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29/02/2016

je plains beaucoup plus ceux qu'on égorge que ceux qu'on ruine .

... Cependant si on peut se dispenser de ces deux plaies, je suis preneur , et pas seulement un 29 février !

 A propos de ruine ,"Il est plaisant d'avoir dépensé cinq ou six cents millions pour quelques voyages dans la Hesse en quatre ans . On aurait fait le tour du monde à meilleur marché" , en est-ce une pour la France et les voyages présidentiels en Allemagne, et en particulier le récent tour du monde de Fanfoué, notre représentant de commerce de luxe ? J'ose espérer qu'il y a un retour sur investissement .

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As you like it !

 

 

« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg

Pour Dieu, madame, envoyez-moi le portrait de Mme de Pompadour ; j'aimerais mieux avoir le vôtre mais vous ne voulez pas vous faire peindre ; il faut faire quelque chose pour ses amis, madame . Si vous n'avez pas de copiste à Strasbourg, osez me confier l'original . J'ai de la probité, je suis exact, je ne le garderai pas quinze jours ; faites-moi cette petite faveur, je vous en conjure .

Où est actuellement monsieur votre fils ? Je plains ses chevaux, quelque part qu'il soit, car je crois les retraites promptes, et les fourrages rares . Il est plaisant d'avoir dépensé cinq ou six cents millions pour quelques voyages dans la Hesse en quatre ans . On aurait fait le tour du monde à meilleur marché . Je n'ai d'autre nouvelle dans mon enceinte de montagnes sinon qu'on ne me paie point ; mais je plains beaucoup plus ceux qu'on égorge que ceux qu'on ruine .

Avez-vous actuellement, madame, auprès de vous votre fidèle compagne ? vous portez-vous bien ? êtes-vous contente ? Je rencontrai hier dans mon chemin un borgne, et je me réjouis d'avoir encore deux yeux . Je rencontrai ensuite un homme qui n'avait qu'une jambe, et je me félicitai d'en avoir deux, toutes mauvaises qu'elles soient . Quand on a passé un certain âge, il n'y a guère que cette façon là d'être heureux ; cela n'est pas bien brillant, mais c'est toujours une petite consolation . Un beau soleil est encore un grand plaisir ; mais il me semble que vous n'avez jamais chaud sur vos bords du Rhin . N'avez-vous pas fait embellir et peigner votre jardin ? autre ressource qui n'est pas à négliger . Je vous avertis, madame, que j'ai fait les plus beaux potagers du royaume ; vous ne vous en souciez guère . Puissiez-vous avoir le goût de cet amusement ; mais on ne se donne rien . Si vous n'êtes pas née jardinière, vous ne le serez jamais .

Au château de Ferney pays de Gex

en Bourgogne 10è mars 1761. »

28/02/2016

Mon instinct me disait que les effets royaux ne valaient rien

... Simples effets de manches , pas plus , effets royaux ou effets présidentiels, même valeur . What else ?

Amis éleveurs, écoutez ce conseil ministériel : "troquez vos vaches contre du papier et vous ferez un marché excellent ", et faites ce que vous voulez ; je dois vous avouer que nous ne sommes plus en 1760 , mais qui sait, une ânerie du 18è siècle peut être géniale au 21è, non ?

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Finissons-en avec la traite !

 

« A Jean-Robert Tronchin, Banquier

à Lyon

A Ferney 9 mars 1761

Ceux à qui je donne mandats mon cher correspondant sont gens expéditifs . M. Le Bault n'a point eu mandat, ne m'a point encore fait parvenir son vin, et se fait payer d'avance . Ainsi fait Briasson qui ne m'a point encore envoyé les livres pour lesquels il se fait payer .

Wagnière est bien hardi et bien honteux . Si j'avais su qu'il vous eût voulu 1 importuner de son petit ballot des livres de M. de Chimènes 2 je l'en aurais empêché . Je vous demande pardon pour lui .

Je ne compte plus sur notre tontine mon cher ami ; et je ne croirais plus M. de Choiseul 3. Mon instinct me disait que les effets royaux ne valaient rien . Mon instinct vaut mieux malheureusement que les effets du roi . Je vous embrasse tendrement .

