Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

je crois que je suis au bout de mon rôlet, et que j’ai épuisé toutes mes ressources. Chaque animal n’a qu’un certain deg

... On croirait bien entendre Christiane Taubira, Philippe Mazuel, célèbres ou presque, et l'impressionnante  cohorte  des inconnus (pas le trio de ceux qui nous font rire ) : Hélène Thouy, Antoine Waechter, Jean-Marc Governatori, Anasse Kazib, Stéphane Tauthui, François Asselineau , Antoine Martinez, Nagib Azergui , Corinne Bekaert , Yvan Benedetti , Marie Cau, Eric Drouet  , Clara Egger , Philippe Furlan , Fabrice Grimal , Fadi Kassem , Gaspard Koenig , Georges Kuzmanovic , Luc Laforets , Alexandre Langlois , Gilles Lazzarini , Stéphanie Rivoal , Martin Rocca  , Rafik Smati , Serge Tinland , Gildas Vieira , Stéphane Wendlinger  , Clément Wittmann : https://www.linternaute.com/actualite/politique/2579114-c...inages/

Trente éliminés d'office ; le poste présidentiel attire vraiment et la recherche de son quart d'heure de gloire est bien attirante, comme la queue du Mickey pour avoir un tour gratuit . Loupé ! Consolation, vous pouvez rire, ils seront treize à vous rejoindre dans le camp des perdants, d'ici peu .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

3 décembre 1766

Ce drame 1 deviendra bientôt l’habit d’Arlequin. J’envoie à mes anges, tous les ordinaires, de nouveaux morceaux à coudre. Je change toujours quelque chose dès que j’ai dit que je ne changerais plus rien . Mais, après tout, c’est pour plaire à mes anges.

Cependant je crois que je suis au bout de mon rôlet, et que j’ai épuisé toutes mes ressources. Chaque animal n’a qu’un certain degré de force, et tous les efforts qu’il fait par delà sont inutiles. Je suis épuisé, je suis à sec.

M. de Thibouville a mandé d’étranges choses à maman Denis ; il dit que, si par hasard il y avait une pièce nouvelle de la façon de votre créature, la superbe Clairon pourrait s’abaisser jusqu’à rentrer au théâtre, et à se charger du rôle principal de la pièce . Mais ce sont des chimères dont on berce les pauvres provinciaux, les pauvres habitants des déserts de la Scythie.

Quoi qu’il en soit, je cherche toujours à prouver mon alibi , c’est le point principal, et j’ai pour cela les plus fortes raisons.

Je n’ai point entendu Dalainville 2 ; mais tous ceux qui l’ont entendu, et qui s’y connaissent parfaitement, disent qu’il est nécessaire à la Comédie française. Au reste, comme il n’y a, dans Les Scythes, aucun personnage qui crie, excepté Obéide (dans ses imprécations), Molé, s’il est rétabli, pourra jouer un des deux principaux rôles.

Nous venons de la relire pour la quatrième fois, et elle nous a fait la même impression que la première.

Remarquez bien, ô anges , que voici le cinquième paquet de corrections. Vous devez avoir tout reçu, soit par M. le duc de Praslin, soit par M. de Courteilles, soit par M. Marin.

Voilà qui est fait, je ne me mêle plus de rien ; c’est à vous à prendre soin de mon salut.

Point du tout ; il y a encore quelques petits coups de pinceau à donner, quelques mots répétés à varier, et puis maman Denis dit que c’est tout . Mais qu’en disent mes anges ? »

1 Les Scythes.

2 Louis-François Molé, surnommé d'Allainville ou Dalainville est le frère aîné du célèbre comédien François-René Molé . Voir : https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/486457

et : https://www.classicistranieri.com/fr/articles/f/r/a/Fran%C3%A7ois_Mol%C3%A9_67d3.html

Lire la suite

06/03/2022 | Lien permanent

il y a certainement un attentat contre les droits des souverains, et cela ira très loin

... La terrible actualité moscovite va ébranler un des plus grands pays et,  ce me semble, arriver pour contrer le nouveau mandat présidentiel de Poutine ; la folie destructrice de l'Etat Islamique répondant à la russe , saura-t-on bientôt le motif de ce massacre ?

https://www.tf1info.fr/international/en-direct-russie-une...

