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29/12/2023

je pourrais bien même faire du théâtre une école pour les petits garçons, école dans laquelle je leur ferai apprendre l’agriculture

... Peut-on citer un auteur , ancien ou actuel, autre que Voltaire, qui a bâti une école à ses frais, avec le souci de donner un enseignement pratique , immédiatement utile pour l'enfant, ses parents et contemporains .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

27 d’Avril [1768]

Mon cher ami, mon cher philosophe, je suis tenté de croire que l’abbé de La Bletterie est en effet janséniste, tant il est orgueilleux. Son amour-propre, dévot ou non, a été extrêmement blessé d’un avis fort honnête qu’on lui avait donné dans un petit livre 1 dont on disait mal à propos que j’étais l’auteur. Voici une petite épigramme, ou soi-disant telle, qu’on m’envoie de Lyon sur son compte :

A M. l’ABBÉ DE LA BLETTERIE,

AUTEUR D’UNE VIE DE JULIEN ET DE LA TRADUCTION DE TACITE.

 

Apostat comme ton héros,

Janséniste signant la bulle,

Tu tiens de fort mauvais propos,

Que de bon cœur je dissimule.

Je t’excuse et ne me plains pas ;

Mais que t’a fait Tacite 2, hélas !

Pour le tourner en ridicule !

On me consulte pour savoir s’il ne faudrait pas traduire en ridicule ; mais il y a si longtemps que je n’ai assisté aux assemblées de l’Académie que je ne saurais décider.

D’ailleurs ma dévotion ne me permet guère d’examiner avec complaisance les épigrammes bonnes ou mauvaises contre mon prochain. Je sais qu’il y a des gens qui s’avisent de dire du mal de mes pâques ; c’est une pénitence qu’il faut que j’accepte pour racheter mes péchés. Le monde se plaira toujours à dénigrer les gens de bien, et à empoisonner leurs meilleures actions. Oui, j’ai fait mes pâques, et qui plus est, j’ai rendu le pain bénit en personne ; il y avait une très bonne brioche pour le curé. J’aime à remplir tous mes devoirs ;  je n’admets plus aucun plaisir profane : j’ai purifié les habits sacerdotaux qui avaient servi à Sémiramis 3, en les donnant à la sacristie de ma chapelle : je pourrais bien même faire du théâtre une école pour les petits garçons, école dans laquelle je leur ferai apprendre l’agriculture. Après cela, je défierai hardiment les jansénistes et les molinistes, et si on continue à me calomnier, je mettrai ces nouvelles épreuves au pied de mon crucifix. Je prétends, quand je mourrai, vous charger de ma canonisation. En attendant, soyez sûr qu’il n’y a point de pénitent au monde qui vous aime autant que moi ; ma santé est bien faible . Je ne sais comment je pourrai faire les honneurs de ma retraite à ces deux aimables seigneurs espagnols que vous m’annoncez. Demandez-leur, je vous prie, la plus grande indulgence ; qu’ils songent qu’ils viennent voir don Quichotte faisant pénitence sur la montagne noire 4. »

1 Voyez le Portrait de l’empereur Julien, en tête du Discours de Julien. Il avait paru d’abord en 1767 dans le Dictionnaire philosophique. (Georges Avenel.) Voir page 256 ( pdf ) de http://www.lechasseurabstrait.com/revue/spip.php?article7930

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Philippe-Ren%C3%A9_de_La_Bl%C3%A9terie

2 Pour comprendre tout ceci, il faut connaître une partie de la lettre de d'Alembert . Notons d'abord que l'ouvrage auquel fait allusion V* est le suivant Tibère, ou les six premiers livres des Annales de Tacite, traduits par [… ] Jean-Philippe-René de La Bletterie . Voici le passage de la lettre de d'Alembert :

