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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

il ne m’est pas permis de parler d’un si grand homme sans le connaitre

http://www.youtube.com/watch?v=kILbhPUe8LE&feature=re...

 Puisqu'il va être question de bagatelles, avez-vous apprécié celle qui précède ?

« A Jean-Baptiste-Nicolas Formont

 

 

A Paris ce samedi [6 décembre 1732]

 

 

                            Il y a mille ans, mon cher Formont, que je ne vous ai écrit ; j’en suis plus fâché que vous. Vous me parliez dans votre dernière lettre de Zaïre et vous me donniez de très bons conseils. Je suis un ingrat de toutes façons. J’ai passé deux mois  sans vous en  remercier et je n’en ai pas assez profité. J’aurai dû employer une partie de mon temps pour vous écrire et l’autre à corriger Zaïre. Mais je l’ai perdu tout entier à Fontainebleau à faire des querelles entre les actrices  pour les premiers rôles et entre la reine  et les princesses pour faire jouer des comédies, à former de grandes factions pour des bagatelles et à brouiller toute la cour pour des riens [V* tenait à faire jouer sa Mariamne à Fontainebleau devant la cour, et à empêcher qu’on en jouât la Critique comme le voulait le duc de Mortemart . Il se forma deux partis, V* obtint l’appui de la reine et eut gain de cause . Il en parle le 19 octobre dans sa lettre à Mlle de Lubert. Le 28, Mathieu Marais en donna des précisions à Bouhier]. Dans les intervalles que me laissaient ces importantes billevesées je m’amusai à lire Newton au lieu de retoucher notre Zaïre. Je suis enfin déterminé à faire paraître ces Lettres anglaises, [Il avait commencé à les composer au printemps 1728 Letters concerning the English nation, publiées à Londres en 1733 par les soins de Thiriot. En 1732, il les rédige en français. Dès le 26 octobre 1726, dans une lettre à Thiriot, V* avait déjà dit son intention de les écrire ] et c’est pour celà qu’il m’a fallu relire Newton ; car il ne m’est pas permis de parler d’un si grand homme sans le connaitre. J’ai refondu entièrement les lettres où je parlais de lui et j’ose  donner un petit précis de toute sa philosophie. Je fais son histoire et celle de Descartes. Je touche en peu de mots les belles découvertes et les innombrables erreurs de notre René. J’ai la hardiesse de soutenir le système d’Isaac qui me parait démontré. Tout cela fera quatre ou cinq lettres [finalement quatre : 14è, 15è, 16è, 17è.] que je tâche d’égayer et de rendre intéressantes autant que la matière peut le permettre ; je suis aussi  obligé de changer  tout ce que j’avais écrit à l’occasion de M. Locke [13è lettre ], parce qu’après tout je veux vivre en France, et qu’il ne m’est pas permis d’être aussi philosophe qu’un Anglais. Il me faut déguiser à Paris ce que je ne pourrais dire trop fortement à Londres. Cette circonspection malheureuse mais nécessaire me fait rayer plus d’un endroit assez plaisant sur les quakers et les presbytériens. Le cœur m’en saigne. Thiriot en souffrira [il devait en toucher les droits !]; vous regretterez ces endroits et moi aussi, mais

 

Non me fata meis patientur scribere nugas

Auspiciis, et sponte mea componere cartas.

[les destins ne me permettent pas d’écrire des bagatelles sous mes propres auspices

 et de composer à ma guise mes œuvres. ]

 

