à ces messieurs, qui n’ont que des doutes vagues, et fondés seulement sur la défiance qu’on a toujours des princes. Cette défiance est encore fortifiée par les querelles de M. le duc de Virtemberg avec ces États. On dit que ces querelles sont plus vives que jamais ; elles n’ont heureusement rien de commun avec les terres d’Alsace et de Franche-Comté. M. de Montmartin est un brave et honnête gentilhomme qui n’aurait pas voulu me tromper ; ainsi je crois que je puis me livrer à une douce sécurité.

Nous avons à Ferney un de vos compatriotes ; c’est M. le chevalier de Boufflers, un des plus aimables enfants de ce monde, tout plein d’esprit et de talents. Si vous étiez ici, il ne nous manquerait rien. Madame Denis qui n’écrit point, mais qui vous aime beaucoup, vous fait les plus tendres compliments. 

V.»

1 Sur le manuscrit original, mention « franco » et « par Bâle », et cachet « Basle ».

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28/03/2020 | Lien permanent

Je me crois autorisé à prendre la liberté de vous écrire ; l’amour de la vérité me l’ordonne.

... Also sprach Voltaire !

 ... und Zarathustra : https://www.youtube.com/watch?v=ETveS23djXM

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« A Louis Thiroux de Crosne

A Ferney le 30 janvier [1763 ]1

Monsieur,

Je me crois autorisé à prendre la liberté de vous écrire ; l’amour de la vérité me l’ordonne.

Pierre Calas accusé d’un fratricide, et qui en serait indubitablement coupable si son père l’eût été, demeure auprès de mes terres : je l’ai vu souvent. Je fus d’abord en défiance ; j’ai fait épier, pendant quatre mois, sa conduite et ses paroles ; elles sont de l’innocence la plus pure et de la douleur la plus vraie. Il est près d’aller à Paris, ainsi que sa mère, qui n’a pu ignorer le crime, supposé qu’il ait été commis, qui dans ce cas, en serait complice, et dont vous connaissez la candeur et la vertu.

Je dois, monsieur, avoir l’honneur de vous parler d’un fait dont les avocats n’étaient point instruits ; vous jugerez de son importance.

La servante catholique , et qui a élevé tous les enfants de Calas, est encore en Languedoc ; elle se confesse et communie tous les huit jours ; elle a été témoin que le père, la mère, les enfants, et Lavaysse, ne se quittèrent point dans le temps qu’on suppose le parricide commis. Si elle a fait un faux serment en justice pour sauver ses maîtres, elle s’en est accusée dans la confession ; on lui aurait refusé l’absolution ; elle ne communierait pas. Ce n’est pas une preuve juridique ; mais elle peut servir à fortifier toutes les autres ; et j’ai cru qu’il était de mon devoir de vous en parler.

L’affaire commence à intéresser toute l’Europe. Ou le fanatisme a rendu une famille entière coupable d’un parricide, ou il a fasciné les yeux des juges jusqu’à faire rouer un père de famille innocent ; il n’y a pas de milieu. Tout le monde s’en rapportera à vos lumières et à votre équité.

J’ai l’honneur d’être avec respect, etc.»

1 V* a écrit une lettre similaire à d'Aguesseau, qui est perdue ( voir lettre du 4 février 1763 à Damilaville , datée ici du 1er février : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-5.html

) et celle du 30 janvier 1763 à Debrus .

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27/12/2017 | Lien permanent

Je ne puis attendre votre réponse que quinze jours . La situation cruelle où je suis ne me permet pas un plus long délai

... C'est dans l'esprit de Volodymyr Zelensky et il le fait savoir au reste du monde démocratique tant qu'il en reste : https://www.20minutes.fr/monde/ukraine/4041165-20230614-g...

Deux semaines avec Volodymyr Zelensky

 

 

 

« Au Conseil suprême de Montbéliard

Au château de Ferney par Genève 28è novembre 1767

Messieurs,

Je reçois la lettre dont vous m’honorez du 21 novembre . Vous me dites que M. Jeanmaire me destine dix mille francs . Ce n'est pas assez que cette somme me soit destinée, elle aurait dû être payée . Il doit ajouter à ces dix mille livres deux mille sept cents livres que Mgr le duc de Virtemberg avait ordonné qu'on me payât .

Plus neuf cents livres que j'ai déboursées pour assurer mes droits contre mes cocréanciers.

Plus deux mille livres que j'avais demandées pour acquitter des dettes pressantes . Le tout se monte à quinze mille six cents livres, pour article préliminaire .

Je demande quinze autres mille livres à la fin du mois de janvier prochain .

J’insiste pour tout le reste sur des délégations irrévocables, tant pour moi que pour mes neveux et nièces, lesquels ont des rentes viagères après moi sur les terres de Montbéliard, en vertu de contrats passés à Colmar entre Mgr le duc de Virtemberg et moi .

J'ai écrit en conformité à mon avocat à Besançon, qui a dû faire ces propositions aux vôtres .

J'écris aussi à Son Altesse Sérénissime . Je vous prie d'observer, messieurs, que les marchands de Lyon ne doivent point passer avant moi ; que M. Turckeim n'a eu aucun droit de s'emparer de la terre d'Hosteim qui m'est hypothéquée dès l'année 1753 ; que M. Dietrich a encore moins de droit de m'être préféré pour les cent cinquante mille mille 1 livres qu'il a prêtées depuis la date de mes hypothèques ; et que je suis incontestablement le premier créancier .

