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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

On n'a point ici les mêmes secours qu'en France on exécute mal et lentement

Ce titre ne fait heureusement aucune allusion à notre célèbre guillotine révolutionnaire comparée à , - je cite au hasard (!?) : la lapidation, la pendaison, la bastonnade, la torture -, la peine capitale de certains pays . Ce jour ce n'est qu'une critique des ouvriers genevois ; il va sans dire que de nos jours , selon enquète auprès des Suisses, mes voisins, il n'y a  qu'eux qui travaillent bien et vite !

Et ce d'autant plus aisément qu'ils font appel à la main d'oeuvre française, italienne, espagnole, portugaise, serbe, croate, canadienne, etc. No comment .

 

 

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http://www.deezer.com/music/track/2288104

 

 

 

 

 

« A M. le président de RUFFEY i

Aux Délices, près de Genève, le 4 avril 1755.

Nous avons eu, monsieur, celui qui a fait vos plaisirs à Dijon ii. Il m'a fait presque oublier mes maux. Les vieux magistrats de Genève sont venus l'entendre dans ma retraite, et la sévérité de Calvin a cédé au plaisir iii; c'en serait un bien grand pour moi de vous voir ici, car je désespère de pouvoir venir à Dijon cette année. Accablé de maladies et d'ouvriers, je suis continuellement occupé à me faire un assez joli tombeau mais j'ai bien peur qu'il ne soit trop long à faire. On n'a point ici les mêmes secours qu'en France on exécute mal et lentement iv. Je vous supplie, monsieur, de permettre que je présente ici à M. le premier président de La Marche v les assurances de ma tendre et respectueuse amitié. C'est avec ces sentiments que j'ai l'honneur d'être, monsieur, etc. »


ii Lekain.

iv On retrouvera des plaintes de ce style ,de V* contre les ouvriers genevois, lors de la construction du château de Ferney . De nos jours, si l'exécution des travaux est généralement de qualité, elle reste souvent lente !

v Claude-Philippe Fyot de La Marche, ancien condisciple de V* au collège Louis le Grand en 1711 .

 

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09/01/2012 | Lien permanent

si les Anglais ont été assez malavisés pour ne pas prendre de justes mesures, ils auront la réputation d'avoir été de bo

 ... Oui, celà  est ! N'est il pas ?*

Mister Cameron, vous devez mettre le nez dans votre caca , et bien vous laver avant de faire la leçon au reste de l'Europe .

http://www.20minutes.fr/monde/953301-scandale-ecoutes-cam...

 

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 * En VO : Yes, it is ! Is n't it ?

 

 

« A M. Joseph PARIS-DUVERNEY 1

Aux Délices, le 26 avril [1756]

Il y a un mois, monsieur, que je devais vous renouveler mes remerciements, car il y a un mois que je jouis du plaisir de voir s'épanouir sous mes fenêtres les belles fleurs que vous eûtes la bonté de m'envoyer l'an passé. Je fais d'autant plus de cas des plaisirs de cette espèce que malheureusement je n'en ai plus guère d'autres. Pour vous, monsieur, vous jouissez d'un bonheur plus précieux, de la santé, de la considération, et de la gloire que vous avez acquise. Ce sont là de belles fleurs qui valent mieux que des jacinthes, des renoncules, et des tulipes.
Je crois que ni vous ni moi ne serons fâchés d'apprendre la prise de Minorque par M. le maréchal de Richelieu. Vous vous êtes toujours intéressé à sa gloire, comme je l'ai vu prendre à cœur tout ce qui vous regardait. S'il venge la France des pirateries anglaises, il lui faudra une nouvelle statue à Port-Mahon et si les Anglais ont été assez malavisés pour ne pas prendre de justes mesures, ils auront la réputation d'avoir été de bons pirates et de très-mauvais politiques.
Adieu, monsieur conservez-moi un souvenir qui me sera toujours infiniment précieux. Vous voulez bien que je présente ici mes très-humbles obéissances à monsieur votre frère 2. Je le crois à présent à Brunoy, comme vous à Plaisance 3, n'ayant plus l'un et l'autre que des occupations douces qui exercent l'esprit sans le fatiguer. Vivez l'un et l'autre plus que le cardinal de Fleury, avec le plaisir et la gloire d'avoir fait plus de bien à vos amis que jamais ce ministre n'en a fait aux siens, supposé qu'il en ait eu. »


