28/01/2022
Vejanius armis Herculis ad postem fixis latet abditus agro / Véjanius ayant suspendu aux portes les armes d'Hercule, se tint caché dans la campagne
... Et moi je dis Emmanuel perit abditus agro . Wait and see , OK , mais il va bien falloir se déclarer .
La tactique de laisser grouiller la meute de candidats qui se bouffent les uns les autres peut être payante, tout comme de peaufiner un programme en écrémant ceux des autres, il y en a tant qu'ils ne peuvent pas tous être entièrement mauvais . Fini de se cacher dans la campagne, fut-elle la jolie Creuse .
Il est vrai que tout le monde avance masqué de nos jours .
« A Giuseppe Colpani
29è octobre 1766, au château de Ferney
… Vejanius armis
Herculis ad postem fixis latet abditus agro 1.
Et moi, monsieur, je dis : Perit abditus agro 2. Je perds la vue, je perdrai bientôt la vie ; je n'ai pu lire qu'avec une extrême peine vos beaux vers, et lorsqu'enfin je les ai déchiffrés, j'ai admiré, mais j'ai rougi, honteux de mériter si peu vos éloges 3, plus honteux encore de n'y répondre que par cette malheureuse prose que je suis obligé de dicter , mais pénétré d'estime pour votre mérite , et de reconnaissance pour vos bontés ; tout ce que je puis faire, c'est de vous assurer que vous me serez cher jusqu'au dernier moment de ma vie ; je vous remercie, je vous embrasse, et je suis du fond de mon cœur, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Voltaire
gentilhomme ordinaire
de la chambre du roi . »
1 Horace, Epîtres, I, 1, 4-5 : Véjanius ayant suspendu aux portes les armes d'Hercule, se tint caché dans la campagne.
2 Il périt caché à la campagne .
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/01/2022
C’est un malheur attaché au dangereux avantage d’une célébrité que je maudis. Quand on est un homme public, il faut être un homme puissant, ou l’on est écrasé de tous les cotés
... No comment . Valable pour vous aussi mesdames .
https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/trombinosc...
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
28 octobre [1766] 1
En vérité, monseigneur, vous m’avez écrit une lettre admirable. Vous avez raison en tout. Votre esprit est digne de votre cœur. Vous voyez les choses précisément comme elles sont, ce qui est bien rare. Pourquoi n’êtes-vous pas du Conseil ? vous y opineriez comme vous avez combattu. C’est la seule chose qui manque à votre brillante carrière.
Je n’ai point voulu écrire à mon héros avant de connaître un peu son protégé 2. Il a très peu de goût pour le christianisme. Je ne sais si vous lui en ferez un crime. Quant à moi, je lui ai fortement représenté la nécessité de reconnaître un dieu vengeur du vice, et rémunérateur de la vertu. Je l’ai heureusement trouvé convaincu de ces vérités, repentant de ses fautes, pénétré de vos bontés passées et à venir. Il a infiniment d’esprit, une grande lecture, une imagination toute de feu, une mémoire qui tient du prodige, une pétulance et une étourderie bien plus grandes. Mais il n’est question que de cultiver et corriger. Laissez-moi faire. Vous étiez très bon physionomiste il y a quinze ans, lorsque vous prédites qu’il serait un grand sujet en bien ou en mal , car son cœur est aussi susceptible de l’un que de l’autre. J’espère le déterminer au premier.
