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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

c’est un exercice qui apprend à la fois à bien parler et à bien prononcer, et qui donne même de la grâce au corps comme

... Certes .

Mais les déclarations, de guerre en l'occurence, tant présidentielles que ministérielles, me semblent singulièrement dénuées des qualités de la déclamation . Si on ne peut l'incriminer aux textes, on doit simplement se plaindre des orateurs .

Tant pis si maintenant il y a 3 policiers/gendarmes mobilisés pour chaque commune de France pour réprimer ce nouveau délit - rupture du confinement- qui me rappelle la répression du vagabondage d'autrefois .

Tant mieux si la pollution diminue .

Tant pis si les bourses jouent au yoyo .

Tant mieux si le prix du  pétrole coule .

Tant pis si mes quelques louis d'or, gagnés par un vaillant grand-père, font la culbute . Usw ...

Résultat de recherche d'images pour "corona virus déclaration macron et philippe caricatures humour"

Confiné en tête-à-tête .

 

 

« A Madeleine-Angélique de Neuville-Villeroy, duchesse de Luxembourg

9 janvier 1765 1

Madame, l’honneur que j’ai eu de vous faire ma cour plusieurs années, vos bontés, mon respectueux attachement, me mettent en droit d’attendre de vous autant de justice que vous accordez de protection à M. Rousseau de Genève.

Il publie un livre qui jette un peu de trouble dans sa patrie ; mais qui croirait que dans ce livre il excite le conseil de Genève contre moi ? Il se plaint que ce Conseil condamne ses ouvrages et ne condamne pas les miens, comme si ce Conseil de Genève était mon juge. Il me dénonce publiquement, ainsi qu’un accusé en défère un autre. Il dit que je suis l’auteur d’un libelle intitulé, Sermon des Cinquante , libelle le plus violent qu’on ait jamais fait contre la religion chrétienne, libelle imprimé, depuis plus de quinze ans, à la suite de l’Homme-machine, de La Mettrie 2, ouvrage d'ailleurs écrit d'un style grossier, et dans lequel nul trait d'esprit ne [dégu]ise ce que le sujet a de ré[voltant] .

Est-il possible, madame, qu’un homme qui se vante de votre protection joue ainsi le rôle de délateur et de calomniateur ? Il n’est point d’excuse, sans doute, pour une action si coupable et si lâche ; mais quelle peut en être la cause ? La voici, madame .

Il y a cinq ans que quelques Genevois venaient chez moi représenter des pièces de théâtre ; c’est un exercice qui apprend à la fois à bien parler et à bien prononcer, et qui donne même de la grâce au corps comme à l’esprit. La déclamation est au rang des beaux-arts. M. d’Alembert alors fit imprimer, dans le Dictionnaire encyclopédique, un article sur Genève, dans lequel il conseillait à cette ville opulente d’établir chez elle des spectacles. Plusieurs citoyens se récrièrent contre cette idée ; on disputa, la ville se partagea. M. Rousseau, qui venait de donner un opéra et des comédies à Paris, écrivit de Montmorency contre les spectacles.

Je fus bien surpris de recevoir alors une lettre de lui conçue en ces termes : « Monsieur, je ne vous aime point, vous corrompez ma république, en donnant chez vous des spectacles : est-ce là le prix de l’asile qu’elle vous a donné ?3 »

Plusieurs personnes virent cette lettre singulière ; elle l’était trop pour que j’y répondisse  [je] me contentai [de le p]laindre ; et même, en dernier lieu, quand [il] fut obligé de quitt[er la] France, je lui fit offrir pour asile cette même campagne qu’il me reprochait d’avoir choisie près de Genève. Le même esprit qui l’avait porté, madame, à m’écrire une lettre si outrageante l’avait brouillé en ce temps-là avec le célèbre médecin M. Tronchin, comme avec les autres personnes qui avaient eu quelque liaison avec lui.

Il crut qu’ayant offensé M. Tronchin et moi, nous devions le haïr ; c’est en quoi il se trompait beaucoup ; je pris publiquement son parti quand il fut condamné à Genève ; je dis hautement qu’en jugeant son roman d’Émile, on ne faisait pas assez d’attention que les discours du Vicaire savoyard, regardés comme si coupables, n’étaient que des doutes auxquels ce prêtre même répondait par une résignation qui devait désarmer ses adversaires . Je dis que les objections de l’abbé Houteville contre la religion chrétienne sont beaucoup plus fortes et ses réponses beaucoup plus faibles . Enfin, je pris la défense de M. Rousseau. Cependant M. Rousseau vous dit, madame, et fit même imprimer que M. Tronchin et moi nous étions ses persécuteurs. Quels persécuteurs qu’un malade de soixante et onze ans, persécuté lui-même jusque dans sa retraite, et un médecin consulté par l’Eu[rope entière], uniquement occupé de soulager les maux des hommes, et qui certainement n’a pas le temps de se mêler de leurs misérables querelles .

