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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

en cas qu'un heureux hasard vous fasse rencontrer une personne honnête et un peu instruite à qui on pourrait procurer un

... J'attends ...

Un nom ? des noms ?...

Personne . On ne trouve que des instruits ; selon eux, la petite fortune  vient au premier plan bien avant la liberté .

S'il est un exemple d'instruit, mais malhonnête intellectuellement, le Jean-Luc Mélenchon sert d'étalon ; ce grand savant (de Marseille évidemment ) sait d'où viennent les virus et sait comment les éradiquer , il se pose en écologiste et bienfaiteur des animaux et de la planète, ce n'est qu'un bonimenteur de foire, et  bien que de gauche il ne sent pas la rose , son parfum est celui de Pépé le Putois .  Faut pas pousser grand'mère dans l'concasseur ! (Pierre Perret dixit)

 

 

 

« A Jacob Vernes

à Séligny

près de Copet

17è octobre 1766 à Ferney

On ne m'a point rendu, monsieur, le petit livre que vous me demandiez 1 ; j'écris à l'auteur pour le prier de vouloir bien m'en envoyer une douzaine d'exemplaires . Je ne manquerai pas de vous en faire tenir un s'il m'accorde ma requête .

Connaîtriez-vous, ou pourriez-vous trouver dans le pays de Vaud quelque honnête homme qui s’entendit à la culture des terres, et qui voulût administrer ou prendre à ferme un domaine assez considérable ? Il y serait entièrement libre, on lui ferait des conditions avantageuses . C'est dans un pays où la tolérance la plus grande est admise ; on désirerait même que cet homme fût de la religion des arminiens, ou plutôt des céliens . Il ne serait point du tout exposé à la mauvaise volonté des gomaristes 2 . Vous me répondrez peut-être qu'il faudrait que cet homme eut été élevé par vous, et que vous n'avez pas encore eu le temps de semer votre bon grain . Aussi je ne vous fais cette proposition qu'en cas qu'un heureux hasard vous fasse rencontrer une personne honnête et un peu instruite à qui on pourrait procurer une petite fortune, et surtout une entière liberté qui vaut mieux que l'opulence .

Je vous demande votre bénédiction, et je vous donne la mienne . Les petits présents entretiennent l'amitié . »

1 D'après une indication fournie par la lettre du 27 octobre 1766 à Vernes, il appert que cet écrit est l'Abrégé de l'histoire de l’Église : « J'ai eu l'honneur, monsieur, d'envoyer chez M. votre frère cet Abrégé qu'on m'a enfin rendu . » Voir aussi lettre du 13 juin 1766 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/09/01/ceux-qui-font-mourir-des-citoyens-sans-dire-precisement-pour-6335108.html

Et voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8541533.image

et  l'auteur Claude Yvon : http://abbe.yvon.free.fr/biographie_yvon_2016c.pdf

2 Les arminiens professent sur la prédestination des thèses opposées à celles de Calvin et des gomaristes . Les céliens ne sont pas connus ; V* penserait-il aux célicoles qui au temps de l'empereur Honorius vénéraient le ciel à la place de Dieu ?

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Arminianisme

et : https://fr.wiktionary.org/wiki/gomariste

et : https://fr.wiktionary.org/wiki/c%C3%A9licole

et : https://www.parents.fr/prenoms/celien-37285

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18/01/2022 | Lien permanent

Cette gloire que vainement, Dans ses écrits on se propose, On sait très bien que c'est du vent, Mais les plaisirs son

... Cette gloire française promise par ces candidats des primaires de gauche est tout aussi illusoire que le pouvoir qu'ils croient détenir/obtenir . Ces ânes bâtés sont encore convaincus de la véracité de l'effet papillon, mais leurs moulinets de bras ne brassant que du vide ne provoquent guère de changement sur notre planète, au mieux ils pourraient servir d'épouvantails à moineaux .

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« A François de Chennevières

4 janvier 1762 1

Vous m'avez écrit des vers charmants mon cher confrère en Apollon . Je ne compte pas sur la gloire dont vous me bercez mais bien sur les plaisirs puisque j'ai tous ceux qui conviennent à mon âge . Je bénis la vieillesse et la retraite, elles m'ont rendu heureux .

