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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Ceux que nous avons obligés une fois semblent avoir des droits sur nous, et lorsque nous nous retirons d’eux, ils se cro

... On en a un petit exemple avec Marion Maréchal aux prises avec Eric Zemmour, chacun s'estimant trahi par l'autre après une période d'union sulfureuse , en réalité bassement intéressée , chacun s'estimant un cadeau pour l'autre . Pouvoir et argent mènent toujours le bal .

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Tout passe, tout lasse ...

 

 

 

« A Louise-Bernarde Berthier de Sauvigny 1

3è janvier 1769 à Ferney

Madame,

Il y a, dans la lettre dont vous m’honorez, du 27 de décembre, un mot qui m’étonne et qui m’afflige. Vous dites que monsieur votre frère 2 vous menace, et que vous ne devez plus rien faire pour empêcher ses menaces d’être effectuées .

Je serais inconsolable si, ayant voulu l’engager à se confier à vos bontés, j’avais pu laisser échapper dans sa dernière lettre quelque expression qui pût faire soupçonner qu’il vous menaçât, et qui pût jeter l’amertume dans le cœur d’un frère et d’une sœur.

Je vous ai obéi avec la plus grande exactitude. Vous m’avez pressé par deux lettres consécutives de l’attirer chez moi, et de savoir de lui ce qu’il voulait. Je vous ai instruite de toutes ses prétentions ; je vous ai dit que, dans le pays qu’il habite, il ne manquait pas de prétendus amis qui lui conseillaient d’éclater et de se pourvoir en justice . Je vous ai dit que je craignais qu’il ne prît enfin ce parti ; je vous ai offert mes services . Je n’ai eu et je n’ai pu avoir en vue que votre repos et le sien. Non-seulement je n’ai point cru qu’il vous menaçât, mais il ne m’a pas dit un seul mot qui pût le faire entendre.

Je vous avoue, madame, que j’ai été touché de voir le frère de madame l’intendante de Paris arriver chez moi à pied, sans domestique, et vêtu d’une manière indigne de sa condition.

Je lui ai prêté cinq cents francs ; et s’il m’en avait demandé deux mille, je les lui aurais donnés.

Je vous ai mandé qu’il a de l’esprit, et qu’il est considéré dans le malheureux pays qu’il habite. Ces deux choses sont très conciliables avec une mauvaise conduite en affaires.

Si le récit qu’il m’a fait de ses fautes et de ses disgrâces est vrai, il est sans contredit un des plus malheureux hommes qui soient au monde.

Mais que voulez-vous que je fasse ? S’il n’a point d’argent, et s’il m’en demande encore dans l’occasion, faudra-t-il que je refuse le frère de madame l’intendante de Paris ? Faudra-t-il que je lui dise : « Votre sœur m’a ordonné de ne vous point secourir »  après que je lui ai dit, pour montrer votre générosité, que vous m’aviez permis de lui prêter de l’argent dans l’occasion, lorsque vous étiez à Genève ? Ceux que nous avons obligés une fois semblent avoir des droits sur nous, et lorsque nous nous retirons d’eux, ils se croient offensés.

Vous savez, madame, que depuis quatorze ans il a auprès de lui une nièce de l’abbé Nollet 3. Ils se sont séparés, et il ne faut pas qu’il la laisse sans pain. Toute cette situation est critique et embarrassante. Cette Nollet est venue chez moi fondre en larmes. Ne pourrait-on pas, en fixant ce que monsieur votre frère peut toucher par an, fixer aussi quelque chose pour cette fille infortunée ?

Je ne suis environné que de malheureux. Ce n’est point à moi de solliciter la noblesse de votre cœur, ni de faire des représentations à votre prudence. Monsieur votre frère prétend qu’il doit lui revenir quarante-deux mille livres de rente, et qu’il n’en a que six . Je crois, en rassemblant tout ce qu’il m’a dit, qu’il se trompe beaucoup. Il vous serait aisé de m’envoyer un simple relevé de ce qu’il peut prétendre : cela fixerait ses idées, et fermerait la bouche à ceux qui lui donnent des conseils dangereux.

Il me paraît convenable que ses plaintes ne se fassent point entendre dans les pays étrangers.