Il y a quelque temps qu’il alla voir Mme la générale de Donop, veuve du premier ministre de Hesse, dont le château est à deux lieues de chez moi. Son esprit et sa figure lui donnèrent un accès facile auprès de cette dame, avec qui il soupe souvent. S’il n’y couche pas, c’est que cette jeune veuve a plus de soixante-dix ans, et que ses femmes de chambre en ont autant. Il y est fêté, et cette bonne dame a la complaisance de l’appeler Monsieur le marquis tout comme le petit Villette. Je n’ai pu, aussitôt son arrivée, le faire manger à ma table, parce que j’avais alors à la maison des personnes à qui je devais du respect ; et je vous dirai que depuis plus de quinze jours ma déplorable santé me condamne à la solitude, quand mes moines sont au réfectoire ; et je crains fort qu’après avoir mangé et soupé tête à tête avec des générales, il ne dédaigne la table d’un pauvre citadin, dont la maison n’est pas celle d’un gouverneur de province. Au reste, mon secrétaire et sa femme, avec qui Galien mange, sont de très bonne famille. Enfin vous ne m’aviez pas ordonné de le faire manger à la table de Mme Denis. Il a bien envie de mettre en œuvre les recherches qu’il a faites sur la province de Dauphiné, et d’en donner une petite histoire dans le goût du président Hénault : mais je ne sais rien ou pas grand’chose dans ma bibliothèque qui puisse seconder son envie, et il n’a apporté de Paris que les Amours du père La Chaise 3, pour commencer son ouvrage, qui, étant fait sous mes yeux, et vous étant dédié par votre petit élève, pourrait l’annoncer avantageusement dans le monde. Ses parents sont auprès de Grenoble, où il peut les voir, et acheter à peu de frais le peu de livres qui lui sont nécessaires. Il m’a dit qu’il vous en écrivait ; j’attends vos ordres là-dessus avant de rien faire. Cet enfant aurait besoin de quelques petits secours pour son entretien. J’ai cru voir par votre lettre que votre intention était que je les lui donnasse. Faites-moi connaître vos ordres là-dessus, je les suivrai ponctuellement. Il faut avouer que ce que vous avez fait pour lui depuis quinze ans est une des belles actions de votre vie. Vous devez le regarder comme un dépôt confié à mes soins, comme votre futur secrétaire. Il est très en état d’en devenir un du premier ordre. L’esprit est une grande ressource. Comme je vous instruirai exactement de la manière dont il tournera, vous ne lui ferez pas sentir que vous êtes instruit de rien par mon canal. Il n’aurait plus de confiance en moi, et il en a beaucoup, car il me dit tout ce qu’il pense. Mais, avant de penser à ses fautes, qui ne sont encore qu’idéales, je vais vous parler des miennes, qui sont réelles, et qui seraient bien plus grandes encore si je tenais en effet école de raison. Mais on m’impute tous les jours des livres auxquels je n’ai pas la moindre part, et que même je n’ai pas lus. L’indiscrétion de ceux qui me viennent voir relève toutes mes paroles. C’est un malheur attaché au dangereux avantage d’une célébrité que je maudis. Quand on est un homme public, il faut être un homme puissant, ou l’on est écrasé de tous les cotés. J’ai des protecteurs dans toute l’Europe, à commencer par le roi de Prusse, qui est revenu à moi entièrement ; mais je me flatte que je n’aurai aucun besoin de ces appuis . Je crois avoir pris mes mesures pour mourir tranquille.
Je conviens de tout ce que vous me dites sur ces plats huguenots et sur leurs impertinentes assemblées. Savez-vous bien qu’ils m’aiment à la folie, et que, si j’étais parmi eux, j’en ferais ce que je voudrais ? Cela paraît ridicule, mais je ne désespérerais pas de les empêcher d’aller au désert. À l’égard de cette pauvre famille d’Espinas 4, voyez ce que vous pouvez faire sans compromettre votre crédit. Il me semble que quand on délivre un homme des galères, il ne faut pas le condamner à mourir de faim. On doit faire grâce entière. Il faut lui rendre son bien. J’ose encore vous conjurer de dire un mot à M. de Saint-Florentin. Vous ne lui direz pas sans doute que c’est moi qui vous en ai supplié.
Me permettez-vous de mettre dans votre paquet, qui est déjà bien long, un petit mot pour Mme de Saint-Julien ?5
Agréez mon profond respect et mon attachement inviolable.