1 Joseph Pâris-Duverney, le troisième des quatre frères Pâris, créateur de l'École militaire, dont il fut intendant; mort le 17 juillet 1770.
Voir :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A8res_P%C3%A2ris

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_P%C3%A2ris_Duverney

3 Maison de campagne de Pâris-Duverney.

 

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28/06/2012 | Lien permanent

Allez, mes Welches, Dieu vous bénisse, vous êtes la chiasse du genre humain

 " Le petit nombre des prédestinés qui ont du goût n'influe point sur la multitude "

 http://www.deezer.com/listen-6857846

Et pour mon père, homme de goût, en souvenir de lui : http://www.deezer.com/listen-509890

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

2 septembre 1767

 

Nous nous apprêtons à célébrer la convalescence [i] ; il y aura comédie nouvelle [ii], souper de quatre-vingts couverts ; c'est bien pis que chez M. de Pompignan [iii]; et puis, nous aurons bal et fusées.

 

J'envoyai par le dernier ordinaire un Ingénu par M. le duc de Praslin pour amuser la convalescente et vous aurez, mes anges, pour votre hiver des tragédies de MM. de Chabanon et de La Harpe [iv]. Cela n'est pas trop mal pour des habitants du mont Jura, mais en vérité vous autres Welches, vous êtes des habitants de Montmartre. Je vous assure que Guillaume Tell et les Illinois [v] sont aux Danchet et aux Pellegrin ce que les Pellegrin et les Danchet sont à Racine ; je ne crois pas qu'il y ait une ville de province dans laquelle on pût achever la représentation de ces parades qui ont été applaudies à Paris. Cela met en colère les âmes bien nées. Cette barbarie avancera ma mort. Le fond des Velches sera toujours sot et grossier . Le petit nombre des prédestinés qui ont du goût n'influe point sur la multitude ; la décadence est arrivée à son dernier [sic !] période .

 

Vivez donc, mes anges, pour vous opposer à ce torrent de bêtises de tant d'espèces qui inondent la nation. Je ne connais depuis vingt ans aucun livre supportable, excepté ceux que l'on brûle, ou dont on persécute les auteurs. Allez, mes Welches, Dieu vous bénisse, vous êtes la chiasse du genre humain. Vous ne méritez pas d'avoir eu parmi vous de grands hommes qui ont porté  votre langue jusqu'à Moscou. C'est bien la peine d'avoir tant d'académies pour devenir barbares ! Ma juste indignation, mes anges, est égale à la tendresse respectueuse que j'ai pour vous, et qui fait la consolation de mes vieux jours.

 

Tout Ferney se réjouit de la convalescence.

 

V. »

 

i De la comtesse d'Argental.

ii Le 4 sera joué Charlot ou la Comtesse de Givry, ainsi que La femme qui a raison.

iii Allusion au banquet de vingt-six couverts offert par Pompignan en 1763 et dont V* parle dans la Lettre à M. de l'Ecluse et dans la Relation du voyage de M. le marquis de Pompignan.

iv Ils travaillent alors chez V*.

v Guillaume Tell de Le Mierre , représenté à Paris le 17 décembre 1766; Hirza ou les Illinois de E.-L. Billardon de Sauvigny joué le 27 mai 1767.
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02/09/2010 | Lien permanent

son bonheur doit marcher avant toutes les discussions littéraires





« A Nicolas-Claude Thiriot

13 mai [1738]



Père Mersenne [nom d‘un ami de Descartes, surnom donné à Thiriot ; le 16 mars 1736 : « Si j‘étais Descartes, vous seriez mon père Mersenne. »], je reçois votre lettre du 9 mai. Il faut d’abord parler de notre grande nièce [jeune sœur de Mme Denis, Marie-Elisabeth va se marier avec Nicolas-Joseph de Dompierre de Fontaine], car son bonheur doit marcher avant toutes les discussions littéraires, et l’homme doit aller avec le philosophe et le poète. Ce sera donc du meilleur de mon cœur que je contribuerai à son établissement, et je vais lui assurer les vingt-cinq mille livres que vous demandez. Bien fâché que vous ne vous appeliez pas M. Fontaine car en ce cas je lui assurerais bien davantage.