Cette gloire que vainement,

Dans ses écrits on se propose,

On sait très bien que c'est du vent,

Mais les plaisirs sont quelque 2 chose .

C'en est un très grand surtout d'être un peu aimé de vous et de la sœur du pot . Pourquoi ne m'avez-vous rien dit de l'honneur que nous avons d'être castillans, napolitains, parmesans ?3 Il me semble que ce traité fait un honneur infini à M. le duc de Choiseul . Vous savez combien je suis attaché à tout ce qui porte cet illustre nom .

Permettez-vous que je glisse ici une lettre pour Mme de Fontaine ma nièce ?4 »

1 L'édition Cayrol est incomplète car elle n'est pas faite d'après l'original .

2 V* a d'abord écrit puis rayé peu de .

4 Voir lettre du même jour à Mme de Fontaine : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/03/j...

 

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04/01/2017 | Lien permanent

Veut-il bien avoir la bonté de procurer le petit livre sur la nouvelle méthode de faire cuver le vin ?

... M. Darmanin n'est pas (du moins pas encore ) assez savant pour égaler Jean-Antoine Chaptal , ministre de l'Intérieur lui aussi, et qui a été un vrai malfaiteur dans le domaine vinicole en enseignant à faire  passer de la daube pour bon vin, et permettant d'enrichir de piètres viticulteurs à partir de piquette à décaper les carrelages : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99art_de_faire,_go...

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A votre santé , si possible ! Tchin tchin !

 

 

« A Joseph Vasselier 1

Il est juste que monsieur Vasselier lise l'histoire des papes . Le solitaire malade fait les plus tendres compliments à monsieur Tabareau .

Veut-il bien avoir la bonté de procurer le petit livre sur la nouvelle méthode de faire cuver le vin ?

19è auguste [1768]. »

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10/03/2024 | Lien permanent

Tâchez, mon prêtre aimable, de savoir et de me dire s'il n'y a pas au moins cinq cents familles françaises dans Genève

... Et je suis sans doute en dessous du chiffre réel en notre année 2014 . Certains revenus confortables permettent cette résidence au pays des banques, des Rolex (et non des Solex) et du petit café à 6 euros .

 Par contre, le travailleur frontalier de base ....

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 http://international.lefigaro.fr/propagande-parti-populis...

 

« A Jacob VERNES

ministre bien marié
[février 1759] 1
Tâchez, mon prêtre aimable, de savoir et de me dire s'il n'y a pas au moins cinq cents familles françaises dans Genève. Pourquoi ce monstre de Caveyrac dit-il qu'il n'y en a pas cinquante 2?
Il faut confondre cet ouvrage du diable 3, qui veut justifier la Saint-Barthélemy et les cruautés exercées dans la révocation de l'édit de Nantes.
Qui sont les oisifs qui m'imputent je ne sais quel Candide 4, qui est une plaisanterie d'écolier, et qu'on m'envoie de Paris? J'ai vraiment bien autre chose à faire.
Bonjour, fortunate puer 5. V. »

1La lettre est datée en particulier en fonction du mariage de Vernes le 8 janvier 1759 .

2 Jean Novi de Caveirac : page 83 de Apologie de Louis XIV … , 1758 ; le nombre de familles françaises admises à la bourgeoisie de Genève de 1530 à 1685, date de la révocation de l’Édit de Nantes, avait été de 262 ; il y en eut 90 de 1685 à 1758 ; soit en tout 352 depuis la Réforme . Ces chiffres sont tirés de l'Armorial genevois, 1896 , de J.-B.-G. Galiffe, Adolphe Gautier et Aymon Galiffe . Deux points doivent être notés : beaucoup de familles vinrent à Genève et n'y restèrent pas ; parmi celles qui s'y installèrent, beaucoup ne purent acquérir le droit de bourgeoisie . L'ouvrage de Caveirac avait été demandé à Thiériot par V* le 24 décembre 1758 (voir lettre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/01/09/nous-serons-plus-heureux-vous-et-moi-dans-notre-sphere-que-d-5267196.html) et envoyé par celui-ci le 25 janvier 1759 en même temps que les cartes destinées à un atlas : « Vous trouverez dans votre caisse outre vos cartes l'horrible et détestable livre de l'apologie de la révocation de l’Édit de Nantes et une aussi indigne dissertation sur la Saint Barthélémy ».

