22/07/2017
mon frère ne peut-il pas dans les deux cas espérer qu’on lui rendra justice ?
... Le "frère" israëlien et le "frère" palestinien se rendront-ils un jour réciproquement justice : http://www.leparisien.fr/international/un-palestinien-tue...
C'est mal barré !
« A Etienne-Noël Damilaville
25 août 1762
Mon frère viendra-t-il nous voir cet automne, comme il nous en a flatté? La mort de M. Berryer 1 ne changera-t-elle rien à la disposition qu'on faisait pour la place de directeur général du vingtième 2?
On dit que M. Bertin 3 va être garde des sceaux . On parle de la surintendance pour M. le duc de Choiseul 4; mais soit qu'on le fasse surintendant, soit qu'on nomme un nouveau contrôleur général, mon frère ne peut-il pas dans les deux cas espérer qu’on lui rendra justice ?
Je prie mon cher frère de vouloir bien faire mettre à la poste la lettre ci-jointe pour M. Daumart 5 à Averton-au-Maine par Alençon . Celui à qui on l'adresse n'a pas trop de quoi payer les ports de lettres et mon frère aime à faire plaisir .
Jouera-t-on Le Droit du seigneur cet automne à Paris 6? Nous le jouerons du moins à Ferney avec Cassandre . Nous demanderons à mon frère la préférence sur la troupe parisienne . Je voudrais bien qu'il vît jouer ma nièce et Mlle Corneille . Je me livrerai volontiers à ces plaisirs, si les affaires de nos Calas vont bien . Je serais d'avis que M. de Beaumont fit signer sa consultation par une trentaine d'avocats et qu'on écrasât le parlement barbare de Toulouse sous le poids de tant de témoignages réunis .
Il n'y aura qu'à mettre une enveloppe à la lettre pour M. Daumart . »
1 Berryer qui avait reçu les Sceaux le 13 octobre 1761 tandis que Choiseul prenait la marine, mourut le 15 août 1762 . Voir : http://data.bnf.fr/16260004/nicolas_rene_berryer/
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas-Ren%C3%A9_Berryer
2 Le directeur du vingtième était Gaudet et le seul changement fut qu'on lui adjoignit Barillon avec une compétence spéciale pour Paris .Voir : https://books.google.fr/books?id=FqX2MerlJvIC&pg=PT124&lpg=PT124&dq=directeurs+de+la+régie+du+vingtième++au+XVIIIè+siècle&source=bl&ots=t-uU9NnglX&sig=yLtZ0wTpG1P6qm2L89dLrVC0G9k&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwipo9KjuJvVAhVClxoKHfbvBDcQ6AEIRTAG#v=onepage&q=directeurs de la régie du vingtième au XVIIIè siècle&f=false
3 Bertin resta ministre sans portefeuille ; c'est Paul-Esprit Feydeau de Brou qui succéda à Berryer . Voir : http://data.bnf.fr/14570470/paul-esprit_feydeau_de_brou/
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul-Esprit_Feydeau_de_Brou
4 La surintendance des Postes était au nombre des compétences de Choiseul .
5 Pour mémoire, la mère de Voltaire était Marie-Marguerite Daumart ou d'Aumart . Voir aussi : http://www.communes.com/pays-de-la-loire/mayenne/averton_53700/
6 La pièce ne fut jamais reprise .
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21/07/2017
Je ne plaindrai pour cette affaire ni l'argent ni les soins
... Serait la phrase attendue de la part du gouvernement par le monde agricole :
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017/07/20/20002...
Des sourires : OK , mais, franchement on préfère des actes .
« A Ami Camp,
Banquier
à Lyon
25 auguste 1762 1
Je vous demande pardon, monsieur, de l'impatience de Mme Denis . Son vernis est arrivé . Vous avez de l'indulgence pour les dames . Je ne doute pas que M. de Laleu n'ait fait honneur à votre mandat de cent vingt 2 louis d'or pour le paiement de juillet . Je vous prie de ne rien tirer pour le mois d'août avant que j'aie fait un petit compte avec lui . Je lui redevrai environ 800 livres sur ce mois . Nous les défalquerons . J’aurai l'honneur de vous en donner avis, et je ferai bon à Mme Denis de cette diminution .
N'y a-t-il point quelques coupons de mes billets de loterie et annuités entre les mains de M. Tronchin ? S'il y en avait je pourrais tirer cette bagatelle sur M. Tronchin à Paris pour quelques petits déboursés que je ferais en emplettes dans cette ville . Je laisserai toujours vos 250 000 livres très intactes . Les 120 louis de M. de Laleu iront toujours leur train chaque mois . Je me flatte que j'aurai auprès de vous la réputation d'un homme d'ordre .