Au reste, madame, je vous supplie d’observer que je n’ai jamais rien fait dans cette malheureuse affaire que ce que vous m’avez expressément ordonné. Soyez très persuadée que je ne manquerai jamais à votre confiance, que j’en sens tout le prix, et que je vous suis entièrement dévoué. »

1 Épouse de Louis Bénigne François Bertier de Sauvigny : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_B%C3%A9nigne_Fran%C3%A7ois_Bertier_de_Sauvigny

3 V* devra plus tard essayer de trouver un mari à cette demoiselle Nollet , Voir : https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/284-joseph-marie-durey-de-morsan

 

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12/07/2024 | Lien permanent

il aura des choses plus curieuses que ce fatras détestable imprimé par ce polisson

... de Robert Ménard, frontiste bas de plafond qui ne supporte pas l'étendage de linge en façade, lui qui dispose à n'en pas douter d'un superbe logement avec buanderie, sèche-linge et tout le toutim .

Dans son immense sagesse, il a quand même autorisé d'exposer son linge propre de 22 h à 6h ; je ris d'avance en pensant que les forces de police vont devoir patrouiller en se tordant le cou, marcher dans les crottes , remplir de nouveaux procès-verbaux et s'en tenir là, le montant de l'amende n'étant pas fixé à ce jour . Clochemerle en Languedoc, 1984, Le Meilleur des Mondes sont ici réunis par la volonté d'un gugusse . Ce règlement , je l'ai connu et respecté il y a bien des années, dans bien des villes et immeubles collectifs ; je l'ai maudit aussi quand il fallait étendre le linge dans une minuscule salle de bain sans aération au dessus d'un tout aussi minuscule bac à douche .

Que ceux que la vue d'un slip et d'une petite culotte entre un soutien-gorge et un marcel dérange me disent ce qu'ils mettent à laver si ces articles ne sont jamais étendus chez eux , soit ils n'en mettent pas (moindre mal), soit ils ne les nettoient jamais (crados , je ne vous serre pas la main).

Ménard ! Robert Ménard !! élu maire , roi de l'enfonçage de portes ouvertes et des édits clochemerlesques, que fais-tu pour faire baisser le chomage dans ta ville qui au demeurant est championne des embouteillages et des rues négligées plus chiants ennuyeux que quelques frusques qui flottent à la vue de tous ?

http://www.leparisien.fr/politique/a-beziers-menard-interdit-d-etendre-du-linge-aux-balcons-et-fenetres-20-05-2014-3856797.php

 Photo : Napoli par Oognip

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« A Gabriel Cramer

à Genève

[mars – avril 1759]

Monsieur Caro ne m'envoie point les épreuves de La Femme qui a raison 1. Il peut être sûr qu'on ne le fera pas attendre un moment pour le reste, et qu'il aura des choses plus curieuses que ce fatras détestable imprimé par ce polisson de Granger 2.

Quand il sera las des tracasseries de Genève, il devrait bien venir voir ses amis . On lui fait mille tendres compliments . »

1http://www.théâtre-documentation.com/Voltaire/La%20femme%20qui%20a%20raison/la%20femme%20qui%20a%20raison%20a1sc1.html

2Jean-Augustin Grangé, libraire parisien qui veanait de faire des offres de service à V* ; voir lettre du 3 avril 1759 à Gabriel Cramer . Voir : http://data.bnf.fr/12239175/jean-augustin_grange/

et : http://data.bnf.fr/12239175/jean-augustin_grange/#allmanifs

 

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20/05/2014 | Lien permanent

c'est à vous à décider jusqu'où vos bontés pour moi peuvent s'étendre

...Pôpôpô ! si j'mérite, m'sieur-dames !

Toute honnête proposition sera examinée sans délai ni murmure et acceptée dans la joie, c'est tout dire . Faites-moi du bien, encore, je ne m'en lasserai pas , et ça coûte si peu de demander !

Cavale à trois pattes

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« A Marc-René d'Argenson, marquis de Voyer

Au château de Ferney, pays de Gex, route de Genève, 16 décembre [1758]

Monsieur, daignez-vous vous souvenir encore d'un solitaire et d'un malade attaché à toute votre maison depuis qu'il respire, et à vous depuis que vous êtes né 1? J'achève mes jours dans le pays de Gex. Il est vrai que j'ai une jolie maison de campagne dans le territoire helvétique de Genève mais j'ai des terres considérables à deux lieues de Gex, en France. Il n'y a point de haras 2 dans le pays, ce pays est très-propre à fournir d'excellents chevaux. Je possède huit cavales fort belles. J'ai auprès de moi un de mes parents, nommé Daumart, mousquetaire du roi, qui me parait avoir beaucoup de talents pour les haras.

