02/03/2022
le roi a fait déclarer aux Genevois qui sont à Paris qu'on les ferait tous sortir de France et que l'alliance ou le commerce serait rompu
... Changez "Genevois" par l'identité que vous voulez, et vous avez le programme d'une majorité des candidats à l'élection présidentielle .
« De Voltaire et Jean-Louis Wagnière
à
Charles-Frédéric-Gabriel Christin
29è novembre 1766
Cher jurisconsulte, cher ami de l'humanité, mandez-moi , je vous en prie, tout ce que vous savez du révérend père Nonotte, de la compagnie de Jésus ; de quel pays est-il ? que fait-il ? où est-il ? quel âge a-t-il ? quelle figure a-t-il? quels protecteurs a-t-il ? Tout cela est bon à savoir .1
Je vous prie de vouloir bien commander de ma part, deux petites figures en marbre, aux Phidias de Saint-Claude 2. Ces deux figures doivent être semblables à celle que M. le comte de Cucé 3 a prise, et je les voudrais incessamment . Je vous serai très obligé de presser cette besogne .
Mais il y en a une autre plus importante que je recommande à votre zèle . Je suis bien étonné que vous ne demandiez pas de nouveaux exemplaires des livres de jurisprudence que vous avez donnés à M. Guirand 4, et à M. le marquis de Marnésiac 5.
Bonsoir , mon cher ami, je vous embrasse bien tendrement .
N.B. – L'imprimeur du Commentaire sur les délits et les peines n'en a plus d'exemplaires , il veut en faire une nouvelle édition ; voyez, mon cher jurisconsulte, si d'ici à un mois vous pouvez m'envoyer ce que vous aurez fait sur la réforme du code criminel .
Tenez, monsieur le damné de païen, voilà celui que vous demandiez ; je pense que vous n'accorderez à ces messieurs que le culte d'hyperdulie, et qu'il n'y aura point de latrie . Quoi qu'il en soit, Dieu maximus vous ait en sa digne garde ; vous vous contenterez , s'il-vous-plait de cette petite figure faute d'une plus grande .
On a donné hier aux citoyens le projet imprimé de la médiation . Je l'ai lu, mais au diable si je n'y ai rien compris . On prétend qu'on ne l'acceptera pas . Si cela est, le roi a fait déclarer aux Genevois qui sont à Paris qu'on les ferait tous sortir de France et que l'alliance ou le commerce serait rompu .
Adieu, portez-vous bien . Je vous embrasse, mon cher ami .
Wagnière.
Avez-vous pas reçu les estampes du patron ? J'ai pris sa lettre pour y joindre ce petit mot . »
1 Pour cette polémique littéraire, V* collecte des renseignements permettant de rendre odieux et ridicule l'adversaire par des traits de satire personnelle .
Nonotte figure dans le groupe des « mauvais » voués aux enfers, sur le tableau dit du Triomphe de Voltaire, au château de Ferney .
2 Famille Rosset : http://deartibussequanis.fr/sculpture/rosset.php
3 Louis-Bruno de Boisgélin de Cucé : https://gw.geneanet.org/garric?lang=fr&n=de+boisgelin+de+cuce&oc=0&p=louis+bruno
et : https://data.bnf.fr/fr/12562017/louis-bruno_boisgelin_de_cuce/
4 Mot fortement biffé , comme dans plusieurs lettres antérieures .
5 Voir lettre du 10 mars 1766 au marquis de Villevielle : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/06/21/le-roi-stanislas-monsieur-est-mort-comme-hercule-dont-il-ava-6322827.html
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Vous connaissez une ode sur la guerre , dans laquelle il y a tant de strophes admirables
... Je vous recommande, tout comme Voltaire, la lecture de cette ode qui est d'une actualité remarquable :
Petite dédicace à Vladimir Poutine :
Que peut donc la victoire et l'effroi qu'elle inspire ?
Le conquérant superbe a des voisins nouveaux,
Plus irrités sans doute, et le plus vaste empire
N'a que plus de rivaux .
...