J’ai lu au cardinal de Fleury deux lettres sur les quakers desquelles j’avais pris grand soin de retrancher tout ce qui pouvait effaroucher sa dévote et sage Eminence. Il a trouvé ce qui en restait encore assez plaisant, mais le pauvre homme ne sait pas ce qu’il a perdu .Je compte vous envoyer mon manuscrit dès que j’aurai tâché d’expliquer Newton et d’obscurcir Locke .Vous me paraissez aussi désirer certaines pièces fugitives [dont l’Epitre à Uranie ; en octobre 1722, V* avait terminé une Epitre à Julie qui devint plus tard (1726) l’Epitre à Uranie , puis dès 1735, Le Pour et le Contre publié sous ce titre en 1772 ; ce poême déiste est présenté comme une réponse à Mme de Ruppelmonde en proie aux « terreurs de l’autre vie »] dont l’abbé de Sade [Jacques-François-Paul-Aldonce de Sade, oncle du célèbre marquis ] vous a parlé. Je veux vous  envoyer tout mon magasin, à vous et à M. de Cideville pour vos étrennes. Mais je ne veux pas vous donner rien pour rien. Je sais, monsieur le fripon, que vous avez écrit à Mlle de Launay [dame de compagnie de la duchesse du Maine, deviendra Mme de Staal et écrira ses Mémoires ] une de ces lettres charmantes où vous joignez les grâces à la raison, et où vous couvrez de roses votre bonnet de philosophe. Si vous nous faisiez part de ces gentillesses, ce serait en vérité très bien fait à vous et je me croirais payé avec usure du magasin que je vous destine. Notre baronne [Mme de Fontaine-Martel ] vous fait ses compliments. Tout le monde vous désire ici. Vous devriez bien venir reprendre votre appartement chez MM. des Alleurs et passer votre hiver à Paris. Vous me feriez peut-être faire encore  quelque tragédie nouvelle. Adieu ; je supplie M. de Cideville de vous dire combien je vous aime, et je prie M. de Formont d’assurer  mon cher Cideville de ma tendre amitié. Adieu. Je ne me croirai heureux que quand je pourrai passer ma vie entre vous deux. Mille compliments à MM. De Bourgtroulde [Du Bourg-Théroulde : Jean-Baptiste-François Lecordier de Bigars, marquis de La Londe, président à mortier à Rouen ] et Brevedent.

 

 

                            Voltaire. »

Le piano est un instrument à percussions, vous pourrez voous en rendre compte avec l'interprètation de cette bagatelle par Richter, slave au caractère enflammé , mais aussi nuancé :

http://www.youtube.com/watch?v=DUruIjvHsKw&feature=re...

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06/12/2009 | Lien permanent

nous ne demandons point d'éclat, nous ne voulons que justice

... Ainsi aurait pu s'exprimer Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères à propos de l'aide à apporter à l'Ukraine :

https://www.leparisien.fr/international/direct-guerre-en-ukraine-la-russie-dit-avoir-dejoue-de-nouvelles-attaques-de-drones-ukrainiens-29-08-2023-WUKFBT4KWFCCNPXT4W3JJMHWC4.php

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

23è janvier 1768

Mon cher ange, c'est une grande consolation pour moi que vous ayez été content de M. Dupuits. Il me paraît qu'il vaut mieux que le Dupuis de Des Ronais 1. Je souhaite à M. le duc de Choiseul que tous les officiers qu'il emploie soient aussi sages et aussi attachés à leur devoir. Je l'attends avec impatience, dans l'espérance qu'il nous parlera longtemps de vous.

Que je vous remercie de vos bontés pour Sirven ! Il faut être aussi opiniâtre que je le suis, pour avoir poursuivi cette affaire pendant cinq ans entiers, sans jamais me décourager. Vous venez bien à propos à mon secours. Je sais bien que cette petite pièce n'aura pas l'éclat de la tragédie des Calas mais nous ne demandons point d'éclat, nous ne voulons que justice.

Votre citation du chien qui mange comme un autre du dîner qu'il voulait défendre est bien bonne; mais je vous supplie de croire par amitié, et faire croire aux autres par raison et par l'intérêt de la cause commune, que je n'ai point été le cuisinier qui a fait ce dîner 2. On ne peut servir dans l'Europe un plat de cette espèce qu'on ne dise qu'il est de ma façon. Les uns prétendent que cette nouvelle cuisine est excellente, qu'elle peut donner la santé, et surtout guérir des vapeurs. Ceux qui tiennent pour l'ancienne cuisine disent que les nouveaux Martialo 3 sont des empoisonneurs. Quoi qu'il en soit, je voudrais bien ne point passer pour un traiteur public. Il doit être constant que ce petit morceau de haut goût est de feu Saint-Hyacinthe. La description du repas est de 1728. Le nom de Saint-Hyacinthe y est; comment peut-on, après cela, me l'attribuer? quelle fureur de mettre mon nom à la place d'un autre! Les gens qui aiment ces ragoûts-là devraient bien épargner ma modestie.

