05/02/2015
je m'intéresse au pays de Gex, et je crois que de toutes les provinces de France , c'est sans contredit la plus mal gouvernée
... Fort heureusement, ceci n'est pas exact à ce jour !
La preuve ?
https://www.youtube.com/watch?v=nyF_OdtzN3A
Pas tout à fait , il en est qui savent danser sur les volcans . Et l'un de ceux-ci est la loi fédérale suisse qui contingente les travailleurs frontaliers, un autre est la cherté du franc suisse qui grève le budget des communes gessiennes . A suivre ...
« A Louise-Suzanne Gallatin-Vaudenet
à Genève
[janvier-février 1760]
Mme Denis vous est bien obligée, notre très chère voisine . Sa maladie n'est qu'un mal de dents ; je ne vois pas ce que je pourrais faire pour votre protégé, je serais fort aise de lui procurer quelque place, je voudrais que personne ne succédât à celle qu'on lui a ôtée, nous avons beaucoup trop de commis et pas assez de laboureurs , je m'intéresse au pays de Gex, et je crois que de toutes les provinces de France , c'est sans contredit la plus mal gouvernée ; j'ai grande impatience, ma chère voisine, de vous présenter mes respects ce printemps dans ma petite retraite de Tournay, qui deviendra assez agréable, mais moins par les embellissements que j'y fais que par votre voisinage .
V. »
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04/02/2015
et vale
...Iame /Au revoir
« A Gabriel Cramer
caro mio
[janvier-février 1760]
Je vous prie de m'envoyer deux exemplaires de l’Histoire générale pour compléter les présents.
Et la Bertiade garassize et le Cheval de bronze 1 et vale .
V. »
1 Seconde allusion à ce « cheval de bronze » ; il pourrait s'agir d'une brochure ou chanson telle qu'on en débitait à Paris sur le Pont-Neuf, près du Cheval de bronze (voir : http://www.dessinsdepau.fr/html/7/collection/t33.php
) ; mais il pourrait aussi s'agir d'une œuvre de V* si on en juge par le contexte . Voir lettre du 7 janvier 1760 à Mme d'Epinay : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/15/antecedentem-scaelestum-persequitur-pede-poena-claudo-le-crime-a-beau-prend.html
15:03 | Lien permanent | Commentaires (0)
ridet ut follus , et il a raison
« A Gabriel Cramer
[janvier-février 1760]
Jean-Louis copie la bonne édition, ridet ut follus 1, et il a raison, car cette fournée est plus plaisante que l'autre .
Je suppose que mon cher Gabriel a vu M. Tronchin le conseiller,, le seul du conseil qui m'ait parlé , le seul qui se soit chargé de la chose avec moi . S'il ne l'a pas vu , il doit le voir .
Je n'entends parler ni des Jacquet, ni des Desfranches, cela n'est pas bien . Quo ad residentem me depetrero bene de hoc affare cum illo 2, et je lui demanderai des nouvelles de Munich .
Interim pro te travaille multum, et tu nescis 3.
Si M. Philibert 4 est dans son lit il rend grâce à sa jambe qui lui a rendu ce service –tamen 5 j'en suis fâché . »
1 Il rit comme un fou . Jean-Louis est Wagnière .
2 Toujours en latin de cuisine : quant au résident je me dépêtrerai bien de cette affaire avec lui .
3 Encore un passage macaronique : en attendant [je travaille] beaucoup pour toi, et tu n'en sais rien .
4 Voir lettre du 25 janvier 1760 à Gabriel Cramer : http://www.deezer.com/track/63177509?utm_source=deezer&utm_content=track-63177509&utm_term=12320003_1422986139&utm_medium=web
5 Pourtant .
11:13 | Lien permanent | Commentaires (0)
03/02/2015
aujourd'hui je ne suis plus que citoyen d'un pays malheureux que j'ai pris en affection
... Et ce pays est le monde !
Je déteste les frontières , tirets sur des cartes, barrières entre les humains .
« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'ÉPINAY
Aux Délices, 30 janvier [1760]
Ce n'est point à ma chère et respectable philosophe que j'écris aujourd'hui, c'est à la femme d'un fermier général 1. Nous la supplions, Mme Denis et moi, de vouloir bien recommander le Mémoire ci-joint 2. Nous nous flattons d'obtenir au moins quelque satisfaction.
Nous souhaiterions que MM. les fermiers généraux eussent la bonté de nous faire communiquer le tarif des droits qu'on doit payer pour ce qu'on fait venir de Genève au pays de Gex, avec injonction aux commis de ne point molester nos équipages, et de laisser passer librement nos effets de Tournay, territoire de France, à Ferney, territoire aussi de France. Quant au nommé de Crose 3, préposé par intérim au bureau de Saconnex frontière, il ne paraît aucunement propre à cet emploi. La plupart des gardes sont des déserteurs ou gens de très-mauvaise conduite, qui font continuellement la contrebande. Ils ont dévasté nos forêts, et c'est là la véritable source de leurs vexations.
Il paraît convenable que messieurs les fermiers généraux changent cette brigade. Presque tous mes gens de campagne sont des Suisses qu'il serait impossible de retenir. Ils prendront infailliblement
querelle avec la brigade de Saconnex, et je crains de très-grands malheurs.
Ma chère philosophe, je vous supplie instamment d'engager M. d'Epinay à faire rendre ce service important à la province et à nous .
Il y a sans doute un plus important service à rendre, c'est de s’accommoder avec la province pour le sel et tous les autres menus droits .
Une compagnie offre de donner aux fermes générales environ cent mille écus . Il est constant que les fermes du roi ne tirent pas 2600 livres par ans tous frais faits, du pays de Gex . Ils ont 80 commis qui absorbent tout le profit . Ces commis supprimés il reste tous les bureaux sur le chemin de Lyon, de Franche-Comté et Bourgogne, dans des postes inaccessibles qu'on peut renforcer encore . Ce qu'on propose est le bien des fermes du roi encore plus que de la province .
Si M. d'Epinay veut se charger de venir traiter avec nous, il sera reçu comme un libérateur . Voilà ce que nous espérons de plus consolant , madame, en cas que vous vouliez bien être du voyage . Vous viendriez répandre les bienfaits comme vous êtes accoutumée à y répandre des agréments . Vous reverrez un pays où vous êtes adorée, tout notre bonheur viendra de vous .
Une autre fois je vous parlerai d'encyclopédie, mais aujourd'hui je ne suis plus que citoyen d'un pays malheureux que j'ai pris en affection et pour lequel je vous demande vos bontés .
V. »
1 La Live d'Epinay : voir : http://archive.org/stream/lesprodigalits00comp/lesprodigalits00comp_djvu.txt
2 Voir lettre du 26 janvier 1760 à JR Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/31/la-chose-presse-et-elle-indigne.html
3 Je ne sais si c'est le même personnage qui est appelé Rose dans la Requête Au Roi, de novembre 1776 (voyez les Mélanges), et dans les lettres à Mme de Saint- Julien, du 5 décembre 1776 ( http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2008/12/06/grain-de-sel-dans-les-rouages-a-ferney.html
) , et à M. de Trudaine, du 10 du même mois. (Beuchot.)
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02/02/2015
in articulo mortis, et hoc praecipue est horrendam . Interim enjoy your liberty, your pleasures / A l'article de la mort, et cela surtout est horrible . En attendant jouissez de votre liberté, de vos plaisirs
... Quoi de plus actuel ?
