20/02/2022
Vous êtes déjà instruit de cette horrible aventure ; je ne vous demande que la plus exacte justice
... Maître Poutine ne faites pas la sourde oreille ! La Russie est-elle si pauvre qu'elle ne puisse se passer de voler les biens de l'Ukraine ?
« A Daniel-Marc-Antoine Chardon 1
19è novembre 1766 au château de Ferney par Genève
Monsieur, ce n’est pas ma faute si je vous importune ; prenez-vous-en à la réputation que vous avez d’être le juge le plus intègre et le rapporteur le plus éloquent. M. et Mme de Beaumont se croient trop heureux si leur fortune dépend de vous. Les Sirven vous demandent la vie ; et moi, monsieur, j’ose vous la demander pour eux, moi qui suis témoin, depuis trois années, de leur innocence, de leurs larmes, et de l’horrible injustice qu’ils essuyèrent lorsque le même fanatisme qui fit périr Calas sur la roue condamna Sirven et sa femme à la corde, sur la même accusation de parricide, que la superstition impute si légèrement, et que la nature désavoue.
M. le duc de Choiseul, qui pense sur vous, monsieur, comme tout le public, et qui est votre ami, a eu la bonté de me mander qu’il prierait monsieur le vice-chancelier de vous nommer rapporteur dans l’affaire des Sirven. Vous êtes déjà instruit de cette horrible aventure ; je ne vous demande que la plus exacte justice. La malheureuse destinée de cette famille, qui l’a conduite dans mes déserts, deviendra un bonheur pour elle si vous daignez rapporter sa cause. C’en est un pour moi que cette occasion de vous assurer de l’estime infinie et du respect avec lesquels j'ai l'honneur d'être
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire
de la chambre du roi . »
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19/02/2022
Dans la fatuité de mon orgueil extrême, Je le dis
... Biden / Poutine ? Question orgueil ils en ont à revendre , tout autant que d'armes, et là ça fait peur . Que disent-ils ? poker menteur . All in !
Ah ! si l'Ukraine était comme le Bangladesh, qui s'en soucierait ?
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
19è novembre 1766
Je vous écrivis, je crois, mes anges, le 8 de ce mois, que je pourrais vous envoyer le premier acte de ma bergerie 1; et avant que vous m’ayez fait réponse, l’enceinte a été construite. Une tragédie de bergers ! et une tragédie faite en dix jours, me direz-vous ! Aux petites-maisons, aux petites-maisons, de bons bouillons, des potions rafraîchissantes comme à Jean-Jacques !
Mes divins anges, avant de me rafraîchir, lisez la pièce, et vous serez échauffés. Songez que quand on est porté par un sujet intéressant, par la peinture des mœurs agrestes, opposées au faste des cours orientales, par des passions vraies, par des événements surprenants et naturels, on vogue alors à pleines voiles (non pas à plein voile, comme dit Corneille 2) et on arrive au port en dix jours. Un sujet ingrat demande une année, et un long travail qui échoue , un sujet heureux s’arrange de lui-même. Zaïre ne me coûta que trois semaines. Mais cinq actes en vers à soixante-treize ans, et malade ! J’ai donc le diable au corps ? Oui, et je vous l’ai mandé. Mais les vers sont donc durs, raboteux, chargés d’inutiles épithètes ? Non ; rapportez-vous-en à ce diable qui m’a bercé ; lisez, vous dis-je. Maman Denis est épouvantée de la chose, elle n’en peut revenir.
Ce n’est pas Tancrède, ce n’est pas Alzire, ce n’est pas Mahomet, etc. Cela ne ressemble à rien ; et cependant cela n’effarouche pas. Des larmes ! on en versera, ou on sera de pierre. Des frémissements ! on en aura jusqu’à la moelle des os, ou on n’aura point de moelle. Et ce n’est pas l’ex-jésuite qui a fait cette pièce ; c’est moi.
Dans la fatuité de mon orgueil extrême,
Je le dis à Praslin, à vous, à Fréron même 3.
