11/07/2024
le père reste avec ses filles condamnées comme lui. Il a toujours craint de comparaître devant le parlement
... C'est évidemment la famille Le Pen, gibier de potence pour ses paroles et condamnable pour ses malversations financières : https://www.la-croix.com/france/affaire-des-assistants-du...
Unis quand ça les arrange ...
« A Joseph Audra
3 janvier 1769 au château de Ferney
Il s'agit monsieur de faire une bonne œuvre, je m'adresse donc à vous.
Vous m'avez mandé 1 que le parlement de Toulouse commence à ouvrir les yeux, que la plus grande partie de ce corps se repent de l'absurde barbarie exercée contre les Calas. Il peut réparer cette barbarie, et montrer sa foi par ses œuvres 2.
Les Sirven sont à peu près dans le cas des Calas. Le père et la mère Sirven furent condamnés à la mort par le juge de Mazamet dans le temps qu'on dressait à Toulouse la roue sur laquelle le vertueux Calas expira.
Cette famille infortunée est encore dans mon canton; elle a voulu se pourvoir au conseil privé du roi; elle a été plainte et déboutée. La loi qui ordonne de purger son décret, et qui renvoie le jugement au parlement est trop précise pour qu'on puisse l'enfreindre. La mère est morte de douleur, le père reste avec ses filles condamnées comme lui. Il a toujours craint de comparaître devant le parlement de Toulouse, et de mourir sur le même échafaud que Calas. Il a même manifesté cette crainte aux yeux du conseil.
Il s'agit maintenant de voir s'il pourrait se présenter à Toulouse avec sûreté. Il est bien clair qu'il n'a pas plus noyé sa fille que Calas n'avait pendu son fils. Les gens sensés du parlement de Toulouse seront ils assez hardis pour prendre le parti de la raison et de l'innocence contre le fanatisme le plus abominable et le plus fou? Se trouvera-t-il quelque magistrat qui veuille se charger de protéger le malheureux Sirven et acquérir par là de la véritable gloire? En ce cas je déterminerai Sirven à venir purger son décret, et à voir sans mourir de peur la place où Calas est mort.
La sentence rendue contre lui par contumace lui a ôté son bien dont on s'est emparé. Cette malheureuse famille vous devra sa fortune, son honneur et sa vie; et le parlement de Toulouse vous devra la réhabilitation de son honneur flétri dans l'Europe.
Vous devez avoir vu, monsieur, le factum des dix-sept avocats du parlement de Paris 3 en faveur des Sirven. Il est très bien fait, mais Sirven vous devra beaucoup plus qu'aux dix-sept avocats, et vous ferez une action digne de la philosophie et de vous.
Pouvez vous me nommer un conseiller à qui j'adresserai Sirven?
Permettez-moi de vous embrasser avec la tendresse d'un frère.
V. »
1 Dans deux lettres conservées, des 2 et 20 novembre 1768, dans lesquelles Audra affirme : « Je connais actuellement assez Toulouse pour vous assurer qu'il n'est peut-être aucune ville du royaume où il y ait autant de gens éclairés […] . Vous ne sauriez croire combien tout a changé depuis la malheureuse aventure des Calas.[...]. »
2 Réminiscence de Jacques, II, 18 : https://saintebible.com/james/2-18.htm
3 Sur ce factum, voir lettre du 4 mars 1767 à Élie de Beaumont, il porte non pas dix-sept mais dix-neuf signatures : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/08/12/p...
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10/07/2024
le Parlement, il fait naître le plus d’épines qu’il peut
... Paroles prophétiques sans attendre leur réalisation dès la rentrée officielle du 18 juillet . On va voir de vilaines passes d'armes . Et de formidables preuves d'hypocrisie .
« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally
et à
Jeanne-Louise Pavée de Provenchères de Rochefort d'Ally
1er janvier [1709]
Je présente mes tendres et sincères respects au couple aimable qui a honoré de sa présence pendant quelques jours l’ermitage d’un vieux solitaire malingre. Je ne leur souhaite point la bonne année, parce que je sais qu’ils font les beaux jours l’un de l’autre. On ne souhaite point le bonheur à qui le possède et à qui le donne.
