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28/05/2012

On ne peut mieux prendre son temps pour être dévot

... Que le lundi de Pentecôte !

Esprit (saint dans un corps sain ou inversement) es-tu là ?

Si oui, tire la langue (de feu, même si je ne fume plus depuis belle lurette) et donne moi le don des langues (étrangères, surtout si elles sont dans des corps agréables ) .

 

 

 

« A M. DE CIDEVILLE.

A Monrion, près Lausanne, 19 février [1756]

L'oncle et la nièce font mille compliments aux deux philosophes de la rue Saint-Pierre; ils envoient à M. l'abbé du Resnel 1 ce petit sermon qui leur est tombé entre les mains, et qui pourra les amuser en carême. On ne peut mieux prendre son temps pour être dévot. Mais M. l'abbé du Resnel et M. de Cideville seront encore plus persuadés de l'attachement des deux ermites que de leur dévotion 2.

Brisons ma lyre et ma trompette;
Laissons les héros et les rois
Je ne veux chanter qu'Henriette,3
Qu'elle seule anime ma voix.


Muses, désormais, pour écrire,
Je n'ai besoin que de mon cœur;
Mais vous justifierez l'auteur,
Si l'indiscret ose en trop dire.

Eh ! pourquoi craindre que l'Altesse
S'offense des plus tendres soins?
Faut-il, parce qu'elle est princesse,
Que qui la voit l'en aime moins?

Était-ce un crime volontaire
Que de se rendre à tant d'appas?
Mon droit d'aimer ne vient-il pas
D'où lui venait celui de plaire?

Quand on voit l'aimable Henriette,
L'indifférence disparaît;
Quelque respect qui nous arrête,
Est-on maître de son secret?

Les égards que le rang impose
N'étouffent point le sentiment:
Ils font qu'on l'exprime autrement,
Et ne changent rien à la chose.
 »

1 Jean-François du Resnel du Bellay : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Du_Resnel...

2 Ici se termine, dans l'original autographe, le billet d'envoi du Poeme sur le Désastre de Lisbonne, à Cideville et à du Resnel. Quant aux vingt-quatre vers imprimés par nos prédécesseurs, comme y faisant suite, ils sont écrits d'une écriture grosse et assez laide sur les seconde et troisième pages de la lettre. Cette écriture ne m'a pas semblé être celle de Cideville; peut-être est-ce celle de Mme Denis. Dans tous les cas, j'ignore si ces vers, adressés à une princesse Henriette, sont du chantre de Henri. (CL.)

3 Cette princesse Henriette ne serait-elle pas Louise-Henriette de Bourbon-Conti, mariée au duc d'Orléans en 1743 et qui mourra en 1759 ?

 

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