10/02/2022
On a reçu ses perdrix et ses idées
... Protéines et fruits , bon appétit . Bonne base pour avoir des idées . Bonnes elles aussi, tant qu'on y est .
Nicolas de Largillière a peint ce tableau , je pense, bien après le portrait magnifique du jeune Voltaire (dont il existe une copie au château de Ferney ).
« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin fils
Avocat en parlement
à Saint-Claude
Toute la maison de Ferney a été malade et l'est encore mais toute la maison aime monsieur Christin, malade ou saine .
On a reçu ses perdrix et ses idées . Les unes et les autres sont fort bonnes . Il est prié de faire de sincères compliments à M. Guirand 1. Ils font sans doute ensemble de très bonnes œuvres .
Si monsieur Christin a quelque occasion de voir M. le marquis de Marnésiac 2 , ou de lui écrire, je le supplie de ne me pas oublier auprès de lui .
Bonsoir mon cher avocat de la raison et de l'humanité . J'espère que vous ne serez pas l'avocat des causes perdues . Je vous embrasse bien tendrement .
V.
7è novembre, à Ferney 1766. »
1 Ce mot est lourdement biffé sur l'original ; de même que dans la lettre du 29 novembre 1766 .
2 Voir lettre du 10 mars 1766 à Villevielle : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/06/21/le-roi-stanislas-monsieur-est-mort-comme-hercule-dont-il-ava-6322827.html
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09/02/2022
Vraiment cela n’allait pas mal ; j’étais en train. Je me disais : Il y a là des choses qui plairont ... Mais ô mes anges ! les tracasseries viennent en foule
... Et de ce fait je suis à la bourre pour mettre cette note en ligne . Scusi !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
7è novembre 1766
Vraiment cela n’allait pas mal ; j’étais en train. Je me disais : Il y a là des choses qui plairont à mes anges ; cette idée me soutenait. Mais ô mes anges ! les tracasseries viennent en foule : elles tarissent la source qui commençait à couler. On me conteste la turpitude de notre ami Jean-Jacques. On soutient que Jean-Jacques était secrétaire d’ambassade à Venise, et qu’il avait seul le secret du ministère. M. le chevalier de Taulès m’a apporté les originaux des lettres de Jean-Jacques, où il n’est question que de coups de bâton, et point du tout de politique. Il est avéré que ce grand homme, loin d’avoir le secret de la cour, était copiste chez M. le comte de Montaigu, à deux cents livres de gages. Monsieur l’ambassadeur et M. le chevalier de Taulès sont d’avis qu’on imprime ces lettres pour les joindre à l’éducation d’Émile, dès qu’Émile sera reçu maître menuisier, et qu’il aura épousé la fille du bourreau 1.
Je conçois bien que la publication de la honte de Jean-Jacques pourrait servir à ramener à la raison le parti qu’il a encore dans Genève, et refroidirait des têtes qu’il enflamme, et qui s’opposent à la médiation. Mais, comme ces lettres sont tirées du dépôt des Affaires étrangères, je n’ose rien faire sans le consentement de M. le duc de Praslin et de M. le duc de Choiseul. Je remets cette affaire, mes divins anges, comme toutes les autres, à votre prudence et à vos bontés. Il me paraît essentiel que le ministère de France soit lavé de l’opprobre qui rejaillirait sur lui d’avoir employé Jean-Jacques , c’est trop que des d’Éons et des Vergys. La manière insultante dont ce malheureux Rousseau a parlé, dans plusieurs endroits, de la cour de France 2 exige qu’on démasque ce charlatan, aussi méchant qu’absurde. Nous verrons si Mme la duchesse de Luxembourg 3 et Mme de Boufflers le soutiendront encore. On me mande qu’il est en horreur à tous les honnêtes gens, mais je sais qu’il a encore des partisans.
Dites-moi, je vous en prie, des nouvelles de Mlle Durancy. On est toujours fou d’Olympie à Genève, ou la joue tous les jours, le bûcher tourne la tête , il y avait beaucoup moins de monde au bûcher de Servet, quand vingt-cinq faquins le firent brûler.
Je me mets au bout de vos ailes.
V.»
