Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

je ne veux pas croire tout ce qu’on dit

... Ni tout ce qu'on écrit , par exemple ceci que je vous laisse détailler, et où je n'ai appris qu'une chose, les effets et  la recette du space cake ( n'ayant pas de beuh, je vais peut-être l'essayer sur mon chat avec de la cataire ! ): https://news.google.com/topics/CAAqJggKIiBDQkFTRWdvSUwyMH...

P.S. -- Qui de vous croit tout ce que je dis ?

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

7 septembre [1764]

Mes divins anges, je vous crois à présent bien établis dans votre nouvelle maison. Vous vous êtes rapprochés de M. le duc de Praslin, et vous avez très bien fait. J’ai montré vite votre dernière lettre au petit défroqué . Elle ne l’a point effrayé. C'est un ingénu personnage . Je m'étais toujours défié , m'a-t-il dit, de cette Julie qu’on envoyait réciter son office dans sa chambre, et de ce Pompée qui se disait soldat, et de bien d’autres choses sur lesquelles cependant je me faisais illusion. J’étais si rempli de la prétendue beauté de quelques situations et de quelques caractères, que j’étouffais mes remords sur le reste.

Faites choix d’un ami dont la raison vous guide,

Et dont le crayon sûr d’abord aille chercher

L’endroit que l’on sent faible, et qu’on veut se cacher.1

Il m’assure que Pompée ne sera plus soldat . Il voit bien que ce changement en exige d’autres, et qu’il faut raccommoder le bâtiment de manière que l’architecture ne soit point gâtée . Cela demande un peu de soins . Il est près de s’y livrer . Il dit que la destinée de son pauvre drame est de voyager . Il supplie mes anges de le lui renvoyer . Il veut en venir à votre bonheur et au sien . Il proteste qu’il n’omettra rien pour gagner en dernier ressort ce procès qu’il a perdu en première instance . Il aime à plaider quand vous prenez en main sa cause . Il n’en démordra pas, je connais sa tête.

Mes anges, il me paraît que Catherine fournit de grands sujets de tragédie. Un faiseur de drames aurait beaucoup à apprendre chez Catherine et chez Frédéric . Mais je ne veux pas croire tout ce qu’on dit.

Quelque chose qui se passe dans le Nord, renvoyez-nous nos Roués du Midi . Notre jeune homme vous en renverra d’autres c’est sa consolation.

Il est venu quatre-vingts personnes dans sa chaumière avec MM. les ducs de Randan, de La Trémoille, non pas de La Trimouille de Dorothée 2, etc., etc. Madame Denis leur a joué Mérope, leur a donné une fête ; et moi, je me suis mis au lit.

Vous ne m’avez pas seulement parlé du décès de M. d’Argenson, mon contemporain . Vous ne vous souvenez pas que nous l’appelions la chèvre ? Vous ne vous souvenez de rien, pas même du prince Ivan. Cependant je baise le bout de vos ailes.

V.

À qui faut-il que j'adresse mes lettres ? »

1Art poétique, IV, 71-73, de Boileau : http://wattandedison.com/Nicolas_Boileau1.pdf

Lire la suite

27/10/2019 | Lien permanent

Les inflammations de poitrine, monsieur le marquis, nuisent beaucoup au commerce des lettres

... On vient de le voir à grande échelle avec la fermeture des librairies françaises . Grâce à Miss Bachelot, et en prenant masque et chaine d'arpenteur, on peut à nouveau reprendre contact avec le papier imprimé qui nous est cher et goûter aux livres primés -après le beaujolais nouveau cette année . Grand cru ? A voir !

PS-- A plus petite échelle , il faut noter que le Covid-19, bouffeur de poumons, vient de réduire au silence l'immortel Giscard d'Estaing . Bonchoir président ! Au revoir !

Loin du bruit du monde» de Valéry Giscard d'Estaing | Académie française

Cette fois-ci, c'est définitivement vrai !

