05/12/2022
Vous sentez quelle énorme différence je dois faire entre son respectable beau-père et celui qui ne méritait pas l'honneur d'être son gendre
... See in "King Charles , Meghan and dirty Harry's Story " by Camilla Parker Bowles .
« A David Lavaysse
16 mai 1767 1
Ma destinée a voulu que j'aie rendu service à plus d'un Languedochien. Mon seul chagrin est qu'un de vos compatriotes ait toujours été mon ennemi, et que cet ennemi ait eu l'honneur d’épouser madame votre fille . Vous sentez quelle énorme différence je dois faire entre son respectable beau-père et celui qui ne méritait pas l'honneur d'être son gendre .2 »
1 Original , des archives de la famille Angliviel dont l'accès a été refusé ; édition Taphanel.
2 Voir lettre du 30 janvier 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/05/27/j-ai-voulu-quelquefois-faire-un-peu-de-bien-6384101.html
15:24 | Lien permanent | Commentaires (0)
04/12/2022
Mon Dieu, rendez nos ennemis bien ridicules !
... J'aimerais bien que Dieu ne fasse pas usage de la vertu des ânes .
« A Etienne-Noël Damilaville
Je vois bien, monsieur, par votre lettre du 9 de mai, que ce pauvre homme 1 qui fut cuit à Valladolid n’a pu arriver à Paris dans votre hôtel. M. Boursier, votre ami, m’a promis qu’il tenterait de vous faire tenir ce magot par une autre voie. Ce pauvre Boursier est bien embarrassé. Je ne crois pas qu’il aille sur la Saône 2 ; il prendra patience ; on dit que c’est la vertu des ânes ; mais il faut que chacun porte son bât dans ce monde.
Je vous demande en grâce de m’envoyer le petit libelle sorbonnique 3 contre Bélisaire. Il y a cent lieues et cent siècles des honnêtes gens d’aujourd’hui à la Sorbonne. J’ai toujours fait une prière à Dieu, qui est fort courte ; la voici : Mon Dieu, rendez nos ennemis bien ridicules ! Dieu m’a exaucé.
Je vous embrasse tendrement ; tantôt je pleure tantôt je ris. »
1 Allusion aux Questions de Zapata .
2 A Lyon .
3 Indiculus propositonum excerptarum ex libro cui titulus : Bélisaire. (G.Avenel.)
Voir lettre du 16 avril 1767 à Bernis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/10/13/felix-qui-potuit-rerum-cognoscere-causas-heureux-qui-a-pu-penetrer-la-cause.html
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
03/12/2022
la bonne volonté ne suffit pas. J’ai fait comme la plupart des hommes qui cherchent à justifier leurs faiblesses
... Je vous en demande pardon mesdames .
« A Bernard-Louis Chauvelin
16 mai 1767
Il y a longtemps, monsieur le marquis, que je vous dois les plus tendres remerciements. Je voudrais faire mieux pour vous remercier ; je voudrais mériter vos bontés, mais je suis un de ces justes à qui la grâce manque. Il n’y a point de janséniste qui ne vous dise que la bonne volonté ne suffit pas. J’ai fait comme la plupart des hommes qui cherchent à justifier leurs faiblesses.
J’ai écrit plusieurs lettres à M. d’Argental pour tâcher de lui prouver que j’ai raison d’être stérile.
Voici la copie de la dernière lettre que je viens d’écrire à un de ses amis 1. Je la soumets à votre jugement, et je vous supplie de lire un des trois exemplaires de la dernière édition de Genève, que je viens de faire partir.
Imaginez, en lisant, des acteurs attendrissants, des voix touchantes, des vieillards désespérés, de jeunes amants bien passionnés, et jugez sur l’impression que vous aura faite la lecture.
Il se peut que je sois bien baissé ; mais j’ose vous répondre que mes sentiments pour vous ne le sont pas, et que mon très tendre respect et ma reconnaissance n’éprouvent aucune diminution.
V. »
1 Il semble qu'elle ne nous soit pas parvenue .
17:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
02/12/2022
Nul monarque avant moi sur le trône affermi N’a quitté ses États pour chercher un ami
... A dit Emmanuel Macron, se confiant à Joe Biden lors du repas intime de prestige hier soir . Félicitations au passage à notre première dame impeccablement chic .