Je me flatte qu’un jour Dix-huit-ans 1 sera le meilleur comme le plus bel appui de la bonne cause. La raison et l’esprit introduiront leur empire dans le Gévaudan, et on sera bien étonné. La bonne cause commence à se faire connaître sourdement partout, et c’est de quoi je bénis Dieu dans ma retraite. J’achève ma vie en travaillant à la vigne du Seigneur, dans l’espérance qu’il viendra de meilleurs apôtres, plus puissants en œuvres et en paroles.
Quoiqu’on dise à Paris que la fête de la Présentation de Notre-Dame 2 doit se célébrer au commencement de janvier, je n’en crois encore rien : car à qui présenter ? à des vierges ? Cela ne serait pas dans l’ordre.
On parle de grandes tracasseries. Je ne connais que celles de Corse. Elles ne réussissent pas plus dans l’Europe que le Tacite de La Bletterie en France. Mais le mal est médiocre ; et, après la guerre de 1756, on ne peut marcher que sur des roses. Pour le Parlement, il fait naître le plus d’épines qu’il peut. »
1 Surnom de Mme de Rochefort qui a dix-huit ans. Sur son mariage, voir lettre du 20 avril 1767 au chevalier Rochefort : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/10/23/toutes-les-choses-de-ce-monde-n-atteignent-pas-a-leur-but-il-6407923.html
2 Pour comprendre ce passage, il faudrait savoir ce que le comte de Rochefort avait écrit à Voltaire. (Beuchot.) — Il s’agit sans doute de la présentation de la Du Barry à Versailles. (Georges Avenel.)
Voir lettre du même jour à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/09/vous-ferez-l-usage-que-vous-croirez-le-plus-convenable-tout-6506351.html
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vous ferez l'usage que vous croirez le plus convenable . Tout les autres intéressés et surtout plusieurs ministres d’État m'ont fait les remerciements les plus flatteurs avec les plus grandes offres de service
... C'est à peu près ainsi que le président pourra conclure la première entrevue en reconduisant le nouveau premier ministre sur le perron de l'Elysée .
En attendant, Jordan Bardella doit méditer sur la morale de "Perrette et le pot au lait" : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/laitiere.htm . Adieu Matignon, gloire et pouvoir ! Orgueilleux incompétent ! A l'image de l'équipe de France de foot - autoproclamée formidable- qui vient de se faire balayer justement par l'Espagne .
Quant à Mélenchon-la-Solution, "Geai paré des plumes du paon" qu'il reste hors de vue sur la plus haute branche et ferme sa gueule d'aigri démolisseur : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/geaipaon.htm
« A Marie-Louise Denis
1 janvier 1769
Je ne m'étais pas attendu à voir l'année 1769 . Mais puisque la voilà, qu'elle soit la bienvenue . Que la destinée, ma chère nièce, vous en donne beaucoup d'heureuses, quoique ce ne soit pas trop sa coutume .
Vos deux réflexions étaient très justes . La réponse est dans un quatrième acte 1 que vous trouverez dans ce paquet adressé à M. Marin . Il me semble qu'on ne peut faire rien de bien en aucun genre sans les conseils de ses amis . Je vous remercie tendrement des vôtres .
Communiquez ce quatrième acte aux anges, qui en feront faire une copie . Lekain pourra lire le tout à son aréopage quand il voudra ; car je ne crois pas que la nature de l'ouvrage permette de rien changer au cinq . Plus j'examine la pièce, moins je vois qu'elle soit susceptible d'allusions dangereuses . Il est très certain que si Marin n'était pas au fait, il n'aurait pas le moindre scrupule . J'espère en son bon goût . Ce serait en vérité une chose très importante que cette tragédie pût réussir . Elle ferait plus d'une espèce de bien . Vous voulez donc actuellement qu’elle appartienne à Mme de Marron 2 ; ce n'est pourtant pas là son style . C'est d'ailleurs une fort bonne femme .
