17/01/2025
demande si les deux derniers quartiers de la rente ont été payés
... Souci de retraité . A quelle sauce sera-t-il accommodé ?
« A Charles-Henri-Chrétien Rosé
[15 juillet 1769] 1
[Lui demande si les deux derniers quartiers de la rente ont été payés .] »
1 L’existence de cette lettre et son contenu sommaire se déduisent de la réponse de Rosé du 28 juillet 1769 .
Sur cette correspondance, voir aussi : https://obtic.huma-num.fr/elicom/voltaire/doc.jsp?id=1770-01-04_49853
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16/01/2025
Un trésorier doit avoir ses comptes en règle... Il faudra bien qu’il remplisse tous ses engagements ; il ne voudra pas rougir devant vous
... Paroles de l'opposition qui est brave en paroles et inepte en comptabilité . Donner plus à tous, y compris les retraités, en amputant la durée de cotisation de deux ans . Il faudra qu'on m'explique ! Comment partager une galette plus petite entre davantage de parts et en conclure que tous seront plus comblés qu'aujourd'hui ?
« A Sébastien Dupont, Avocat
au Conseil souverain d'Alsace
franco
à Colmar
Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 9 juillet 1. Lorsque je vous écrivis, je fis mes remontrances à Jeanmaire par le même ordinaire ; et, dans ces remontrances, je lui dis que, si son affaire était manquée avec Dietrich, si le duc, son maître, avait besoin d’argent pour la consommer et pour se libérer, j’offrais de lui chercher, sur mon crédit, à Genève, la somme dont S[on] A[ltesse] pourrait avoir besoin, que je me tiendrais trop heureux de la servir, etc. Je me suis flatté qu’avec de pareils procédés je m’assurais l’estime et les bonnes grâces du prince . Je crois ne m’être pas trompé.
J’ai reçu enfin une lettre de Jeanmaire ; il me mande qu’il s’est nanti de quatre-vingt-seize mille livres à moi appartenant, savoir : vingt-six mille en argent comptant, et soixante et dix mille livres que S[on] A[ltesse] me doit par des billets à ordre signés d’elle-même. Mais il a si peu de soin, il est si négligent, il traite cette affaire si cavalièrement, qu’il ne m’a pas seulement expliqué comment, en quoi, de qui il a reçu ces vingt-six mille livres. Un trésorier doit avoir ses comptes en règle ; il paraît qu’il n’emploie pas avec moi cette méthode. J’ignore encore quelle conduite il aura. Tout ce que je sais, c’est qu’il a mon argent, et qu’il faut ou qu’il me le rende, ou qu’il m’envoie des mandats pour recevoir en quatre années la somme dont il est convenu avec vous, payable par quartiers, à commencer du 1er avril dernier.
Je vous prie, mon cher ami, de me mander ce qu’il vous aura répondu. On ne peut guère être plus embarrassé que je le suis ; mes arrangements avec ma famille en souffrent. Mandez-moi, je vous prie, ce que c’est que cette terre dont Dietrich s’était emparé, ce qu’elle vaut, et si elle est bâtie ; je vous serai très-obligé.
N. B. Voici les propres mots que m’écrit Jeanmaire, du 2 juillet : Notre bonne foi et notre reconnaissance égaleront la générosité avec laquelle vous vous êtes prêté à nos arrangements. Cela est positif, et il n’y a plus moyen de reculer ; mais, en pareil cas, la reconnaissance est de l’argent comptant, et Jeanmaire doit comprendre qu’on me doit un quartier commençant au 1er avril. Il faudra bien qu’il remplisse tous ses engagements ; il ne voudra pas rougir devant vous.
N. B. Je vous envoie, mon cher ami, la copie de la lettre que je lui écris 2; il faut tirer toute cette affaire au clair.
Je vous embrasse, mon cher ami, de tout mon cœur.
V.
15è juillet 1769 à Ferney.»
1 Lettre encore inconnue .
2 Cette lettre est perdue .
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15/01/2025
J’ai mieux réussi dans la profession de laboureur ; on risque moins, et on est moralement sûr d’être utile
... Si au moins le risque était moindre que celui des commerçants, les cultivateurs seraient bien heureux comme Voltaire et fiers à juste titre de leur utilité . Que va décider le gouvernement face à leur colère ?
