22/05/2011
il est à croire encore que s'il réfléchit sur son procédé il en aura quelque regret
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Et ma préférée : Regrets d'une punaise (de sacristie, bien évidemment ! ) : http://www.deezer.com/listen-229860
http://www.france24.com/fr/20090320-internet-site-web-inf...
Qui va prier pour Dirty Silly Keutard ?
20 mai 1772
Dans les Questions sur l'Encyclopédie dont il y a quatre éditions on trouve ces mots à l'article Homme, tome 7, page 91 :
Pour connaître l'homme qu'on appelle moral il faut lire l'article de M. Leroy .
On trouve page 95, même tome, même article 2:
Il est un peu extraordinaire qu'on ait harcelé, honni, levraudé un philosophe de nos jours très estimable pour avoir dit que si les hommes n'avaient pas de mains ils n'auraient pu bâtir des maisons et travailler en tapisserie 3.
Dans quatre ou cinq endroits l'auteur a pris très vivement le parti de M. Helvétius 4, et il a été le seul qui ait eu le courage de condamner la persécution qu'il essuya 5. Le même auteur a fait plus d'une fois l'éloge de M. Leroy .
Pour récompense M. Leroy fait un libelle contre lui 6 et l'accuse d'être flatteur des gens en place et ingrat envers son bienfaiteur 7. Cependant celui que M. Leroy outrage si cruellement est le seul qui ait donné des marques publiques de sa reconnaissance inviolable pour le seigneur généreux 8 dont M. Leroy entend parler . Il est à croire que si M. Leroy avait été mieux informé il n'aurait point fait cet outrage à un homme dont il n'avait qu'à se louer ; et il est à croire encore que s'il réfléchit sur son procédé il en aura quelque regret . »
1Charles-Georges Leroy : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Georges_Leroy
2 V* supprimera ces références à Leroy dans les éditions suivantes des Questions . Voir page 373 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113355/f376.tableDesMatieres
4 Dans l'article « Homme » 1771, et les articles « pourquoi » et « Quisquis » de 1772 des Questions sur l'encyclopédie, V* condamne les persécutions dont a été victime Helvétius et dit son estime pour lui , bien que formulant certaines critiques sur son ouvrage De l'esprit, comme le lui reprochait Leroy, dans l'article « homme » et plus encore dans l'article « quisquis ».
Voir page 181 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800160/f187.tableDesMatieres
et page 226 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800160/f232.tableDesMatieres
5 Référence à la campagne contre l'ouvrage d'Helvétius en 1758 et à sa condamnation en janvier-février 1759 .
Voir lettres à Thieriot du 3 octobre 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/03/vous-croyez-donc-qu-on-s-egorge-tous-les-jours-comme-les-pet.html#more
du 18 octobre 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/10/22/cartes-de-geographie-c-est-peut-etre-le-seul-art-dans-lequel.html
à d'Alembert du 19 février 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/20/si-vous-allez-jamais-dans-le-pays-du-pape-des-chatres-et-des.html#more
6 Réflexions sur la jalousie pour servir de commentaire aux derniers ouvrages de M. de Voltaire, 1772, auxquelles V* répondit par une Lettre de M. de V*** sur un écrit anonyme, datée du 20 avril 1772 .
8 V* fait sans doute allusion à son Épître à la duchesse de Choiseul: Benalkadi à Caramouflée et à certains passages de la brochure Les Peuples aux Parlements , voir lettre à Richelieu du 3 juin 1771 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/06/03/s...
Sur l'attitude de V* envers Choiseul disgracié, voir lettres aux d'Argental, Mme du Deffand, de La Ponce, etc. depuis janvier 1771.
12:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
21/05/2011
je vous donne sur ce qui me reste de corps le même pouvoir que vous avez sur ce qui me reste d'âme
Je pense que Volti aurait pu vous l'écrire , Mam'zelle Wagnière : "mon cœur est à vous, Madame, comme si j'avais vingt-cinq ans, et le tout avec un très sincère respect" ; en tout cas , il me fait son heureux messager aujourd'hui .
Et kitchissime illustration chantée : http://www.deezer.com/listen-6745284
Ou muette, ce qui me semble plus parlant : http://www.deezer.com/listen-6776638
« A Suzanne Necker
Ma juste modestie, Madame, et ma raison me faisaient croire d'abord que l'idée d'une statue était une bonne plaisanterie ; mais puisque la chose est sérieuse, souffrez aussi que je vous parle sérieusement 1.
