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10/10/2010

comme la vieillesse est timide, et que tout me fait peur , j'ai grand peur en effet

Note rédigée le 30 août 2011 pour parution le 10 octobre 2010

http://www.deezer.com/listen-2296905 : Brel, what else ?

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AMNEVILLE (57360), France - Octobre 2009 © Fabrice NEWEL

 http://www.deezer.com/listen-4274084  : Timides anonymes, de Renan Luce .

Et, Quand j'ai peur de tout : http://www.deezer.com/listen-4621437

...

J'ai peur de tout : http://www.deezer.com/listen-1582385



 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

10è octobre 1777

 

Je vous ai envoyé, mon cher ange, les cinq anciens petits pâtés 1, avec une lettre douloureuse ; le tout sous l'enveloppe de M. de Vaines, le 3 octobre . Et comme la vieillesse est timide, et que tout me fait peur , j'ai grand peur en effet que vous n'ayez rien reçu, attendu qu'on m'a informé que M. de Vaines n'était plus administrateur des postes ; je me souviens d'une autre sottise que j'ai faite . J'ai mis dans ma lettre : M. le duc d'Aumont au lieu de : M. le maréchal de Duras 2. Ce n'est pas ma seule bévue , il y en a bien d'autres dans ce que je vous ai envoyé . L'impossibilité de les corriger est ce qui me désespère . Vous aurez cinq autres pâtés de Constantinople 3, si Dieu me prête vie, mais ceux-là sont beaucoup plus difficiles à cuire . Réchauffez les premiers, vous n'aurez les derniers qu'à la fin de l'hiver où nous allons entrer . Je ne tombe point en jeunesse, je tombe réellement en enfance . Ayez pitié de moi, mais êtes-vous capable de vous remuer bien vivement pour votre ancienne créature qui a tant besoin de vous, et qui se met à l'ombre de vos ailes ?

 

V.

 

Je fais mille remerciements à votre très aimable secrétaire . Je vois que le caractère de son âme l'emporte encore sur celui de son écriture . Je lui demande sa protection auprès de vous . »

 

2 M. le maréchal de Duras , premier gentilhomme de la chambre « d'année » était celui à qui il fallait présenter la pièce .

3 Irène, tragédie qui se passe à Constantinople, en cinq actes : http://www.voltaire-integral.com/Html/07/07IRENE.html ;

elle ne comportait d'abord que trois actes ;

voir lettres à d'Argental du 15 décembre 1776 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/07/28/vous-ne-trouverez-pas-une-femme-dans-paris-qui-se-tue-pour-n.html

et 4 février 1777 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/07/ils-disent-tous-que-j-ai-vecu-trop-longtemps-pour-etre-paye.html

 

Il y a encore quelque chose de plus triste

 

Note rédigée le 31 août 2011 pour édition le 10 octobre 2010 .

 

 

 

« A Gabriel Cramer

 

On vient de condamner et de supprimer par un arrêt de conseil d’État, le discours admirable de La Harpe 1.

 

Je vous avais bien dit que vous ne saviez pas toutes les foires de Champagne 2. Malheureusement je les savais .

 

On ne m'a point envoyé les épreuves de ce qu'on a substitué à la Lettre de M. Prost de Royer 3.

 

Je n'ai point vu non plus celles de La Méprise 4. Un seul mot peut faire actuellement des affaires très sérieuses . Cette collection 5 qu’on imprime sans me consulter, ne sera qu'une corde qui liera la victime. Il y a plus d'un an que je ne cesse de vous l'écrire ; il serait bien nécessaire que je vous parlasse . Je doute fort que vos derniers volumes puissent entrer en France ; et je suis très sûr que les amis du frère Pediculoso 6 s'y opposeront .

 

 

Il y a encore quelque chose de plus triste .

 

Vale et me ama .

 

Le vieux malade.

 

10è octobre 1771 »

 

2 = Tous les dessous de cette affaire .

3 Il s'agit de la Lettre à Mgr l'archevêque de Lyon,dans laquelle on traite du prêt à intérêt à Lyon, appelé dépôt de l'argent, 1763 , de Prost de Royer, qu'on avait attribué à V* et qu'on réimprimait sous son nom dans Les Choses utiles et agréables, 1769, et même dans le tome IX des Nouveaux mélanges .