Voir : https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/crise-agricole/
« A André Morellet
14è juillet 1769 à Ferney 1
J’ai reçu ces jours-ci, monsieur, le plan du Dictionnaire de Commerce 2: je vous en remercie. Il y aura, grâce à vous, des commerçants philosophes. Je ne verrai certainement pas l’édition des cinq volumes, je suis trop vieux et trop malade ; mais je souscris du meilleur de mon cœur : c’est ma dernière volonté. J’ai deux titres essentiels pour souscrire ; je suis votre ami, et je suis commerçant ; j’étais même très fier quand je recevais des nouvelles de Portobello et de Buenos-Aires 3. J’y ai perdu quarante mille écus. La philosophie n’a jamais fait faire de bons marchés, mais elle fait supporter les pertes. J’ai mieux réussi dans la profession de laboureur ; on risque moins, et on est moralement sûr d’être utile.
Avouez qu’il est assez plaisant qu’un théologien, qui pouvait couler à fond saint Thomas et saint Bonaventure, embrasse le commerce du monde entier, tandis que Crozat et Bernard 4 n’ont jamais lu seulement leur catéchisme. Certainement votre entreprise est beaucoup plus pénible que la leur ; ils signaient des lettres écrites par leurs commis. Je vous souhaite la trente-troisième partie de la fortune qu’ils ont laissée, cela veut dire un million de bien, que vous ne gagnerez certainement pas avec les libraires de Paris. Vous serez utile, vous aurez fait un excellent ouvrage :
Sic vos non vobis mellificatis, apes !5
Le commerce des pensées est devenu prodigieux ; il n’y a point de bonnes maisons dans Paris et dans les pays étrangers, point de château qui n’ait sa bibliothèque. Il n’y en aura point qui puisse se passer de votre ouvrage ; tout s’y trouve, puisque tout est objet de commerce.
Votre ami 6 et votre confrère en Sorbonne a donc quitté la théologie pour l’histoire, comme vous pour l’économie politique.
Vous savez sans doute qu’il fait actuellement une belle action. Je lui ai envoyé Sirven ; il a la bonté de se charger de faire rendre justice à cet infortuné. La philosophie a percé dans Toulouse, et par conséquent l’humanité. Sirven obtiendra sûrement justice, mais il a pris la route la plus longue ; il ne l’obtiendra que très tard, et il sera encore bien heureux : son bien reste confisqué en attendant. N’est-ce pas un objet de commerce que la confiscation ? car il se trouve qu’un fermier du domaine gagne tout d’un coup la subsistance d’une pauvre famille ; et, par un virement de parties, le bien d’un innocent passe dans la poche d’un commis.
On me fait à moi une autre injustice ; on m’impute une Histoire du Parlement en deux petits volumes. Il y a dans cette Histoire des anecdotes de greffe dont, Dieu merci, je n’ai jamais entendu parler. Il y a aussi des anecdotes de cour que je connais encore moins, et dont je ne me soucie guère. L’ouvrage d’ailleurs m’a paru assez superficiel, mais libre et impartial. L’auteur, quel qu’il soit, a très grand tort de le faire courir sous mon nom. Je n’aime point en général qu’on morcelle ainsi l’histoire. Les objets intéressants qui regardent les différents corps de l’État doivent se trouver dans l’Histoire de France, qui, par parenthèse, a été jusqu’ici assez mal faite.
Continuez, monsieur, votre ouvrage aussi utile qu’immense, et songez quelquefois, en y travaillant, que vous avez au pied des Alpes un partisan zélé et un ami.
Voulez-vous ben envoyer à votre libraire Étienne le petit billet ci-joint ? »
1 Original ; éd. Kehl sans le dernier paragraphe et dont le début a été biffé sur la copie Beaumarchais .
2 André Morellet : « Prospectus d'un nouveau dictionnaire se commerce, 1769 . Le projet ne se réalisa pas ..Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k649599.image
3 A l'occasion de sa participation aux entreprises commerciales de Cadix, laquelle est encore enveloppée d'un mystère presque total .
4 Crozat et Bernard sont deux fameux financiers de la fin du siècle de Louis XIV . La duchesse de Choiseul descend de Crozat .
5 Ainsi, abeilles, faites-vous votre miel pour d'autres que vous ! Virgile dans Donat , Vie de Virgile .
6 L’abbé Audra.
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Mon petit magistrat m’a enfin envoyé son œuvre dramatique ; je vous la dépêche
... Ainsi parle Bayrou à Macron pour présenter le mirifique projet de Darmanin concernant l'incarcération renforcée des trafiquants de drogues . Fumeux ! Combien ça coûte , qui va les garder, et où ?
