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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

On aimera, on baptisera, on tuera,

"...comme presque tous les hommes d'aujourd'hui malins et médiocres", jusque et y compris des candidats à la présidence de la république .

Dirty Silly Keutard va dépenser trois ans de mon salaire chaque mois pour protéger sa détestable personne ; est-ce bien l'égalité, est-ce bien la fraternité qu'il aurait pronées et défendues ? Permettez-moi d'en douter , permettez-moi de n'en pas croire une syllabe !

Permettez-moi de respecter et admirer ces femmes qui ne se laissent pas faire , qui ont le courage de parler et demander justice pour que l'impunité des soi-disant grands, ne soit plus de mise .

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Mlle Sallé, que l'on nomma "La Vestale"; portrait par Quentin de la Tour

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Volti la célébra :

 http://www.monsieurdevoltaire.com/article-poesie-pour-le-...

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http://www.monsieurdevoltaire.com/article-poesie-madrigal...

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« A Jean-Baptiste-Nicolas Formont

 

Paris ce 29 mai 1732

 

Je viens de mander à notre cher Cideville combien je suis fâché de n'avoir pu faire succéder l'abbé Linant à Thieriot 1. La dame du logis prétend que puisqu'elle m'a pour rien, elle doit avoir tout gratis , et regarde Thieriot comme quelqu'un dont elle hérite douze cents livres de rente viagère 2. Elle pense que tout jeune homme à qui elle ferait une pension la quitterait sur le champ pour Mlle Sallé . Je suis véritablement affligé de me voir inutile à l'abbé Linant, car vous l'aimez, et il fait bien des vers 3. J'ai vu un autre abbé 4 qui ne le vaut pas assurément et qui m'a montré de petits vers pour Mme de Formont . Vous logerez celui-là s'il vous plait . Pour moi je ne m'en charge pas . Je ne vous renverrait pas Ériphyle si tôt 5. J'ai tout corrigé . Mais je veux l'oublier, pour la revoir ensuite avec des yeux frais . Il ne faut pas se souvenir de son ouvrage quand on veut le bien juger . J'ai cru même que le meilleur moyen d'oublier la tragédie d'Ériphyle était d'en faire une autre 6. Tout le monde me reproche ici que je ne mets point d'amour dans mes pièces 7. Ils en auront cette fois-ci, je vous jure, et ce ne sera pas de la galanterie . Je veux qu'il n'y ait rien de si turc, de si chrétien, de si amoureux, de si tendre, de si furieux que ce que je versifie à présent pour leur plaire . J'ai déjà l'honneur d'en avoir fait un acte . Ou je suis fort trompé, ou ce sera la pièce la plus singulière que nous ayons au théâtre . Les noms de Montmorency, de St Louis, de Saladin, de Jésus et de Mahomet s'y trouveront . On y parlera de la Seine et du Jourdain, de Paris et de Jérusalem . On aimera, on baptisera, on tuera, et je vous enverrai l'esquisse dès qu'elle sera brochée .

 

On m'a parlé hier d'une petite pièce bachique du jeune Bernard , poète et homme aimable 8. Dès que je l'aurai je vous l'enverrai . Il paraît ici des couplets contre tout le monde ; mais ils sont assez comme presque tous les hommes d'aujourd'hui malins et médiocres . La fureur de jouer la comédie partout continue toujours, et la fureur de la jouer mal dure toujours aux comédiens français . Nous attendons l'Opéra des cinq ou six sens 9. La musique est de Destouches, les paroles de Roy, qui se cache de peur que son nom ne lui nuise . Nous aurons aussi les Serments indiscrets de Marivaux, où j'espère que je n'entendrai rien 10. Pour les nouvelles du parlement ea cura quietum non me sollicitat 11. Je ne connais et ne veux de ma vie connaître que les belles-lettres et aimer que des personnes comme vous, si par bonheur il s'en rencontre .

 

Adieu, mon cher Monsieur, je vous suis attaché pour toute ma vie .

 

V. »


1 Dans le logement qu'il occupait chez Mme de Fontaine-Martel .

2 Mme de Fontaine-Martel, qui loge V*, 29 rue des Bons-Enfants, logeait aussi Thieriot et lui versait une rente ; Thieriot s'éprit de Mlle Sallé, danseuse à l'Opéra, et fut alors chassé . http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Sall%C3%A9

V* écrit à Cideville le 29 mai : « Je crois qu'elle m'a dans sa maison parce que j'ai trente-six [sic ; 38 ans] ans et une trop mauvaise santé pour être amoureux. » ; page 137 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80029b/f142.image.r...

3 V* finira par perdre ses illusions sur l'abbé Linant qui est un parasite paresseux .

4 Sans doute l'abbé Rothelin .

5 Le 10 mai, V* a demandé à Formont, de suspendre l'impression entreprise avec Jore afin de remanier le manuscrit , ainsi qu'à Cideville le 9 mai : page 136 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80029b/f141.image.r...