J'ai soixante et seize ans, et je sors à peine d'une grande maladie qui a traité fort mal mon corps et mon âme pendant six semaines . M. Pigalle doit, dit-on, venir modeler mon visage . Mais , Madame, il faudrait que j'eusse un visage, on en devinerait à peine la place ; mes yeux sont enfoncés de trois pouces ; mes joues sont du vieux parchemin mal collé sur des os qui ne tiennent à rien . Le peu de dents que j'avais est parti . Ce que je vous dis là n'est point coquetterie, c'est la pure vérité . On n'a jamais sculpté un pauvre homme dans cet état . M. Pigalle croirait qu'on s'est moqué de lui, et pour moi j'ai tant d'amour propre que je n'oserais jamais paraître en sa présence . Je lui conseillerais, s'il veut mettre à fin cette étrange aventure, de prendre à peu près son modèle sur la petite figure en porcelaine de Sèvres 2. Qu'importe, après tout, à la postérité qu'un bloc de marbre ressemble à un tel homme ou à un autre . Je me tiens très philosophe sur cette affaire . Mais comme je suis encore plus reconnaissant que philosophe, je vous donne sur ce qui me reste de corps le même pouvoir que vous avez sur ce qui me reste d'âme . L'un et l'autre sont fort en désordre, mais mon cœur est à vous, Madame, comme si j'avais vingt-cinq ans, et le tout avec un très sincère respect.
Mes obéissances, je vous en supplie, à Monsieur Necker .
21è mai 1770, à Ferney »
10:59 | Lien permanent | Commentaires (2)
20/05/2011
Elle démontre au roi que vous êtes un sujet fidèle, et à l'Eglise que vous êtes un homme très religieux
Rédigé le 1er juin 2011, pour édition le 20 mai 2011.
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http://www.deezer.com/listen-324132
« A Jean-François Marmontel
de l'Académie française
[vers le 20 mai 1767]
Mon cher ami, mon cher confrère, je viens de lire l 'Indiculum ridiculum 1. Vous devez aller remercier la Sorbonne en cérémonie . Elle a rassssemblé les pensées d'un grand écrivain et d'un grand citoyen . Elle démontre au roi que vous êtes un sujet fidèle, et à l'Eglise que vous êtes un homme très religieux . Il était impossible de travailler plus heureusement à votre justification et à votre gloire .
Votre ancien ami qui vous embrasse .
V. »
1 Indiculus propositionum ...: liste des propositions du Bélisaire de Marmontel condamnées par la Sorbonne . http://books.google.com/books?id=yEQGAAAAQAAJ&printse...
19:50 | Lien permanent | Commentaires (0)
nos idées ne dépendent pas plus de nous que notre digestion
Pour rompre mon sevrage jazzy : http://www.deezer.com/listen-9909701
De Rock, itou : http://www.deezer.com/listen-4993154
et http://www.deezer.com/listen-8918566
The four feathers, pour Volti qui en usa bien davantage (des plumes ! ) : http://www.deezer.com/listen-2243591
« A Théodore Tronchin
Lundi soir 20è mai 1765
Mon cher Esculape, vous êtes entouré de vos dévots et dévotes qui accourent dans votre temple d'Epidaure . Je mêle mes vœux aux leurs, mais je vous importune le moins que je peux . Je souffre sans me plaindre toutes les misères attachées à la décadence de mon âge, et à la faiblesse de ma constitution . La résignation vaut mieux que la prière .
Mme la duchesse d'Anville arrive . Je vous supplie de lui présenter ma lettre, et de faire valoir auprès d'elle tous les sentiments d'attachement et de respect que je lui conserverai tant que je serai en vie . Mon extrême faiblesse ne me permet pas d’aller à Genève . Si je pouvais y aller, ce serait assurément pour elle et pour vous .
Tachez d'avoir le temps de m'instruire en deux mots si Mme la duchesse de Châtillon vient dans votre temple . Toute ma petite famille vous encense avec moi, mon cher Esculape.
V.
J'apprends dans le moment, qu'un homme qui était chargé de deux grands ministères,1 va les quitter 2. Il restera toujours très grand seigneur . Je vous demande en grâce de me dire si vous croyez cette nouvelle . Je vous garderai le secret .
Il vient de m'arriver quelque chose de fort plaisant . Je vous ai écrit mon billet à plusieurs reprises . Je venais de me promener au soleil, la tête m'a tourné , j'ai été une demi-heure sans savoir ce que je faisais . Je me suis fait vomir un peu, j'avais pris de la casse le matin . Je me suis trouvé sans idée . J'ai voulu achever le dernier article de ma lettre et je n'ai pu en venir à bout . Mon pouls était fort élevé, j'avais une petite sueur, et ma vue était fort affaiblie .
