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02/01/2010

il est dans ce bas monde Beaucoup plus de rois que d’amis

 Un peu de ce qui m'a accompagné pour transcrire cette lettre :

http://www.youtube.com/watch?v=TJcoaIeH3GI&NR=1

http://www.youtube.com/watch?v=3X9LvC9WkkQ&NR=1

 

Roismages image.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Un lien pour une interprètation qui me plait et me touche et qui peut-être éveille quelques souvenirs chez ceux qui ont touché un clavier : http://www.dailymotion.com/video/x18vjb_marche-des-rois_f...

 

 

 

rois-mages-XIIIe chartres.jpg

 

 

 

 

 

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

Ancien Conseiller au parlement à Rouen.

 

Les rois ne me sont rien, mon bonheur ne se fonde,

Que sur cette amitié  dont vous sentez le prix,

Mais hélas Cideville, il est dans ce bas monde

Beaucoup plus de rois que d’amis.

 

                            Mon malheur veut que je ne voie guère plus mes amis que les rois. Je suis presque toujours malade. Je n’ai envisagé qu’une fois le roi mon maître depuis son retour et il y a plus de six mois que je ne vous ai vu. Il est bien vrai que nous avons joué à Sceaux des opéras, des comédies, des farces et qu’ensuite m’élevant par degrés au comble des honneurs j’ai été admis au théâtre des petits cabinets entre Montcrif et d’Arboulin. Mais, mon cher Cideville, tout l’éclat dont brille Montcrif ne m’a point séduit. Les talents ne rendent point heureux surtout quand on est malade, ils sont comme une jolie dame dont les galants s’amusent et dont le mari est fort mécontent. Je ne vis point comme je voudrais vivre, mais quel est l’homme qui fait son destin ? Nous sommes dans cette vie des marionnettes que Brioché mène et conduit sans qu’elles s’en doutent. On dit que vous revenez incessamment. Dieu veuille que je profite de votre séjour à Paris un peu plus que l’année passée ! En vérité nous sommes faits pour vivre ensemble. Il est ridicule que nous ne fassions que nous rencontrer.

 

                            Adieu mon cher et ancien ami, Mme du Châtelet-Neuton vous fait mille compliments.

 

                            V.

                            2 janvier 1748. »

 

 

 

 

 

roisCom.jpg

 

 

 

Volti faisait-il partie de ces rois de la com' ?

Je crois que oui, incontestablement, il a excellé dans cet art !

 

 

Autres rois !

Rois d'un jour ? d'une vie ?

http://www.youtube.com/watch?v=qpF4p0wR1Lg

 

Amour-roi ? Dédicace spéciale pour une bloggueuse qui se reconnaitra …

http://www.youtube.com/watch?v=MuZ4-cdGgQE&NR=1

 

                           

 

 

 

11/12/2009

Mais que dites-vous de l’injustice des méchants qui prétendent que Eriphyle est de moi et que Charles XII a été imprimé à Rouen ?

 http://www.youtube.com/watch?v=3bzcVs0ZGws&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=UPxMltWnmYQ&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=8rjhXNaDPCg&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=SOJSIc-tp7Q&feature=re...

minaret humour jpg_dessin-iran-monachies.jpg

Minaret !

 Modèle fourni avec ou sans prière, qui bien sûr sera la dernière !

Peu importe la langue et le dieu dur d'oreille sensé l'exaucer ? l'entendre ? l'ignorer ?

http://www.youtube.com/watch?v=F3i4nqrEsNc&feature=re...

 

 

Et pendant ce temps, Johnny ... Passons ...

 

 

 

 

Retour vers le passé où  la liberté de presse est une vue de l'esprit .