Je me flatte qu'enfin nous ferons obtenir justice aux Calas contre les roueurs de Toulouse . Je ne plaindrai pour cette affaire ni l'argent ni les soins . Bonjour mon cher correspondant . Je vous embrasse du meilleur de mon cœur .
V. »
1 L'édition Cayrol limite cette lettre à un court extrait fondu dans une « lettre » datée du 27 août 1762
2 vingt ajouté par V* au-dessus de la ligne .
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20/07/2017
Tout le reste se fera bien facilement
... Car ainsi que le disent les PFG : "mourez, nous ferons le reste" *.
*NDLR -- James se permet un peu d'humour noir pour conjurer l'actualité .
Plus sérieusement, merci à Max Gallo pour son choix de titre et d'avoir prêté son talent de conteur pour faire connaître une facette de cette pierre précieuse qu'est Voltaire, l'académicien du fauteuil 24 nous parlant de celui du fauteuil 33 . Je n'ai que feuilleté cet ouvrage, faute de temps, et de ce fait je connais mieux Gallo par son "Que sont les siècles pour la mer" lu à une époque sans ordinateur, et qui m'avait agacé par ses idées politiques . Bast ! il a fait du mieux qu'il savait .
https://fr.wikipedia.org/wiki/Max_Gallo
« A Anne-Rose Calas
On se trompe beaucoup quand on dit que Mme de P[ompadour] ne s'intéresse pas à l'affaire ; il est vrai qu'elle ne peut ni ne doit agir ouvertement, mais il est certain qu'elle est très touchée d'une si horrible injustice, qu'elle rendra tous les services possibles sans se compromettre ; voilà sur quoi madame C[alas] peut compter . Il ne faut pas s'étonner si M. de Saint-Florentin a reçu le placet sans le lire, on ne lit guère de placets à l'audience . Il faudrait que l'audience tint vingt-quatre heures pour les lire tous .
Il ne faudrait pas s'étonner qu'on ne rendit à madame C ses filles qu'après la révision du procès .
Le gain de ce procès me paraît sûr . M. le premier président de Nicolaï est celui qui a agi le plus fortement auprès de monsieur le chancelier . Il serait bon que madame C allât le remercier quand il sera à Paris .
Tout ce qu'on a fait jusqu'à présent a consisté à disposer favorablement les esprits, à émouvoir la compassion publique, et à exciter l'indignation . Tout le reste se fera bien facilement . Madame C peut être tranquille . Elle sera très bien servie par MM. Mariette et de Beaumont, et on prend de tous côtés les meilleures mesures en sa faveur .
Quant au jeune Lavaysse, c'est assez qu'il rende justice à la vérité dans le cours du procès, mais il ne doit pas négliger de faire connaître cette vérité à tous les particuliers auxquels il pourra parler . C'est un devoir dont il ne peut se dispenser, et dont sans doute il s'acquittera . En un mot madame C se repose sur son innocence, et sur le zèle inaltérable de ceux qui s'intéressent à son affaire .
Du 25è août [1762] 1»
1 Copie par Debrus avec deux annotations de date , « 63 » et « 63-4 » ; l'édition Lettres inédites donne la bonne date ici retenue .
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19/07/2017
il n’avait pu passer chez moi parce qu’il a sa femme ; mais certainement je ne lui aurais pas pris sa femme
... Je peux vous l'assurer . Mme *** n'est pas mon genre et je ne briserai en aucun cas le couple de M.*** . Voilà ! Quant à savoir de qui il pourrait s'agir, je vous laisse maîtres de l'identification .
« Au marquis Francesco Albergati Capacelli
senatore di Bologna
à Bologna
25è auguste 1762, aux Délices 1
Le caro Goldoni, le figlio della natura 2 veut donc, monsieur, me laisser mourir sans me donner la consolation de le voir. Il m’a écrit de Lyon qu’il n’avait pu passer chez moi parce qu’il a sa femme ; mais certainement je ne lui aurais pas pris sa femme, et je les aurais reçus tous deux avec autant d’empressement qu’il le sera partout ailleurs. Il m’a mandé que de Lyon il allait à Paris, mais il ne m’a pas donné d’adresse ; ainsi je ne sais où lui répondre.