Il y a plus de dix ans que je suis retiré à la campagne auprès de Genève, sans être entré quatre fois dans cette ville . J’ai toujours ignoré ce qui se passe dans cette république ; je n’ai jamais parlé de M. Rousseau que pour le plaindre. Je fus très fâché que M. le marquis de Chimène l’eût tourné en ridicule 4. J’ai été outragé par lui, sans lui jamais répondre ; et aujourd’hui il me dénonce juridiquement, il me calomnie dans le temps même que je prends publiquement son parti. Je suis bien sûr que vous condamnez un tel procédé, et qu’il ne s’en serait pas rendu coupable s’il avait voulu mériter votre protection. Je finis, madame, par vous demander pardon de vous importuner de mes plaintes ; mais voyez si elles sont justes, et daignez juger entre la conduite de M. Rousseau et la mienne 5.

Agréez le profond respect et l’attachement inviolable avec lequel je serai toute ma vie,

madame.

Je ne peux avoir l’honneur de vous écrire de ma main, étant presque entièrement aveugle. »



1 La copie Beaumarchais-Kehl, endommagée, contient des mots incomplets ou manquants, corrigée par une copie contemporaine qui malgré tout est passablement corrompue aussi .

2 Le Sermon des cinquante est daté fictivement de 1749 .

5 La duchesse se garda bien de vouloir arbitrer ; dans une lettre à Mme Du Deffand du 16 octobre 1765, V* précise qu'elle ne lui répondit pas ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/10/correspondance-annee-1765-partie-30.html

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17/03/2020 | Lien permanent

Oserons-nous vous supplier de nous procurer trois invalides capables de travailler la terre ?

...Si Voltaire avait dû faire appel à Pôle Emploi, on l'aurait sans doute envoyé sur les roses, tant ce service public est bancal : https://www.leparisien.fr/economie/emploi/a-rennes-le-con...

 

L'organisation de l'ordre

Les trois invalides ?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_royal_et_militaire_de_Saint-Louis

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fort_l%27%C3%89cluse

 

 

« A Thomas de Prosses, Chevalier de

Saint-Louis, Commandant du fort de l’Écluse

Au fort de l’Écluse

Au château de Ferney 22è mars 1765

Monsieur, nous avons recours à vos bontés Mme Denis et moi . Oserons-nous vous supplier de nous procurer trois invalides capables de travailler la terre ?1 On les couchera, on les nourrira, on leur donnera du vin et sept sous par jour jusqu'à la fin de l'automne . Si cela est praticable nous vous aurons une grande obligation . Nous présentons nos hommages à madame de Prosses .

J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus respectueux

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Au début du XVIIIe siècle, plusieurs compagnies françaises de soldats invalides et une compagnie irlandaise étaient détachées en garnison dans ce fort.

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23/06/2020 | Lien permanent

en faisant bâtir actuellement une église ; je sais bien que cette bonne œuvre me ruine dans ce monde-ci, mais Dieu me le

... Qui croirait qu'on verrait un jour des catho manifester devant leurs églises pour exiger qu'on les laisse participer à des messes comme avant la confinement ( oui, fin 2020 on vit confiné pour éviter la propagation du virus covid19, mortel ) ?

"Rendez-nous la messe" demandent les catholiques qui manifestent à Saint-Maur-des-Fossés (Val de Marne)

Et comme toujours la comtesse est folle de la messe !

Et le virus soluble dans l'eau bénite !

 

Mis en ligne le 16/11/2020 pour le 11/8/2015

 

 

« A Octavie Belot

11è août [1760]

M. Helvétius et M. La Popelinière, madame, sont à mes yeux des hommes respectables, car ils sont philosophes, et ils font tout le bien qu'ils peuvent . Ils ne présentent point de mémoires au roi, pour lui dire qu'ils ont une belle bibliothèque, et qu'ils ont eu autrefois des conversations amicales avec le feu chancelier d'Aguesseau ; il n'en est pas de même de M. Lefranc de Pompignan ; il écrit au roi, il n'est point philosophe, et il fait tout le mal qu'il peut .

