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10/05/2022

nous avons une guerre cruelle avec les Genevois. Notre armée s’est déjà emparée de plus de douze bouteilles de vin et de six pintes de lait qui passaient aux ennemis

... Vive la douane ! [sic]

Dans le même temps, des milliers de Suisses, genevois et vaudois, achètent des terres et immeubles dans le pays de Gex qui est de plus en plus méconnaissable, bétonné à n'en plus savoir que faire .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

18 de janvier [1767] 1

Je ne peux jamais vous écrire que par ricochet, mon cher philosophe ; nous avons une guerre cruelle avec les Genevois. Notre armée s’est déjà emparée de plus de douze bouteilles de vin et de six pintes de lait qui passaient aux ennemis. Tout le poids de la guerre est tombé sur nous. Nous n’avons pas, à la lettre, de quoi faire du bouillon.

Il n’est pas physiquement possible que le sieur Regnard 2 donne vingt-cinq louis d’or d’un discours 3 académique, dont on vend d’ordinaire cent exemplaires tout au plus.

Voici des vers à la louange de Vernet 4, qu’on m’a confiés. On parle d’un poème sur la guerre de Genève, qui ne sera pas aussi long que la Secchia rapita, mais qui doit être plus comique.

Je fais d’avance mille tendres compliments à M. Thomas 5. Fourrez-moi beaucoup de ces gens-là dans l’Académie, quand vous en trouverez.

J’adresse à l’abbé d’Olivet une petite réponse 6 à sa prosodie ; il doit vous la remettre : il y est beaucoup question de votre correspondant du Brandebourg. Quand votre correspondant du mont Jura pourra-t-il vous embrasser ? »

1 Edition de Kehl ; Renouard ajoute le second paragraphe .

2 Antoine-Louis Regnard, imprimeur des travaux de l’Académie française.

3 Il s’agit du Discours sur les avantages de la paix et les inconvénients de la guerre, par La Harpe.

4 Éloge de l’hypocrisie : voir lettre du 13 janvier 1767 à Frédéric II de Hesse-Cassel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/05/06/je-prends-la-liberte-de-vous-envoyer-pour-vos-etrennes-un-pe-6380481.html

5 Reçu à l’Académie française le 22 janvier 1767..

sur-le-champ nous mettrons la main à l’œuvre, et tout sera en règle

... Promesse présidentielle, exécutable par un gouvernement encore fantôme à cette heure . A suivre ...

J-22 : François Rude, Le départ des Volontaires de 1792, dit  La Marseillaise.  En 1833, l’État commande à François Rude le décor d’un des piliers de l’Arc de Triomphe de Paris. Le groupe sculpté, qui prend pour thème un épisode de la Révolution, est le chef-d’œuvre de l’artiste. On en connaît plusieurs maquettes qui témoignent des différents stades de création. Sur celle de Dijon, les personnages semblent avoir trouvé leur place définitive au sein de la composition. Le Génie de la Patrie harangue les soldats volontaires d’un cri qui lui déforme le visage, tandis que le groupe de soldats forme déjà une masse compacte et dynamique. Sophie Rude, peintre et épouse de l’artiste, a servi de modèle à cette figure, très vite surnommée La Marseillaise. Certains détails diffèrent de la version finale : le guerrier central est nu et casqué, il sera finalement vêtu d’une armure romaine, cheveux au vent. Photo musée des Beaux-Arts de Dijon/François JAY

Nous n'avons rien à cacher ! en avant !

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence, etc.,

à Angoulême

17è janvier 1767 1

Je vous écris, mon cher marquis, mourant de froid et de faim, au milieu des neiges, environné de la légion de Flandre et du régiment de Conti, qui ne sont pas plus à leur aise que moi.

J’ai été sur le point de partir pour Soleure, avec monsieur l’ambassadeur de France . J’avais fait tous mes paquets. J’ai perdu dans ce remue-ménage l’original de votre lettre à M. le comte de Périgord 2. Je vous supplie de me renvoyer la copie que vous avez signée de votre main ; et sur-le-champ nous mettrons la main à l’œuvre, et tout sera en règle.

Les Genevois paieront, je crois, leurs folies un peu cher. Ils se sont conduits en impertinents et en insensés . Ils ont irrité M. le duc de Choiseul, ils ont abusé de ses bontés, et ils n’ont que ce qu’ils méritent.

M. Boursier ne peut vous envoyer que dans un mois, ou environ, les bouteilles de Colladon 3 qu’il vous a promises. Ces liqueurs sont fort nécessaires pour le temps qu’il fait ; elles doivent réchauffer des cœurs glacés par huit ou dix pieds de neige qui couvrent la terre dans nos cantons.

Conservez-moi votre amitié, mon cher marquis ; la mienne pour vous ne finira qu’avec ma vie. »

1 Date complétée par d'Argence sur le manuscrit .

2 Voltaire en a déjà parlé dans la lettre à d'Argence du 8 décembre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/08/s...

pour vous, pour vos deux maris, et pour M. François, ma chère enfant, ma belle dame, mon aimable pâté

... Dédicace d'un célèbre inconnu à Ségolène ?

 

 

« A Marie-Jeanne Pajot de Vaux, maîtresse

des comptes

à Lons-le-Saulnier

Franche-Comté 1

16è janvier 1767 à Ferney

Ma lettre sera pour vous, pour vos deux maris, et pour M. François ma chère enfant, ma belle dame, mon aimable pâté ; et cette lettre arrivera quand il plaira aux vingt ou trente pieds de neige qui couvrent les montagnes laisseront un chemin libre 2.

M. de Vaux a dû recevoir la lettre de M. le vice-chancelier et celle de M. le duc de Choiseul . J'espère que si je vis encore deux ans je ne mourrai pas sans finir votre affaire que je regarde comme la mienne .

Je vous embrasse tous du meilleur de mon cœur ;

V.

Nous sommes entourés de troupes comme de neige, nous manquons de tout, le commerce est interrompu . C’est nous qui sommes punis des sottises des Genevois . »

 

1 Épouse de Claude-Ignace Pajot de Vaux .Voir page 39 : https://books.openedition.org/pufc/3160?lang=fr

2 Wagnière semble n'avoir pas remarqué que V* en dictant a modifié , peut-être à son insu, la construction de la phrase .