Remarquez bien l'endroit de ma lettre que j'ai souligné ; j'avais mis deux mots qui ne signi[fi]aient rien du tout c'était Énolph, alnorph . Je voulais absolument continuer ma phrase, et je n'en pouvais venir à bout . J'ai pris le parti de me mettre dans mon lit, j'ai bu quelques gouttes d'eau fraiche . Enfin je suis revenu à moi, et j'ai été fort étonné de mon Énolph alnorph . Je l'ai fait effacer proprement, et j'ai mis quelque chose de raisonnable à la place ; mais ça n'a pas été sans peine . Cela me fait voir combien l'homme est peu de chose et que nos idées ne dépendent pas plus de nous que notre digestion . Mais il y a longtemps que j'en était convaincu .
Crescere sentimus pariterque senescer mentem. 3»
04:38 | Lien permanent | Commentaires (0)
19/05/2011
vous n'avez à redouter que l'ennui qui est essentiellement attaché aux procès
L'"ennui" ?
Méfiance, envers celui qui est si bien décrit ici : http://www.deezer.com/listen-2188725
Fichons lui, pour le moins, notre pied quelque part !!! Ah! Ah! Ah!!! Pour le prisonnier trans atlantique et médiatique, je souhaite l'ennui maximum .
« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy
Conseiller au Parlement
chez M. de Magnanville, garde du Trésor royal
rue Saint-Honoré à Paris
19è mai 1775
Mon cher ami, je suppose que tout est tranquille à Paris et aux environs 1, et qu'ainsi , je puis vous dire un petit mot de la très belle et très agréable fête que donna hier notre petite colonie, pour la convalescence de Mme Denis . Non seulement nous avions cavalerie et infanterie, canons, timbales, tambours, trompettes, hautbois, clarinettes, table de deux cents couverts dans le jardin 2, bals, mais compliments très jolis et très courts en vers et en prose, le tout suivi d'une petite comédie de proverbe . M. de Florian qui aime ces descriptions, et qui se porte mieux que moi, vous en dira davantage .
Tout ce que je puis vous dire, c'est que je vous aurais bien mieux aimé à cette petite fête qu'à votre chambre des enquêtes . On ne peut espérer de vous voir qu'aux vacances . Cela est fort triste pour les gens qui vous aiment .
Je vous dirai cette fois-ci encore un mot touchant votre protégé 3. Ce mot est qu'il faut absolument attendre les ordres de son maître 4, puisque nous avons mandé à ce maître que nous les attendrions . Toutes les affaires de ce monde sont hérissées d'épines . Je trouve votre situation une des plus heureuses, vous n'avez à redouter que l'ennui qui est essentiellement attaché aux procès .
Mme Denis et moi nous vous embrassons bien tendrement .
V. »
1 En rapport avec les émeutes suscitées par les réformes de Turgot ; voir lettre du 8 mai à de Vaines : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/13/en-criant-qu-ils-manquaient-de-pain-ils-ont-jete-deux-cents.html#more
2 A Christin, le 14 mai, il va même jusqu'à annoncer trois cents convives! Page 48 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80042j/f53.image.r=.langFR
4 Frédéric II ; voir lettre du 15 février : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/17/et-cependant-cela-joue-encore-un-role-dans-l-europe.html#more
01:41 | Lien permanent | Commentaires (0)
18/05/2011
Je vous recommande, à vous et à mes respectables confrères, les vingt quatre lettres de l'alphabet
Dites-le en chantant ...
http://www.deezer.com/listen-6863684
http://www.deezer.com/listen-6863681
http://www.deezer.com/listen-6863679
http://www.deezer.com/listen-6863683
http://www.deezer.com/listen-6863677
« A Jean Le Rond d'Alembert
[18 mai 1778]
Mon très cher secrétaire et maître perpétuel, je voulais courir à l'Académie . Deux maladies cruelles me retiennent . Je vous recommande, à vous et à mes respectables confrères, les vingt quatre lettres de l'alphabet 1.
V. »
1 Pour les propositions faites par V* , concernant la conception du Dictionnaire et l'organisation du travail, voir lettre du 30 mars à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/03/30/je-tacherai-de-bien-voir-de-faire-bien-voir-et-de-commencer.html
00:56 | Lien permanent | Commentaires (0)
17/05/2011
Je suis persuadé qu'il ne s'est jamais cru coupable ; s'il l'avait été serait-il revenu en France ?