Je suis tout à fait angustiato 3. Vous m’étonnez, monsieur, de m’apprendre que vous voulez ressusciter en Italie la tragédie Idoménée 4, qui est morte à Paris dès sa naissance, il y a quelque soixante ans. C’est un des plus insipides ouvrages qu’on ait jamais donnés au théâtre, et aussi mal écrit que mal conduit. Assurément Phèdre et Polyeucte seraient bien étonnés de se trouver en pareille compagnie. Non, vous ne serez pas comme ceux qui tiennent table ouverte, et qui reçoivent également les gens aimables et les importuns.
Dieu a béni votre théâtre, et n’a pas accordé au mien beaucoup de faveur cette année. J’ai été si malade, qu’il m’a fallu quitter le château de Ferney pour aller aux Délices près de Genève, et pour être longtemps entre les mains des médecins. Pendant ce temps-là, vous donniez de belles fêtes ; et il vous est plus aisé de trouver des acteurs à Bologne, qu’à moi d’en trouver à Genève. Bologna la dotta 5 vaut mieux que Genève la pédante, où il n’y a que des prédicants, des marchands, et des truites ; je ne m’accommode pas tout à fait de cela, moi qui aime mieux une bonne tragédie qu'un sermon . Ce que nous avons de plus agréable dans ce pays-ci, c’est que nous sommes instruits les premiers de toutes les sottises sanguinaires qui se passent dans le Nord. Nous sommes tout juste entre la France, l’Allemagne, et l’Italie ; et on ne tue personne vers Dresde que nous ne le sachions les premiers. Avec tout cela j’aimerais beaucoup mieux avoir bâti un château vers Bologna que vers les Allobroges, et être votre voisin que celui des Savoyards ; mais Dieu n’a pas voulu que je visse la belle Italie. Il faut que je vive et que je meure où je suis . J’y vivrai et j’y mourrai plein d’estime et de respect pour vous.
V. »
1 L'original porte la mention « fco Milano » ; l'édition de Kehl est peu soignée comme la copie Beaumarchais ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-24-123150901.html
2 Le cher Goldoni, l'enfant de la nature .
3 En peine .
4 Idoménée, tragédie de Crébillon avait été jouée en décembre 1705 et n'avait jamais été reprise . Une note du manuscrit et de l'édition précise : « Idoménée fut traduit par MM. Paradisi et Albergati, non par choix, mais par complaisance . »
5 « Bologne la docte » souvenir de Culta Bonomia, de Martial, Épigrammes, III, IX, 1 .
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18/07/2017
alors il ne s’agit que de chercher la vérité et non de ménager les convenances
... Ce qu'a fait avec honneur Emmanuel Macron
http://www.20minutes.fr/societe/2105011-20170716-devoir-m...
Tristement vrai, des sourires inconscients
« Charles Pinot Duclos
Aux Délices 23 août 1762
Je prie l’Académie de considérer que je n’ai pu employer d’autre méthode que celle de lui envoyer les premières idées des commentaires sur Corneille, afin qu’elle eût la bonté de les rectifier . Je les travaille avec soin quand elle a eu la bonté de me les renvoyer.
Il arrive quelquefois que, dans les ébauches que je lui soumets, je m’exprime trop naïvement, parce que alors il ne s’agit que de chercher la vérité et non de ménager les convenances. Je ne donne pas aussi toute l’étendue nécessaire à mes remarques, bien sûr que l’Académie m’entendra.
Je découvre souvent à la révision une centaine de vers dont j’avais négligé l’examen. Les fautes sont innombrables dans les pièces qui suivent Polyeucte . Le travail est souvent désagréable et ingrat. Cependant je suis beaucoup plus prodigue d’éloges que de critiques ; et on s’en convaincra aisément, si on veut bien jeter les yeux sur les remarques pages 318 et 319 1.
J’ajoute à cet envoi la traduction exacte de La conspiration de Brutus et de Cassius, ou de La Mort de César, que les Anglais préfèrent à Cinna. Je mets en parallèle cette pièce de Shakespeare et celle de Corneille. On sera peut-être étonné, et je crois que les nations verront qu’il y a quelque différence entre le théâtre français et le théâtre anglais.
J’espère que l’Académie et le public ne me sauront pas mauvais gré d’avoir exposé ces deux pièces de comparaison.
Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien communiquer à l’Académie ces petites réflexions, et de me dire ce qu’elle pense de cette entreprise. Vous obligerez votre etc. »
1 Voltaire semble se référer aux pages des manuscrits envoyés à l'Académie ; voir dans Pompée, la remarque sur les vers « Ô soupirs ! Ô respects ! etc. »(voir page 471 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome31.djvu/481
)
07:42 | Lien permanent | Commentaires (0)
17/07/2017
Les Turcs prétendent que leur alcoran a tantôt un visage d’ange, et tantôt un visage de bête. Cette définition de l’alcoran convient assez au temps où nous vivons
... Rien de neuf sous le soleil, mon cher Voltaire tu as vu juste une fois de plus, on a de nos jours l'exposition du visage de bête, -bête féroce- de l'alcoran et pas seulement chez les Turcs qui, eux, ont tenté de nous faire croire qu'ils étaient laïcs et tolérants . Erdogan tu es quand même un sacré faux cul , mais un vrai terroriste au sens premier du terme .