Je vous offre mes services, monsieur,3 et ceux de mon parent. On dit que vous voulez bien prêter des étalons du roi aux seigneurs des terres qui veulent s'en charger, c'est à vous à décider jusqu'où vos bontés pour moi peuvent s'étendre. Je vous serai très-obligé de me vouloir bien honorer d'une patente de votre capitaine et directeur des haras dans le pays de Gex. Si, au bout de quelque temps, vous êtes satisfait de mon administration, vous pourrez alors donner des appointements à mon parent Daumart.

Voilà ma requête présentée; j'attends vos ordres et vos bontés.

J'ai l'honneur d'être, etc.

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi ».

1 V* connait le comte Marc-Pierre d'Argenson , père du marquis, depuis ses études au collège Louis le Grand .

2 Pour le haras, voir fin de la lettre du 10 décembre 1758 à de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/12/25/j-edifie-plus-que-je-ne-detruis-je-parle-d-edifice-et-non-d-5255095.html

et celle du 22 décembre 1758 à Jean-Robert Tronchin : « J'ai chez moi un mien parent mousquetaire du roi qui tiraille comme vous calculez » ; ce qui confirme la date du 16 décembre 1758 . Il est seulement surprenant que V* fasse une telle ouverture avant d'avoir signé le contrat de Ferney (simple accord des 7 et 14 octobre 1758).

Haras royaux : http://fr.wikipedia.org/wiki/Haras_nationaux_%28France%29

3 Entre autres charges, le marquis de Voyer, fils du comte d'Argenson (voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Marc-Pierre_de_Voyer_de_Paulmy_d%27Argenson), avait celle de directeur général des haras royaux, qu'il conserva de 1752 à 1763 . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Marc-Ren%C3%A9_de_Voyer_d%27Argenson_%281722-1782%29 .

 

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31/12/2013 | Lien permanent

Nous avons trouvé qu'ils n'en avaient avalé que vingt bouteilles . Je les remercie de leur discrétion

... Juste de quoi coller la poussière ?

Ou juste de quoi partir en vrille  ?

20 bouteilles plus tard 0789.jpg

Et pour rester raccord avec l'indélicatesse des voleurs : Stance à un cambrioleur : http://www.youtube.com/watch?v=v7-PX5wX5_g

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

Aux Délices 23 juillet [1757]

Mon cher correspondant je ne crois pas à la nouvelle du parlement anglais . Celui qui l'a fabriquée à Paris ne connait ni les usages ni les termes ni les gens . Le Veser 1 passé enfin, paraît une nouvelle plus sure , mais le combat sanglant à ce passage est fort douteux .

Une nouvelle qui m'intéresserait serait que l’Électeur palatin a conclu avec moi . Je suis fort touché du bien public mais vous savez ce que c'est que charité bien ordonnée . J'attends avec impatience le retour de monsieur votre frère . Quand il me manque un Tronchin 2 je suis mal à mon aise .

Mme Denis se recommande aux bontés de M. Camp et moi je présente requête pour deux cafetières du levant, l'une de dix tasses, l'autre de quatre . On pourra mettre ces deux cruches avec les guenilles de Mme Denis .

Plût au ciel que ce bon vin malaga par vous envoyé eût été en bouteilles ! Les voituriers n'auraient pas eu l'heureuse insolence d'en boire partie 3. Du malaga pour ces gosiers-là ! Cela est horrible . Nous avons trouvé qu'ils n'en avaient avalé que vingt bouteilles . Je les remercie de leur discrétion . Les scélérats avaient bien raison d'en boire . Il est délicieux .

Je compte emporter environ douze mille francs argent de France quand j'irai à Lausanne . Je vous supplie mon cher monsieur d'en prévenir M. Cathala .

Pour les annuités vous savez que j'abandonne tout à votre prudence et à votre amitié .

Permettez que je mette ici l'incluse pour Thieriot 4.

Mille tendres amitiés .