Mais soit Marron soit Guimond de La Touche 3, il est assez triste qu'il y ait deux tragédies 4 à passer devant une pièce qui est le code de la tolérance, de la royauté, de l'humanité et de la nature . D'ailleurs c'est une réponse à l'abbé de La Bletterie qui veut absolument que je me fasse enterrer .
Je ne sais s'il est à propos de demander la reprise des Scythes avant la représentation de ces deux pièces nouvelles que les comédiens ont reçues, soit qu'elles soient bonnes , soit qu'elles soient mauvaises . Je ne connais personne en état d'en faire de bonnes ; mais après Le Siège de Calais, il se peut très bien qu'Arlequin et Pierrot aient un prodigieux succès sur le théâtre de Cinna et de Phèdre .
Voici en tout cas un petit billet galant pour Mlle Vestris , dont vous ferez l'usage que vous croirez le plus convenable . Tout les autres intéressés et surtout plusieurs ministres d’État m'ont fait les remerciements les plus flatteurs avec les plus grandes offres de service .
Je ne croirai point à la fête de la Présentation 5 à moins qu'elle n'ait été chômée .
Je me flatte que la maladie de Mme Dupuits notre enfant n'aura pas eu de suite . J'embrasse tendrement la femme et le mari, et vous surtout, ma chère nièce, que j'aimerai jusqu'au dernier moment de ma vie . »
1 Des Guèbres .
2 Sur Mme Marron, voir lettre du 19 octobre 1768 à La Lande : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/05/02/affermir-ses-oreilles-contre-toutes-les-sottises-qu-on-dit.html
3 On se souvient qu'après Linant, c'est à La Touche que V* a pensé à faire attrinuer sa pièce .
4 Gabrielle de Vergy et Gaston et Bayard ; voir lettre du 6 décembre 1766 à d'Argental et lettre du 21 mai 1767 à Belloy : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/06/je-ferai-donc-ce-qu-on-pretend-que-disait-le-cardinal-de-ber-6369883.html
En fait les différends de Belloy avec la comédiens firent repousser la représentation de ces dernières pièces .
5 La présentation de Mme Du Barry à la cour ; voir lettre du 29 novembre 1768 à Bordes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/09/il-parait-par-la-derniere-emeute-que-votre-peuple-de-lyon-n-6502213.html
Voir aussi une variation sur ce même thème dans la lettre du 3 février 1769 à Tabareau : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-annee-1769-partie-5.html
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09/07/2024
Je suis environné de paperasses énormes dans lesquelles je me perds
... Constat de tous les nouveaux parlementaires qui, pourtant, vont sans frémir augmenter à force de projets de lois, de décrets et d'amendements le stock de paperasses républicaines . Les seuls entrepreneurs à vraiment être rassurés par la nouvelle Assemblée sont les imprimeurs, et les fournisseurs de la boutique de l'Assemblée que je vous laisse apprécier , ça fait partie des nombreux avantages d'être un élu de la Nation ( l'abolition des privilèges du 4 août 1789 n'a fait que changer les bénéficiaires ) : https://boutique.assemblee-nationale.fr/
Pour frimer !
En avant marche ! gauche droite gauche droite ...
Et pour avoir une peau douce, un savon au lait d'ânesse à 8€50
Etc., Etc.,Etc.... Un vrai catalogue à la Prévert ...
« A Gabriel Cramer
[1768-1769]
Dieu m'est témoin que nous venons de chercher, l'ami Wagnière et moi, pendant deux heures, ces petites pièces manuscrites que monsieur Cramer m'avait confiées . Nous avons perdu notre temps . Je ne sais plus où je les ai fourrées . Je suis environné de paperasses énormes dans lesquelles je me perds . Je suis malade de fatigue et de chagrin . Il faudra bien que je retrouve ce petit papier quand je serai tranquille car sûrement je ne l’ai pas brûlé .
Si monsieur Cramer a un autre exemplaire de ce chiffon, j'en aurai plus de soin, et je le corrigerai malgré mon triste état .