« A Nicolas-Claude Thieriot
12è juillet 1769
Mon petit magistrat m’a enfin envoyé son œuvre dramatique ; je vous la dépêche, mon ancien ami. C’est actuellement la mode de faire imprimer les pièces de théâtre sans les donner aux comédiens ; mais de tous ces drames il n’y a que l’Écossaise qu’on ait joué.
Pourriez-vous, mon cher ami, me faire avoir les Mélanges historiques relatifs à l’Histoire de France, ouvrage qui a brouillé le Parlement avec la Chambre des Comptes 1 ?
La liste des livres nouveaux devient immense ; celle des livres qu’on m’attribue n’est pas petite. Il y a une Histoire du Parlement 2 qui fait beaucoup de bruit ; je viens de la lire. Il y a quelques anecdotes assez curieuses qui ne peuvent être tirées que du greffe du Parlement même : il n’y a certainement qu’un homme du métier qui puisse être auteur de cet ouvrage. Il faut être enragé pour le mettre sur mon compte. Il est bien sûr que, depuis vingt ans que je suis absent de Paris, je n’ai pas fouillé dans les registres de la cour . Scribendi non est finis 3. La multitude des livres effraie ; mais, après tout, on en use avec eux comme avec les hommes, on choisit dans la foule.
J’ai reçu la Piété filiale 4; l’auteur me l’a envoyée, je vais la lire . C’est encore une de ces pièces qu’on ne jouera pas, si j’en crois la préface que j’ai parcourue. Il en pourra bien arriver autant à notre petit magistrat de province ; j’apprends d’ailleurs qu’on ne joue plus à Paris que des opéras-comiques.
Je suis si malade qu’il ne me vient pas même dans la tête de regretter les plaisirs de votre ville. Quand on souffre, on ne regrette que la santé, et quelques amis qui pourraient apporter un peu de consolation. Je vous mets au premier rang, et je vous embrasse de tout mon cœur. »
1 Les Mélanges historiques et critiques, contenant diverses pièces relatives à l’Histoire de France (par Damiens de Gomicourt), 1768, deux vol. in-12, avaient été supprimés par un arrêt de la Cour des comptes, du 23 décembre 1768. Le Parlement prononça aussi leur suppression le 3 février 1769, en déclarant que la Cour des comptes n’avait pas pouvoir et juridiction pour l’arrêt qu’elle avait rendu.
V* réunit un certain nombre de documents sur cet incident.
Voir : tome I : https://www.digitale-sammlungen.de/en/view/bsb10418403?page=2,3
et tome II : https://books.google.be/books?vid=GENT900000038921&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false
Auguste-Pierre Damiens de Gomicourt : https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/210-augustin-damiens-de-gomicourt
2 Faisant partie des tomes XV et XVI : https://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_du_parlement/%C3%89dition_Garnier
3 On n'a jamais fini d'écrire . L’Ecclésiaste, xii, 12, dit : « Faciendi plures libros nullus est finis. » : https://www.biblegateway.com/passage/?search=Ecclesiastes%2012%2CEccl%C3%A9siaste%2012&version=VULGATE;SG21;LSG
4 Courtial. — Son drame est en cinq actes et en prose et ne fut pas représentée .
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14/01/2025
Toute loi qui contredit la nature est bien injuste !
... Et l'imbécile malveillant Trump n'a toujours pas voulu s'en rendre compte, angoissé qu'il est de perdre ses dollars .
« A Derrey de Roqueville 1
Ferney, 12 juillet 1769 2
Je vous dois, monsieur, autant de remerciements que d’éloges. Vous êtes une preuve de ce que j’ai dit publiquement, que l’éloquence qui régnait à Paris, sous le grand siècle de Louis XIV, se réfugie aujourd’hui en province 3. Je serais bien étonné si Louis Dussol 4 ne vous doit pas sa fortune : il est pauvre, il doit donc partager avec les pauvres ; il est de la famille, il doit donc avoir la meilleure part 5. Voilà comment la nature jugerait ce procès, si on lui faisait l’honneur de la consulter. Toute loi qui contredit la nature est bien injuste !
Pardonnez à un vieillard malade, qui répond tard, et quand il peut.
J'ai l'honneur d'être avec toute l'estime que vous méritez, monsieur, votre , etc. »
1 Pierre Derrey de Roqueville : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&n=derrey+de+roqueville&p=pierre
et https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10000302p/f361.image
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10000302p/f366.image
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10000302p/f365.image
2Copie contemporaine (Osborn) ; éd. Beuchot, ( d'après copie datée par l'éditeur « Le 1777 ») ; Œuvres complètes de Voltaire, 1870 qui complète le texte et la date sans dire d'après quelles source et sans la formule .