« A François-Achard Joumard Tison, marquis d'Argence
En son château de Dirac
près d'Angoulême
21è auguste 1762
Le vieux paresseux malade a rarement la consolation d’écrire à son philosophe d’Angoulême. Vous avez dû recevoir un petit imprimé 1 qu’on dit assez curieux, et qui est dans votre goût. Je pense qu’il vous fut envoyé par votre libraire de Genève, avant votre voyage de Paris. Le libraire m’a dit que vous ne lui en aviez point accusé la réception. Il prétend que c’est un ouvrage très rare, et qu’il a eu beaucoup de peine à vous trouver. Si vous aviez quelque envie de voir les mémoires des Calas, il faudrait donner une adresse par laquelle on pût vous épargner un port considérable ; ce qui n’est pas à présent trop aisé. Ces Calas sont, comme peut-être vous l’avez déjà ouï dire, des protestants imbéciles que des catholiques un peu fanatiques ont fait rouer à Toulouse.
Si notre siècle a des moments de raison, il en a de folies, bien atroces . Les Turcs prétendent que leur alcoran a tantôt un visage d’ange, et tantôt un visage de bête. Cette définition de l’alcoran convient assez au temps où nous vivons ; il y a quelques philosophes , voilà les visages d’anges ; tout ce qui se fait ailleurs ressemble fort à des visages de bêtes.
Je crois que nous aurons bientôt ici le gouverneur de votre Guyenne 2 ; il fait, comme vous, un petit pèlerinage chez le vieux gymnosophiste 3; mais de tous les sages qui sont venus dans cet ermitage, vous serez toujours celui que je regretterai et que j’aimerai le plus.
Nous n’avons point eu de nouvelles intéressantes depuis la dernière colique du czar ; il n’y a eu ni roi détrôné, ni moines abolis, ni batailles données la semaine dernière.
V.»
1 Testament de Jean Meslier .
2 Richelieu .
3 Les gymnosophistes étaient des philosophes indiens qui s'abstenaient de viande et s'adonnaient à la contemplation . V* en par le dans la Lettre d'un Turc (1750) : https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Voltaire-Turc.pdf
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y a-t-il quelque roi en prison ?
... Pas que je sache !
Ce type de résidence étant plutôt à réserver à un certain nombre -non négligeable- de présidents d'Etats pillés par lesdits présidents, fauteurs de troubles, gens de sac et de corde , dictateurs régnant par la terreur dont le triste sire Erdogan est un échantillon représentatif, qui trouve et veut couper sans trêve une foule de têtes de Turcs, uniquement par peur j'en suis sûr .
Combien sont de petits Napoléon Bonaparte en mal de gloire et de richesse ? Je leur souhaite la même fin, et j'ai une affection particulière pour L. van Beethoven qui , comme beaucoup, abusé par l'homme, reconnut le dictateur sous la couronne impériale et lui retira sa dédicace de sa 3è symphonie "Eroïca" (https://fr.wikipedia.org/wiki/Symphonie_n%C2%BA_3_de_Beet... ) :
https://www.youtube.com/watch?v=sbHD189DAp0
« A Gabriel Cramer
[vers le 21 août 1762]
J'envoie à mon cher Gabriel mon beau et honnête certificat 1. Avez-vous quelques nouvelles ? y a-t-il quelque roi en prison ? a-t-on donné quelque bataille ? J'attends des feuilles historiques, poétiques, critiques . »
1L'éditeur Crowley identifie ce « certificat » comme l' « Avis important sur l'histoire de Charles XII » fourni par La Vergne de Tressan le 11 juillet 1759 , voir lettre du 20 juillet 1759 à Stanislas Lesczynski : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/23/en-epargnant-au-lecteur-les-termes-trop-honorables-pour-ne-l-5433078.html
C'est cependant douteux car à cette époque, V* n'aurait pas posé ces questions . Comparer en revanche ce billet avec le dernier paragraphe de la lettre du 21 août 1762 à d'Argence : voir http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-24-123150901.html
En conséquence , le « certificat » doit être un des papiers relatifs à l'affaire Calas .
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