. Il finira par en tirer Sémiramis une quinzaine d'années plus tard .

6 Zaïre.

7 On joue les pièces de V* sur le théâtre d'amateurs de Mme de Fontaine-Martel . Ériphyle a été jouée à la Comédie-Française sans grand succès en mars et lors de la reprise en avril . La Mort de César fut considérée comme injouable car elle n'offrait aucun rôle aux comédiennes .

8 L’Hymne à Bacchus de Pierre-Joseph Bernard qui fut surnommé Gentil Bernard. Page 188 : http://books.google.fr/books?id=v48GAAAAQAAJ&pg=PA188...

9 Le Ballet des Sens, livret de Pierre-Charles Roy, musique de Mouret, créé à l'Opéra le 5 juin 1732 . http://operabaroque.fr/MOURET_SENS.htm

11 Ce souci ne trouble pas ma quiétude.

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27/05/2011 | Lien permanent

Je suis comme Mlle de Lenclos, qui ne voulait pas qu'on appelât aucune femme putain

... Voltaire n'a pas attendu les mouvements féministes pour s'abstenir de méjuger les femmes quelles qu'elles soient .

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« A Charles Palissot de Montenoy etc.

rue Basse du Rempart

à Paris

12 juillet 1760, aux Délices

Votre lettre est extrêmement plaisante et pleine d'esprit 1, monsieur ; si vous aviez été aussi gai dans votre comédie des Philosophes, ils auraient dû aller eux-mêmes vous battre des mains ; mais vous avez été sérieux, et voilà le mal . Entendons nous, s'il vous plait; j'aime a rire ; mais nous n'en sommes pas moins persécutés . Me Abraham Chaumeix, et Me Jean Gauchat 2 ont été cités dans le réquisitoire de Me Joly de Fleury ; on nous a traités de perturbateurs du repos public, et qui pis est , de mauvais chrétiens . Me Lefranc de Pompignan m'a désigné très injurieusement devant mes 38 confrères . On a dit à la reine et à monseigneur le dauphin, que tous ceux qui ont travaillé à l'Encyclopédie, du nombre desquels j'ai l'honneur d'être, ont fait un pacte avec le diable . Maître Aliboron , dit Fréron, votre ami, veut me faire aller à l’immortalité dans ses admirables feuilles, comme Boileau a éternisé Chapelain et Cotin . Je suis assez bon chrétien pour leur pardonner dans le fond de mon cœur, mais non pas au bout de ma plume .

Permettez que je vous dise très naturellement, et très sérieusement, que votre préface, donnée séparément, après votre pièce, est une accusation en forme contre mes amis, et peut-être contre moi . J'en avais déjà deux exemplaires avant que j'eusse reçu le vôtre . On m'avait indiqué tous les passages où vous vous étiez trompé ; je les avais confrontés : en un mot, je suis très fâché qu'on accuse mes amis et moi, de n'être pas bons chrétiens : je tremble toujours qu'on ne brûle quelques philosophes sur un malentendu . Je suis comme Mlle de Lenclos, qui ne voulait pas qu'on appelât aucune femme putain . Je consens qu'on dise de moi, que je suis un radoteur, un mauvais poète, un plagiaire, un ignorant, mais je ne veux pas qu'on soupçonne ma foi : mes curés rendent bon témoignage de moi ; et je prie Dieu tous les jours pour l’âme de frère Berthier . Frère Menoux, qui aime passionnément le bon vin, et qui a beaucoup d'argent en poche 3, est obligé de me rendre justice . J'ai fait ma confession de foi au frère La Tour 4; j’étais même assez bien auprès du défunt pape 5, qui avait beaucoup de bonté pour moi, parce qu'il était goguenard ; ainsi , ayant pour moi tant de témoignages, et surtout celui de ma bonne conscience, je peux bien avoir quelque chose à craindre dans ce monde-ci, mais rien dans l'autre .

J'ai vu les vers du Russe sur les merveilles du siècle ; il y a une note qui vous regarde 6; on y dit que vous vous repentez d'avoir assommé ces pauvres philosophes qui ne vous disaient mot . Il est beau et bon de ne point mourir dans l'impénitence finale ; pardonnez à ce pauvre Russe , qui veut absolument que vous ayez tort d'avoir insinué que mes chers philosophes enseignent à voler dans la poche . On prétend que c'est M. Fantin, curé de Versailles 7, qui volait ses pénitentes en couchant avec elles, et ses pénitents en les confessant ; Dieu veuille avoir son âme ! A l’égard de la vôtre, je voudrais qu'elle fût plus douce avec les encyclopédistes, qu'elle me pardonnât toutes mes mauvaises plaisanteries, et qu'elle fût heureuse .

Je vous dirai ce que je viens d'écrire à frère Menoux . Il y avait une vieille dévote, très acariâtre, qui disait à sa voisine, je te casserai la tête avec ma marmite . Qu'as-tu dans ta marmite ? dit la voisine ; il y a un gros chapon gras , répondit la dévote . Eh bien , mangeons -le ensemble, dit l'autre . Je conseille aux encyclopédistes, jansénistes, molinistes, à vous, tout le premier, et à moi, d'en faire autant .