3 V* s'empressa de « confondre cet ouvrage du diable » en écrivant à cet effet une longue note qu'il annexa à l'Ode sur la mort de Son Altesse la margrave de Bareith. Voir : http://books.google.fr/books?id=ES0HAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q=caveirac&f=false

4 Première mention de Candide dans la correspondance .

5 Heureux enfant ; Vernes était né le 31 mai 1728 .

 

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21/03/2014 | Lien permanent

Je voudrais n’avoir jamais rien écrit.

... Et moi, je suis heureux de pouvoir lire ceci , sans lassitude !

 

« A Etienne-Noël Damilaville

A Genève, 30è mai 1765 1

Le malade réformé à la suite de Tronchin envoie aux malades de Paris les réponses de l’oracle d’Epidaure. Mais je vous répéterai toujours, mon cher ami, qu’une sœur du pot 2 fait plus de bien à un malade qu’elle soigne, qu’Esculape n’en peut faire en dictant ses ordonnances de cent lieues. D’ailleurs M. Tronchin n’a pas un moment dont il puisse disposer, et ne peut donner au nombre prodigieux de consultations dont on l’accable toute l’attention qu’il voudrait. Je vous exhorte, mon cher ami, à ne pas négliger de faire voir votre mal de gorge à quelqu’un en qui vous aurez confiance.

Nos amis, qui ont fait ce charmant ouvrage de la justification de la Gazette littéraire 3, doivent être très affligés qu’il ne paraisse pas. Mais tout doit céder aux désirs de M. le duc de Praslin . Cette Gazette littéraire est dans son département ; c’est lui qui la protège, c’est à lui à décider de ce qui doit être publié et de ce qui doit être supprimé. Gabriel, à qui on avait envoyé le manuscrit, veut bien sacrifier son édition ; il lui en coûtera son argent ; un libraire de Hollande ne serait pas si honnête. J’ignore si l’ouvrage était connu de M. le duc de Praslin. Il se peut que vos amis ne l’aient pas consulté, et qu’ils se soient reposés sur l’envie de lui plaire ; en ce cas, il n’est tenu à rien, et ne doit aucun dédommagement . D’ailleurs la quantité de livres écrits librement est si grande dans l’oisiveté de la paix, que je conçois bien que tout ce qui vient de l’étranger est suspect. Les lettres de ce fou de d’Éon 4, de cet autre fou de Vergy  5; L’Espion chinois 6, la vie de madame de Pompadour 7, les récriminations de la société de Jésus, inondent l’Europe. Toutes les fois qu’il paraît un nouveau livre, je tremble. Il a beau être détestable, je crains toujours qu’on ne me l’impute. Je voudrais n’avoir jamais rien écrit. C’est une barbarie de m’avoir attribué ce Dictionnaire philosophique, dont plus de quatre auteurs sont assez connus. Il n’y a point d’homme de lettres et de goût qui ne sente la différence des styles.

Pour le fatras chaldéen et syriaque de l’abbé Bazin, je m’y perds . Il n’y a que des calomniateurs bien maladroits qui puissent dire au roi que j’ai fait un tel ouvrage. Je ne crois pas qu’il y ait un bénédictin en France qui soit capable d’en être l’auteur. Je suis bien las d’être en butte aux discours des hommes. Dans quelle solitude faut-il donc s’ensevelir ? Adieu, mon cher ami ; plaignez et aimez votre ami.

