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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

faire venir cinq jésuites de plus à Ornex . C'est au conseil à voir s'il lui convient d'avoir un tel voisinage

... Voltaire s'est fait fort d'aider ses voisins spoliés, dont voici l'un d'eux

Image illustrative de l'article Jean Étienne Philibert de Prez de Crassier

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_%C3%89tienne_Philibert...

 

« A François-Jean Turrettini

[janvier-février 1761] 1

Monsieur, je vous supplie de lire au conseil la lettre du sieur Croze touchant la subornation sacrilège du frère Fessy jésuite, dont il demande justice à Gex . Il est important pour la république de connaître les jésuites vos voisins .

Le conseil est intéressé à savoir que leur supérieur Fabré nous dit à ma nièce et à moi il y a plusieurs mois qu'il comptait faire venir cinq jésuites de plus à Ornex . C'est au conseil à voir s'il lui convient d'avoir un tel voisinage .

J'ai l'honneur de certifier au conseil magnifique, que les jésuites ayant obtenu du roi subrepticement permission d'acquérir le domaine des Mlles Balthazar, qu'ils ne peuvent avoir, puisque c'est un bien de mineurs, ils ont fait insérer dans cette permission illégale et surprise, que c'est une récompense des services secrets qu'ils ont rendus dans Genève .
Je suis persuadé que M. de Chapeaurouge en qualité de conseiller et secrétaire d’État se portera de lui-même avec le plus grand zèle à rompre le funeste marché qu'il a fait avec les jésuites en leur vendant ce domaine aux portes de Genève, et à celles de Ferney et de Tournay ; et que le magnifique conseil entrera dans les vues si utiles à tout le pays, de ne pas permettre que les jésuites s'agrandissent ici aux dépens des vrais propriétaires . Je me flatte qu'il exhortera M. de Chapeaurouge à suivre ses inclinations nobles et patriotiques , et à rendre aux propriétaires naturels le bien Balthazar, soit celui qui était engagé par antichrèse, soit celui qui était libre ; le tout au même prix qu'il l'avait vendu aux jésuites . Rien n'est plus juste ni plus convenable , et cela seul peut prévenir un procès ruineux pour lui dans lequel on verrait avec douleur le secrétaire d’État de Genève réuni avec les jésuites contre des pupilles qui redemandent le bien de leurs pères . J'attends tout de la sagesse et du zèle du magnifique conseil . J'ai l'honneur d'être avec respect

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

1 La date est fixée par référence à Fessy et aux jésuites d'Ornex . De la même époque date un Mémoire endossé par V* « ferme du Jonc » ; cette ferme n'appartenant pas au père Fesse [Fessy ?] , était demandée à la fois par la ville de Gex pour son collège et par le curé de Ferney pour « être en état d'avoir un vicaire »

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01/02/2016 | Lien permanent

Je rends service à l’État sans qu’on en sache rien

... En toute modestie ...

Citations de Confucius

- Comment dit-on con-finement maître Confucius ?

- 一般收容  Yībān shōuróng

- Merci Maître . Et "11 mai 2020 en France" ?

- 一般解除限制  Yībān jiěchú xiànzhì

- A vos souhaits Maître !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

1er Février 1765. 1

Mon cher frère, voici une grâce temporelle que je vous demande ; c’est de faire parvenir à M. de Laleu ce paquet, qui est essentiel aux affaires de ma famille. Les philosophes ne laissent pas d’avoir des affaires mondaines à régler. Jean-Jacques n’est chargé que de sa seule personne, et moi je suis chargé d’en nourrir soixante et dix : cela fait que quelquefois je suis obligé d’écrire à M. de Laleu des mémoires qui ne sont pas du tout philosophiques. Vous ne savez pas ce que c’est que la manutention d’une terre qu’on fait valoir. Je rends service à l’État sans qu’on en sache rien. Je défriche des terrains incultes,  je bâtis des maisons pour attirer les étrangers , je borde les grands chemins d’arbres à mes dépens, en vertu des ordonnances du roi, que personne n’exécute . Cette espèce de philosophie vaut bien, à mon gré, celle de Diogène.