Que reste-t-il à faire après qu'on s'est bien harpaillé ?8 à mener une vie douce, tranquille et à rire .

Votre très humble obéissant serviteur

Le bon Suisse V.

N.B. que Mme la comtesse de La Marck nie formellement qu'elle se soit jamais plainte ( ou qu'elle ait eu à se plaindre )9 de Diderot . En effet ce n'était pas lui qui avait écrit la lettre dont vous m'avez parlé . La chose est éclaircie .

Voilà une foutue guerre depuis le chien de discours de Lefranc jusqu'à La Vision .

Ma foi juge et plaideurs il faudrait tout lier . 10»

1Elle est datée du 7 juillet 1760 .

2 Il s'appelait Gabriel Gauchat : V* pense ici à messire Jean Chouart, dans Le Curé et le Mort ,de La Fontaine : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/curemort.htm

3 V* s'explique plus amplement sur ce point dans sa lettre du 3 décembre 1759 à la marquise du Deffand : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1759-partie-25-119546275.html

4 Sur cette « confession de foi » au frère La Tour, voir la lettre au révérend-père Simon de La Tour du 1er avril 1746 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1746-partie-3-102790826.html

5 Benoît XIV .

6 La note au vers 68 .

8 Harpailler, fréquentatif de harper, signifie « se quereller indécemment et avec aigreur » ; employé seulement à la forme pronominale, le mot figure dans le Dictionnaire de l'Académie de 1758 .

9 La parenthèse est ajoutée au dessus de la ligne .

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12/07/2015 | Lien permanent

Mais qui promet de se corriger, ne tient jamais sa parole en aucun genre

... Sarkozy en est un des plus parfaits exemples . Il s'est gavé . Qu'il paye maintenant .

 

 

« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

6è auguste [1764]1

Madame ange,

Puisque votre belle main écrit, je me flatte que vos jambes vont mieux ; et c'est là une de mes consolations . Quand il fait bien beau , j'écris aussi ; mes fluxions sur les yeux me laissent alors quelque relâche , et je redeviens aveugle au temps des neiges . C'est du moins la variété, et il en faut un peu dans la vie . J'aime déjà votre ambassadeur vénitien de tout mon cœur 2. Je le supplierais d'accepter ma maison des Délices où il pourrait vivre comme le signore Poco-Curante 3, et rétablir sa santé à son aise, si MM. les ducs de Lorges et de Randan n'avaient prévenu votre ambassadeur ; ils amènent des acteurs, ils veulent jouer la comédie sur mon petit théâtre de Ferney . Vous devinez combien tout cela entraine d'embarras . Les plaisirs bruyants ne sont pas faits pour un vieillard malingre tel que j'ai l'honneur de l'être . J'aimerais bien mieux philosopher paisiblement avec M. Tiepolo . Je tâcherai de m'arranger pour le recevoir et pour lui plaire . Je suis plus languissant que lui ; et il me paraît que je lui conviens assez .

Je ne sais si c'est vous madame ou M. d'Argental qui a reçu un petit mémoire tiré d'Espagne 4, fort propre à figurer dans la Gazette littéraire . J'ai découvert un ancien Cid dont Corneille avait encore plus tiré que de celui de Guilhem de Castro, le seul qu'on connaisse en France . C'est une anecdote curieuse pour les amateurs . Je voudrais bien en déterrer quelquefois de pareilles, mais les correspondants que Cramer m’avait donnés, ne me fournissent rien . Je ne sais s'il vous a rendu ses devoirs à Paris . Il a bien mal fait de faire imprimer séparément les commentaires sur Corneille . il aurait été plus utile à la famille Corneille et aux Cramer d'augmenter le nombre des exemplaires pour les souscripteurs, et de supprimer sa petite édition . Tout cela d'ailleurs est plein de fautes d'impression qu'il avait promis de corriger . Mais qui promet de se corriger, ne tient jamais sa parole en aucun genre . Il n'y a que mon petit ex-jésuite qui songe sérieusement à se réformer . Il y travaille déjà, il m'a envoyé des situations nouvelles, des sentiments, des vers ; j'espère que vous n'en serez pas mécontente . Il dit qu'il veut absolument en venir à son honneur, et qu'une conspiration conduite par vous doit réussir tôt ou tard . J'ai été assez édifié de la constance de ce jeune défroqué, il ne s'est point dépité, il ne s'est point découragé, il a couru sur-le-champ au remède . Voici un petit mot qu'il vous supplie madame de faire remettre au grand acteur . Le petit jésuite supplie ses anges de lui renvoyer sa guenille . Vous en aurez bientôt une nouvelle . Il n'abandonne jamais ce qu'il a commencé . Il dit qu'il faut mourir à la peine ou réussir . C'est un opiniâtre personnage .