 

 

 

« A Jacob Vernes

à Genève

ou à Séligny

4è septembre 1768 1

On dit qu'il n'était pas dans Annecy, mais tout auprès . On dit que la magasinière 2 a beaucoup servi la cause de Dieu, mais l'archimandrite 3 encore davantage . Son zèle exterminateur est d'autant plus grand que l'aventure est arrivée précisément dans le temps de l'apothéose de la sainte mère Chantal 4 , qui certainement sera contre vous, mon cher philosophe, en qualité de sainte . Il faudrait tâcher de prouver l'alibi. Ce serait bien le diable si vous ne trouviez pas à Genève deux témoins vrais ou faux .

Le résident pourrait rendre de bons offices dans cette occasion ; mais j'ai peur qu'il ne soit pas infiniment favorable à une famille de représentants 5 . D'ailleurs, on peut agir auprès des juges criminels d'Annecy . Le seul parti à prendre est de soustraire les preuves . J'ai bien peur qu'on ne fasse servir cette affaire à irriter le roi de Sardaigne . Si la chose est comme on le dit, il y a certainement un attentat contre les droits des souverains, et cela ira très loin . Après tout, monsieur votre frère est très en sûreté . Voilà le point principal .

Ne pourrai-je jamais causer avec vous sur les accidents de cette vie, et sur ce qu'on dit de l'autre ? »

1 Cette lettre est expliquée par une lettre du 21 février 1769 de Du Pan à Mme Freudenreich :

Voir page 196 : https://www.jstor.org/stable/40519096?seq=16

« M. [Pierre] Vernes, le cocufié par le ci-devant professeur [Louis] Necker, envoya l'année dernière à Annecy chez [la princesse de] Beaumont une fille grosse de lui, pour y accoucher . Cela fait, le père de cette fille, qui est un tailleur nommé Verber ou Vèbre, alla chercher sa fille, mais fut bien surpris quand elle lui dit que Mme de Beaumont l'avait convertie à la religion catholique, et qu'elle ne voulait pas revenir à Genève . Ce père avec Vernes et autres prirent le parti d'aller à Annecy pour y enlever cette fille par force . Vernes monta à cheval et les autres en carrosse ; ils prirent la fille et partirent avec elle dans le carrosse ; Vernes qui n'était pas entré dans la ville , attendait dehors pour servir d'escorte ; ils furent poursuivis et atteints par des dragons, qui n'arrêtèrent que la belle et un des ravisseurs, laissant échapper les autres [...] »

2 Mme de Beaumont .

3 Mgr Biord, évêque de Belley .

4 Jeanne-Françoise Frémyot, baronne de Chantal, fondatrice avec saint François de Sales de l'ordre de la Visitation, vient d'être canonisée en 1767 . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_de_Chantal

et : https://www.la-croix.com/Religion/sainte-jeanne-de-chantal

5 Vernes a appartenu au parti des représentants .

Lire la suite

23/03/2024 | Lien permanent

Il y a longtemps que je sais que les femmes ne sont pas infiniment exactes en affaires

... Première réaction : Voltaire sale misogyne ! 

Après réflexion, que j'espère éclairée, j'espère que vous avez noté ce qui fait toute la différence, et supprime toute condamnation : infiniment . Ce qui nous met tout simplement à égalité avec les hommes qui eux aussi ne peuvent être infiniment exacts en affaires . Et c'est parce qu'il sait ce qu'il dit que j'aime infiniment le patriarche .

 

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

20è avril 1769

Je vous avais bien dit, madame, que j’écrivais quand j’avais des thèmes 1. J’ai hasardé d’envoyer à votre grand’maman ce que vous demandiez . Cela lui a été adressé par la poste de Lyon, sous l’enveloppe de son mari. Vous n’avez jamais voulu me dire si messieurs de la poste faisaient à votre grand’maman la galanterie d’affranchir ses ports de lettres. Il y a longtemps que je sais que les femmes ne sont pas infiniment exactes en affaires.

Vous ne me paraissez pas profonde en théologie quoique vous soyez sœur d’un trésorier de la Sainte-Chapelle 2. Vous me dites que vous ne voulez pas être aimée par charité : vous ne savez donc pas, madame, que ce grand mot signifie originairement amour en latin et en grec . C’est de là que vient « mon cher », « ma chère ». Les barbares welches ont avili cette expression divine ; et de  charitas ils ont fait le terme infâme qui parmi nous signifie l’aumône.