Peuples, vous pouvez tout , malgré l'orgueil du trône
« A Charles Bordes
Il y a longtemps, monsieur, que vous êtes mon Mercure, et que je suis votre Sosie, à cela près que je vous aime de tout mon cœur, et que vous ne me battez pas 1. Vous connaissez une ode sur la guerre 2, dans laquelle il y a tant de strophes admirables. On l’a imprimée sous mon nom : je serais trop glorieux si je l’avais faite. Il y a une certaine Profession de foi philosophique 3 digne des Lettres provinciales. Je voudrais bien l’avoir faite encore. Je n’aurais pas cependant attribué à Jean-Jacques du génie et de l’éloquence comme vous faites dans la note qu’on trouve à la dernière page de votre profession de foi. Je ne lui trouve aucun génie ; son détestable roman d’Héloïse en est absolument dépourvu ; Émile de même , et tous ses autres ouvrages sont d’un vain déclamateur qui a délayé dans une prose souvent inintelligible deux ou trois strophes de l’autre Rousseau, surtout celle-ci :
Couché dans un antre rustique,
Du nord il brave la rigueur,
Et votre luxe asiatique
N’a point énervé sa vigueur.
Il ne regrette point la perte
De ces arts dont la découverte
A l’homme a coûté tant de soins,
Et qui, devenus nécessaires,
N’ont fait qu’augmenter nos misères
En multipliant nos besoins.4
Jean-Jacques n’est qu’un malheureux charlatan qui, ayant volé une petite bouteille d’élixir, l’a répandu dans un tonneau de vinaigre 5, et l’a distribué au public comme un remède de son invention.
Je voudrais bien avoir fait encore la Lettre au docteur Pansophe. On m’avait mandé qu’elle était de l’abbé Coyer ; mais on dit actuellement qu’elle est de vous, et je le crois, parce qu’elle est charmante ; mais elle ne s’accorde point avec ce que j’ai mandé à M. Hume, qu’il y a sept ans que je n’ai eu l’honneur d’écrire à M. Jean-Jacques.
Je vous prie de vous confier à moi : je vous demande encore en grâce de vous informer qu’un nommé Nonnotte, ex-jésuite, qui m’a fait l’honneur d’imprimer à Lyon deux volumes 6 contre moi pour avoir du pain (je ne crois pas que ce soit du pain blanc). Il y a longtemps que je cherche deux autres, libelles de jésuites contre les parlements ; l’un, intitulé Il est temps de parler 7, et l’autre, Tout se dira 8. Ils sont rares : pourriez-vous me les faire venir, à quelque prix que ce soit ?
Je vous demande pardon de la liberté que je prends. Je vous embrasse tendrement, mon cher confrère à l’Académie de Lyon, qui devriez l’être à l’Académie française.
V.
A Ferney , 29è novembre 1766 »
1 Souvenir des Amphytrion de Plaute et de Molière, rappelons nous : https://fr.wikipedia.org/wiki/Amphitryon_(Plaute)
et https://fr.wikipedia.org/wiki/Amphitryon_(Moli%C3%A8re)
V* explique plus loin ce qu'il veut dire . Il est à noter que cette parenté entre les deux écrivains justifiera plus tard, et au mois pendant quelque temps l'attribution à Bordes du Crocheteur borgne qui est de V* ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Crocheteur_borgne
2 Cet ouvrage est de Bordes, voir lettre du 16 septembre 1761 à Pierre Rousseau : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/08/27/vous-avez-un-beau-champ-pour-rendre-justice-a-notre-nation-5840515.html
3 Œuvre de Bordes également : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70706d.texteImage
4 Odes, II, ix, 81-90, de Jean-Baptiste Rousseau : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5702656r/texteBrut
5 L'édition Besterman porte à tort dans du tonneau .
6Les erreurs de M. de Voltaire : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6309263x.texteImage
Sur ces deux volumes de Nonotte, voir lettre du 17 mai 1762 à Fez : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/04/04/1-5929401.html
7 Brochure de l'abbé Dazès : https://data.bnf.fr/fr/10213182/abbe_dazes/
et voir lettre du 1er mars 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/03/25/nous-prenons-donc-a-present-nos-tragedies-chez-les-anglais-q-6138604.html
8 Tout se dira, ou l'Esprit des magistrats destructeurs, 1763, de André Christophe Balbany : voir : https://data.bnf.fr/fr/12108172/andre-christophe_balbany/
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01/03/2022
Aspice auditores torvis oculis, percute pulpitum fortiter, die nihil ad propositum, et bene prædicabis/Regarde les auditeurs avec des yeux torves, frappe vigoureusement le pupitre, ne dis rien à propos, et tu prêcheras bien
... -- Qui fait ainsi ? Mélenchon ou Zemmour ?
-- Les deux mon général .
-- Qui sera élu ?
-- Aucun des deux , circulez il n'y a rien à voir (ni à écouter ) .
