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09/03/2016

L'éditeur doit par probité et par intérêt ne me point charger de l'iniquité d'autrui

... Ô combien de nos hommes politiques touchés par la grâce de Calliope, Terpsichore, et Clio se permettant des compilations de mea culpa hypocrites, de déclarations incendiaires-feux de paille, de projets fumeux, de y'a-k'a, de redites inutiles , sont à mille lieues de se charger ou d'être chargés de l'iniquité d'autrui ; leur propre iniquité me semble largement suffisante pour ne plus leur accorder crédit . 

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A combien de mini et micro-dictateurs avons-nous à faire chaque jour ? si nous pouvons en rejeter les plus vicieux, ne nous en privons pas ! Votons ! manifester ne suffit plus .

 

« A Louis-François Prault

Au château de Ferney 21 mars 1761

J'espérais que monsieur Prault me ferait tenir un exemplaire de la tragédie de Tancrède . On lui a remis un manuscrit qui a je crois pour titre Appel à toutes les nations de l'Europe du jugement des Anglais 1.

Monsieur Prault a mandé que cet ouvrage est de moi , il n'en est point : et si monsieur Prault me l'attribue je me plaindrai .

Il imprime un volume contenant plusieurs pièces fugitives ; comme La Mort de Socrate, Candide, etc . Je serais extrêmement affligé si je voyais mon nom à la tête de cette collection . Il y a plusieurs pièces qui ne m'appartiennent point, et que je désavouerai en justice . L'éditeur doit par probité et par intérêt ne me point charger de l'iniquité d'autrui . Cet avertissement sera produit si j'ai le malheur de voir mon nom exposé par l'éditeur . D'ailleurs je ferai à monsieur Prault les plaisirs qui dépendront de moi .

Voltaire . »

08/03/2016

Je vous embrasse de tout mon cœur

... Mam'zelle Wagnière

WOMAN ...

https://www.youtube.com/watch?v=f-x1FsvOAz4

...   HOW DEEP IS YOUR LOVE

https://www.youtube.com/watch?v=XpqqjU7u5Yc&list=RD4X...

 

DSCF8368 8 mars 2016 blog.JPG

 

« A Jean-François Marmontel

Au château de Ferney 21 mars [1761]

Consolons-nous mon cher ami, vous avec l'espérance, moi avec ma charrue . L'abbé Cotin était de l'Académie mais des hommes de mérite en furent aussi et vous en serez . Interea facit indignatio versum . Je vous envoie mes motifs de consolation 1. Courage mon cher élève ; le public vous nomme, et il siffle l'abbé Trublet . Vous avez pour vous Mme de Pompadour et vos talents . Continuez à nous aimer . Puissiez-vous revenir aux Délices et ne jamais souper avec M. et Mme de Volmar .

Je vous embrasse de tout mon cœur .

V. »

1 D'après les Satires, I, 79, de Juvénal : entre-temps l'indignation se fait poète ; les « motifs de consolation » sont les vers que l'indignation a dictés à V* .

en les assurant de l'estime infinie que j'ai pour leurs talents

... Chers Enfoirés d'aujourd'hui et d'hier ... Au père de tous les enfoirés ... A l'aïeul de tous ceux-ci : Voltaire ...

https://www.youtube.com/watch?v=osk5BI-snio

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« À la Comédie Française

Je prie messieurs les comédiens du roi qui me font l'honneur de représenter mes ouvrages de vouloir bien se prêter aux arrangements des rôles de Tancrède en les assurant de l'estime infinie que j'ai pour leurs talents et des sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être leur très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire

Au château de Ferney 20 mars 1761. »

 

07/03/2016

Je voudrais que vous parlassiez de mon idée

... Pourrait dire Fanfoué Hollande au porte-parole de l'Elysée, pour autant que cette idée en vaille la peine et ne ressemble pas à celles que lui prête Canteloup quotidiennement .

 Par exemple à la minute 11.05 de http://www.europe1.fr/emissions/la-revue-de-presque/donal...