Je crois que c'est un prêtre janséniste qui est l'auteur d'une des pièces d’éloquence que vous m'avez envoyées, et je soupçonne, non sans raison, le petit abbé d'Estrées, qui ferait bien mieux de servir à boire ce bon vin de Champagne comme son père, que de succéder au ministère d'Abraham Chaumeix . Il n'y a pas, Dieu merci, l'ombre du sens commun dans ce ridicule chiffon .

J’envoie votre lettre à Esculape-Tronchin, qui vous exhortera sans doute à la persévérance . On commence aujourd’hui la destruction du petit théologien : je voudrais bien savoir quel est ce maraud-là.

Vous m'avez parlé des Délices . Je deviens si vieux et si infirme que je ne peux plus avoir deux maisons de plaisance, et l'état de mes affaires ne me permet plus cette dépense qui est très grande , dans un pays où il faut combattre sans cesse contre les éléments . Je me déferai donc des Délices, si je peux parvenir à un arrangement raisonnable, ce qui est encore très difficile . »

1 L'édition Supplément au recueil interpole dans le texte quelques fragments empruntés à la lettre du 10 février 1765 ; l'édition Correspondance littéraire intervertit les quatre paragraphes .Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/09/correspondance-annee-1765-partie-4.html

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21/04/2020 | Lien permanent

je crois rendre service à mon prochain, quand je fais croître quatre brins d’herbe sur un terrain qui n’en portait que d

...

Résultat de recherche d'images pour "ange exterminateur"

Ange ou diable, va voir ailleurs si j'y suis !

 

 

« A Élie Bertrand , Premier pasteur de l’Église

française, membre de plusieurs académies etc.

à Berne

Aux Délices 15è mai 1764

Iliacos intra muros peccatur et extra.1

Mais, mon cher philosophe, Berne aura la gloire de tout pacifier ; il lui suffira de dire : Quos ego ?2 On ne connaît pas trop ici les fadaises de Guillaume Vadé ; ce sont des joujoux faits pour amuser des Français, et dont les têtes solides de la Suisse ne s’accommoderaient guère. Cependant, s’il y a ici quelques exemplaires, je ne manquerais pas de vous en faire avoir un. J’aimerais bien mieux être chargé par l’Électeur Palatin de vous présenter quelque chose de plus essentiel.

Je vous suis infiniment obligé de la bonté que vous avez eue de m’envoyer les irrigations 3. Je vous supplie de présenter mes très humbles remerciements à monsieur votre frère ; nous lui devrons, mes vaches et moi, de grandes actions de grâces. Nous ne sommes pas, dans notre pays de Gex, de si bons cultivateurs que les Bernois , mais je fais ce que je peux pour les imiter, et je crois rendre service à mon prochain, quand je fais croître quatre brins d’herbe sur un terrain qui n’en portait que deux 4. J’ai bâti des maisons, planté des arbres, marié des filles , l’ange exterminateur n’a rien à me dire, et je passerai hardiment sur le pont aigu 5. En attendant, je vous aimerai bien véritablement, mon cher philosophe, tant que je végéterai dans ce monde. »

1 On commet des fautes à l'intérieur des murs d'Ilion, comme à l'extérieur ; Horace, Épîtres, I, II, 16 .

2 Je les … , ces mots sont une exclamation interrompue ; Virgile, Enéide, I, 135 .

3 Jean Bertrand , De l'eau relativement à l'économie rustique, ou Traité de l'irrigation des prés, 1764 : https://books.google.fr/books?id=gy7LX6HPl00C&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

4 Rappel des Voyages de Gulliver, de Swift ( Voyage à Brobdingnag, VII : http://www.cosmovisions.com/Swift-Gulliver-Brobdingnag-7.... )

5 V* cite ce qu'il croit être une ancienne œuvre indienne et qui n'est en fait qu'apocryphe ; voir lettre du 1er octobre 1761 à Jacob Vernes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/09/17/vous-seriez-bien-etonne-de-trouver-dans-ce-manuscrit-quelque-5849201.html ) et la note de Beuchot reproduite dans La Défense de mon oncle, chap. XIII, « De l'Inde et du Veidam » : https://fr.wikisource.org/wiki/La_D%C3%A9fense_de_mon_oncle/%C3%89dition_Garnier/Chapitre_13

