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05/11/2024

ce que vous me proposez est très faisable

... Telle est la réponse attendue par les ministres à la question à "Comment atteindre la neutralité carbone en 2050 ?", que l'on peut trouver dans le Plan national d'adaptation : https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-cli...

 

 

 

« A Henri Rieu

1er mai 1769

Mon cher ami, ce que vous me proposez est très faisable. Je serai charmé d'obliger Pellet . Il pourrait faire un petit volume 1 de pièces fugitives honnêtes qu'on lui fournirait ; nous en conférerons la première fois que vous serez assez bon pour venir chez le solitaire malade .

Il est bien étonnant que MM. De Fournes 2, pour qui Grasset travaille depuis si longtemps, abandonnent cette pauvre famille à une persécution aussi cruelle ; on le punit pour avoir imprimé la lettre de Rilliet 3 et Rilliet en l'a pas payé . En vérité on devrait avoir pitié de ce pauvre homme qui a quatre enfants et qui va mourir de faim . Je ne doute pas que vous ne fassiez tout ce qui sera en votre pouvoir pour lui rendre service . Il y a bien des corsaires dans ce monde, mais il n'y en a point qui ait le cœur aussi bon que vous .

Je vous embrasse bien tendrement .

V."

1 Peut-être les Pièces nouvelles de M. de Voltaire, 1769 , qui forment un petit volume entièrement composé de pièces de V* ; voir fin de la lettre du 2 mai 1769 à Chabanon : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/correspondance-annee-1769-partie15.html

2  Sans doute faut-il lire Tournes, quoique Grasset n'eût pas été directement au service de ces éditeurs lyonnais .

3 V* pratique ici un amalgame visant à le disculper. Grasset avait été effectivement condamné à une amende le 25 janvier , pour avoir imprimé la Lettre de Théodore Rilliet […] à dame Lucrèce Angélique de Normandie, sa femme, 1769 ; Archives de Genève, CCLXX, 59 : https://www.e-rara.ch/gep_r/content/titleinfo/26239355

Mais c'est pour avoir vendu des livres défendus , et tout spécialement le Recueil nécessaire, qu'il fut emprisonné le 25 avril 1769 (ibid CCLXX, 255-256).

04/11/2024

mon zèle éclairé seconde leur zèle ignorant : je me recommande à leurs prières savoyardes

... Du Barnier tout net ? Voir ce que veut cet homme d'Etat : https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/10/29/la-notion...

 

 

 

« [Destinataire inconnu]

[Avril-mai 1769] 1

Je ne sais point mauvais gré à ceux qui m’ont fait parler saintement dans un style si barbare et si impertinent. Ils ont pu mal exprimer mes sentiments véritables ; ils ont pu redire dans leur jargon ce que j’ai publié si souvent en français ; ils n’en ont pas moins exprimé la substance de mes opinions. Je suis d’accord avec eux ; je m’unis à leur foi : mon zèle éclairé seconde leur zèle ignorant : je me recommande à leurs prières savoyardes. Je supplie seulement 2 les faussaires qui ont fait rédiger l’acte du 15 avril de vouloir bien considérer qu’il ne faut jamais faire d’actes faux en faveur de la vérité 3. Plus la religion catholique est vraie (comme tout le monde le sait), moins on doit mentir pour elle. Ces petites libertés trop communes autoriseraient d’autres impostures plus funestes ; bientôt on se croirait permis de fabriquer de faux testaments, de fausses donations, de fausses accusations, pour la gloire de Dieu. De plus horribles falsifications ont été employées autrefois.

Quelques-uns de ces prétendus témoins ont avoué qu’ils avaient été subornés, mais qu’ils avaient cru bien faire. Ils ont signé qu’ils n’avaient menti qu’à bonne intention.