Sérieusement, vous me feriez le plus sensible plaisir d'engager M. Suard à ne point mettre cette misère sur mon compte. C'est une action d'honnêteté et de charité de ne point accuser son prochain quand il est encore en vie, et de charger les morts à qui on ne fait nul mal. En un mot, mon cher ange, je n'ai point fait et je n'aurai jamais fait les choses dont la calomnie m'accuse.

Les envieux mourront, mais non jamais l'envie 4. Ayez la bonté , je vous prie , de parler à M. Suard s'il vient chez vous 5.

Puis-je espérer que mon cher Damilaville aura le poste qui lui est si bien dû ? Il est juste qu'il soit curé après avoir été vingt ans vicaire.

J'ai une autre grâce à vous demander; c'est pour ma Catherine. Il faut rétablir sa réputation à Paris chez les honnêtes gens. J'ai de fortes raisons de croire que MM. les ducs de Praslin et de Choiseul ne la regardent pas comme la dame du monde la plus scrupuleuse ; cependant je sais, autant qu'on peut savoir, qu'elle n'a nulle part à la mort de son ivrogne de mari : un grand diable d'officier aux gardes Préobazinsky, en le prenant prisonnier, lui donna un horrible coup de poing qui lui fit vomir du sang; il crut se guérir en buvant continuellement du punch dans sa prison, et il mourut dans ce bel exercice 6. C'était d'ailleurs le plus grand fou qui ait jamais occupé un trône. L'empereur Venceslas n'approchait pas de lui.

A l'égard du meurtre du prince Yvan, il est clair que ma Catherine Catherine n'y a nulle part. On lui a bien de l'obligation d'avoir eu le courage de détrôner son mari, car elle règne avec sagesse et avec gloire; et nous devons bénir une tête couronnée qui fait régner la tolérance universelle dans cent trente-cinq degrés de longitude. Vous n'en avez, vous autres, qu'environ huit ou neuf, et vous êtes encore intolérants. Dites donc beaucoup de bien de Catherine, je vous en prie, et faites-lui une bonne réputation dans Paris.

Je voudrais bien savoir comment Mme d'Argental s'est trouvée de ces grands froids . Je suis étonné d'y avoir résisté. Conservez votre santé, mon divin ange je vous adore de plus en plus.

V. »

 

1 Allusion au Dupuis de la pièce Dupuis et Des Ronais, de Charles Collé, 1759 : https://books.google.fr/books?id=lks6AAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q=dupuis&f=false

Ce Dupuis n'est qu’une pâle copie du véritable Dupuis de Robert Challe ; le « vieux Dupuis » et surtout du neveu de celui-ci, « Dupuis le libertin », auquel on se demande si V* ne songe pas aussi ; voir les Illustres françaises, respectivement Histoire de M. des Ronais et de Mlle Dupuis, et Histoire de Dupuis et de Mme de Londé.Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Illustres_Fran%C3%A7aises

2 Le Dîner du comte de Boulainvilliers .

3 François Massialot , auteur d'un célèbre raté de cuisine, Le Cuisinier royal et bourgeois, 1691,cuisinier que Voltaire a nommé dans le vers 37 du Mondain : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Mondain

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k108571q/f10.item

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Massialot

5 Cette phrase biffée sur la copie Beaumarchais manque dans toutes les éditions.

6 V* remarque dans les Notebooks (II, 335), à la date du 19 janvier 1766 : « Le comte Rewusky m'a assuré que Pierre III n'est mort que pour avoir bu continuellement du punch dans sa prison. » Au reste tout ce paragraphe est un des meilleurs exemples de l'admiration portée par V* à Catherine et par-delà à la Russie .

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29/08/2023 | Lien permanent

je ne serai point surpris s'il arrive malheur à notre brillante armée, qui manque de pain

... Et bien qu'on lui donne de la brioche ! à cette grande muette, qui cependant, et je l'ai appris il y a peu, est en droit de voter après que les femmes ont eu ce même droit (n'y voyez aucun lien de cause à effet ) .

 T'as vu sa tronche ?