« A Jean Le Rond d'Alembert
29 de novembre [1766]
Il y a trois heures que j’ai reçu le cinquième volume 1, mon très cher philosophe. Ce que j’en ai lu m’a paru digne de vous. Je ne puis vous donner un plus grand éloge. Quoi ! vous dites dans l’avertissement que l’Apologie de l’étude n’a pas été heureuse dans l’assemblée où elle fut lue 2 ! Êtes-vous encore la dupe de ces assemblées ? Ne savez-vous pas que le Catilina de Crébillon fut reçu avec transport ?
Aspice auditores torvis oculis, percute pulpitum fortiter, die nihil ad propositum, et bene prædicabis.3
Votre Apologie de l’étude est un morceau excellent, entendez-vous ? N’allez pas vous y tromper.
Je vous rendrai compte incessamment du manuscrit que votre ami a envoyé à M. Boursier 4. Il faut attendre que la fermentation de la fourmilière de Genève soit un peu apaisée.
À l’égard de l’ami Vernet, il est dans la boue avec Jean-Jacques, et ni l’un ni l’autre ne se relèveront.
Il y a aussi bien des gens qui barbotent dans Paris. En vérité, mon cher philosophe, je ne connais guère que vous qui soit clair, intelligible, qui emploie le style convenable au sujet, qui n’ait point un enthousiasme obscur et confus, qui ne cherche point à traiter la physique en phrases poétiques, qui ne se perde point dans des systèmes extravagants.
À l’égard de l’ouvrage sur les courbes 5, je vous répète encore que c’est ce que j’ai vu de mieux sur cette matière.
Puisque vous daignez mettre le petit buste 6 d’un petit vieillard sur votre cheminée avec des magots de la Chine, je vais commander un nouveau magot à celui qui a imaginé cette plaisanterie. J’aimerais bien mieux avoir votre portrait au chevet de mon lit, car je suis de ces dévots qui veulent avoir leur saint dans leur alcôve.
J’oubliais de vous dire que j’ai été très fâché qu’on ait mis sur mon compte la Lettre au docteur Pansophe, qui est fort plaisante, à la vérité, mais où il y a des choses trop longues et trop répétées, et dans laquelle on voit même des naïvetés tirées de Candide. Cette lettre est de l’abbé Coyer. Il devrait avoir au moins le bon procédé, et même encore la vanité, de l’avouer ; en la mettant sous mon nom, il me met en contradiction avec moi-même, lorsque je proteste à M. Hume que je n’ai rien écrit à Jean-Jacques depuis sept 7 à huit ans. Je l’ai prié très instamment de ne me point faire ce tort ; il s’en ferait à lui-même. Il veut être de l’Académie, et je pense que l’Académie n’aime pas ces petits tours de passe-passe.
Je vous embrasse de tout mon cœur ; je vous salue, lumière du siècle .»
1 Des Mélanges de littérature , d'histoire et de philosophie : https://www.catawiki.com/fr/l/16871299-jean-baptiste-le-r...
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15100650/f12.item
2 L'essai de d'Alembert l 'Apologie de l’étude avait été lue dans la séance publique d'ouverture de l’Académie française du 13 avril 1761. Voir lettre du 7 ou 8 mai 1761 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/04/15/ce-n-est-pas-assez-de-montrer-qu-on-a-plus-d-esprit-que-les-5788704.html
3 Regarde les auditeurs avec des yeux torves, frappe vigoureusement le pupitre, ne dis rien à propos, et tu prêcheras bien .
4 La Lettre à M. ***, conseiller au parlement dont il est parlé tome XLIII, page 473, et ci-dessus, page 241.
Voir lettre du 8 novembre 1766 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/14/ce-charlatan-est-un-des-plus-dangereux-coquins-qui-respirent-6366034.html
5 Voltaire désigne ici l’ouvrage de d’Alembert, intitulé Sur la Destruction des jésuites, etc., qui n'a rien à voir avec les courbes ; voir lettre de mai 1761 à d'Alembert (en note 2)
6 Le buste de Voltaire, exécuté par un ouvrier de Saint-Claude, cité dans la lettre du 27 janvier 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/16/portez-vous-bien-mon-cher-frere-et-soit-que-je-vive-soit-que-6316233.html
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vous ne me saurez nul mal gré si je manque à des formalités que je ne puis connaître, lesquelles d'ailleurs ne dérogent en rien aux respectueuses remontrances que je suis dans la nécessité de vous faire
... En espérant que c'est correctement traduit par Google
вы не узнаете меня неохотно, если я пропущу формальности, которых не могу знать,
которые, кроме того, никоим образом не умаляют почтительных увещеваний,
которые я должен сделать вам
Ah qu'il serait beau et bon si on pouvait parler ainsi à cet extrêmiste Poutine,
et qu'il y donnât bonne suite .