 

 

« A Charles Michel, marquis du Plessis-Villette

5 auguste [1765] car je n’aime pas mieux août

que cul-de-sac,cela est trop welche.1

Les inflammations de poitrine, monsieur le marquis, nuisent beaucoup au commerce des lettres. J’en ai eu une dont les restes ne sont point du tout plaisants. Sans cela, votre jolie lettre du 4 juillet, vos très agréables vers, votre charmante imagination, m’auraient animé ; et je vous aurais dit, il y a un mois, tout ce que j’ai sur le cœur. Je vous trouve une des plus aimables créatures qui respirent : mais en même temps je vous trouve une des plus sages d’avoir un peu arrêté l’indiscrétion de ces bons amis qui disent du bien de vous pour de l’argent. Je les attends à une épître dédicatoire. M. de La Touraille, qui est d’une volée un peu différente, m’a écrit sur votre compte des choses qui ont bien flatté mon goût. Il vous aime, et il est digne de vous aimer. Vous avez là un bon second auprès de M. le prince de Condé. Je suis enchanté que vous n’aimiez pas trop le public, et que vous aimiez beaucoup vos terres. Voilà qui est vraiment philosophe :

Vous connaissez très-bien vos gens,
C’est un précieux avantage,
Et bien rare dans les beaux ans :
Votre esprit vous a rendu sage.
Si je le suis, c’est par mon âge,
Et je me suis trompé longtemps.

Mlle Clairon est chez moi : il y avait dix-sept ans que je ne l’avais vue. Elle n’était pas alors ce qu’elle est aujourd’hui . Elle a créé son art. Elle est unique . Il est juste qu’elle soit persécutée à Paris. Tout ce que vous m’avez appris, et tout ce qu’on m’a dit, augmente ma passion pour la retraite . Celle de vous y revoir est à son comble.

Permettez que je confie à vos bontés ce billet pour frère d’Alembert ? »

1 Tous les éditeurs à partir de Clogenson ont imprimé la version de la quatrième édition des Œuvres de M. de Villette, 1788 où celui-ci déforme la lettre, omet des passages et ajoute en fin deux paragraphes suspects, simplement conformes au climat politique du moment et aux opinions de Villette ; Clogenson au vu de la lettre du 16 juillet 1765 de d'Alembert qui parle de Villette en a conclu qu'il manque une lettre de d'Alembert .

« Il me mande que la Bible et le Martyrologe vous sont très-familiers. Vous avez soutenu devant lui avec courage et bienséance les attaques du prédicateur qui me hait encore plus qu’il n’aime le grand Arnaud et le grand Rousseau. Sans doute j’ai nié l’enfer des Égyptiens ; je me suis un peu moqué des charlatans qui ont inventé la roue d’Ixion ; mais j’ai toujours fait grand cas des inventeurs de la police. J’estime qu’un cavalier de maréchaussée impose plus lui seul que les trois furies et le vautour de Prométhée.

Je vous sais encore meilleur gré de savoir par cœur des pages entières de mon Siècle de Louis XIV. Vous me donnez une grande idée de ma prose. Mais ne répondez plus, je vous en prie, à ces vieilles redites. Je n’ai point fait un dieu de celui à qui j’ai reproché son despotisme, son ostentation, sa femme et son confesseur. Rien de si facile que de louer, ou de blâmer à outrance, un roi qui a doublé la force et la grandeur de la monarchie, laissé des monuments dignes de la Grèce et de Rome, brûlé les camisards, et donné son cœur aux grands jésuites. »

Lire la suite

03/12/2020 | Lien permanent

Il faut avouer qu’aujourd’hui aucune nation n'approche de la nôtre , soit dans les vertus pacifiques, soit dans la condu

... Qui dit mieux ?

Vive la France (et les patates frites ! comme disait mon grand-père .).

 

 

« A François-Louis-Henri Leriche

5 septembre 1766 1

La personne, monsieur, à qui vous avez bien voulu envoyer votre mémoire en faveur du sieur Fantet 2 vous remercie très sensiblement de votre attention . Votre ouvrage est très bien fait, et il serait admirable s’il plaidait en faveur de l'innocence . Mais le moyen de ne pas condamner un scélérat qui parmi quinze ou vingt mille volumes en a chez lui une trentaine sur la philosophie , no seulement il est juste de le ruiner, mais j'espère qu'il sera brûlé, ou au moins pendu pour l'édification des âmes dévotes et compatissantes . On est sans doute trop éclairé et trop sage à Besançon pour ne pas punir du dernier supplice tout homme qui débite des ouvrages de raisonnements . Il est vrai que sous Louis XIV on a imprimé ad usum delphini le poème de Lucrèce contre toutes les religions 3 et les œuvres d'Apulée . M. l'abbé d'Olivet, quoique franc-comtois, a dédié au roi les Tusculanes de Cicéron et le De natura deorum, livres infiniment plus hardis que tout ce qu'on a écrit dans notre siècle . Mais cela ne doit pas sauver le sieur Fantet de la corde . Je crois même qu'on devrait pendre sa femme et ses enfants pour l'exemple .