Voir : http://books.google.fr/books?id=Omg5ZE15UzEC&pg=PA187&lpg=PA187&dq=Lettre+%C3%A0+Mgr+l%27archev%C3%AAque+de+Lyon,dans+laquelle+on+traite+du+pr%C3%AAt+%C3%A0+int%C3%A9r%C3%AAt+%C3%A0+Lyon,+appel%C3%A9+d%C3%A9p%C3%B4t+de+l%27argent&source=bl&ots=mVUtov7bIN&sig=MyhT6B0q64xJt029CSygWtIzP5g&hl=fr&ei=BlFeTpLGBYXb4QTAsPVG&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBkQ6AEwAA#v=onepage&q=Lettre%20%C3%A0%20Mgr%20l%27archev%C3%AAque%20de%20Lyon%2Cdans%20laquelle%20on%20traite%20du%20pr%C3%AAt%20%C3%A0%20int%C3%A9r%C3%AAt%20%C3%A0%20Lyon%2C%20appel%C3%A9%20d%C3%A9p%C3%B4t%20de%20l%27argent&f=false

V* avait protesté auprès de Cramer le 10 septembre après avoir reçu cinq volumes de l'édition in-4° en cours d'impression : «  … m'imputer une pièce dans laquelle je suis loué, c'est me rendre non seulement plagiaire, mais ridicule ». Puis le 26 : « Vous ne pouvez … réparer trop tôt la méprise énorme qu'on a faite en imprimant sous mon nom dans cette collection plus énorme encore l'ouvrage de M. Prost de Royer, avocat de Lyon, sur le prêt à jour ou à terme ... »

4 La Méprise d'Arras, brochure concernant une erreur judiciaire commise à Arras aux dépens de Monbailly .

Voir : http://saintomer.pagesperso-orange.fr/montbailly.htm

et : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5626458f

5 L'édition in-4°.

6 Désignation des dévots par référence à sa brochure Instruction du gardien des capucins de Raguse à frère Pediculoso partant pour la Terre sainte, 1768 : http://www.voltaire-integral.com/Html/27/15_Raguse.html

 

 

 

 

Je commence à croire que nous devenons trop anglais et qu'il nous siérait mieux d'être français

 Pour paraphraser Volti  :"Je commence à croire que nous devenons trop américains-états-uniens et qu'il nous siérait mieux d'être français"

 

 

 

« A Louis-François-Armand Du Plessis, duc de Richelieu

 

A Ferney 10è octobre 1769

 

Mon héros dans sa dernière lettre a daigné me glisser un petit mot de son jardin[i].Je suis comme Adam exclu du paradis terrestre, et je suis devenu laboureur comme lui. Je vous assure, Monseigneur, que jamais mon cœur n'a été pénétré d'une plus tendre reconnaissance. Oserais-je vous supplier de vouloir bien faire valoir auprès de votre amie [ii] les sentiments dont la démarche qu'elle a bien voulu faire m'a pénétré ? J'ai été tenté de l'en remercier, mais je n'ose, et je vous demande sur cela vos ordres.

 

Au reste il n'y a pas d'apparence que j'aie l'impudence de me présenter devant vous dans le bel état où je suis. Il n'est bruit dans le monde que de votre perruque en bourse,[iii] et je ne puis être coiffé que d'un bonnet de nuit. Toutes les personnes qui vous approchent jurent que vous avez trente-trois à trente-quatre ans tout au plus. Vous ne marchez pas, vous courez ; vous êtes debout toute la journée. On assure que vous avez beaucoup plus de santé que vous n'en aviez à Closter-Seven [iv], et que vous commanderiez une armée plus lestement que jamais. Pour moi je ne pourrais pas vous servir de secrétaire, encore moins de coureur ; la raison en est que mes fuseaux, que j'appelais jambes, ne peuvent plus porter votre serviteur ; et que mes yeux qui sont entièrement à la Chaulieu, [sont] bordés de grosses cordes rouges et blanches depuis qu'il a neigé sur nos montagnes. Vous qui êtes grand chimiste [v], vous me direz pourquoi la neige que je ne vois point, me rend aveugle ; et pourquoi j'ai les yeux très bons dès que le printemps est revenu. Comme vous êtes parfaitement en cour, je vous demanderai une place aux Quinze-Vingts pour l'hiver. Je défie votre Académie des sciences de me donner la raison de ce phénomène. Il est particulier au pays que j'habite. J'ai un ex-jésuite auprès de moi qui est précisément dans le même cas, et plusieurs autres personnes éprouvent cette même faveur de la nature. Plus j'examine les choses et plus je vois qu'on ne peut rendre raison de rien.