« Au conseil suprême de Montbéliard
28 novembre 1766 au château de Ferney 1
Étant obligé de vous écrire, et ne sachant pas vos noms et vos titres, je me flatte que vous me pardonnerez la liberté que je prends, et que vous ne me saurez nul mal gré si je manque à des formalités que je ne puis connaître, lesquelles d'ailleurs ne dérogent en rien aux respectueuses remontrances que je suis dans la nécessité de vous faire .
M. Jeanmaire, receveur de Montbéliard, vint chez moi deux fois, il y a plus d'un an de la part de M. le comte de Montmartin, pour m'emprunter de l'argent au nom de Mgr le duc de Wirtemberg ; je ne balançai pas un moment ; je connaissais trop quelle est la générosité et la grandeur d'âme de S.A.S ; je prêtai tout mon bien en rentes viagères sur ma tête et sur celles de mes neveux et nièces, en gardant la proportion de nos âges . J'avais alors soixante douze ans ; je suis dans un état qui ne me permet pas de me passer des secours que cette rente viagère doit me procurer, et vous savez, messieurs, combien à mon âge une pareille rente est sacrée . Elle sera bientôt éteinte ; mais S.A.S. m'a promis par un contrat que je serais payé exactement . M. Jeanmaire me doit plus de trente mille livres sur une année révolue ; je lui ai écrit plusieurs fois ; il n'a pas daigné me répondre encore . Mes rentes sont hypothéquée sur les terres que S.A.S. possède en Alsace et en Franche-Comté , et les contrats sont homologués au conseil souverain d'Alsace et au parlement de Besançon .
Ces conventions n'ont rien de commun avec les affaires du duché de Virtemberg ; les domaines en Alsace et en Franche-Comté valent le double de mes hypothèques, ainsi il n'y a nulle excuse pour M. Jeanmaire . J'ai arrêté jusqu'ici le juste ressentiment de mes neveux et de mes nièces, qui n'ont presque pour vivre que l'argent qui doit m'être payé par M. Jeanmaire tous les trois mois .
Je vous prie , messieurs, très instamment de vouloir bien donner des ordres positifs à M. Jeanmaire d'acquitter les engagements qu’il a pris au nom de monseigneur le duc son maître, engagements qu'il ne peut différer de remplir sous aucun prétexte . C'est une justice que j'attends de vous et que je vous conjure de ne pas me refuser .
J'ai l'honneur d'être avec respect,
messieurs,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
comte de Tournay
gentilhomme ordinaire
de la chambre du roi . »
1 Le manuscrit appartient à M. Staelin ; édition Mossmann, p. 345-346.
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28/02/2022
Il n’y a point, à la vérité, de fortune à faire ; mais on aura sûreté et protection
... M. Zelensky , optimiste, peut le dire en déposant sa demande d'admission de l'Ukraine dans le giron européen , qui irait alors du Cabo da Roca portugais au Donbass . On oubliera le rêve qui donnait une Europe allant du Portugal à l'Oural, Poupout'n n'est pas d'accord, c'est évident, il déteste la démocratie et adore piller .
Il va voir confirmé que politique et géographie ne sont pas concordantes : https://www.ouest-france.fr/monde/guerre-en-ukraine/video...
Vue du ciel, l'Europe c'est plus grand qu'on ne croit .
« A Etienne-Noël Damilaville
28 novembre 1766 1
Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 20 novembre. Le roi ne pouvait s’y prendre plus paternellement pour apaiser les troubles de Genève. Il fera dans cette taupinière ce qu’il a fait dans son royaume. Il a éteint les querelles indécentes et dangereuses des parlements et des évêques. Il a tout remis dans l’ordre, et je joins, dans les titres que je lui donne, le nom de sage à celui de bien-aimé.
M. Boursier écrit à M. d’Alembert, Vous voyez bien qu’il ne vous trompait pas, quand il disait qu’on pouvait absolument compter sur les offres de son correspondant 2. Ces offres ne sont point du tout à rejeter. Il n’y a point, à la vérité, de fortune à faire ; mais on aura sûreté et protection.
