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28/02/2011

il faut pardonner aux jeunes gens qui ont de grandes passions, et qui se trouvent dans des situations violentes

Quels "jeunes" ?

Eh ! bien, par exemple , ici, le toujours jeune Volti à quatre-vingt-deux ans révolus .

"Grandes passions" et "situations violentes" semblent être une bonne recette pour avoir une vieillesse/jeunesse de qualité , garder la vivacité de l'esprit même si le corps regimbe .

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grandes passions diderot.jpg

 http://www.deezer.com/listen-672458 : Passions of a woman loved

And now : Passion of a man : http://www.deezer.com/listen-672569 . Contraste ? Non ?

 

 

 

« A Marie-Jean-Antoine de Caritat , marquis de Condorcet

Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, etc. à Paris

 

28è février 1776

 

Je vous excède peut-être de mes lettres, mais il faut pardonner aux jeunes gens qui ont de grandes passions, et qui se trouvent dans des situations violentes .

 

Il est certain que la faction des sicaires qui persécute M. Delisle de Sales i affile ses poignards et charge ses arquebuses . Il est certain que Panckoucke est perdu si on trouve chez lui un seul exemplaire de cette infâme édition annoncée par un nommé Bardin dans le journal de Bouillon ii.

 

J'ai averti sa sœur Mme Suard : elle ne me répond point ; vous êtes son ami . Tout ce qu'on me mande me fait voir évidemment qu'il n'y a pas un moment à perdre . S'il est vrai qu'en effet Bardin ou quelque autre ait vendu cette misérable édition au frère de Mme Suard, il n'a d'autre parti à prendre qu'à la renvoyer ou à la brûler .

 

C'est à moi plus que personne de me plaindre . Il y a dans cette collection vingt ouvrages qui font frémir la religion chrétienne, et qu'on a la barbare impudence de mettre sous mon nom iii. Si ce nom malheureux n'est pas en toutes lettres à la tête de ces indignes ouvrages, il y est si bien désigné qu'on ne peut s'y méprendre . Je sais que le parti est pris de procéder contre Panckoucke et contre moi . Je n'en puis douter ; et je ne veux pas dans ma quatre-vingt-troisième année mourir ailleurs que dans mon lit . Je ne veux pas être la victime de l'impudente avarice de je ne sais quel libraire nommé Bardin .

 

J'avertis que je serai le premier à me plaindre si on débite dans Paris un seul exemplaire de cette collection abominable de Bardin ; que je demanderai protection de M. le garde des Sceaux iv contre ce Bardin jusqu'à ma mort, et que je chargerai mes héritiers de poursuivre ce Bardin .

 

Je vous prie encore une fois , mon illustre philosophe, de tirer le frère de Mme Suard de ce précipice . Je suis outré contre elle de ce qu'elle ne m'a point répondu . Il est très nécessaire que son frère et elle instruisent tout . Un libraire de Paris ne doit pas regarder une telle affaire comme un objet de commerce, mais comme un objet de potence . Soyez très sûr qu'on n'épargnera personne, et que le même esprit de fanatisme et de rage qui vient de porter Saillant le fils à dénoncer son propre père v portera les sicaires à de plus sanglantes extrémités .

 

Je vous embrasse tendrement . Je pleure sur le genre humain . Je compte sur votre amitié, sur votre zèle et sur vos bontés .

 

Permettez-moi de vous adresser ce petit mot que j'écris à M. Gaillard vi. Faites-moi l'amitié de le lui remettre . Envoyez-moi sa réponse par M. de Vaines . Pardonnez-moi mes importunités, et mes inquiétudes . »

 

 

i Lettre de V* à Condorcet du 16 février 1776 : « Il s'agit d'un M. De Lille de Sales, persécuté en 1776, ... » : lettre 50 page 98 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58105584/f301.image

Condorcet a écrit à V* le 11 février que le Châtelet dénonce le livre, qu'il est brûlé, qu'on informe contre les libraires, contre l'auteur et Delisle de sales sera décrété de prise de corps . Lettre 49 page 96 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58105584/f299.image

ii Édition dite « encadrée » des Œuvres de Voltaire annoncée dans le Journal encyclopédique du 15 janvier 1776 par Bardin , libraire de Genève . V* s'en plaint à Cramer dès le 1er février .

iii A d'Alembert, le 8 février, V* cite tous les auteurs et ouvrages incriminés attribués faussement (ou non, comme Le Dîner de Boulainvilliers) à lui : lettre MMMMMMMLXIV page 157 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80042j/f162.image.r...