Sans doute je vais travailler à une édition correcte des Eléments de Neuton, qui ne seront ni pour les dames [comme le Neutonianismo per le dame d’Algarotti] ni pour tout le monde [comme l‘indiquait l‘expression « mis à la portée de tout le monde»  dans l‘édition pirate hollandaise], mais où l’on trouvera de la vérité et de la méthode. Ce n’est point là un livre à parcourir comme un recueil de vers nouveaux. C’est un livre à méditer, et dont un Rousseau ou un Desfontaines ne sont pas plus juges que d’une action d’homme de bien.

A l’égard de ce vous me dites de Mme de Ruffec, je n’y entends rien [on reproche à V* cette expression, dans le troisième Discours sur l‘homme : « Un petit monstre noir peint de rouge et de blanc. » ; V* n'a certainement pas voulu y peindre Mme de Ruffec, dont le premier mari M. de Maisons avait été l‘ami]. C’est pour moi l’apocalypse. Il faut que les hommes soient devenus plus fous encore qu’ils ne l’étaient quand je les ai quittés. Voilà une tracasserie abominable et la plus horrible calomnie ! Madame de Ruffec ? comment ? pourquoi ? Ma foi le mieux est de ne  point relever ces misères qui tombent d’elles-mêmes tôt ou tard, et de vivre tranquille avec ses amis, et ses livres en attendant le mois d’août qui nous amènera notre cher Thiriot.

Je vous ai une obligation infinie de votre exactitude à m’écrire dans ces circonstances. Continuez, mon cher ami.

Je vous recommande, mon cher ami, la boîte d’Hébert [bijoutier; tabatière en or émaillé destinée à Mme du Châtelet ; cf. lettre du 1er mai]. Qu’il l’envoie chez l’abbé Moussinot qui paiera tout ce que vous ordonnerez. »

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13/05/2010 | Lien permanent

J‘ai eu la hardiesse de me faire acteur dans ma soixante et quatorzième année … J‘en ai été malade …





« A Etienne-Noël Damilaville

23 mai 1767

Nous avons reçu, Monsieur, le beau discours de M. l’abbé Chauvelin [Discours d‘un des M.M. de grand ‘chambre au parlement, toutes les chambres assemblées. Du mercredi 29 avril 1767 ; il traitait de l‘expulsion des jésuites d‘Espagne]. Je l’ai communiqué à M. de Voltaire qui en a pensé comme vous. Il est un peu malade actuellement. C’est apparemment de la fatigue qu’il a eue de faire jouer chez lui Les Scythes et d’y représenter lui-même un vieillard. Je n’ai jamais vu de meilleurs acteurs [à de Belley le 21 mai : « J‘ai eu la hardiesse de me faire acteur dans ma soixante et quatorzième année … J‘en ai été malade … M. de Chabanon et M. de La Harpe récitent des vers aussi bien qu‘ils en font ; et Mme de La harpe a un talent dont je n‘ai encore  vu le modèle que dans Mlle Clairon. »]. Tous les rôles ont été parfaitement exécutés, et la pièce a fait verser bien des larmes. Vous n’aurez jamais de pareils acteurs à la comédie de Paris.

Je sais peu de nouvelles de littérature. J’ai ouï parler seulement d’un livre de feu M. Boulanger, [L’Antiquité dévoilée par ses usages (1766) de Nicolas-Antoine Boulanger, édité par d’Holbach, après la mort de l’auteur] et d’un autre de milord Bolingbroke [Examen important de milord Bolingbroke, Ecrit sur la fin de 1736 qui parut d’abord dans le Recueil nécessaire, et qui est de V*] dont on vient de donner en Hollande une édition magnifique. On parle aussi d’un petit livre espagnol dont l’auteur s’appelle, je crois, Zapata. [Encore V* auteur vrai de : Les Questions de Zapata, traduites par le sieur Tamponet, docteur de Sorbonne, à Leipzik (Genève) 1766 (1767) ; Zapata est sensé être « professeur en théologie dans l’université de Salamanque »] On en a fait une nouvelle traduction à Amsterdam.

