17/03/2021
Ce matin quatre citoyens m'ont fait dire qu'ils voulaient me parler ; je leur ai envoyé un carrosse, je leur ai donné à dîner, et nous avons discuté de leurs affaires
... Si seulement c'était vrai, Roselyne ! (Bachelot, précisément "ministre de la Culture" ! sic. ). Non seulement tu ne fais rien de concret, mais en plus tu te permets des jugements de valeur absolument indignes , incapable en plus d'affronter ceux que tu te glorifies d'aider financièrement et qui ne demandent que d'exercer leurs métiers d'artistes . Avoue que tu n'es dans ce gouvernement que la cinquième roue du carrosse, béni-oui-oui d'offfice , grosse tête de marionnette de foire . "Cette soirée n'a pas été utile au cinéma ...": tu ne crois pas si bien dire, il y a eu d'un côté des acteurs, des vrais, et de l'autre ta vanité vexée et ta vacuité insondable : https://actu.orange.fr/politique/roselyne-bachelot-etrille-la-ceremonie-des-cesar-un-meeting-politique-a-l-antipathie-incroyable-magic-CNT000001xNZ1k.html
Chapeau bas à Corinne Masiéro ! Rassurez-vous, vous n'êtes pas en "état de ruine" , même si Morandini , franc comme un âne qui recule, fait caviarder vos seins et sexe .
https://www.rtl.fr/culture/cine-series/cesar-2021-corinne...
« A Pierre Lullin Conseiller Secrétaire
d’État
à Genève
Jeudi au soir 21è novembre 1765 à Ferney 1
Monsieur,
Ce matin quatre citoyens m'ont fait dire qu'ils voulaient me parler ; je leur ai envoyé un carrosse, je leur ai donné à dîner, et nous avons discuté de leurs affaires .
Je dois d'abord leur rendre témoignage qu'aucun d'eux n'a laissé échapper un seul mot qui pût offenser les magistrats . Je ne crois pas qu'il soit impossible de ramener les esprits, mais j'avoue que le conciliation est fort difficile . Il y a des articles sur lesquels il m'a paru qu'ils se rendraient 2; il y en a d'autres qui demandent un homme plus instruit que moi, et plus capable de persuader . J'avais imaginé un tempérament qui semblait assurer l'autorité du Conseil, et favoriser la liberté des citoyens ; je vous en ferai part quand je pourrai avoir l'honneur de vous entretenir . Vous serez du moins convaincu que je n'ai profité de la confiance qu'on a bien voulu avoir en moi, que pour établir la concorde 3. Mes lumières sont bornées, mes vœux pour la prospérité de la République ont plus d'étendue .
Je vous supplie, monsieur, d'assurer le Conseil de mon zèle et de mon très respectueux dévouement, et de croire que j'aurai toujours l'honneur d'être avec les mêmes sentiments
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Desnoiresterres donne une version incomplète .
2 On a tous les renseignements possibles, intéressants, sur cette entrevue dans une lettre de Pierre Lullin à Jean-Pierre Crommelin du 22 novembre 1765 : « De Genève du vendredi 22 novembre 1765 . / Monsieur,/ Je dois vous informer de quelques conversations que vous avons eues avec M. de Voltaire, que le Conseil m'a ordonné de vous mander, présumant que M. le duc de Praslin pourrait en avoir connaissance, et dont vous ne parlerez point le premier . / Je reçus le 27 du mois dernier une lettre de M. de Voltaire, dans laquelle après m’avoir dit un mot de l'affaire des dîmes, il ajoutait :
« Je me suis toujours fait, monsieur, un honneur et un devoir … [http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/02/21/si-vous-pouvez-vous-echapper-quelques-moments-et-venir-diner-6298986.html ] » / +
« J'eus l'honneur de lire au Conseil cette lettre, dont je reçus l'ordre d'aller à Ferney ; il y avait déjà quelque temps qu'on parlait beaucoup des visites que les représentants faisaient à M. de Voltaire . On présuma qu'il voulait m'en entretenir . Je me rendis à Ferney le 30, je lui dis que j'avais préféré d'avoir l’honneur de le voir, que Messeigneurs informés de ses sentiments pour eux m'avaient chargé de lui exprimer leur sensibilité . Il me dit d'abord avec une grande effusion de cœur qu'il était plein de respect pour le Conseil et qu'il désirait qu'il fût persuadé de son dévouement et de son zèle pour tout ce qui peut intéresser l’État ; qu'on l’avait calomnié dans le public et représenté comme ayant des liaisons intimes et dangereuses avec les représentants et qu'il espérait que le Conseil n'aurait ajouté aucune créance à ces bruits , qu'il était vrai que ne pouvant refuser sa porte à personne il avait reçu la visite de De Luc fils accompagné de Vieussieux, que le sujet ou le prétexte de cette visite fut le désir qu'avait De Luc de connaître par lui-même les titres qui étaient au château de Ferney, qui prouvaient que ses ancêtres avaient possédé cette terre ; qu'après l'avoir satisfait là-dessus la conversation était naturellement tombée sur nos dissensions et sur Rousseau ; qu'ils lui témoignèrent leur crainte sur l'abus du droit négatif, qu'il leur répondit qu'elle était chimérique, que la crainte des abus à