« A Propos d'amis, vous en avez un dont peut-être vous ne vous doutiez pas . C'est le janséniste La Bletterie à qui vous devez des remerciements, et que je vous recommande . Il vient de donner une traduction des six premiers livres de Tacite ; dans une des notes du second volume, il s'exprime avec beaucoup de mépris sur les écrivains autrefois célèbres , qui veulent mourir la plume à la main, et qui font dire au public, le pauvre homme a oublié de se faire enterrer (car c'est avec cette noblesse que ses notes, sa préface et sa traduction sont écrites ) . Ses amis savent et publient que c'est à vous qu'il adresse cette belle diatribe ; et afin que la chose ne soit pas équivoque, il renvoie au dictionnaire de Bayle, articles Afer et Daurat, où vous verrez une note contre les vieux poètes qui écrivent dans un âge avancé . Je souhaite que ce plat janséniste qui se croit un personnage pour sa mauvaise vie de Julien, et dont M. le duc de Choiseul a accepté par pitié la dédicace, nous donne à soixante-quatorze ans : L'Ingénu, La défense de mon oncle, le morceau sur les dissidents de Pologne, la Lettre sur les Panégyriques etc. Au reste ce maraud ne pouvait tomber en de meilleures mains,ni vous donner de plus beau jeu, car sa traduction vous donnera une belle moisson à faire par les expressions basses, ignobles, familières, empoulées *, précieuses,dont elle est infectée à chaque page, et surtout pars les vers charmants de sa façon que l'auteur a mis dans les notes, et qui vous divertiront beaucoup . Vous saurez de plus qu'il a signé les miracles de M. Paris, et que son attestation est imprimée dans le premier volume du conseiller Montgeron, et qu'ensuite il a rétracté son jansénisme dans une lettre au cardinal de Rohan, pour être de l'Académie française, dont cependant il n'a pas été ; il est resté déshonoré et voilà tout .Vous saurez de plus que c'est un hypocrite ; et qu’étant il y a dix-huit ans à la campagne avec lui, où il déclamait beaucoup contre les incrédules,nous découvrîmes qu'il ne disait point son bréviaire ; il voulait pourtant qu’on le crût , mais par malheur il avait apporté La Partie de printemps, et nous étions au mois d'octobre . Je lui demandai en pleine table, si dans la récitation de son bréviaire, il était en avance sur le printemps de l'année suivante, ou en retard sur celui de l'année où nous étions. Cette question l'embarrassa un peu . Il rougit, frémit entre ses dents, et ne parla plus de religion le reste du voyage. »

* forme ancienne de ce mot .

3 Sa troupe d’amateurs avait joué chez lui cette tragédie. (G.A.)

28/12/2023

Quand vous permettrez que je remette de l'argent à votre disposition je suis à vos ordres

... mais bien contrarié par toutes ces hausses des prix qui vont nous tomber sur la tête dès le début du nouvel an et que les minuscules hausses de rétributions ne sauront compenser : https://www.huffingtonpost.fr/economie/article/smic-tabac...

 

 

« A Gaspard-Henri Schérer 1

A Ferney 26 avril 1768 2

Monsieur,

Quand vous permettrez que je remette de l'argent à votre disposition je suis à vos ordres . Il ne s'agit que de trente mille livres . Il y en [a] une partie en écus . Mon âge et mes maladies m'empêchent de les porter chez vous .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

2 Cette lettre est la première d'une série de lettres inconnues jusqu'ici [1985], qui donnent de précieuses informations sur la fortune du patriarche . Le banquier Daniel Schérer, rue du Bât-d'Argent à Lyon, mourut le 4 août 1768, laissant une veuve, Suzanne-Catherine Zollikofer, et six enfants, Jacques, Christophe, Barbe, Dorothée, Jean-Jacques et Marie-Marguerite, ainsi que deux autres membres de la famille, Daniel-Germain et Gaspard-Henri, dont on ne peut préciser les liens de parenté avec lui . Le dernier est le seul qui soit connu comme banquier, et il était le fondé de pouvoir de Marie-Salomé Schérer, femme de Pierre Boissier, banquier à Genève . Il apparaît ainsi que Gaspard-Henri était le correspondant de V*, soit en son nom personnel, soit comme membre de la banque . Ceci est confirmé par une signature de lui qui figure sur un billet à ordre dont le texte sera donné en note de la lettre du 11 novembre 1768 : « Payez à l'ordre de MM. Rougemont frères, valeur en compte, Lyon ce 15è novembre 1768 . / Henri Schérer. / Pour acquit, Rougemont frères./ »

On notera encore que toutes les lettres de V* sont soigneusement endossées à l'arrivée . Ici, par exemple, on lit la mention « Ferney 1768 . De Voltaire le 16 avril. Reçu le d[it]. Rép[on]d[u] le d[it]. » Le texte de ces endos ne sera donné que lorsqu'il apporte des informations particulières.

la renommée porte trois cornets à bouquin : l’un pour le vrai, que personne n’entend, l’autre pour l’incertain et le troisième pour le faux, que tout le monde répète

... Qu'en disent les vedettes et célébrités violeurs et agresseurs sexuels ?