 

http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/leur-ra...

 

« A François de Chennevières

Mon cher correspondant il y a longtemps que je ne vous ai écrit, et je ne suis plus qu'un laboureur et qu'un jardinier ; il me vient cependant une idée qui est d'un mauvais physicien ou d'un mauvais médecin . N'a-t-on pas fait une ouverture à la cuisse de M. le duc de Bourgogne ? n'était-il pas tombé longtemps avant cette opération ? la plaie ne jette-t-telle pas toujours de la matière ? n'a-t-ton pas soupçonné l'os carié ? n'a-t-il pas eu souvent la fièvre dans cette suppuration continuelle ? C'est précisément le cas où est depuis six mois un de mes parents nommé Daumart, mousquetaire du roi âgé de vingt ans . Les médecins, les chirurgiens l'avaient condamné, il vit et il vivra . Il sera probablement boiteux, mais on peut boiter et être heureux . Je voudrais que vous parlassiez de mon idée à M. Sénac si vous croyez qu'il y ait entre la maladie de mon parent et celle de M. le duc de Bourgogne quelque conformité .

Voudriez-vous avoir la bonté de faire parvenir l'incluse à M. l'abbé de La Tremblaye au château de La Tremblaye par Angers . Mille amitiés à la sœur du pot .

A Ferney 20 mars [1761] pays de Gex . 1»

1 Le même jour, Du Pan écrivait à Mme de Freudenreich : « Le marquis de Chimène ou Ximenès a envoyé à Paris se quatre lettres contre Rousseau , elles y ont été sifflées . La cinquième contre lui a été applaudie, et on a trouvé bon qu'on mit les mar . De France au-dessous des soldats prussiens, comme on a trouvé bon tout ce que Rousseau a dit contre les Français […] Ce marquis de Chimène qui a mangé son héritage paternel, et dont le maternel est saisi par ses créanciers a offert sa main à Mme Denis qui ne s'est pas souciée d'être marquise . C'est un homme sans considération dans le monde . »

Voici une goutte d'eau , mais je dépense des torrents .

... Histoire d'eau ... Chaque goutte compte ...

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« A Jean-Robert Tronchin

Ils ont dit la paix, la paix et il n'y avait point de paix 1, et ce fou de Diogène Rousseau propose la paix perpétuelle 2.

Mon cher correspondant, sauve qui peut . Voici une goutte d'eau 3, mais je dépense des torrents .

Je vous supplie de vouloir bien donner cours à la lettre de mon procureur , et de l'affranchir . Je vous souhaite en son temps la nonantième année du père du procureur général de Genève 4.

V.

A Ferney 19 [mars 1761] »

3 Tronchin a noté ici entre les lignes : « 2240 [livres tournois] 11.6 du 17 févr. À 90 j. »

4 Jean Tronchin, frère de Jean-Robert Tronchin (-Boissier) et de Jacob Tronchin était mort le 5 mars 1761 dans sa quatre-vint-dixième année .

j'ai été obligé d'avertir que je ne recevais point de lettres d'inconnus

... Ce qui n'empêche pas ma BAL de déborder de ces fichus courriels à classement vertical identique à celui des pubs débordant des boites et que les malheureux facteurs sont obligés de se coltiner .

Gaspi ! ô Grand Gaspi ! tu règnes en maître ! (et, je l'espère, pour le moins de temps possible )

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http://www.wallyandosborne.com/comic/the-internet-spam/

 

 