venir portait à tout, parce qu'il est possible d'abuser de tout, qu'il fallait se reposer sur la sagesse du Conseil, qui lui paraissait bien éloigné d’abuser de son autorité, qu'il lui avait paru faible dans sa conduite vis-à-vis Rousseau : que la continuation des dissensions lui paraissait tendre à une médiation, ce qui était un pas vers la servitude, qu'il leur dit que tant qu'ils suivraient les directions de Rousseau, il ne pourrait leur taire qu'ils serait regardés à la cour de France comme des rebelles et des séditieux, que Rousseau y était en abomination . Ils l'assurèrent qu'ils ne suivaient plus ses conseils . Il leur répondit qu'ils ne le connaissaient pas, qu'il avait le cœur noir, qu'il se bornerait à leur en citer un exemple qui le concernait ; qu'il avait écrit il n'y a pas longtemps : « Si vous avez dit que je n'étais pas secrétaire d'ambassade à Venise, vous en avez menti et si je ne l'ai pas été vous pouvez me dire que c'est moi qui en ai menti » ; que pour s'assurer de la qualité de Rousseau il avait écrit pour avoir du bureau ce qui pouvait le concerner, qu'on lui avait envoyé la copie de trois lettres que Rousseau avait écrit à M. Du Theil, premier commis du bureau des Affaires étrangères en 1741, dans lesquelles en se plaignait de l’ambassadeur, il dit qu'il mange son pain, qu'il était à ses gages, et qu'il était son secrétaire, qu'il s'était brouillé avec lui pour le règlement d'un compte, qu'il avait eu peur qu'il ne le jetât par la fenêtre, et qu'il l'avait menacé de coups de bâton : qu'il leur avait lu ces lettres, et il me les fit lire.
« Il me dit ensuite qu'on accusait le Conseil d'être la cause des ordres que le canton de Berne avait donné à Rousseau de se retirer . Je l'assurais que le Conseil n'avait jamais rien écrit à aucune puissance sur le compte de Rousseau . Il ajouté qu'on l'accusait d'avoir écrit un mémoire adressé à M. le duc de Praslin contre le magistrat, qu'on pouvait s'informer si ce fait n'était pas faux, que toutes les fois qu'il avait écrit, c'était d'une manière favorable au Conseil . Il s'étendit ensuite sur la folie qu'il y avait d'imaginer qu'il pût se lier avec les représentants dans des vues défavorables au Conseil , qu'il fait trop de cas de son estime et de celle de tous ses amis pour avoir de semblables desseins . Tout ceci fut dit de manière que je compris qu'il avait fortement désiré de s'expectorer avec moi . Il me pressa de garder le secret et invita le Conseil à en faire de même . Il me dit qu'il se trouvait dans une position telle qu'il pouvait rendre au Conseil des services importants dans l'occasion qu'il regardait comme très prochaine, mais qu'il ne fallait pas s'effaroucher si on voyait aller quelques-uns des principaux chez lui, qu'ils le regardaient comme une personne neutre, qu'ainsi ce qu'il pourrait leur dire ferait plus d'effet que ce qui partirait de tout autre , que le Conseil pouvait prendre confiance en lui, qu'il ferait ce qu'il désirerait, qu'il lui était entièrement dévoué et il m'en donna pour preuve qu'on lui avait écrit de se séparer de la République pour l'affaire des dîmes, qu'il n'avait pas voulu le faire présumant qu'on voulait peut-être lui être favorable et nous condamner . Je le remerciai beaucoup de ses dispositions, l'assurant que j'en informerais le Conseil.
« Je me trouvai seul ensuite avec Mme Denis qui me dit qu'elle désirait me parler depuis quelque temps et elle m'informa que lorsque son oncle quitta les Délices Chapuis, De Luc et d'autres allèrent lui témoigner leurs regrets de ce qu'il quittait le territoire de la République . Ils parurent parler au nom des citoyens qui se flattaient de n'avoir en rien contribué à cette retraite ; elle me dit qu'elle ne pouvait dissimuler que le brûlement du Dictionnaire philosophique avait affecté son oncle, que cependant elle l'avait calmé en lui représentant que le Conseil était gêné dans ses délibérations par les ménagements qu’il doit avoir pour le Consistoire et par l'égalité qu'il doit observer dans ses jugements ayant brûlé Émile : elle me réitéra les sentiments de son oncle pour la République et elle m’assura qu'il avait été très fâché des bruits répandus contre lui . Elle pense que les visites de M. De Luc et autres n'avaient pour but que de se rendre son oncle favorable dans le cas de l'appel de la médiation et elle me dit qu'elle tenait de lieu sûr que si on était obligé d'y recourir, l'intention de la Cour était de se tenir radicalement au premier ouvrage .
« Sur mon rapport j'eus ordre de me rendre à Ferney et de dire à M. de Voltaire que le Conseil avait une véritable satisfaction de ses sentiments, persuadé qu'il était qu'il lui rendrait service dans toutes les occasions . Mes ordres portaient de le sonder, sans cependant rien avouer qui pût lui faire croire que le Conseil voulût le charger d'aucune proposition .