http://www.voltaire-integral.com/Html/26/27_Boulainvillie...

iv Armand-Thomas Hue, marquis de Miromesnil : http://fr.wikipedia.org/wiki/Armand_Thomas_Hue_de_Miromes...

vDelisle de Sales, pour avoir imprimé la Philosophie de la nature ; voir lettre à Condorcet le 26 février : lettre 51 page 100 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58105584/f303.image

vi Gabriel-Henri Gaillard, académicien français depuis 1771; à propos de la prochaine élection , V* soutenant Jean-François La Harpe .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel-Henri_Gaillard...

 

27/02/2011

Les poètes autrefois étaient prophètes

 Rédigé le 29 juin 2011 pour parution le 27 février 2011 .

 

 

« A Catherine II, impératrice de Russie

 

A Ferney 27 février 1771

 

Madame,

 

J'apprends que Moustapha est assez brutal pour vouloir qu'on fasse encore une campagne . Je ne peux lever des troupes pour le service de Votre Majesté Impériale . Je ne puis que faire des vers contre Moustapha 1. Les poètes autrefois étaient prophètes ; et moi je prophétise que Moustapha sera battu . Votre Majesté a déjà accompli toutes mes prédictions .

 

Qu'elle daigne conserver ses bontés au vieil ermite qui est à ses pieds .

 

V. »


1 Épître à l'impératrice de Russie . Épître CXI : http://www.voltaire-integral.com/Html/10/06EP93FI.htm

 

on a oublié tout net les petits appartements commodes pour les amis . Je vais remédier sur le champ à ce défaut abominable

 Rédigé le 28 juin 2011 pour parution le 27 février 2011 .

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Les Délices et leur gardien en décembre 2010 .

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

 

A Prangins 27 février 1754

au pays de Vaud

 

Ainsi donc, mon ancien ami, vous viendrez par le coche comme le gouverneur de Notre-Dame de la Garde 1. Vous n'irez point en cour, mais bien dans le pays de la tranquillité et de la liberté . Si je suis à Prangins vous serez dans un grand château ; si je suis chez moi 2, vous ne serez que dans une maison jolie, mais dont les jardins sont dignes des plus beaux environs de Paris . Le lac de Genève, le Rhône qui en sort, et qui baigne ma terrasse, n'y font pas un mauvais effet . On dit que la Touraine ne produit pas de meilleurs fruits que les miens, et j'aime à le croire . Le grand malheur de cette maison c'est qu'elle a été bâtie apparemment par un homme qui ne songeait qu’à lui, et on a oublié tout net les petits appartements commodes pour les amis . Je vais remédier sur le champ à ce défaut abominable . Si vous n'êtes pas content de cette maison, je vous mènerai à une autre que j'ai auprès de Lausanne 3, bien entendu qu'elle est aussi sur les bords du grand lac . J'ai acquis cet autre bouge dans un esprit d’équité . Quelques amis que j'ai à Lausanne 4, m'avaient engagés les premiers à venir rétablir ma santé dans ce bon petit pays romand ; ils se sont plaints avec raison de la préférence donné à Genève, et pour les accorder j'ai pris encore maison à leur porte . . Vous trouverez plus de bouillon que n'en avait le président Montesquieu 5. Le hasard qui m'a bien servi depuis quelque temps, m'a donné un excellent cuisinier ; mais malheureusement je ne l'aurai plus aux Délices ; il reste à Prangins où il est établi ; je ne m'en soucie guère mais Mme Denis qui est très gourmande en fait son affaire capitale . Je n'aurai ni Castel, ni Neuville, ni Routh 6 pour m'entendre en confession, mais je me confesserai à vous, et vous me donnerez mon billet . Mme la duchesse d'Aiguillon, la sœur du pot des philosophes 7, ne me fournira ni bonnet de nuit, ni seringue . Je suis très bien en seringues et en bonnets ; elle aurait bien dû fournir à l'auteur de L'Esprit des lois de la méthode, et des citations justes . Ce livre n'a jamais été attaqué que par les côtés qui font sa force ; il prêche contre le despotisme, la superstition et les traitants . Il faut être bien mal avisé pour lui faire son procès sur ces trois articles . Ce livre m'a toujours paru un cabinet mal rangé avec de beaux lustres de cristal de roche ; je suis un peu partisan de la méthode, et je tiens que sans elle aucun grand ouvrage ne passe à la postérité .