« A Pierre-Joseph Thoulier d'Olivet

A Ferney 19 mars 1761 pays de Gex

Vos lettres sont venues à bon port mon très cher maître . Les veredarii 1 sont exacts parce qu'ils leur en revient quelque chose . Il est vrai que j'ai été obligé d'avertir que je ne recevais point de lettres d'inconnus ; et vous trouverez que j'ai eu raison quand vous saurez que très souvent la poste m'apportait pour cent francs de paquets de gens discrets qui m'envoyaient leurs manuscrits à corriger ou à admirer . Le nombre des fous mes confrères quos scribendi cacoetes tenet,2 est immense . Celui des autres fous à lettres anonymes n'est pas moins considérable ; mais pour vous mon cher abbé qui êtes très sage, et qui m'aimez, sachez qu'une de vos lettres est un de mes plus grands plaisirs, et serait ma plus chère consolation si j'avais besoin d'être consolé . Vous parlez de brochures ; il y a autant de feuilles dans Paris qu'à mes arbres , mais aussi la chute des feuilles est fréquente . On en a imprimé une de moi où il est question de vous et de la langue française 3 à laquelle vous avez rendu tant de services . C'est une réponse que j'avais faite à un Deodati Tovasi, qui disait un peu trop de mal de notre langue .

Je savais que l'archidiacre de Fontenelle et de La Motte était admis, pour compiler, compiler des phrases à notre tripot, et qu'on vous accusait d'avoir molli en cette occasion . Je crois mon cher maître qu'on vous calomnie .

L'abbé Trublet m'avait pétrifié .4

Mais pourquoi ne serait-il pas de l'Académie ? L'abbé Cotin en était bien . J'attends l'abbé Le Blanc avec une impatience extrême . J'ai une querelle avec vous sur les vers croisés 5. Je trouve qu'ils sauvent l'uniformité de la rime, qu'on peut se passer avec eux de frères lais et qu'ils sont harmonieux . Licentia sumpta pudenter,6 n'est pas mal, mais je vous dirai à l'oreille que c'est un écueil . Il y a dans ce genre de vers un rythme caché fort difficile à attraper . Si quelqu'un m'imite, il courra des risques . J'aimerais passionnément à m'entretenir avec vous de littérature, et à pleurer sur la nôtre . Mais vous vous moquez de moi avec votre banlieue . Il faudrait que je fusse devenu imbécile de quitter les deux lieues de pays que je possède, et où je suis indépendant pour Arcueil ou pour Gentilly 7. Tenez, tenez, voici ma réponse dans ce paquet, ad urbem non descendet vates tuus 8; omittet mirari beatae fumum et opes strepitumque Paris 9. Je n'ai eu d'idée du bonheur que depuis que je suis chez moi dans la retraite ; mais quelle retraite ! J’ai quelquefois cinquante personnes à table ; je les laisse avec Mme Denis qui fait les honneurs et je m'enferme . J'ai bâti ce qu'en Italie on appellerait un palazzo, mais je n'en aime que mon cabinet de livres , senectutem alunt 10. Vivez mon cher abbé, on n'est point vieux avec de la santé . Je veux avant de mourir vous adresser une épître sur le peu d'usage que font nos littérateurs de vos préceptes et de vos exemples . Quel style que celui d'aujourd'hui ! Ni nombre, ni harmonie, ni grâces, ni décence . Chacun cherche à faire des sauts périlleux . Je laisse les gilles sur leur corde lâche, et je cultive comme je peux mes champs et ma raison .

M. de Chimènes vous remercie . Il a du goût, il étudie beaucoup, il a lu vos ouvrages . Il aime mieux votre préface sur natura deorum 11 et votre histoire de la philosophie 12 que les tours de force de Jean-Jacques , lequel Jean-Jacques mérite la petite correction qu'il a reçue .

Adieu encore une fois .

V. »

1 Courriers .

2 Que tient la maladie incurable d'écrire ; Juvénal, Satires, VII, 51-52 : http://www.roma-quadrata.com/juvenal.html#sa7

3 Lettre du 24 janvier 1761 à Deodati Tovazzi : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/22/s...

5 Tancrède est écrit tantôt en vers croisés et tantôt suivis ; ces derniers vers sont les « frères lais » dont il est question plus loin .