« La veille de mon départ M. de Voltaire avait envoyé à M. le conseiller Jacob Tronchin une lettre ,dans laquelle après lui avoir manifesté ses sentiments pour sa famille à l'occasion du libelle, et son attachement à la constitution du gouvernement, il dit, « que voyant avec douleur les jalousies et les divisions qui règnent il propose une entrevue dans un dîner à sa campagne entre deux magistrats des plus conciliants et deux des plus sages citoyens à laquelle on pourrait inviter un avocat auquel les deux partis auraient confiance », et il finit en invitant M. Tronchin à y aller avec M. le conseiller Turretin au cas que sa proposition ne pût avoir lieu . MM. les syndics à qui M. Tronchin communiqua cette lettre, lui ordonnèrent de lui répondre qu'il la leur avait communiquée et qu'ils y réfléchiraient : on n'en dit rien d'abord au Conseil, on me mit dans la confidence . On m'ordonna de feindre d'ignorer le contenu de cette lettre et je me rendis à Ferney le lendemain 14 de ce mois ; j'informai M. de Voltaire que j'avais rendu compte au Conseil de notre précédente conversation et que j'avais eu ordre de lui témoigner de nouveau la sensibilité du Conseil aux sentiments qu'il m’avait exprimés. Il me réitéra les assurances de son dévouement et il me dit, qu'il avait écrit à M. Tronchin et s'il ne m’avait pas communiqué sa lettre ; je lui dis que je l'ignorais entièrement , il en parut un peu surpris et tout de suite il me dit : « Il y a beaucoup de mécontentement et d’aigreur, il faut chercher quelques moyens qui puissent contenter les représentants . Il vaut mieux le faire par vous-même que par autrui. M. le duc de Praslin a bien connaissance que le roi a été médiateur, mais il ne connait point votre constitution . » Je le trouvai tout occupé de la lecture des lettres populaires et d'un manuscrit que mes yeux ne purent lire étant un peu éloigné de lui ; « J'ai beaucoup réfléchi, dit-il, sur les moyens de concilier vos différends et j'imagine qu'on pourrait contenter les représentants en trouvant un expédient qui donnât de l'efficace aux représentations mais qui les rendît extrêmement rares . Pour cela je pense qu'il faudrait fixer le nombre de représentants, leur âge et leur qualité afin que le Conseil y ait égard . Si on poussait ce nombre jusqu'à 6 ou 700, je doute qu'il fût aisé de persuader un si grand nombre de citoyens à moins que le grief ne fût évident » ; je lui répondis que ce moyen altérerait notre constitution, qu'il n'était pas si difficile qu'il l'imaginait de réunir 6 à 700 bourgeois, que telles étaient les liaisons qu'occasionnaient les cercles, les fabriques et le commerce, qu'un chef, pour peu qu'il soit accrédité, peut faire appuyer ses griefs prétendus par ce nombre de citoyens et même par un plus grand, qu'ainsi l'expédient proposé irait toujours à faire porter au Conseil général les fantaisies d'un homme en tête de la démocratie . Il me parut sentir la force de cette réflexion, il n’insista pas, il ne me dit rien de plus et je partis .
« MM. les syndics informèrent le Conseil de la lettre de M. de Voltaire et l'avis fut que M. Tronchin irait à Ferney où après avoir exprimé à M. de Voltaire les sentiments du Conseil pour lui, il lui dirait qu'il jugeait n'avoir pas le droit de transiger sur la constitution du gouvernement de la République, qu'ainsi l'entrevue qu'il proposait, ne pourrait aboutir à rien . M. Tronchin fut chargé de l'en détourner le plus poliment qu'il pourrait . M. Tronchin est allé à Ferney le 20, M. de Voltaire a bien pris la résolution du Conseil et il a dit que dans toute cette affaire il ne voulait être que le cabaretier . Il parla encore de la proposition qu'il m'avait faite, et il dit qu'il aurait fallu mettre par écrit l'explication de huit ou dix lois qui tiennent le plus au cœur des représentants, qu'on aurait confirmé le droit négatif pour le reste ; quelques-uns le sont allé voir lundi dernier et ils lui ont manifesté leur intention de n'élire aucuns magistrats qui n'aient obtenu leur demande , qu'ils voulaient absolument M. Trembley pour procureur général ou point . J'ai l'honneur d'être / monsieur votre très humble et très obéissant serviteur/ Lullin/ Conseiller et secrétaire d’État ».
Certains conclurent de cette lettre que les efforts de conciliation de V* se réduisent à animer les « citoyens » contre Rousseau .
3 Le Conseil, ayant reçu communication de la lettre de V* à Jacob Tronchin et d'une autre similaire (non retrouvée), fut d'avis , le 25 novembre 1765, que « ledit noble Lullin doit aller chez le sieur de Voltaire et lui répondre le plus honnêtement qu'il pourra que le Conseil n'est en aucune façon disposé à transiger sur la constitution du gouvernement de la République et qu'il rompe aussi civilement qu'il sera possible toute négociation . »
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