J'ai vu enfin les lettres de M. Palissot de Montenoy ; je ne sais pas si la religion et la morale enseignent à faire imprimer les lettres d'un homme sans son consentement ; il a un peu altéré la pureté du texte ; mais il ne faut pas y regarder de si près, tous ces rogatons me viennent fort tard, et je n'ai lu aucune fréronade .

Je remercie M. Darget de son souvenir, et je vous prie, madame, de vouloir bien lui dire que je lui suis toujours très tendrement dévoué, je ne sais point quel est l'auteur du poème sur la peinture, dont vous me parlez 1, ni quelle est son aventure ; je ne connais de sœur du pot 2, que celle de mon village . Au reste, je ne réponds à toutes les calomnies dont on accable les philosophes, et à toutes les accusations ridicules d'irréligion, qu'en faisant bâtir actuellement une église ; je sais bien que cette bonne œuvre me ruine dans ce monde-ci, mais Dieu me le rendra dans l'autre ; je voudrais pouvoir un jour y entendre une messe avec vous ...

V. »

1 V* aurait-il oublié que cet auteur est Watelet , voir lettre du 25 avril 1760 à Watelet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/04/25/je-n-ai-vu-nulle-part-une-telle-situation-5610226.html

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11/08/2015 | Lien permanent

L'ordre n'y fait rien , ce qui est écrit est écrit , ce qui est imprimé est imprimé

... ce qui est sur le Net est sur le Net .

 

Mis en ligne le 13/11/2020 pour le 1/8/2015

 

 

« A Gabriel Cramer

[juillet-août 1760]

Je ne sais si vous avez toute l'assemblée des monosyllabes 1. L'ordre n'y fait rien , ce qui est écrit est écrit , ce qui est imprimé est imprimé . Il n'importe de la préséance des lettres alphabétiques . Faites comme il vous plaira, ma diligenza , el' nome di 2 Pompignan tout au long . Comptez que ce Pompignan est honni à la cour et à la ville . »

1 Ce titre collectif apparait dans le Recueil des facéties . Voir : https://www.voltaire.ox.ac.uk/book/recueil-des-fac%C3%A9ties-parisiennes

2 Mais faites vites, et [imprimez] le nom de Pompignan .

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01/08/2015 | Lien permanent

Les vrais sauvages sont les ennemis des beaux-arts et de la philosophie ...La calomnie mérite bien le nom d’infâme que n

... Ecrasons l'infâme !

Je ne suis pas un héros .... - Ampélosophisme

http://ampelosophisme.over-blog.com/2018/03/je-ne-suis-pa...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4è novembre 1765

Mon cher frère, je ne suis pas étonné que les petits-maîtres de Paris choquent un peu le bon sens d’un philosophe tel que vous. Vous n’aviez pas besoin de Ferney pour détester les faux airs, la légèreté, la vanité, le mauvais goût. Votre Platon est sans doute revenu avec vous, et vous vous consolerez ensemble de l’importunité des gens frivoles. Le petit nombre des élus sera toujours celui des penseurs.

Je suis trop vieux, et je ne me porte pas assez bien pour aller faire un tour chez les Shavanois 1; mais je les respecte et je les aime. Je connaissais déjà la belle harangue de ce peuple vraiment policé aux Anglais de la Nouvelle-Angleterre, qui se disent policés. J’ai déjà même écrit 2 quelque chose à ce sujet qui m’a paru en valoir la peine. Les vrais sauvages sont les ennemis des beaux-arts et de la philosophie ; les vrais sauvages sont ceux qui veulent établir deux puissances ; les vrais sauvages sont les calomniateurs des gens de lettres. La calomnie mérite bien le nom d’infâme que nous lui avons donné . Avouez que vous l’avez trouvée bien infâme quand vous avez été témoin de ma vie philosophique et retirée, quand vous avez vu mon église, que je tiens pour aussi jolie, aussi bien recrépie, et aussi bien desservie que celle de Pompignan. Son frère, l’évêque du Puy, m’appelle impie, et voudrait me faire brûler, parce que j’ai trouvé les psaumes de Pompignan mauvais ; cela n’est pas juste, mais la vertu sera toujours persécutée.

Je crois que vous allez donner une nouvelle chaleur à la souscription en faveur des Calas. Les belles actions sont votre véritable emploi. Celui que la fortune vous a donné n’était pas fait pour votre belle âme.