On demandait à un maréchal d’Estrées, âgé de quatre-vingt-dix-sept ans, et dont la femme, sœur de Manicamp 4, était grosse : « Qui a fait cet enfant à madame la maréchale ? — C’est moi, mort-Dieu, » dit-il.
Ma bergerie part donc. Je l’envoie à M. le duc de Praslin pour vous. Faites lire cette drogue à Lekain ; que M. de Chauvelin manque le coucher du roi pour l’entendre. Mettez-moi chaudement dans le cœur de ce M. de Chauvelin ; que M. le duc de Praslin juge à la lecture ; puis moquez-vous de moi, et j’en rirai moi-même.
Respect et tendresse.
V. »
1 Les Scythes .
2 Pompée, acte III, scène i ; voyez tome XXXI, page 448.
3 Parodie de ce vers d’Alzire (acte III, scène iv) : Je l’ai dit à la terre, au ciel, à Guzman même.
4 Gabrielle de Longueval, fille d’Achille de Manicamp, 3e femme du maréchal d’Estrées âgé de 91 ans. Voir dans Historiettes, de Tallemant des Réaux , I, p. 383 et suiv. : https://books.google.fr/books?id=CwFAAAAAcAAJ&pg=PA390&lpg=PA390&dq=historiettes+tallemant+des+r%C3%A9aux+mar%C3%A9chal+d%27estr%C3%A9es+longueval&source=bl&ots=7owHYwRUMG&sig=ACfU3U2QVS7AH3iLhNpSVONurtOQhfWUCQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjYvNTa5In2AhUOuRoKHTU2DUUQ6AF6BAgVEAM#v=onepage&q=historiettes%20tallemant%20des%20r%C3%A9aux%20mar%C3%A9chal%20d'estr%C3%A9es%20longueval&f=false
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18/02/2022
Cette déclaration, mon cher ami, n’est que pour les journaux, et surtout pour les journaux étrangers
... Ainsi pourrait s'exprimer Antony Blinken , secrétaire d'Etat qui pousse des cris d'orfraie contre Vladimir Poutine , ce qui n'est pas la bonne attitude face à un tel adversaire bluffeur :
https://www.20minutes.fr/monde/ukraine/3237167-20220217-c...
Gare à tes fesses !
Sale temps sur la planète .
« A Etienne-Noël Damilaville
17 novembre 1766 1
Mon cher ami, l’avocat de Besançon, auteur du Commentaire des Délits et des Peines 2, vous en envoie deux exemplaires par cette poste. J’y joins deux Lettres à M. Hume 3.
Je vous supplie de vouloir bien mettre à la page 8 des certificats un et au lieu des ni 4, Il faut : que ce prétendu recueil de mes lettres, et un autre recueil, ne sont , etc.
Cette déclaration, mon cher ami, n’est que pour les journaux, et surtout pour les journaux étrangers. Je vous demande en grâce d’en faire tenir un exemplaire au directeur du journal de Bouillon, avec contreseing, en mettant au bas de la page 8 qu’il est supplié de corriger la faute indiquée.
On dit que c’est Marc-Michel Rey, éditeur de Jean-Jacques, qui a imprimé le Recueil Nécessaire 5 Cela est très vraisemblable, puisqu’on y trouve une partie du Vicaire savoyard. Je n’ai pas vérifié si la traduction de milord Bolingbroke est fidèle. Les vrais philosophes, mon cher ami, ne font point de pareils ouvrages , ils respectent la religion autant qu’ils chérissent le roi.
Tout ceci est en réponse à votre lettre du 10 novembre. Dites à Mme de Beaumont que je serai le plus attaché de leurs serviteurs jusqu’au dernier moment de ma vie.
J’ai éclairci avec M. de La Borde la méprise du petit paquet qui vous est parvenu 6. Ma mémoire de soixante-treize ans me trompait ; ce n’est point M. de La Borde ; c’est M. le comte de Cucé, maître de la garde-robe du roi 7, qui avait eu la bonté de se charger de cette commission ; il pense en sage, et il agit en homme bienfaisant.
J’ai relu plusieurs fois la lettre de Tonpla : elle serre mon cœur, et m’entraîne vers le sien. Que ne puis-je vous entretenir tous deux ! Mon âme s’unit à la votre plus que jamais.