1 Voir lettre du 22 juin 1762 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/05/08/vous-etes-fait-pour-proteger-le-merite-c-est-la-dans-tous-le-5941636.html
2 Voir la lettre. du 6 novembre 1766 à de Taulès : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/07/de-petits-brouillons-de-petits-intrigants-a-qui-les-petits-t-6364880.html
3 Voir la lettre du 9 janvier 1765 à Mme de Luxembourg : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/17/c-est-un-exercice-qui-apprend-a-la-fois-a-bien-parler-et-a-bien-prononcer-e.html
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08/02/2022
de petits brouillons, de petits intrigants, à qui les petits talents qui font parvenir aux grandes places ne servent qu’à montrer leur ineptie aussitôt qu’ils y sont parvenus
... J'en demande pardon à Voltaire, mais pour une fois Rousseau dit juste, il n'est qu'à s'en remettre à notre passé récent, sans remonter à l'Ancien Régime, pour en avoir moult exemples . Il en est même qui prétendent devenir président . Bande de toxiques juste bons à se tirer dans les pattes et nous gaver de promesses .
«Au chevalier Pierre de Taulès
6 novembre 1766
J’ai l’honneur, monsieur, de vous renvoyer les lettres originales du très original Jean-Jacques 1. Ne pensez-vous pas qu’il serait convenable que je donnasse 2 à M. le duc de Choiseul la permission de faire imprimer l’extrait de ces lettres, et de mettre au bas : par ordre exprès du ministère de France ? Ne serait-ce pas en effet un opprobre pour ce ministère qu’un homme tel que Jean-Jacques Rousseau eût été secrétaire d’ambassade ? Les aventures de d’Éon, de Vergy, de Jean-Jacques, sont si déshonorantes qu’il ne faut pas ajouter à ces indignités le ridicule d’avoir eu un Rousseau pour secrétaire nommé par le roi. Je m’en rapporte à Son Excellence. J’ose me flatter qu’il pensera comme vous et comme moi sur cette petite affaire, et je vous supplie de m’envoyer ses ordres et les vôtres. J’écris à M. le duc de Choiseul ; il n’est pas juste que Jean-Jacques passe pour avoir été une espèce de ministre de France, après avoir dit dans son Contrat insocial, page 163 , que ceux qui parviennent dans les monarchies ne sont 3 que de petits brouillons, de petits intrigants, à qui les petits talents qui font parvenir aux grandes places ne servent qu’à montrer leur ineptie aussitôt qu’ils y sont parvenus 4.
Je ne sais si monsieur l’ambassadeur pourrait en dire un mot dans sa dépêche ; je m’en remets à sa prudence, à ses bontés, et à la bienveillance dont il daigne m’honorer.
Par ma foi, monsieur, vous aurez de ma part du respect autant que d’amitié : mais je vous demande en grâce de ne vous plus servir de ces formules qui blessent le cœur, et un cœur qui est à vous.
Voltaire. »
1 Voir ibid .
2 Curieuse erreur pour demandasse .
3 Le texte du Contrat social, livre III, chapitre vi, porte : « Ne sont le plus souvent, » ; voir pages 163- 164 : https://fr.wikisource.org/wiki/Du_contrat_social/%C3%89dition_1762/Livre_III/Chapitre_6
4 Voir lettre du 18 mai 1766 au duc de Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/08/12/des-animosites-des-aigreurs-reciproques-de-l-orgueil-de-la-v-6331813.html
10:57 | Lien permanent | Commentaires (0)
07/02/2022
On a plusieurs choses à lui dire et à lui remettre qui demandent la plus grande célérité
... message d'Emmanuel Macron à Vladimir Poutine : https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-e...
« A Gabriel Cramer
Vous m'avez envoyé M. Jean-Louis ; je l'aime beaucoup, mais j'aime aussi M. Gabriel . J'ai quelque chose à vous communiquer, je vous prie de vouloir bien passer chez le vieux malade qui ne peut aller à Tournay .
6 novembre [1766 ] 1. »
1 Ce billet ainsi que la lettre du 6 novembre suivante ont été datées de 1766, en partant de l'hypothèse que la manuscrit dont on parle est celui de d'Alembert .
« A Gabriel Cramer
à Tournay
ou à Genève
Monsieur Caro est prié de vouloir bien venir pour affaire pressante qui le regarde . On a plusieurs choses à lui dire et à lui remettre qui demandent la plus grande célérité .