J’ai pris la liberté de supplier l’électeur palatin d’ordonner à son ministre à Paris de souscrire pour plusieurs exemplaires 3 . Je vous supplie de vous informer si ses ordres sont exécutés. Il doit y avoir pour environ mille écus de souscriptions à Genève. J’en ai pour ma part quarante-neuf qui ont payé, et cinq qui n’ont pas payé. Vous pourrez faire prendre l’argent chez M. Delaleu quand il vous plaira.

M. le comte de La Tour du Pin m’écrivit sur-le-champ une lettre digne d’un brave militaire. Il m’ordonna de ne point rendre l’homme en question, sous quelque prétexte que ce pût être 4. Voilà comme il en faudrait user avec les persécuteurs de l’abominable espèce que vous connaissez.

On dit que Ce qui plaît aux Dames 5 a eu un grand succès à Fontainebleau. Il ne m’appartient pas, à mon âge, de me rengorger d’avoir fourni le canevas des divertissements de la cour ; mais je suis fort aise qu’elle se réjouisse, cela me prouve évidemment que monsieur le Dauphin n’est point en danger comme on le dit. J’ai peur qu’à la Saint-Martin le parlement et le clergé ne donnent leurs opéras-comiques, dont la musique sera probablement fort aigre ; mais la sagesse du roi a déjà calmé tant de querelles de ce genre que j’espère qu’il dissipera cet orage.

On m’a mandé qu’il paraissait un mandement d’un évêque grec 6 ; je ne sais si c’est une plaisanterie ou une vérité. Il me semble que les Grecs ne sont plus à la mode. Cela était bon du temps de M. et de Mme Dacier. Je fais plus de cas des confitures sèches que vous m’avez promis de m’envoyer par la diligence de Lyon ; je crois que les meilleures se trouvent chez Fréret 7, rue des Lombards. Pardon des petites libertés que je prends avec vous, mais vous savez que les dévots aiment les sucreries.

Je peux donc espérer que j’aurai, au mois de janvier, le gros ballot qu’on m’a promis 8, il me fera passer un hiver bien agréable ; mais cet hiver ne vaudra pourtant pas le mois d’été que vous m’avez donné. Il me semble qu’avec cette pacotille je pourrai avoir de quoi vivre sans recourir aux autres marchands, qui ne débitent que des drogues assez inutiles. Je sais fort bien aussi qu’il y a des drogues dans le gros magasin que j’attends, et que tout n’est pas des bons faiseurs ; mais le bon l’emportera tellement sur le mauvais qu’il faudra bien que les plus difficiles soient contents.

Tronchin m’a demandé aujourd’hui des nouvelles de votre gorge ; je me flatte que vous m’en apprendrez de bonnes. Ma santé est toujours bien faible, et les pluies dont nous sommes inondés ne la fortifient pas.

Adieu, mon vertueux ami ; soutenez la vertu, confondez la calomnie, et écrasez cette infâme. »

1 Savanais est le nom générique donné à l’époque aux Indiens vivant dans la région des Grands Lacs .

2 Dans la Philosophie de l'histoire, chapitre VII « Des sauvages » : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8618430t/f45.item

5 La Fée Urgèle , pièce de Favart et Voisenon .

7 A savoir les « manuscrits de Fréret », Lettre de Trasybule à Leucippe, voir lettre du 16 octobre 1765 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/02/13/y-a-t-il-rien-de-plus-tyrannique-par-exemple-que-d-oter-la-l-6297342.html

8 Les derniers volumes parus de l'Encyclopédie, tome VIII et suivants qui parviendront à Ferney en février 1766 .

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25/02/2021 | Lien permanent

Mon cher frère et mes chers frères, vous avez bien raison de dire que les peuples du Nord l’emportent aujourd’hui sur ce

... Et il s'agit ici de choses plus importantes que le sacro-saint foot, religion quasi sectaire de nos jours et qui n'est qu'une pompe à fric pour quelques élus . Ô les beaux champions du monde que nous sommes, à l'heure où l'on apprend que le chômage vient encore d'augmenter sous nos cieux, augmenter peu, certes, mais c'est toujours trop . 

 https://www.touteleurope.eu/actualite/le-taux-de-chomage-...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville ; Premier commis des

bureaux du vingtième

Quai Saint-Bernard

à Paris

4è novembre 1763

Mon cher frère et mes chers frères, vous avez bien raison de dire que les peuples du Nord l’emportent aujourd’hui sur ceux du Midi ; ils nous battent et ils nous instruisent. M. d’Alembert se trouve dans une position qui me paraît embarrassante . Le voilà entre l’impératrice de Russie et le roi de Prusse, et je le défie de me dire qui a le plus d’esprit des deux. Jean-Jacques, dans je ne sais lequel de ses ouvrages 1, avait dit que la Russie redeviendrait esclave, malheureuse, et barbare. L’impératrice l’a su ; elle me fait l’honneur de me mander que tant qu’elle vivra elle donnera très impoliment un démenti à Jean-Jacques 2. Ne trouvez-vous pas comme moi cet impoliment fort joli ? Sa lettre est charmante ; je ne doute pas qu’on n’en écrive à M. d’Alembert de plus spirituelles encore, attendu qu’elle sait très bien se proportionner.

