07/03/2023
j'ai encore peine à l'en croire l'auteur
... A vrai dire, au contraire, je n'ai aucun doute sur les déclarations du président qui, aux yeux d'un nombre énorme de Français "se marche sur le sac" . "Elargir la majorité", beau programme pour rallier quelques députés et autres élus, mais ridiculement insuffisant pour calmer les citoyens qui , exprimant un sentiment d'infériorité , ne sont plus capables que de gueuler leur haine . La France n'a pourtant pas les moyens de s'offrir une révolution .
https://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/reforme-des...
« A François-Gabriel Le Fournier, chevalier de Wargemont
1er auguste 1767 à Ferney
J'ai reçu, monsieur, la lettre dont vous m'honorez du 22 juillet, mais non pas celle que vous m'annoncez du 21 par le major de la légion. Il faut qu'elle ait été perdue avec quelques autres.
Vous aviez bien raison, monsieur; le livre intitulé Les Hommes 1 n'est pas fait par un homme fin. Si celui du Soldat aux gardes 2 était en effet d'un soldat, il faudrait le faire aide-major; mais je soupçonne qu'il est du chevalier de La Tour, qui l'a mis, pour se réjouir, sous le nom d'un caporal de sa compagnie. Ce caporal m'a envoyé le livre avec une belle lettre, et j'ai encore peine à l'en 3 croire l'auteur.
Je suis pénétré de vos bontés; je voudrais pouvoir les mériter mais un pauvre anachorète ne peut vous présenter que ses regrets et son respect. Agréez, monsieur, ces sentiments de votre très humble et très obéissant serviteur
V. »
1 Il n'est pas possible d'identifier cet ouvrage avec une vraisemblance suffisante pour tenter des conjectures .
2 Fernand Desrivières, Les Loisirs d'un soldat au régiment des gardes françaises, 1767 . Sur Desrivières, voir lettre du 20 juillet 1767 à Lauzun : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/16/sergent-aux-gardes-s-etait-illustre-par-une-brochure-qui-ava-6433525.html
3 Correction du texte édité par Besterman qui donne le pour l'en .
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06/03/2023
Il y aurait cinq cents hommes de pendus en province que Paris n'en saurait pas un seul mot; mais le ministère est très instruit
... Six cents selon les familles, deux selon le ministère de l'Intérieur .
N'y a-t-il pas d'autre moyen pour rétablir le calme ?
« A Etienne-Noël Damilaville
1er auguste 1767 1
Mes associés, monsieur, vous ont envoyé ce que vous demandez, et ce qui vous était dû. Si rien ne vous est parvenu, il ne faut s'en prendre qu'à l'interruption du commerce car il est plus difficile, comme j'ai déjà eu l'honneur de vous le dire, d'envoyer des ballots de ce pays-ci que d'en recevoir ; les bijouteries sont surtout prohibées.
J'ai vu votre ami à la campagne, il traîne une vie assez languissante. Je lui ai parlé d
Boursier. »u sieur La Beaumelle, en conformité de votre lettre du 25 de juillet. Il m'a dit que ce malheureux étant sur le point de faire réimprimer ses calomnies contre tout ce que nous avons de plus respectable , on s'était trouvé dans la nécessité de présenter l'antidote contre le poison que cela ne se pouvait faire décemment que par un mémoire historique 2, lequel n'a été adressé qu'aux personnes intéressées, aux ministres, et aux gens de lettres. S'il avait été possible que le jeune M. Lavaysse eût mis un frein à la démence horrible de son beau-frère, et si le repentir avait pu entrer dans l'âme d'un homme aussi méchant et aussi fou, on aurait pris d'autres mesures.
L'aventure de Sainte-Foix est très vraie, on informe criminellement depuis un mois. L'évêque d'Agen 3 a jeté un monitoire . Il y a beaucoup de protestants en prison. On ne sait pas un mot de tout cela à Paris. Il y aurait cinq cents hommes de pendus en province que Paris n'en saurait pas un seul mot; mais le ministère est très instruit.