Voici bientôt le temps où nous allons établir la pension de Pierre Corneille . Ce sera M. Tronchin qui s'en chargera . Elle ne peut être en de meilleures mains. L'affaire sera plus prompte et plus nette . C'est un grand plaisir que M. Tronchin nous fait . La petite Corneille-Dupuits est à vos pieds et moi aussi . Ma nièce partage tous les sentiments qui m'attachent à vous pour ma vie . »

1 Date complétée par d'Argental.

2 Domenico Almorò Tiepolo est ambassadeur de Venise à Paris depuis juin 1760 ; son arrivée est annoncée par le registre du conseil le 8 août 1764 ; il mourra le 1er octobre cette même année . Voir page 56-59 : http://www.pur-editions.fr/couvertures/1459342616_doc.pdf

et : troisieme partie. — ohapitre vii. 175 de : https://archive.org/stream/memoriedicarlog01goldgoog/memoriedicarlog01goldgoog_djvu.txt

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01/10/2019 | Lien permanent

Il chérit ses sujets comme il est aimé d’eux : C’est un père entouré de ses enfants heureux .

... - Combien d'heureux, au fait ?

 --34 %

- En quel pays ?

--La France !

-Dommage . Peut/doit mieux faire .

 http://www.lepoint.fr/politique/sondage-la-cote-de-popula...

 https://www.youtube.com/watch?v=5ZvKdWpa3Rs

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 Le Président et ses douze apôtres

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

21è septembre 1763

Mes divins anges, c'est bien dommage que la Gazette littéraire, si elle existe, se soit laissée prévenir sur le compte qu'elle pouvait rendre des Lettres de Milady Montaigu 1 , qui paraissent en Angleterre depuis six mois et que je n'ai que depuis cinq ou six jours . Les Lettres de Mme de Sévigné sont faites pour les Français, et celles de Milady Montaigu sont pour toute les nations . Si jamais elles sont traduites, ce qui est fort difficile, vous serez enchanté de voir des choses curieuses en nouvelles embellies par la science, par le goût et par le style . Figurez-vous que depuis plus de mille ans nul voyageur à portée de s'instruire, n'avait été à Constantinople par les pays que Mme de Montagu a traversés ; elle a vu la patrie d'Orphée et d’Alexandre ; elle a diné en tête à tête avec la veuve de l'empereur Mustapha ; elle a traduit des chansons turques, et des déclarations d’amour qui sont tout à fait dans le goût du Cantique des cantiques ; elle a vu des mœurs qui ressemblent à celles qu'Homère a décrites, et elle a voyagé avec son Homère à la main . Nous apprenons d'elle à nous défaire de bien des préjugés . Les Turcs ne sont ni si brutes ni si brutaux qu'on le dit . Elle a trouvé autant de déistes à Constantinople qu'il y en a à Paris et à Londres . J'avoue que j'ai été fâché qu'elle traite notre musique et notre sainte religion avec le plus profond mépris ; mais nous devons nous accoutumer à cette petite mortification .

Apprenez-moi donc, je vous en prie mes chers anges, ce que devient cette Gazette littéraire . M. le duc de Pralin l'aura-t-il vainement protégée ? y travaille-t-on et y met-on un peu de sel ? car sans sel il n'y a pas moyen de faire bonne chère .

Je songe qu’une inscription ne peut être salée, c’est un grand malheur ; elle ne doit point être, à mon gré, en prose latine pour un roi de France ; elle ne peut être en prose française : le style lapidaire ne convient point à notre langue chargée d’articles, qui rendent sa marche languissante ; il faut deux vers, mais deux vers français détachés sont toujours froids ; c’est alors que la rime paraît dans toute sa misère. Pourriez-vous souffrir ce distique ?

Il chérit ses sujets comme il est aimé d’eux :

C’est un père entouré de ses enfants heureux .

Ou bien :

Heureux père entouré de ses enfants heureux .

Dites-moi, mes anges, je vous en supplie, s’il est vrai que M. le duc de Praslin a la bonté d’être notre rapporteur 2. L’affaire paraît être du ressort de M. le comte de Saint-Florentin, qui a le département de l’Église, mais M. le duc de Praslin a le département des traités et de la bienfaisance ; ainsi nous devons être entre ses mains. Pour moi, je me mets toujours sous vos ailes .

Que faites-vous de mes roués ? Quand je vous dis qu’il y a des vers raboteux, n’allez pas, s’il vous plaît, me prendre si fort au mot.