Tout cela s’est opéré charitablement, sans doute à l’exemple des rétractations imputées à MM. de Montesquieu, de La Chalotais, de Monclar 4, et de tant d’autres. Ces fraudes pieuses sont à la mode depuis environ seize cents ans. Mais quand cette bonne œuvre va jusqu’au crime de faux, on risque beaucoup dans ce monde, en attendant le Royaume des cieux. »

1 Le Commentaire historique sur les œuvres de l’auteur de la Henriade rapporte cette lettre sans dire à qui elle a été adressée, et sans en donner la date. Je pense qu’elle doit être du même temps que la lettre à d’Alembert, du 24 mai. (Beuchot.)

La lettre est datée d'après les éventements auxquels elle fait allusion . Lorsque V* la revit pour la publier dans le Commentaire […], il la remania .(Besterman).

Voir : https://www.voltaire.ox.ac.uk/publication/commentaire-historique-sur-les-%C5%93uvres-de-lauteur-de-la-henriade-etc-avec-les-pi%C3%A8ces-0/

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k713385/f287.item

2 L'édition Garnier donne humblement pour seulement .

3 V* contredit ici, de même que dans les lettres du 24 avril à Mme Du Deffand et du 24 mai 1769 à d'Alembert , ce qu'il a dit et avoué dans les documents reproduits à propos des lettres du 30 mars 1769 au curé Gros et du 15 avril 1769 à Richelieu . Sa duplicité est constante dans ce genre d'affaires, il dément dans des lettres « ostensibles » ce qu'il a fait pour rester en règle avec l’Église et pour ne pas manquer d'obtenir la sépulture chrétienne à laquelle il tient absolument .

4 Comme on l'a déjà fait pressentir, la mention de la mort de Ripert de Monclar ne peut être antérieure à 1773 . V* écrivit même à ce sujet un mémorandum qui peut être daté de mai 1773.Voir lttre à Vernes : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1773/Lettre_8832

03/11/2024

Tout le monde est content à Paris ; il y a longtemps que cela n'était arrivé

... Si longtemps que l'on peut en venir à douter que le présent réjouisse vraiment les Parisiens, ou alors peut-être exceptionnellement seulement les Parisiennes en préparant la fumeuse/fameuse purée Mousline ? De nos jours, il faut savoir se contenter de petits riens .

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https://www.adforum.com/agency/17296/creative-work/346850...

 

 

 

« A Gabriel Cramer

Avril-mai 1769

Monsieur Cramer est prié de vouloir bien faire envoyer la feuille qui finit l'Histoire du Parlement 1 . Il ne s'agit que d'ajouter cinq ou six lignes , sur la sagesse et la clémence du roi, qui rétablit cette compagnie utile,laquelle a été quelquefois dangereuse .

Monsieur Cramer s'est-il souvenu d’une estampe qui doit représenter un guerrier assassinant à coups de poignard un autre guerrier désarmé, étendu à ses pieds, et deux ou trois hommes accourant inutilement avec indignation, horreur et pitié ? etc.

Tout le monde est content à Paris ; il y a longtemps que cela n'était arrivé . »

1 Un passage apportant ce complément fut en effet ajouté et devient le paragraphe final de l'Histoire du parlement de Paris . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_du_parlement/%C3%89dition_Garnier/Chapitre_68#cite_note-p110-1

02/11/2024

Cette petite méprise est corrigée dans les éditions nouvelles auxquelles on travaille actuellement

... Petit survol des travaux parlementaires où l'on peut constater que nos impôts paient des petites têtes d'où sortent des amendements en foule, allant des irrecevables aux discutés, des discutés aux rejetés, des rejetés aux stupides, des stupides aux inutiles . Pour preuve : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/amendements?dos...

 

 

« Au Journal encyclopédique

L'auteur s'est servi d'un terme très impropre en disant que le comte régnant de la Lippe Schombourg n'avait point encore commandé de troupes, lorsqu'il se signala en 1762 dans la défense du Portugal 1. Il est vrai que sa campagne du Portugal n'en serait que plus glorieuse ; mais il fallait dire qu'il n'avait point encore été général d'armée . Cette petite méprise est corrigée dans les éditions nouvelles auxquelles on travaille actuellement .