Je renvoie les cinq volumes de Mélanges . Ils sont bien mal arrangés . J'ai indiqué partout les doubles emplois, et j'y ai remédié autant que j'ai pu .
Il faudra beaucoup de cartons . Monsieur Cramer se serait épargné cette peine très désagréable s'il m'avait consulté . Je lui demande en grâce de ne rie faire sans m'en donner avis . Cette édition peut devenir très jolie, et être assez recherchée . Quand j'aurais repris un peu de mes sens, nous parlerons de tout cela. »
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08/07/2024
le démon de la discorde et de la calomnie souffle terriblement ...Il faut donc combattre jusqu’au dernier jour de sa vie ? Eh bien ! combattons.
... La preuve : le RN impuissant, en toute logique mathématique , un tiers des voix, c'est loin de cinquante pour cent plus un . Les cocoricos de Bardella ont viré au "c'est trop inzuste" de Caliméro, risibles, point de poste de premier ministre, retour à la case départ . Continuons à combattre un tel parti , il n'est pas négligeable bien que détestable par son programme .
« A Jean Le Rond d'Alembert, des Académies
française et des sciences
près de Bellechasse
à Paris
31è décembre 1768
Mon cher philosophe, le démon de la discorde et de la calomnie souffle terriblement sur la littérature. Voyez ce qu’on a imprimé dans plusieurs journaux du mois de novembre 1. Il est nécessaire que vous en soyez instruit . Je ne crois pas que ces journaux soient fort connus à Paris, mais ils le sont dans l’Europe.
Croiriez-vous que M. le duc et Mme la duchesse de Choiseul ont daigné m’écrire pour disculper La Bletterie 2? Mais comment se justifiera-t-il, non-seulement d’avoir traduit Tacite en style pincé, mais de n’avoir fait des notes que pour insulter tous les gens de lettres ? Je ne parle pas de Linguet, qui s’est défendu un peu trop longuement 3; mais pourquoi désigner Marmontel dans le temps de la persécution qu’il essuyait ? N’a-t-il pas désigné de la manière la plus outrageante le président Hénault, par ces paroles que vous trouverez page 235 du second tome ? Fixer l’époque des plus petits faits avec la plus grande exactitude, c’est le sublime de nos prétendus historiens modernes. Cela leur tient lieu de génie et des talents historiques.
Quoi ! cet homme attaque tout le monde, et il trouve la plus forte protection et les plus grands encouragements ! Est-ce pour l’éducation des enfants de France qu’il a publié son Tacite ? Je sais certainement qu’il veut être de l’Académie, et probablement il en sera.
Je crois connaître enfin le beau marquis 4 qui a peint le président Hénault et le petit-fils de Sha-Abas d’un pinceau si rembruni et si dur . Mais par quelle rage m’imputer cet ouvrage, dans lequel je suis moi-même maltraité ? Il faut donc combattre jusqu’au dernier jour de sa vie ? Eh bien ! combattons.
Avez-vous jamais lu le Catéchumène 5, une ode contre tous les rois dans la dernière guerre 6, une Lettre au docteur Pansophe ?7 Tout cela est de la même main. On a cru y reconnaître mon style. L’auteur n’a jamais eu l’honnêteté de détourner ces injustes soupçons ; et moi, qui le connais parfaitement aussi bien que Marin, j’ai eu la discrétion de ne le jamais nommer. Je sais très bien quel est l’auteur du livre attribué à Fréret 8, et je lui garde une fidélité inviolable. Je sais qui a fait le Christianisme dévoilé 9, le Despotisme oriental 10, Énoch et Élie 11, etc., et je ne l’ai jamais dit. Par quelle fureur veut-on m’attribuer l’A. B, C. ? C’est un livre fait pour remettre le feu et le fer aux mains des assassins du chevalier de La Barre.
Je compte sur votre amitié, mon cher philosophe, qu’elle soit mon bouclier contre la calomnie, et la consolation de mes derniers jours.