 

J'ai à vous dire qu'on imprime actuellement, dans les pays étrangers, les Souvenirs de Mme de Caylus[vi]. Elle fait un portrait fort plaisant de monsieur le duc de Richelieu votre père, et votre père véritable, quoi que vous en disiez [vii]; je vois que c'était un bel esprit, et que l'hôtel de Richelieu l'emportait sur l'hôtel de Rambouillet.

 

Permettez-moi, monseigneur, de vous remercier encore au nom des Scythes, de la vielle Mérope et de Tancrède [viii].

 

On vient donc de jouer une tragédie anglaise [ix] à Paris. Je commence à croire que nous devenons trop anglais et qu'il nous siérait mieux d'être français. C'est votre affaire, car c'est à vous de soutenir l'honneur du pays.

 

Agréez toujours mon tendre respect, et mon inviolable attachement. »

 

i Le duc lui a notamment parlé de son beau jardin de Paris ; cf. lettre du 9 février 1770.

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ii Mme du Barry qui a « parlé de (Voltaire) plusieurs fois au roi », sans pourtant « demander précisément (son) retour » ainsi que l'écrit Mme Denis le 7 octobre, en ajoutant : « ...le maréchal (de Richelieu) ... m'a dit : « Regardez la chose comme faite, je la prends sur moi. »... je vous prie ... de faire tout doucement vos préparatifs pour partir. »

http://www.labelleecole.fr/madame-du-barry-2-48871.r.fr.htm

 

iii Le 18 septembre Mme Denis lui en a parlé, la bourse étant un petit sac de taffetas noir où les cheveux sont enfermés par derrière.

iv Les troupes de Hanovre et de Brunswick, commandées par le duc de Cumberland s'étaient rendues à Richelieu en 1757.http://books.google.fr/books?id=zi46AAAAcAAJ&pg=PA298...

 

v Richelieu est membre de l'Académie des sciences.

vi Indiqués Amsterdam 1770, ils ont été édités après correction par V* à Genève.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Marthe-Marguerite_Le_Valois_...

 

 

vii V* a lui-même parlé du « père putatif » de Richelieu, par exemple dans la lettre à Mme de Fontaine du 8 janvier 1756.

NDLR : je vous recommande le dernier paragraphe de cette lettre qui vous fera sourire, pour le moins : http://books.google.fr/books?id=vSoTAAAAQAAJ&pg=PA944...

viii V* est instruit que l'on va jouer ces pièces à Fontainebleau devant la cour ; Tancrède sera jouée le 17 octobre, Mérope le 10, mais on ne joua pas les Scythes.

ix Hamlet ; V* très critique écrit à d'Argental le 13 octobre : « Les ombres vont devenir à la mode ; j'ai ouvert modestement la carrière (avec Sémiramis), on va y courir à bride abattue ... J'ai voulu animer le théâtre en y mettant plus d'action, et tout actuellement est action et pantomime . Nous allons tomber en tout dans l'outré et dans le gigantesque ...»

09/10/2010

je lui dis que je n'ai jamais cru si fermement à son infaillibilité

 http://www.deezer.com/listen-4152289

 

 Mon cher, -trop cher,- Président Saint Sarko, je suis heureux que les hasards de la mise en ligne de quelques  lettres de Volti, permettent de commenter vos actions, que je trouve ridicules, auprès du pape. Vous aussi, chasseur avide de gri-gri papal, avez en tête cette phrase de Volti ? 