J'ai en main un arrêt d'un tribunal de la Franche-Comté par lequel un pauvre gentilhomme qui mourait de faim fut condamné à perdre la tête pour avoir mangé un vendredi un morceau de cheval qu’on avait jeté près de sa maison 4. C''est ainsi qu'on doit servir la religion, et qu'on doit faire justice .

On pourrait bien aussi, monsieur, vous condamner pour avoir pris le parti d'un infortuné . Il est certain que vous méprisez l’Église, puisque vous parlez en faveur de quelques livres nouveaux . Vous êtes inspecteur des domaines, par conséquent vous devez être regardé comme un païen : sicut ethnicus et publicanus 5.

Je me recommande aux prières des saintes femmes qui ne manqueront pas de vous dénoncer : on dit qu'elles ont toutes beaucoup d'esprit et qu'elles sont fort instruites . Vous ne sauriez croire combien je suis enchanté de voir tant de raison et tant de tolérance dans ce siècle . Il faut avouer qu’aujourd’hui aucune nation n'approche de la nôtre , soit dans les vertus pacifiques, soit dans la conduite à la guerre . Comme je suis extrêmement modeste, je ne mettrai point mon nom au bas des justes éloges que méritent vos compatriotes . Je vous supplie de vouloir bien me faire part du dispositif de l'arrêt lorsqu’il sera rendu . »

3 Apparemment l'édition signalée à propos de la lettre du 13 octobre 1759 à Mme Du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/29/que-j-aime-les-gens-qui-disent-ce-qu-ils-pensent-c-est-ne-vivre-qu-a-demi-q.html

Traduction de l'expression latine : à l'usage du Dauphin (donc expurgé).

5 Evangile de Matthieu , XVIII, 17 : comme un paysan et un publicain .

Lire la suite

06/12/2021 | Lien permanent

les pèlerinages, les prétendus miracles, les cérémonies superstitieuses, ne feront jamais un honnête homme . L’exemple s

...

 

« A Etienne-Noël Damilaville

13 avril 1766 1

Nous avons reçu, monsieur, votre lettre du 6 avril. Nous avons été très-affligés d’apprendre que vous avez été malade. Nous attendons avec impatience le paquet que vous nous annonciez par la diligence de Lyon . Cela sera très-important pour nos affaires, auxquelles vous daignez vous intéresser. Nous avons vu à la campagne M. de Voltaire, qui vous aime bien tendrement, et qui nous a chargés de vous assurer qu’il vous serait attaché toute sa vie. Il nous a paru en assez mauvaise santé, et un peu vieilli.

Nous ne manquerons pas de faire venir de Suisse le recueil des lettres des sieurs Covelle, Beaudinet et Montmollin 2. En attendant, voici une pièce assez singulière, et qui est très authentique. Nous en avons reçu quelques exemplaires de Neuchâtel, et ils ont été débités sur-le-champ.

Tous les souscripteurs pour l’Encyclopédie ont reçu leurs volumes dans ce pays. Nous ne concevons pas comment vous n’avez pas les vôtres à Paris. On trouve en général l’ouvrage très sagement écrit et fort instructif. Il est à croire que, sous un gouvernement aussi éclairé que le vôtre, la calomnie et le fanatisme ne priveront pas le public d’un livre si nécessaire, et qui fait honneur à la France.

On nous mande qu’il y a un arrangement pris entre monsieur le chancelier et M. de Fresnes, et que celui-ci sera nommé chancelier.