On calomnie l’impératrice de Russie quand on dit qu’elle ne favorise les dissidents de Pologne que pour se mettre en possession de quelques provinces de cette république. Elle a juré qu’elle ne voulait pas un pouce de terre, et que tout ce qu’elle fait n’est que pour avoir la gloire d’établir la tolérance.

Le roi de Prusse a soumis à l’arbitrage de Berne toutes ses prétentions contre les Neuchâtelois. [À Neuchâtel, Frédéric a remplacé le régime de la régie par la mise à ferme des recettes. Il s’agit sans doute du conflit qui avait éclaté au moment du renouvellement des fermes en 1766 et qui dura plusieurs années.] Pour nos affaires de Genève, elles sont toujours dans le même état ; mais le pays de Gex est celui qui en souffre davantage. [cf. lettres 2 janvier à d’Argental, 9 janvier à Choiseul, 10 février à Beauteville, 4 mai à d’Argental] On dit que M. de Voltaire allait passer tout ce temps orageux auprès de Lyon ; mais je ne le crois pas. Il est dans sa soixante-quatorzième année et trop infirme pour se transporter.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, bien sincèrement, avec toute ma famille, votre très humble et très obéissant serviteur.

Boursier. »

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23/05/2010 | Lien permanent

les modes changent en France : c’était autrefois la mode de faire des campagnes glorieuses, d’être le modèle des autres

... Autrefois , oui !

Maintenant , c'est une autre affaire, ou plus exactement, d'autres affaires qui remplacent les orchestres symphoniques par des batteries de casseroles, ce qui est beaucoup moins euphonique mais plus approprié .

Je pense que vous avez bien saisi qu'il s'agit de campagne électorale, et non de campagne militaire, on fait couler de l'encre, pas du sang, il n'y aura pas de morts au champ d'honneur, l'honneur n'étant plus de mise depuis que la légalité tient lieu de seul argument pour camoufler des bassesses .

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 Et vive la Belgie une et indivisible !

 

 

« A Henri Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville

rue des Saints-Pères

à Paris

Vous mandez, mon cher marquis, à ma nièce que ma lettre était bien extraordinaire 1; mais comme dans ce temps-là il se passait des choses beaucoup plus extraordinaires dans votre infâme ville de Paris, ma lettre était très sage. Certain discours 2 prononcé contre les encyclopédistes, certaines cabales, certaines persécutions, sont des orages auxquels un homme de mon âge ne doit pas s’exposer. La personne 3 dont vous parlez dans votre lettre à madame Denis ne peut pas, ou du moins ne doit pas, dire qu’elle a vu ce qu’elle n’a jamais vu. Ce serait une très grande infidélité et un crime dans la société d’accuser un homme dont on doit être très content, et de l’accuser après avoir eu sa confiance. Mais ce serait dans ce cas-ci un mensonge affreux. Ce que je vous dis est très exact, très vrai, et la personne en question n’a rien vu ni rien pu voir.

Au reste, les modes changent en France : c’était autrefois la mode de faire des campagnes glorieuses, d’être le modèle des autres nations, d’exceller dans les beaux-arts : aujourd’hui on ne connaît plus que des querelles pour un hôpital 4, des cabriolets, des fêtes de catins sur les remparts 5, et des  persécutions contre des hommes sages et retirés. Si je ne suis pas sage, je suis au moins très retiré, et je ne veux pas donner lieu à des pédants de troubler ma retraite. Croyez que je suis instruit de bien des choses, et que j’ai dû écrire de façon à dérouter les curieux qui se trouvent sur les chemins ; mais croyez surtout que je vous aimerai toujours. Madame Denis vous en dira davantage ; mais elle ne vous est pas plus attachée que moi.