Vous n’avez point pour les philosophes cette charité qui veut dire le tendre amour ; mais, en vérité, il y en a qui méritent qu’on les aime. La mort vient de me priver d’un vrai philosophe 3 dans le goût de M. de Formont 4; je vous réponds que vous l’auriez aimé de tout votre cœur.

Il est plaisant que vous vous donniez le droit de haïr tous ces messieurs, et que vous ne vouliez pas que j’aie la même passion pour La Bletterie. Vous voulez donc avoir le privilège exclusif de la haine ? Eh bien ! madame, je vous avertis que je ne hais plus La Bletterie, que je lui pardonne, et que vous aurez le plaisir de haïr toute seule.

Vous ne m’avez rien répondu sur l’étrange lettre du marquis de Bélestat. Je lui sais très grand gré de m’avoir justifié ; sans cela, tous ceux qui lisent ces petits ouvrages m’auraient imputé le compliment fait au président Hénault 5. Vous voyez comme on est juste.

Je m’applaudis tous les jours de m’être retiré à la campagne depuis quinze ans. Si j’étais à Paris, les tracasseries me poursuivraient deux fois par jour. Heureux qui jouit agréablement du monde ; plus heureux qui s’en moque et qui le fuit ! Il y a, je l’avoue, un grand mal dans cette privation : c’est qu’en quittant le monde je vous ai quittée . Je ne peux m’en consoler que par vos bontés et par vos lettres. Dès que vous me donnerez des thèmes, soyez sûre que vous entendrez parler de moi, que je suis à vos ordres, et que je vous enverrai tous les rogatons qui me tomberont sous la main.

Mille tendres respects.

V. »

2 Nicolas-Marie de Vichy de Chamrond ; V* a dicté nièce avant de corriger en sœur ; il est bien le frère de Mme Du Deffand : https://gw.geneanet.org/charaltouvi?lang=fr&n=de+vichy&oc=1&p=nicolas

3 Damilaville.

4 V* ne songe à ce rapprochement que parce que Formont a fait parie du cercle de Mme Du Deffand ; voir lettre du 8 mars 1769 à la marquise : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-annee-1769-partie-9.html

Au reste le « fanatique » Damilaville était au reste très différend du dilettante Formont .

5 Voir lettre du 13 septembre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/26/m-6491423.html

Lire la suite

02/08/2024 | Lien permanent

Comme tout est changé ! et que je me sais bon gré d'avoir vécu pour tous ces grands évènements !

http://www.deezer.com/listen-3160989 Tout est changé !

Evènements divers :

http://www.deezer.com/listen-5156126

http://www.deezer.com/listen-282403

http://www.deezer.com/listen-5452203 : Immer, Bach JS .

Bist du bei mir ? : Es-tu avec moi ?

http://www.deezer.com/listen-5452215

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

16 oct[obre] 1772

 

Sire, la médaille est belle, bien frappée, la légende noble et simple, mais surtout la carte que la Prusse jadis polonaise présente à son maître fait un très bel effet [i]. Je remercie bien fort Votre Majesté de ce bijou du Nord. Il n'y en a pas à présent de pareils dans le Midi.

 

La paix a bien raison de dire aux palatins :

Ouvrez les yeux, le diable vous attrape,

Car vous avez à vos puissants voisins

Sans y penser longtemps servi la nappe.

Vous voudrez donc bien trouver bel et beau

Que ces voisins partagent le gâteau.

 

C'est assurément le vrai gâteau des rois [ii], et la fève a été coupée en trois parts. Mais la paix ne s'est-elle pas un peu trompée ? J'entends dire de tous côtés que cette paix n'a pu venir à bout de réconcilier Catherine Seconde et Moustapha, et que les hostilités ont recommencé depuis deux mois. On prétend que parmi ces Français si babillards il s'en trouve qui ne disent mot et qui n'en agissent pas moins sous terre [iii].

 

On dit que les mêmes gens qui gardent Avignon au Saint-Père [iv] ont un grand crédit dans le sérail de Constantinople. Si la chose est vraie, c'est une scène nouvelle qui va s'ouvrir. Mais il n'y en a point de plus belle que les pièces que l'on joue en Prusse et en Suède [v].Le Roi votre neveu [vi] paraît digne de son oncle.