« Au comte Francesco Algarotti
Aux Délices 27 janvier 1760
Evrika, Evrika 1; l'ho ricevuto al fine questo prezioso ornamento della mia libreria . Ne ringrazio vivamente il caro autore, e perdono al Pasquali ; non lo chamero piu mancatore 2. Leggo la vostra raccolta con sommo piacere . Passeggio tra una bella selva ripiena d'altri alberi, di grati arboscelli, e di frutta e di fiori . Veramente 3 credo che l'Italia abbia ripigliato la sua antica preminenza 4 sopra di noi poverini, che andiamo adesso guazzando nel fango senza genio, senza gusto, e senza dinari 5, mais en récompense on nous frotte sur terre et sur mer, et on nous refuse les sacrements in articulo mortis, et hoc praecipue est horrendam 6. Interim enjoy your liberty, your pleasures . On vend à présent les poésies du philosophe de Sans Souci, elles seront à l'index . Vive memor nostri 7.
V. 8»
1Le fameux eurêka d'Archimède, que V* transcrit selon la prononciation du grec moderne .
2 Manuscrit : briccone = « coquin »
3 Manuscrit ; mot précédé de mià = « mais »
4 Manuscrit : precedenza = « préséance »
5 « J'ai trouvé , j'ai trouvé ; je l'ai reçu enfin ce précieux ornement d ma bibliothèque . J'en remercie vivement le cher auteur, et je pardonne à Pasquali ; je ne l’appellerai plus l'homme qui manque à sa parole . Je lis votre recueil avec un extrême plaisir . Je me promène à travers une belle forêt pleine d'arbres élevés, d'arbustes gracieux, et de fruits et de fleurs . Vraiment je crois que l'Italie a repris son antique prééminence sur nous misérables, qui allons à présent nous agitant dans la fange sans génie, sans goût, et sans argent ... »
6 A l'article de la mort, et cela surtout est horrible . En attendant jouissez de votre liberté, de vos plaisirs . On reconnaît là une allusion à l'affaire des billets de confession . Voir : http://jansenisme.free.fr/intro.html
7 Vis en te souvenant de nous .
8 Pour les différents points traités dans cette lettre, voir lettre du 10 décembre 1759 à Algarotti : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/12/17/la-musique-change-c-est-une-affaire-de-gout-et-de-mode-mais-5514916.html
15:17 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je suis très fâché que monsieur votre père soit affaibli par les maladies et par l'âge
...
« A Baltazar Espeir de Chazel 1
Chazel le fils
à Nîmes
Au château de Tournay route de Genève
30 janvier [1760]
C'est pour vous donner avis monsieur que j'ai fait partir le ballot que vous demandiez . Il doit être parvenu à votre adresse par M. Camp, banquier de Lyon . Si vous ne l'avez pas reçu vous pouvez donner vos ordres à M. Camp qui ne manquera pas de vous donner les instructions nécessaires .
Je suis très fâché que monsieur votre père soit affaibli par les maladies et par l'âge . C'est un avertissement pour moi qui suis son ancien camarade . Je souhaite que le fils m'honore de son amitié comme le père . J'ai l’honneur d'être
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire du roi »
1Balthazar Espeir de Chazel , de Nîmes; voir : http://www.worldcat.org/title/balthazar-espeir-de-chazel-... et lettre du 16 juin 1759 à de Chazel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/05/on-vit-et-on-meurt-a-merveille-de-quelle-facon-qu-on-s-y-pre-5423487.html
00:19 | Lien permanent | Commentaires (0)
01/02/2015
il viaggio ad terram sanctam non conviene ad un Franceze libero / un voyage à la terre sainte ne convient pas à un Français libre
... Ce qui fait que je me garderai bien de poser le bout de quelque orteil le plus désespéré sur la "terre sainte" (saignante serait plus exact ) du prophète Mohammed qui ne rechignerait pas à recevoir le sang d'un roumi .
Je ne supporte pas la vue d'un sabre au dessus de ma nuque et le changement -dans la continuité- de souverain en Arabie saoudite a vu dès le lendemain de cette succession une énième exécution d'un homme, condamné il est vrai sous le règne de son prédécesseur -libéral au dire de certains !?- qui avait fait trancher la tête de sept femmes ces dernières semaines . Il faut reconnaitre un certain respect de l'égalité homme-femme devant la loi arabique qui se fait fort de rendre à la terre tout le monde à la même taille . J'aimerais tant que ce genre de dernier supplice n'existât plus que dans Tintin et le lotus bleu , délire de fou ; la réalité dépasse la fiction , toujours hélas .