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13/06/2019 | Lien permanent

puisque j’ose vous envoyer de telles fadaises. J’ose même me flatter que vous n’en direz du mal qu’à moi

... Les fadaises étant les commentaires que je commets plus ou moins à propos de l'actualité, je vous laisse la parole à volonté . Vous et moi serons seuls dans la confidence, étant entendu que le net est le meilleur moyen d'être discret, tout le monde , y compris vous et moi, sait ça .

 

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Aux Délices 7è mars 1764

Vous dites des bons mots, madame, et moi je fais de mauvais contes ; mais votre imagination doit avoir de l’indulgence pour la mienne, attendu que les grands doivent protéger les petits 1. Vous m’avez ordonné expressément de vous envoyer quelquefois des rogatons . J’obéis, mais je vous avertis qu’il faut aimer passionnément les vers pour goûter ces bagatelles 2. Si ce pauvre Formont vivait encore, il me favoriserait auprès de vous ; il vous ferait souvenir de votre ancienne indulgence pour moi ; il vous dirait qu’un demi-quinze-vingts a droit à vos bontés . Il faut bien que j’y compte encore un peu, puisque j’ose vous envoyer de telles fadaises. J’ose même me flatter que vous n’en direz du mal qu’à moi. C’est là le comble de la vertu pour une femme d’esprit . Vous me direz que la chose est bien difficile, et que la société serait perdue si l’on ne se moquait pas un peu de ceux qui nous sont le plus attachés. C’est le train du monde ; mais ce n’est pas le vôtre, et nous n’avons, dans l’état où nous sommes, vous et moi, de plus grand besoin que de nous consoler l’un et l’autre . Je voudrais vous amuser davantage et plus souvent ; mais songez que vous êtes dans le tourbillon de Paris, et que je suis au milieu de quatre rangs de montagnes couvertes de neige. Les jésuites, les remontrances, les réquisitoires, l’histoire du jour, servent à vous distraire, et moi je suis dans la Sibérie . Cependant vous avez voulu que ce fût moi qui me chargeas[se]3 quelquefois de vos amusements ; pardonnez-moi donc quand je ne réussis pas dans l’emploi que vous m’avez donné ; c’est à vous que je prêche la tolérance . Un de vos plus anciens serviteurs, et assurément un des plus attachés, en mérite un peu. »

1 Diplomatiquement, V* fait en sorte de détourner les critiques de ses contes que Mme du Deffand peut faire dans le monde ; cette lettre est un modèle de l'art épistolaire mondain .

2 Les Trois Manières .

3 Le mot est écris chargeas dans le manuscrit original, ce qui fait difficulté puisqu'il faudrait chargeasse . Plusieurs explications sont possibles . On a supposé une faute d'orthographe de Wagnière . Mais V* pourrait aussi avoir dicté chargeât, en mettant le relatif à la troisième personne ce qui est un usage blâmé par les grammairiens du temps, mais encore correct au XVIIè et bien connu au XVIIIè par exemple dans les œuvres de jeunesse de Marivaux . On peut aussi songer à des formes aberrantes mais attestées d'imparfaits du subjonctif .

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03/04/2019 | Lien permanent

le travail est une jouissance

... Mais en France on trouve facilement une foule de peine à jouir !

Paroles de syndicaliste CGT, CFTC, FO, etc., etc. ?

https://www.lemonde.fr/blog/xaviergorce/2017/05/15/peine-...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

17 mars 1765

Divins anges, la protection que vous avez donnée aux Calas n’a pas été inutile. Vous avez goûté une joie bien pure en voyant le succès de vos bontés. Un petit Calas était avec moi quand je reçus votre lettre, et celle de madame Calas, et celle d’Elie, et tant d’autres : nous versions des larmes d’attendrissement le petit Calas et moi. Mes vieux yeux en fournissaient autant que les siens ; nous étouffions, mes chers anges. C’est pourtant la philosophie toute seule qui a remporté cette victoire. Quand pourra-t-elle écraser toutes les têtes de l’hydre du fanatisme !