 

Je remercie Votre Majesté de remettre dans la règle le célèbre couvent d'Oliva [vii], car le bruit court que vous êtes prieur de cette bonne abbaye et que dans peu tous les novices de ce couvent feront l'exercice à la prussienne. Je ne m'attendais il y a deux ans à rien de tout ce que je vois. C'est assurément une chose unique que le même homme se soit moqué si légèrement des palatins pendant six chants entiers [viii] et en ait eu un nouveau royaume pour sa peine. Le Roi David faisait des vers contre ses ennemis mais ses vers n'étaient pas si puissants que les vôtres. Jamais on n'a fait un poème ni pris un royaume avec tant de facilité. Vous voilà, Sire, le fondateur d'une très grande puissance. Vous tenez un des bras de la balance de l'Europe, et la Russie devient un nouveau monde. Comme tout est changé ! et que je me sais bon gré d'avoir vécu pour tous ces grands évènements !

 

Dieu merci je prédis et je dis il y a plus de trente ans que vous feriez de très grandes choses, mais je n'avais pas poussé mes prédictions aussi loin que vous avez porté votre très solide gloire. Votre destin a toujours été d'étonner la terre. Je ne sais pas quand vous vous arrêterez, mais je sais que l'aigle de Prusse va bien loin.

 

Je supplie cette aigle de daigner jeter sur moi chétif du haut des airs où elle plane, un de ces coups d'œil qui raniment le génie éteint. Je trouve si votre médaille est ressemblante que la vie est dans vos yeux et sur votre visage et que vous avez, comme de raison, la santé d'un héros [ix].

 

Je suis à vos pieds comme il y a trente ans, mais bien affaibli. Je regarderai le regno redintegrato quand je voudrai reprendre des forces.

VOTRE VIEUX IDOLÂTRE »

 

i Le 16 septembre Frédéric a envoyé la médaille de Jakob Abraham qui célèbre le partage de la Pologne ( traité de Saint Saint-Pétersbourg le 25 juillet, signifié à la Pologne le 2 septembre) ; la nouvelle carte présentée au roi porte l'inscription « regno redintegrato ». A Catherine II, V* écrira le 2 novembre : « Ce mot de « redintegrato » est singulier ; j'aurais autant aimé « novo » . Le « redintegrato » conviendrai mieux à l'Empereur des Romains s'il voulait monter à cheval avec vous ... » Frédéric a reçu la Prusse polonaise moins les villes libres de Dantzig et le Thorn.

partage pologne regno redintegratio fred ii 1772 abraham jacob.jpg

ii Le 18 novembre, V* écrira à Frédéric à propos de ce partage dont les préliminaires ont eu lieu à Potsdam : « On prétend que c'est vous, Sire, qui avez imaginé le partage de la Pologne et je le crois parce qu'il y a là du génie et que le traité s'est fait à Potsdam. »

iii Frédéric répondra le 1er novembre : « Je crois qu'il y a des Français qui gardent le silence, et qui ont un grand crédit au sérail ;mais mes nouvelles de Constantinople m'apprennent que le congrès de paix se renoue ... »

iv La cour de France reprit Avignon au pape en 1768 et rendit la ville au moment de la dissolution de l'ordre des Jésuites.

v Cf. lettre du 16 septembre à d'Alembert.

vi Gustave III de Suède ; fils de Louise-Ulrique, sœur de Frédéric, avec qui V* avait eu une galanterie littéraire en 1743.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Gustave_III_de_Su%C3%A8de

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louise-Ulrique_de_Prusse

 

Gustav_III de suède.jpg

 

 

vii Abbaye proche de Dantzig sur les terres annexées par la Prusse.

Page 289 :http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ge...

viii Poème de Frédéric : La guerre des Confédérés ; cf. lettre à Frédéric du 6 décembre 1771.

