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18/08/2010

Mais si le gouvernement se mêle de cette affaire, il est juste que je me défende sans accuser personne.

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Pour commencer une journée tonique,

Et aller au grand air,

Aux ennuis faire la nique,

Prenez un grand bol de Gotainer .


... Volti m'a contaminé ! je rime !...

Mais je dois l'avouer, je ne résiste pas à ce fou chantant qui nous donne des tranches de vie hilarantes :

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Et pour préparer la rentrée, avec ou sans subvention :

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Herakles_Niobid_krater_Louvre_G341.jpg

Au moins lui, il a déjà toutes ses fournitures !

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental


A Ferney 17è auguste 1774


Ceci devient sérieux, mon cher ange. Vous connaissez sans doute la Lettre d'un théologien à l'auteur du Dictionnaire des trois siècles [i] . C'est Hercule qui assomme à coups de massue un insecte, mais il frappe aussi sur toutes les têtes de l'hydre. On ne peut être ni plus éloquent ni plus maladroit. Cet ouvrage aussi dangereux qu'admirable [ii] armera sans doute tout le clergé. Il parait tout juste dans le temps que j'écris à monsieur le Chancelier pour l'affaire que vous savez [iii]. Pour comble de malheur on m'impute cet écrit funeste [iv] dans lequel il est question de moi presque à chaque page.


L'ouvrage est d'un homme qui a sans doute autant d'esprit que Pascal, et qui est aussi bon géomètre. Il dit que d'Alembert a résolu le premier d'une manière générale et satisfaisante le problème des cordes vibrantes, et qu'il a inventé le calcul des différences partielles.


Je n'ai jamais lu ces cordes vibrantes ni ces différences partielles de M. d'Alembert. Il y a près de quarante ans que vous m'avez fait renoncer à la sécheresse des mathématiques.


Il est donc impossible que je sois l'auteur de cet écrit [v]. J'aime les philosophes, je ne veux donc pas être leur bouc émissaire. Je ne veux ni de la gloire d'avoir fait la Lettre d'un théologien ni du châtiment qui la suivra.


J'admire seulement comme tous les évènements de ce monde s'enchainent, et comment un gueux comme Sabatier [vi], un misérable connu pour avoir volé ses maîtres, un polisson payé par les Pompignan, devient le sujet ou d'une persécution ou d'une révolution.


Je mets peut-être trop d'importance à cette aventure. Je peux me tromper et je le souhaite. Mais si le gouvernement se mêle de cette affaire, il est juste que je me défende sans accuser personne.


Je ne sais actuellement où vous êtes, mon cher ange. Mais si cette affaire fait autant de bruit qu'on le dit, si monsieur le Chancelier en est instruit, s'il vous en parle, songez, je vous en prie , que je n'ai nulle part à la Lettre du Théologien, que je me suis contenté de causer avec Pégase [vii] et qu'il y aurait une injustice affreuse à me rendre responsable des témérités respectables de gens qui valent beaucoup mieux que moi. Je suis affligé qu'on ait gâté une si bonne cause en la défendant avec tant d'esprit. Je vois la guerre déclarée et la philosophie battue. Mon innocence et ma douleur sont telles que je vous écris en droiture. Je vous demande en grâce de me répondre le plus tôt que vous pourrez.


J'attends avec impatience des nouvelles de la santé de madame d'Argental et de monsieur votre frère. »


iDe Condorcet.

ii Le même jour, à d'Alembert : « S'il n'y avait pas dans la Lettre d'un théologien à Sabatier une douzine de traits sanglants et terribles contre des gens puissants qui vont se venger, l'auteur de cette lettre, qui est assurément Pascal second du nom, serait le bienfaiteur de tous les honnêtes gens, mais voila une guerre affreuse déclarée. »

Le 20 août, à Condorcet : « Le minsistère peut se joindre au clergé, et rouver fort mauvais qu'on dise à la page 82 que c'est du peuple que les princes ont reçu leur autorité... »

iii La réhabilitation de d'Etallonde ; cf lettre du 12 août à Condorcet.

iv Le 25 septembre, à d'Argental : « L'abbé de Voisenon me mande que le maréchal de Richelieu s'amuse à lui prouver que je suis l'auteur de la Lettre du théologien. »

En effet on attribuait cette lettre à V*.

vIl l'écrivait la veille à Marin, si bien placé et qu'il a ménagé pour cette raison.

vi A propos de Sabatier, cf. lettres à d'Alembert des 1er janvier et 19 novembre 1773, à d'Argental le 30 avril 1774.

vii C'est à dire écrire le Dialogue de Pégase et du vieillard pour « démasquer dans les notes ... ce scélérat d'abbé Sabatier » ; cf. lettre du 30 avril 1774 à d'Argental.

 

 

Condorcet :

http://www.efm.bris.ac.uk/het/condorcet/new/Condorcet01.h...
Condorcet-NB.jpg

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