"Il est bon, mon respectable ami, que les persécuteurs des gens de bien sachent que je suis couvert contre eux de l'étole du vicaire de Dieu".

http://www.deezer.com/listen-2601159

Où le bât blesse, c'est à la qualification de "gens de bien" qui à mes yeux ne vous sied point. Vous, catholique en peau de lapin, Tartuffe, n'avez jamais autant montré vos talents d'hypocrite.

Pour votre pénitence, vous me réciterez , sur le beau chapelet que vous avez réclamé ... ce qui vous passera par la tête, ça ne peut pas être pire que ce que nous avons déjà entendu .

L'étole du vicaire ne suffit déjà pas à couvrir les horreurs de membres du clergé, alors couvrir aussi les besoins de votre ambition ...

Croyez-vous à l'amour et à la reconnaissance des cathos ? Allez ! et ne vous représentez plus !

Je n'ai jamais autant cru à votre faillibilté .

 P-S : combien a coûté ce voyage et le repas avec les princes de l'Eglise ?

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Conseiller d'honneur du parlement

rue Saint-Honoré à Paris

 

A Fontainebleau 9 octobre [1745]

 

Vraiment les grâces célestes ne peuvent trop se répandre ; et la lettre du Saint-Père est faite pour être publique [1]. Il est bon, mon respectable ami, que les persécuteurs des gens de bien sachent que je suis couvert contre eux de l'étole du vicaire de Dieu. Je me suis rencontré avec vous dans ma réponse car je lui dis que je n'ai jamais cru si fermement à son infaillibilité.

 

Je resterai ici jusqu'à ce que j'aie recueilli toutes mes anecdotes sur les campagnes du roi, et que j'aie dépouillé les fatras des bureaux [2]. J'y travaille, comme j'ai toujours travaillé, avec passion. Je ne m'en porte pas mieux. Je vous apporterai ce que j'aurai ébauché. M. et Mme d'Argental seront toujours les juges de mes pensées, et les maîtres de mon cœur. »

 

1 Cf. lettre du 16 juin 1745 à d'Argenson. Parmi les manuscrits, on a du mal à discerner le texte authentique de la lettre du pape et de savoir s'il disait -comme dans la lettre diffusée par V*- s'il avait eu du plaisir à lire Mahomet . Le pape a bien envoyé à V* sa bénédiction et n'a pas publié de démenti en ce qui concerne Mahomet.

 

2 Cf. lettre à d'Argenson du 17 août.

 

L'infaillible orgueil des dirigeants :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Infaillibilit%C3%A9_pontific...

http://www.portstnicolas.net/la-question-de-l-infaillibil...

 

08/10/2010

je recommande l'Infâme à votre sainte haine

Le quai [rugueux] de Berthier : http://www.deezer.com/listen-4947088

 Sur la route [aérienne] de Berthier : http://www.deezer.com/listen-6542578

  La même, qui réveille [ chantée par des velus] : http://www.deezer.com/listen-207950

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay

 

[septembre-octobre 1759]

 

Ma belle et chère philosophe est instamment suppliée d'envoyer chercher sur le champ frère Cramer et de lui recommander frère Berthier [1] sans perdre un seul instant. Il est vrai que frère Berthier est mort le 12 [2], mais il a apparu le 14 et son apparition sera peut être plus agréable que sa mort. A mardi, ma belle philosophe,Oola et Oliba [3] vous font mille compliments, je recommande l'Infâme [4] à votre sainte haine. »

1 Il faut « recommander » à l'imprimeur Cramer la Relation de la mort et de l'apparition du jésuite Berthier ; cf. lettres précédentes à d'Alembert le 25 août 1759,Cramer en septembre-octobre. L'impression est en cours au moins avant le 5 octobre, date du départ à Genève de Mme d'Epinay.

 

voir note 43, et http://fr.wikipedia.org/wiki/Fellation#Histoire ;

NDLR : Je ne m'appelle pas Rachida Dati (=Antidote à l'amour) et je ne commets pas de lapsus.