 

 

« A Jean-Baptiste-Nicolas Formont

 

Paris ce 10 décembre 1731

 

                            Grand merci de la prudence et de la vivacité de votre amitié. Je ne peux vous exprimer combien je suis aise que vous ayez logé chez vous les onze pèlerins [onze exemplaires de l’Histoire de Charles XII, imprimés clandestinement à Rouen , par Jore quand V* est à Cantelieu,et que Formont à fait parvenir à V* revenu début août à Paris ]. Mais que dites-vous de l’injustice des méchants qui prétendent que Eriphyle est de moi et que Charles XII a été imprimé à Rouen ? L’antéchrist est venu mon cher Monsieur ; c’est lui qui a fait la vérité de La religion prouvée par les faits [La Religion chrétienne prouvée par les faits, de l’abbé d’Houtteville, en 1722], Marie Alacoque [La vie de la vénérable mère Marguerite-Marie, 1729, de Jean-Joseph Languet de La Villeneuve de Gergy, dont aime à se moquer V*], Séthos [de Jean Terrasson, 1731], Œdipe en prose rimée et non rimée [ de Antoine Houdar de La Motte, 1726 ; la version non rimée n’a jamais été jouée, note V*], pour Charles XII il faut qu’il soit de la façon d’Elie, car il est très approuvé et persécuté [saisie des premiers exemplaires fin 1730, pourtant avec privilège . Edition clandestine à Rouen et dans le même temps, édition en Angleterre, chez Bowyer dès janvier, puis en mars un traduction éditée chez le même, puis deuxième édition en mai : gros succès ]. Une chose me fâche. C’est que le chevalier Folard que je cite dans cette histoire vient de devenir fou [Jean-Charles Folard qui avait assisté à la mort de Charles XII, devint un convulsionnaire du cimetère de Saint Médard ]. Il a des convulsions au tombeau de saint Paris . Cela infirme un peu son autorité : mais après tout le héros de l’histoire n’était guère plus raisonnable.

 

                            Vous devez savoir qu’on a voulu mettre Jore à la Bastille pour avoir imprimé à la tête du procès du père Girard une préface qu’on m’attribuait [On avait voulu pendre et brûler le jésuite Girard accusé d’avoir séduit Marie-Catherine Cadière par magie]; comme on a su que j’ai fait sauver Jore, vous croyez bien que l’opinion que j’étais l’auteur de la préface n’a pas été affaiblie ni dans l’ esprit des jésuites ni dans celui des magistrats leurs valets . Cependant c’était l’abbé Desfontaines qui en était l’auteur [ il affirmera à Hérault le 7 janvier 1732 qu’il s’est contenté de corriger cette préface ]. On l’a su à la fin, et ce  qui vous étonnera c’est que l’abbé couche chez lui. Il m’en a l’obligation ; je lui ai sauvé la Bastille [en mai 1725, V* est intervenu pour défendre Desfontaines accusé de sodomie et a permis sa libération ], mais je n’ai pas été fort éloigné d’y aller moi-même.

 

                            J’ai écrit à M. de Cideville pour le prier d’engager M. des Forges à empêcher rigoureusement qu’on n’imprime Charles XII à Rouen [V* en écrivant à Cideville le 20 novembre tente de faire empêcher une contrefaçon de l’Histoire de Charles XII à Rouen par  Machuel (« Mazuel »]. Je crois que les Mazuel en ont commencé une édition. M. le premier président ferait un beau coup de l’arrêter. Mais Daphnis, Chloé, Antoine et Cléopatre, Isis et Argus me tiennent encore plus au cœur [personnages de pièces de Cideville]. Adieu.

 

                            Voltaire. »

 

 

06/12/2009

il ne m’est pas permis de parler d’un si grand homme sans le connaitre

http://www.youtube.com/watch?v=kILbhPUe8LE&feature=re...

 Puisqu'il va être question de bagatelles, avez-vous apprécié celle qui précède ?