Gardez-vous bien, je vous en supplie, de solliciter mademoiselle Clairon pour faire jouer Olympie . C’est assez qu’on la joue dans toute l’Europe, et qu’on la traduise dans plusieurs langues . On vient de la représenter à Amsterdam et à La Haye avec un succès semblable à celui de Mérope . On va la jouer à Pétersbourg. Laissez aux Parisiens l’opéra-comique et les réquisitoires. La France est au comble de la gloire, il faut lui laisser ses lauriers : le mandement du digne frère de Pompignan m’a paru un ouvrage digne du siècle. On m’a montré pourtant une petite réponse 3 d’un évêque son confrère ; il me paraît que ce confrère n’entre pas assez dans les détails ; apparemment qu’il les a respectés, et que l’évêque du Puy s’étant retiré dans le sanctuaire, on n’a pas voulu l’y souffleter.

Mes chers frères,

écr. l’inf .» 



2 A la suite des avances de V* (voir lettre du 4 juillet 1763 à Pictet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/06/23/j-ai-peut-etre-mieux-rencontre-quand-j-ai-dit-que-si-jamais-6061660.html ) , Catherine lui a envoyé la première lettre de leur correspondance dont voici le texte d'après le manuscrit original ; noter que les lettres de Catherine ont été publiées pour la première fois dans l'édition de Kehl : « J'ai mis sous les vers du portrait de Pierre le Grand que monsieur de Voltaire a envoyé par M. de Balk, Que Dieu le veuille . J'ai commis un péché mortel en recevant la lettre adressée au géant , j'ai quitté un tas de suppliques, j'ai retardé la fortune de plusieurs personnes, tant j'étais avide de la lire, je n'en ai pas même eu de repentir, il n'y a point de casuiste dans mes vastes États , je n'en étais pas bien fâchée jusqu'ici, mais voyant le besoin d'être ramenée à mon devoir, je trouvai qu'il n'y avait pas de meilleur moyen que de céder au tourbillon qui m'emportait à prendre la plume pour prier monsieur de V[oltaire] très sérieusement de ne plus me louer avant que je l'aie mérité . Sa réputation et la mienne y sont intéressées . Il dira qu'il ne tient qu'à moi de m'en rendre digne, mais en vérité, dans l'immensité de la Russie, un an n'est qu'un jour, comme mille ans le sont devant le Seigneur . Voilà mon excuse de n'avoir pas fait encore tout le bien que j'aurai dû . Je répondrai à la prophétie de Jean-Jacques Rousseau en lui donnant j'espère aussi longtemps que je vivrai fort impoliment un démenti . Voilà mon intention, reste à voir les effets ; j'aurai envie de dire Priez Dieu pour moi après cela . J'ai reçu aussi avec beaucoup de reconnaissance le second tome de Pierre le Grand . Si dans le temps qu'elle [sic] fut commencée j'avais été ce que je suis, j’aurais fourni bien d'autres mémoires . Il est vrai qu'on ne peut assez s’étonner du génie de ce grand homme ; je m'en vais faire imprimer ses lettres originales que j'ai ordonné de ramasser de toutes parts . Il s'y peint . Ce qu'il avait de plus beau dans son caractère, c'est que, quelque colérique qu'il fût, la vérité avait toujours sur lui un ascendant infaillible, et pour cela seul il mériterait que je pense une statue . Comme ceci ne sera point admiré, ni publié par conséquent, j'ajouterai fort naturellement que le papier pomponné m'a fait un plaisir sensibles ; c'est la première fois de ma vie que je regrette de ne point faire des vers, pour répondre à ceux-là . Je me réduirai donc à dire en prose que j'ai les plus grandes obligations à l'auteur . Depuis que je disposai de mon temps jusqu'en 1746 je ne lisais que des romans . Par hasard me tombèrent en mains ses ouvrages, je ne pouvais cesser de les lire, et je ne voulais plus d'aucun livre qui ne fût aussi bien écrit, et où il y eût autant à profiter . Mais où les trouver ? Je recommençais donc de nouveau, et je tâchai de trouver des livres au moins qui m’instruisissent de tout ce que ses ouvrages m'avaient donné la plus vive envie de savoir . Cependant je retournai toujours à ce premier moteur de mon goût et de mon plus cher amusement, et assurément si j'ai quelques connaissances, c’est là lu seul que je les dois . Mais puisqu'il défend par respect de me dire qu'il baise mon billet , il faut par bienséance lui laisser ignorer que j'ai de l'enthousiasme pour ses ouvrages . Je lis à présent l'Histoire générale . Je voudrais savoir presque chaque page par cœur, en attendant les œuvres du grand Corneille pour lesquelles j'espère que la lettre de change est expédiée. » Cette lettre est datée approximativement de septembre 1763 ; voir aussi la lettre du 14 novembre 1763 à F.-P. Pictet .