Page 185 :

http://books.google.be/books?id=6cxWAAAAMAAJ&pg=PA463...

ix Frédéric répondra : « ... ni mes portraits ni mes médailles ne me ressemblent . Je suis vieux , cassé, goutteux, suranné, mais toujours gai et de bonne humeur . D'ailleurs les médailles attestent plutôt les époques qu'elles ne sont fidèles aux ressemblances. »

Lire la suite

17/10/2010 | Lien permanent

On ne saurait souffrir l'absurde insolence de ceux qui vous disent : je veux que vous pensiez comme votre tailleur et vo

 

 

chiottissime-3.jpg

Et pourquoi pas, en sus, en musique : Water music ! évidemment !!

http://www.youtube.com/watch?v=agV6ZzBjqKM

http://www.youtube.com/watch?v=cRGS65ooJ0A&feature=fv...

http://www.youtube.com/watch?v=eosr4lO6i_k&feature=re...

 http://www.youtube.com/watch?v=gW8xIUxs1Us&feature=re...

Et bien sûr tout ceci peut aussi évoquer, par un certain côté, -côté pile,- la sonate au Clair de lune :

http://www.youtube.com/watch?v=3TIN955FYeg&feature=re...

 

Une dérive sur le mot « gadouards » m'a amené sur un site hautement éducatif et d'intérêt général et quotidien (pour ceux qui « vont » bien, évidemment) : http://www.blog-habitat-durable.com/article-chiotissime-e...

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

27 avril [1765]

 

Mes divins anges, il me parait que le tripot est un peu troublé i. Si les comédiens étaient assez fermes pour dire : nous ne pouvons faire les fonctions de notre état si on l'avilit, nous sommes las d'être mis en prison si nous ne jouons pas, et d'être excommuniés si nous jouons ii; dites-nous à qui nous devons obéir, du roi ou d'un habitué de paroisse ; mettez-nous au dernier rang des citoyens, mais laissez-nous jouir des droits qu'on accorde aux gadouards iii, aux bourreaux et aux Frérons ; si, dis-je, ils tenaient ce langage et s'ils le soutenaient, il faudrait bien composer avec eux . Mais la difficulté sera toujours d'attacher le grelot . Je me flatte que vous avez été un peu amusés par les dernières feuilles de l'abbé Bazin iv. Si je peux en attraper encore, j'aurai l'honneur de vous en faire part .

Il y aura des misérables qui malgré les protestations honnêtes et respectueuses de l'abbé v, croiront toujours qu'il a eu des intentions malignes, mais il faut les laisser crier .

 

Je ne sais à qui en a le tyran du tripot vi. Mon cher ange a fait tout ce qu'il devait ; si le tyran persiste dans sa lubie, mon ange n'ayant rien à se reprocher l'abandonnera à son sens réprouvé .

 

Je vous rends toujours mille grâces aussi bien qu'à M. le duc de Praslin de la vertu de persévérance dans les arrangements avec le parlement de Bourgogne vii. Je crois que le premier président et M. de Fontette viii sont à présent à Paris . Ainsi on sera à portée d'obtenir d'eux des paroles positives .

 

On n'a donc point voulu permettre le débit de la Destruction jésuitique ix qui est bien aussi la destruction des jansénistes x. Tous ces marauds-là en ites, en istres et en iens sont également les ennemis de la raison . Mais la raison perce malgré eux, et il faudra bien qu'à la fin ils n'aient d'empire que sur la canaille . C'est à mon gré le plus grand service qu'on puisse rendre au genre humain de séparer le sot peuple des honnêtes gens pour jamais ; et il me semble que la chose est assez avancée . On ne saurait souffrir l'absurde insolence de ceux qui vous disent : je veux que vous pensiez comme votre tailleur et votre blanchisseuse .

 

Mes anges, je baise le bout de vos ailes. »

 

i Voir lettre du 24 avril à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/04/25/j...

ii C'est ce qu'il « supplie » Mlle Clairon de déclarer le 1er mai ; en concluant : « si elle (Mlle clairon) remonte sur le théâtre comme un esclave qu'on fait danser avec ses fers, elle perd toute considération . J'attends d'elle une fermeté qui lui fera autant d'honneur que ses talents, et qui fera une époque mémorable »

Voir page 211 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f216.image.r...

iii = Vidangeurs .

v Voir lettre du 22 mai à Damilaville :« L'auteur y montre partout un grand respect pour la religion ; ... » Page 219 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f224.image.r...

vi Richelieu ; voir lettre du 24 avril à Damilaville ; Richelieu s'en prenait aux d'Argental .

vii Il s'agit toujours du procès pour les dîmes avec le curé de Ferney .

viii Charles-Marie Févret de Fontette, conseiller au parlement de Bourgogne, directeur de l'Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Dijon  ; page 152 : http://books.google.fr/books?id=xXdBAAAAcAAJ&pg=PA152...

ix Ouvrage de d'Alembert Sur la destruction des jésuites en France ... : http://books.google.fr/books?id=VWQuAAAAYAAJ&printsec...

