26/07/2017
A demain la prose
... Vous le dirai-je en vers ?
Demain, je versifie gratis, OK ?
J'ai le trac !
« A Gabriel Cramer
[29 août 1762 ?] 1
A demain la prose . Il faudrait que Gabriel parlât avec François 2.
J'ai l'arrêt contre les jésuites . »
1 La date est incertaine car l'arrêt contre les jésuites peut être celui de 1764 ou tout autre .
2 Le conseiller François Tronchin .
22:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
il y a bien plus de gens qui se connaissent en méchancetés qu’il n’y en a qui se connaissent en style
... Ainsi pleurniche notre BHL* dans le Point de jeudi passé . Ce pauvre Caliméro en a gros sur la patate depuis que Le Monde diplomatique l'entarte -moralement- tout comme l'a fait -physiquement- à plusieurs reprises, à juste titre, Le Gloupier . Question style, notre gugusse n'en est encore qu'au style vestimentaire, seul moyen pour être reconnu facilement .
* Bellâtre Hyper Lassant .
https://www.monde-diplomatique.fr/dossier/BHL
https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2017-07-20-BHL
Oserai-je remuer le couteau dans la plaie ?...
.... Yesss !!
« A Etienne-Noël Damilaville
Aux Délices , 29 auguste 1762
Mon cher frère, il y a deux pièces dont je suis fort content : l’une est l’arrêt du parlement 1 qui nous débarrasse des jésuites, l’autre est la requête de M. Mariette contre le parlement de Toulouse. Je me flatte qu’à la fin nous viendrons à bout de faire rendre justice à l’innocence. Mais quelle justice ! elle se bornera à déclarer que Jean Calas a été roué mal à propos. Le sang innocent, dans d’autres pays, obtiendrait une autre vengeance. Je regarde le supplice de Calas comme un assassinat revêtu des formes de la justice. Les assassins devraient bien être condamnés au moins à demander pardon à la famille, et à la nourrir.
Vous ne vous souvenez peut-être pas d’une lettre qui est, je crois, la première que je vous écrivis sur cette affaire, et qui était adressée à M. d’Alembert 2. Je vous l’envoyai, afin que tous les frères fussent instruits de cet horrible exemple de fanatisme. Je ne sais quel exécrable polisson a pris cette lettre pour son texte, et y a ajouté tout ce qu’on peut dire de plus extravagant, de plus offensant, et de plus punissable contre le gouvernement. L’auteur a poussé la sottise jusqu’à dire du mal du roi, et du bien du poème du Balai 3 ; le tout, écrit dans les charniers Saints-Innocents, a été mis dans les papiers publics d’Angleterre.
Il se trouve encore que le Journal encyclopédique, qui est le seul journal que j’aime, est attaqué violemment dans ce bel écrit qu’on m’attribue. Les auteurs de ce journal s’en sont plaints à moi . Enfin j’ai été obligé d’avoir la condescendance de désavouer publiquement cette impertinence 4, par la raison qu’il y a bien plus de gens qui se connaissent en méchancetés qu’il n’y en a qui se connaissent en style. Il faut avouer que la lettre est si insolente, que M. d’Alembert serait presque aussi coupable de l’avoir reçue, que moi de l’avoir écrite. Quand vous verrez M. d’Alembert, je vous prie de l’instruire de tout cela.
Mon frère Thieriot a trouvé ici de la santé, et moi je perds la mienne. Je suis accablé de fluxions, je deviens sourd. Les tempéraments faibles, à mon âge, s’en vont pièce à pièce. Nous allons jouer ici la comédie : je ne pourrai être tout au plus que spectateur . C’est bien dommage, je ne faisais pas mal mes rôles de vieillard.
Ne pensez-vous pas qu’il faut attendre, pour reprendre à Paris le Droit du Seigneur, que la Comédie-Française soit sur un autre pied et sur un autre ton ?
Je crois que vous avez à Paris Goldoni. Vous me ferez plaisir de me dire comment il réussira. Je ne parle pas de ses pièces ; je crois la chose décidée. On dit l’auteur très bon homme et fort naturel.
J’embrasse tendrement mon cher frère.