Je vous embrasse très tendrement.
V. »
1 La description est vague ; peut-être V* pense-t-il à une harangue du duc de Duras, tenue à l'occasion de la visite du roi de Danemark ; voir lettre du 23 décembre 1768 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/28/pourquoi-n-a-t-il-pas-ete-aussi-plaisant-qu-il-pouvait-l-etr-6504864.html
2 On a vu ces lettres à propos des lettres du 23 décembre à d'Alembert et du 26 décembre 1768 à Dupuits : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/02/on-m-a-fait-etranger-et-puis-on-me-reproche-de-penser-comme-6505333.html
3 Voir lettre du 19 août 1768 à Marin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/10/non-nostrum-inter-vos-tantas-componere-lites-il-ne-nous-appa-6488880.html
4 De Bélestat .
5 Par M. Bordes. (Kehl) . Voir lettre 10586 1er mars à d'Argental 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/11/je-ne-veux-pas-payer-pour-lui-6465393.html
6 Cette Ode sur la guerre est aussi de Bordes . Le Journal encyclopédique du 1er août 1761, dans lequel on trouve cette ode, dit qu’elle a été attribuée à un illustre auteur, qui la désavoue. Il en est question dans la lettre du prince Henri de Prusse le 8 février 1762 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome42.djvu/49
Voir lettre à Pierre Rousseau du 16 septembre 1761 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/08/27/vous-avez-un-beau-champ-pour-rendre-justice-a-notre-nation-5840515.html
7 A letter [,,,] to M. Jean-Jacques Rousseau, publiée en français et en anglais en avril 1766, plus connue sous le titre Lettre au docteur Pansophe, que Wilkes attribue dès l'origine à V* ainsi qu’il l'écrit à Suard le 20 mai 1766 en lui envoyant cette « lettre en français et en anglais de M. de Voltaire à Rousseau ». Voir pourtant la lettre du 1er mars 1768 à d'Argental où V* l'attribue déjà au même auteur que le Catéchumène, c'est-à-dire sans doute à Bordes .
8 L'Examen critique des apologistes de la religion chrétienne, peut-être de Lévesque de Burigny ; voir lettre du 22 janvier 1768 à Morellet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/08/28/une-si-bonne-cause-defendue-par-de-si-mauvaises-raisons-6458471.html
9 Sur Le Christianisme dévoilé attribué par V* à Damilaville, voir lettre du 15 décembre 1766 à Mme de Saint-Julien : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/16/il-est-entierement-oppose-a-mes-principes.html
et lettre du 20 décembre 1768 à Villevielle : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/26/je-mourrai-console-en-voyant-la-veritable-religion-c-est-a-d-6504508.html
10 Sur les Recherches sur les origines du despotisme oriental, de Nicols Boulanger, voir lettre du 26 janvier 1762 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/17/nos-infames-ennemis-se-dechirent-les-uns-les-autres-c-est-a-5899929.html
Voir la note 1, page 25 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome42.djvu/35
11 Sur la Dissertation sur Élie et Enoch, du même Boulanger, voir lettre du 25 novembre 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/01/21/c-est-un-recueil-aussi-insipide-que-si-l-on-avait-imprime-les-memoires-de-m.html
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07/07/2024
J’apprends dans mes retraites Qu’on a dans Paris maintenant Moins de bons médecins que de mauvais poètes
... Vu depuis les "déserts médicaux" !
« A Mme Anne-René Bichon de Pommereul
À Ferney, 29è décembre 1768 1
Madame,
Si je n’avais pas été très malade sur la fin de cette courte vie, je vous aurais sans doute remercié sur-le-champ de la longue vie que vous voulez bien me procurer 2. Il faut que vous descendiez d’Apollon en droite ligne, vous et Mme d’Antremont.
Vous ne démentez pas votre illustre origine ;
Il est le dieu des vers et de la médecine,
Il prolonge nos jours, il en fait l’agrément.
Ce dieu vous a donné l’un et l’autre talent :
Ils sont rares tous deux. J’apprends dans mes retraites
Qu’on a dans Paris maintenant
Moins de bons médecins que de mauvais poètes.