; et voir lettre à Damilaville du 19 avril : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/04/19/p...

xVoir lettre du 22 mai à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/05/22/i...

 

 

 

 

Lire la suite

27/04/2011 | Lien permanent

J'ai peur d'avoir trop vinaigré la salade

... Ce qui n'aurait pas gêné le Vert Galant amateur d'ail et autres senteurs vigoureuses .

gravelot henriade.jpg

 Dans un domaine plus actuel, la déclaration tartuffière de Copé , l’UMP avait «très vraisemblablement réglé des factures qu’elle n’aurait pas dû honorer», elles "auraient en réalité servi à financer des dépenses de la campagne présidentielle de 2012, afin de masquer un dépassement du plafond de dépenses.", à l'insu de son plein gré , évidemment . Dans le monde des tricheurs, je crois qu'on a là un des membres du top ten.

Nicolas Sarkozy  tenant lui aussi le flambeau,  bien entendu, doit trouver ces affirmations bien acides, et loin de la voix mielleuse de Carla ; tant pis ou tant mieux, selon vos goûts politiques et artistiques !

 

 

 

« A Gabriel Cramer

[3 avril 1759 ?]

Je vais travailler à Ferney aux sujets de Gravelot 1: mais apprenez mon cher Gabriel que le libraire Granger a l'agrément de M. de Malesherbes pour une nouvelle édition et qu'il fait des estampes qu'il prétend admirables . Je crois qu'il faudrait pour votre avantage vous entendre avec Granger, et qu'il se chargeât de votre nouvelle édition . Il n'y a service que je ne sois prêt à vous rendre .

On a fait cinq éditions de Candide à Paris, et à la fin on l'a défendu 2. Aussitôt on a commencé la sixième . L'épilogue de l'ode fera beau bruit . Ne manquez pas d'envoyer un exprès avec l'épreuve . Il faudra peut-être emmieller quelques endroits . J'ai peur d'avoir trop vinaigré la salade . »

1 Hubert-François Bourguignon Gravelot venait d'écrire à V* : Extrêmement flatté, monsieur, du choix que M. Cramer fait de moi pour les dessins de la grande édition qu'il projette de vos ouvrages … je soumets à votre révision le choix que j'ai fait des sujets pour votre Henriade … il fallait retrouver dans les tableaux la marche du poème … Quant au talent … vous en jugerez par les deux dessins que j'ai remis à M. Cramer » Voir également au sujet de cette édition et de celle de Granger une lettre de Gabriel Cramer à Gravelot écrite le 10 avril 1759 . Voir aussi : http://danville.hypotheses.org/924

2 C'est le 25 février que l'on commença à saisir Candide à Paris et le 26 qu'on en fit autant à Genève . Le 11 mai, le libraire Gosse devait encore signaler, dans une lettre de Genève à Tomaso Beccari « deux visites successives et inattendues [des magistrats et de la police] à l'occasion de deux livres qu'on avait soupçonnés d'avoir été imprimés ici sans permission,l'un intitulé Candide ou l'obtimisme [sic] imprimé Lyon, l'autre La Guerre littéraire entre M. de Voltaire et autres savants … imprimé à Lausanne où l'édition a été confisquée par ordre souverain. »

 

Lire la suite

28/05/2014 | Lien permanent

La calomnie est interdite, même aux prêtres

... Urbi et orbi, aujourd'hui comme demain , à Pâques comme à la Trinité .

 Et je ne veux pas entendre un autre son de cloche ...

 DSC04366 autre son de cloche.png

 ... que celui du château de Voltaire !

 Ah ! au fait ! Joyeuses Pâques aux humains croyants et condoléances aux moutons .

 

« A monsieur le docteur et professeur Théodore Tronchin

à Genève

[vers le 10 mars 1759]1

Je vous demande pardon mon cher philosophe . Il est cent fois plus aisé de détruire aujourd'hui les infâmes superstitions chez les honnêtes gens, que d'établir une religion nouvelle chez le peuple .