La réponse est : oui !
Là, vous vous doutez bien que je ne parle pas de ce malheureux Lally Tollendal, mais d'un certain Français qui fait la honte de ses compatriotes . Oui, j'ai l'intime conviction que ce Dirty Silly Keutard est coupable , qu'il est assez faux-cul pour le nier, assez lâche et imbu de lui-même pour se croire au dessus des lois . J'ai détesté cet individu, avocat qui déshonore sa profession, dès son inqualifiable faux en écriture pour justifier une note d'honoraires de 500 000 Francs ; cet homme là est un récidiviste dans le mensonge, et fort capable de nier mordicus pris la main dans le sac .
En son temps , j'avais été outré que des "intellectuels" trouvent indigne que Roman Polanski soit arrêté et privé de liberté pour abus sexuel lointain , trop lointain selon eux pour justifier cette arrestation logique . De même j' ai, ce que certains vont appeler un préjugé défavorable contre Dirty Silly Keutard .
Qui va pleurer pour lui ?
Au fait, avez-vous, comme ça, sans réfléchir, sans faire un casse chez votre banquier, un million de dollars ? Avez-vous le confort qu'apporte la fortune pour vous défendre en justice ?
Toujours justice/injustice à deux vitesses ! Qui saura me prouver le contraire ?
« M. le maréchal duc de Richelieu
A Ferney , 17 mai [1766]
Je reçois la lettre du 1er mai, dont mon héros m'honore . M. le chevalier de Beauteville m'a dit qu'avant de partir pour votre royaume de Bordeaux vous lui aviez dit que vous le chargeriez de vos ordres pour moi ; mais la lettre dont vous me parlez ne m'est jamais parvenue, et il faut qu'on l'ai oubliée dans votre déménagement .
Que vous êtes heureux, Monseigneur, de pouvoir toujours courir ! et que je suis à plaindre de ne pouvoir au moins me trouver sur votre route !
Je suis bien fâché pour le public, et pour les beaux-arts que vous protégez, de voir le théâtre privé de Mlle Clairon, lorsqu'elle est dans la force de ses talents . J'y perds plus qu'un autre, puisqu'elle faisait valoir mes sottises ; mais elle m'a mandé que , puisqu'on ne voulait pas confirmer la déclaration de Louis XIII en faveur de vos spectacles, et encore moins la fortifier de quelques nouvelles grâces, elle ne pouvait plus cultiver un art trop avili . Elle a renoncé à l'excommunication, et moi aussi, j'ai pris mon congé . Il n'y a que vous qui restiez excommunié, puisque vous restez toujours le premier gentilhomme de la chambre, disposant souverainement de l’œuvre de Satan . Il est clair que celui qui les ordonne est bien plus maudit que le pauvres diables qui les exécutent . Il est plaisant qu'un comédien soit mis en prison s'il refuse de jouer, et soit damné s'il joue ; mais vous devez être accoutumé aux contradictions de ce monde .
Je n'ai encore vu aucun mémoire pour ou contre ce pauvre Lally . Je le connaissais pour un Irlandais un peu absurde, très violent, et assez intéressé ; mais je serais extrêmement étonné s'il avait été un traître comme on le lui reproche . Je suis persuadé qu'il ne s'est jamais cru coupable ; s'il l'avait été serait-il revenu en France ? il y a des destinées bien singulières . Ce globe est couvert de folies et de malheurs de toute espèce .
De toutes les folies, la plus ennuyeuse est celle des Genevois ; cette folie n'était certainement pas trop dangereuse ; ce n'est qu'une dispute de gens qui argumentent les uns contre les autres, et il faut que trois puissances envoyent des ambassadeurs pour interpréter trois ou quatre passages de leurs lois . On leur a fait bien de l'honneur, ils ressemblent à cet homme des fables d’Ésope qui priait Hercule de lui prêter sa massue pour écraser ses puces .
Continuez, mon héros à vous moquer du genre humain ; il le mérite bien . Moquez-vous aussi de moi quelquefois ; mais conservez-moi des bontés qui adoucissent la fin de ma carrière, et qui me rendent heureux dans ma retraite . Je finirai mes jours comme il y a plus de quarante ans que je les passe, pénétré pour vous de respect et du plus tendre attachement . »
12:48 | Lien permanent | Commentaires (0)