Voudriez-vous avoir la bonté de faire tenir l’incluse par la petite poste ? »
1 Copie contemporaine Darmstadt B.; l'édition Correspondance littéraire, plus complète que le manuscrit ( comporte la dernière phrase ) est sans destinataire
2 Ouvrage de Voltaire, voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Commentaire_sur_Des_D%C3%A9lits_et_des_Peines/%C3%89dition_Garnier
3 Margaret Hill Peoples, dans « La Querelle Rousseau-Hume », Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau, 1927-1929, pense que la seconde de ces lettres est constituée par les Notes . Il peut s'agir aussi de deux exemplaires de la lettre du 24 octobre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/20/il-est-vrai-qu-a-la-sagesse-toujours-consequente-de-sa-conduite-et-de-ses-e.html
4 Cette faute a été corrigée ; voir page 585 : https://fr.wikisource.org/wiki/Appel_au_public/%C3%89dition_Garnier
Elle était à la page 136 du Journal encyclopédique, du 15 novembre 1766 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1523288w/f131.item
5 Voir une note sur la lettre du 25 août 1766 à Frédéric II de Hesse-Cassel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/11/18/eclaire-et-bienfaisant-que-de-princes-ne-sont-ni-l-un-ni-l-a-6349903.html
6 Voir lettre du 24 octobre 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/20/je-crois-en-etre-sur-6361494.html
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
17/02/2022
beaucoup de prêtres sont faits pour être les secrétaires de Belzébuth
... Tous titres , appellations et religions confondues . Plus de malfaisants que de saints dans la foule de ceux qui prétendent parler au nom de dieu(x) .
« A Gabriel Cramer
[vers le 15 novembre 1766]
Donnez vite, mon cher Gabriel, le secrétariat à monsieur votre frère 1, malgré la prétraille . Vous êtes dans votre famille plus faits pour être secrétaires de Vénus que de Thémis ; et beaucoup de prêtres sont faits pour être les secrétaires de Belzébuth.
Je vous embrasse de tout mon cœur, et je suis charmé de votre retour . »
1 Philibert Cramer va être élu secrétaire de la justice le 19 novembre 1766 . Voir : https://voltairefoundation.wordpress.com/category/behind-the-scenes/
14:58 | Lien permanent | Commentaires (0)
On travaille pour vous
... Ne l'oubliez pas messieurs Sarkozy et Hollande, présidents retraités, grassement entretenus ! Que faites-vous pour nous ?
-- Rien à droite !
-- Rien à gauche !
-- On peut traverser .
« A Henri-Louis Lekain
14è novembre 1766
On travaille pour vous 1, courage, priez Dieu pour moi, et faites dans l'occasion jouer Olympie par Mlle Durancy. »
14:17 | Lien permanent | Commentaires (0)
16/02/2022
Tout arrive, n’en doutez pas ; et il n’y a point de pays où le public soit mieux servi qu’en France
... Ahahahahahahahahhh ! Rien à ajouter ...
« A Etienne-Noël Damilaville
12 novembre 1766 1
Vous devez déjà avoir reçu, mon très-cher ami, la lettre 2 par laquelle je vous mandais que le petit ballot était parvenu à M. Boursier, par la messagerie de Lyon à Genève. Tout arrive, n’en doutez pas ; et il n’y a point de pays où le public soit mieux servi qu’en France. Tout le mal venait, comme je vous l’ai dit, de ce qu’on avait mis l’adresse à Genève, au lieu de la mettre à Meyrin, et qu’on n’avait pas envoyé de lettre d’avis pour Genève : sans ces précautions, on court les risques d’un grand retardement.
Je vous ai mandé combien la lettre de M. Tonpla 3 avait attendri M. Boursier. Je vous répète qu’il est bon de s’assurer de la personne 4 dont on semble trop se défier. Je vous répète que cette personne donne tous les jours des paroles positives à M. Boursier, et que ce Boursier, en cas de besoin, pourrait faire face à tout.