Bisou ou pas, non, je ne viendrai pas !
« Au marquis Francesco ALBERGATI CAPACELLI
senatore
à Bologna
Aux Délices, 27 janvier 1760. 1
Direte che io sono un uomo pococurante,2 e neghittoso e pigro, un' che manca alla sua promessa ; un traditore, che a ricevuto una bella tragedia italiana, se ne gode, e non manda la sua; un temerario, che voleva inviarvi il lord Bolingbroke's and lord Shaftesbury's works and such damn'd stuff. Ma, signore, la verità è che non sono contento della mia tragedia. Voglio incudi reddere versus 3, e ripulire il mio dramma Svizzero, degno si del mio Svizzero teatro, ma indegno del' vostro.
Noi poveri Francesi siamo sottoposti all' giogo della rima, come voi a quello della sacratissima inquisitione. Vivano i versi sciolti egli ingegni sciolti , e più facile comporre cento versi sciolti in italiano che quattro rime francese.
In tanto la riverisco di cuore. Credo che Bologna la Grassa sia molto più graziosa adesso, più dotta, più ripiena di buon gusto che mai, sotto i vostri auspici.
Veramente s' io fossi un Odoacro 4, un Teodorico 5, un Albuino 6, vorrei vedere cotesta bella Italia ; ma il viaggio ad terram sanctam non conviene ad un Franceze libero, il quale ha scritto alcune volte colla libertà inglese 7.
Soyez persuadé, monsieur, de toute la respectueuse estime qu'aura pour vous, toute sa vie, votre très-humble et obéissant serviteur.
V., ermite des Délices »
1 Capacelli avait demandé , le 10 décembre 1759 si V* avait bien reçu La Semiramide envoyée le mois précédent ; dans l'attente de sa tragédie, il lui rappelait sa demande de ne pas faire imprimer sa pièce pendant deux ans et de ne la donner à personne pendant ce temps .
2 Allusion au chapitre XXV de Candide : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-candide-ou-l-op...
Certaines éditions mettent poco vivente = sans énergie
3 Remettre mes vers sur le métier ; Horace, Art poétique, 441 .
4 Odoacre, barbare germain, gouverna l'Italie de 476 à 493 .
5 Theodoric assassina Odoacre et lui succèda .
6 Alboin, roi des Lombards fut proclamé « maître de l'Italie » (dominus Italiae) en 569 .
7 Les quatre derniers mots ont été biffés sur l'original et manquent dans les éditions .
Traduction : Vous direz que je suis un homme sans soin, et négligent et paresseux; un homme infidèle à sa promesse ; un traître qui a reçu une belle tragédie italienne, qui s'en est récréé, et qui n'envoie pas la sienne en retour; un téméraire qui voulait vous envoyer le lord Bolingbroke et les œuvres de lord Shaftesbury, et tels autres ouvrages damnés. Mais, monsieur, la vérité est que je ne suis pas content de ma tragédie; je veux « remettre les vers sur l'enclume », et repolir mon drame suisse, digne de mon théâtre suisse, mais indigne du vôtre.
Nous autres pauvres Français, nous sommes asservis au joug de la rime, comme vous à celui de la très sainte et très tyrannique inquisition . Vivent les vers libres et les esprits libres! Il est plus facile de composer cent vers libres en italien que quatre vers rimés en français.
Cependant, je vous révère de tout mon cœur. Je crois que Bologne l'opulente est maintenant, sous vos auspices, bien plus charmante, plus docte, plus remplie de bon goût que jamais.
Vraiment; si j'étais un Odoacre, un Théodoric, un Alboin, je voudrais voir cette belle Italie; mais un voyage « à la terre sainte » ne convient pas à un Français libre qui a écrit quelquefois avec la liberté anglaise. »
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