Vous avez dû recevoir de votre ami la copie de la lettre qu'il a écrite au sieur Coger 4. Il m'a dit qu'il était obligé de faire la guerre toute sa vie, mais que c'était l'état du métier 5. Il vous est toujours bien tendrement attaché. Toute ma famille vous présente ses obéissances. Est-il vrai que mon ancien compatriote Jean-Jacques Rousseau est établi en Auvergne 6?
J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec les sentiments les plus inviolables, votre très humble et très obéissant serviteur
1 Copie contemporaine Darmstadt B. ; Édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais est abrégée et très déformée ; le texte correct a été rétabli par Beuchot qui n'indique pas sa source .
V* reste fidèle à cette forme de date ; voir lettre du 5 août 1765 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/11/23/j-ignore-si-vous-quitterez-cette-nation-de-singes-et-si-vous-irez-chez-des.html
et celle du 3 août 1760 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/11/14/il-arrive-toujours-quelque-chose-a-quoi-on-ne-s-attend-point-6277120.html
2 C'est celui qui est tome XXVI, page 355 (Œuvres complètes Garnier ) ou page 139 de http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-80024&M=tdm
3 Jean-Louis D'Usson de Bonnac : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Louis_d%27Usson_de_Bon...)
4 Lettre du 27 juillet 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/21/il-ne-vous-reste-qu-a-vous-repentir.html
5 Proverbe populaire qu'on trouve dans les Agréables conférences de deux paysans de Saint-Ouen et de Montmorency, 1649 . Lorsque l'on veut envoyer Janin monter la garde sous la neige, il se fait d'abord « tirer l'oreille », mais quand on lui dit que « sla étet de l'état du méquié », il y « court comme aux noix » ; voir page 71 : https://books.google.fr/books?id=yLGA6Rj6vMAC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q=noix&f=false
6Sur les pérégrinations de J;-J. Rousseau, voir la lettre du 24 juin 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/01/24/on-veut-le-faire-passer-dans-la-preface-p-pour-un-impie-parc-6424349.html
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05/03/2023
Il me paraît que vous avez plus de crédit que l'intendant des postes
... Mais, j'en doute ; excusez-moi du peu monsieur le président, vous êtes écouté mais pas entendu, vous demandez des efforts justifiés et en face de vous les fauteurs de troubles ont beau jeu . Quoi que vous fassiez, vous aurez tort . Peut-on encore s'offrir le luxe d'un mai 68 ? Nos politiques et syndicats manquent furieusement de talent , et leurs fidèles sont bornés .
https://www.france24.com/fr/france/20230322-retraites-p%C...
« Au comte Alexandre Romanovitch Vorontsov
Au château de Ferney par Genève 31 juillet 1767
Monsieur,
J'ai reçu la lettre dont m'a honoré Sa Majesté impériale, laquelle était dans votre paquet du 16/27 juin . Vous avez la bonté de me mander que les deux paquets que mes amis avaient envoyés à Nuremberg pour la Société économique de Petersbourg n'étaient point parvenus à leur destination , mais que vous avez la bonté d'expédier un ordre pour les faire venir . J'en instruis mes amis et M. le directeur des postes de Suisse 1 par qui ces paquets furent adressés à Petersbourg par Nuremberg .
Je n'ai que des grâces à vous rendre . Il me paraît que vous avez plus de crédit que l'intendant des postes de Suisse, et cela doit être ; car il m'a mandé qu'il n'aurait pu affranchir les deux paquets de mes amis par-delà Nuremberg et je vois que vous affranchissez les vôtres partout . Il faut avouer que le cachet de Sa Majesté doit être respecté dans toute l'Europe . Sa gloire retentit dans ma petite retraite comme dans toute la terre . Je vous félicite d'être attaché à cette auguste souveraine .
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Beat Rudolf von Fischer . Voir : https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/020872/2009-11-05/
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04/03/2023
on prendra toutes les précautions nécessaires pour le lui faire parvenir sûrement malgré l'interdiction de tout commerce
... Ave Caesar ! morituri te salutant ! Pourquoi faut-il avoir encore recours aux armes pour rétablir la liberté ? https://www.20minutes.fr/economie/4027178-20230319-guerre...
