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02/04/2022

On dit que les ambassadeurs sont des espions honorables ... le meilleur ministre est toujours celui qui fait aimer son maître

... Voilà deux corps qui ont des qualités et des défauts, mais quel homme public ne serait-il que qualités ? On  fait avec .

On a vu dans l'histoire actuelle la valse à l'envers des diplomates "honorables" [sic] . On voit aussi la discrétion des ministres d'Emmanuel Macron, qui ne peut compter que sur lui-même (c'est déjà pas mal ! ) : il vient de faire son one man show , et a encore failli se faire exploser les cordes vocales ( mais personne au buzzer ne s'est retourné ) .

https://www.20minutes.fr/elections/presidentielle/3262783...

 

 

« Au prince Dmitri Mikhailovitch Golitsin

31 décembre 1766 à Ferney par Genève

Monsieur,

Je n'ai reçu aucune lettre de Votre Excellence depuis plus de six mois . La dernière lettre dont Sa Majesté impériale m'a honoré est du 9 juillet 1766 . J'ai répondu exactement à M. le général de Betzky 1. J’ai remercié Sa Majesté impériale de toutes ses bontés pour les Sirven . J’ai admiré , j'ai béni sa générosité envers M. Diderot, et tous les grands exemples qu'elle donne à l'Europe . On dit que les ambassadeurs sont des espions honorables . Je sais , monsieur, que vous êtes l'espion du mérite et de l'infortune . Vous les cherchez pour leur procurer des bienfaits . C'est là votre principal ministère . C'est vous, monsieur, qui fournissez à votre auguste impératrice les occasions de signaler sa grandeur d'âme . Louis XIV, en répandant des bienfaits sur les gens de lettres de l'Europe, fit beaucoup moins que votre souveraine . Il se fit indiquer le mérite, mais l'impératrice l'a connu par elle-même ; elle n'a écouté son grand cœur qu'après avoir consulté son esprit . Je lui souhaite un règne aussi long qu’elle le rend glorieux . Où est le temps que je n'avais que soixante et dix ans ? J’aurais couru l'admirer . Où est le temps que j'avais encore de la voix ? Je l'aurais chantée sur tout le chemin du pied des Alpes à la mer d'Archangel .

M. Thomas, vous qui êtes jeune, et qui avez meilleure voix que moi, vous avez déjà célébré Pierre Ier en trois chants ; je vous en demande un quatrième pour Catherine seconde .

Jouissez longtemps, monsieur le prince, de l'honneur que vous avez de la représenter ; vous faites plus, vous lui ressemblez : le meilleur ministre est toujours celui qui fait aimer son maître .

Daignez me mettre aux pieds de cette héroïne, et agréez le profond respect avec lequel j’ai l'honneur d'être, etc.

Voltaire . »

tout ira bien pour votre république

... Telle est l'affirmation des cabinets de conseil à nos ministres et président , si tant est qu'on puisse les croire fiables . Or, McKinsey, pour ne citer que lui, confirme le dicton "les conseilleurs ne sont pas les payeurs", se contentant de toucher le pactole étatique, sans payer un fifrelin au fisc  : https://www.france24.com/fr/france/20220331-mckinsey-l-af...

Il est vrai que nous vivons une époque où le recours aux "coachs" explose, humains ou robotiques, conseillers de tout poil en tout domaine, bien dans la lignée des assujettis aux joujoux connectés . On râle quand on impose le pass-vaccinal, et dans le même temps on suit les dictats des applis de son I-phone . Ridicule .

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[31 décembre 1766]

Voilà qui va bien, mon cher Caro, pour votre édition ; et tout ira bien pour votre république . Monsieur l'ambassadeur couche encore ce soir chez moi 1 .