Toute notre petite famille se met aux ailes de mes anges. »

1Letters of the right honourable lady M[ar]y W[ortle]y M[ontag]u, written during her travels in Europe, Asia and Africa ; cette publication n'était pas autorisée . Voir : https://digital.library.lse.ac.uk/objects/lse:raw722gux

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mary_Wortley_Montagu

2 Pour l'affaire des dîmes . Crommelin écrit le 20 octobre 1763 à Lullin « qu'il va partir pour Versailles y remettre à Son Excellence M. le duc de Pralin la lettre du conseil concernant le procès du curé de Moens, et au sujet de la dîme ; que cette lettre arrive à propos ce ministre étant instruit à fond du procès du curé de Ferney concernant la dîme qu'il conteste au sieur Voltaire et aux héritiers de feu M. le comte de Montréal, lesquels procès sont de même nature . » Il lui rendra compte le 24 octobre de l'entretien, au cours duquel Praslin lui a dit que prendre la chose « dans le droit public » et en vouloir «  d'autre titre que les traités », c'est « bien prendre la chose » ; en conséquence il pense que l'affaire sera réunie à celle de Moens, portée au conseil d’État et rapportée par Praslin. Le duc de Praslin-Choiseul fera connaître à V* la « décision du roi » le 10 octobre 1763 ; voir lettre du 15 octobre à Jacob Favre : « […] Par ce moyen, votre curé sera contraint de vous laisser tranquille, et Mme Denis, ainsi que vous, monsieur, jouirez en toute assurance des privilèges qui vous ont été accordés . [...] »

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17/09/2018 | Lien permanent

Quand on fera voir aux hommes pour quelles sottises ils combattent ils ne combattront plus

... Cette belle idée me semble encore absolument irréaliste en notre XXIè siècle .

Deux reportages, vus hier, m'ont marqué pour toujours .

Je suis encore complètement écoeuré par le comportement des hommes pakistanais envers toutes les femmes qu'ils traitent comme des choses qu'on possède et dont on se débarrasse à volonté ; être femme au Pakistan donne une faible idée de la vie en enfer : https://fr.wikipedia.org/wiki/Condition_des_femmes_au_Pak...

De plus , j'ai vu ce que l'on peut faire impunément au Nigéria : empoisonner tout un pays pour lui voler, oui, voler ( je ne vois pas d'autre terme ) son pétrole . Comment gagner des milliards ? Soyez une multinationale pétrolière, pillez, et surtout mentez envers et contre tout, écrasez vos opposants ! Facile, ils sont de moins en moins, malades , morts de faim : https://www.amnesty.be/IMG/pdf/delta_niger_resume.pdf

Quand on voit ça, on a des envies de sortir la batte de base ball ! Voltaire, mon ami, comment combattre cela seulement avec des idées et des mots ?

 

 

 

« A Paul-Claude Moultou

7è avril 1765 1

Mon cher philosophe, vous voilà dans votre patrie 2 et votre beau climat.

Vous jouissez du plaisir de voir à votre aise M. de Saint-Priest 3, et moi, je n’ai eu la satisfaction de lui faire ma cour qu’un moment. Je suis bien persuadé qu’il pense sur l’aventure des Calas comme tous les maîtres des requêtes qui ont réhabilité cette famille infortunée. J’attends tous les jours la nouvelle qui m’apprendra que le roi lui accorde une pension. C’était aux juges de Toulouse à la lui faire, mais celle du roi sera plus honorable, et j’ose dire qu’elle le sera autant au roi qu’aux Calas.

Après la douleur de vous avoir perdu, je n’en ai point de plus grande que celle de voir le bel ouvrage que vous aviez entrepris, différé 4. Vous n’aurez pas emporté vos livres en Languedoc, et je doute beaucoup que vous trouviez où vous êtes les matériaux dont vous avez besoin. Je suppose, pour ma consolation, que vous avez fait assez d’extraits pour être en état de travailler sans livres.

N’abandonnez jamais, je vous en conjure, cette entreprise utile. Vous rendrez un service essentiel à tous ceux qui pensent et à ceux qui veulent penser. Vous serez le premier qui aurez écrit sur cette matière, sans vous tromper et sans vouloir tromper personne. Les esprits sont bien disposés ; voici le moment de leur montrer la lumière . Quand on fera voir aux hommes pour quelles sottises ils combattent ils ne combattront plus .

Votre ami Vernes a fait imprimer je ne sais quelles lettres de lui et de Jean-Jacques 5, qui ne sont pas assurément des lettres de Cicéron et de Pline.

J’ignore d’ailleurs comment vont les tracasseries de Genève. Je ne suis occupé que d’ajouter deux ailes à mon petit château de Ferney, où je voudrais bien vous tenir, si jamais vous reveniez dans la triste cité de Calvin.

Je me flatte que l’air natal a fait du bien à monsieur votre père, et que la Faculté de Montpellier lui en fera encore davantage. Quoi qu’il arrive, souvenez-vous, mon cher philosophe, qu’il y a entre les Alpes et le mont Jura un vieillard qui voudrait passer avec vous les derniers jours de sa vie.