« A Charles Bordes
29è juillet 1767 à Ferney
J'ai reçu, mon cher confrère, une lettre de Mlle Oliver, ou Olivier, ou Olinen . Je n'ai pas pu lire son écriture . Je vous supplie de lui dire qu'elle aura incessamment ce qu'elle redemande, soit d'une manière, soit d'une autre . Il y a en effet dans ces deux petits livres 1 des anecdotes très curieuses . On a voulu faire réimprimer les feuilles qui contiennent ces anecdotes historiques dont quelques-unes sont tirées des registres du parlement de Paris, et qui ne se trouvent point ailleurs . Les troubles de Genève ont malheureusement retardé l'exécution de ce projet utile . Je vous supplie d'assurer cette dame que son livre est en sûreté ; qu'il lui sera infailliblement remis dans le courant du mois où nous allons entrer . Qu’on prendra toutes les précautions nécessaires pour le lui faire parvenir sûrement malgré l'interdiction de tout commerce .
Conservez-moi vos bontés, et comptez sur l'amitié inviolable de votre très humble et très obéissant serviteur
V. »
1 Voir lettre du 29 novembre 1766 à Bordes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/01/m-6368941.html
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03/03/2023
Méprisez ces sottises , laissez-vous calomnier, laissez-nous en rire
... Mister président ! Et puis parlez et expliquez-vous, expliquez-nous !
Les Français grandes gueules aiment à jouer les vexés, les brimés;, les incompris par le pouvoir, pour justifier leurs actions destructrices et imbéciles , casseurs dans l'âme, Caliméro chroniques, faut-qu'on-y-a-qu'à indécrottables .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
29 juillet [1767]
Mon divin ange, vos Scythes de Lyon 1 sont prêts . J'y ai fait tout ce que j'ai pu. Je pense que Les Illinois ayant voulu imiter les Scythes dans le cinquième acte 2, il sera bon de ne les jouer qu'une seule fois avant Fontainebleau, deux fois tout au plus.
Vous avez peut-être vu la nouvelle édition du Coger, régent au collége Mazarin, contre Bélisaire. Pourquoi me fourre-t-il là? pourquoi une si étrange calomnie ? est-il permis de prostituer ainsi le nom du roi? Et cela s'imprime avec permission ! et on me dit « Méprisez ces sottises , laissez-vous calomnier, laissez-nous en rire ». Quant à La Beaumelle, qui est de la clique de Fréron, les avoyers de Berne, plus essentiellement outragés que moi dans les ouvrages de ce misérable, viennent de s'en plaindre à M. le duc de Choiseul . Si j'étais souverain à Berne, je ne me plaindrais pas.
Mon cher ange, mettez-moi aux pieds de mes deux protecteurs, et soyez le troisième.
V. »
1 Ces deux mots sont ajoutés par V* au-dessus de la ligne .
2 Edmé Louis Billardon de Sauvigny , auteur d'Hirza ou Les Illinois,[https://books.google.fr/books?id=kqOIygAACAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
] a pour sa part accusé V* d'avoir imité sa pièce . En fait il s'agit très probablement d'une rencontre ; voir lettre du 16 mai 1767 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/12/02/nul-monarque-avant-moi-sur-le-trone-affermi-n-a-quitte-ses-e-6415043.html
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02/03/2023
Voilà d'étranges gens, et la religion est une belle chose...espérons en la justice de Dieu sur toute cette abominable racaille
... Pour toutes les femmes et hommes brimés au nom d'un dieu né dans l'esprit d'hommes infiniment minables et coupables .
Voltaire, j'aime ton humour .
« A Jean-François-René Tabareau
27 juillet 1767.
Il a été avéré, mon cher monsieur, que c'est La Beaumelle qui me fit écrire la lettre anonyme dont je me plaignis il y a trois mois. M. le comte de Saint-Florentin l'a fait avertir qu'on le remettrait dans un cul de basse-fosse s'il continuait ce manège 1. Il est bien triste pour moi que cette aventure m'ait privé du bonheur de m'approcher de vous.
Voici le troisième chant de la très ridicule Guerre de Genève . Je crois qu'on m'a volé le second. Un misérable capucin, très digne, s'étant échappé de son couvent en Savoie, et s'étant réfugié chez moi, m'a volé, au bout de deux ans, des manuscrits, de l'argent et des bijoux. Son nom est Bastian ; il s'appelait chez moi Ricard. Il porte encore un habit rouge que je lui ai donné. Il est à Lyon depuis quelques jours; c'est lui probablement qui a fait courir ce second chant. Il faut l'abandonner à la vengeance de saint François d'Assise.