 

Venez, mon cher et ancien ami . Il est bon de se retrouver le soir après avoir couru dans cette journée de la vie .

 

V. »


1 En réponse à une citation de Thieriot ; allusion au Voyage de messieurs de Bachaumont et de Chapelle, dont on vient de rééditer les Œuvres . Page 90 : http://fr.wikisource.org/wiki/Voyage_de_Chapelle_et_de_Ba...

2 Aux Délices ; voir lettre du 13 février à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/13/j...

3 A Montriond .

4 Polier de Bottens et de Brenles, notamment l'invitaient alors qu'il était en Alsace ; voir lettre du 7 mai 1754 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/12/e...

5 Montesquieu est mort le 10 février .

6 Ces trois jésuites avaient « assiégé » Montesquieu mourant .

7 Elle était au chevet de Montesquieu et demanda à V* une épitaphe , qui ne la fit pas ; les « sœurs du pot » sont des religieuses qui vivent en communauté et soignent les malades .

Ne pourrait-on pas en même temps imaginer une nouvelle manière de payer ses dettes ? Il est bon de songer à tout .

 

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http://www.bibliotheque-desguine.fr/desguine/Notice/Z+01291

 

 

« A Germain-Gilles-Richard de Ruffey i

Monsieur le Président de Ruffey etc. à Dijon

 

 

27è février 1771, à Ferney

 

Mon cher président, je sais bien que j'aurais dû vous écrire plus tôt ; mais avec soixante-dix-sept ans, des fluxions horribles sur les yeux et la goutte, on ne fait pas toujours ce qu’on voudrait.

 

Je crois que tous les présidents du parlement de Dijon ont actuellement des choses plus importantes que celles de l'Académie française . On a persuadé à M. de Brosses que je m'étais opposé à son élection, parce que j'avais écrit plusieurs lettres en faveur de M. Gaillard . Mais je le prie de considérer que j'avais écrit ces lettres longtemps avant que j'eusse appris que M. de Brosses voulût être notre confrère ii. Il nous fera certainement bien de l'honneur à la première occasion . Multae sunt mansiones in domo patris mei iii, j'ai fait ce que j'ai pu pour mériter son amitié, et excepté le tort que j'ai peut être de vivre encore iv, je n'ai rien à me reprocher .

 

On prépare à Paris un nouveau code, un nouveau parlement v. Ne pourrait-on pas en même temps imaginer une nouvelle manière de payer ses dettes ? Il est bon de songer à tout .

 

Savez-vous qu'on établit un conseil supérieur à Lyon ? qu'il y a déjà des juges de nommés vi? On parle aussi de Poitiers et de Clermont en Auvergne vii.

 

Voilà tout ce que je sais ; mais vous en savez sans doute davantage à Dijon . Conservez-moi toujours un peu d'amitié, mon très cher président ; cela me fera finir plus gaiement . Si vous voyez M. Legouz viii, je vous prie de lui dire que je lui suis toujours très tendrement attaché .

 

V. »

 

ii Voir lettres du 10 décembre 1770 à d'Alembert : http://www.monsieurdevoltaire.com/ext/http://voltaireatho...

19 décembre aux d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/ext/http://voltaireatho...

et celle à Richelieu du 4 février 1771 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/03/j...

iii Il y a de nombreuses demeures dans la maison de mon père ; évangile de Jean .

iv L'achat du comté de Tournay s’arrêtait à la mort de V* ; pour ses démêlés avec de Brosses, voir lettres précédentes et celles de 1761, et celle du 6 avril 1768 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/04/07/v...

v Le parlement de Paris a été dissous dans la nuit du 21 au 22 janvier et ses membres exilés suite à une nouvelle grève le 18 janvier (voir la mention de phases antérieures du conflit dans la lettre du 7 décembre 1770 à Mme d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2008/12/09/v... ) .

L'édit de Maupéou du 23 février 1771 supprime la vénalité des charges, les épices, décentralise la justice et restreint le ressort du parlement de Paris en créant des conseils supérieurs ; il simplifie aussi la procédure .