Voltaire. »

1 L'édition de Kehl suivie des autres supprime les mots ce fou de [d’Éon] et cet autre fou de [Vergy].

2 Une sœur de charité .

6 Par Goudar, attribué au chevalier d’Éon . Voir lettre de janvier-février 1765 à Rieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/04/20/ne-vous-affligez-pas-pour-la-prevarication-impudente-d-un-miserable-librair.html

7 Sur les prétendus Mémoires de Mme de Pompadour ; Beuchot dit que V* se réfère aux Mémoires de Mme de Pompadour , mais ceux-ci ne furent publiés qu'en 1766 à Liège.

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29/09/2020 | Lien permanent

N’est-ce pas Hobbes qui a dit que l’homme était né dans un état de guerre ? Je suis fâché que cet Hobbes ait raison

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L'actualité lui donne malheureusement raison .

 

 

« A Charles Palissot de Montenoy

11 auguste [1764]

Si Paul avait toujours été brouillé avec Pierre et Barnabé, dont il parla si cavalièrement 1, vous m’avouerez, monsieur, que notre sainte religion aurait couru grand risque. La philosophie se trouvera fort mal de la guerre civile. J’ai toujours souhaité, comme vous savez, que les gens qui pensent bien se réunissent contre les sots et les fripons. Je voudrais de tout mon cœur vous raccommoder avec certaines personnes ; mais je crois que je n’y parviendrai que quand j’aurai regagné les bonnes grâces des Fréron et des Pompignan.

N’est-ce pas Hobbes qui a dit que l’homme était né dans un état de guerre ?2 Je suis fâché que cet Hobbes ait raison. On m’a fait voir je ne sais quel poème de l’abbé Trithème, intitulé la Pucelle ; il y a un chant 3 où tout le monde est fou ; chacun des acteurs donne et reçoit cent coups de poing. Voilà l’image de ce monde. Je conclus avec Candide qu’il faut cultiver son jardin. En voilà trop pour un pauvre malade. »

1 Paul ne semble pas avoir parlé cavalièrement de Barnabé, à moins qu'on n’interprète dans ce sens un passage de l’Épître aux Galates, II, 13 : https://www.aelf.org/bible/Ga/2

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10/10/2019 | Lien permanent

Personne n’est plus indulgent que moi, mais ce n’est pas pour les calomniateurs

 http://www.youtube.com/watch?v=sqinwy0RdQs : l' Eternel féminin vu par Juliette .

On peut lui faire confiance pour la réalité des faits , elle est femme , et je me réjouis chaque fois que je l'écoute. Non pour le point final, mais pour ce ton d'humour qu'elle sait manier à la perfection  .

 

Régalez vous et grappillez ses autres titres, vous en redemanderez ...

 

 

 

 

 

 

« A Charles Manoël de Végobre

 

                            Je vous confie, mon cher Monsieur, que M. Court est à Paris sous un autre nom [Antoine Court de Gébelin, à Paris pour créer un centre clandestin de renseignement et de propagande pour les protestants. Il a écrit  Les Toulousaines ou Lettres historiques et apologétiques en faveur de la religion réformée et de divers protestants condamnés (1763) ]. J’ai peur qu’il ne veuille précipiter le succès de ce que j’ai entrepris en faveur des protestants du royaume ; et que son zèle très louable ne demande trop tôt ce qu’on ne doit attendre que dans quelques années. Il m’a prié de lui faire avoir des audiences de quelques personnes qui peuvent beaucoup ; je l’ai fait. Je peux vous assurer qu’il y a des hommes en place qui sont tout aussi zélés que moi. Mais plus cette affaire est importante, plus elle demande de ménagements extrêmes.

 

                            Si quelques jours vous pouviez venir chez moi, je vous montrerais des choses qui vous surprendraient beaucoup .Comptez que personne ne vous a servis plus efficacement que moi depuis plus de soixante ans.

 

                            Laissons d’abord juger définitivement l’affaire de Calas, à laquelle mon avocat au Conseil travaille jour et nuit. C’est alors qu’on pourra agir avec plus de sureté.

 

                            M. le maréchal de Richelieu me mande qu’il accorde toute sa protection à M. de Carbon, et que si on voulait lui faire la moindre peine, il l’en ferait avertir.