Vous me parlez des Roués, mais le roué Calas est le seul qui me remue. Seriez-vous capables de descendre à lire de la prose au milieu de la foule des vers dont vous êtes entourés . Voici le commencement d’une espèce d’histoire ancienne 1 qui me paraît curieuse. Si elle vous fait plaisir, je tâcherai d’en avoir la suite pour vous amuser ; elle a l’air d’être vraie, et cependant la religion y est respectée. N’engagerez-vous pas le frère Marin a en favoriser le débit ? Je crois que les bons entendeurs pourront profiter à cette lecture ; il y a en vérité des chapitres fort scientifiques, et le scientifique n’est jamais scandaleux.

Je crois qu’on tousse par tout le royaume ; nous toussons beaucoup sur la frontière ; c’est une épidémie. Nous espérons bien que Mme Fournier 2 empêchera l’un de mes anges de tousser. Tout Ferney, qui est sens dessus dessous est à vos pieds . Et pourquoi est-il sans dessus dessous ? c’est que je suis maçon : je bâtis comme si j’étais jeune ; mais le travail est une jouissance.

Me sera-t-il permis de vous présenter encore un placet pour un passeport ? Les Genevois m’accablent, parce que vous m’aimez ; mais je serai sobre sur l’usage que je ferai de vos bontés. Encore ce petit passe-port, je vous en conjure, et puis plus ; vous me ferez un plaisir bien sensible ; vous ne vous lassez jamais d’en faire.

V. »

1 La Philosophie de l'histoire .

2 Fournier est un médecin ; pourquoi V* met-il Mme ? Il l'a déjà nommé « ma mie » , voir lettre du 23 décembre 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/02/26/que-m-importe-lui-dit-le-vizir-que-le-chien-ait-mordu-le-porc-ou-que-le-por.html

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05/06/2020 | Lien permanent

de la façon dont l'Europe est arrangée, quiconque voudrait être conquérant s'en trouverait très mal à la longue

...Compte tenu de la flambée d'islamisme qui arme des terroristes, je serais bien content que ça ne soit pas "à la longue", mais tout de suite que ces conquérants imbéciles se trouvent défaits . En tout cas, Voltaire a raison, c'est une tâche européenne et non pas seulement nationale, si on veut réussir .

 

Mis en ligne le 13/11/2020 pour le 23/7/2015

 

 

« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches, colonel

major des gardes etc.

À Lausanne

Aux Délices 23è juillet 1760

Si j'avais, monsieur, votre jeunesse, votre santé et vos beaux talents, j'irais souvent faire ma cour aux dames de Lausanne ; je passerais ma vie à voyager sur les bords de ce beau lac ; vous me verriez courir de mes petites retraites à Hermenches ; je volerais du théâtre de Tournay à celui de Monrepos, et celui de Monrepos aurait surtout la préférence , mais je suis vieux et malade ; la vie sédentaire m'est devenue nécessaire .

Mme Denis est d'une si horrible paresse qu'il faut borner nos voyages à une demi-lieue ; ce qui me console un peu dans le parti que j'ai pris, c'est que nous nous flattons que vous viendrez quelquefois chez monsieur votre frère dans notre voisinage ; il n'y a rien de si joli que sa maison ; nous avons l'honneur de le voir souvent, et il daigne quelquefois s'amuser avec nous sur notre petit théâtre de Tournay ; je peux encore jouer les vieillards pourvu que ce ne soit pas de ces vieillards verts, qui ont encore des passions ; nous avons ici un homme 1 qui donne des dents aux messieurs et aux dames ; mais je n'ai pas la coquetterie de prendre de sa main ce que la nature m'a ôté ; on peut fort bien sans dents jouer encore le bonhomme Orgon ou le bonhomme Cassandre .