V. »
1 L'arrêt du 6 août 1762 : voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Suppression_de_la_Compagnie_de_J%C3%A9sus
2 Voir lettre du 29 mars 1762 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/03/06/mandez-moi-je-vous-prie-quel-est-le-corps-que-vous-meprisez-5918326.html
3 Il est question dans le texte anglais d'un poème : The Broom, or Broomstick, poème de Du Laurens, Le Balai, dédié à Voltaire . Voir : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/269-henri-dulaurens
4 Voir lettre du 20 août 1762 à Pierre Rousseau : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/07/13/les-honnetes-gens-eclaires-savent-bien-a-quoi-s-en-tenir-sur-5962820.html
00:52 | Lien permanent | Commentaires (0)
25/07/2017
J’apprends que vous n’êtes plus chez vous, et que la petite-vérole vous en a chassés : voilà ce que c’est que de ne pas faire inoculer tous les petits garçons et toutes les petites filles d’un pays à l’âge de sept ans
... Quand je pense que de nos jours autant d'inconscients/égoïstes/malfaisants/attardés sont contre la vaccination , je crois bien me retrouver en ce XVIIIè siècle -dit des Lumières- que nous fait connaître Voltaire ! Que de morts allons-nous avoir du fait de ces réticences irraisonnables qui font fi des connaissances médicales et épidémiologiques !
Et le pire c'est que ces mêmes obtus, qui font vacciner leur cher toutou, leur adorable minou, leur affectueux poisson rouge, leur précieux Iphone, négligent leurs propres enfants ! LAMENTABLE !
L'effet domino vous connaissez ?
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
29 auguste 1762, aux Délices 1
J’apprends que vous n’êtes plus chez vous, et que la petite-vérole vous en a chassés : voilà ce que c’est que de ne pas faire inoculer tous les petits garçons et toutes les petites filles d’un pays à l’âge de sept ans ; mais j’ai peur que Tronchin et La Condamine n’aient décrédité l’inoculation, l’un en excitant trop d’envie, et l’autre en y mêlant un peu de ridicule.
Je vous envoie Mariamne pour vous amuser dans votre exil ; vous avez dû recevoir le Jules César de Shakespear ; je crois que vous serez convaincus que La Place est fort loin d’avoir fait connaître le théâtre anglais 2; avouez que l’excès énorme de son extravagance était pourtant bon à connaître.
J’ai vu la requête de Mariette pour les Calas 3; j’ai vu l’arrêt ; la jurisprudence de Toulouse est bien étrange ; cet arrêt ne dit pas seulement de quoi Jean Calas était accusé. Je ne regarde ce jugement que comme un assassinat fait en robe et en bonnet carré. Je me flatte qu’enfin votre protection fera rendre justice à l’innocence ; je sais bien que les lois ne permettent pas les dédommagements que l’équité exigerait , les juges devraient au moins demander pardon à la famille, et la nourrir. Que pourra faire le conseil ? Il dira que Calas n’a point pendu son fils ; nous le savions bien ; et quand le conseil se laisserait séduire par le parlement de Toulouse, l’Europe ne croira pas moins Calas innocent ; le cri public l’emporte sur tous les arrêts ; mais enfin c’est toujours beaucoup que le conseil réprime un peu le fanatisme.
Mes chers anges, je ne ferai point imprimer Cassandre ; que votre volonté soit faite dans la terre comme aux cieux 4; mais il arrivera sûrement quelque malheur dans le Palatinat 5.
L’Électeur fait une belle dépense pour cette représentation 6 ; nous jouerons la pièce à Ferney ; mais, quoique ce ne soit pas en électeurs, le spectacle ne laissera pas que d’être beau. J’espère que nous en régalerons M. le maréchal de Richelieu ; nous verrons, à cette représentation s’il y a encore quelque chose à changer, et ensuite nous l’enverrons à nos juges en dernier ressort.
Mes divins anges, nous avons des fluxions qui ne permettent pas trop d’écrire. Mille tendres respects.
V. »
1 L'édition Kehl mêle la lettre du 21 ou 22 juin 1762 aux d'Argental à celle-ci .
2 Le Théâtre anglais de La Place ne donne que des extraits d'une certaine longueur ; voir lettre du 17 mai 1762 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/04/06/1-5930205.html . Voir : https://shakespeare.revues.org/533
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Antoine_de_La_Place
3 Mémoire pour dame Anne-Rose Cabibel, veuve du sieur Jean Calas […] en cassation d'un arrêt du parlement de Toulouse du 9 mars 1762 : voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040694d/f3.image.r=Calas, Jean 1698-1762&rk=64378;0 . Parmi les défauts de ce document de 136 pages, signé Mariette, on peut signaler l'absence de date ; voir lettre du 1er août 1762 à Debrus : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/06/24/encore-une-fois-nous-preparons-les-esprits-nous-mettons-tout-5957090.html
4 Évangile selon Matthieu, VI, 10-...