 

                            Vous avez dans votre ville de Genève une espèce de quakre, qui mériterait, au moins d’être chassé, s’il était coupable de la calomnie qu’on lui impute [Claude Gray, qui invité à diner chez V* aurait affirmé ensuite « qu’on avait tenu à table de discours impies ». V* écrit à l’avocat Debrus à Genève : « S’il répand en effet ce bruit , nous en demandons justice, ou nous la ferons nous-mêmes. » et signe « Voltaire, Denis »]. Je suis bien aise de vous envoyer la déclaration de Mme Denis et la mienne. Personne n’est plus indulgent que moi, mais ce n’est pas pour les calomniateurs . Je ferai saisir ce misérable par la maréchaussée, s’il reparait sur les terres de France.

 

                            Je vous embrasse de tout mon cœur, et sans cérémonie.

 

                            V.

 

9è décembre 1763 à Ferney. »

 

 

                           

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09/12/2009 | Lien permanent

Vous ne devez pas dépouiller des pauvres de leur unique bien. Ce n’est rien pour vous que quelques bœufs et quelques vac

..."Les meubles de mon malheureux fermier , qui perd dans son exploitation, ne doivent pas être à vous."

L'actualité du monde paysan a mis en lumière la misère qui frappe trop souvent les cultivateurs mis à la porte de chez eux par leurs banques . Ces dernières -- dont le Crédit Agricole, le plus gros propriétaire terrien potentiel-- sont connues pour être de vrais pousse-au-crime en accordant des prêts déraisonnables  pour des achats de matériel qu'elles savent pertinamment disproportionné. C'est intolérable . Quand on me demande pourquoi j'aime Voltaire, je parle bien sûr de ses idées et prises de position philosophiques, mais aussi de son action sur le terrain pour aider les pauvres ; il ne s'est pas contenté de paroles , lui . Ne l'oublions pas .

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https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=cjN4HKpVD...

 

 

« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon

Du 19 auguste 1768, à Ferney 1

Je n’ai pas répondu plus tôt, monsieur, à votre lettre du 10 mai, parce que j’ai voulu avoir le temps de m’instruire. Je vous réponds quand je suis instruit.

Vous me dites que vous avez donné à Mme Denis, l’une de mes nièces, un désistement de la clause intolérable de votre contrat 2. Elle donne des déclarations réitérées que jamais vous ne lui avez ni écrit, ni fait parler, ni fait écrire sur cette affaire essentielle.

Vous dites ensuite que c’est à M. Fargès, intendant de Bordeaux, que vous avez envoyé ce désistement, et qu’il a dû le donner à Mme Denis. J’ai écrit à M. Fargès : il me marque, par sa lettre du 11 juin 3, qu’il n’a jamais reçu un tel papier, que vous ne lui en avez jamais parlé, et qu’il ne s’agissait que d’un procès pour des moules de bois.

J’ai fait consulter à Paris des avocats sur tous les objets qui nous divisent : ils ont tous été d’avis que je prisse des lettres de rescision contre vous, et ils les ont fait dresser.

Je n’ai pas voulu cependant prendre cette voie. J’aime mieux faire sur vous un dernier effort. Voici le fait tel qu’il est prouvé par les pièces authentiques.

Vous venez en 1758 me vendre à vie votre terre de Tournay que vous me donnez pour une comté 4. Vous exprimez dans le contrat qu’elle est estimée de 3,500 livres de rente 5. Vous exprimez dans le mémoire de votre main 6, que le bois attenant est de cent poses . Vous exigez par le contrat que je fasse pour 12 000 livres de réparations. Vous stipulez qu’à ma mort tous les effets et meubles sans aucune exception, qui se trouveront dans le château, vous appartiendront en pleine propriété. J’omets d’autres clauses sur lesquelles je m’en rapportai à votre équité et à votre honneur, ne connaissant point du tout la terre.

À l’égard des réparations, j’en fais d’abord pour 18 000 livres, dont j’ai les quittances libellées. Je vous en informe. Pour réponse, vous me menacez d’un procès au sujet de quelques sapins coupés pour ces réparations selon le droit que j’en ai.