 

http://www.voltaire-integral.com/Html/24/17_Relation_Berthier.html

2 Ce qui est imaginé dans la Relation .

 

3 V* commence à parler souvent de l'histoire de Oholiba et en particulier de son « déjeuner ».

http://www.biblegateway.com/passage/?search=%C3%89z%C3%A9chiel+23&version=LSG

 

4 Avant d'écrire couramment Ecr. L'Inf. (= le cléricalisme, le fanatisme, l'injustice, ...)

07/10/2010

La mauvaise volonté est plus forte que jamais

Growing up Montague : http://www.deezer.com/listen-7109512

Pour (Elisabeth ?) Montagu : http://www.deezer.com/listen-1124557

Pour Lady Jane Montague : http://www.deezer.com/listen-5494165, soft, très tendre ...

 

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

7 octobre [1776]

 

Le vieux Raton, le malheureux Raton est tout ébaubi d'avoir cette fois-ci brûlé ses pattes [i] dans une occasion si honnête [ii]. Il n'y entend rien ; il soupçonne que monsieur le traducteur [iii], ne sachant comment se défendre, aura dit au hasard à l'homme dont il dépend [iv]: Monseigneur, il y a là de l'hérésie, du déisme,de l'athéisme, car il y en a partout. On l'aura cru sur sa parole, sans lire l'ouvrage, car on ne lit point.

 

Je vois bien que ni vous ni vos amis vous n'avez reçu les exemplaires que je vous avais envoyés. Je ne sais plus comment faire ; toute voie m'est interdite. La mauvaise volonté est plus forte que jamais . Je meurs désagréablement, mais je mourrai en vous aimant, mon très cher philosophe. J'aurai vu mourir la littérature en France ; vivez pour la ressusciter.

 

J'avais projeté une seconde Lettre [v] plus intéressante que la première, mais il ne m'appartient de faire aucun projet.

 

Je vous embrasse douloureusement. »

 

 

 

i Plaisanterie faisant référence à une fable de La Fontaine : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/singchat.htm

 

ii  Pour sa lettre à l'Académie faite en réponse au panégyrique de Le Tourneur pour Shakespeare en défaveur des auteurs français. Le 1er octobre, d'Alembert écrit que l'imprimeur de l'Académie, Moreau, a imprimé sa Lettre « ne doutant point qu'on ne lui accordât la permission de la vendre », ce qui fût refusé par le garde des Sceaux , il ajouta « On dit que les dévots de Versailles ont persuadé (au roi) que votre morceau sur Shakespeare était injurieux à la religion, quoiqu'on ait retranché soigneusement à la lecture publique tous les passages indécents du tragique anglais. »

 

iii  Le Tourneur, traducteur de Shakespeare.

 

iv  V* pense au garde des Sceaux dont dépend le secrétaire général de la Librairie ; en fait Le Tourneur a quitté la Librairie, et Condorcet le 6 octobre écrit qu'on lui a ôté cette place « dans le temps que les honnêtes gens étaient à la mode. » ; il est devenu bibliothécaire du comte de Provence.

 

v  Irène , composée à cette période, sera précédée d'une Lettre à l'Académie française qui répond à l'Apologie de Shakespeare de Mme Montagu, qui elle répondait à la première Lettre à l'Académie française.

 

Elisabeth Montagu :

http://www.facebook.com/topic.php?uid=30841695034&top...

http://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Montagu/1...

http://www.oxforddnb.com/public/bluestockings/

elisabeth montagu.jpg

 

 

 

 

06/10/2010

on irait s'imaginer que les dames qui se tuent à six mille lieues d'ici font la satire de celles qui vivent à Paris

 

 

 

Majestueuse : http://www.deezer.com/listen-2745860

Aimable : http://www.deezer.com/listen-2745865

Sensible : http://www.deezer.com/listen-2745872

Elle est tout cela ...

Mlle W*** ... Pour vous, j'ai de Tendres sentiments : http://www.deezer.com/listen-2745869

 

 

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

 

A Colmar, 6 octobre 1754.

 

Ma chère nièce,je pense que c'est bien assez que mes trois magots [i] vous aient plu. Mais ils pourraient déplaire à d'autres personnes ; et quoique ni vous ni elles ne soyez pas absolument disposées à vous tuer avec vos maris, cependant il pourrait se trouver des gens qui feraient croire que toutes les fois qu'on ne se tue pas en pareil cas, on a grand tort ; et on irait s'imaginer que les dames qui se tuent à six mille lieues d'ici font la satire de celles qui vivent à Paris [ii]. Cela serait très injuste ; mais on fait des tracasseries mortelles tous les jours sur des prétextes encore plus déraisonnables.