Pour nous autres Genevois, soit que M. le duc de Choiseul reprenne les affaires étrangères, ou que M. le duc de Praslin les garde, nous sommes également reconnaissants envers le roi, qui daigne vouloir pacifier nos petits différends. C’est un procès qui se plaide avec la plus grande tranquillité et la plus grande décence. Tous les citoyens sont également contents des médiateurs, et surtout de M. le chevalier de Beauteville, qui nous écoute tous avec la plus grande affabilité, et avec une patience qui nous fait rougir de nos importunités. Nous avons le bonheur d'avoir pour résident un homme de lettres 3 très instruit, qui aime tous les arts 4 . Il est dans l’intention de se fixer parmi nous, car il a fait venir une bibliothèque de plus de six mille volumes. C’est un homme qui pense en vrai philosophe, ami de la paix et de la tolérance, et ennemi de la superstition. Le nombre de ceux qui pensent ainsi augmente prodigieusement tous les jours, et dans la Suisse comme ailleurs. Nous eûmes, il y a quelque temps, un avocat général de Grenoble 5 qui vint voir notre ville . C’est un jeune homme très-éclairé, et qui a de l’horreur pour la persécution.

Dans mon dernier voyage à Montpellier, nous trouvâmes, mon frère et moi, beaucoup de gens qui pensent aussi sensément que vous ; et nous bénissons Dieu des progrès que fait cette sage philosophie véritablement religieuse, qui ne peut avoir pour ennemis que ceux du genre humain. Le bas peuple en vaudra certainement mieux quand les principaux citoyens cultiveront la sagesse et la vertu . Il sera contenu par l’exemple, qui est la plus belle et la plus forte des vertus. Il est bien certain que les pèlerinages, les prétendus miracles, les cérémonies superstitieuses, ne feront jamais un honnête homme . L’exemple seul en fait, et c’est la seule manière d’instruire l’ignorance des villageois. Ce sont donc les principaux citoyens qu’il faut d’abord éclairer. Il est certain, par exemple, que si à Naples les seigneurs donnaient à Dieu la préférence qu’ils donnent à saint Janvier, le peuple, au bout de quelques années, se soucierait fort peu de la liquéfaction dont il est aujourd’hui si avide . Mais, si quelqu’un s’avisait à présent de vouloir instruire ce peuple napolitain, il se ferait lapider. Il faut que la lumière descende par degrés ; celle du bas peuple sera toujours fort confuse. Ceux qui sont occupés à gagner leur vie ne peuvent l’être d’éclairer leur esprit . Il leur suffit de l’exemple de leurs supérieurs.

Adieu, monsieur ; toute notre famille s’intéresse bien vivement à votre santé et à votre bien-être. Nous désirerions pouvoir imprimer quelques-uns de ces beaux ouvrages qu’on fait quelquefois dans votre patrie pour la perfection des mœurs et de la raison.

Nous sommes, avec les sentiments les plus inaltérables, monsieur, vos très humbles et très obéissants serviteurs.

Les frères Boursier. »

1 La copie contemporaine Darmstadt prend fin avec les mots Nous sommes ; ici, édition de Kehl .

2 La collection des Lettres sur les Miracles .

3 Hennin .

4 Les mots le bonheur d'avoir et tous ne figurent que sur le manuscrit .

5 Voir la référence à Servan dans la lettre du 8 avril 1765 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/19/on-dit-qu-il-y-a-des-prejuges-qu-il-faut-respecter-6252630.html

et voir la lettre du 13 avril 1766 à Joseph-Michel-Antoine Servan .

Lire la suite

14/07/2021 | Lien permanent

Je n'ai point du tout été la dupe de tous les bruits qui ont couru sur une présentation à Versailles , et j'ai jugé que

... Also sprach un Gilet jaune bas de plafond .

- Warum ?...

- ... Weil : https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/emmanuel-macron-p...