5 Collini fit en effet imprimer Olympie .
6 L’Électeur palatin préparait la représentation de Cassandre ; il écrit à V* le 28 juillet 1762 : « […] j'avais voulu attendre la représentation pour vous marquer les éloges qu'elle [la pièce] mérite, mais la paresse des comédiens qui d'ailleurs étaient déjà occupés à l'étude de Tancrède m'en ont [sic] empêché : le noble que vous avez vu ici dans le rôle de Lusignan fera cet honnête homme de prêtre qui a si peu d'imitateurs . Olympie sera représentée par la Denesle, jeune actrice qui tâche d'imiter et qui a étudié deux ans sous la Clairon . Lekain la connait . » Voir aussi lettre à Collini du 3 août 1762 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-24-123150901.html et celle du 4 septembre 1762 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-25-123225377.html
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24/07/2017
avete una moglie a lato, vol vir che siete un Contade perfetto / vous avez une femme à vos côtés, cela signifie que vous êtes un homme comblé
... Monsieur le président Macron, contrairement aux deux farfelus qui vous ont précédé .
Tenez bon !
« A Carlo Goldoni
Aux Délices près de Genève 28 august [1762] 1
Adassio un poco, caro sior, cosa che avete ditto che avete una moglie a lato, vol vir che siete un Contade perfetto . Basta, che il signor e la signora moglie sarebbero stati ricevuti con ogni rispetto, e col' piu gran zelo nelle mie capanne, e che la via di Ginevra e cosi bella come quella di Lione ; e che mi dispiase che la sia degustada, e che non habbia avu la volonta de vegnir, e xe un pezzo che l'aspettava, e che jo vo mi ramaricando ; varde, che cosa fa di non aver preso la via di Genevra . Varde che bisogna che digna tutto, e po vedra se le cose va ben .
Volete dunque mio caro signore sanar la piaga che mi fate, col l'onore della vostra dedicazione 2, ma se questa gloria inalza il moi spirito e luzinga la vanita mia, il dolor di non haver vi tenuto nelle mie braccia non e meno acerbo nel moi cuore . Leggero le vostre vezzose comedie fino al giorno che potero riverire l'autore .
Non so dove siete adesso . Non so come indirizare la mia lettera . Ma il vostro nome basta ; e mi confido che siete gio connosciuto à Parigi, come a Venezia .
Non ho ancora ricevuto il regalo che mi accenate . Ma non posto differire j miei ringraziamenti .
Gia che siete, o sarete ben presto cittadino di Parigi, vorrei far vi una visita, ma il Corneille non lo permettera . Mi ritrovo fra il Corneille ed il Goldoni . Stampero l'uno, et aspettero l'altro quando egli tornera a riveder la sua bella Italia . Ma di grazia non mi deludete piu colle le illusioni della speranza .
Adio, vi stimo, vi 'onoro, vi amo senza illusione veruna, e saro sempre il vostro ammiratore, amico e servitore 3.
V.
Mes respects à madame Goldoni . »
1 Dans cette lettre, V* use de plusieurs formes vénitiennes en accord avec la langue de Goldoni . V* répond ici à une lettre de Lyon dont le texte n'est pas connu ; voir lettre du 25 août 1762 à Albergati Capacelli : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/07/19/il-n-avait-pu-passer-chez-moi-parce-qu-il-a-sa-femme-mais-certainement-je-n.html
2 Goldoni avait dédié sa Pamela maritata « all'ornatissimo celeberrimo monsieur de Voltaire », au très docte et très célèbre monsieur de Voltaire , voir page 3 : https://www.liberliber.it/online/autori/autori-g/carlo-goldoni/pamela-maritata/
3 « Doucement, cher monsieur, ce que vous avez dit, que vous avez une femme à vos côtés, cela signifie que vous êtes un homme comblé . Hé bien, le mari et la femme auraient été reçus avec tout le respect possible et le plus grand zèle dans mes campagnes , et la route de Genève est aussi belle que celle de Lyon ; et je suis fâché que vous vous soyez rebuté, et que vous n'ayez pas eu la volonté de venir, et il y a longtemps que je vous attendais, et je me plains de vous ; vous voyez ce que vous avez fait de ne pas avoir pris la route de Genève . Vous voyez qu'il faut que je vous dise tout, et puis que je voie si les choses s'arrangent . Vous voulez donc, cher monsieur, guérir la plaie que vous