À l’égard des 3 500 livres de rente que la terre doit produire, je ne l’afferme que 1 200 livres en argent, et environ 300 livres en denrées. Ainsi je suis lésé de plus de moitié, et je ne m’en plains pas.

À l’égard du bois, vous l’avez affirmé de cent poses. Les arpenteurs du roi n’y ont trouvé que 39 arpents, mesure de Bourgogne, qui valent vingt-trois poses et demie 7 ; et de ces 23 poses et demie, vous faisiez couper la moitié par votre commissionnaire Charles Baudy, dans le temps même que vous me vendiez ce bois. Et vous dites dans le contrat que vous avez vendu cette partie à un marchand. Ainsi me voilà entièrement frustré du bois, et vous m’obligez encore de vous laisser à ma mort soixante arbres par arpent.

À l’égard des effets et meubles qui doivent sans exception vous appartenir à ma mort, vous voulez bien vous désister de cette clause qui seule pourrait rendre le contrat nul. Mais vous prétendez que tous les effets concernant l’agriculture vous appartiendront : cela n’est pas juste. Les meubles de mon malheureux fermier 8, qui perd dans son exploitation, ne doivent pas être à vous. Vous ne devez pas dépouiller des pauvres de leur unique bien. Ce n’est rien pour vous que quelques bœufs et quelques vaches avec de misérables ustensiles ; c’est tout pour eux.

Je vous demande un accommodement honnête. Je vous déclare que je suis prêt 9 d’en passer par l’arbitrage des membres du Parlement ou des avocats que vous choisirez vous-même.

Vous me répondez que Warburton sait l’histoire orientale, que Corneille est une lune et que je ne suis qu’une étoile. Il ne s’agit pas ici de savoir si les influences de cette étoile ont été utiles aux descendants de Corneille ; il s’agit que je puisse vivre et mourir chez moi, en attendant que ce chez moi soit chez vous. Il n’y a aucun fétiche qui puisse en être offensé.

Vous me dites que je n’ai nulle envie de demeurer à Tournay ; et moi je vous répète, monsieur, que je veux y habiter ; et voici ce que je demande :

1° Que vous vouliez bien me déclarer, par un mot d’écrit, que vous ne répéterez 10, après ma mort, aucun meuble quel qu’il soit, que les vôtres ou la valeur, en compensant le temps qu’ils ont servi ;

2° Que vous me laisserez prendre du bois pour mon chauffage, sans que je réponde des arbres qui sont couronnés ou vermoulus ;

3° Que vous transigerez à l’amiable avec mes héritiers, en considération de ce même bois que vous m’avez vendu pour cent poses et qui n’en a que vingt-trois et demie 11. Il n’est pas possible que je ne fasse pour deux mille écus au moins de réparations au château, si j’y demeure. Ces dépenses vous resteront, et quand il m’en aura coûté environ 60 000 livres pour une terre à vie achetée à 66 ans, laquelle me rapporte à peine 1 500 livres, vous ne serez pas lésé, et vous devez songer que j’ai soixante-quinze ans.

S’il y a un seul conseiller du Parlement, un seul avocat qui trouve mes demandes déraisonnables, j’y renonce. Je ne demande qu’a pouvoir être tranquillement avec des sentiments de respect et même d’amitié,

monsieur,

votre etc. »

1 « Je donne cette lettre, dit M. Foisset, d’après la copie que Voltaire en avait transmise à M. Le Bault. L’original de cette lettre n’existe aucunement dans les papiers du président de Brosses. Il est douteux qu’il fût littéralement conforme a cette copie, car le ton qu’y prend Voltaire n’était pas de nature à obtenir la conciliation qui s’ensuivit. »

2  La clause relative aux meubles que Voltaire aurait mis au château de Tournay. Cette réponse du président de Brosses, antérieure à toute médiation de la part de Legouz de Gerland, prouve qu’il ne tenait nullement à cette clause, la regardant dès longtemps comme abandonnée. ( Th .Foisset.)