Demande une tranche pour voir  !

 t'en veux une tranche  t'as vu ma tronche0382.jpg

 

« A M. [Jean]-Robert TRONCHIN, banquier à Lyon

Monrion, 29 mai [1757]

Il y a bien longtemps que je ne vous ai écrit mon cher correspondant . Je vois que je ne serai instruit du sort de mon petit traité 1 avec l'Altesse électorale palatine qu'à la fin de juin cela sera plus commode pour les comptes. J'ai reçu aujourd'hui une lettre fort agréable de l'électeur, mais qui me renvoie pour les calculs à son Moras 2, et son Moras n'a point encore fini. Le roi de Prusse va un peu plus vite en besogne; on prétend qu'il administrera bientôt les finances de Vienne, comme celles de Saxe. J'augure assez mal de tout ceci, et je ne serai point surpris s'il arrive malheur à notre brillante armée, qui manque de pain.

Ma nièce et moi nous vous remercions et nous vous lutinons sans cesse . Faudra-t-il encore qu'après tous les envois dont vous avez eu la bonté de vous charger et surcharger on vous demande vos bons offices pour quatre feux de cheminée avec les petits agréments dorés et les pelles et les pincettes et les tenailles et les soufflets ? Belle commission !

Plus deux réchauds à brique, pour réchauffer nos ragoûts dans l'occasion .

Plus six livres de belle cire d'Espagne pour cacheter les petits billets qu'on vous écrira de Monrion et des Délices .

Vous avez sans doute eu la bonté de rembourser M. de La Tourette 3. Si vous avez quelque chose de nouveau sur mer ou sur terre ayez la charité d'en gratifier deux Suisses qui vous aiment de tout leur cœur .

V. »

 

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02/11/2012 | Lien permanent

Mais comment finira tout ceci ? Vaincra-t-il tous ses ennemis

... Voilà ce que je me demande au vu et au su des réactions hostiles envers Manuel Valls, et des intolérables tirs contre la police . Marseillais, réveillez-vous , jusqu'à quand allez vous taire ce que vous savez de ces criminels, jusqu'à quand ferez vous leur jeu, je vous le dis, je vous considère , à ce stade, comme complices . Le pastis prend un gout de shit, bullshit exactement .

 I hate bullshit.png

 I hate bullshit !

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
Aux Délices, 9 février [1760].
Madame, que ne dois-je point à la coquette infidèle 1 et à Alzire ! Elles m'ont valu, de la part de Votre Altesse sérénissime, des lettres dont je fais plus de cas que de la coquetterie et des tragédies. Je m'imagine que votre auguste et charmante famille a fait bien de l'honneur à l'Amérique. Il faut donc à présent chercher son plaisir dans un nouveau monde; l'ancien ne fournit aujourd'hui que des spectacles d'horreur trop vrais et trop réels pour s'en amuser.
Il est bien singulier que les Poésies du philosophe de Sans-Souci paraissent précisément dans ce temps-ci. Je ne sais pas comment les ministres de la confession d'Augsbourg et ceux de Genève prendront une certaine épître au maréchal Keith, dans laquelle le roi philosophe assure que l'âme est très-mortelle, et ces petits vers :
Allez, lâches chrétiens, etc.
Cependant le roi de Prusse ne paraît pas être à la tête d'une armée d'épicuriens; il paraît plutôt suivi de soldats stoïciens, tant il les a accoutumés à braver les peines de cette vie, apparemment dans l'espérance d'une meilleure. Quoi qu'il en soit, il faut absolument avoir cent mille braves gens à son service quand on écrit de telles choses. Le roi de Prusse est hardi l'épée et la plume à la main. Mais comment finira tout ceci ? Vaincra-t-il tous ses ennemis, et Autrichiens, et Russes, et théologiens ?
Maupertuis aurait résolu ce problème, car il prétendait qu'on pouvait prédire l'avenir en exaltant son âme. Il a apparemment laissé son secret aux deux capucins entre lesquels il est mort à Bâle.
Madame, je n'exalte point mon âme ; mais je la sens très- tourmentée de la douleur de n'être pas à vos pieds.
L'espérance console ce pauvre Suisse V. »

1 Frédéric II. Voir la lettre du 26 janvier 1760 à la duchesse : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/26/j-aurai-toujours-beaucoup-de-respect-pour-les-belles-et-tout.html

La duchesse de Saxe-Gotha avait répondu spirituellement à V* qu'elle se serait prise pour la coquette dont il parlait si elle ne venait pas de célébrer son cinquantième anniversaire, lettre du 7 février 1760 .