Il y a des philosophes qui ne savent que haïr. J’en connais d’autres qui savent aimer, et j’ose croire que vous et moi nous sommes tous deux de cette école. »

1 L'édition Taillandier donne toujours une version aussi incomplète et inexacte que de coutume : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_5980

3 Jean-Emmanuel Guignard, vicomte de Saint-Priest , intendant du Languedoc, ne s'était nullement montré favorable aux Calas ; cependant par une politique aussi habile que bienveillante , il protège Paul Rabaut contre les rigueurs de Versailles . Voir ses lettres à Saint-Florentin et au chancelier .Voir : https://data.bnf.fr/fr/10724793/jean-emmanuel_guignard_de_saint-priest/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Emmanuel_Guignard_de_Saint-Priest

Et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Rabaut

et : https://data.bnf.fr/fr/12463142/paul_rabaut/

4 L'histoire de l'Eglise inédite dont il est question dans la lettre à Moultou du 25 décembre 1762 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/11/01/et-qu-il-lui-dit-d-injures-qui-ne-prouvent-rien-5994947.html

5 Lettres de M. le pasteur Vernes à M. J.-J. Rousseau avec les réponses ; voir : https://data.bnf.fr/fr/12108836/jacob_vernes/

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19/07/2020 | Lien permanent

empêchez que ce siècle ne soit la chiasse du genre humain

... C'est tout ce qu'on demande d'abord aux politiciens qui rêvent d'abord de gloire et de battre l'adversaire, au lieu de penser à apporter la paix et le bien-être .

A ce sujet, Macron Le-Bien-Mal-Inspiré ouvre la porte à  ses adversaires qui  jubilent et rivalisent d'inventions pour nous mettre dans la mouise .

 

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https://www.calameo.com/books/00516380828e22617ddf5

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Gueule_ouverte_(journal)

 

 

A Jean Le Rond d'Alembert

12 de décembre [1768] 1
Mon cher philosophe, mon cher ami, je suis étonné et affligé de ne point recevoir de vos nouvelles dans le tombeau où le cher La Bletterie m’a condamné
2.

J’avais écrit à Damilaville 3 sous l’ancienne enveloppe de M. Gaudet, quai Saint-Bernard, comme il me l’avait recommandé. Je l’avais prié dans ma lettre de vous engager à m’instruire de son état, s’il ne pouvait m’en informer lui-même 4. Je vous demande en grâce de me faire savoir dans quel état il est. J’ai besoin d’être rassuré ; ayez pitié de mon inquiétude. M. de Rochefort, votre ami, a été assez bon pour venir passer trois jours dans ma solitude avec madame sa femme, dont le joli visage n’a à la vérité que dix-huit ans, mais dont l’esprit est très majeur. Je doute qu’aucun des capitaines des gardes du corps, de quelque roi que ce puisse être, soit plus instruit que ce chef de brigade. Il n’y a point, à mon gré, de place qui ne soit au-dessous de son mérite.

Je ne sais si vous avez connaissance de toutes les manœuvres qu’a faites votre hypocrite La Bletterie pour armer le gouvernement contre tous ceux qui ont trouvé sa traduction de Tacite ridicule. Vous devez, en ce cas, être puni plus sévèrement que personne. Au reste, s’il veut absolument qu’on m’enterre, je vous demande en grâce de ne lui point donner ma place à l’Académie 5. J’ai lu, dans une gazette suisse, que vous avez été présenté au roi danois avec une volée de philosophes, tels que les Saurin, les Diderot, les Helvétius, les Duclos, les Marmontel, et que les Ribaudier n’en étaient pas 6.

Dites, je vous en prie, au premier secrétaire de Bélisaire, que son ouvrage est traduit en russe, et qu’une partie du quinzième chapitre est de la façon de l’impératrice. On a prêché devant elle un sermon sur la tolérance 7 qui mérite d’être connu, quand ce ne serait que pour le sujet. Dieu bénisse les Velches ! ils viennent les derniers en tout.

On dit que vous avez enfin une salle de Wauxhall, mais que vous n’avez point encore de salle de magna charta 8.

Ayez la bonté, je vous en prie, de mettre Marie de Médicis, au lieu de Catherine de Médicis, à la page 285 du premier volume du Siècle de Louis XIV 9.

Ce beau siècle a eu ses sottises comme les autres, mais du moins il y avait de grands talents.

Je vous embrasse bien tendrement, mon cher ami, vous qui empêchez que ce siècle ne soit la chiasse du genre humain. »

1 Édition Kehl ; Renouard restitue les passages omis .

3 Il a déjà été question de cette lettre à Damilaville, qui est perdue, dans les lettres du 2 septembre 1768 et du 15 octobre 1768 à d'Alembert.

Voir dernière lettre connue à Damilaville du 16 avril 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/12/18/encore-une-fois-ne-croyez-rien-de-tout-ce-qu-on-dit-6476267.html

4 Tout le début du paragraphe est omis dans l'édition Kehl ; conséquemment, plus loin, la même édition porte dans quel état est Damilaville, au lieu de dans quel éta il est .

5 Au début de 1743 La Bletterie a été élu à l'Académie mais le roi a refusé de confirmer le vote . La Bletterie a fait appel de la bulle Unigenitus et meurt en 1772 sans être de l'Académie .