Je crois, comme vous, monsieur , que le roi de Prusse perdra la Silésie , ses beaux hommes et son argent . Je me souviens d'avoir prédit il y trente ans dans l'Histoire de Charles XII, que de la façon dont l'Europe est arrangée, quiconque voudrait être conquérant s'en trouverait très mal à la longue . Le conseil de Cinéas à Pyrrhus était excellent, mais les conseils sont inutiles . Ce monde-ci n'est gouverné que par des passions ; je voudrais bien savoir si le landgrave de Hesse est en effet plus prisonnier qu'il ne l'était depuis quatre ans . Adieu, monsieur, le solitaire des Délices est aux pieds du seigneur du mont Jura,2 de madame d'Hermenches, et de toute votre adorable famille .

V. »

1 Lécluze, comédien devenu dentiste ; voir lettre du 1er avril 1760 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/04/02/il-faut-punir-les-insolents-mordieu.html

 

 

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23/07/2015 | Lien permanent

Je crois qu’il est de votre intérêt de temporiser au moins quinze jours, et peut-être trois semaines

... C'est un conseil d'ami cher tzar Poutine , prenez exemple sur nous, en France, qui n'avons pas envoyé le moindre char d'assaut en Bretagne, ni en Corse ou Guadeloupe qui voulaient faire sécession, ce qui, vous l'avouerez est une grande preuve de courage et abnégation , leur perte entrainant de substantiels déficits de PIB . Vous ne me croyez pas ? tant pis , mais vous êtes prévenu , la honte sera sur vous .

Causons d'abord : https://www.laprovence.com/article/france-monde/6668086/direct-laprovence-crise-en-ukraine-le-kremlin-juge-premature-dorganiser-un-sommet-poutine-biden-air

 

 

 

« A Jacques Lacombe, Libraire

Quai de Conti

à Paris

20 novembre [1766] au soir 1

Je reçois votre paquet, monsieur. Il y a à la page 152, ligne 14, procrivit pour proscrivit. Je me souviens qu’il y avait aussi quelques fautes dans la pièce. Je ne peux vous les indiquer, parce que j’ai envoyé l’ouvrage au roi de Prusse, qui m’avait demandé si je ne pouvais pas lui faire avoir quelques vers nouveaux de Paris.

La Justification de Jean-Jacques est d’un sot 2 . Il méritait au moins d’être défendu par un fou qui eût de l’esprit.

Quand vous aurez achevé votre besogne, je vous supplierai de vouloir bien, monsieur, m’envoyer deux exemplaires que je garderai fidèlement . L’un est pour ma nièce, l’autre est pour moi.

Je vous demande encore en grâce de ne point ouvrir votre glacière au public de plus de quinze jours après l’impression . La raison en est qu’on va donner au théâtre quelque chose de fort chaud, à ce que l’on dit 3, et que la glace du Triumvirat pourrait trop refroidir le public sur les petits pâtés tout chauds qu’on va lui donner. Je vous confie tout cela sous le plus profond secret. Je crois qu’il est de votre intérêt de temporiser au moins quinze jours, et peut-être trois semaines. Vous sentez bien que, si les pâtés tout chauds étaient mangés avec plaisir, votre fromage à la glace serait bien mieux reçu.

La lettre à M. le docteur Pansophe n’est assurément point de moi ; on m’assure qu’elle est de l’abbé Coyer, et je crois y reconnaître son style. Elle est fort jolie, à quelques longueurs et quelques répétitions près , mais il est fort mal à l’abbé Coyer de mettre sous mon nom une chose que je n’ai point faite. C’est un procédé qui me fait beaucoup de peine. Je vous prie très instamment de désabuser ceux qui croient que cette lettre est de moi.

Recevez mes très tendres amitiés, monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

V.

21è novembre 1766 4. »

1 Première date autographe, Cayrol change ce premier quantième en 21 .

2 Justification de Jean-Jacques Rousseau dans la contestation qui lui est survenue avec M. Hume , de Johann Heinrich Füssli : https://fr.wikipedia.org/wiki/Johann_Heinrich_F%C3%BCssli

3 Les Scythes ne seront pas joués avant le 26 mars 1767 .

4 Cette seconde date s'explique par le fait que la présente lettre dictée le 20 ne fut envoyée que le lendemain .

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21/02/2022 | Lien permanent

Voyez, monsieur, si vous pouvez et si vous voulez vous charger de cette grande négociation

... C'est d'actualité ... Que celui (ou celle ) qui le veut se mette en avant .