 

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11/02/2015 | Lien permanent

Ils furent si effarouchés de notre désordre que je n'ai plus entendu parler d'eux . J'en suis très fâché

... Nous avoue  Warren Beatty , après la cérémonie des Oscars, où accompagné de Faye Dunaway qui, emportée par son enthousiasme, avait déclaré "La la land" meilleur film au lieu de  "Moonlight" . Nouvelle pépite pour bêtisier, dans le genre bénin .

http://www.lemonde.fr/big-browser/article/2017/02/27/mauv...

 

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Mai 2017 - France : "And the new president is ... !  O sorry , I beg your pardon,  it is ... "

 

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault, Conseiller

du Parlement

à Dijon

22è mars à Ferney

Je crois monsieur que les voyageurs que vous avez eu la bonté de m'adresser auront été un peu étonnés de la cohue qu'ils trouvèrent dans un ermitage qui devrait être consacré au repos . Nous leur donnâmes la comédie et le bal, mais monsieur votre parent eut bien de la peine à trouver un lit . Ils furent si effarouchés de notre désordre que je n'ai plus entendu parler d'eux . J'en suis très fâché . Votre parent, monsieur, m'a paru infiniment aimable, dans la presse ; et j'entrevis que dans la société il doit être de la meilleure compagnie du monde .

Vous ne voulez donc pas que je boive du vin de Mme Le Bault . Vous m'avez abandonné, vous ne me jugez ni ne m'abreuvez . Je n'ai plus je crois de procès avec M. le président De Brosses mais aussi je n'ai plus de son vin de Tournay . J'ai abandonné le tout à un fermier pour éviter toute noise .

Vous avez entendu parler peut-être d'un bon huguenot que le parlement de Toulouse a fait rouer pour avoir étranglé son fils 1. Cependant ce saint réformé croyait avoir fait une bonne action, attendu que son fils voulait se faire catholique , et que c’était prévenir une apostasie . Il avait immolé son fils à Dieu, et pensait être fort supérieur à Abraham, car Abraham n'avait fait qu'obéir, mais notre calviniste avait pendu son fils de son propre mouvement, et pour l’acquit de sa conscience . Nous ne valons pas grand-chose, mais les huguenots sont pires que nous, et de plus ils déclament contre la comédie .

J'ai l'honneur d'être avec bien du respect monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Première référence de V* à l'affaire Calas . Ce doit être un jour ou deux après avoir écrit cette lettre qu'il reçut la visite dont il parle dans une lettre à Damilaville le 1er mars 1765 , car, dès le 25 mars 1762, son jugement sur l'affaire avait changé (voir lettre du 25 mars 1762 à C.P. Fyot de La Marche ) . Voir Jacques Van den Heuvel, Voltaire , L'Affaire Calas , 1975, et Besterman qui donne une chronologie de l'affaire Calas 1761-1765 . Voir aussi : http://www.monsieurdevoltaire.com/tag/affaire%20calas/

 

 

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28/02/2017 | Lien permanent

J'ai fort mauvaise opinion, monsieur, des billets de loterie et des annuités

... 

IMG billet de loterie.jpg

 

« A Ami Camp, banquier

à Lyon

16 février 1760 1

J'ai fort mauvaise opinion, monsieur, des billets de loterie et des annuités ; nous ferons certainement la campagne sur terre, et il est clair que cette campagne ne donnera pas de l'argent à la France ; les Anglais nous auront pris la Martinique, avant d'avoir signé avec nous des préliminaires . Nos billets de loterie ne s'en trouveront pas mieux ; cependant M. Tronchin fera ce qu’il lui plaira . Voici en attendant, une goutte de beaume sur mes blessures . Je vous supplie de m'accuser la réception de ces quatre lettres de change ci-jointes ; si vous pouvez les négocier avantageusement avec des gens qui aiment l'argent, ou qui veulent mettre à la tontine, vous ferez très bien .

Je me souviens toujours du vin et de l'huile que vous avez eu la bonté de me promettre . Il y a un M. de Chazel, fils du procureur du roi à Nîmes , à qui vous avez bien voulu faire passer un ballot de livres . Faites-moi le plaisir de l'instruire de la manière dont vous lui avez fait passer ce ballot qui ne lui est pas encore parvenu .