m'avez faite, par l'honneur que me fait votre dédicace, mais si cette gloire exalte mon esprit et flatte ma vanité, la douleur de ne pas vous avoir tenu dans mes bras n'en est pas moins amère à mon cœur . Je lirai vos charmantes comédies jusqu'au jour où je pourrai honorer l'auteur . Je ne sais où vous êtes dorénavant . Je ne sais comment vous adresser ma lettre . Mais votre nom suffit ; et je suis sûr qu'il est déjà connu à Paris , comme il l'est à Venise . Je n'ai pas encore reçu le présent que vous me faites espérer . Mais je ne puis différer de vous en remercier . Puisque vous êtes, ou serez bientôt citoyen de Paris, je voudrais vous faire ma visite, mais Corneille ne me le permettra pas . Je me retrouve entre Corneille et Goldoni . J'imprimerai l'un, et j'attendrai l'autre quand il s'en retournera pour revoir sa belle Italie . Mais de grâce ne me décevez plus avec les illusions de l'espérance . Adieu, je vous estime, je vous honore, je vous aime sans illusion [au sens de »flatterie »] aucune, et je serai toujours votre admirateur, ami et serviteur . »
14:23 | Lien permanent | Commentaires (0)
il est supplié de vouloir bien avoir la bonté de lui mander quand il pourra lui envoyer de l'avoine
... Supplique adressée à Emmanuel Macron et au ministère des finances par, respectivement Bernard Accoyer président de LR , et Jean-Christophe Cambadélis ex-secrétaire général du PS moribond .
La réponse est connue, car elle est constitutionnelle : circulez, il n'y a plus rien à voir, vous chantiez au temps chaud, j'en suis fort aise, et bien dansez (devant le buffet et bradez les petits fours) maintenant . De plus l'avoine est réservée aux étalons en marche, pas aux ânes bâtés à l'arrêt !
« A François Guillet, baron de Monthoux
Mme Denis qui est un peu malade ne saurait avoir l'honneur d'écrire à monsieur de Monthoux ; il est supplié de vouloir bien avoir la bonté de lui mander quand il pourra lui envoyer de l'avoine . On s'arrangera avec monsieur le baron de Monthoux comme par le passé . M. de Voltaire tiendra compte de cette avoine sur ce que monsieur de Monthoux peut lui devoir .
Je présente mes respects à monsieur et à madame de Monthoux .
Voltaire.
27 août 1762. 1»
1 Le même jour, Mme de Pompadour écrit au duc de Fitzjames : « Vous avez raison, monsieur le duc, l'affaire de ce malheureux Calas fait frémir . Il fallait le plaindre d'être né huguenot, mais il ne fallait pas le traiter pour cela comme un voleur de grand chemin . Il paraît impossible qu'il ait commis le crime dont il était accusé : cela n'est pas dans la nature . Cependant il est mort , et sa famille est flétrie et ses juges ne veulent pas se repentir . Le bon cœur du roi a bien souffert au récit de cette étrange aventure et toute la France crie vengeance . Le pauvre homme sera vengé, mais non rendu . Ces gens de Toulouse ont la tête chaude, et plus de religion à leur manière, qu'il ne leur en faut pour être de bons chrétiens . Dieu veuille les convertir et les rendre plus humains ! Adieu, monsieur le duc, croyez à ma sincère amitié . / La marquise de Pompadour . / Versailles 27 août 1762 . »
01:50 | Lien permanent | Commentaires (0)
23/07/2017
Ne nous brouillons avec personne . Nous avons besoin d'amis
... Telle doit être la pensée d'Emmanuel Macron qui fait tout pour fédérer les nations européennes que certains fauteurs de trouble voudraient voir plutôt tirer à hue et à dia .
Chris Froome est du même avis, pas de victoire sans travail d'équipe .
« A Philippe Debrus
[vers le 25 août 1762] 1
Je crois qu'on se trompe, que toute 2 cette aventure n'est pas de l'année 1762, mais du temps de la Saint-Barthélémy .
Dieu soit béni de ce que les deux lettres de la mère et du fils ont effrayé et attendri les hommes sur ces horreurs, et donnent des protecteurs à l'innocence . J'apprends qu'il y en a deux éditions à Paris . Cela sera joint au procès qui sera rendu public un jour . Donat Calas nous sera d'une grande ressource . Puissions-nous avoir ici Pierre .
On ne dégoûtera certainement pas M. Crommelin . On s'unira à lui . Il faut que tous les moyens s'entraident, que toutes les voix soient à l'unisson .