Voir : http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=17710...

vi Le 25 février, V* écrivait : « On me mande de Lyon que monsieur le chancelier a déjà nommé onze conseillers du Conseil Suprême qu'il veut établir à Lyon ... N'était-il pas horrible d'être obligé de s'aller ruiner en dernier ressort à cent lieues de chez soi, devant un tribunal qui n'entend rien au commerce, et qui ne sait pas comment on file la soie ? Monsieur le chancelier parait un homme d'esprit très éclairé et très ferme ... »

vii L’Édit du roi portant création de conseils supérieurs, du 23 février 1771, établissait des cours de justice à Arras, Blois, Châlons, Clermont-Ferrand, Lyon et Poitiers qui étaient jusqu'alors du ressort du parlement de Paris.

viii Conseiller au parlement de Dijon, que V* a prétendu pendant un certain temps en 1761 être l'auteur du Droit du seigneur. En 1766, il est devenu le beau-père du président de Brosses : http://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9nigne_Le_Gouz_de_Sain...

 

 

 

je ne croirais pas cette bêtise, si celles de mon pays ne m’y avaient préparé.

 Il est parfois difficile de faire partie du "modèle" français, aujourd'hui comme hier !

 En matière d'éducation, regardons du côté de l'étoile du nord .

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« A Catherine II, impératrice de Russie



A Ferney, 27 Février.

 

Madame,

Votre Majesté Impériale daigne donc me faire juge de la magnanimité avec laquelle elle prend le parti du genre humain i. Ce juge est trop corrompu et trop persuadé qu’on ne peut répondre que des sottises tyranniques à votre excellent mémoire. Ne pouvoir jouir des droits de citoyen ii parce qu’on croit que le Saint-Père ne procède que du Père me paraît si fou et si sot, que je ne croirais pas cette bêtise, si celles de mon pays ne m’y avaient préparé. Je ne suis pas fait pour pénétrer dans vos secrets d'État ; mais je serais bien attrapé si Votre Majesté n’était pas d’accord avec le roi de Pologne iii ; il est philosophe, il est tolérant par principe ; j’imagine que vous vous entendez tous deux, comme larrons en foire, pour le bien du genre humain, et pour vous moquer des prêtres intolérants.

 

Un temps viendra, Madame, je le dis toujours, où toute la lumière nous viendra du Nord : Votre Majesté Impériale a beau dire, je vous fais étoile, et vous demeurerez étoile. Les ténèbres cimmériennes resteront en Espagne ; et à la fin même elles se dissiperont. Vous ne serez ni ognon, ni chatte, ni veau d’or, ni bœuf Apis ; vous ne serez point de ces dieux qu’on mange, vous êtes de ceux qui donnent à manger. Vous faites tout le bien que vous pouvez au-dedans et au dehors. Les sages feront votre apothéose de votre vivant ; mais vivez longtemps, Madame, cela vaut cent fois mieux que la divinité ; si vous voulez faire des miracles, tâchez seulement de rendre votre climat un peu plus chaud. A voir tout ce que Votre Majesté fait, je croirai que c’est pure malice à elle, si elle n’entreprend pas ce changement : j’y suis un peu intéressé ; car, dès que vous aurez mis la Russie au trentième degré, au lieu des environs du soixantième, je vous demanderai la permission d’y venir achever ma vie, mais, en quelque endroit que je végète, je vous admirerai malgré vous, et je serai avec le plus profond respect, Madame, de Votre Majesté Impériale, etc. »

 



i Dans son Manifeste sur les Dissensions de la Pologne, Catherine invoquait le « Devoir sacré de l’humanité ».

 

ii C’était ce que les catholiques polonais prétendaient imposer aux dissidents.

 

iii Stanislas Poniatowski, ancien amant de Catherine.

j'avais la rage de prouver que j'avais été trompé . Je l'ai prouvé

J'avais la rage ...

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« A Frédéric II de Prusse

 

Ce samedi [27 février 1751]

 

Sire,

 

Toutes choses mûrement considérées, j'ai fait une lourde faute d'avoir un procès contre un Juif i. Et j'en demande bien pardon à Votre Majesté, à votre philosophie et à votre bonté . J'étais piqué, j'avais la rage de prouver que j'avais été trompé . Je l'ai prouvé, et après avoir gagné ce malheureux procès, j'ai donné à ce maudit Hébreu plus que je ne lui avais offert d'abord, pour reprendre ses maudits diamants ii qui ne conviennent point à un homme de lettres . Tout cela n'empêche pas que je vous aie consacré ma vie . Faites de moi tout ce qu'il vous plaira . J'avais mandé à Son altesse Royale Mme la margrave de Bareith que frère Voltaire était en pénitence iii. Ayez pitié de frère Voltaire . Il n'attend que le moment de s'aller fourrer dans la cellule du Marquisat iv. Comptez , Sire, que frère Voltaire est un bon homme, qu'il n'est mal avec personne v, et surtout qu'il prend la liberté d'aimer Votre Majesté de tout son cœur . Et à qui montrerez-vous les fruits de votre beau génie si ce n'est à votre ancien admirateur ? Il n'a plus de talent mais il a du goût, il sent vivement, et votre imagination est faite pour son âme . Il est tout pétri de faiblesse; mais assurément sa plus grande est pour vous . Il n'est point intéressé comme on vous l'a dit et il ne cherche dans Votre Majesté que vous-même. Il est bien malade, mais vos bontés lui rendront peut-être la santé . En un mot sa vie est entre vos mains .