 

 

« A Sébastien Dupont

A Ferney, 26 avril 1768

Plût à Dieu, mon cher ami, que je fusse en état d’aller vers le pôle arctique dans ma soixante-quinzième année ! Je ne ferais pas assurément le voyage, mais je ne serais pas fâché d’être en état de le faire. Vous verrez peut-être bientôt un petit poème intitulé la Guerre de Genève, dans laquelle il est dit que la renommée porte trois cornets à bouquin : l’un pour le vrai, que personne n’entend, l’autre pour l’incertain et le troisième pour le faux, que tout le monde répète 1. J’apprends que M. de Klinglin s’est retiré ; je vous prie de lui présenter mes respects ; je lui souhaite, ainsi qu’à madame de Klinglin, la vie la plus longue et la plus heureuse.

J’ai toujours avec moi votre ancien camarade Adam. Mme Denis est allée à Paris pour des affaires qui l’y retiendront probablement un an ou deux. L’agriculture et les lettres partagent ma vie ; j’ai auprès de moi un avocat philosophe  2; ils le sont presque tous aujourd’hui. Il s’est fait une furieuse révolution dans les esprits depuis une quinzaine d’années ; les prêtres obéiront à la fin aux lois comme les chétifs seigneurs de paroisse : je me flatte que M. de Porrentruy 3 n’est pas despotique dans la Haute-Alsace.

Adieu, mon cher ami, je vous embrasse bien tendrement. 

V.»

1 La Guerre civile de Genève, IV, 16-21 : https://books.google.nl/books?id=Gy8HAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q=cornets&f=false

Dans l’édition de la lettre, ce passage est suivi d'une ligne de points ( http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-... )

Effectivement l'idée des « trois trompettes »  a été reprise du Temple du goût et l'une de ces trompettes est soufflée par un organe peu recommandable

2 Christin .

3 V* songe apparemment au prince évêque de Bâle qui avait pouvoir sur la région de Porrentruy ; voir lettre du 12 février 1754 à Mme Denis et du 24 février 1754 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/24/quelques-justes-haussent-les-epaules-et-se-taisent.html

 

27/12/2023

toutes mes affaires sont dans une règle parfaite, et de la plus grande netteté . On me doit beaucoup, et je ne dois rien à personne . Il est vrai que j'ai dépensé prodigieusement en bâtiments

...  Signé Stéphane Bern ? Voir : https://www.missionbern.fr/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9phane_Bern

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« A Guillaume-Claude de Laleu 1

25è avril 1768 à Ferney

Je vous envoie, monsieur, le certificat du peu de vie qui me reste ; et ce n'est pas sans être extrêmement sensible à toutes les bontés que vous avez eues pour moi . J'ai envoyé à ma famille un mémoire pour lequel je réclame ces mêmes bontés, et que je soumets à votre décision . Il s'agit de donner tant que je vivrai vingt mille francs par an à Mme Denis, trois mille six cents livres à MM. L'abbé Mignot et d'Hornoy, c'est-à-dire huit cents livres à chacun, ce qui est bien peu de chose et dont je suis très honteux ; environ, je crois deux mille sept cents livres à Mme de Florian ; environ treize cents livres à Mlle Corneille qui est aujourd'hui Mme Dupuits, sans compter les quatre cents livres qui doivent appartenir au sieur Wagnière . Il me restera très peu de chose attendu que M. le duc de Virtemberg sur lequel j’ai des rentes considérables, ne me paie que dans deux ans les arrérages échus, et ne commence à me payer le courant qu'au mois de septembre prochain ; et Mme Denis m'a laissé quinze mille livres de dettes criardes à acquitter .

Voilà ma situation . Mes parents partageront la reconnaissance que je vous dois, et arrangeront tout convenablement . Je compte faire aller ma maison jusqu'au mois de septembre avec les trois mille livres que M. de Laborde, banquier du roi veut bien me faire toucher tous les mois . Ces trois mille livres serviront tant à l'acquittement des dettes qu'aux dépenses journalières . La générosité de M. de Laborde consiste à me faire toucher ces trois mille livres sans aucun frais ni de change ni de commission, quoiqu’ils soient exorbitants à Genève ; ainsi vous êtes tous deux les hommes de Paris à qui j'ai le plus d'obligations.

D'ailleurs , toutes mes affaires sont dans une règle parfaite, et de la plus grande netteté . On me doit beaucoup, et je ne dois rien à personne . Il est vrai que j'ai dépensé prodigieusement en bâtiments ; mais enfin il fallait bien loger commodément Mme Denis et moi dans la terre de Ferney . Ce n'est pas un grand présent que je lui ai fait ; elle est d'un revenu peu considérable , j'aurais voulu faire mieux pour elle .