V. »

1 La Weser a été passée entre le 8 et le 15 juillet par les Français .Voir : http://praetiritifides.chez.com/Anc_Reg/Divers/Mercoyrol/Campagne%20de%201757.htm

2 Théodore Tronchin, le médecin .

3 En fait ce tonneau était destiné à M. Labat, et d'une contenance plus faible . Voir lettre du 29 à Jean-Robert Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/11/25/j-aime-mieux-elever-un-pichon-que-servir-un-roi.html

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25/11/2012 | Lien permanent

Je ne sais cependant, madame, qui je dois féliciter davantage, ou ceux qui sont écrasés par des bombes avec leur femme e

... Humour noir!

Pour accompagner la célèbration de l'armistice du 11 novembre 1918, fin de la première grande boucherie du XXè siècle, et que Voltaire pressentait ( pas la date mais ce type d'horreur ) : "avec le temps on pourra parvenir à égaler toutes les misères et toutes les horreurs des temps les plus héroïques" . La Guerre de Sept Ans lui donnera raison . On l'a faite", refaite, et ça continue .

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« A Louise-Dorothée von MEININGEN, duchesse de SAXE-GOTHA

Aux Délices, près de Genève, 24 juin [1757], par Lyon et Strasbourg,
chemin un peu long.

Madame, ce sont les lettres dont Votre Altesse sérénissime m'honore, qui sont charmantes. Vous ressemblez aux déesses d'Homère qui, selon Mme Dacier 1, adoucissent le ton sévère des combats. Il me semble que votre esprit est, comme vos États, tranquille au milieu des agitations publiques.
Le meilleur des mondes possibles est bien vilain depuis deux ans mais il y a longtemps qu'il est sur ce pied-là. Cette nouvelle secousse n'approche pas encore de celles des siècles passés mais avec le temps on pourra parvenir à égaler toutes les misères et toutes les horreurs des temps les plus héroïques. Il y aurait bien du malheur si des armées prussiennes, autrichiennes, russiennes, hanovriennes, françaises, etc., ne ruinaient pas au moins une cinquantaine de villes, ne réduisaient à la mendicité quelque cinquante mille familles, et ne faisaient périr quatre ou cinq cent mille hommes. Voilà déjà le quart de Prague en cendres. On ne peut pas dire encore Tout est bien ; mais cela ne va pas mal, et avec le temps l'optimisme sera démontré. Je ne sais cependant, madame, qui je dois féliciter davantage, ou ceux qui sont écrasés par des bombes avec leur femme et leurs enfants, ou ceux que la nature condamne à souffrir toute leur vie, et qui sont entre les mains des médecins pour achever leur belle destinée. J'ai l'honneur d'être du nombre des derniers, et sans cela j'aurais la consolation d'écrire plus souvent à Votre Altesse sérénissime.
J'ai quelque envie de vivre, madame, pour voir le dénoûment de toute cette grande tragédie, qui n'en est encore qu'au second acte. Mais je voudrais vivre surtout pour me mettre à vos pieds car, quand même ce monde ne serait pas le meilleur des mondes, votre cour est assurément pour moi la meilleure des cours possibles. Je ne sais, madame, aucune nouvelle dans ma retraite, tant mieux quand il n'y en a point, car la plupart des nouvelles publiques sont des malheurs. Je suis toujours dans cette maison de campagne qui m'est chère par le nom du prince qui l'a occupée 2. J'y fais des vœux pour la prospérité de Votre Altesse sérénissime, et pour toute votre auguste maison. Je pense
souvent à la grande maîtresse des cœurs, et, faute de papier, je finis avec un profond respect. 

V.»

2 Un des fils de la duchesse a séjourné aux futures Délices avant que V* en fasse l'acquisition .

 

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11/11/2012 | Lien permanent

Il est triste pour la capitale qu'elle n'ait pas assez d'émulation pour imiter au moins la province.

 ... Pourquoi mon démon intérieur me souffle-t-il quelques paroles d'une chanson de Brassens ? Le subconscient est décidément un grand maître de l'humour/humeur noir(e) .

 http://www.youtube.com/watch?v=IKGl2mWju_4&feat...

 

nous en province aussi 4661.jpg


 Ne m'en tenez pas rigueur !

 Sourire malgré tout, pour ne pas pleurer .

 

 

« A M. PALISSOT.

30 novembre [1756].