3 Instruction pastorale de l'humble évêque d'Alétopolis : https://fr.wikisource.org/wiki/Instruction_pastorale/%C3%...

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26/10/2018 | Lien permanent

tous les livres écrits depuis quelque temps respirent je ne sais quoi de sombre et de pédantesque, à commencer par l’Ami

... C'est malheureusement vrai .

 

« A Etienne-Noël Damilaville

30è janvier 1764 1

Est-il vrai, mon cher frère, qu’on a mis en lumière, au bas de l’escalier du Mai 2, la pastorale de monseigneur ? L’auteur sera assurément inséré dans le martyrologe romain. Tout ceci ne fait pas de bien à l’infâme . Nos plus grands ennemis combattent pour la bonne cause, sans le savoir. Tout ce que je crains, c’est qu’un esprit de presbytérianisme ne s’empare de la tête des Français, et alors la nation est perdue. Douze parlements jansénistes sont capables de faire des Français un peuple d’atrabilaires. Il n’y a plus de gaieté qu’à l’Opéra-Comique , tous les livres écrits depuis quelque temps respirent je ne sais quoi de sombre et de pédantesque, à commencer par l’Ami des Hommes 3, et à finir par les Richesses de l’État 4. Je ne vois que des fous qui calculent mal.

Vous m’aviez promis le livre du lourd Crevier. Je vous demande en grâce de le joindre aux Fonctions du Parlement (1)5. on peut charger Briasson ou Merlin d'adresser le paquet par la diligence à M. Camp, banquier à Lyon .

Voulez-vous bien avoir la bonté de faire rendre ce billet à Protagoras ?6 Je souhaite que le livre attribué à Saint-Evremond, dont vous m’avez régalé, puisse être sur toutes les cheminées de Paris. Il a beau être farci de fautes d’impression, il fera toujours beaucoup de bien.

Ecr l’inf… Écr. l’inf… »

1 Une copie contemporaine fait un amalgame avec la lettre du 27 janvier 1764 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-5.html

2 Au pilori .

5 Lettres historiques sur les fonctions essentielles du parlement, sur les droits des pairs, et sur les lois fondamentales, 1753-1754 ; de Louis-Adrien Le Paige . Sur son exemplaire, V* a écrit : « Par Le Page avocat, livre sans méthode et peu instructif. »

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08/02/2019 | Lien permanent

vos confrères feront bien mieux d'obtenir la suppression de tous ces offices ridicules qui ruinent l’État, et qui le dés

... Voir le rapport de la Cour des Comptes : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc...

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy

1er mars 1768 1

Mon cher magistrat, maman, Mme Dupuits feront bientôt ce que je voudrais faire, elles vous embrasseront . Il faut absolument que maman passe quelque temps à Paris pour ses gencives qui sont dans un état menaçant et il faudra que j'aille moi-même mettre un ordre invariable dans mes affaires avec M. le duc de Virtemberg, qui ne me devra jamais douze années comme les maréchaux de France .

Je vous prierai de partager entre elle et moi tout ce que me doit M. le maréchal de Richelieu qui se monte à 27425 livres à ce que je crois 2. Il conviendra que le tout soit payé à la fois . Maman qui a beaucoup vécu avec lui, se fera mieux payer qu'un sergent à verge . Il est vrai qu'elle n'est plus dans l'âge qui ouvre la bourse des ducs et pairs ; mais une ancienne liaison est toujours respectée 3. Certainement vous viendrez tous deux à bout de dégraisser l'abbé Blet 4.

Mes compliments au Turc du Grand conseil . Vous verrez par le petit écrit ci-joint 5 qu'on fait des compliments à de plus puissants seigneurs, et qu'on est fort poli dans ce siècle . Je ne sais pas qui est le complimenteur, mais il me paraît fort honnête .