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Philippe-Ren%C3%A9_de_La_Bl%C3%A9terie

6 Voir les Nouvelles de divers endroits, du 7 décembre 1768 .

Voir aussi Gazette de France page 404 :https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6241419k/f4.image.r=danois

7 Allusion à la traduction russe de Bélisaire.

8 Que Voltaire appelle la Charte des libertés d’Angleterre, page 423 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome11.djvu/443

9 Cette faute a été corrigée dans les éditions postérieures à 1768

 

 

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18/06/2024 | Lien permanent

Calvin ne se doutait pas que des catholiques feraient un jour pleurer des huguenots dans le territoire de Genève

 Travailler plus pour gagner plus !

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Quand l'auteur de cette phrase creuse aura travaillé le tiers du quart du seizième du temps que lui a consacré le possesseur de ces deux mains, je reverrai , éventuellement, -s'il  se résoud à ne plus  jouer au chef des chefs-, mon jugement sur cet individu  . En attendant, ces sont des millions de mains comme celles-ci qui lui payent sa manucure ...

Trvailler plus pour s'user plus ! C'est tout !!

 

 

 

« A M. Jean-Robert TRONCHIN,

 

à LYON

Aux Délices, le 2 avril [1755]

Nous avons joué presque toute la pièce de Zaïre devant les Tronchin et les syndics, c'est un auditoire à qui nous avons grande envie de plaire. Calvin ne se doutait pas que des catholiques feraient un jour pleurer des huguenots dans le territoire de Genève. Le fameux acteur Lekain, qui nous est venu voir, nous a bien aidés; il a plus de sentiment que de voix i. Mme Denis a lu Zaïre à merveille, et j'ai fait le bonhomme Lusignan. Monsieur, je vous sais bon gré d'aimer la tragédie. Les Tronchin ont leur raison pour cela, et tous les beaux-arts sont de leur ressort. »

 

i On assure qu'ayant risqué à Dijon, où il séjourna trois semaines, une intonation nouvelle dans un de ses rôles, il fut sifflé, et remercia le public de la leçon. Il joua dans trois pièces du théâtre de Voltaire, savoir le rôle d'Hèrode dans Mariamne, celui de Zamore dans Alzire, et dans Zaïre celui d'Orosmane.

Voir :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k74890c/f354.image.r=Lemazurier,+Galerie+historique+des+acteurs+du+th%C3%A9%C3%A2tre+fran%C3%A7ais+depuis+1600+jusqu%27%C3%A0+nos+jours+Paris.langFR

 

 

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06/01/2012 | Lien permanent

je me ferai un devoir, à la première occasion, d'ajouter tout ce qui pourra servir à sa gloire et plaire à sa fille

jouvent justice.jpg

 

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Jouvenet

 

 

 

« A Élisabeth-Anne Lordelot

Aux Délices, route de Genève

1er octobre [vers 1758]

 

Madame,

 

Votre lettre m'a fait relire le petit article qui regarde M. Jouvenet [i]. Je vois qu'il y est regardé comme un bon peintre, quoique inférieur en quelques parties à Le Brun . Il est vrai qu'il avait quelquefois un coloris un peu jaune ; et ce léger défaut est moindre que celui de Le Brun et du Poussin qui étaient souvent beaucoup trop rembrunis . Les Sept sacrements du Poussin sont devenus si noirs qu'ils sont plus beaux aujourd'hui que dans les estampes. Chaque peintre, comme chaque écrivain a ses défauts. Je serais très mortifié de compter parmi les miens celui de ne pas rendre justice aux grands talents [ii]. J'ai appelé M. Jouvenet bon peintre, c'est un éloge que je confirmerai toujours et je me ferai un devoir, à la première occasion, d'ajouter tout ce qui pourra servir à sa gloire et plaire à sa fille,[iii] dont j'ai reconnu tout le mérite dans la lettre dont elle m'honore.

 

Je suis avec respect, Madame, votre très humble et très obéissant serviteur.

 

Voltaire. »

 

iDans

Le Siècle de Louis XIV : « Jean JOUVENET, né à Rouen en 1644. éléve de Le Brun, inférieur à son maître quoique bon peintre. Il a peint presque tous les objets d'une couleur jaune. Il les voiait de cette couleur par une singuliére conformation d'organes. m. en 1717. » Dans cet article V* n'a pas modifié sa norice sur Jean Jouvenet, non plus que sa date de naissance inexacte .

http://c18.net/vo/vo_textes_siecle.php?div1=42


 

ii V* parlait en connaisseur, en août, des Van der Meulen et du Van Dyck de feu Klinglin.

iii Il ne rajoutera rien . Elisabeth-Anne, née en 1684 , avait épousé Bernerd-Claude Lordelot . Gaêtan Guillot, dans un article intitulé "La femme et le s filles du peintre Jouvenet dans l'oeuvre du peintre", 1914, affirme qu'elle mourut en 1719 . En fait comme l'avait montré TH. Lhuillier dans "Note relative à Jean Jouvenet et à ses filles ", elle vivait encore bien des années après cette date .