 Un 21 janvier Louis XVI perd la tête, un 21 janvier Benalla perd la mémoire, un 21 janvier le président Macron prend le temps et les moyens pour redorer l'industrie française . Il a compris , lui, que pour distribuer de l'argent il faut d'abord en gagner .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

18 janvier 1764 aux Délices

J'étais mort, comme vous savez ; la lettre de mes anges du 12 janvier, ne m'a pas tout à fait ressuscité, mais elle m'a dégourdi . Il y a eu certainement trois paquets détenus à la poste . On ne veut absolument point de livres étrangers par les courriers ; il faut subir sa destinée ; mais avec ces livres on a retenu le conte des Trois Manières, qui était adressé à M. de Courteilles, et ce qu'il y a de plus criant, de plus contraire au droit des gens, c'est que ce conte manuscrit était tout seul de sa bande, et ne faisait pas un gros volume . Le roi ne peut pas avoir donné ordre qu'on saisît mon conte, et s'il l'a lu, il en aura été amusé pour peu qu'il aime les contes .

Je soupçonne donc que ce conte est actuellement entre les mains de quelque commis de la poste qui n’y entend rien . Comment fléchir M. Jeannel ? Est-il possible que la plus grande consolation de ma vie, celle d'envoyer des contes par la poste, soit interdite aux pauvres humains ? Cela fait saigner le cœur .

Ce qui m'émerveille encore, c'est que M. Le duc de Praslin n'ait point reçu de réponse de monsieur le premier président de Dijon . Cette réponse serait-elle avec mon conte ? J'ai supplié M. le duc de Praslin de vouloir bien faire signifier ses volontés à mon avocat Mariette . Il  fera ce qu'il jugera à propos .

Mais quoi ! la conspiration des roués s'en est donc allée en fumée ? J'ai envoyé en dernier lieu un 5è acte des Roués ; il est sans doute englouti avec mon conte . La pièce des Roués me paraissait assez bien ; la conspiration allait son train ; ce 5è acte me paraissait très fortifié ; mais s'il est entre les mains de M. Jeannel, que dire ? Que faire ? M. le duc de Praslin ne pourrait-il pas me recommander à M. Jeannel comme un bon vieillard qu'il honore de sa pitié ? Je suis sûr que cela ferait un très bon effet .

Par où, comment enverrai-je une Olympie rapetassée qu'on me demande ? M. Jeannel me saisira tous mes vers .

M. Lefranc de Pompignan envoie par la poste autant de vers hébraïque qu'il veut , et moi je ne pourrai pas envoyer un quatrain ! Et mes paquets seront traités comme des étoffes des Indes !

Vous me parlez, mes divins anges, de distribution de rôles, mais auparavant il faut que la pièce soit en état, et j'enverrai le tout ensemble .

Mes anges peuvent être persuadés que je leur ai écrit toutes les postes depuis un mois, sans en manquer une, et toujours sous l'enveloppe de M. de Courteilles ; qu'ils jugent de ma douleur et de mon embarras !

On m'a mandé d’Angleterre qu'il m'était venu un gros paquet de livres pour la Gazette littéraire . Je n'entends pas plus parler de ce paquet que de mon conte ; je n'entends parler de rien ; et je reste dans la banlieue de Genève, tapi dans les neiges comme un blaireau .

Je n'ai point du tout été la dupe de tous les bruits qui ont couru sur une présentation 1 à Versailles , et j'ai jugé que cette représentation n'aurait pas beaucoup de suite .

Je me mets sous les ailes de mes anges, dans l'effusion et dans l'amertume de mon cœur.

 

N.B. – Remarquez bien que depuis un mois je n'ai reçu d'eux qu'une lettre .

Remarquez encore que j'approuve de tout mon cœur l'idée du père Corneille . Je vais écrire ou plutôt faire écrire ( car mes yeux refusent le service) à Gabriel Cramer à Genève pour qu'il s'arrange avec les distributeurs des exemplaires à Paris , pour que le père Corneille en porte à qui il voudra . Il sera sans doute très bien accueilli du roi . »

1 L'édition de Kehl a mis représentation .

Lire la suite

23/01/2019 | Lien permanent

la vérité, fermera la bouche aux imposteurs ; j'avoue que je dois les dédaigner, mais je ne dois pas moins les confondre

... Entendez-vous, Marine, Jean-Luc, Nicolas, Jean-Frédéric, François, -- pour ne citer que les plus malfaisants et peu recommandables,-- menteurs patentés https://www.franceinter.fr/politique/presidentielle-2022-...