M. du Cré dit qu’il vous a envoyé un paquet par votre directeur, et il suppose que vous l’avez reçu. Je crois que ce paquet doit être parti de Lyon. N’avez-vous point vu M. l’abbé Mignot depuis qu’il est de retour à Paris ?
Je crois que l’affaire de M. de Lamberta réussira 3.
Adieu, mon cher ami ; je vous écris à bâtons rompus et fort à la hâte, étant entouré de monde et accablé de maladie. Mille compliments, je vous prie, à M. Tonpla.
N. B. On m’a envoyé la Justification de Rousseau 4 . Quel est le sot qui a écrit cette sottise ? Est-il vrai que c’est le libraire Panckoucke ? En ce cas, il est digne de seconder le docteur Pansophe.
Encore un petit mot : M. de Beaumont a-l-il vu l’Avis au public 5? »
1 Copie contemporaine Darmstadt B. incomplète des 2è et 3è paragraphes ; l'édition Correspondance littéraire ne donne toujours pas le destinataire .
2 Le roi de Prusse, pour la colonie de philosophes à Clêves.
3 D’Alembert ne publia qu’en 1767 la Lettre à M***, conseiller au parlement de ***, pour servir de supplément à l’ouvrage qui est dédié à ce même magistrat, et qui a pour titre : Sur la Destruction des jésuites en France, par un auteur désintéressé ; mais cette Lettre était faite dès 1765. Voir : https://books.google.fr/books?id=rkY3FWI3EcsC&pg=PA1&lpg=PA1&dq=Lettre+%C3%A0+M***,+conseiller+au+parlement+de+***,+pour+servir+de+suppl%C3%A9ment+%C3%A0+l%E2%80%99ouvrage+qui+est+d%C3%A9di%C3%A9+%C3%A0+ce+m%C3%AAme+magistrat,+et+qui+a+pour+titre+:+Sur+la+Destruction+des+j%C3%A9suites+en+France,+par+un+auteur+d%C3%A9sint%C3%A9ress%C3%A9&source=bl&ots=jW3R2i22r2&sig=ACfU3U1Ouj4v8YLY6ngXk5EAF5pNqncz7Q&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwje0Lu29qL2AhURrxoKHQ5lBT4Q6AF6BAgTEAM#v=onepage&q=Lettre%20%C3%A0%20M***%2C%20conseiller%20au%20parlement%20de%20***%2C%20pour%20servir%20de%20suppl%C3%A9ment%20%C3%A0%20l%E2%80%99ouvrage%20qui%20est%20d%C3%A9di%C3%A9%20%C3%A0%20ce%20m%C3%AAme%20magistrat%2C%20et%20qui%20a%20pour%20titre%20%3A%20Sur%20la%20Destruction%20des%20j%C3%A9suites%20en%20France%2C%20par%20un%20auteur%20d%C3%A9sint%C3%A9ress%C3%A9&f=false
4Justification de J.-J. Rousseau dans la contestation qui lui est survenue avec M. Hume ; Londres (Paris), in-12 de ij et 28 pages. Beuchot disait : « L’auteur ne m’est pas connu. »
Voir lettre du 20 novembre 1766 à Lacombe : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/21/je-crois-qu-il-est-de-votre-interet-de-temporiser-au-moins-q-6367428.html
5 L’Avis au public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/527
19:06 | Lien permanent | Commentaires (0)
je suis un homme exact, quoique les faiseurs de tragédies n’aient pas cette réputation
... Oui, effectivement Vlad tu es exact comme un tir de missile balistique les armes à la main , et faux comme un jeton à une table de négociations, Trump en est tout ému et t'encense ; ça sent le faisandé .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
28è novembre 1766
Je reçois la lettre de mes anges datée du 22. J’envoie à M. le duc de Praslin un second exemplaire du livre de jurisprudence 1 qu’il m’a ordonné de lui faire parvenir. Je le mets dans un paquet à son adresse. J’envoie ce paquet à M. Jeannel avec un autre exemplaire du même livre en feuilles, que j’ai reçu de Franche-Comté, et dont je lui fais présent.
La perte du paquet de M. le duc de Praslin me fait craindre pour la tragédie que j’avais eu l’honneur de lui envoyer. Le manuscrit lui fut dépêché dans le paquet de M. le chevalier de Beauteville. Je vous ai envoyé des corrections depuis, les unes adressées à M. le duc de Praslin, les autres à M. Marin, sous le couvert de M. de Sartines. J’envoie aujourd’hui au même M. Marin l’avis sur le procès des Sirven, dont les exemplaires sont devenus très rares.