V. »

1 Voulu est ajouté au dessus de la ligne .

2 Peut-être un paquet de Lettres sur la Nouvelle Héloïse ; peut-être aussi de véritables livres du marquis de Ximenès .

3 V* avait consulté le duc de Choiseul sur la sureté de certains fonds français ; la réponse de Choiseul, du 25 mai 1760, est conservée ; extrait : «  Ne vendez pas ce que vous avez dans les fonds publics ; je me charge du soin de vos affaires ; si il y avait quelque chose à craindre, je vous avertirais à temps ; les effets sur le roi valent infiniment mieux que les terres ; j'ai vendu une partie des miennes pour en acquérir, je m'en trouve bien . Au contraire, si vous pouvez être averti quelques mois avant la paix, troquez vos vaches contre du papier et vous ferez un marché excellent . »

je ne crois pas qu'il y ait dans l’Église un plus impudent coquin que ce prêtre . Aussi l’évêque savoyard prend vigoureusement son parti

... Mais qui va prendre le parti de François Hollande ?

Sûrement pas les membres de la FNSEA qui ont donné de la voix et de la masse, pour effrayer (sans succès) le président , et détruire (avec succès, ils ont une longue pratique) le stand du ministère de l'Agriculture . Messieurs, vous foutez ainsi en l'air vos impôts et les miens, je vous trouve assez inconséquents , et vos mouvements d'humeur ne sont pas plus dignes d'intérêt que la guerre des boutons , surtout que vous savez être couvert par une impunité que le commun des mortels ne connait pas . Continuez comme ça !... Je suis et je serai du côté des paysans, je ne serai jamais du côté d'énergumènes syndiqués destructeurs qui n'ont pas encore compris que leurs actions sont détestables, couteuses et vaines .

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 J'en ai peut-être trop dit ?

 

 

« A Germain-Gilles-Richard de Ruffey

à Dijon

Au château de Ferney, pays de GexAC

8 mars 1761

Nous travaillons à force, monsieur, pour vous recevoir dans notre petit ermitage de Bourgogne au mois d'août . Ne vous figurez pas de trouver une maison comme la vôtre, ou comme celle de M. de La Marche . Ce que mon curé appelle château, n'est qu'une très petite maison, bâtie pour un philosophe, et faite uniquement pour des philosophes .

Si vous venez donc avec M. le président de La Marche, commencez par oublier toutes vos magnificences, et songez que vous allez chez Baucis et Philémon .

La grande affaire du curé de Moens, ne tintera pas si tôt aux oreilles du parlement de Dijon ; il faut auparavant qu'elle étourdisse longtemps les nôtres . Tout le clergé prend part à ce procès ; les curés du pays prétendent qu'ils ont le droit incontestable de donner des coups de bâton aux laïques ; et que cela leur fut accordé par le premier concile de Latran . Ils ajoutent que quiconque témoigne contre eux est excommunié ipso facto ; et comme nous sommes dans le saint temps de pâques, il se pourrait bien faire qu'on refuse la communion à tous les mauvais chrétiens qui ont prétendu, qu'il n’était pas absolument permis à un curé d'aller assassiner un jeune homme chez une femme pendant la nuit .

Je vous remercie tendrement en qualité de laïque de vos bontés pour le pauvre battu . J'ai été appelé en témoignage sur cette belle affaire . J'avais vu le crâne du jeune homme entrouvert ; je l'avais vu pendant quinze jours entre la vie et la mort ; et l'honnête curé qui l'avait mis dans cet état, m'a soutenu que c'était un érésipèle ; je ne crois pas qu'il y ait dans l’Église un plus impudent coquin que ce prêtre . Aussi l’évêque savoyard prend vigoureusement son parti .1

Avez-vous lu le roman de Rousseau Jean-Jacques ? Cela ne me paraît ni dans le goût de Télémaque , ni dans celui de Zaïde . J'aurai l'honneur de vous envoyer par la première poste, des exemplaires du rogaton que vous me demandez, par l'adresse que vous m'indiquez . Mille respects à madame de Ruffey comme à vous .

V. »

1 L'échange de lettres entre Mme Denis et l'évêque Deschamps de Chaumont suivait son cours : vois lettres citées à propos de la lettre du 16 février 1761 à de Ruffey : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/02/16/ce-n-est-point-s-attaquer-a-la-religion-mais-au-contraire-la-5760514.html

 

27/02/2016

attendu que j'ai été assigné en témoignage, et qu'il faut qu'un témoin ait l'air impartial

... Tout comme moi dans ce blogounet !

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Seul témoin vraiment impartial .