J'ai toujours pensé qu'il ne fallait pas si tôt parler des filles . Quiconque a donné une lettre de cachet veut la soutenir . Ne nous brouillons avec personne . Nous avons besoin d'amis . »
1 L'édition Lettres inédites, 1863, place la lettre en juin, ce qui est trop tôt . Pour la date, on sait que Pierre Calas était avec Voltaire le 26 juillet [voir lettre du 26 juillet 1762 à Audibert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/06/16/je-passe-les-jours-et-les-nuits-a-ecrire-a-tous-ceux-qui-peu-5954821.html ] ; et le 4 août 1762 il y avait encore quelque difficulté à faire imprimer les pièces à Paris [voir lettre du 4 août 1762 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/06/27/oh-je-crierai-pendant-ma-vie-si-on-ne-veut-pas-brailler-pour-5957992.html ] ; voir aussi l'allusion aux filles de Mme Calas dans la lettre du même jour à Mme Calas : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/07/19/tout-le-reste-se-fera-bien-facilement.html
2 toute est ajouté dans la marge par V*.
10:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
J'ai pris le parti depuis quelque temps de faire relier ce que je trouve de bon dans les livres nouveaux et de brûler le reste . S'il fallait tout lire, Mathusalem n'aurait pas le temps
... Seule Mam'zelle Wagnière est , à ma connaissance, capable de lire toute l'oeuvre de Voltaire et de plus la faire connaître au monde entier . Quant à moi, je ne suis pas un bon client pour les relieurs, n'ayant pas à trouver le bon dans des livres nouveaux que je ne lis pas, non plus que de me chauffer au feu de ce qu'il m'est donné de trouver mauvais . D'autre part, le seul Mathusalem qui m'intéresse est une dive bouteille de 6 litres, à consommer, sans modération, avec ses amis .
Mathusalem semble avoir mieux à faire que lire sans trêve
« A Claude-Philippe Fyot de La Marche
25è auguste [1762] aux Délices 1
Vous voilà donc mon illustre magistrat le protecteur de Pertharite, d'Agésilas, de Suréna, de Pulchérie etc. Vous étiez fait pour ne protéger que les Cinna et les Polyeucte . La meilleur part n'est pas tombée à votre dessinateur . Je lui sais bon gré de mettre du génie dans ses dessins, puisque ce Corneille en a mis si peu dans la moitié de ses pièces . Il eût fallu plutôt les supprimer que de les décorer par des estampes , mais le public qui n'a jamais entendu ses intérêts veut avoir toutes les sottises d'un grand homme . J'ai pris le parti depuis quelque temps de faire relier ce que je trouve de bon dans les livres nouveaux et de brûler le reste . S'il fallait tout lire, Mathusalem n'aurait pas le temps . Je me flatte toujours que Pierre Corneille me donnera le temps de venir cultiver auprès de vous la vraie philosophie qui vaut mieux que la poésie . Nous allons en attendant jouer des tragédies nouvelles que les comédiens ne défigureront pas . Mlle Corneille commence à réciter des vers, comme son oncle en faisait quand il était inspiré .
Nous attendons M. le maréchal de Richelieu et M. le duc de Villars à qui nous donnerons la comédie ; je trouverai à La Marche des plaisirs plus solides . Je préfère votre conversation à tous les dialogues en vers . C'est à La Marche que je compte inter silvas academi quaerere verum 2; si ce vrai tant cherché est fait pour l'homme, il doit se trouver chez vous . Je suis toujours affligé et inquiet des tristes discussions que vous êtes forcé d'avoir avec monsieur votre fils . Les choses sont-elles toujours au même état ? et les affaires de votre parlement avec la cour ne finiront-elles point ?j'ai peur que le temps n'envenime le mal au lieu de l'adoucir . Vous êtes donc plus content de Chalons que de Dijon . Mais quelle ville ne doit pas être enchantée de vous et de votre caractère ?
J'ai l'honneur de vous envoyer encore par M. de Villeneuve un mémoire sur les Calas . Cette affaire va être portée au conseil . C'est un grand préjugé en faveur de cette malheureuse famille que vous ayez de la compassion pour elle . Agréez mes tendres respects . »
1 Manuscrit olographe sauf la date ; l'édition Correspondance inédite de 1826 est incomplète ; l'édition "Lettres inédites de Voltaire à Fyot de La Marche ", 1927, est la première à imprimer le passage Je trouverai à La Marche […] votre caractère . Daté par Wagnière sur la troisième page, et par Fyot de La Marche .
2 Chercher le vrai parmi les forêts d'Academos ; Horace, Épîtres, II, ii, 45 .
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