Votre lettre, monsieur, est venue très à propos pour me consoler du départ de M. d'Alembert et de M. Patu. Ils ont passé quelques jours dans mon ermitage 1, qui est un peu plus agréable que vous ne l'avez vu 2. Il mériterait le nom qu'il porte si j'y jouissais d'un peu de santé. Pardonnez à l'état où je suis, si je ne vous écris pas de ma main. Je dois sans doute à votre amitié les bontés dont M. le duc d'Ayen 3 et Mme la comtesse de La Marck veulent bien m'honorer; je me flatte que vous voudrez bien leur présenter mes très-humbles remerciements. Je suis si sensible à leur souvenir que je prendrais la liberté de leur écrire si je n'étais pas tenu au lit par mes souffrances, qui ont beaucoup redoublé. Mon dessein était d'accompagner M. Patu jusqu'à Lyon, et d'y entendre Mlle Clairon sur le plus beau théâtre de France. Il est triste pour la capitale qu'elle n'ait pas assez d'émulation pour imiter au moins la province. Adieu, monsieur; conservez- moi les sentiments d'amitié que vous me témoignez. Je vous assure qu'il me sont bien chers.
M. Vernes 4, qui vient de m'envoyer votre adresse, que vous ne m'aviez pas donnée, vous fait ses compliments. »

1 Les Délices .

2 Au mois d'octobre 1755.

3 Louis de Noailles, né à Versailles le 21 avril 1713; connu, de 1737 à 1766, sous le titre de duc d'Ayen, et ensuite sous celui de duc de Noailles; nommé maréchal de France le 30 mars 1777. La Correspondance contient, à son adresse, une lettre du 30 mars 1777. La comtesse de La Marck (Marie-Anne-Françoise de Noailles), nommée dans la lettre du 1er décembre 1755, à Palissot, était une des soeurs du duc d'Ayen. (CL.) Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/22/c-est-le-jugement-dernier-pour-ce-pays-la-il-n-y-a-manque-qu.html

 

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08/09/2012 | Lien permanent

Les plus petites choses vous deviennent importantes, quand il s'agit d'un homme que vous aimez, voilà mon excuse

 Quand il s'agit d'une femme, cela est encore vrai , bien sûr . Et je pense encore ici,  de tout coeur, à Mam'zelle Wagnière .

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http://www.topito.com/top-belles-photos-chema-madoz

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

A Prangins, pays de Vaud, 23 janvier [1755]

 

Toute adresse est bonne, mon cher et respectable ami, et il n'y a que la poste qui soit diligente et sûre ; ainsi je puis compter sur ma consolation , soit que vous écriviez par M. Tronchin à Lyon, ou par M. Fleur à Besançon, ou par M. Chappuis i à Genève, ou en droiture au château de Prangins, au pays de Vaud .

 

Dieu a puni Royer, il est mort . Je voudrais bien qu'on enterrât avec lui son opéra, avant de l'avoir exposé au théâtre sur son lit de parade . L’Orphelin vivra peu de temps ; je ferai ce que je pourrai pour allonger sa vie de quelques jours, puisque vous voulez bien lui servir de père . Lambert m'embarrasse actuellement beaucoup plus que les conquérants tartares, et il me paraît aussi tartare qu'eux .

 

Je vous demande mille pardons de vous importuner d'une affaire si désagréable ; mais votre amitié constante et généreuse ne s'est jamais bornée au commerce de littérature, aux conseils dont vous avez soutenu mes faibles talents . Vous avez daigné toujours entrer dans toutes mes peines avec une tendresse qui les a soulagées . Tous les temps et tous les évènements de ma vie vous ont été soumis . Les plus petites choses vous deviennent importantes, quand il s'agit d'un homme que vous aimez, voilà mon excuse .

 

Pardon, mon cher ange ; je n'ai que le temps de vous dire qu'on me fait courir, tout malade que je suis, pour voir des maisons ii et des terres . Est-il vrai que Dupleix s'est fait roi, et que Mandrin s'est fait héros à rouer  ? On me mande que la Pucelle est imprimée iii, et qu'on la vend un louis à Paris . C'est apparemment Mandrin qui l'a fait imprimer ; cela me fait mourir de douleur . »


 

i Marc Chappuis, sera cité par V* dans une lettre à Hume du 24 octobre 1766 à propos de Jean-Jacques Rousseau ; c'était sans doute un proche parent des demoiselles Chappuis, marchandes de modes à Genève, chez qui V* faisait adresser son courrier , et à qui il écrivit une trentaine de lettres .

 

ii Au mois de février suivant, V* acquiert la maison Sur Saint Jean, proche de Genève, qu'il baptisera Les Délices .