« A Jean-Baptiste-Nicolas Formont

 

 

A Paris ce samedi [6 décembre 1732]

 

 

                            Il y a mille ans, mon cher Formont, que je ne vous ai écrit ; j’en suis plus fâché que vous. Vous me parliez dans votre dernière lettre de Zaïre et vous me donniez de très bons conseils. Je suis un ingrat de toutes façons. J’ai passé deux mois  sans vous en  remercier et je n’en ai pas assez profité. J’aurai dû employer une partie de mon temps pour vous écrire et l’autre à corriger Zaïre. Mais je l’ai perdu tout entier à Fontainebleau à faire des querelles entre les actrices  pour les premiers rôles et entre la reine  et les princesses pour faire jouer des comédies, à former de grandes factions pour des bagatelles et à brouiller toute la cour pour des riens [V* tenait à faire jouer sa Mariamne à Fontainebleau devant la cour, et à empêcher qu’on en jouât la Critique comme le voulait le duc de Mortemart . Il se forma deux partis, V* obtint l’appui de la reine et eut gain de cause . Il en parle le 19 octobre dans sa lettre à Mlle de Lubert. Le 28, Mathieu Marais en donna des précisions à Bouhier]. Dans les intervalles que me laissaient ces importantes billevesées je m’amusai à lire Newton au lieu de retoucher notre Zaïre. Je suis enfin déterminé à faire paraître ces Lettres anglaises, [Il avait commencé à les composer au printemps 1728 Letters concerning the English nation, publiées à Londres en 1733 par les soins de Thiriot. En 1732, il les rédige en français. Dès le 26 octobre 1726, dans une lettre à Thiriot, V* avait déjà dit son intention de les écrire ] et c’est pour celà qu’il m’a fallu relire Newton ; car il ne m’est pas permis de parler d’un si grand homme sans le connaitre. J’ai refondu entièrement les lettres où je parlais de lui et j’ose  donner un petit précis de toute sa philosophie. Je fais son histoire et celle de Descartes. Je touche en peu de mots les belles découvertes et les innombrables erreurs de notre René. J’ai la hardiesse de soutenir le système d’Isaac qui me parait démontré. Tout cela fera quatre ou cinq lettres [finalement quatre : 14è, 15è, 16è, 17è.] que je tâche d’égayer et de rendre intéressantes autant que la matière peut le permettre ; je suis aussi  obligé de changer  tout ce que j’avais écrit à l’occasion de M. Locke [13è lettre ], parce qu’après tout je veux vivre en France, et qu’il ne m’est pas permis d’être aussi philosophe qu’un Anglais. Il me faut déguiser à Paris ce que je ne pourrais dire trop fortement à Londres. Cette circonspection malheureuse mais nécessaire me fait rayer plus d’un endroit assez plaisant sur les quakers et les presbytériens. Le cœur m’en saigne. Thiriot en souffrira [il devait en toucher les droits !]; vous regretterez ces endroits et moi aussi, mais

 

Non me fata meis patientur scribere nugas

Auspiciis, et sponte mea componere cartas.

[les destins ne me permettent pas d’écrire des bagatelles sous mes propres auspices

 et de composer à ma guise mes œuvres. ]

 

J’ai lu au cardinal de Fleury deux lettres sur les quakers desquelles j’avais pris grand soin de retrancher tout ce qui pouvait effaroucher sa dévote et sage Eminence. Il a trouvé ce qui en restait encore assez plaisant, mais le pauvre homme ne sait pas ce qu’il a perdu .Je compte vous envoyer mon manuscrit dès que j’aurai tâché d’expliquer Newton et d’obscurcir Locke .Vous me paraissez aussi désirer certaines pièces fugitives [dont l’Epitre à Uranie ; en octobre 1722, V* avait terminé une Epitre à Julie qui devint plus tard (1726) l’Epitre à Uranie , puis dès 1735, Le Pour et le Contre publié sous ce titre en 1772 ; ce poême déiste est présenté comme une réponse à Mme de Ruppelmonde en proie aux « terreurs de l’autre vie »] dont l’abbé de Sade [Jacques-François-Paul-Aldonce de Sade, oncle du célèbre marquis ] vous a parlé. Je veux vous  envoyer tout mon magasin, à vous et à M. de Cideville pour vos étrennes. Mais je ne veux pas vous donner rien pour rien. Je sais, monsieur le fripon, que vous avez écrit à Mlle de Launay [dame de compagnie de la duchesse du Maine, deviendra Mme de Staal et écrira ses Mémoires ] une de ces lettres charmantes où vous joignez les grâces à la raison, et où vous couvrez de roses votre bonnet de philosophe. Si vous nous faisiez part de ces gentillesses, ce serait en vérité très bien fait à vous et je me croirais payé avec usure du magasin que je vous destine. Notre baronne [Mme de Fontaine-Martel ] vous fait ses compliments. Tout le monde vous désire ici. Vous devriez bien venir reprendre votre appartement chez MM. des Alleurs et passer votre hiver à Paris. Vous me feriez peut-être faire encore  quelque tragédie nouvelle. Adieu ; je supplie M. de Cideville de vous dire combien je vous aime, et je prie M. de Formont d’assurer  mon cher Cideville de ma tendre amitié. Adieu. Je ne me croirai heureux que quand je pourrai passer ma vie entre vous deux. Mille compliments à MM. De Bourgtroulde [Du Bourg-Théroulde : Jean-Baptiste-François Lecordier de Bigars, marquis de La Londe, président à mortier à Rouen ] et Brevedent.