4

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09/03/2024 | Lien permanent

Plus on avance dans sa carrière, et plus on est convaincu que l'on n'est bien que chez soi

...

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« A Pierre-Robert Le Cornier de CIDEVILLE, ancien

conseiller du parlement de Rouen

rue Saint-Pierre

à Paris,

et s'il n'est pas à Paris,

à sa terre de Launay

à Rouen
Aux Délices, 28 mars [1760]. 1
Il faut que vous sachiez, mon ancien ami, que Mme Denis me dit depuis un mois : « J'écris demain à M. de Cideville, » et que je dois mettre quelques lignes au bas des siennes. Je suis las d'attendre les femmes, et j'écris enfin de mon chef, car je suis honteux de ne vous avoir point écrit, depuis que vous me fîtes tant rire du puant marquis 2, et que vous me rendîtes de bons offices auprès de sa ladre personne.
Je reçois quelquefois une lettre du grand abbé 3 en douze mois; je suis peu instruit de vos marches, et fort incertain si vous êtes dans le plat tumulte de Paris, ou si vous jouissez des douceurs de la retraite. Que vous avez bien fait de conserver cette terre 4 qu'on dit mériter bien mieux le nom de Délices que mes Délices ! Plus on avance dans sa carrière, et plus on est convaincu que l'on n'est bien que chez soi. Pour moi, je vous répète que je ne date ma vie que du jour où je me suis enterré. Ce n'est pas que je ne sois assez au fait de ce qui se passe. Je vois tous les orages, mais je les vois du port; et je vous assure que mon port est bien joli et bien abrité.
Je souhaiterais à mes amis des terres indépendantes et libres comme les miennes. On paye assez en France. Il est doux de n'avoir rien à payer dans ses possessions. Figurez-vous ce que c'est à présent que d'avoir des terres en Saxe, en Poméranie, en Prusse, en Silésie ; c'est bien pis que le troisième vingtième.
Vous avez lu, sans doute, les Poésies du philosophe de Sans- Souci, qu'on soupçonne de n'être ni sans souci, ni philosophe. Je suis aussi honteux de tous les vers qui m'appartiennent dans ses Œuvres que fâché de ses œuvres guerrières. Jamais poète n'a fait verser tant de sang ; Tyrtée et Denys n'étaient que des petits garçons auprès de lui. Nous verrons s'il ira à Corinthe 5.
Adieu, mon ancien ami; souvenez-vous quelquefois du Suisse V.,qui vous aime. »

3 L'abbé du Resnel, qui mourut un an plus tard.

4 Celle de Launay

5 Denys y devint maître d'école après avoir été tyran de Syracuse. « Non cuivis homini contingit adire Corinthum » = « il n'appartient pas à n'importe qui de parvenir à Corinthe » , écrivait Horace dans ses Épîtres, I, xvii, 36 , c'est à dire qu'il n'est pas donné à tout le monde d'atteindre les sommets d'un art.

 

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27/03/2015 | Lien permanent

il n'est pas rare à la nature humaine de voir le bien et de faire le mal

 ... L'éternel problème de la pensée et de l'action, de nos petits accomodements avec la vertu, la morale et la facilité .

Voir le bien et le bien voir, ne sont pas toujours les prémices du bien faire et du bien dire, tout juste, dans le meilleur des cas, un garde-fou temporaire contre la malfaisance . Le fameux dicton qui dit que la main droite doit ignorer ce que fait la main gauche mène tout droit à la schizophrénie dans la pire éventualité, à la sainteté dans la plus désirable .

Ni schizo, ni saint, je tâche de faire au mieux ( qui comme chacun le sait et le dit, est l'ennemi du bien ! ) : zut , le purgatoire , pour le moins sera mon lot ( le plus tard possible, SVP !!) .

 Petit exemple pour avoir "a happy job" dès lundi !