 

iii La version authentique ne sera imprimée qu'à la fin de 1755 .

Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-or...

 

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11/11/2011 | Lien permanent

Nous sommes traités en médecins de village qu'on envoie chercher en carrosse et qu'on laisse retourner à pied

 

 

 

 

 

« A Madame de Champbonin


De Cambrai [vers le 20 août 1739]


Mon cher gros chat est dans sa gouttière et nous courons les champs. Nous voici à Cambrai, marchant à petites journées. Nous n'avons pas trouvé la moindre petite fête sur la route. Nous sommes traités en médecins de village qu'on envoie chercher en carrosse et qu'on laisse retourner à pied. Si vous me demandez pourquoi nous allons à Paris, je ne peux vous répondre que de moi. J'y vais parce que je suis Émilie. Mais pourquoi Émilie y va-t-elle ? Je ne sais pas trop. Elle prétend que cela est nécessaire, et je suis destiné à la croire comme à la suivre. Vous jugez bien que la première chose que je ferai sera de voir monsieur votre fils . Mais pourquoi la mère n'y serait-elle pas ? Pourquoi n'aurions nous pas le plaisir de nous voir rassemblés ? Voici une belle occasion pour quitter sa gouttière. On ne vous soupçonnera point d'être venue à Paris pour le feu d'artifice [i]. On sait assez que vous ne faites de ces voyages là que pour vos amis. Où êtes-vous à présent, cher gros chat? Êtes-vous à La Neuville ? Y renouez-vous les nœuds d'une ancienne amitié ? Et Mme de La Neuville jouit-elle un peu de l'interrègne ? Elle sera trop heureuse de vous avoir retrouvée ; mais nous aurons notre tour, et nous espérons toujours revoir Cirey, avant d'habiter le palais de la pointe de l'Île [ii]. Nous les verrons bien tard, ce Cirey et ce Champbonin, hélas ! Nous avons acheté des meubles à Bruxelles, c'est la transmigration de Babylone. Je ne suis pas trop content de mon séjour dans ce pays-là. Je m'y suis ruiné ; et pour dernier trait, les commis de la douane ont saisi des tableaux qui m'appartiennent. Il y a , comme vous savez, beaucoup de princes à Bruxelles, et peu d'hommes. On entend à tout moment Votre Altesse, Votre Excellence . Mme du Châtelet ne sera princessse que quand sa généalogie sera imprimée [iii]: mais fût-elle bergère, elle vaut mieux que tout Bruxelles. Elle est plus savante que jamais, et si sa supériorité lui permet encore de baisser les yeux sur moi, ce sera une belle action à elle, car elle est bien haute. Il faut qu'elle cligne les yeux en regardant en bas pour me voir. On va souper. Adieu , cher gros chat. J'embrasse vos pattes de velours. »

iA Cideville, le 25, de Paris, V* parle de tous ces grands imbéciles » qui « ne parlent que de feux d'artifice et de fusées volantes » offerts en l'honneur « d'une Madame et d'un Infant qu'ils ne verront jamais », à savoir les fiançailles de Louise-Elisabeth de France avec le fils de Philippe V d'Espagne et futur duc de Parme.

ii L'hôtel Lambert que les du Châtelet auraient acheté ; cf. lettre à Helvétius du 21 mars 1739.

iii Quand elle aura gagné son procès, quand les du Châtelet seront reconnus héritiers du marquis de Trichâteau, une petite principauté près de Clèves faisant partie de la succession ; cf. lettre à Champbonin de juin 1739, et à Frédéric le 25 avril.

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20/08/2010 | Lien permanent

Elle fait mettre des fenêtres où j'avais mis des portes.Elle change les escaliers en cheminées, et les cheminées en esca

 http://www.youtube.com/watch?v=Jy92VKaaarE&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=xtqEIwgPM9U&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=S4xulo6YbqA&feature=re...

 

 

Mam'zelle Wagnière, il me semble qu'il y a un siècle que je ne vous ai vue !

L'allée de charmilles est jonchée de feuilles et bordée encore de petits cyclamens qui vous saluent.Ecoutez-les :

http://www.youtube.com/watch?v=9ilMODfi2vM&feature=re...

 

Le château de Volti va prendre ses quartiers d'hiver à partir du 4 novembre au soir .Je vais devoir ronger mon frein jusqu'au printemps ...