A Ferney le 30 avril 1769.2 »

1 Précis du Siècle de Louis XV, chap. XXXV, où la correction sera effectivement appportée ; voir p. 371-372 : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_35

2 Ed. « Eclaircissement sur un passage de la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV et du Précis du siècle de Louis XVC, t. 1, p. 200 », Journal encyclopédique du 15 juin 1769, IV, iii, 466 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1523018j/f138.item

Voir aussi page 122 du Journal encyclopédique du 1er avril 1769 « Une erreur historique à réparer » : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15230085/f128.item

01/11/2024

Le fond de la nation est fou et absurde ; et, sans une vingtaine de grands hommes, je la regarderais comme la plus indigne des nations

... Je vise les USA, bien sûr .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

[30 avril 1769] 1

Voici, mon divin ange, ma réponse à Lekain et aux idées du tripot, dont quelques-unes sont bonnes, et d’autres très mauvaises. La vie est courte. J’attends avec impatience le manuscrit que je vous ai demandé.

Béni soit cependant le duc de Parme, béni soit le comte d’Aranda, béni soit le comte de Carvalho, qui a fait incarcérer l’évêque de Coïmbre, lequel évêque avait fourré mon nom, assez mal à propos, dans un mandement séditieux, s’en prenant à moi de ce que les yeux de l’Europe commençaient à s’ouvrir. Son mandement a été brûlé par monsieur le bourreau de Lisbonne ; mais à Paris la grand-chambre a fait brûler le poème de la Loi naturelle 2, l’ouvrage le plus patriotique et le plus véritablement pieux qu’ait notre poésie française. Cette bêtise barbare est digne de ceux qui ont voulu proscrire l’inoculation. Les Welches seront longtemps welches. Le fond de la nation est fou et absurde ; et, sans une vingtaine de grands hommes, je la regarderais comme la plus indigne 3 des nations.

Je tremble beaucoup pour le mari d’une très aimable femme que Mme Du Deffand appelle sa grand-maman 4, et que Mme Denis alla voir en revenant à Paris. J’ai peur qu’il n’y ait des changements qui vous seraient désagréables, et dont je serais extrêmement affligé. Cependant il faut s’attendre à tout, et être bien sûr de tout regarder avec des yeux philosophiques.

J’espère que mes anges seront toujours aussi heureux qu’ils méritent de l’être.

M. du Tillot 5 n’est-il pas toujours premier ministre de Parme ? mais n’a-t-il pas un autre nom et un autre titre ? »

1 Copie Beaumarchais-Kehl, datée « 1er mai 1769» ; l'éd. Kehl date du début de mai . La date est titrée de la première ligne qui se rapporte à la lettre du 30 avril à Lekain, et convient sans doute .

3 Ces deux mots sont biffés sur la copie Beaumarchais et remplacés par dernière , qu'imprimeront toutes les éditions .

4 Mme de Choiseul.

 

 

31/10/2024

On peut faire des applications malignes, mais il me semble qu’elles seraient bien forcées

... Bruno Retailleau dixit , avec approbation du RN pour une loi sur l'immigration ? et réticences possibles de la Constitution : https://www.francetvinfo.fr/societe/immigration/immigration-bruno-retailleau-devoile-son-projet-de-loi_6869015.html

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« A Henri-Louis Lekain

30è avril 1769

On avait prévenu, il y a quinze jours, mon cher ami, le résultat que vous m’avez envoyé. Le jeune homme dont il est question donne de grandes espérances : car, ayant fait cet ouvrage avec une rapidité qui m’étonne, et n’ayant pas mis plus de douze jours à le 1 composer, il s’est fait la loi de l’oublier pendant quatre ou cinq mois, et de le retoucher ensuite de sang-froid avec autant de soin qu’il y avait mis d’abord de vivacité. Des raisons essentielles l’obligent à garder l’incognito. Je pense que plus il sera inconnu, plus il pourra vous être utile ; que la pièce 2 d’ailleurs me paraît sage, d’une morale très pure, et remplie de maximes qui doivent plaire à tous les honnêtes gens.