28 mars [1762]. »

1 On ne connait pas cette lettre qui peut être n'est pas récente .

2 Certainement le discours de Lefranc de Pompignan dont il a été souvent question , ou le réquisitoire d'Omer Joly de Fleury .

3 Nous ne savons pas de qui parle V* ici ; (Georges Avenel)

4 Voir l'Histoire du Parlement, chap. LXV (Georges Avenel ) . Voir lettre du 15 décembre 1760 à J. R. Tronchin :

et lettre du 13 août 1760 à d'Alembert et voir : Voir la Lettre de M. l'archevêque de Lyon [Antoine de Malvin de Montazet] primat de France, à M. l'archevêque de Paris, 1760 . Cette brochure traite de l'affaire des religieuses hospitalières du faubourg Saint-Martin-d’Hères, dont on reparlera  .

5 Les remparts , très larges vers la porte Saint-Antoine étaient des lieux de promenade et de distractions ; des boulevards furent tracés plus tard sur leur emplacement .

 

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05/03/2017 | Lien permanent

à présent, sans que je me sois presque donné de la peine, l’abondance et la propreté ont pris la place de l'indigence, e

... Ce qu'a fait Voltaire , que ne le font nos gouvernants !

 Abondance et propreté, est-ce trop demander ?

Sans vouloir être trop exigeant, d'abord la propreté . C'est alors l'affaire de tous, à la portée de tous . Ne pas salir, éviter la tache , ne pas dégrader simplifient la tâche (qui dit que les accents sont inutiles ? les enseignants et leur ministre : incultes ! ).

Pour l'abondance, nous sommes gâtés ! Non ? pourtant lorsqu'on consulte (NDLR - con-con, c'est voulu ) la liste des candidats à la présidentielle, c'est  de surabondance que nous sommes écrasés . Pour l'abondance, voire plutôt le strict nécessaire, circulez, et attendez ; pessimiste ou réaliste , je suis . Pour les autres lendemains qui chantent , attendre un certain temps .

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A force de tourner en rond, on déprime .

 

 

« A Philibert-Charles-Marie Varenne de Fénille, Commis

de Mgr le Contrôleur général

à Paris

30 janvier 1762, aux Délices

Sans les vers de Corneille que je commente, monsieur, et qui m’empêchent d'en faire, je répondrais aux vers très jolis dont vous m'avez honoré . C'est une grande récompense du peu de bien que j'ai pu faire, de voir qu'un homme de votre mérite veut bien y mettre quelque prix . Il est vrai que la plus horrible misère couvrait la face du petit canton qui m'appartient, et qu'à présent, sans que je me sois presque donné de la peine, l’abondance et la propreté ont pris la place de l'indigence, et des horreurs les plus hideuses . On craignait de se marier, et de faire des malheureux, actuellement, les curés font plus de contrats de mariages que d'enterrements, on est en état de payer au roi le triple de ce qu'on payait auparavant .

Je suis très fermement persuadé qu'il n’y a a point de terre dans le royaume, où l'on ne puisse produire les mêmes avantages . Mais il faudrait pour y parvenir, que les propriétaires voulussent bien quelquefois visiter leurs domaines .

L'Angleterre n'est devenue si fertile et si riche, que parce que tous les seigneurs passent au moins six mois dans leurs terres . Pour moi, monsieur, je ne voudrais sortir des miennes, que pour voir des hommes qui pensent comme vous . Je tâcherais de prendre un moment favorable, pour féliciter monsieur le contrôleur général ; il me semble qu'il a traité l’État comme sa santé . Je l'ai vu chez moi très malade, et on dit qu'à présent il se porte à merveille .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire. »

 

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24/01/2017 | Lien permanent

Cependant, à force d’élever la voix, on se fait entendre des oreilles les plus dures ; et quelquefois même les cris des

... Pourvu que nos gouvernants et légistes ne fassent pas partie de cette catégorie ...