J'aime à vous rendre compte de ma conduite,et j'espère ne manquer à aucun de mes devoirs . J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de reconnaissance, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

26/12/2023

personne ne pense à remédier à ces abominables abus...Nous serons longtemps fous et insensibles au bien public. On fait de temps en temps quelques efforts, et on s’en lasse le lendemain

... Il est bien désespérant que ce triste constat voltairien soit encore d'actualité en notre XXIè siècle .

 

 

« A Jean-Jacques Paulet

Je crois, monsieur, que don Quichotte n’avait pas lu plus de livres de chevalerie que j’en ai lu de médecine. Je suis né faible et malade, et je ressemble aux gens qui, ayant d’anciens procès de famille, passent leur vie à feuilleter les jurisconsultes, sans pouvoir finir leur procès. Il y a environ soixante-quatorze ans que je soutiens comme je peux mon procès contre la nature. J’ai gagné un grand incident, puisque je suis encore en vie ; mais j’ai perdu tous les autres, ayant toujours vécu dans les souffrances.

De tous les livres que j’ai lus, il n’y en a point qui m’ait plus intéressé que le vôtre 1. Je vous suis très obligé de m’avoir fait faire connaissance avec Rahzès 2. Nous étions de grands ignorants et de misérables barbares, quand ces Arabes se décrassaient. Nous nous sommes formés bien tard en tout genre, mais nous avons regagné le temps perdu . Votre livre surtout en est un bon témoignage. Il m’a beaucoup instruit ; mais j’ai encore quelques petits scrupules sur la patrie de la petite-vérole.

J’avais toujours pensé qu’elle était native de l’Arabie déserte, et cousine-germaine de la lèpre, qui appartenait de droit au peuple juif, peuple le plus infecté en tout genre qui ait jamais sali notre malheureux globe.

Si la petite vérole était native d’Égypte, je ne vois pas comment les troupes de Marc-Antoine, d’Auguste, et de ses successeurs, ne l’auraient pas apportée à Rome. Presque tous les Romains eurent des domestiques égyptiens, verna Canopi 3. Ils n’en eurent jamais d’arabes. Les Arabes restèrent presque toujours dans leur grande presqu’île jusqu’au temps de Mahomet. Ce fut dans ce temps-là que la petite-vérole commença à être connue. Voilà mes raisons ; mais je me défie d’elles, puisque vous pensez différemment.

Vous m’avez convaincu, monsieur, que l’extirpation serait très préférable à l’inoculation. La difficulté est de pouvoir attacher une sonnette au cou du chat. Je ne crois pas les princes de l’Europe assez sages pour faire une ligue offensive et défensive contre ce fléau du genre humain . Mais, si vous parvenez à obtenir des parlements du royaume qu’ils rendent quelques arrêts contre la petite-vérole, je vous prierai aussi sans aucun intérêt de présenter requête contre sa grosse sœur. Vous savez que le parlement de Paris condamna, en 1497, tous les vérolés qui se trouveraient dans la banlieue à être pendus. J’avoue que cette jurisprudence était fort sage, mais elle était un peu dure et d’une exécution difficile, surtout avec le clergé, qui en aurait appelé ad apostolos 4.

Je ne sais laquelle de ces deux demoiselles a fait le plus de mal au genre humain ; mais la grosse sœur me paraît cent fois plus absurde que l’autre. C’est un si énorme ridicule de la nature d’empoisonner les sources de la génération 5, que je ne sais plus où j’en suis quand je fais l’éloge de cette bonne mère. La nature est très aimable et très respectable sans doute, mais elle a des enfants bien infâmes.

Je conçois bien que si tous les gouvernements de l’Europe s’entendaient ensemble, ils pourraient à toute force diminuer un peu l’Empire des deux sœurs. Nous avons actuellement en Europe plus de douze cent mille hommes qui montent la garde en pleine paix ; si on les employait à extirper les deux virus qui désolent le genre humain, ils seraient du moins bons à quelque chose . On pourrait même leur donner encore à combattre le scorbut, les fièvres pourprées, et tant d’autres faveurs de ce genre que la nature nous a faites.

Vous avez dans Paris un Hôtel-Dieu où règne une contagion éternelle, où les malades, entassés les uns sur les autres, se donnent réciproquement la peste et la mort. Vous avez des boucheries dans de petites rues sans issue, qui répandent en été une odeur cadavéreuse, capable d’empoisonner tout un quartier. Les exhalaisons des morts tuent les vivants dans vos églises, et les charniers des Innocents, ou de Saint-Innocent, sont encore un témoignage de barbarie qui nous met fort au-dessous des Hottentots et des Nègres 6.