. . . . . . . . . . . . . .2

Avouez qu'il est plaisant que ce soit un prêtre qui m'ait averti du libelle de Lausanne, qui l'ait poursuivi et qui l'ait fait saisir . Avouez qu'il y a de la raison et de la vertu dans l'enceinte des Alpes . Il n'y est pas permis d'outrager un étranger par des libelles . La calomnie est interdite, même aux prêtres .

Quand ce misérable Vernet a fait le sien 3 il a été obligé de le faire imprimer ailleurs sous un nom supposé . Il a été obligé ensuite de le désavouer . Il n'oserait lever les yeux devant moi . J'ai voulu l'induire à repentir, et tirer de lui une démarche honnête une fois dans sa vie . S'il ne la fait pas, je l'en ferai justement porter la peine . Il n'y a rien que je n'aie fait pour le débourber, mais je le ferai mourir dans la fange .

Je commence à croire que le jésuite Berthier baissera son ton . Les douze apôtres de Lisbonne rendront la Société humble . C'est un grand miracle .

J’ai grand envie de vous voir , mais les dames l'emportent, et cela est juste . Vale, care et magne vir 4. »

2 Pointillé tel sur le manuscrit .

3 C'est toujours la « Lettre à M. de Voltaire à Lausanne » publiée par le Journal helvétique de juin 1757 . Voir lettre du 3 février 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/02/22/celui-qui-gere-un-bien-de-campagne-et-qui-vend-du-foin-et-qu-5305708.html

4 Porte toi bien cher grand homme .

 

Lire la suite

20/04/2014 | Lien permanent

je vous serai très obligé de me mander s'il y a quelque chose de nouveau à faire

... What else ?

Le lait le sucre et le café :

 http://canalstreet.canalplus.fr/emissions/clips-musique/clip-en-exclusivite-4759

 what else einstein.jpg

 Tout est bien là !

 

« A Élie Bertrand premier

pasteur de l’Église française

à Berne

Aux Délices 6 février 1759

Je vous remercie bien tendrement mon cher ami, de tous vos soins obligeants ; premièrement le fripon 1 dont vous me parlez est très connu à Genève dont il a été chassé, il avait volé les Cramer, et son procès criminel existe encore .

A l'égard de messieurs les curateurs de l'Académie de Lausanne 2 je ne sais si je dois leur écrire, m'étant adressé déjà à M. de Freudenrick et craignant de paraître douter de ses bontés et de son crédit ; M. de Freudenrick a eu la bonté d'écrire à M. le bailly de Lausanne ; je vous serai très obligé de me mander s'il y a quelque chose de nouveau à faire .

Je vous embrasse de tout mon cœur, et vous supplie de dire à M. et Mme de Freydenrick qu'il n'y a personne sur la terre qui leur soit plus attaché que moi .

V. »

 

Lire la suite

25/02/2014 | Lien permanent

Votre Altesse Sérénissime, madame, daigne m'honorer d'un présent unique. Il me semble qu'il n'y a point de princesse qui

...

 Caroline-v-Baden.jpg

 

 

« A Caroline-Louise de Hesse-Darmstadt, margravine de Baden-Durlach 1

Aux Délices 23 décembre 1758

Je baise à deux genoux la main

Qui crayonna ce rare ouvrage.

Votre tableau paraît divin ;

Mais le portrait du peintre eût charmé davantage .

 

Ah que ne puis-je peindre à la postérité

La grandeur sans orgueil, la douceur sans faiblesse !

Et les charmes de la beauté

Ornant le front de la sagesse !

 

Je connais mon modèle ; on verrait trait pour trait

Les grâces, les talents et les vertus ensemble .

Que dirait-on de ce portrait ?

Qu'il est faible, mais qu'il ressemble .