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

Conseiller du Parlement

à Dijon

Au château de Ferney 8è mars 1761

Monsieur, je vous prie d'avoir la bonté de m'informer par quelle voie vous m'envoyez de votre nectar de Bourgogne . Cela m'est important, parce que je crois qu'il y a des droits à payer pour la sortie de France ; et il serait triste de payer quand on est bon français et surtout quand on est bourguignon comme j'ai l'honneur de l'être . Il est vrai que je suis séparé de vous par d'abominables montagnes ; et je crois que votre vin fait le grand tour, et arrive par Versoix . Je vous serai très obligé de vouloir bien me mettre au fait de la géographie de mes deux tonneaux .

Cette affaire est plus agréable que celle de ce maudit curé 1. Je sais fort bien, monsieur, que votre tribunal n'a rien à démêler avec celui de la confession, et qu'il y a une différence énorme entre la justice que vous rendez, et l'abus que les jésuites font quelquefois de ce beau sacrement de pénitence . Je me doute bien qu'on ne peut que les tympaniser, et non les actionner ; mais je ne veux point prendre parti dans cette affaire, attendu que j'ai été assigné en témoignage, et qu'il faut qu'un témoin ait l'air impartial . Ce beau procès ira sans doute au parlement . Cela apprendra du moins aux curés du petit pays de Gex à ne point aller battre les femmes chez elles pendant la nuit ; Jésus-Christ ne les battait point ; je me flatte que le parlement de Bourgogne ne souffrira chez les prêtres, ni les billets de confession, ni les coups de bâton .

Cependant buvons ; mille respects à Madame Le Bault, et avec les mêmes sentiments

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Le père Joseph Fessy avait écrit une longue lettre de justification à Le Bault le 25 février 1761, en reprenant de son point de vue tous les éléments de l'affaire de Croze-Ancian, et en soulignant par d'autres références la haine de Voltaire à l'égard du clergé et des jésuites . En ce qui concerne le refus d'absolution, il écrit : « La fille de de Croze s'est présentée à moi en confessionnal, je l'ai écoutée, je lui ai dit ce qu'exigeait mon ministère, je ne sais rien de plus et je n'ai plus rien à dire […] On m'avait déjà tendu un piège le lendemain de la fête des Rois ; on m'attendit […] à Saconex […] on voulait me prier de passer chez [de Croze] à mon retour de Genève, dans le temps qu'on disait de Croze fils mourant , afin de me faire ensuite assigner en justice pour rendre témoignage de l'état prétendu désespéré dans lequel le jeune homme aurait feint de se trouver . Ce projet ne réussit pas parce que je fus obligé de rester à Genève ce jour-là et plusieurs jours de suite , et qu'avant que je pusse repasser par Saconex le prétendu assassiné se portait à merveille . Il fallut donc se retourner autrement, et comme on ne voulait pas me manquer, voici comment on s'y prit […] Je vais tous les samedis au soir d'Ornex à Genève pour y aider à desservir le dimanche la chapelle du roi . En y allant je passe par Saconex où je confesse les sœurs grises qui y ont un établissement . La fille aînée de de Croze , qui selon le bruit public gouverne tout dans la maison de son père, et a tout crédit sur son esprit, cette fille qui, de sa vie , ne s’était venue confesser à moi, y vint pour le première fois le samedi 24 janvier ; je l'écoutai, je continuai ensuite ma route, et me rendis à Genève à nuit tombante […] Dès le lendemain dimanche 25 janvier […] M. de Voltaire […] se hâte de faire faire des copies du billet de de Croze, ou plus probablement en fabrique lui-même un , au nom de de Croze, dans lequel il dépeint tragiquement la douleur du père, qui se plaint à lui, son unique protecteur […] [du refus] que le père Fessy, jésuite d'Ornex, avait fait de l'absolution de sa fille, jusqu'à ce qu'elle eût engagé son père à rétracter la plainte qu'il avait fait imprimer contre le curé de Moens . M. de Voltaire fait faire par son secrétaire et par d'autres personnes qui se trouvaient chez lui une foules de copies de ce billet, il en distribue à huit ou dix personnes qui dinaient chez lui, et à quatre heures après midi il y en avait dans toutes les meilleures maisons de Genève et qui avaient été portées par ses gens . » Plus loin , Fessy dit : « Je ne m'arrête pas à vous faire remarquer le tour digne du plus bas farceur, par lequel il substitue à mon nom de baptême, qui est Joseph, le nom de Jean, pour faire avec celui de Fessy un composé dans le goût sublime du théâtre de la foire, ou des gentillesses de La Pucelle . »