J'ai beaucoup corrigé aux dernières feuilles . Je vous prie de les revoir avec la plus grande attention, car on ne peut plus les rapporter chez moi . Je compte que vendredi vous pourrez envoyer, vendredi, deux exemplaires couverts de satin cramoisi à M. le duc de Choiseul, et deux à M. le duc de Praslin ; et à moi une douzaine brochés . »

1 Le 30 décembre 1766, Beauteville annonce son retour à Soleure, dans une proclamation commençant par « Le roi mon maître, instruit de la réjection du plan de conciliation » ; il quitte Genève le jour même et passe les deux dernières nuits de l'année à Ferney . Le 30 également, le Conseil de Genève décide « de lui écrire pour le remercier et de lui témoigner la vive sensibilité du Conseil de tous les bons offices qu'il a passés en faveur de la République , et lui en demander la continuation . »

faites mes compliments au petit nombre de gens qui pensent

... Ce qui exclut automatiquement les aficionados d'Eric Zemmour , décérébrés de première classe .

 

 

« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin fils, Avocat en

Parlement à Saint-Claude

31è décembre 1766

Je vous souhaite la bonne année, mon cher philosophe, faites mes compliments au petit nombre de gens qui pensent ; venez nous voir quand vous pouvez pour une affaire bien importante ; il doit vous arriver de la part de Fantet une caisse de livres, je vous prie de la garder jusqu'à ce que j'aie eu la satisfaction de vous entretenir.

Je vous embrasse bien tendrement.

V. »

avant ma mort, j’aurai la funeste consolation de rendre les persécuteurs exécrables

... Et ce serait extraordinaire si cela les faisait disparaitre de la surface de notre globe *.

NDLR - En toute modestie .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

29 décembre [1766} , à midi

Je vous ai déjà écrit ce matin 1, mon cher ange, à vous seul comme toutes les précédentes.

Il n’est plus question de faveur , ce nouveau mémoire que j’envoie à monsieur le vice-chancelier 2, et dont voici la copie, doit convaincre que nous ne demandons que la plus exacte justice.

Si on saisit l’équipage de Mme Denis, si on lui fait racheter son carrosse et ses chevaux pour avoir introduit dans le royaume des livres abominables, elle est déshonorée dans la province et ne peut plus y rester. Il serait horrible qu’un commis de bureau fût récompensé pour avoir prévariqué 3, et qu’une femme qui mérite de la considération fût flétrie . Il ne lui resterait que d’aller m’enterrer dans les pays étrangers . Mais avant ma mort, j’aurai la funeste consolation de rendre les persécuteurs exécrables.

Il ne s’agit au bout du compte que de colportage, et ni madame Denis, ni moi, ne pouvons être des colporteurs. Je sais bien qu’en France, sur un simple soupçon souvent absurde, on peut perdre un honnête homme , et même un homme qui mérite des ménagements. Encore une fois, mon cher ange, voici le mémoire sur lequel il faut insister.

Mais le point préalable, le point nécessaire, c’est de faire chasser sans délai le nommé Jeannin, contrôleur du bureau de Saconnex, près de Genève, et de s’adresser pour cela à M. de Courteilles ou à qui vous jugerez à propos . C’est ce que je vous dis dans une autre lettre du 29, sous le couvert de M. le duc de Praslin.

Pardon de tant de lettres, mais on ne peut s’expliquer qu’avec des paroles.

Comptez que ma douleur n’est pas le plus vif de mes sentiments. »

2 Ce mémoire n'est pas connu, mais on possède « l'addition » qui y est jointe le 11 janvier 1767 . On la trouve en note de la lettre du 7 janvier 1767 à d'Argental « Addition au mémoire envoyé à Mgr le vice-chancelier le 29è décembre 1766 par la dame Denis de Ferney au sujet de la saisie de son équipage à Collonges », signé et daté de la main de V* qui ajoute en marge : « Nota qu'ils n'avaient point de droit de visiter puisque le plomb n'est mis que pour assurer qu'on ne mettra point d'autres effets, et que le tout sera visité à l'arrivée à la douane. »

Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/04/correspondance-annee-1767-partie-3.html

3 Exemple frappant de la façon dont V* peut juger les gens en fonction de ses rapports avec eux .