 

 

                            Voltaire. »

Le piano est un instrument à percussions, vous pourrez voous en rendre compte avec l'interprètation de cette bagatelle par Richter, slave au caractère enflammé , mais aussi nuancé :

http://www.youtube.com/watch?v=DUruIjvHsKw&feature=re...

23/08/2009

je me livre à vous en liberté au plaisir de voir réussir ce que vous avez approuvé

Il est toujours dit qu'il faut adopter une ligne de conduite et que d'autre part il ne faut pas franchir la bande blanche , je vous laisse apprécier celle -ci :

 http://www.youtube.com/watch?v=k8gvO4_T4mE&feature=re...

Je suis un fan de la Linéa , vous comprenez évidemment pourquoi : humour et qualité poêtique ; vous aussi grapillez ces gentils ou grinçants moments ... Merci Oswaldo Canandoli !

Episode 1 :découverte de cet oiseau rare génial : http://www.youtube.com/watch?v=skb2gKR7rOk&eurl=http%...

 

See you later, disais-je ce matin de bonne heure (euh ! n'exagère pas James ! il était déjà 9h passées...)

 Here I am ! Now ...

 

la_linea_main.jpg

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville,

Conseiller au parlement,

rue de l’Écureuil à Rouen

et

à Jean-Baptiste-Nicolas Formont

 

 

 

                            Mes chers et aimables critiques, je voudrais que vous puissiez être témoins du succès de Zaïre, vous verriez que vos avis ne m’ont pas été inutiles et qu’il y en a peu dont je n’aie profité. Souffrez, mon cher Cideville, que je me livre à vous en liberté au plaisir de voir réussir ce que vous avez approuvé. Ma satisfaction s’augmente en vous la communiquant. Jamais pièce ne fut si bien jouée que Zaïre à la quatrième représentation [première le 13 août : succès « prodigieux », mais Formont a noté des négligences dans cette pièce écrite en 22 jours ; V* fit des corrections qu’il put faire admettre à l’acteur Dufresne ; la 4ème représentation et les six suivantes firent salle comble et Zaïre sera reprise en novembre]. Je vous souhaitais bien là. Vous auriez vu que le public ne hait pas votre ami. Je parus dans une loge et tout le parterre me battit des mains. Je rougissais, je me cachais, mais je serais un fripon si je ne vous avouais pas que j’étais sensiblement touché. Il est doux de n’être pas honni dans son pays. Je suis sûr que vous m’en aimerez davantage.

 

 

                            Mais, Messieurs, renvoyez moi donc Eriphyle dont je ne peux me passer et qu’on va jouer à Fontainebleau [Eriphyle ne sera jamais jouée à la cour]. Mon Dieu ce que c’est que de choisir un sujet intéressant ! Eriphyle est bien mieux écrite que Zaïre mais tous les ornements, tout l’esprit et toute la force de la poésie ne valent pas à ce qu’on dit un trait de sentiment. Renvoyez-moi cependant mon paquet par le coche. J’en ai un besoin extrême. J’en ai encore plus de vos avis. Adieu mes chers Cideville et Formont.

 

Quod si me tragicis vatibus inseres,

Sublimi feriam sidera vertice.