 

 

« A Abraham Freudenreich 1

Au château de Ferney par Genève 11è janvier 1766 2

Monsieur,

Je profite du premier relâche que me donnent les maux dont ma vieillesse est accablée pour vous souhaiter à vous et à Mme de Freudenreich des années plus heureuses que les miennes et aussi longues que votre vertu les mérite .

Permettez que je saisisse cette occasion pour vous parler d'un ridicule singulier qui s'est mêlé aux tracasseries de Genève . Vous savez que ces querelles se sont élevées en partie à l'occasion du sieur Jean-Jacques Rousseau . Des brouillons ont imaginé que j'étais l'ennemi de cet homme, que non seulement j'avais engagé le conseil de Genève à donner un décret de prise de corps après lui, mais que j'avais écrit plusieurs lettres à M. le pasteur Bertrand, pour vous engager à le chasser du territoire de votre République .

Vous savez, monsieur, qu'une telle imposture n'a pas le plus léger fondement . M'accuser de persécuter un homme de lettres, c'est m'imputer de me poursuivre moi-même . J'ai toujours été si éloigné d'une telle horreur, que dans tous les temps j'ai offert à M Rousseau une maison de campagne, dont il aurait été le maître, et où il eût été toujours à l'abri de ses ennemis . Quoiqu'il en ait très mal usé avec moi, je suis encore dans les mêmes dispositions . Jugez quelle apparence il y a que j'aie jamais sollicité personne de votre République de le faire chasser de votre territoire .

M. Bertrand est protégé par vous , monsieur ; il était continuellement dans votre maison ; vous avez vu toutes les lettres que je lui ai écrites ; elles n'ont roulé que sur des points d’histoire naturelle et sur sa collection de raretés , que j'ai sollicité Mgr l’Électeur palatin d'acheter de lui . Je ne lui ai jamais prononcé de nom de Rousseau non plus qu'à vous, ni à personne du Conseil, ni à aucun citoyen de votre État . C'est une justice que j'espère que vous me rendrez, en attendant que je puisse écrire à M. Bertrand que je crois actuellement en Pologne .

Il est triste que mes derniers jours soient fatigués par de si infâmes calomnies . J'ose me flatter qu'un mot de votre main, en rendant gloire à la vérité, fermera la bouche aux imposteurs ; j'avoue que je dois les dédaigner, mais je ne dois pas moins les confondre ; et je ne puis mieux y parvenir que par le témoignage d'un homme de votre naissance et de votre mérite, compté depuis si longtemps parmi les premiers seigneurs de Berne et parmi les plus vertueux des hommes .

J’ai l'honneur d'être, avec un très respectueux attachement qui ne finira qu'avec ma vie,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

2 Copie signée envoyée à J.-A. De Luc, (Genève), avec mention de la main de Voltaire , « copie de la lettre de M. de Voltaire à M. le baron de Freudenrik, conseiller banneret de l’État de Berne » ; l'édition Gagnebin , «  Voltaire a-t-il provoqué l'expulsion de Rousseau de l’île Saint-Pierre ? » dans les Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau, 1943-1945 . M. Gagnebin répond par la négative à la question qu'il pose, et cela à juste titre . Il est vrai que le 12/14 janvier, Dupan écrit à Freudenreich : « Tant que Rousseau n'a pas été loin d'ici, Voltaire s'est un peu ménagé sur son compte, mais à présent il en parle comme d'un menteur, d'un coquin qui mériterait d'être chassé de tout le pays . C'est sur ce ton qu'il en entretenait vendredi dernier le père et fils de Luc, lesquels abandonnèrent ce cher et illustre concitoyen sans répondre un mot . » Mais la correspondance entre Luc et Freudenreich qui vient d'être mise au jour,ne confirme pas qu'il ait joué un rôle actif dans l'affaire de l'expulsion de Rousseau .

Voir : https://data.bnf.fr/fr/12227179/jean-andre_de_luc/

et  voir Du Pan et Freudenreich dans Annales de la société JJ Rousseau : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k16144h/texteBrut

Lire la suite

ami, tout le monde fait des sottises

... Par pensées, par paroles et par actions dit-on lorsque l'on va se confesser de ce genre de sottises que le clergé catholique nomme péchés .