 

 

« A François-Louis-Henri Leriche

12 Décembre 1766, à Ferney

Je voudrais, monsieur, avoir l’honneur de vous envoyer quelques livres pour vos étrennes. Il faut que vous ayez la bonté de me mander comment je pourrai vous les faire parvenir avec sûreté. Je voudrais bien savoir aussi si les lettres qu’on adresse, du pays où je suis, en Lorraine, passent par la Franche-Comté.

Pourriez-vous encore me faire un[e] autre grâce ? Il y a dans votre ville un misérable ex-jésuite, nommé Nonnotte, qui, pour augmenter sa portion congrue, a fait un libelle en deux volumes. Je voudrais savoir quel cas on fait de sa personne et de son libelle. On dit que le père de ce prêtre est un boulanger ; cela est heureux : il aura le pain azyme pour rien, et il distribuera gratis le pain des forts. Il faut que frère Nonnotte soit bien ingrat d’écrire contre moi 1, dans le temps que je loge et nourris un de ses confrères ; mais, quand il s’agit de la sainte religion, l’ingratitude devient une vertu.

Je vous souhaite pour l’année prochaine la ruine de la superstition.

Vous connaissez sans doute à Dijon quelqu’un de vos confrères qui pense sagement. Vous pourriez me rendre un grand service en le priant de s’informer bien exactement quelle est la raison pour laquelle les ex-jésuites de Dijon ne voulurent point voir mon ex-jésuite de Ferney, quand il fit le voyage. Mon ex-jésuite s’appelle Adam. Il dit fort proprement la messe ; il a marié des filles dans ma paroisse, avec toute la grâce imaginable. Il avait le malheur d’être brouillé depuis longtemps avec les jésuites bourguignons quoiqu’il aime assez le vin. En un mot, ni le révérend père provincial, ni le révérend Père recteur, ni le révérend père préfet, enfin aucun ex-révérend cuistre ne voulut voir mon aumônier ; et, comme les jésuites disent toujours la vérité, je voudrais savoir s’ils lui ont refusé le salut parce qu’il dit la messe chez moi, ou si c’est une ancienne rancune de prêtre à prêtre.

Voyez, monsieur, si vous pouvez et si vous voulez vous charger de cette grande négociation. Elle m’aura procuré au moins le plaisir de m’entretenir avec un homme qui pense, ce qui n’est pas extrêmement commun. Je vous prie de compter sur les sentiments qui m’attachent véritablement à vous, etc. »

1 Nonotte a relevé les erreurs, surtout historiques de V*.

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13/03/2022 | Lien permanent

Souvenez-vous que je n'ai pas attendu les suffrages des princes et les cris de l'Europe en votre faveur, pour me déclare

... D'Emmanuel Macron à Volodymyr Zelensky, paroles, seules armes qu'on puisse réellement fournir actuellement.

 

 

« A Jean-François Marmontel

de l'Académie française etc.

Mon cher ami, qui m'appelez votre maître, et qui êtes assurément le mien, je reçois votre lettre du 8 d'octobre dans mon lit où je suis malade depuis un mois; elle me ressusciterait si j'étais mort. Ne doutez pas que je ne fasse tout ce que vous exigez de moi, dès que j'aurai un peu de force. Souvenez-vous que je n'ai pas attendu les suffrages des princes et les cris de l'Europe en votre faveur, pour me déclarer. Dieu confonde ceux qui attendent la voix du public pour oser rendre justice à leurs amis, à la vertu et à l'éloquence .