 

V.

 

J'apprends que Votre Majesté me permet de m'établir pour ce printemps au Marquisat . Je lui en rends les plus humbles grâces . Elle fait la consolation de ma vie . »

 

i Sur le procès avec le juif Hirschel, cf. lettre du 5 février à Cocceji :  http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/27/s...

 et suivantes : pages 272 et suivantes : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800327/f277.image.r...

ii Il vient d'écrire au roi qu'il a offert à Hirschell « de reprendre pour deux mille écus les diamants qu'il m'a vendus trois mille » ; voir lettre MDCXCVI page 281 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800327/f286.image.r...

iii Voir lettre du 10 février à Darget : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/10/l...

iv Voir lettre à Darget de mi-février : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/14/c...

Il recevra la permission le lendemain (note du post-scriptum).

v Le 28, Frédéric lui écrit qu'il ne souhaite pas que de semblables querelles se renouvellent ; et que les talents de l'écrivain ne pourraient couvrir « les taches que cette conduite imprimerait à la longue à sa réputation. »

Lettre MDCCII page 285 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800327/f290.image.r...

 

Ce travail a pu augmenter ma maladie, mais il valait mieux mourir que de ne pas se justifier

Note rédigée le 28/4/2011 . Eh ! oui !!

- Allo ! tonton ! pourquoi tu tousses ?

http://www.youtube.com/watch?v=BNOmZPUFU4Q

- J'me sens pas bien portant :

http://www.youtube.com/watch?v=dLAnSPY9hHI

et cette version de Jean Yanne, homme pour qui je garde une affection fidèle :

http://www.youtube.com/watch?v=-vAYzTEA8Zc&feature=re...

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

27è fév[rier] 1773

 

De profundis.

Avec le fièvre tierce, une toux convulsive, la goutte et la strangurie, je ne perdrai pas des moments précieux avec ce polisson de Valade i. Je les emploierai à dire à mon cher ange que je l'aimerai jusqu'au tombeau, dont je suis assez près .

 

Je lui envoie ma déclaration sur le procès de M. de Morangiès, et ma réponse à cet avocat Lacroix qui fait je ne sais quel Spectateur ii. Je suis devenu, par une singulière fatalité, partie dans cette affaire iii. Je me défends , et je crois me défendre en honnête homme et en homme modéré . Ce travail a pu augmenter ma maladie, mais il valait mieux mourir que de ne pas se justifier .

 

J'embrasse mes anges mort ou vif .

 

V. »

i Le libraire qui vend l'édition pirate des Lois de Minos ;

voir lettre du 30 janvier à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/30/j...

et du 1er février à Richelieu : page 147 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800416/f152.image.r...

ii Déclaration de M. de Voltaire sur le procès entre le comte de Morangiès et les Verron, (page 344 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800269/f349.image) publiée avec la Réponse à l'écrit d'un avocat (Falconet) intitulé Preuves démonstratives en fait de justice, (page 350 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800269/f355.image) 1773 .

Sur le procès Morangiès, voir lettre du 30 mai 1772 à Richelieu : page 36 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800416/f41.image.r=...

Jacques-Vincent Delacroix est bien rédacteur du Spectateur français, mais il n'est pas l'auteur des Preuves démonstratives auxquelles répond V*.Voir : http://cths.fr/an/prosopo.php?id=1495

iii V* écrit à Rochefort d'Ally le 3 mars : « C'est vous qui par amitié pour M; le marquis de Morangiès le lieutenant général son père, me pressâtes d'écrire en faveur de son fils . Un avocat nommé Lacroix ... a fait un libelle infâme ... » Page 167 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800416/f172.image.r

Les Preuves démonstratives que V* attribue à Delacroix sont une réponse aux Nouvelles probabilités en fait de justice de V*.