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« A M. le duc d' UZÈS

Aux Délices, près de Genève, 16 avril [1756]

Vous voyez, monsieur le duc, l'excuse de mon long silence 1 dans la liberté que je prends de ne pas écrire de ma main. Mes yeux ne valent pas mieux que le reste de mon corps. Il faut que vous ayez plus de courage que moi, puisque vous écrivez de si jolies lettres avec un rhumatisme; mais c'est que vous avez autant d'esprit que de courage.

Il est vrai, monsieur le duc, que je me suis avisé, il y a quelques années, d'argumenter en vers sur la Religion naturelle avec le roi de Prusse. C'était tout juste immédiatement avant que lui et moi chétif nous fissions l'un et l'autre une petite brèche à cette religion naturelle, en nous fâchant très mal à propos. Mais il n'est pas rare à la nature humaine de voir le bien et de faire le mal 2. On a imprimé à Paris ce petit ouvrage depuis quelque temps, mais entièrement défiguré, et on y a joint des fragments d'une jérémiade sur le Désastre de Lisbonne et d'un examen de cet axiome Tout est bien. Toutes ces rêveries viennent d'être recueillies à Genève; on les a imprimées correctement avec des notes assez curieuses. Si cela peut amuser votre loisir, je donnerai le paquet à M. de Rhodon 3, qui sans doute trouvera des occasions de vous le faire tenir.
Puisque vous me parlez des péchés de ma jeunesse, je vous assure que vous n'avez point la véritable Jeanne. Celle qu'on a imprimée et celles qui courent en manuscrit ressemblent à toutes les filles qui prennent le beau nom de pucelles sans avoir l'honneur de l'être. Bien des gens à qui le sujet plaisait se sont avisés de remplir les lacunes. Je peux vous assurer que ce mot de Bien- Aimé 4 n'est pas dans mon original; il n'est fait que pour le Cantiques des cantiques. Si mon âge, mes maladies, et mes occupations, me permettaient de revoir ces anciennes plaisanteries, qui ne sont plus pour moi de saison, et si le goût vous en demeurait, je me ferais un plaisir de mettre entre vos mains l'ouvrage tel que je l'ai fait; mais ce n'est pas là une besogne de malade. Quant à la foule de mes autres sottises, les frères Cramer en achèvent l'impression à Genève. Je n'en fais point les honneurs. Ils ont entrepris cette édition 5 à leurs risques et périls, et j'ai eu des raisons pour ne pas vouloir en garder plusieurs exemplaires en ma possession. Ma santé, d'ailleurs, est dans un état si déplorable, que j'évite avec soin tout ce qui pourrait entraîner quelque discussion.
Je fais des vœux, en qualité de bon Français et de serviteur de M. le maréchal de Richelieu, pour qu'il arrive dans l'île de Minorque avant les Anglais et je crois qu'on a beau jeu quand on part de Toulon, et qu'on joue contre des gens qui ne sont pas encore partis de Portsmouth. J'oserais bien penser comme vous, monseigneur, sur Calais mais vous avez probablement à la cour quelque Annibal qui croit qu'on ne peut vaincre les Romains que dans Rome 6.
Pardonnez, monseigneur, à un pauvre malade qui peut à peine écrire, et qui vous assure de son tendre respect et de son entier dévouement. »

1  Voir lettre du 14 septembre 1750 page 175 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113533/f178.image.r=roch.langFR

2  Médée, dans le septième livre des Métamorphoses d'Ovide, dit :

Video meliora, proboque;

Deteriora sequor.

3  Ce M. de Rhodon était sans peut être un Genevois que Voltaire appellera le fier, le vaillant Rhoson, dans le chant II de la Guerre civile de Genève. Page 15 : http://archive.org/stream/laguerreciviled00voltgoog#page/n36/mode/1up

Voltaire fait allusion à ces vers sur Louis XV, qui se lisaient dans quelques manuscrits de la Pucelle (chant XV) :

Louis le quatorzième,
Aïeul d'un roi qu'on méprise et qu'on aime.

5  Voir lettre de mars 1756 aux frères Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/06/18/a...

Annibal l'a prédit, croyons-en ce grand homme
On ne vaincra jamais les Romains que dans Rome.

(Mithridate, acte III, sc. 1.)

 

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