V. »
1 Edition Supplément au recueil, II, 49-52.
2 Galien ; voir lettre du 8 octobre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/10/il-n-y-a-point-assurement-de-facon-de-pisser-plus-noble-que-6359638.html
3 L'édition Garnier dit : C’est le second volume de l’Histoire du Père La Chaise, 1696, deux vol. in-12 .
Voir l'édition Imprimeurs imaginaires et libraires supposés : étude bibliographique ; suivie de recherches sur quelques ouvrages imprimés avec des indications fictives de lieux ou avec des dates singulières / par Gustave Brunet qui indique : « Histoire secrète des amours du Père La Chaise. C'est un roman. La partie politique de la vie du célèbre confesseur de Louis XIV, publiée peu de temps avant, est tout aussi dénuée de vérité historique. Le tout, réimprimé sous le titre d'Histoire du Père la Chaise, forme les deux premiers volumes du recueil connu sous le titre bizarre de Jean danse mieux que Pierre; Pierre danse mieux que Jean. Cologne, 1719. »
Cet écrit n'a pas été identifié à coup sûr, quoique plusieurs suggestions soient présentées par Georges R . Havens « Voltaire's L'Ingénu », Romanic review, 1972 . Les satires contre le P. La Chaise ne sont pas en petit nombre : voir https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1133908/texteBrut
4 Voir lettre du 14 septembre 1766 à Mme de Saint-Julien : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/12/17/soyez-sure-madame-que-vous-n-etes-pas-faite-seulement-pour-p-6355537.html
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
26/01/2022
Je serais encore plus curieux, madame, d'apprendre si vous êtes heureuse ; si votre brillante imagination vous fait goûter les plaisirs des illusions, ou si vous en avez de réels
... A la dame de mes pensées .
« A Anne-Madeleine-Louise-Charlotte-Auguste de La Tour du Pin de Saint Julien
A Ferney 28 octobre [1766]
Je ne sais, madame, si vous avez reçu une lettre 1 que j'eus l'honneur de vous adresser à la Grange-Batelière il y a environ un mois . Il me souvient que dans le temps où vous honorâtes mon couvent de votre apparition, vous me dîtes que les lettres qu'on vous écrivait étaient quelquefois reçues par votre ex-mari . Il aura vu que je suis un galant presque aussi dangereux que Montcrif, quoique je ne sois pas si bien coiffé que lui, et voilà à peu près tout ce qu'il aura vu . Je crois que je vous parlais encore d’un galérien . Enfin je suis curieux de savoir si ma lettre vous est parvenue . Je serais encore plus curieux, madame, d'apprendre si vous êtes heureuse ; si votre brillante imagination vous fait goûter les plaisirs des illusions, ou si vous en avez de réels ; si vous tuez des perdrix ou si vous vous contentez de tuer le temps ; si vous avez vu Mlle Durancy, et si vous en avez été contente ; si vous avez lu le procès de Hume et de Jean-Jacques, et s'il vous a fait bailler .
N'allez-vous pas mettre M. Thomas de l’Académie ? L'abbé de Voisenon ne lui refusera pas sa voix . Le public lui donne la sienne , pour moi, madame, je vous donne la mienne car vous avez plus de goût et d'esprit que toute notre Académie ensemble .
Je suis bien content de M. le duc de Choiseul, c'est une belle âme .
Je me mets à vos pieds madame .
V. »
12:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
25/01/2022
Est-il possible que personne ne veuille entreprendre une chose si importante et si aisée, lorsqu’on est sûr de la plus grande protection
... De ce fait, Emmanuel Macron se lance et condamne le coup d'Etat militaire au Burkina Faso , ce qui est la moindre des choses : https://www.lefigaro.fr/international/burkina-faso-emmanu...