 

Dédicace à la secrète secrétaire de Volti : Beethoven parce que vous l'aimez bien, je crois (et moi, itou ) :

http://www.youtube.com/watch?v=FL0u9QXNvEg&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=5cELMIRPiZw&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=LKtfLwvEmZo&feature=re...

 

 

 

« A la comtesse de La Neuville

 

[vers le 1er novembre 1734]

 

Eh bien ! Madame, il me semble qu'il y a un siècle que je ne vous ai vue ! Mme du Châtelet comptait bien aller vous voir dès qu'elle serait débarquée à Cirey [i] ; mais elle est devenue architecte et jardinière [ii]. Elle fait mettre des fenêtres où j'avais mis des portes. Elle change les escaliers en cheminées, et les cheminées en escaliers. Elle fait planter des tilleuls où j'avais proposé des ormes ; et si j'avais planté un potager , elle en ferait un parterre. De plus elle fait l'ouvrage des fées dans sa maison. Elle change des guenilles en tapisseries ; elle trouve le secret de meubler Cirey avec rien. Ces occupations la retiennent encore pour quelques jours. Je me flatte que j'aurai l'honneur de lui servir bientôt d'écuyer jusqu'à La Neuville, après avoir été ici son garçon jardinier. Elle me charge de vous assurer, et Mme de Champbonin, de l'envie extrême qu'elle a de vous revoir. Ne doutez pas non plus de mon impatience. »

 

i Pour échapper aux poursuites, V* a quitté précipitamment Montjeu pour Cirey en mai , suite à la condamnation des Lettres philosophiques ; Mme du Châtelet le rejoignit le 20 octobre ; cf. lettre du 8 mai 1734 à Cideville.

 http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/12/j...

 

ii V* a avancé de l'argent au marquis du Châtelet pour faire face aux travaux nécessaires au château .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Cirey

 http://www.scribd.com/doc/10553080/Le-cabinet-de-physique...

 

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01/11/2010 | Lien permanent

vous n'avez à redouter que l'ennui qui est essentiellement attaché aux procès

L'"ennui" ?

cochon méchant.jpg

Méfiance, envers celui qui est si bien décrit ici :    http://www.deezer.com/listen-2188725

Fichons lui, pour le moins, notre pied quelque part !!! Ah! Ah! Ah!!! Pour le prisonnier trans atlantique et médiatique, je souhaite l'ennui maximum .

 

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy

Conseiller au Parlement

chez M. de Magnanville, garde du Trésor royal

rue Saint-Honoré à Paris

 

19è mai 1775

 

Mon cher ami, je suppose que tout est tranquille à Paris et aux environs 1, et qu'ainsi , je puis vous dire un petit mot de la très belle et très agréable fête que donna hier notre petite colonie, pour la convalescence de Mme Denis . Non seulement nous avions cavalerie et infanterie, canons, timbales, tambours, trompettes, hautbois, clarinettes, table de deux cents couverts dans le jardin 2, bals, mais compliments très jolis et très courts en vers et en prose, le tout suivi d'une petite comédie de proverbe . M. de Florian qui aime ces descriptions, et qui se porte mieux que moi, vous en dira davantage .

 

Tout ce que je puis vous dire, c'est que je vous aurais bien mieux aimé à cette petite fête qu'à votre chambre des enquêtes . On ne peut espérer de vous voir qu'aux vacances . Cela est fort triste pour les gens qui vous aiment .

 

Je vous dirai cette fois-ci encore un mot touchant votre protégé 3. Ce mot est qu'il faut absolument attendre les ordres de son maître 4, puisque nous avons mandé à ce maître que nous les attendrions . Toutes les affaires de ce monde sont hérissées d'épines . Je trouve votre situation une des plus heureuses, vous n'avez à redouter que l'ennui qui est essentiellement attaché aux procès .

 

Mme Denis et moi nous vous embrassons bien tendrement .

 

V. »


1 En rapport avec les émeutes suscitées par les réformes de Turgot ; voir lettre du 8 mai à de Vaines : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/13/en-criant-qu-ils-manquaient-de-pain-ils-ont-jete-deux-cents.html#more

2 A Christin, le 14 mai, il va même jusqu'à annoncer trois cents convives! Page 48 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80042j/f53.image.r=.langFR

3 D'Etallonde .

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19/05/2011 | Lien permanent

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