 

J'ai prié instamment M. d'Argental de ne me point exposer à de nouvelles peines . Ce qui pourrait résulter d'agrément d'un petit succès serait bien peu de chose, et les dégoûts qui en naîtraient seraient violents. Je vous remercie de vous être jointe à moi pour modérer l'ardeur de M. d'Argental, qui ne connait point le danger quand il s'agit de théâtre. C'en serait trop d'être vilipendé à la fois à l'Opéra et à la Comédie. C'est bien assez que M. Royer m'immole à ses doubles croches.

 

Ne pourriez-vous point, quand vous irez à l'Opéra, parler à ce sublime Royer [iii], et lui demander au moins une copie des paroles telles qu'il les a embellies par sa divine musique ?[iv] Vous auriez au moins le premier avant-goût des sifflets . C'est un droit de famille qu'il ne peut vous refuser.

 

Vous ne me dites rien de M. l'abbé [v]. Je le croyais déjà sur la liste des bénéfices . Votre sœur est religieuse dans mon couvent ; cependant si ma santé le permet, nous irons passer une partie de l'hiver à la cour de l'Électeur palatin, qui veut bien m'en donner la permission . Après quoi nous irions habiter une terre assez belle du côté de Lyon qu'on me propose actuellement [vi]. Mais la mauvaise santé est un grand obstacle au voyage de Manheim. J'aimerais mieux sans doute faire celui de Plombières ; si votre estomac vous y ramène jamais, mon cœur m'y ramènera. Votre sœur aura un autre régime que vous : elle n'est pas faite pour prendre les eaux avec régularité.

 

Adieu, ma chère amie ; il faut espérer que je vous reverrai encore. »

 

i La tragédie L'Orphelin de la Chine qu'il a réduite à trois actes en août. A d'Argental, le 3 août, il dit, après avoir fait cinq actes : « les cinq pavillons réguliers » étaient « trop froids » ;  alors, « il) n'a eu de ressource que d'embellir trois corps de logis ». Finalement la pièce aura cinq actes. Cf. Lettre du 6 février 1755.

http://books.google.be/books?id=izUHAAAAQAAJ&printsec...

 

ii A d'Argental, le 6 octobre , V* dit craindre qu'on ne fasse « entendre (à Mme de Pompadour) que c'est non seulemement une bravade (car on va jouer Le Triumvirat de Crébillon , protégé de la marquise), mais une offense et une espèce de satire. »

http://fr.wikipedia.org/wiki/Prosper_Jolyot_de_Cr%C3%A9billon

http://books.google.be/books?id=DTgOAAAAYAAJ&printsec=frontcover&dq=triumvirat+de+cr%C3%A9billon&source=bl&ots=me8N4vHoQG&sig=ZKgqvhgl-LQU0rbJMABgTsNXUkU&hl=fr&ei=gHurTKKYEtWRjAfC5LG9Bw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=3&ved=0CB0Q6AEwAg#v=onepage&q&f=false

 

iii Royer a fait remanier par un nommé Sireuil, sans consulter V* qui en est ulcéré, le texte de son ancien opéra Pandore. La représentation ne peut en être empêchée, V* doit se contenter d'écrire à Royer, à Sireuil, à « l'examinateur » de l'ouvrage Moncrif, pour demander que le titre en soit : Prométhée ou Pandore, ouvrage dramatique tiré des fragments de la pièce qui porte ce nom, à laquelle on a fait ajouter les ariettes et les vers convenables au musicien dans l'absence de l'auteur. Dans le même temps il demande à Lambert de réimprimer sa version.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Nicolas_Pancrace_Roye...

 

 

iv Après avoir demandé une copie à Royer le septembre, il la recevra le octobre, envoyée par Moncrif. V* sera ulcéré par cette « rapsodie de paroles du Pont-Neuf. »

v Abbé Mignot, frère de Mme de Fontaine et de Mme Denis.

vi On lui a proposé le château d'Allaman au nord du Léman.

http://www.swisscastles.ch/Vaud/chateau/rochefort.html...