Il y a belle lurette que mes genoux n'ont pas repris contact avec les marches d'un confessionnal et que j'ai mis au panier de linge sale les sept péchés capitaux et la kyrielle de péchés véniels y attenant . Point de lessive de mon âme par un sous -fifre à col romain, je fais confiance à celui qui est censé m'avoir permis de commettre des "sottises"

. 

Elle est pas vachement belle la vie ?

lavieestvachementbelle 9411.JPG

 

 

 

 

« A M. THIERIOT

Aux Délices, 17 septembre [1756]

Mon ancien ami, tout le monde fait des sottises. Les frères Cramer en ont fait une très-ridicule; je leur ai lavé leur tête genevoise 1. Ce sont gens de mérite; mais ils ne connaissent point Paris.
J'apprends que Mme de La Popelinière est guérie radicalement par M. Castera 2. Cela est-il vrai ? Je la prie de croire que je m'y intéresse véritablement.
Mme de Fontaine est très-mal, M. Tronchin aura bien de la peine à la tirer d'affaire. Je serais inconsolable de la perdre. Quid novi de Salomon3 et de la reine de Saba 4?
Mes respects à Mme de Graffigny; mes compliments de ce qu'elle donne une sœur à Cénie 5. Je suis bien loin de rimer pour un théâtre que je ne verrai plus. »

 

1 Il écrira à d'Anville (géographe du roi) en parlant de l'Essai sur l'Histoire générale que les Cramer éditent trop tôt: «  Mrs Cramer qui sont tout deux tres aimables, et des premieres familles de Geneve et fort au dessus de la profession de libraire m’ont arraché cet ouvrage tres informe qui demanderait le travail assidu de plusieurs gens de lettres, la bibliothèque (sic) du Roy et beaucoup de goût pour être moins indigne du public : il y a dans ce livre bien des fautes de l’imprimeur, et encore plus de l’auteur »

2 Pierre Castera, qualifié de médecin de l'armée de Bohème .

3 Frédéric II

4 Marie-Thérèse d'Autriche

5 La Fille d'Aristide . Voir lettre du 13 septembre à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/17/la-paix-vaut-encore-mieux-que-la-vengeance.html

 

Lire la suite

18/08/2012 | Lien permanent

Votre mari , monsieur, va bientôt quitter votre ménage pour aller travailler

... 250 ans avant le mariage pour tous (pour tous ceux qui le désirent, et non pour les mariées forcées), la réalité dépassait la fiction . 

 Afficher l'image d'origine

 

 

 

« A Ami Camp, Banquier

à Lyon

Aux Délices 20 janvier 1762

Votre mari 1, monsieur, va bientôt quitter votre ménage pour aller travailler avec les soixante et une personnes 2 en comptant le roi, par qui la France est administrée . Ce sera donc vous seul que Mme Denis et moi, nous accablerons désormais . Vous daignez vous charger de tous les chiffons de Mme Denis . Vous êtes inépuisables dans vos bontés votre mari et vous . Il faut bien en passer par ce que vous ordonnez . Je n'écris point à M. Tronchin . Je le crois un peu occupé, et je sais respecter le poids des affaires qu'il doit avoir sur les bras , et l'immense quantité de lettres auxquelles il doit répondre . Si vous avez , monsieur, un moment de loisir, je vous dirai que j'ai reçu le group de deux cents louis, et que vers le premier février j'attendrai les cent louis que je vous prie d'adresser à moi-même, chez M. Cathala . Ce sera moi qui présenterai chaque mois cent louis à notre économe dépensière, et au mois de mars vous aurez la bonté de retenir la valeur des chiffons que notre dépensière aura fait venir pour ses amusements, car nous sommes convenus que cent louis par mois avec le produit de nos terres suffiraient pour notre subsistance et pour nos plaisirs, et cet arrangement me paraît assez honnête .

Je ne comprends pas parmi les chiffons, la balle de café et le tonneau d'huile , que M. Tronchin a bien voulu me promettre . Ce sont de bons effets et bien nécessaires . Nous sommes obligés d'acheter à présent le café à Genève , et nous n'y en trouvons que de très mauvais . Cette malheureuse guerre dont je ne prévois pas la fin est un coup terrible porté au commerce .

J'embrasse tendrement et sans cérémonie le mari et la femme .