Savez-vous que le roi d'Espagne a mandé au roi de France que les jésuites avaient fait un complot contre la famille royale? Voilà d'étranges gens, et la religion est une belle chose . On m'a mandé, des frontières d'Espagne, il y a longtemps, que les jésuites n'étaient pas les seuls moines coupables. Il ont été jusqu'à présent les seuls punis; espérons en la justice de Dieu sur toute cette abominable racaille.
Ne pourriez-vous point, monsieur, vous faire informer secrètement s'il n'y a point quelque négociant protestant à Beaujeu, ou même quelque prédicant secret? S'il y en a un à Lyon, comment s'appelle-t-il? comment pourrais-je parvenir à avoir une liste des négociants languedochiens protestants qui sont à Lyon? à qui pourrais-je m'adresser?
Le prétendu Pierre III 2 commence à faire du bruit dans le monde, mais il n'en fera pas longtemps; il ressemblera aux ouvrages nouveaux. On rapporte lundi l'affaire des Sirven.
Votre très humble et très obéissant serviteur
V. »
1 Voyez lettre 6928 du 4 juillet à Damilaville : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut
; mais cette lettre n'a pas un mois de date . Voltaire veut peut-être parler de la pièce que nous avons mise tome XXVI, page 191 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/201
Il est aussi peu « avéré » que cette lettre anonyme fût de La Beaumelle qu'il l'est qu'il eût jamais été question de « cul-de-basse-fosse » pour lui ; voir lettre du 22 juillet 1767 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/17/qu-il-y-a-une-difference-immense-entre-les-sentiments-des-so-6433691.html
Il est , hélas, tout à fait dans la manière de V* de répandre une rumeur, même fausse, dans toute la France pour en faire une vérité universellement reconnue .
2 Il ne s'agit pas encore d'Emelyan Ivanovitch Pougatchev, mais de l'un de ses prédécesseurs .
Plusieurs imposteurs ont pris le nom de Pierre III le seul célèbre est Pugatschef, qui fut mis à mort en 1775; voyez les lettres de Catherine à Voltaire des 22 octobre-2 novembre 1774, et du 29 décembre 1774-9 janvier 1775.
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01/03/2023
Je vois avec bien du plaisir combien vous êtes utile à la France, et je suis pénétré de la reconnaissance que je vous dois
... Ce serait magnifique et pour tout dire extraordinaire, -mais justifié-, si le président Macron déclarait cela à Mme Borne qui a mené la lutte pour la réforme de la loi sur les retraites . On attend ses dires ...https://www.bfmtv.com/economie/economie-social/social/ret...
« A François-Thomas Moreau, seigneur de La Rochette 1
Au château de Ferney, 27 juillet 1767 2
Je vous remercie, monsieur, de toutes vos bontés; j'ai pris aussi la liberté d'adresser mes remerciements à monsieur le contrôleur général.
Les platanes dont vous me parlez ne réussissent pas mal dans nos cantons . Je planterais volontiers cinquante érables et cinquante platanes; mais je ne veux pas abuser de vos offres obligeantes. Je tâcherai de préparer si bien la terre que, malgré les fortes gelées auxquelles nous sommes exposés dès le mois de novembre, j'espère donner une bonne éducation aux enfants que voulez bien me confier. Je vois avec bien du plaisir combien vous êtes utile à la France, et je suis pénétré de la reconnaissance que je vous dois. C'est avec ces sentiments que j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire. »
1 Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Thomas_Moreau_de_la_Rochette
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5533755b/texteBrut
et lettres 6901, 6890 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut
2 Copie tardive ; édition Nicolas-Louis François de Neufchâteau, dans la « Correspondance de Voltaire avec feu M. Moreau de La Rochette, inspecteur général des pépinières de France », Mémoires d'agriculture […] publiés par la Société d'agriculture du département de la Seine, An X (1801-1802). La copie étant faite sur l'édition, c'est cette dernière qui a été suivie .
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