26/02/2016

j'ai cru m'apercevoir que le monde n'est que le théâtre d'une petite guerre continuelle ou cruelle ou ridicule, et un amas de vanités à faire mal au cœur

... L'amas de vanités ne connait pas de frontières , tous sexes et religions confondues , de Donald Trump (que ne ne peux m'empêcher de visualiser comme le Donald de Disney avec une trompe de Babar ) à Sarko et Fanfoué , en passant par Poutine, Mohammed VI, Cameron, Rajaonarimampianina, Mahamadou Issoufou, Omar el-Bechir, Erdogan, Bachar el-Assad, etc., etc.... Et avec chacun on trouvera à un moment donné une "petite guerre" .

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Vaniteux en vrac mis en rangs d'Oignon

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

Vous serez étonnée madame de recevoir lettre sur lettre d'un homme que vous avez traité de négligent . Vous me mandez que vous vous ennuyez ; pour peu que je continue je saurai bien d'où vous vient cette maladie , mais si mes lettres et La Pucelle entrent pour quelque chose dans cette léthargie, je crois que les six tomes de Jean-Jacques sont pour le moins aussi coupable que moi . Je pense que voilà le cas de souhaiter d'être sourde puisque la perte de vos yeux vous laisse encore des oreilles pour entendre toutes mes sottises .

Je sais qu'il y a des personnes assez déterminées pour soutenir ce malheureux fatras intitulé roman . Mais quelque courage ou quelque bonté qu'elles aient, elles n'en auront jamais assez pour le relire . Je voudrais que Mme de La Fayette revint au monde, et qu'on lui montrât un roman suisse . Franchement tout est de même parure depuis les remontrances et les réquisitions jusqu'à nos romans et à nos comédies . Je trouve que le siècle de Louis XIV s'embellit tous les jours . Il me semble que du temps de Molière et de Chapelle j'aurais été fâché d'être dans le pays de Gex, mais actuellement c'est un fort bon parti . Vous me demandez madame ce que c'est que Mlle Corneille . Ce n'est ni Pierre ni Thomas . Elle joue encore avec sa poupée, mais elle est très heureusement née, douce et gaie, bonne, vraie, reconnaissante, caressante sans dessein et par goût ; elle aura du bon sens ; mais pour le bon ton, comme nous y avons renoncé, elle le prendra où elle pourra . Ce ne sera pas chez Mme de Colmar . Nous n'avons aucune envie madame d'aller à Clarens 1 depuis que vous avez déclaré qu'on ne vous trouverait pas là . Nous sentons tous qu'il faudrait aller à Saint-Joseph 2, mais les transmissions sont trop difficiles . J'ai l'honneur d'être à moitié suisse, indépendant, heureux . Les mots de Paris et de couvent m’effrayent autant que votre société charmante m'attire . Je n'avais point d'idée du bonheur réservé à la vieillesse dans la retraite . Après avoir bien réfléchi à soixante ans de sottises que j'ai vues, et que j'ai faites, j'ai cru m'apercevoir que le monde n'est que le théâtre d'une petite guerre continuelle ou cruelle ou ridicule, et un amas de vanités à faire mal au cœur, 3 comme le dit très bien le bon déiste de Juif qui a pris le nom de Salomon dans l’Ecclésiaste que vous ne lisez pas .

Adieu, madame, consolez-vous de votre existence et poussez-la cependant le plus loin que vous pourrez . J'ai trouvé dans le roman Jacques une lettre sur le suicide 4 que j'ai trouvée excellente quoique ridiculement placée . Elle ne m'a pourtant donné aucune envie de me tuer, et je sens que je ne me serais jamais tiré un coup de pistolet par la tête pour un baiser âcre de Mme Volmar .

J'ai eu l'honneur de vous envoyer un petit chant de Pucelle par Versailles ; je ne sais plus comment faire .