Vous savez combien les rentes viagères sont privilégiées . Un homme de soixante et quinze ans est excusable d’exiger la pension alimentaire qu'il s'est conservée . Je ne puis attendre votre réponse que quinze jours . La situation cruelle où je suis ne me permet pas un plus long délai .

J'ai l'honneur d'être, avec tous les sentiments que je vous dois,

messieurs

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Lapsus calami pour ce deuxième mille .

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15/06/2023 | Lien permanent

il importe qu'on ne fasse point une guerre de barbares

... Ce dont se fiche complètement ce damnable Poutine capable du plus lâche , du pire : https://actu.orange.fr/monde/ukraine-les-evacuations-cont...

https://images.laprovence.com/media/afp/7de09f07a59d6d682e354d5644722c32d58269a0.jpg?twic=v1/crop=1730x972@0x0/cover=1140x641

Travail d'un nuisible

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire

Intime, et Historiographe de Son Altesse Sérénissime

à Manheim

11è novembre 1767 à Ferney

Mon cher ami, oublierez-vous toujours que j'ai soixante-quatorze ans ? que je ne sors presque plus de ma chambre ? Il s'en faut peu que je ne sois entièrement sourd et aveugle . Vous m'écrivez comme si j'avais votre jeunesse et votre santé. Soyez très sûr que si je les avais, je serais à Manheim ou à Schwetzingen.

Il y aura toujours un peu de nuage sur la lettre amère de l'électeur au maréchal de Turenne . Ce fait, entre nous, n'est pas trop intéressant, puisqu'il n'a rien produit. C'est un pays en cendre qui est intéressant. Il importe peu au genre humain que Charles-Louis ait défié Maurice de La Tour 1 mais il importe qu'on ne fasse point une guerre de barbares.

Gatien de Courtilz, caché sous le nom de Du Buisson 2, avait déjà été convaincu de mensonges imprimés par l'illustre Bayle, avant que le marquis de Beauvau eût écrit. Il est donc très vraisemblable que le marquis de Beauvau n'eût point parlé du cartel s'il n'avait eu que Gatien de Courtilz pour garant 3. Bayle, qui reproche tant à ce Courtils Du Buisson, ne lui reproche rien sur le cartel. Il faut donc douter, mon cher ami de las cosas mas seguras, la mas segura es dudar 4. Mais ne doutez jamais de mon estime et de ma tendre amitié pour vous. Mme Denis vous en dit autant.

V. »

1 Ou plutôt Henri de La Tour d'Auvergne .

3 Collini a objecté à V* le 8 novembre 1767 : « Ne pourrait-on pas penser que, comme ils ne vous ont parlé du cartel que dans un temps où on avait sur cette anecdote une foule d'ouvrages imprimés, ils ont été charmés d'adopter cette histoire ? »

4 Collini a complété l'aphorisme espagnol en ajoutant la mia segura avant es dudar . Traduction : des choses les plus sûres, [la plus sûre] est de douter .

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07/06/2023 | Lien permanent

Adieu, faites des cocus comme Maxime , mais ne les tuez pas

... Petit encouragement d'un conseiller au président de la République pour ses entrevues avec ses opposants et partisans (s'il en reste ) .

Order-cuckoldry-ca1815-French-satire.jpg

Un nouveau parti, celui des cocu.e.s, majoritaire absolu

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

2è février 1769

Vraiment oui, des détails ! Il faut attendre une seconde édition 1, mon cher ami . C'est alors qu'on donne des coups de rabot avec plus de plaisir . Je n'ai point la pièce, elle est entre les mains du gros Rieu que vous connaissez, on va l'imprimer dans le recueil de théâtre qui se fait à Genève 2. Si vous aimez les épluchures je vous en enverrai quand vous la ferez imprimer à Paris ; ce n'est pas un mauvais signe quand un ouvrage fait souhaiter qu'on lui donne un peu plus d'étendue ; la plupart font désirer tout le contraire .

Je me suis fort intéressé aux scènes de ce fripon de prêtre 3, que notre cher La Borde a prises un peut tragiquement. Il y a des traits de ce sycophante qu'on devrait imprimer à la suite du Tartuffe . Celles que donnent actuellement les comédiens au public sont dignes de notre siècle 4. Tout ce que l'on m'écrit me fait aimer ma retraite en mes montagnes . Je regrette peu de choses, mais je regretterai toujours les jours charmants que j'ai eu le bonheur de passer avec vous . Adieu, faites des cocus comme Maxime 5, mais ne les tuez pas . 

V.»

1 V* désirait inclure Eudoxie dans le Théâtre français, 1717-1769 ; mais ce recueil fut achevé avant que la pièce de Chabanon, Eudoxie fut prête . Voir Samuel Taylor « La collaboration de Voltaire au théâtre français(1767-1769 », Étudies on Voltaire and the Eighteenth Century (1961), XVIII, p. 57-75.

4 Celles représente dans cette phrase les scènes, à savoir celles que les Comédiens-Français offrent au public par leurs disputes, ou peut-être les pièces qu'ils jouent ; voir lettre du 13 février 1769 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/18/venons-maintenant-aux-histrions-c-est-le-pays-de-l-infidelite-comme-de-la-t.html

5 Maxime est un personnage d'Eudoxie .

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23/08/2024 | Lien permanent

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