Grand merci, madame, de votre recette de longue vie. Je me doute que vous en avez pour rendre la vie très agréable : mais j’ai peur que vous ne soyez très avare de cette recette-là. Le cardinal de Fleury prenait tous les matins d’un baume qui ressemblait fort à votre élixir . Il avait beaucoup usé, dans son temps, de cette autre recette que vous ne donnez pas. Je crois que c’est ce qui l’a fait vivre quatre-vingt-dix ans assez joyeusement. Ce bonheur n’appartient qu’à des gens d’Église . Dieu ne bénit pas ainsi les pauvres profanes.
Quoi qu’il en soit, daignez agréer le respect et la reconnaissance avec lesquels j’ai l’honneur d’être,
madame,
votre, etc. »
1 Copie par Wagnière ; copie par Bigex ; édition Kehl . L'original semble avoir été adressé à Fougères chez Louis François POMMEREUL (1711-1751), sieur de LA GAUMERAIS, procureur du roi dans la sénéchaussée de Fougères ; voir : https://gw.geneanet.org/jrussell2?lang=fr&pz=julie+myriam+jacqueline&nz=series&p=anne+renee&n=bichon
2 Mme de Pommereul avait adressé à l’auteur la recette de l’élixir de longue vie, avec une lettre mêlée de prose et de vers. (Kehl.)
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06/07/2024
Tout ce que peuvent faire les adeptes, c’est de s’aider un peu les uns les autres, de peur d’être sciés : et si un monstre vient nous demander : Votre ami l’adepte a-t-il fait cela ? il faut mentir à ce monstre
... Telle est la conduite à tenir effectivement face au RN et à un Zemmour , un Mélenchon et tous les extrémistes qui divisent pour tenter de régner .
« A Bernard-Joseph Saurin, de l'Académie
française, etc.
Rue Neuve-des-Petits-Champs
vis-à-vis celle de Louis-le-Grand
à Paris
28è décembre 1768 à Genève
Premièrement, mon cher confrère, je vous ai envoyé un Siècle 1, et je suis étonné et confondu que vous ne l’ayez pas reçu.
En second lieu, vos vers sont très jolis 2.
Troisièmement, votre équation est de fausse position. Ce n’est point moi qui ai traduit l’A, B, C ; Dieu m’en garde ! Je sais trop qu’il y a des monstres qu’on ne peut apprivoiser. Ceux qui ont trempé leurs mains dans le sang du chevalier de La Barre sont des gens avec qui je ne voudrais me commettre qu’en cas que j’eusse dix mille serviteurs de Dieu avec moi, ayant l’épée sur la cuisse, et combattant les combats du Seigneur 3.
Il y a présentement cinq cent mille Israélites en France qui détestent l’idole de Baal ; mais il n’y en a pas un qui voulût perdre l’ongle du petit doigt pour la bonne cause. Ils disent : Dieu bénisse le prophète ! et si on le lapidait comme Ézéchiel, ou si on le sciait en deux comme Jérémie, ils le laisseraient scier ou lapider, et iraient souper gaiement.
Tout ce que peuvent faire les adeptes, c’est de s’aider un peu les uns les autres, de peur d’être sciés : et si un monstre vient nous demander : Votre ami l’adepte a-t-il fait cela ? il faut mentir à ce monstre.