6 Une licence prise avec retenue ; Horace, Art poétique, 51 . Page 8 : http://dico.ea.free.fr/juxta_lal/ARSPOET.PDF

7 Arcueil et Gentilly, au sud de paris ne sont pas éloignés de Chateany-Malabry où est né V* .

8 Le prêtre de ton culte ne descend pas en ville ; d'après Horace, Épîtres, I, 7, 11 : « Ad mare descendet vates tuus, et sibi parcet. »

9 Il se gardera d'admirer les fumées, les richesses et le bruit de l'opulent Paris ; Horace, Odes, III, 29, 11-12 : http://www.roma-quadrata.com/horaceodes.html#o329

10 Ils sont l'aliment de la vieillesse ; Cicéron, Pro Archia, VII : pages 28-29 : http://remacle.org/bloodwolf/orateurs/archias.htm

11 Entretiens de Cicéron sur la nature des dieux, traduit par l'abbé d'Olivet, publié par le président J. Bouhier 1721, et dont la préface est de l'abbé d'Olivet .

12 D'Olivet n'a publié aucune histoire de la philosophie , V* pense sasn doute à l'introduction de l'ouvrage précédent .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Joseph_Thoulier_d'Olivet

06/03/2016

des magistrats de sa république parmi lesquels il n'y en a pas un qui ne le regarde comme un insensé

... Voilà ce qui correspond, j'espère, à la situation face au candidat Donald Trump-Trompe , mais mes désirs ont peu de chance d'être suivis d'effets dans un fichu pays où le dollar est roi et l'hypocrisie reine .

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"J'en ai une petite, et les idées larges comme ça !" D. T.

 

« A Etienne-Noël Damilaville

19 mars [1761] à Ferney 1

Je suis fâché contre M. Thieriot le paresseux . Je suis enchanté de monsieur Damilaville le diligent . Je reçois L'Interprétation de la nature 2, livre auquel je n'avais pu encore parvenir, non plus qu'au sujet qu'il traite . Je vais le lire et je suis sûr que je trouverai cent traits de lumière dans cet abîme .

Voilà donc Jean-Jacques politique 3. Nous verrons s'il gouvernera l'Europe comme il a gouverné la maison de Mme Volmar . C'est un étrange fou . Il m'écrivit il y a un an , vous avez corrompu la ville de Genève pour prix de l'asile qu'elle vous a donné . Ce pauvre bâtard de Diogène voulait alors se faire valoir parmi ses compatriotes en décriant les spectacles : et dans son faux enthousiasme il s'imaginait que je vivais à Genève, moi qui n'y ai pas couché deux nuits depuis cinq ans 4. Il a l'insolence de me dire que j'ai un asile à Genève , à moi qui ai pour vassaux plusieurs des magistrats de sa république parmi lesquels il n'y en a pas un qui ne le regarde comme un insensé . Il m'offense de gaieté de cœur moi qui lui avait offert, non pas un asile, mais ma maison où il aurait vécu comme mon frère . Je fais juge M. Diderot, M. Thieriot et tous vos amis du procédé de Jean-Jacques, et je leur demande si quand un détracteur de Corneille, de Racine, de Molière fait un roman dont le héros va au bordel, et dont l'héroïne fait un enfant avec son précepteur, ne mérite pas bien le mépris dont M. de Chimènes daigne l'accabler .

L'abbé Trublet a donc la place du maréchal de Belle-Isle ? Vous verrez qu'il n'aura jamais que celle de l'abbé Cotin .

Monsieur Thieriot le paresseux, un petit mot je vous prie .

Quand il faudra écrire à M. de Courteilles – ordonnez.

Je crains de grossir trop le paquet en y mettant une Épître sur l'agriculture 5 dans laquelle je parle heureusement très peu d'agriculture . Elle est dans le paquet de M. d’Alembert 6. Son nom et celui de M. Diderot s'y trouvent . Il vous la donnera, le comité en jugera . En attendant, je plante et je défriche . »

1 L'édition de Kehl omet le dernier paragraphe .

4 Alors, St Jean et les Délices étaient hors les murs de Genève .