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 https://blog.michel-loiseau.fr/?tag/dessin/page/2

 

« A Dominique Audibert et Cie chez MM. Tourton et Baur, banquiers à Paris

Aux Délices , 9 juillet 1762 1

Vous avez pu voir, monsieur, les lettres de la veuve Calas et de son fils. J’ai examiné cette affaire pendant trois mois ; je peux me tromper, mais il me paraît clair comme le jour que la fureur de la faction et la singularité de la destinée ont concouru à faire assassiner juridiquement sur la roue le plus innocent et le plus malheureux des hommes, à disperser sa famille, et à la réduire à la mendicité. J’ai bien peur qu’à Paris on songe peu à cette affaire. On aurait beau rouer cent innocents, on ne parlera à Paris que d’une pièce nouvelle, et on ne songera qu’à un bon souper. Cependant, à force d’élever la voix, on se fait entendre des oreilles les plus dures ; et quelquefois même les cris des infortunés parviennent jusqu’à la cour. La veuve Calas est à Paris chez MM. Dufour et Mallet, rue Montmartre ; le jeune Lavaysse y est aussi ; je crois qu’il a changé de nom ; mais la pauvre veuve pourra vous faire parler à lui. Je vous demande en grâce d’avoir la curiosité de les voir l’un et l’autre . C’est une tragédie dont le dénouement est horrible et absurde, mais dont le nœud n’est pas encore bien débrouillé.

Je vous demande en grâce de faire parler ces deux acteurs, de tirer d’eux tous les éclaircissements possible, et de vouloir bien m’instruire des particularités principales que vous aurez apprises.

Mandez-moi aussi, monsieur, je vous en conjure, si la veuve Calas est dans le besoin ; je ne doute pas qu’en ce cas MM. Tourton et Baur ne se joignent à vous pour la soulager. Je me suis chargé de payer les frais du procès qu’elle doit intenter au conseil du roi. Je l’ai adressée à M. Mariette, avocat au conseil, qui demande pour agir l’extrait de la procédure de Toulouse. Le parlement, qui paraît honteux de son jugement, a défendu qu’on donnât communication des pièces, et même de l’arrêt. Il n’y a qu’une extrême protection auprès du roi qui puisse forcer ce parlement à mettre au jour la vérité. Nous faisons l’impossible pour avoir cette protection, et nous croyons que le cri public est le meilleur moyen pour y parvenir.

Il me paraît qu’il est de l’intérêt de tous les hommes d’approfondir cette affaire, qui, d’une part ou d’une autre, est le comble du plus horrible fanatisme. C’est renoncer à l’humanité que de traiter une telle aventure avec indifférence. Je suis sûr de votre zèle : il échauffera celui des autres, sans vous compromettre.

Je vous embrasse tendrement, mon cher camarade, et suis avec tous les sentiments que vous méritez,

votre très humble et très obéissant serviteur

V.»

1 Suivant l 'éditeur des Lettres inédites, 1863, l'original autographe après le mot camarade , était passé à la nièce d'Audibert, la vicomtesse de Besse, puis à G. Roux, qui l'avait communiqué à Coquerel . C'est la version des Lettres inédites, apparemment littérale, qui a été suivie .

 

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30/05/2017 | Lien permanent

je garde les bienséances requises en affaires

... Mais, sacré nom de Zeus ! j'enverrais bien aux cent mille diables et à leurs belles-mères, les fichus fonctionnaires ou faisant office de , qui sont d'une inactivité en tous points imbattable et mettent 107 ans (dans le meilleur des cas) à répondre à des demandes . Serait-ce le signe qu'ils ne comprennent pas les questions ? je n'ose pas les en soupçonner, je serais de mauvaise foi, non ?

Je garderai encore (hypocritement) le "veuiller agréer, ...etc., etc.", on ne sait jamais, ces petits animaux sont susceptibles et ont un pouvoir de nuisance disproportionné s'ils le veulent .

 

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 http://www.leparisien.fr/economie/paris-des-milliers-d-ar...