Au reste, je ne suis pas tout à fait de l'avis de mon confrère Séguier, sur l'histoire impartiale des jésuites 6 . Mon confrère me paraît un peu partial .

Je vous embrasse, mon gros magistrat, le plus tendrement du monde .

Ah ! que vos confrères feront bien mieux d'obtenir la suppression de tous ces offices ridicules qui ruinent l’État, et qui le déshonorent . C'est un sujet qui doit être traité avec beaucoup de force, et l’éloquence la plus attendrissante 7. Mais vous avez plus de Catons que de Cicérons .

N. B. – Il serait plaisant d'énoncer qu'il ne serait répandu un libelle diffamatoire contre la maison de France, etc., sous le nom de bulle 8, etc., et que pour venger l'honneur du Saint-Père si horriblement compromis on ordonne qu'on brûlera icelle au pied du grand escalier . »

1 La première édition est limitée aux deux premiers paragraphes .

2 V* a ajouté les derniers mots de cette phrase dans la marge .

3 Allusion curieuse . Il ne semble pas qu'on ait tenté de l’éclaircir .

5 Lettre de l'archevêque de Cantorbery ...

6 Le réquisitoire de l'avocat général Antoine-Louis Séguier contre l'anonyme Histoire impartiale des jésuites depuis leur établissement jusqu'à leur première expulsion, 1768 (attribué à Simon-Nicolas Henri Linguet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Simon-Nicolas-Henri_Linguet )

Voir : https://books.google.fr/books?id=0ZL2rrUjkioC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

et https://books.google.fr/books?id=1W2ntv0xxOYC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

7 Ce qui sera fait plus tard ; voir https://books.openedition.org/pumi/29538?lang=fr

8 Allusion à la bulle papale du 30 janvier 1768 excommuniant l'infant de Parme qui avait saisi des biens ecclésiastiques ; la même bulle excommuniait aussi ceux qui prenaient part ) l'expulsion des jésuites de Parme . À la suite de quoi les différends rois de la maison de Bourbon saisirent Avignon, Bénevent et Ponte-Corvo.

Voir Le Siècle de Louis XV : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_39

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15/10/2023 | Lien permanent

on n’écrit point de vains compliments, et on m’interromps point les occupations des hommes d’État pour ne leur rien dire

...  Rédaction le 6/11/2022 pour édition le 29/10/2022

 

 

« Au comte Alexandre Romanovitch Vorontsov

Au château de Ferney par Genève, 22è avril 1767 1

Monsieur,

Mme Cramer m'a dit qu'elle vous avait envoyé une édition des Scythes très incorrecte . Je ne suis plus dans l'âge des passions mais j'ai toujours celle de vous plaire .

Je ne puis me dispenser d'envoyer à Votre Excellence une collection 2 plus complète, et moins indigne d'elle . Peut-être en gratifierez-vous quelque libraire de La Haye, on imprime très bien dans ce pays-là . Partout où vous êtres vous serez le protecteur des lettres . Il m'est tombé entre les mains un imprimé concernant votre auguste impératrice 3 , j'aurai l'honneur de vous l'envoyer par le premier courrier. C'est un très petit ouvrage, mais il m'a paru plein de grâces et de 4 vérité ; je crois qu'il méritera votre attention .

Vous voyez que je n'attends que des occasions de vous écrire et de vous renouveler mes hommages . À mon âge on n’écrit point de vains compliments, et on m’interromps point les occupations des hommes d’État pour ne leur rien dire ; il faut une base aux lettres, sans quoi ce ne sont que des mots . Mais ne regardez pas, je vous en supplie, comme de simples paroles les témoignages de l'estime, de l'attachement et du respect avec lesquels j'ai l'honneur d'être, monsieur, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi . »

1Original (archives Vorontsov ) ; copie ancienne qui est en principe une transcription littérale de l'original qui a été suivi ; édition , en russe, « Lettres de Voltaire au prince Vorontsov », 1872 .

2 Ed. donne édition pour collection .

4 Ed. donne plein de grandes vérités .

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29/10/2022 | Lien permanent

vous prétendez que j'ai écrit que tous les hommes sont nés avec une égale portion d'intelligence . Dieu me préserve d'av

 Pour développer concentration et relaxation, quoi de plus nécessaire qu'un peu d'Intelligence : http://www.deezer.com/listen-5930405

Après écoute, selon les désirs de Dieu comme dit Volti, je ne me sens ni plus intelligent , ni plus couillon non plus (il ne faut pas exagèrer quand même, je n'en suis pass encore au stade de la régression, enfin , je crois !).