3 Peut-être V* pense-t-il à la conclusion du Précis du Siècle de Louis XV , qui , pourtant, ne dit pas exactement cela (Voir Œuvres historiques : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_43 ).
4 Louis Dussol réclamait devant le parlement de Toulouse l’héritage d’un frère qui, revenant d’Amérique, où il s’était enrichi, et se croyant sans famille, avait légué sa fortune aux hospices.(Beuchot).
5 Note de Beuchot : « Les conjectures de Voltaire ne se réalisèrent pas . Le 18 mai 1778, un arrêt du parlement de Toulouse adjugera à l’hôpital de Montpellier la riche succession de Dussol aîné, qui, parti de France avant la naissance de Louis Dussol son frère, avait, à son retour, ignorant son existence, institué pour son légataire universel l'hôpital de Montpellier . Cette générosité fit du bruit dans le pays : Louis Dussol, chargé d'une nombreuse famille, dans un état voisin de la misère, réclama la succession, et comme frère du défunt et comme étant au rang des pauvres dont Dussol aîné avait voulu être le bienfaiteur ; mais Louis Dussol ne fut pas trouvé dan l'état de pauvreté absolue qu'exige la jurisprudence pour faire participer les parents pauvres aux libéralités de leurs parents ; et l'hôpital de Montpellier resta propriétaire de la succession. »
Voir : https://archives-pierresvives.herault.fr/archive/fonds/FRAD034_3_HDT/
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13/01/2025
Vous devez être excédé de lettres et de demandes
... M. Bayrou, dont celles de l'UNEDIC , qui ne sont pas des moindres : https://www.europe1.fr/economie/les-gestionnaires-de-lune...
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
À Ferney, 10 juillet [1769]
Le plus vieux et le plus attaché de vos serviteurs ne vous importune, monseigneur, que dans les occasions qui fournissent quelque excuse. Vous devez être excédé de lettres et de demandes. C’est toujours au doyen de notre Académie que j’écris, et non au gouverneur, au premier gentilhomme de la chambre . Vous souviendrez-vous des Mémoires de Maintenon faits par La Beaumelle, et de quelques autres brochures dans ce goût qui calomnient les plus grandes maisons du royaume, à commencer par la famille royale ? Vous daignâtes me marquer ce que vous en pensiez. Il paraît dans les pays étrangers un livre assez curieux écrit dans ce style . C’est l’Histoire du Parlement. Je n’ai rien à dire contre le premier volume . Il fait voir que le parlement tire toute sa dignité des pairs. J’ai toujours été de cet avis. Il y a d’ailleurs, dans ce premier tome, des anecdotes dont je ne puis juger : il faudrait avoir consulté le greffe. Je doute que La Beaumelle ait été à portée de fouiller dans ces archives, et c’est ce qui me fait suspendre toute idée sur le nom de l’auteur.
Pour le second tome, j’en trouve la fin non seulement fausse, mais excessivement indécente, et je l’ai dit hautement. L’auteur, quel qu’il soit, s’efforce de faire passer son ouvrage sous mon nom : je suis accoutumé à ces impostures ; mais celle-ci m’afflige. Je suis d’un corps dont vous êtes le principal membre, et dont le roi est protecteur. À la bonne heure qu’on impute à ma vieillesse de plats vers et de la prose languissante . Mais certainement il y a, dans ce second tome, des expressions impertinentes qui devraient déplaire au roi, s’il n’était pas trop grand pour être seulement instruit de ces sottises. Dans l’indignation où je suis qu’on m’impute un pareil ouvrage, je ne puis que déclarer que l’auteur est très mal avisé, qu’il est un impudent, et que je réprouve son livre, qui est plein d’erreurs.
Qu’il me soit encore permis de dire à mon doyen (dont je suis le doyen par l’âge 1) qu’on achève actuellement deux nouvelles éditions du Siècle de Louis XIV et de Louis VI . Ce sont des monuments de votre gloire. Ils vaudraient mieux si j’avais pu recevoir vos instructions ; mais tels qu’ils sont, puis-je les présenter au roi ? Daignerez-vous me dire si je dois prendre cette liberté ? M. de Saint-Florentin le croit ; mais je ne veux rien faire sans vous consulter. Donnez-moi cette marque de vos anciennes bontés. Je suis honteux de vous ennuyer d’une si longue lettre ; mais mon héros a toujours été indulgent pour moi. Je me flatte qu’il le sera encore, en daignant m’apprendre par un mot ce que je dois faire. J’attends cette grâce de lui, et je lui renouvelle mon très vieux et très tendre respect. »
1 Ce même 10 juillet 1769 V* écrit de sa main le testament suivant . Voir aussi la lettre du 17 juillet 1769 à Mme Denis .