Rien à droite ? rien à gauche ? on peut traverser !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
16 mai 1767
Je dépêche aujourd’hui à M. d’Argental, par M. le duc de Praslin, trois exemplaires d’une nouvelle édition de Genève. Je vous enverrai incessamment celle de Lyon, qui sera, je crois, plus correcte. Je n’impute toutes ces éditions qu’on s’empresse de faire qu’à cet heureux contraste des mœurs républicaines et agrestes avec les mœurs fardées des cours. Je ne pense pas que la pièce ait un grand mérite ; cependant, si vous nous l’aviez vu jouer, je crois que vous en seriez assez content. Lekain trouverait peut-être du plaisir à dire
Nul monarque avant moi sur le trône affermi
N’a quitté ses États pour chercher un ami ;
Je donne cet exemple, et ton maître te prie ;
Entends sa voix, entends la voix de ta patrie,
Celle de ton devoir, qui doit te rappeler,
Et des pleurs qu’à tes yeux mes remords font couler.1
J’ai aussi un peu fortifié sa scène avec Indatire, afin qu’il ne fût pas tout à fait écrasé par le Scythe.
Le quatrième acte, au moyen de quelques légers changements, a fait une très grande sensation ; les deux vieillards ont fait verser des larmes. C’est un grand jeu de théâtre, c’est la nature elle-même. Les galants Velches ne sont pas encore accoutumés à ces tableaux pathétiques. Je n’ai jamais vu sur notre théâtre un vieillard attendrissant ; Sarrazin même ne jouait Lusignan que comme un capucin.
Madame de La Harpe a fait pleurer dès sa première scène, en disant :
Laisse dans ces déserts ta fidèle Obéide 2.
Quand je dois tant haïr ce funeste Athamare .
Tranquilles, sans regrets, sans cruels souvenirs …
Il faut convenir que ce rôle est très neuf au théâtre, et, en vérité, c’est quelque chose que de faire du neuf aujourd’hui. Ce vers :
Quand je dois tant haïr ce funeste Athamare ;
et ceux-ci :
Va, si mon cœur m’appelle aux lieux où je suis née,
Ce cœur doit s’en punir, il se doit imposer
Un frein qui le retienne, et qu’il n’ose briser ;
ces vers, dis-je, contiennent tout le monologue qu’on propose ; et ils font un bien plus grand effet dans le dialogue. Il y a cent fois plus de délicatesse, plus d’intérêt de curiosité, plus de passion, plus de décence, que si elle commençait grossièrement par se dire à elle-même, dans un monologue inutile, qu’elle aime un homme marié.
Il n’y a personne de nos acteurs de Ferney qui ne sente vivement combien ce monologue gâterait le rôle entier d’Obéide, à quel point il serait déplacé, et combien il serait contradictoire avec son caractère. Comment irriter, par degrés, la curiosité du spectateur ? comment lui donner le plaisir de deviner qu’Obéide idolâtre un homme qu’elle doit haïr, quand elle aura dit platement, dans un très froid monologue, ce qu’elle doit, ce qu’elle veut se cacher à elle-même ?
Je n’aime pas assurément les longs et insupportables romans de Paméla et de Clarisse 3. Ils ont réussi, parce qu’ils ont excité la curiosité du lecteur, à travers un fatras d’inutilités : mais si l’auteur avait été assez malavisé pour annoncer, dès le commencement, que Clarisse et Paméla aimaient leurs persécuteurs, tout était perdu, le lecteur aurait jeté le livre.
Serait-il possible que ces insulaires connussent mieux la nature que vos Velches ? Ne sentez-vous pas que ce qui est à sa place dans Alzire serait détestable dans Obéide ?
La pièce a été mal jouée sur votre théâtre, il faut en convenir, et la malignité a pris ce prétexte pour accabler la pièce : c’est ce qui m’est toujours arrivé On s’est attaché à de petits détails, à des mots, pour justifier cette malignité. J’ai ôté ce prétexte autant que je l’ai pu ; mais je ne puis vous donner des acteurs. Lekain n’est point assez jeune, et mademoiselle Durancy ne sait point pleurer ; vos vieillards sont à la glace. Il n’y a pas un rôle dans la pièce qui ne dût contribuer à l’harmonie du tableau. Les confidents mêmes y ont un caractère ; mais où trouver des confidents qui sachent parler avec intérêt ?