Et maintenant, Work hard, -Bosse dur- , c'est le fondement de la vie de Volti, mais pour vous en douceur quand même :  http://www.deezer.com/listen-5930406

 

 

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Si vous avez un canidé que vous chérissez, pour Noël (ou plutôt les étrennes de nouvel an , si vous voulez ne pas le mettre au même rang que vos gosses ) , offrez ce CD qui porte ce merveilleux titre que nous autres humains ne pouvons entendre (ça nous dépasse ) : Dog intelligence : http://www.deezer.com/listen-1276347 . Vous avez écouté jusqu'au bout ? Alors votre flair va se développer d'une manière surprenante, mais vous messieurs, attention à ne pas trop lever la patte pour le pissou , et ne reniflez pas tout ce qui vous passe à portée de truffe !

 

J'adore écouter les grandes orgues et pour la rédaction de cette note j'ai été accompagné par le papa de Pierre-Louis, Louis-Claude d'Aquin ; vu ma proximité de la frontière, je vous offre un Noël suisse : http://www.deezer.com/listen-7344685

Et je reviens encore à ce grand et génial musicien , Bach J.-S. : http://www.deezer.com/listen-2752316 ; http://www.deezer.com/listen-2752317  ; http://www.deezer.com/listen-2752318 

 

« A Pierre-Louis d'Aquin de Château-Lyon i


Au château de Ferney, 22 décembre [1760]

 

Vous êtes donc, monsieur, devenu censeur et hebdomadaire ii. Comme censeur vous avez pour moi de l'indulgence, et je vous prie comme hebdomadaire de me faire part de vos semaines.

Je viens d'en lire un morceau où vous assurez que je suis heureux iii. Vous ne vous trompez pas. Je me crois le plus heureux des hommes ; mais il ne faut pas que je le dise. Cela est trop cruel pour les autres.

Vous citez M. de Chamberland iv auquel vous prétendez que j'ai écrit que tous les hommes sont nés avec une égale portion d'intelligence . Dieu me préserve d'avoir jamais écrit cette fausseté . J'ai dès l'âge de douze ans senti et pensé tout le contraire . Je devinai dès lors le nombre prodigieux de choses pour lesquelles je n'avais aucun talent. J'ai connu que mes organes n'étaient pas disposés à aller bien loin dans les mathématiques. J 'ai éprouvé que je n'avais nulle disposition pour la musique. Dieu a dit à chaque homme : tu pourras aller jusque là, et tu n'iras pas plus loin. J'avais quelque ouverture pour apprendre les langues de l'Europe, aucune pour les orientales. Non omnia possumus omnes v. Dieu a donné la voix aux rossignols et l'odorat aux chiens , encore y a-t-il des chiens qui n'en ont pas. Quelle extravagance d'imaginer que chaque homme aurait pu être un Neuton ! Ah ! Monsieur, vous avez été autrefois de mes amis vi, ne m'attribuez pas la plus grande des impertinences. Quand vous aurez quelque semaine curieuse, ayez la bonté de me la faire passer par M. Thiriot, mon ami, il est , je crois, le vôtre. Comptez toujours sur l'estime, sur l'amitié d'un vieux philosophe qui a la manie à la vérité de se croire un très bon cultivateur, mais qui n'a pas celle de croire qu'on ait tous les talents. Je prends un intérêt très vif à tout ce qui vous touche, à vos succès, à votre bonheur. Soyez-en bien persuadé.

Volt. »

 

iPierre-Louis d'Aquin de Château-Lyon , littérateur, correspondant de V*, fils du musicien Louis-Claude d'Aquin: http://c18.net/dp/dp.php?no=84

http://books.google.fr/books?id=zac9AAAAcAAJ&printsec...

ii Éditeur du Censeur hebdomadaire (1760-1762) Page 595 : http://books.google.fr/books?id=2txvEw-voiEC&pg=PA595...

iii Dans le Censeur hebdomadaire 1760, III, 360.

iv Antoine Chamberland (1732-1803), ancien enseignat de langues vivantes à l'université d'Oxford et professeur de grammaire générale à Dijon, venait de publier Le Philosophe malgré lui dont d'Aquin fit le compte-rendu.

v Nous ne pouvons pas toutes choses.

vi D'Aquin lui a envoyé des vers en mars 1757.

 

 

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23/12/2010 | Lien permanent

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