 

Votre Altesse Sérénissime, madame, daigne m'honorer d'un présent unique 2. Il me semble qu'il n'y a point de princesse qui pût en donner autant . Je conserverai toute ma vie, madame, avec la plus respectueuse et la plus vive reconnaissance, ce monument de vos talents et de vos bontés . Je ne désire que de recouvrer un peu de santé pour être en état de venir remercier Votre Altesse Sérénissime et de me mettre encore une fois à ses pieds et à ceux de monseigneur le margrave . Je ne cesse de parler du séjour de Carlsrue . La nature a rendu ce lieu bien agréable . Vous l'embellissez par les arts, et quiconque en a vu la souveraine désire passionnément de lui faire encore sa cour . Lorsque j'avais l'honneur d'être dans le palais de Vos Altesses Sérénissimes j’étais confirmé dans l'idée que l'Allemagne est aujourd'hui ce qu’était l'Italie du temps des ducs de Ferrare, et des Médicis . Faut-il que tant de malheurs ravagent un pays qu'on embellissait avec tant de peine ? Mme la margravine de Bareith qui aimait comme vous tous les arts et dont le mérite approchait du vôtre meurt au milieu de sa carrière après les plus violents chagrins . Mme la duchesse de Gotha voit ses États dévastés . La Saxe est en proie à tous les fléaux . Toute l’Allemagne souffre . Carlsrue est très bien nommé dans ces temps horribles . C'est en effet l’asile du repos . Puisse-t-il longtemps l'être . Puissiez-vous madame, vous et monseigneur, et toute votre auguste famille jouir de la tranquillité que de princes ont perdue . Puissiez-vous être aussi heureuse que vous le méritez .

Je suis avec le plus profond respect madame

de Vos Altesses Sérénissimes

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire »

2 Le 8 décembre 1758, la margravine écrivait à V* : « Le coche qui va à Lausanne et qui partit samedi d'ici, est chargé de vous remettre, monsieur, mon méchant ouvrage que vous m'avez permis de vous envoyer . » Il s'agissait peut-être du « pastel » que la margravine dit être « en ouvrage » le 17 août 1758 , et qu'elle avait dû commencer lors du séjour de V* à la cour de l’Électeur palatin de juillet-août 1758 .

 

Lire la suite

06/01/2014 | Lien permanent

nous vous demandons toutes nos nécessités, des bouteilles de vin pour la bouche et des bidets pour le derrière

... Il va de soi que je n'oserai jamais, au grand jamais,  vous dire que Volti fait ici un remarquable tête à queue, et que, de surcroît, il en rit le bougre (et moi aussi ) .

 bidet1.gif

 

 

« A Ami Camp

Aux Délices 22 mars [1758]

Voici, monsieur, un petit billet pour votre correspondant de Paris 1 que je vous prie de mettre dans votre paquet car j'ai oublié sa demeure dont j'ai la note à Lausanne .

J'attends cent bouteilles de vin potable qu'il me fit espérer en partant 2.

De huit tonneaux de Lyon de l'avant dernière vendange six se sont gâtés . Les deux autres sont bien durs et je meurs de soif .

J'attends aussi certains tapis de Turquie pris aux Anglais .

Puis-je encore vous prier de m'envoyer deux milliers de clous dorés pour clouer du drap vert à des rayons de bibliothèque ?

Voici une autre requête . M. Tronchin nous envoya l'an passé de ces lave-culs nommés bidets 3 avec lesquels une dame peut se donner un lavement sans montrer son derrière à personne .

Il nous en faudrait deux pour Lausanne . Vous voyez que nous vous demandons toutes nos nécessités, des bouteilles de vin pour la bouche et des bidets pour le derrière . Je vous embrasse de tout mon cœur .

V.

Vous avez dû recevoir, monsieur, un petit ballot de livres de M . Cramer pour M. le chevalier de Quinsonas 4 à Malte, qui doit être adressé à M. le chevalier, receveur de Malte à Marseille 5. Je vous prie de payer tous les ports pour mon compte . »

2 V* en accusera réception le 22 avril 1758 .

3 Voir lettre du 19 juin 1756 à Jean-Robert Tronchin . Mme de Fontaine, nièce de V* s'écria aux Délices : « Point de bidet, ô ciel ! » et V* en commanda alors trois « bien garnis » .

4 Ce chevalier déjà rencontré en 1746, avait été un des collaborateurs du Spectateur littéraire , voir lettre à Vauvenargue du 9 mai 1746 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411352q.swf.f31.langFR

5 Ce chevalier devait donc être le correspondant de l'Ordre de Malte à Marseille . Voir : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/657-francois-de-pourroy-de-quinsonas

 

 

Lire la suite

23/07/2013 | Lien permanent

Page : 574 575 576 577 578 579 580 581 582 583 584