V. »

1 Jean-Robert Tronchin, selon une plaisanterie usuelle entre eux . Voir lettre du 13 juin 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/13/dans-cette-incertitude-je-prends-le-parti-le-plus-convenable-5639479.html

 

Lire la suite

16/01/2017 | Lien permanent

qu'on lui fasse peu de frais, parce qu'il est très pauvre

... Pierre Gattaz , himself, pauvre en esprit ( le royaume des cieux lui appartient ) , blindé de thune  (pas suffisamment à son goût ), ne me fait pas envie et encore moins pitié . Voir le Figaro Gorafi : http://www.legorafi.fr/2014/05/07/pierre-gattaz-demande-aux-pauvres-de-bien-vouloir-souffrir-avec-un-peu-plus-de-dignite/

Pierre-Gattaz.jpg

 

 

 

 

« A Joseph-Marie Balleidier

Aux Délices , 29 décembre 1759 1

Je ne suis point, monsieur, tenu de payer les domestiques de Bétens ; je lui ai prêté de l'argent sans intérêt pour le tirer de prison, et par le contrat que j'ai bien voulu faire avec lui, il est dit expressément que je ne dois entrer dans aucune de ses dettes ; je me suis même réservé le droit de vendre sa terre que je voulais lui conserver, en cas qu'il arrivât la moindre difficulté . Je n'ai point voulu être la dupe du bien que je lui ai fait . S'il doit de l'argent à ses domestiques, qu'il les paie . J'ai déjà avancé pour lui 4400 livres . Mme Donop menace encore de saisir sa terre pour d'anciennes dettes . Je ne peux pas me ruiner pour sauver toujours cet homme . Il faut qu'il s’accommode avec les créanciers dont vous parlez ; qu'on lui fasse peu de frais, parce qu'il est très pauvre ; je pourrai lui prêter encore un peu d'argent pour cette affaire, mais très peu, parce que j'en ai fort peu . »

Le texte de la présente lettre est reconstruit à partir de fragments cités dans l'édition Vézinet A.

Voir lettre du 24 décembre 1759 au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/03/quel-delai-on-peut-avoir-pour-repondre-aux-mensonges-averes-5525062.html

 

Lire la suite

06/01/2015 | Lien permanent

Le peu que mes yeux très malades et très faibles m'a permis de lire, m'a paru un recueil assez mal digéré

... Qu'est-ce donc ? Tout simplement le questionnaire de culture générale pour les Miss France 2020 .

A vous de jouer : https://www.francebleu.fr/infos/medias-people/reussirez-v...

Résultat de recherche d'images pour "clémence botino"

Faites-vous mieux que Miss Guadeloupe : Clémence Botino ?

 

 

« A Elisabeth-Sophie Gilly , marquise de Jaucourt 1

A Ferney 3 octobre [1764]

Je n'ai jamais senti madame plus cruellement les désagréments que la maladie entraine avec elle, qu’en étant privé de l'honneur de vous faire ma cour .

Mme Du Deffand me charge de lui envoyer par vous madame un livre intitulé Dictionnaire philosophique . Je ne puis obéir à son ordre . J'ai fait chercher vainement ce livre dans Genève . Je n'en ai pu déterrer qu'un seul exemplaire auquel même il manquait une feuille . J'ai appris avec étonnement qu'on m’attribuait cet ouvrage . Ce serait encore une raison de plus pour ne m’en pas charger . Mme Du Deffand ne fait pas là une grande perte . Le peu que mes yeux très malades et très faibles m'a permis de lire, m'a paru un recueil assez mal digéré de ce qu'on trouve dans vingt auteurs . Il est d’ailleurs horriblement mal imprimé et rempli de fautes absurdes . Il y aurait bien de la malignité à m'imputer cette rapsodie . J'ose donc vous supplier madame de vouloir bien m’excuser auprès de Mme Du Deffand . Je n'aurais point de plus grand plaisir que d’obéir à ses ordres comme aux vôtres . Permettez-moi madame de présenter mes hommages à MM. de Jaucourt, et à Mme de Gourgues .

J'ai l'honneur d'être avec bien du respect

madame

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

Lire la suite

25/11/2019 | Lien permanent

Page : 365 366 367 368 369 370 371 372 373 374 375