A Ferney, 6è novembre au soir [1766 ?]. »
19:44 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je voudrais pour l'honneur que ces deux marauds fussent punis
... Guéant et Balkany, pour ne citer qu'eux actuellement . Escrocs !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
[vers le 5 novembre 1766]
Le bruit s'est épandu dans nos quartiers , qu'on avait arrêté à Lunéville les deux sages du siècle d’Éon 1 et Vergy 2, qu'on les aurait menés à la Bastille . Je ne vois pas pourquoi on ne les aurait pas menés tout de suite à Toulon 3. J'ai peine à croire que ces deux polissons aient été assez fous pour mettre le pied en France . Je voudrais pour l'honneur que ces deux marauds fussent punis, et que le chevalier de La Barre vécût encore .
Toute ma famille rassemblée baise comme moi le bout des ailes de mes anges . »
1 Ce qui est faux . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_d%27%C3%89on_de_Beaumont#Carri%C3%A8re
3 Donc aux galères .
19:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je n’ai pas été témoin de cette horrible dépravation des mœurs
... Ni l'acteur d'ailleurs !
« A Etienne-Noël Damilaville
5 novembre 1766 1
J’espère, mon cher ami, que ce petit paquet vous parviendra. Celui de Meyrin est perdu, à ce que je vois. Je ne sais pas ce qu’il contenait ; mais si ce sont des choses qui vous intéressent, vous et ce pauvre M. Boursier, il faut ne rien négliger pour en savoir des nouvelles.
Il arrive quelquefois que de petits paquets restent dans un coin, et sont négligés par les commis de la diligence. Il se peut aussi que vous ayez oublié de faire écrire ce que le paquet contenait. L’inadvertance d’un cocher peut encore être cause de cette perte. J’ai écrit à Lyon, agissez à Paris ; mettez-moi au fait, et tâchons de retrouver notre paquet.
On a joué Olympie cinq jours de suite à Genève. Vous voyez que Jean-Jacques a eu raison de dire que je corrompais sa république 2. Je n’ai pas été témoin de cette horrible dépravation des mœurs ; je suis toujours dans mon lit, et toujours me consolant par votre amitié.
Mais renvoyez-moi donc les trois lettres de Jean-Jacques 3. Je m’étais trompé sur les dates ; il faut que je les vérifie. Bonsoir, mon cher ami, je n’en peux plus. »
1L'édition Correspondance littéraire, comme d'habitude concernant Damilaville, omet le destinataire .
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06/02/2022
Ne pourrai-je vous donner encore une tragédie avant de finir ma carrière ?
... Si, bien sûr, Eric ! Profite bien du financement de tes prestations, ça ne va pas durer autant que la pandémie . Tu luttes apparemment contre Marine Le Pen, ce qui ne t'empêche pas de saluer la foule comme le regrettable Jean-Marie : grotesque - ri-di-cule ! Tu pourras te recycler en épouvantail , seul moyen réellement efficace pour continuer à aider les paysans que tu courtises maintenant (et fiche la paix aux petits agneaux ! ).
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
5è novembre 1766
Nous verrons , mes anges, si ce petit paquet sera encore soufflé comme les autres . Vous connaîtrez Jean-Jacques Rousseau ; il est digne de se lier en Angleterre avec d’Éon et Vergy 1 . Il est vrai qu'il n'y a point de galères en Angleterre, mais les Anglais ont des îles et possèdent le grand pays du Canada, où ces messieurs ne figureraient pas mal parmi les Hurons .
Les Genevois sont devenus fous d'Olympie, on la joue tous les jours, et à trois heures il n'y a plus de place . Tâchez donc que cet hiver Mlle Durancy puisse inspirer à Paris la même folie . Tout le monde a vu Olympie hors moi qui suis dans mon lit . Ne pourrai-je vous donner encore une tragédie avant de finir ma carrière ? Il faudrait que les fripons de la littérature ne dérangeassent pas mon repos et ne me fissent pas perdre un temps précieux .
Je suis enchanté de M. Marin, et je vois par les services qu'il me rend combien il vous est dévoué .
Respect et tendresse . »
1 Voir lettre du 24 janvier 1765 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/04/08/je-me-gueris-moi-meme-par-le-regime-et-par-la-patience-et-jusqu-ici-je-m-en.html
01:26 | Lien permanent | Commentaires (0)