Vous voyez, mes chers anges, que je suis un homme exact, quoique les faiseurs de tragédies n’aient pas cette réputation. M. du Clairon, qui n’a fait que la moitié d’une tragédie 2 n’est point exact. Il ne serait pas mal que M. le duc de Praslin eût la bonté de l’engager à faire les recherches nécessaires. Je suis convaincu que c’est un nommé La Beaumelle qui a envoyé à Amsterdam, au libraire nommé Schneider, mes prétendues lettres, avec les additions et les notes les plus criminelles contre le roi et contre les ministres. Cela est si vrai que dans une édition d’Avignon, sous le nom de Lausanne, l’éditeur dit : Nous n’imprimons pas les autres lettres, parce que M. La Beaumelle les a déjà données au public.3
Ce La Beaumelle est un petit huguenot, autrefois réfugié, confiné actuellement en Languedoc, sa patrie. Il travaille toujours de son premier métier . Il avait falsifié ainsi le Siècle de Louis XIV ; il l’avait chargé de notes horribles contre la famille royale ; il fut enfermé à Bicêtre, où il devrait être encore. Le fou de Verberie 4 n’était pas assurément si coupable que lui.
Mais mon alibi 5 me tient bien plus au cœur. Je suis en peine de savoir si mes anges ont reçu tous mes paquets gros et petits.
Si d’ailleurs ils trouvent le nom de Smerdis trop désagréable pour des Français, il n’y a qu’à prononcer Serdis aux deux premières représentations ; après quoi on restituera au prince d’Ecbatane, fils de Cyrus, son nom propre.
J’écris en droiture à mes anges toutes ces petites lettres, afin qu’il n’y ait point de temps perdu. Je me recommande à mon ordinaire à leurs extrêmes bontés, qui font la consolation de ma vie.
V. »
1 Le Commentaire sur le livre des délits et des peines, de Beccaria.
2 Cromwell, que Morand, disait-on, avait commencé.
3 On lit dans un « Nota » à la fin de Monsieur de Voltaire peint par lui-même , II, 63 : « Nous aurions pu grossir cet ouvrage, si M. D. L.B. ne nous avait prévenu en publiant les Lettres secrètes de Voltaire, que nous avons retranchées de notre recueil , afin de ne le pas grossir . »La référence n'est donc pas aux Lettres […] à ses amis du Parnasse comme le dit V* . Du reste la formule même prouve que ce nouveau recueil n'est pas de La Beaumelle .
Voir page 6 : https://voltaire-lire.msh-lse.fr/IMG/pdf/RV_11_1_4_CMervaud.pdf
4 J. Rinquet, condamné à mort en 1762 ; voir lettre du 9 janvier 1763 à Cideville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/11/22/vous-etes-a-paris-a-la-source-de-tout-et-nous-ne-sommes-dans-6001833.html
5 Les Scythes , bien sûr .
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Tous les citoyens devraient venir baiser les mains des plénipotentiaires, et s’aller enivrer ensuite
... tant Russes qu'Ukrainiens, en supposant que chacun n'est pas pressé de mourir sur le champ d'une bataille inepte .
C'est ma tournée, vodka pour tout le monde, et on s'embrasse --(non, pas le Donbass )--, dans cet ordre .
« A Pierre-Michel Hennin
Il faudrait, mon cher Résident, que les Genevois eussent le diable au corps pour ne pas accepter le règlement qu’on leur propose 1. Il me semble que tous les ordres de leur petit État sont pesés dans des balances qui sont plus justes que celles que Jupiter tient dans Homère. Tous les citoyens devraient venir baiser les mains des plénipotentiaires, et s’aller enivrer ensuite, comme le prescrit Rousseau dans je ne sais quel mauvais livre de sa façon 2. Bonsoir, très aimable homme , mettez-moi aux pieds de Son Excellence, et ne m’oubliez pas auprès de M. de Taulès.
27è novembre 1766.»
1 La bourgeoisie rejeta le règlement proposé.
2 Dans sa lettre à d’Alembert, J.-J. Rousseau ne parle pas de cabaret. Il craint seulement que l’établissement des spectacles à Genève ne détruise les cercles formés dans cette ville, où « on joue, on cause, on lit, on boit, on fume, etc. » ; voir page 49 : http://www.espace-rousseau.ch/f/textes/lettre%20%C3%A0%20d%27alembert%20utrecht%20corrig%C3%A9e.pdf
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