Est-il vrai qu'un nommé Pontus Bruiset 2, libraire de son métier, est à Pierre-Encise 3 avec un escroc, qui a escroqué, et imprimé les poésies du roi de Prusse, philosophe de Sans-Souci ?

Votre très humble obéissant serviteur.

V. »

1 Le même jour, Labat régla V* : « J'ai reçu de M. de Labat, baron de Grandcour, huit cents livres de France pour solde de tout compte entre nous, le 16 février 1760 . / Voltaire . Voir la lettre du 25 février 1760 à Labat : « J'ai annulé, j'annule tous billets, tout écrit à votre charge, faites-en autant à mon égard . C'est une justice qu'on n'a jamais refusée, et que sans doute vous ne refuserez pas . »

2 La personne arrêtée est Jean-Marie Bruysset et non son associé Pierre Bruysset-Ponthus ; voir lettre du 7 janvier 1760 à Darget : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/15/mon-cher-camarade-je-peux-vous-repondre-que-vous-ne-serez-ja-5534290.html

Voir : http://data.bnf.fr/12243517/jean-marie_bruyset/

et : http://data.bnf.fr/12372324/pierre_bruyset-ponthus/

 

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17/02/2015 | Lien permanent

Ce mémoire démontre qu'une grande maison est toujours plus mal gouvernée qu'une petite

... Et le Vatican, le  Lichtenstein et Monaco montrent une gestion autrement plus performante que les soi-disant grandes nations, dont la France, hélas . Voltaire a encore raison , et son ''toujours'' fait mal, j'aimerais bien que l'on puisse plutôt  dire ''quelquefois'', mais la réalité des faits est têtue .

Au passage, à ceux qui se fichent de la figure de Bruno Le Maire et de son programme de gouvernement en 1000 pages, je dis reprenez la voie des abrutis ( au sens propre du terme ) que vous êtes devenus (ou avez toujours été ), et élisez un des pires chevaux de retour qui vous passe la main dans le sens du poil pour mieux juger jusqu'où il pourra vous tondre le plus tôt possible . 

 A lire , si une graine de jugeotte pousse encore en vous (suis-je trop optimiste ? ) : http://www.lanouvellerepublique.fr/France-Monde/Actualite...

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 Un peu de calme, svp !

 

 

« A Gabriel Cramer

[7 ou 14 octobre 1761] 1

Nous enverrons demain ou vendredi les feuilles T et V de l’Histoire, corrigées . Le mémoire de divers particuliers , qui est très bien fait, et qui aurait dû être présenté par MM. les députés de Genève, et non par moi, indigne, qui sera pourtant présenté . Ce mémoire démontre qu'une grande maison est toujours plus mal gouvernée qu'une petite .

Je remercie de tout mon cœur monsieur Cramer de la bonté qu'il a eue de retirer la lavande, je le supplie de la garder . Je proposerai à M. Colladon 2 de la distiller . Pendant qu'on écrit cette lettre on corrige T ainsi vous allez avoir T .

On fait mille compliments à M. Gouju 3, et on demande l’épreuve de l’Épître dédicatoire à l'Académie . »

1 Pour la date, le 26 octobre 1761, V* promit à Duclos la dédicace . La lettre fut donc écrite un mercredi de la première moitié d'octobre . Voir encore la référence à Gouju .

 

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26/09/2016 | Lien permanent

Il faut se donner le plus d'occupation qu'on peut pour se rendre la vie supportable dans ce monde

... Et à ceux qui ne rêvent que de ne rien faire, d'avancer la retraite en négligeant/méprisant ceux qui vont la payer, je souhaite une vie insupportable, et tant pis si vous me trouvez bête et méchant , that's life !

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Avant de manger les pissenlits par la racine, essayons quelques variantes au dessus , ça assouplit l'échine et l'humeur ![J'en aurais bien besoin , dites vous ? mauvaises langues !]