Au château de Ferney pays de Gex 6 mars [1761] 5»

1 Clarens, proche de Vevey, lieu où se situe Julie ou La Nouvelle Héloïse ; l’orthographe de V* laisse à penser qu'on prononçait l's final alors que de nos jours on prononce Claran . https://fr.wikipedia.org/wiki/Clarens_%28Vaud%29

2 Où vivait Mme du Deffand . http://www.cosmovisions.com/Deffand.htm

4 La Nouvelle Héloïse, III, 21 : lettre à milord Edouard : page 234 : http://www.ecole-alsacienne.org/CDI/pdf/1301/130128_ROU.pdf

5 V* ayant utilisé un papier déjà daté par Wagnière « Au château de Ferney pays de Gex 27 février 1761 », biffa les trois derniers mots et écrivit « 6 mars » ; la lettre à laquelle V* répond ne nous est pas parvenue .

Luc est donc à Leipsik !

... Et François de retour sur le sol natal, prêt à caresser le cul des vaches, admirer des truies monumentales, siffler du pinard, grignocher du saussifflard, en un mot comme en cent, faire le guignol à l'égal de tous ses concurrents à l'élection présidentielle en espérant couillonner des paysans qui en savent infiniment plus que lui sur ce qu'est la vraie vie .

François et consorts vous êtes les plus bêtes des animaux du Salon de l'Agriculture, je vous l'assure . 

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A l'image du quinquennat , tu es dans la m.... , et ne crois pas que ça porte bonheur parce que c'est la droite qui est dedans !

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 5 mars 1761]

Quoi caro Gabriele, vous vous immolez pour le bien public, vous daignez jouer Erox 1!

J'ai retrouvé Bareith – mais retrouverez-vous vos gulden 2?

Bonsoir . Luc est donc à Leipsik 3!

V. »

2 Les gulden sont les florins de Hollande .https://fr.wikipedia.org/wiki/Florin_n%C3%A9erlandais

3 Frédéric II était à Leipzig à la fin de février 1761 ; voir lettre du 5 février 1761 à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/02/05/qu-on-s-est-trompe-dans-tous-ses-projets-et-que-la-grandeur-5755521.html

 

25/02/2016

malheur à qui a mis son argent en annuités et en tontine au lieu de le mettre en pré

... Bon sens terrien face aux intellectuels de la finance .

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« A Jean-Robert Tronchin, Banquier

à Lyon

Au château de Ferney 3è mars 1761

Avez-vous, monsieur, d'aussi mauvaises nouvelles que nous ? La prise de Fritzlar 1, et l'interception de toutes nos communications est-elle bien confirmée ? Nous sommes bien à plaindre de toutes les façons, et malheur à qui a mis son argent en annuités et en tontine au lieu de le mettre en pré 2 .

Je fais toujours bien des affaires avec vos Genevois . Je prête à M. Micheli cent louis d'or, en une lettre de change, que je prends la liberté de tirer sur vous à vue .

Je donne aussi trois mille sept cents et tant de livres, à Mme de Donop, pour retirer de ses mains un domaine qu'elle avait fait saisir sur un de mes vassaux : c'est encore une lettre de change pour la Quasimodo . Il se trouve insensiblement qu'une partie de mon bien est à Genève, ou dans les environs .

Le pâté d'Angoulême était fort bon ; nous attendons des meubles de Paris pour le château de Ferney . Vous permettez qu’ils vous soient adressés . Je me flatte que M. Tourton a enfin payé la partie de ma rente échue au premier janvier . J'attendais encore un petit revenant-bon de Cadix, mais il ne vient point .

M. Le Bault, conseiller au parlement de Dijon, tirera sur vous une lettre de change de cinq cents et tant de livres pour le vin qu'il me fournit, car quoique celui de Tournay soit bon, il faut bien encore en avoir de Bourgogne . Je vous fais des brèches, mais je les réparerai sur la fin d'avril .

Briasson doit aussi tirer sur vous une bagatelle dont il se presse de se faire payer pour des livres, quoiqu'il ne me les ait pas fait tenir encore . Je vous demande pardon de tous ces petits détails ; on passe sa vie en grimelinage 3. Je me console à Ferney par des travaux dont j'espère que vous serez content quand nous aurons le plaisir et le bonheur de vous posséder ; Mme Denis vous fait mille tendres compliments .

Votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

1 Fritzlar a été prise aux Français le 14 février 1761 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fritzlar

2 V* s'est bien gardé de tomber dans ces placements patriotiques mais imprudents .

3 Littré ne cite pas d'exemple de ce mot qui signifie proprement « petit jeu mesquin » et par extension, petit gain, ou comme ici, petit tracas concernant une affaire sans importance .