[Si tu me donnes une place parmi les tragiques inspirés,

je frapperai là-haut de ma tête les astres.]

 

                            Je vous demande en grâce de passer chez Jore, et de vouloir bien le presser de m’envoyer les exemplaires de l’édition de Hollande [l’édition Ledet des ses Œuvres complètes, dont il disait à Formont le 10 juillet : « Je n’ai pu me dispenser de fournir quelques corrections et quelques changements au libraire qui avait déjà mes ouvrages et qui les imprimait sur des copies défectueuses qui étaient entre ses mains. Mais ne sachant pas précisément quelles pièces fugitives il avait de moi, je n’ai pu les corriger toutes. Non seulement je ne réponds point de l’édition, mais j’empêcherai qu’elle n’entre en France. Nous en aurons bientôt une corrigée avec plus de soin… »] .

 

 

                            Adieu, je vous embrasse bien tendrement.

 

 

                            V.

                            23 août 1732. »

 

 De même que Volti heureux du son succès, je suis assez satisfait de mes visites de ce jour, et requinqué je me dédicace ceci (d'abord pour le titre, -immense autosatisfaction direz-vous, à juste titre-, justement !!) : http://www.youtube.com/watch?v=wFb7lJ38cXw&feature=re...

 

 

                           

 

16/08/2009

lorsqu’il s’agit de faire du bien il est permis d’être imprudent,... mon cœur est fait pour les grandes passions

Un air qui me trotte dans la tête, allez savoir pourquoi, je laisse faire mon subconscient et je vous le transmets : http://www.youtube.com/watch?v=CSzMXRjr-zQ   ou http://www.youtube.com/watch?v=0rlB_q6lJ5A&NR=1 ,et je mets le son à fond . Allez-y ! ça fait bouger entre les deux oreilles !!

 

 

Volti lui aura de nombreuses "pretty woman" et sera un vrai "tombeur" qui vous le voyez sait se mettre à la hauteur de l'interlocutrice . 

Embrassons-nous et jouons !!!

Vont-t-ils finir en se roulant sur un tapis ? Vous le saurez en venant au château de Volti à Ferney ....

mlle clairon Jean.Huber.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 N'ayant pu trouver une lettre datée du 15 aout, je vous donne celle-ci .

 « Au baron Frédéric Melchior Von Grimm

 

 

                            Je n’avais pas manqué, mon cher prophète, d’écrire à l’impératrice de Russie, car lorsqu’il s’agit de faire du bien il est permis d’être imprudent [elle avait écrit : « …ce livre (La Philosophie de l’histoire) sera infailliblement purifié par le feu à Paris, ce qui lui donnera un lustre de plus. »]. Cette souveraine qui m’a daigné écrire une lettre aussi philosophique que charmante vient de se signaler par deux actions dont  aucune de nos dévotes n’est capable [« Elle a fait présent de quinze mille livres à M. Diderot » pour l’achat en viager se sa bibliothèque, et lui accordera «  cent pistoles chaque année pour les soins qu’il en prendrait », «  et de cinq mille livres à Mme Calas]. Les philosophes français contribuent à sa réputation, et les Welches ne pourront la ternir.

 

Je suspends ma lettre pour aller entendre Mlle Clairon qui va jouer Électre dans la tragédie d’Oreste.

 

J’en viens, j’ai été dans le ciel pendant deux heures. Il y a eu bien des talents en France, il n’y en a eu aucun qui en son genre ait été poussé à cette perfection. Je suis hors de moi. Il est  convenable, il est juste que Mlle Clairon ait des dégoûts, et que Fréron soit honoré et récompensé.

 

                            Ce qui vous étonnera c’est que cette sublime personne n’a été déparée par aucun acteur tant elle les animait tous [Mme Denis et Mme de Florian, ses nièces, ont très bien joué, écrira-t-il à Cideville].   Je suis bien sûr qu’elle n’a jamais fait plus d’impression à Paris que dans ma masure allobroge où j’avais rassemblé environ cent cinquante personnes, la plupart dignes de l’entendre.