 

 

 

« A François de Chennevières

A Ferney du 10 octobre 1761 1

Les ermites de Ferney présentent leurs hommages aux hôpitaux de Versailles . Nous n'avons jamais si bien mérité le nom d’ermites . J'ai cédé depuis deux mois les Délices à M. le duc de Villars . J’ai eu quelque temps M . le comte de Lauraguais et à présent je suis tout à Corneille . L'entreprise est délicate, il s'agit d'avoir raison sur trente deux pièces, aussi je consulte l' Académie toutes les postes et je soumets toujours mon opinion à la sienne . J'espère qu’avec cette précaution, l’ouvrage sera utile aux Français et aux étrangers . Il faut se donner le plus d'occupation qu'on peut pour se rendre la vie supportable dans ce monde . Que deviendrait-on si on employait son temps à dire , nous avons perdu Pondicheri, les billets royaux perdent soixante pour cent, les particuliers ne payent point, les jésuites font banqueroute ? Vous m'avouerez que ces discours seraient fort tristes . Je prends donc mon parti de planter, de bâtir, de commenter Corneille et de tâcher de l'imiter de loin, le tout pour éviter l'oisiveté .

Vous souvenez-vous, mon cher mai, que j'eus il y a quelques années une petite discussion avec messieurs les intendants des postes au sujet d'un assez gros paquet que vous m'avez 2 envoyé ? J'ai peur qu'ils ne m'aient joué à peu près cette année le même tour dont je me plaignis alors . Je vous envoyai deux paquets il y a quelques mois pour Mme de Fontaine, vous m'accusâtes la réception de l'un, vous ne m'avez jamais parlé de l'autre, et il est vraisemblable que Mme de Fontaine n'a reçu aucun des deux . En tout cas il n'y a pas grand mal, car ce n'étaient que des rogatons .

Adieu, nous vous embrassons . Si vous rencontrez quelques dévots dans votre chemin, dites-leur 3 que j'ai achevé mon église et que le pape m'a envoyé des reliques, et si vous rencontrez des gens aimables dites-leur que j'ai achevé mon théâtre . »

1 Copie par Boissy d'Anglas .

2 V* a sans doute écrit m'aviez .

3 Le manuscrit porte par erreur lui ; si on conserve cette forme il faut mettre quelques dévots au singulier .

 

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29/09/2016 | Lien permanent

Je n'en suis pas mieux informé que des vingt édits qu'on enregistre ou qu'on n'enregistre pas avec tant de cérémonie

... Et comment s'y retrouver quand le plus bel apport au bien être de la société consiste pour l'opposition à déposer des milliers d'amendements contre une loi de réforme des retraites absolument nécessaire ? Et dire qu'ils sont payés pour ça !

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Et pendant ce temps-là les Chinois construisent un hôpital en 10 jours !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

7è décembre 1764 à Ferney

Mon divin, ange, je réponds sur-le-champ à votre lettre du 28è novembre qui n'arriva qu'hier de Genève, et que je n'ai reçue qu'aujourd'hui . Je suis toujours émerveillé et confondu que vous n'ayez pas reçu par M. de Courteilles ou par M. l'abbé Arnaud, un paquet où étaient les provisions des dignités comiques pour Grandval, et les demoiselles Doligny et Muzy . Je vous en ai envoyé un dernier double à l'adresse de M. de Courteilles .

Le prince a renoncé à la librairie, et le marquis m'a écrit qu'il faisait partir les exemplaires dont Pierre Corneille a besoin .

M. de Pingon a accepté l'arbitrage de l'ordre de Malte . Ma petite famille et moi, nous vous faisons les plus tendres et les plus respectueux remerciements .

Je suis votre lettre pas à pas , j'envoie demain Mme Denis au grand Tronchin, elle saura de quoi il est question . Je doute beaucoup qu'on l'ait consulté, car on ne veut pas passer pour malade ; mais voici ce que je vais faire ; j'écrirai moi-même au malade, et peut-être je découvrirai de quoi il est question .

Vous êtes un véritable ange gardien d'avoir bien profité de l'apoplexie du sieur Vengé . Ces tours-là que vous me faites quelquefois, échauffent mon cœur et le remplissent de reconnaissance ; mais ils redoublent l'amertume que je sens d'être destiné à mourir sans baiser le bout de vos ailes . J'en dis autant à madame d'Argental . Vous ne me parlez point de sa santé, je présume par votre silence qu’elle est meilleure .