 

« A Jean-Louis Labat , baron de Grandcour

à Genève

10 mars 1760 1

Monsieur, j'ai bien envie de ne plus commencer mes lettres par un Monsieur en sentinelle, et de dire, Mon cher baron, mais je suis malade, je n'écris point de ma main, et je garde les bienséances requises en affaires . Comme je ne veux point mourir sans être en règle, je vous jure, foi de mourant, que je n'ai point votre pancarte ; trouvez donc bon , je vous en prie, que nous passions l'acte ci-joint .2

Votre très humble et très obéissant serviteur .

V. »

1 Sur l'original, Labat, avant d'envoyer la lettre à son avocat ajoute l'adresse : « A monsieur Delorme avocat chez lui »

Cette lettre fait suite aux demandes du 25 février 1760 à Labat : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/02/26/il-est-vrai-que-je-digere-mal-il-n-est-pas-moins-vrai-que-je-5567104.html

2 Le projet d'acte a disparu mais il en subsiste une copie à la bibliothèque de Genève : « Par devant […] furent présents ; M. et N., les quels ayant soldé généralement tous leurs comptes, annulent, chacun de leur côté, tous papiers qu'ils pourraient avoir à la charge l'un de l'autre , se donnant réciproquement quittance absolue de tout, et promettant de rendre réciproquement les papiers qu'ils pourraient retrouver, soit conventions, soit reçus ou promesses de quelque nature qu'ils puissent être, sans qu'aucun de ces papiers puisse jamais avoir le moindre effet . »

La réponse de Labat subsiste, à même l'original de Voltaire avec la mention « R[épondu] led[i]t » : Monsieur, Il faut que celui qui a posé la sentinelle la relève, il faut que celui qui a eu tort en convienne, enfin , on doit tout pardonner . M. Delorme, homme exact, vous enverra la quittance réciproque telle qu'elle doit être . Vous faites des vers mieux que lui, mais il fait bien mieux les quittances . Il faut que je m'informe s'il ne sait pas ce qu’il faut faire pour conserver ses amis, s'il le sait, il faut qu'il me l'apprenne, c'est un remède assuré pour conserver la santé, que je vous souhaite . »

 

 

 

 

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10/03/2015 | Lien permanent

et son assassin dit la messe !

... Amen ! La messe est dite ...

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 14 janvier 1761] 1

Je vous remercie caro Gabriele, de vos bontés, et cela bien tendrement .

L'affaire du pauvre Croze est incompréhensible partout ailleurs qu'en France . Un prêtre ! Un assassinat prémédité ! Un billet de garantie donné par ce prêtre à ses complices ! Il mérite la roue, et il est encore impuni .

Il y a quinze jours que de Croze est entre la vie et la mort, et son assassin dit la messe ! Le décret n'est point mis à exécution ; on cherche à temporiser, on veut s'acccommoder et transiger avec la partie civile .

Que Philibert aille sur le champ chez Mme d'Albertas ; qu'elle fasse dire à Croze père que s’il est assez lâche pour marchander le sang de son fils, il deviendra l'horreur du genre humain .

Qu'on aille chez lui, qu'on l'encourage, qu'il ne rende pas peines inutiles . Cette affaire m'en donne assez . Que le géant Pictet coure à Saconnex, qu'il ait la bonté de parler à Croze . Il n faut pas qu'il épargne l'argent . Un des assassins a plus de dix mille écus de bien ; le curé est très riche . Il y aura des dédommagements très considérables .

Corpus poetarum !2... Envoyez-le moi donc .

Au nom du bon goût, Allobroges que vous êtes, forme moins large, marge plus grande pour la prose . Que ces longues lignes pressées font un mauvais effet à l’œil ! Ah ! Barbares ! Quand vous aurez fini, gardez-vous bien d'envoyer au roi de Prusse . Laissez-moi ce petit plaisir .

Comment vont les yeux de Mme Gabriel ?

tuus V. »

 

1 L'édition Cayrol a été suivie de préférence à celle de Gaullieur . Pourtant on a adopté le texte de ce dernier avec « sur le champ » au paragraphe 3 au lieu de « sur le temps » de Cayrol .

 

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14/01/2016 | Lien permanent

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