Malgré cette disette, mademoiselle Durancy, les Lekain, les Brizard, les Molé, en jouant avec un peu plus de chaleur et de véhémence (c’est-à-dire comme nous jouons), pourraient certainement attirer beaucoup de monde, et subjuguer enfin la cabale, comme ils ont fait dans Adélaïde du Guesclin, laquelle ne vaut pas certainement les Scythes.
Le rôle d’Athamare est actuellement plus favorable à l’acteur. Il arrivait au deuxième acte sans parler ; il faut qu’il attire sur lui toute l’attention. Ce sont de ces défauts dont je ne me suis aperçu que sur notre théâtre.
Je m’attendais que les comédiens répondraient à toutes les peines que je me suis données, et à tous les services que je leur ai rendus depuis cinquante ans. Ils devaient reprendre les représentations des Scythes ; c’est une loi dont ils ne se sont écartés que pour moi. Ils ont mieux aimé manquer à ce qu’il me doivent, et jouer les Illinois 4 pour faire mieux tomber les Scythes. Ils savent bien que c’est à peu près le même sujet. Leur conduite est le vrai secret de dégoûter le public d’un sujet neuf qu’ils vont rendre trivial. Je ne méritais pas cette ingratitude de leur part. Ma consolation est qu’il y a plus d’éditions des Scythes que les comédiens n’en ont donné de représentations. »
1Les Scythes, Act. II, sc. IV, avec de légères modifications.
2 Ibid.Ac. II, sc. 1, ainsi que les citations qui suivent .
3 Par Samuel Richardson. Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Clarisse_Harlowe
et : https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2016/11/d846ab1612e8d32eaeff39a7bdc9e88a.pdf
4 Hirza ou les Illinois d'Edmé-Louis Billardon de Sauvigny, représenté le 27 mai 1767, retiré après une seule représentation, repris le 22 juin et joué alors treize fois . Pendant ce temps les comédiens refusaient de reprendre Les Scythes .
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Edme-Louis_Billardon_de_Sau...
16:37 | Lien permanent | Commentaires (0)
01/12/2022
malheureusement vous vous êtes servi de la première édition et non de la seconde
... Je vous en préviens ! Quelle suite allez-vous y donner ? https://www.lepoint.fr/phebe/phebe-les-avertissements-sur...
« A Gabriel Cramer
à Genève
[mai 1767]
M. de Voltaire prie monsieur Cramer de lui envoyer brochés un exemplaire des Nouveaux mélanges et un quatrième volume de ces mélanges séparé, où sont Les Scythes. »
« A Gabriel Cramer
Mon cher ami, je suis désespéré . Je viens de recevoir le recueil ; vous y avez mis ma Lettre à M. de Beaumont ; mais malheureusement vous vous êtes servi de la première édition et non de la seconde . On accuse dans la première un avocat, homme d'un grand mérite nommé Coqueley, d'avoir été complice de Fréron . Il a prouvé qu'il ne l’était point : c'est lui faire une injustice atroce que de mettre son nom avec celui de Fréron . Je vous envoie la seconde édition de cette lettre ; il n'y a qu'un carton à faire ; mais ce carton est d'une nécessité absolue, sans quoi le volume n’entrerait jamais à Paris .
Je vous embrasse de tout mon cœur.
Mardi [mai 1767] »
18:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
30/11/2022
bien envoyer à maman et à son oncle un exemplaire relié
... et non pas un vulgaire SMS, insta ou tic toc !
« A Gabriel Cramer
à Genève
[mai 1767]
On prie monsieur Caro de vouloir bien envoyer à maman et à son oncle un exemplaire relié des Nouveaux mélanges philosophiques, historiques, et critiques qu'on dit qu'il a imprimés 1. »
18:11 | Lien permanent | Commentaires (0)
29/11/2022
la comédie mardi
... Au choix : https://www.francetvinfo.fr/culture/spectacles/theatre/
« Marie-Louise Denis et Voltaire
à Abraham et Louise-Suzanne Gallatin
[vers le 15 mai 1767]1
Mme Denis et M. de Voltaire prient M. et Mme Gallatin et toute leur maison pour la comédie mardi 19 mai 1767 à 5 heures. »
1 Original au dos d'une carte à jouer .
11:20 | Lien permanent | Commentaires (0)