Cependant personne ne pense à remédier à ces abominables abus. Une partie des citoyens ne pense qu’à l’opéra-comique, et la Sorbonne n’est occupée qu’à condamner Bélisaire, et à damner l’empereur Marc-Antonin. Nous serons longtemps fous et insensibles au bien public. On fait de temps en temps quelques efforts, et on s’en lasse le lendemain. La constance, le nombre d’hommes nécessaire, et l’argent, manquent pour tous les grands établissements. Chacun vit pour soi : Sauve qui peut ! est la devise de chaque particulier. Plus les hommes sont inattentifs à leur plus grand intérêt, plus vos idées patriotiques m’ont inspiré d’estime.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que vous méritez, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi.

A Ferney par Genève le 23 avril 1768. 7»

1 Jean-Jacques Paulet : Histoire de la petite vérole, avec les moyens d’en préserver les enfants et d'en arrêter la contagion en France, suivie d'une traduction française du traité de la petite vérole de Rhasès, 1768 :

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63374506.texteImage

et https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6337451m/f1.item

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Paulet

2 Rhazes ou plus exactement Abù Bakr Muhammad ibn Zakariyyà al-Ràzi qui fut le premier auteur à décrire la petite vérole : https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/44277

3Juvénal, Satires, I,26 . Traduction : esclave de Canope . Canope est une ville de Haute-Egypte . Par extension Canope désigne poétiquement l’Égypte .

4Aux apôtres .

5 Voir la même expression dans L'Homme aux quarante écus : page 97 et suiv. :https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Voltaire-quarante.pdf

6 L'idée est chère à V* depuis longtemps ; il l'exprime déjà dans Le Monde comme il va : page 4 et suiv. https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Monde_comme_il_va

7 Minute corrigée par V*, intitulée par lui : à M. Paulet médecin de la faculté de Montpellier 22 avril 1768 ; effectivement la Correspondance littéraire fait état de la lettre avec cette date dans de nombreuses copies contemporaines : par Wyart, ...vicomte Harcourt, Stanton Harcourt, Oxon, Beaumarchais-Kehl ; édition : « Lettre de M. de Voltaire à M. Paulet, au sujet de l'histoire de la petite vérole »,Mercure de France, juillet 1768.

il faut qu’elle mette ordre à ses affaires

... Pas de trêve des confiseurs pour la ministre Dominique Faure , les policiers municipaux ruent dans les brancards :https://www.bfmtv.com/police-justice/policiers-municipaux...

Cela a-t-il gâché son réveillon ? cela va-t-il pourrir le prochain ? Petit papa Noël, qui vas-tu choisir d'exaucer : les policiers ou la ministre ?

Qu'en disent les chevaliers du Fiel ?

 

 

 

« A Marie-Jeanne Pajot de Vaux ; Maîtresse

des comptes

à Lons-le-Saulnier

23è avril 1768 à Ferney

On ne peut être plus touché que je le suis, mon excellent pâté, de toutes les bontés que vous me témoignez . Quoique je n'aie plus de dents pour vous manger, cela n’empêche pas que je vous trouve du meilleur goût du monde . J'ai toujours pensé que le fond du pâté était aussi bon que sa croûte ; c'est-à-dire que son cœur valait bien sa beauté .

Monsieur votre frère vient incessamment ; il ira sans doute vous voir . Mme Denis ne reviendra pas sitôt ; il faut qu’elle mette ordre à ses affaires . D'ailleurs, la vie d'une dame de Paris ne cadre plus guère avec la mienne . Je me couche à neuf heures et je me lève à quatre 1 . Je ne suis plus qu'un agriculteur, qui fait valoir une très mauvaise terre .

Mille compliments , je vous prie, à monsieur de Vaux et à monsieur François . Comptez que toute votre famille me sera toujours infiniment chère . Conservez vos bontés , madame, pour le vieux solitaire.
V. »

1 V* affine progressivement sa formule . Il disait d'abord se coucher à dix heures et se lever à sept . Il finira par dire qu'il se lève quand Mme Denis se couche !

25/12/2023

ne veut-on pas aussi que je me sois confessé ?

... Après avoir mis le petit Jésus dans la crêche , bien sûr ...

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« A Henri Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville

[vers le 22 avril 1768] 1

[Il est calomnié dans tout ce qu'il fait ] On ne se contente pas d'assurer que j'ai fait mes pâques, ne veut-on pas aussi que je me sois confessé ? [...]

1  A vrai dire, il ne s'agit que d'une citation . Après avoir fait mention de la lettre du même jour à d'Argental , le rédacteur ajoute : « On prétend que dans une autre lettre à M. de Thibouville que je n'ai point vue, il se plaint […]. » Suit la citation .