 

 

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01/10/2010 | Lien permanent

L'ouvrage peut devenir nécessaire aux étrangers qui apprennent notre langue par règles et aux Français qui ne la savent

 

 

 

«  A Charles Pinot Duclos


 

Au château de Ferney, 12 juillet 1761.


 

J'apprends, Monsieur, par votre signature, que vous êtes à Paris. Le projet que vous avez approuvé trouve bien de la faveur [Édition critique de Corneille, qu'il a demandé à l'Académie d'entreprendre, ayant chez lui Marie-Françoise Corneille qu'il veut doter]. Le Roi daigne permettre que son nom soit à la tête des souscripteurs pour deux cents exemplaires, plusieurs personnes ont souscrit pour dix, pour douze, pour quinze. Je ne ferai imprimer le programme que quand j'aurai un assez grand nombre de noms illustres. Ne pourriez-vous pas, vous, Monsieur, qui êtes le premier moteur de cette bonne œuvre honorable pour la nation, et peut-être utile, me faire savoir pour combien souscriront nos académiciens, de rore coeli et pinguedine terrae ?[=de la rosée du ciel et de la graisse de la terre]


 

L'ouvrage peut devenir nécessaire aux étrangers qui apprennent notre langue par règles et aux Français qui ne la savent que par routine. J'ai déjà ébauché Médée, Le Cid, Cinna, j'ai commencé entièrement les Horaces. Je m'instruis en relisant ces chefs-d'œuvre mais je m'instruis trop tard.


 

Mon commentarium perpetuum [= commentaire au fil du texte] est attaché sur de petits papiers, avec ce qu'on appelle mal à propos pain enchanté,[= « pain enchanté » ou « pain à chanter » (la messe) = pain à cacheter] à la fin de chaque page. Je me suis servi du seul tome que j'ai recouvré dans ce pays barbare d'une petite édition que fit faire Corneille [à Duclos, il dira le 14 septembre qu'il veut continuer sur l'édition de 1664 ; dans sa bibliothèque on a trouvé les éditions de 1638, 1664, 1723,1747 … cf. lettre à Duclos du 14 septembre] dans laquelle il inséra toutes ses imitations de Guillain de Castro, de Lucain, et de Sénèque.


 

Si l'Académie l'agrée, si cela vous amuse, je vous enverrai le commentaire des Horaces tout griffonné qu'il est . L'Académie décidera de mes réflexions et vous aurez la bonté de me renvoyer au plus tôt cet exemplaire unique.


 

Ma nièce, celle de Corneille, et moi, nous vous remercions de l'intérêt que vous prenez à cette affaire et de tous vos soins généreux.


 

V. »

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12/07/2010 | Lien permanent

nous avons été honorés aussi d'un petit tremblement de terre ...et le dîner n'en a pas été dérangé.

Pour rester dans le ton léger de Volti au sujet du tremblement de terre en territoire genevois :

http://www.youtube.com/watch?v=WePEHIQNh_o

Pour tous ceux qui connaissent le caractère suisse, nul étonnement à ce que même les tremblements de terre helvétiques se passent calmement, parce que : "y'aaa paaas l'feu auauauauau  lac !!"

bouteille bois casse tete.jpg

http://www.palason.ca/main.cfm?p=002&l=fr&SECID=4...

 

 

 

 

 

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

Banquier à Lyon

 

 

Aux Délices près de Genève

10 décembre 1755

 

Vous apprendrez, Monsieur, par toutes les lettres de cet ordinaire que nous avons été honorés aussi d'un petit tremblement de terre . Nous en sommes pour une bouteille de vin muscat qui est tombée d'une table, et qui a payé pour tout le territoire. Il est heureux d'en être quitte à si bon marché. Ce qui m'a paru d'assez singulier, c'est que le lac était tout couvert d'un nuage très épais par le plus beau soleil du monde. Il était deux heures et vingt minutes ; nous étions à table dans nos petites Délices, et le dîner n'en a pas été dérangé. Le peuple de Genève a été un peu effarouché ; il prétend que les cloches ont sonné d'elles-mêmes, mais je ne les ai pas entendues.

 

En attendant la fin du monde, je suis encore forcé de vous importuner, Monsieur, pour les bagatelles de cette vie. Notre sellier avait oublié de demander 8 aunes de grand galon pareil à celui que nous avons l'honneur et l'importunité de fourrer dans cette lettre.

 

L'insatiable Mme Denis jure encore que vous ne lui refuserez pas quatre milliers de clous dorés pour des fauteuils . Il me parait qu'il faut bien des choses pour habiter en terre hérétique.

 

Nous vous faisons mille tendre compliments, mon cher correspondant ; et nous partons pour voir s'il y a eu un tremblement de terre à Montriond.

 

V. »

 

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09/12/2010 | Lien permanent

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