Il me paraît que M. Huet, auteur de l’A, B, C, est visiblement un anglais qui n’a acception de personne. Il trouve Fénelon trop languissant 4, et Montesquieu trop sautillant 5. Un Anglais est libre, il parle librement : il trouve la Politique tirée de l’Écriture sainte 6, de Bossuet, et tous ses ouvrages polémiques, détestables ; il le regarde comme un déclamateur 7 de très-mauvaise foi. Pour moi, je vous avoue que je suis pour Mme du Deffand, qui disait que l’Esprit des lois était de l’esprit sur les lois. Je ne vois de vrai génie que dans Cinna et dans les pièces de Racine ; et je fais plus de cas d'Armide 8 et du IVè acte de Roland 9 que de tous nos livres de prose . Montesquieu dans ses Lettres persanes se tue à rabaisser les poètes ; il voulait renverser un trône où il sentait qu'il ne pouvait s'asseoir . Il insulte violemment dans ses Lettres persanes l'Académie dans laquelle il sollicita depuis une place 10. Il est vrai qu’il avait quelquefois beaucoup d'imagination dans l'expression . C'est à mon sens son principal mérite . Il est ridicule de faire le goguenard dans un livre de jurisprudence universelle . Je ne peux souffrir qu'on soit plaisant si hors de propos . Enfin chacun a son avis . Le mien est de vous aimer et de vous estimer toujours .
V. »
1 L’édition de 1768 du Siècle de Louis XIV
2 Saurin avait adressé à Voltaire des vers qui sont effectivement fort jolis, et dont il est parlé dans les Mémoires secrets de Bachaumont, à la date du 16 janvier 1769*. Le rédacteur des Annonces, affiches et avis divers de la Haute et Basse-Normandie les inséra dans le numéro du vendredi 3 février 1769 de son journal, avec cet intitulé : Sorin (sic) à M. de Voltaire, en réponse à l’A, B, C, pièce où il traite purement et simplement Montesquieu de bel esprit, et où il dénigre Fénelon. Un arrêt du parlement de Rouen, en date du 20 février 1769, ordonne que ce numéro des Annonces sera lacéré et brûlé, comme blasphématoire et impie*. Les vers de Saurin n’ayant pu, en conséquence de cet arrêt, entrer dans la collection de ses Œuvres, sont en quelque sorte inédits : je pense que le lecteur les verra ici avec plaisir.
*. Voyez aussi Grimm, édition Tourneux, tome VIII, page 267.
Esprit vaste et sublime, et le plus grand peut-être
Qu’aucun pays jamais, qu’aucun siècle ait vu naître ;
Voltaire, des humains le digne précepteur,
Poursuis, en instruisant amuse ton lecteur ;
Et, joignant à propos la force au ridicule,
Dans tes écrits, nouvel Hercule,
Abats l’hydre des préjugés
De cette nuit profonde où des fourbes célèbres
Au nom du ciel nous ont plongés,
Ose dissiper les ténèbres :
Arrache à l’erreur son bandeau,
Rends à la vérité ses droits et son flambeau ;
Mais du doux Fénelon ne trouble point la cendre,
Laisse au grand Montesquieu son immortalité :
Ton cœur de les aimer pourrait-il se défendre ?
Du genre humain tous deux ont si bien mérité !
Ils ont pu se tromper, mais ils aimaient les hommes.
Eh ! combien par l’amour de péchés sont couverts !
Le sublime écrivain que bel esprit tu nommes
À, même en se trompant, éclairé l’univers ;
Nous lui devons ce que nous sommes.
Trop libre peut-être en mes vers,
Je te dis ma pensée. Oh ! grand homme, pardonne.
Souvent, par ses écrits jugeant de sa personne,
Voltaire me paraît une divinité ;
Mais quand, rabaissant ceux que l’univers renomme,
Le génie est par toi de bel esprit traité,
Je vois avec chagrin que le dieu se fait homme.
(Note de M. Ravenel).
3 Ier livre des Rois, xviii, 17 .
4 Fénelon est auteur des Aventures de Télémaque : Voir page 377 :
https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/385
5 Voir page 321 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/329
6 Exactement La Politique tirée des propres paroles de l'Ecriture sainte, 1709 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k103256m.image
7 Voir pages 349- 350 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/357
8 Opéra de Quinault et de Lully, parodié par V*; voir lettre du 3 février 1732 à Cideville : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire...
9 Opéra de Quinault et Lully, 1685 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Roland_(op%C3%A9ra)
10 Montesquieu est reçu à l'Académie française dès 1728, quinze ans avant Marivaux et dix-huit avant Voltaire : https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/charles-d....
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