Il a écrit à M. de Lamberta 5, et il attend sa réponse ; il ne fera rien sans avoir le consentement de M. de Lamberta. Voilà tout ce que je sais.
Je vous envoie, par une autre lettre, celle que j’écrivis à M. Hume le 24 octobre. Je vous en ai déjà adressé plusieurs exemplaires, mais je crains que M. Jeannel, qui a des ordres très positifs et très justes de ne laisser passer aucun imprimé de Genève, n’ait confondu celui-ci avec tous les autres ; il y a pourtant une très grande différence. Ma lettre à M. Hume n’est qu’une justification honnête et légitime, quoique plaisante, contre les accusations d’un petit séditieux nommé Jean-Jacques Rousseau, qui a osé insulter le roi et tous ses ministres dans tous ses ouvrages, et qui mériterait au moins le pilori, s’il ne méritait pas les petites-maisons. Ma lettre à M. Hume venge la patrie.
Voici une lettre tout ouverte que je vous envoie pour Mme de Beaumont 6 ; je vous prie, mon cher ami, de la lui faire parvenir, soit en l’envoyant à sa maison à Paris, avec certitude qu’elle lui sera rendue, soit en l’adressant à sa terre de Vieuxfumé, d’où Mme de Beaumont a daté. Je ne sais pas où est cette terre de Vieuxfumé 7 . Je suppose qu’elle est près de Caen ; mais, dans cette incertitude, je ne puis qu’implorer votre secours.
L’affaire des Sirven devient pour moi plus importante que jamais ; il s’agit de sauver la vie à un père et à deux filles qui se désespèrent, et qui vont suivre une femme et une mère morte de douleur. M. de Beaumont aurait bien mieux fait de suivre cette affaire que celle de M. de La Luzerne . Il y aurait eu peut-être plus de profit, et sûrement plus d’honneur.
Mon cher ami, ne nous lassons point de faire du bien aux hommes ; c’est notre unique récompense. »
1 Copie contemporaine Darmstadt B. ; édition Correspondance littéraire la donne sans destinataire ; le troisième paragraphe manque sur la copie ainsi que les mots , et qui mériterait […] petites-maisons .
2 Lettre du 7 novembre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/10/le-secretaire-d-ambassade-n-y-parle-que-des-coups-de-baton.html
3 Diderot, lettre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/10/le-secretaire-d-ambassade-n-y-parle-que-des-coups-de-baton.html
4 Le roi de Prusse.
5 Lettre à d'Alembert du 8 novembre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/14/ce-charlatan-est-un-des-plus-dangereux-coquins-qui-respirent-6366034.html
6 Cette lettre manque .
7 Limitrophe de Canon-les-Bonnes-Gens ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vieux-Fum%C3%A9
et : https://fr.anecdotrip.com/la-fete-des-bonnes-gens-de-canon-par-vinaigrette
18:38 | Lien permanent | Commentaires (0)
15/02/2022
Ces messieurs-là connaissent bien mal leur monde, et sont bien maladroits
... Russie-Ukraine et le reste du monde . Poutine veut décidément bien emm... le reste du monde, et il y réussit . Les affaires de gros sous ont le vent en poupe (surtout quand il y a du gaz dans les tuyaux ). Xi Jin Ping se frotte les mains .
Comme ça, ils ne peuvent pas se blairer (au sens premier = https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition... )
« Au chevalier Pierre de Taulès
A Ferney, 10 novembre 1766 1
J'ose supplier, monsieur, Son Excellence ou vous, de vouloir bien mettre dans vos paquets de la cour ces deux guenilles que MM. les ducs de Choiseul et de Praslin m'ont demandées . Dites-moi, je vous en prie, ce qu'on pense de Jean-Jacques à Genève . Les vingt-cinq perruques sont assurément sur des têtes de travers, si elles pensent que je suis enrôlé contre elles dans le régiment de Rousseau . Ces messieurs-là connaissent bien mal leur monde, et sont bien maladroits .
M. Thomas, Dieu merci, a tous les suffrages . Donnez-moi ici le vôtre , et traitez avec amitié
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Le manuscrit a été vendu lors de la même vente que la lettre précédente : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/14/je-sais-attendre.html
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