Mes yeux vous demandent grâce pour la révision des Roués . J'use actuellement d'une eau qui me fait espérer que je serai au moins borgne,et alors, je relirai les Roués d'un bon œil et de sang très froid . J'en jugerai comme de l'ouvrage d'un autre, et j'y travaillerai avec l'ardeur et le soin que vos ordres et vos bontés m'inspirent .

La requête de mon cher curé pour me voler mes dîmes est entre les mains du procureur général de Dijon ; voilà tout ce que j'en sais . Je n'en suis pas mieux informé que des vingt édits qu'on enregistre ou qu'on n'enregistre pas avec tant de cérémonie . Permettez mes divins anges, que je présente mes respects à M. le duc de Praslin . »

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05/02/2020 | Lien permanent

Je ne sais si les spectacles ont cessé à Paris dans la crise dangereuse où se trouve M. le Dauphin . Ils doivent du moin

... Mon cher Voltaire, je te le confirme, tout est clos, mais pas toujours désert --occupations de protestation obligent.

Que va dire Maître Castex le Grand Gouvernant [sic] dans sa pièce à épisodes ad libitum "conférence de presse du jeudi" ?

https://www.telerama.fr/sites/tr_master/files/styles/simplecrop1000/public/manif_theatre_de_la_colline_08_0.jpg?itok=7_16delr

 

 

 

« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian, ancien

Capitaine de cavalerie, Chevalier de Saint-Louis

rue d'Anjou au Marais

à Paris

A Ferney 22è novembre 1765 1

Aujourd'hui en dévidant un écheveau de soie Mme Denis a trouvé une lettre du 29è octobre de M. le Grand Écuyer, je courais le risque de ne lire cette lettre que dans un an, car la navette à laquelle la soie était destinée s’étant brisée en mille morceaux, la soie sa voisine était fort négligée . Heureusement la destinée a prévenu tout ce que vous me mandiez, et que j'ignorais ; je suis devenu M. Perrin Dandin, je tâche d'accommoder les procès, et j'ai le bonheur de n'avoir mécontenté jusqu'ici aucun parti . Si je ne parviens pas à rétablir la concorde je me flatte du moins que les plaideurs rendront justice à mes intentions et à mes procédés . Je n'ai rien fait qu’ouvertement et avec franchise ; j'ai mis même par écrit mes propositions, afin qu'il y eût une preuve subsistante de l'intégrité de ma conduite . Cette petite occupation ne ralentit point du tout mon zèle pour les choses qui sont si chères à l'homme supérieur que vous avez gratifié d'une visite . Nous sommes tous deux attachés au même char sans nous connaître, et j’ai de la passion pour lui sans l'avoir jamais vu .

Vous me parliez de cette lettre du siège de Tolède . Le général qui assiège cette ville est bien jeune, et il est difficile de prendre Tolède en quinze jours . Je m’imagine que vous lui avez conseillé de tourner le siège en blocus .

Je ne sais si les spectacles ont cessé à Paris dans la crise dangereuse où se trouve M. le Dauphin . Ils doivent du moins être déserts 2, et le clergé doit suspendre ses querelles pour ne s'occuper qu'à prier Dieu . Il vaut beaucoup mieux qu'il fasse des prières que des mandements ; les unes seront très bien reçues de Dieu, et les autres fort mal du public .

Toute ma petite famille de Ferney fait mille tendres compliments à ma famille de Paris . Je ne sais où vous êtes à présent ; mais soit à la ville, soit à la campagne, je me flatte que ma lettre vous parviendra . Mme la duchesse d'Anville qui a depuis près d'un mois un paquet pour Mme de Florian, ne paraît pas prête à partir ; je ne sais ce que deviendra mon paquet . Adieu, monsieur, je vous embrasse de tout mon cœur . »

1 L'édition de Kehl est limitée au 3è paragraphe amalgamé à la lettre du 16 novembre 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/14/comme-bon-voisin-je-voudrais-s-il-etait-possible-tout-concil-6303441.html

2 La Comédie fermera du 17 décembre 1765, alors que le Dauphin se meurt, au 11 janvier 1766 inclus . Jusqu'à cette date le public ne sera pas moins nombreux que d'habitude , et la comédie du Philosophe sans le savoir de Sedaine sera représentée avec un grand succès à partir du 2 décembre .

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18/03/2021 | Lien permanent

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