Il est bon qu'il ne soit pas encore candidat déclaré à sa succession, des prises de positions risqueraient d'être repoussées post-élection, avec le goût amer du trop tard .
A suivre ...
« A Etienne-Noël Damilaville
28 octobre 1766 1
On aurait bien dû m’avertir, mon cher ami, que j’étais fourré dans la querelle du philosophe bienfaisant 2, et du petit singe ingrat 3. Vous savez que je vous ai toujours dit que je ne connaissais pas cette lettre 4 qu’on prétend que j’avais écrite à Jean-Jacques. Si vous la retrouvez, faites-moi le plaisir de me l’envoyer ; je veux voir si cette lettre est aussi plaisante que je le souhaite. Renvoyez-moi donc les trois lettres de ce Huron, écrites à M. du Theil.
Le projet de ce pauvre Boursier ne reste sans exécution que parce que vous ne lui fournissez pas les secours nécessaires. S’il avait seulement deux personnes de votre caractère, il se flatterait bien de réussir. Ces deux personnes ne risqueraient rien de faire le voyage 5. Est-il possible que personne ne veuille entreprendre une chose si importante et si aisée, lorsqu’on est sûr de la plus grande protection !
Point de nouvelles de Meyrin 6. Êtes-vous bien sûr que le paquet 7 a été mis à la diligence ? Mes maladies augmentent tous les jours. Je m’imagine que l’élixir de Boursier pourrait seul me faire du bien ; mais il faudrait que ce fût vous qui le préparât 8.
Je vous prie, mon cher ami, de faire mettre une enveloppe à la lettre de M. d’Alembert 9, et d’envoyer l’autre 10 à son adresse.
Comme je vous embrasse ! »
1 L'édition Correspondance littéraire source de la copie est sans destinataire .
2 Hume, qui avait, obtenu du roi d’Angleterre une pension pour J.-J. Rousseau.
3 J.-J. Rousseau
4 La Lettre au docteur Pansophe.
5 Le texte de l'édition Besterman comporte ici une lacune qui n'est pas comblée dans les errata du tome XLVI . Elle omet les mots de votre caractère, il se flatterait bien de réussir . Ces deux personnes . La rectification a été apportée pour la présente édition .
6 Voir lettre du 24 octobre 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/20/je-crois-en-etre-sur-6361494.html
et du 12 novembre 1766 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6572
7 Lettre de Diderot ; voir lettre du 15 octobre 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/13/m-6360082.html
8 L'accord de personne est négligé, comme souvent chez Marivaux ; cf. Marivaux et le marivaudage, de F. Deloffre, 1955 ; les éditions corrigent préparât en préparassiez .
9 Lettre du 27 octobre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/22/vous-aurez-le-plaisir-de-faire-succeder-un-homme-d-un-vrai-m-6361852.html
10 Lettre du 28 octobre à Élie de Beaumont : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/24/voila-bien-des-affaires-vous-faites-la-guerre-de-tous-cotes.html
11:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
Voilà bien des affaires, vous faites la guerre de tous côtés
... Telle sera l'introduction des propositions de "désescalade" à Poutine par notre président : https://www.lefigaro.fr/international/ukraine-macron-va-p...
Pourvu que ça marche !
https://www.cartooningforpeace.org/editos/ukraine-russie-...
« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont
Avocat en Parlement
à Paris
28 octobre [1766] 1
Non , mon cher défenseur de l'innocence des autres, et des droits de madame votre femme ; non mon cher Cicéron, ne m'envoyez point votre factum pour les Sirven ; ce serait perdre un temps précieux, je m'en rapporte à vous . Je ne veux voir votre mémoire qu'imprimé . Vous n’avez pas besoin de mes faibles conseils, et les malheureux Sirven ont besoin que leur mémoire paraisse incessamment, signé de plusieurs avocats . Je vais écrire à M. Chardon puisque vous l'ordonnez, mais il me semble qu’aucun maître des requêtes ne demande jamais d'être rapporteur d'une affaire . Ils attendent tous que monsieur le vice-chancelier les nomme . J'aurai du moins le plaisir de dire à M. Chardon tout ce que je pense de vous .