 

                            Malgré tous mes transports [dans ces « transports » il composera une Épître à Mlle Clairon si élogieuse qu’il reconnaitra qu’il a « été un peu trop loin…, mais (il a) cru qu’il fallait un tel baume sur les blessures qu’elle avait reçues au Fort-L’Evêque »,  (où elle avait été emprisonnée.], Mlle Clairon ne me fait pas oublier Mme Calas : mon cœur est fait pour les grandes passions. Dans l’instant, je reçois quelques signatures de souscripteurs [comme V* l’écrira à Collini le 4 octobre  « … on fait dans Paris une très belle estampe de la famille des Calas. On a fait une espèce de souscription… Elle vaut un écu de six livres », au profit des Calas. Suite à l’opposition du parlement de Toulouse,- M. David et huit conseillers-,  V* espèrera « que la démarche inattendue du parlement ne servira qu’à augmenter l’empressement du public. »]. J’espère que cette entreprise ne sera pas infructueuse, et je doute que le nombre d’estampes puisse suffire. Je suis aux pieds de M. de Carmontelle ; il a fait une action digne de ses crayons ; vous en faites une digne de votre cœur. Je présente mon respect à ma charmante philosophe [Mme d’Épinay] que je n’oublierai jamais. Puissent tous les Welches devenir Français ! Je vous embrasse avec la plus vive tendresse.

 

Voltaire

Ferney vers le 14 août 1765. »

 

 

 

Friedrich_Melchior_Grimm.jpg

Quelques facettes de ce Melchior Grimm : http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://web1.radio-f...

 

 

 

 

 

                           

 

 

 

 

 

                           

19/04/2009

Je n’ai point de recueillement dans l’esprit

Oui, mon côté manuel s'est fortement exprimé ces jours-ci, et Volti est resté sur la touche . Il y a une vie qui tient compte de la météo et des possibilités de travail en équipe !...

Quelques courbatures passées, quelques couleurs dues au soleil et à la lasure dégoulinante,  la satisfaction du devoir accompli pour le bien des usagers du terrain de tir (à l'arc ) me laissent retrouver une ambiance XVIIIème (siècle!). Il faut toucher à tout pour être heureux . Et optimiste pour entreprendre des travaux en plein air !!

http://www.arcclubprevessin.com/

 

 

 

 

Ce dimanche, je refréquente mon flatteur préféré, que certains -et je les comprend- iront qualifier de lèche-cul ! Soit ! mais méfiez-vous, il a la langue acide !! Poli, aimable, trop aimable ? C'est sa nature . A prendre tel quel sans se leurrer : "que votre imagination est riante et féconde !". Avouez que si quelqu'un vous fait un tel compliment - ici je parle pour moi- vous le prenez au premier degré si vous êtes imbu de vous même et flatté par "un maître" que vous avez "l'honneur" de fréquenter, ou vous vous souvenez de la fable "Le Corbeau et le Renard", et vous riez de vous même ; c'set mon option !

 

 

 

 

le-corbeau-et-le-renard.jpg

 

 

 

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

 

 