« Mon testament
J'institue Mme Denis ma nièce mon héritière universelle.
Je prie M. l'avocat Christin d'être mon exécuteur testamentaire .
Je lègue à Mme de Florian ma nièce cinquante mille francs .
à M. l'abbé Mignot cinquante mille francs
à M. d'Hornoy cinquante mille francs
à M. Christin un diamant de mille francs outre les quinze cents francs dont je lui ai fait don
au sieur Wagnière dix mille francs, outre les 400 livres de rente viagère qu'il a sur la Compagnie des Indes entre les mains de M. de Laleu
au sieur Bigex douze cents francs
à M. et Mme Dupuits un diamant de 2400 livres
à Mlle Maton 400 livres
à la Barbéra 300 livres
à mes domestiques mille francs que Mme Denis partagera entre eux convenablement
aux pauvres de Ferney, s'il y en a , 300 livres
à la famille Sirven 2400 livres.
Mes papiers sont en ordre, on les trouvera dans mon grand secrétaire avec de l'argent comptant.
Plus je lègue à M. l'abbé Adam trois mille francs
à Mlle Nollet cinq cents livres.
Je prie ma nièce Mme Denis de rendre à M. Durey les billets que j'ai de lui si je meurs avant l’échéance . Je le prie d'accepter un diamant de 2400 livres.
On nourrira toute la maison jusqu'à l'arrivée de Mme Denis ou jusqu'aux ordres de ses ayant cause .
Comme il est difficile d'assembler sept personnes pour signer ce testament selon l'usage et que je peux mourir avant que le notaire soit venu, j'avertis que les testaments olographes sont valables au pays de Gex.
F. M. Arouet de Voltaire
10 juillet 1769
Plus je lègue à M. Thieriot un diamant de deux mille quatre cents livres .
10 juillet . F. M. Arouet de Voltaire
Si je meurs de ma maladie j'avertis Mme Denis que M. Jeanmaire trésorier de M. le duc de Virtemberg est redevable de vingt-six mille livres qu'il a pris [sic] sur mes quartiers .
Je ne dois que le courant . Toutes mes affaires sont en règle . »
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je ne garderai pas le silence
...
« A Marie-Louise Denis
9è juillet 1769
Voici, ma chère nièce, une seconde lettre que j'écris au Mercure 1. L'accusation me paraît si absurde que je ne crois pas devoir la traiter trop sérieusement . J'ai lu dans l'ouvrage qu'on m'impute deux ou trois chapitres qui ne peuvent être tirés que d'un greffe poudreux où je n'ai certainement jamais mis les pieds . Plusieurs personnes attribuent cet ouvrage à La Beaumelle . Il est vrai que c'est son style, mais Dieu me garde d'accuser jamais personne, ni même de laisser la moindre soupçon sur mon ennemi quand je n'ai pas de preuve 2. Tout ce que je sais c'est que l'ouvrage a été imprimé en Hollande, et je vous ai mandé que M. Marin m'en avait instruit . Je ne doute pas que les personnes qui aiment la vérité et qui s'intéressent à moi, ne fassent taire la calomnie ; leur voix sera plus écoutée que la mienne , mais je ne garderai pas le silence . Je vais écrire même à M. le maréchal de Richelieu .
Cette ridicule aventure vient mal à propos pour Les Guèbres 3 . Ma plus grande consolation est dans la vivacité avec laquelle vous prenez cette affaire . Je suis persuadé que vous, vos parents et vos amis vous détromperez ceux qui se plaisent à être les échos de l'imposture . J'en ai essuyé beaucoup dont je me suis moqué, mais celle-ci m'afflige . Il faut attendre un mois pour que les journaux parlent, et pendant ce temps-là les bruits redoublent .
Je n'aurai M. le marquis de Jaucourt que vers le 15 .
Vous pouvez m'écrire, ma chère nièce, sous l'enveloppe de M. Lavergne 4 .
Je vous embrasse tendrement . Je suis pénétré de votre amitié . »
1 Lettre du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/01/12/m-6530743.html
2 Ces deux phrases depuis Plusieurs personnes […] ont été biffées par Mme Denis sur l'original .
3 Ces deux mots sont biffés par Mme Denis qui y substitue l'ouvrage que vous aimez .
4 Phrase biffée par Mme Denis .
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