M. de La Borde, premier valet de chambre du roi, en revenant de Ferney , rencontra monsieur le vice-chancelier dans la chambre de Sa Majesté . Il lui dit que M. le duc de Choiseul devait lui demander M. de Chardon pour rapporteur dans l’affaire des Sirven . Monsieur le vice-chancelier répondit qu'il le nommerait de tout son cœur ; je n'attends donc que votre mémoire pour faire parler M. le duc de Choiseul qui aura cette bonté .
Quand vous serez à Paris pourrez-vous m'envoyer par M. Damilaville vos mémoires contre Mme de Roncherolles 2? tout ce qui vous concerne m'intéresse . Ne doutez pas que M. d'Argental ne parle et ne fasse parler M. le duc de Praslin à M. de Chardon . J'aurai même l'insolence de demander la protection de M. le duc de Choiseul . Il a déjà eu la bonté de m'écrire qu'il est depuis longtemps l'ami de M. de Chardon, et qu'il l'avait envoyé dans une île toute pleine de serpents 3, de laquelle il était revenu le plus tôt qu'il avait pu .
Vous avez donc trouvé d’autres serpents en Normandie ? M. du Cellier siffle donc toujours contre vous et tâche de vous mordre au talon 4 ? mais il paraît que vous lui écraserez la tête .
Voilà bien des affaires, vous faites la guerre de tous côtés, mais la grande guerre, celle qui m'intéresse le plus, est celle de qui dépend la fortune de Mme de Beaumont . Je vous ai déjà dit que j’ai lu avec beaucoup d'attention vos factums . Je vois que vous demandez à rentrer dans une terre de sa famille vendue à vil prix ; je vois que la raison et les lois sont pour vous . Je veux voir absolument le factum de votre adverse partie . Je sais qu'elle a soulevé contre vous beaucoup de protestants ; je puis en ramener quelques-uns qui ne laissent pas d'avoir du crédit . Ce que je vous dis est plus essentiel que vous ne pensez . Je vous demande en grâce de m'envoyer ce mémoire de votre adversaire avec celui des Sirven . Depuis votre triomphe dans l'aventure des Calas, toutes vos affaires sont devenues les miennes . Adieu, mon cher Cicéron, mille respects à Mme Terentia 5.
V. »
1 La lettre a toujours été placée en 1767 [lettre 7055 de https://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome45.djvu
Mais la référence à l'affaire Sirven la date de 1766, comme signalé par Galland, note page 304], edition Supplémént au recueil .
2 Françoise-Louise-Gabrielle Ruault, femme de Charles-François de Roncherolles, comte de Planquery ; aucun des mémoires en sa faveur n'est signé par Elie de Beaumont .
3 Ste Lucie, au sud de la Martinique .
4 Il a signé plusieurs mémorandums dans la même procédure .
5 Pour Hortensia ; voir lettre du 5 mars 1766 à Elie de Beaumont : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/06/17/mille-sinceres-respects-a-madame-hortensia-6322348.html
01:07 | Lien permanent | Commentaires (0)
24/01/2022
Je sais que ce sera un hasard si l'on trouve ce que l'on cherche
... Le président idéal ?
Actuellement on n'a que des numéros perdants .
Echec !
« A Jacob Vernes, Ministre
à Séligny
près de Copet
J'ai eu l'honneur, monsieur, d'envoyer chez M. votre frère cet Abrégé qu'on m'a enfin rendu . Je vous prie de vouloir bien me le renvoyer par la même voie lorsque vous l’aurez parcouru . Il est devenu excessivement rare . Si vous voulez en orner votre bibliothèque , je vous en donnerai un aussitôt que j'en aurai reçu d’Allemagne .