                            Vraiment mon cher ami, je ne vous ai point encore remercié de cet aimable recueil que vous m’avez donné [Epître en vers accompagnant des écrits  de Cideville]. Je viens de le relire avec un nouveau plaisir. Que j’aime la naïveté de vos peintures ! que votre imagination est riante et féconde ! et ce qui répand sur tout cela un  charme inexprimable, c’est que tout  est conduit par le cœur. C’est toujours  l’amour ou l’amitié qui vous inspire. C’est une espèce de profanation à moi de ne vous écrire que de la prose après les beaux exemples que vous me donnez. Mais, mon cher ami, carmina secessum scribentis et otia quaerunt [= les vers requièrent pour le poête la retraite et les loisirs ]. Je n’ai point de recueillement dans l’esprit. Je vis de dissipation depuis que je suis à Paris, tendunt extorque poemata [= on est en train de m’arracher la composition poétique], mes idées poétiques s’enfuient de moi. Les affaires et les devoirs m’ont appesanti l’imagination. Il faudra que je fasse un tour à Rouen pour me ranimer. Les vers ne sont guère à la mode à Paris. Tout le monde commence à faire le géomètre et le physicien. On se mêle de raisonner. Le sentiment, l’imagination et les grâces sont bannis. Un homme qui  aurait vécu sous Louis XIV et qui reviendrait au monde ne reconnaitrait plus les Français. Il croirait que les Allemands ont conquis ce pays –ci. Les belles-lettres périssent à vue d’œil. Ce n’est pas que je sois fâché que la philosophie soit cultivée, mais je ne voudrais pas qu’elle devint un tyran qui exclût tout le reste. Elle n’est en France qu’une mode qui succède à d’autres et qui passera à son tour, mais aucun art, aucune science ne doit être de mode. Il faut qu’ils se tiennent tous par la main, il faut qu’on les cultive en tout temps. Je ne veux point payer de tribut à la mode, je veux passer d’une expérience physique à un opéra ou à une comédie, et que mon goût ne soit jamais émoussé par l’étude. C’est votre goût, mon cher Cideville, qui soutiendra toujours le mien, mais il faudrait nous voir, il faudrait passer avec vous quelques mois, et notre destinée nous sépare quand tout devrait nous réunir.

 

                            J’ai vu Jore à votre semonce [après l’édition des Lettres philosophiques en avril 1734, condamnation de V* et Jore perd sa maîtrise d’imprimeur ; V* dès le 12 avril 1735 désira voir Jore pour se « raccommoder entièrement avec lui »]. C’est un grand écervelé. Il a causé tout le mal pour s’être conduit ridiculement.

 

                            Il n’y a rien à faire pour Linant ni auprès de la présidente [Mme de Bernières], ni au théâtre [les comédiens ne désirent pas jouer la pièce de Linant]. Il faut qu’il songe à être précepteur [« ce qui est difficile attendu son bégaiement, sa vue basse et le peu d’usage qu’il a de la langue latine »]. Je lui fais apprendre à écrire, après quoi il faudra qu’il apprenne le latin, s’il le veut montrer. Ne le gâtez point si vous l’aimez.

 

                            Vale.

 

                            Voltaire

                            Ce 16 avril 1735. »

31/01/2009

travailler pour des rois? Rois de quoi ?

Ce dernier jour du premier mois de cette année 2009 de l’ère du fox à poils durs, je vous livre tout brut le credo d’un Volti* surbooké et survolté dans un exercice qu’il déteste, créer un spectacle de commande qu’on nommerait aujourd’hui comédie musicale .

A bientôt cher amis, je cours me défouler sur un trispot ( les archers me comprendront). !

 

 

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

 

Mon aimable ami, je suis un barbare qui n’écrit point ou qui n’écris qu’en vile prose .Vos vers font mon plaisir et ma confusion. Mais ne plaindrez-vous pas un pauvre diable qui est bouffon du roi à cinquante ans [ il écrit la Princesse de Navarre ], et qui est plus embarrassé avec les musiciens, les décorateurs, les comédiens, les comédiennes, les chanteurs, les danseurs, que ne le seront les huit ou neuf électeurs pour se faire un César allemand [ Charles VII empereur est mort le 20 janvier]? Je cours de Paris à Versailles, je fais des vers en chaise de poste . Il faut louer le roi hautement, Mme la dauphine finement, la famille royale tout doucement, contenter la cour, ne pas déplaire à la ville .

        

Oh qu’il est plus doux mille fois

De consacrer son harmonie

A la tendre amitié dont le saint nœud nous lie !

Qu’il vaut mieux obéir aux lois

De son cœur et de son génie

Que de travailler pour des rois !

 

                   Bonjour mon cher ami, je cours à Paris pour une répétition, je reviens pour une décoration [ La Princesse de Navarre sera représentée le 23 février ]. Je vous attends pour me consoler et pour me juger . Que n’êtes-vous venu pour m’aider ! Adieu, je vous aime autant que j’écris peu .

 

                            Voltaire

                            A Versailles, 31 janvier 1745. »

 

 

 

Moi aussi, j'écris "PEU" !