Il est bien vrai que la Sorbonne est dans la fange, et qu'elle y restera, soit qu'elle écrive des sottises, soit qu'elle n'écrive rien. Il est encore très vrai qu'il faudrait traiter tous ces cuistres-là comme on a traité les jésuites. Les théologiens, qui ne sont aujourd'hui que ridicules, n'ont servi autrefois qu'à troubler le monde ; il est temps de les punir de tout le mal qu'ils ont fait. Cependant votre approbateur reste toujours interdit 1 ; et la défense de débiter Bélisaire n'est point encore levée. Coger a encore ses oreilles, et n'a point été mis au pilori, c'est là ce qui est honteux pour notre nation. Croiriez-vous bien que ce maroufle de Coger a osé m'écrire 2? Je lui avais fait répondre par mon laquais, la lettre était assez drôle; c'était la Défense de mon Maître 3. Elle pouvait faire un pendant avec la Défense de mon Oncle; mais j'ai trouvé qu'un pareil coquin ne méritait pas la plaisanterie et qu'il valait mieux lui faire dire par mon laquais tout uniment qu'il est un maraud qui mérite punition 4.

Bonsoir, mon cher ami , resserrez bien les nœuds qui doivent unir tous les gens qui pensent; inspirez-leur du courage. Mes tendres compliments à M. d'Alembert; ne m'oubliez pas auprès de Madame de Geoffrin.

14è octobre 1767.

Mme Denis vous fait mille tendres compliments autant en disent MM. de Chabanon et de La Harpe. »

 

1 Bret .

3 Voir le lettre du 4 octobre ci-dessus.

4 La fin de la phrase depuis et qu'il valait mieux […] est supprimée dans l'édition de Kehl . Elle est en effet embarrassante puisqu'elle se réfère encore à la Défense de mon maître.

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21/05/2023 | Lien permanent

J'ai été profondément affligé mais je pardonne tout à ceux qui n'ont point eu d'intention de nuire

... Et nul ne pardonnera quoi que ce soit aux terroristes du Hamas et leurs complices et financiers . La loi du Talion est désormais appliquée et fait passer la guerre en Ukraine pour un évènement de second ordre . Le premier meurtre suffit à rendre fou . Un  seul espoir, c'est qu'un jour la paix revienne comme elle a pu  revenir entre la France et l'Allemagne débarrassée (suffisamment ) du nazisme . Israeliens (débarrassés de leurs "faucons" ) et Palestiniens (débarrassés de leurs terroristes ) en paix , c'est bien aussi nécessaire que lutter contre le dérèglement climatique . Toujours trop de sang versé ! Combien de générations pour s'accorder ?

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

1er mars [1768]

Maman verra donc Eudoxie 1 avant moi, mon cher confrère . Elle part pour Paris, elle fera Mme Dupuits juge si on joue mieux la comédie à Paris qu'à Ferney. Ce qui me désespère, c'est qu'elle sera logée très loin de vous, chez sa sœur. Elle va arranger sa santé, ses affaires, et les miennes. Tout cela s'est délabré pendant vingt ans qu'elle a été loin de Paris 2. Je suis menacé plus que jamais d'un voyage dans le Virtemberg. Voilà Ferney redevenu un désert comme il l'était avant que j'y eusse mis la main. Je quitte Melpomène pour Cérès et Pomone. Braves jeunes gens, cultivez les beaux-arts, et gorgez-vous de plaisirs, j'ai fait mon temps.

Voici une drôlerie 3 qui vient, dit-on, de Lyon, elle pourra vous amuser. Je suis bien sûr de votre discrétion. Vous ne ressemblez pas aux gens qui font courir les bagatelles sous mon nom, et qui disent toujours : «  C'est lui, c'est lui. » Non, messieurs, ce n'est point moi.

Plût au juste ciel qu'on n'eût jamais publié certain second chant d'une baliverne 4 qui était enfermée dans ma bibliothèque! Mais, encore une fois, tout le monde n'a pas votre discrétion, mon cher confrère. J'ai été profondément affligé mais je pardonne tout à ceux qui n'ont point eu d'intention de nuire. Adieu je vous embrasse bien fort. Mme Denis et l'enfant 5 vous embrasseront mieux. »





1 Tragédie de Chabanon.

2Mme Denis a quitté Paris au début de juillet 1754 pour retrouver V* à Plombières et n’y est jamais retournée depuis .

3 Lettre de l’archevêque de Cantorbery à l'évêque de Paris .

4 Deuxième chant de la Guerre civile de Genève .

5 Mme Dupuits .

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12/10/2023 | Lien permanent

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