Ce n'est point pour moi que je demandais un cultivateur, je n'en ai nul besoin ; c'est pour un gentilhomme dont la terre est située vers les bords du Rhin . On voudrait ou un fermier auquel on ferait une bonne composition, ou un régisseur . On 1 souhaiterait surtout un homme au-dessus de l'état de paysan . Il serait égal qu'il eût une famille ou qu'il n'en eût point . On voudrait de préférence un homme né protestant, soit anabaptiste, soit morave, soit plutôt arminien . On dit qu'il y en a quelques-uns cachés en Suisse qui sont très honnêtes gens . Je sais que ce sera un hasard si l'on trouve ce que l'on cherche . J’ai pensé que vous étiez à portée plus que personne de faire cette découverte . L'homme que vous procureriez pourrait faire une petite fortune s'il avait du mérite .
Vous savez qu'on a imprimé les pièces du procès, ou plutôt du procédé généreux de M. Hume avec Jean-Jacques . Ce Jean-Jacques ne joue pas un beau rôle dans cette affaire ; elle lui fait plus de tort que tout ce qui lui est arrivé jusqu'ici . Votre très humble et très obéissant serviteur
V.
27è octobre 1766.»
1 V* a fait une marque en marge de cette ligne et ajouté en bas de page : « La terre ne consiste qu'en grains, et en pâturages . »
11:50 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les petits chiens aboient, quand les gros dogues dorment
... Quand vont-ils enfin se réveiller ? Il est plus que temps .
Remplaçons le seau d'eau par des bulletins de vote !
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha
27è octobre 1766 à Ferney
Madame,
La vieillesse et la maladie, qui m’empêchent de venir apporter moi-même à Votre Altesse Sérénissime ce qu’elle demande, me privent encore de la consolation de lui écrire de ma main. Je n’ai que ce seul exemplaire 1, j’en détache la couverture, afin qu’il puisse arriver plus commodément par la poste. L’ouvrage ne vaut pas le port. Cent soixante et dix pages pour dire qu’on ne sait rien sont des pages fort inutiles ; mais les livres de ceux qui croient savoir quelque chose sont plus inutiles encore. Votre esprit, digne de votre cœur, aime encore mieux les indigents qui conviennent de leur pauvreté que les pauvres qui se donnent des airs et qui veulent passer pour riches. Votre Altesse Sérénissime recevra donc mes haillons avec bonté. Vos lumières sont bien capables de me faire l’aumône. Les articles où l’on parle de la charlatanerie des savants pourront bien vous ennuyer, mais les derniers chapitres pourront vous amuser . Il est du moins permis à un ignorant comme moi de plaisanter.
La plaisanterie de Genève va bientôt finir . Il y a trop longtemps qu’on y dispute pour bien peu de chose. Les savants médiateurs vont leur proposer un code ; après quoi, l’on disputera encore comme des théologiens, pour lesquels il a fallu toujours assembler des conciles. L’esprit de contumace a choisi son domicile dans cette petite ville de Genève. Elle est encore plus heureuse que la Corse, qu’on ne peut pacifier depuis cinquante ans. Toute l’Europe est en paix, excepté ces deux petits coins de terre. Les petits chiens aboient, quand les gros dogues dorment. Ce qui me plaît des dissensions de Genève, c’est qu’elles ont valu une troupe de comédiens que les médiateurs y ont établie 2. Je n’y vais jamais, car il y a deux ans que je ne peux sortir de ma chambre. Si je pouvais voyager deux lieues, j’en ferais cent pour aller me mettre à vos pieds ; je viendrais renouveler à Vos Altesses Sérénissimes le plus profond respect et l’attachement le plus inviolable.
Votre vieux Suisse V. »
1 Du Philosophe ignorant.
2 Voir lettre d'avril 1766 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/15/j-attends-d-ailleurs-quelque-instruction-metaphysique-sur-le-6327263.html
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)