On peut faire des applications malignes, mais il me semble qu’elles seraient bien forcées. Le Tartuffe et Mahomet sont certainement susceptibles d’allusions plus dangereuses ; cependant on les représente souvent sans que personne en murmure.

L’intérêt que je prends au jeune auteur, et mon amour pour la tolérance, qui est en effet le sujet de la pièce, me font désirer passionnément que cette tragédie paraisse embellie par vos rares talents.

Si on s’obstinait à reconnaître l’Inquisition dans le tribunal des prêtres païens, je n’y vois ni aucun mal ni aucun danger. L’Inquisition a toujours été abhorrée en France. On vient de couper les griffes de ce monstre en Espagne et en Portugal. Le duc de Parme a donné à tous les souverains l’exemple de la détruire. Si les mauvais prêtres sont peints dans la pièce avec les traits qui leur conviennent, l’éloge des bons prêtres se trouve en plusieurs endroits.

Enfin le jugement de l’empereur, qui termine l’ouvrage, paraît dicté pour le bonheur du genre humain.

J’ai prié M. d’Argental 3, de la part de l’auteur, de me renvoyer votre manuscrit, sur lequel on porterait incontinent soixante ou quatre-vingts vers nouveaux qui me semblent fortifier cet ouvrage, augmenter l’intérêt, et rendre encore plus pure la saine morale qu’il renferme. Je renverrais le manuscrit sur-le-champ ; il n’y aurait pas un moment de perdu.

Je crois que, dans les circonstances présentes, il conviendrait que la pièce fût jouée sans délai, fût-ce dans le cœur de l’été. L’auteur ne demande point un grand nombre de représentations . Il ne veut point de rétribution ; il ne souhaite que le suffrage des connaisseurs et des gens de bien. Quand la pièce aura passé une fois à la police, elle restera à vos camarades, et la singularité du sujet pourra attirer toujours un grand concours.

J’ai mandé, autant qu’il m’en souvient, à M. et à Mme d’Argental tout ce que je vous écris. Je m’en rapporte entièrement à eux. Ils honorent l’ouvrage de leur approbation ; ils peuvent le favoriser, non-seulement par eux-mêmes, mais par leurs amis. On attend tout de leur bonté, de leur zèle, et de leur prudence.

Je vous embrasse de tout mon cœur, mon cher grand acteur, et je vous prie de seconder, de tout votre pouvoir, les bons offices de mes respectables amis 4

V.»

1 le et non la , de l'éd. Besterman .

2 La tragédie des Guèbres.

4   Dans quelques éditions, on trouve ici la première des Lettres à l’abbé Foucher, que nous [ Édition Garnier ]avons placées dans les Mélanges, page 431 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/439

30/10/2024

j’espère que vous serez content de ma politesse

... et des marchés juteux que l'on vient de signer ." dit Emmanuel Macron président de la République au commandeur des croyants Mohammed VI . A suivre ...

 

 

 

« A Paul Foucher 1

Monsieur,

Je suis un homme de lettres, et je n’ai jamais rien publié ; ainsi je suis aussi obscur que beaucoup de mes confrères qui ont écrit. Je suis à la campagne depuis quelques années, auprès d’un bon vieillard qui, en son temps, ne laissa pas d’écrire beaucoup, et qui cependant est fort connu. J’ai eu l’honneur de vivre familièrement avec le neveu de feu l’abbé Bazin qui répondit si poliment et si plaisamment 2 à M. Larcher, ce superbe ennemi de l’abbé Bazin. Permettez que j’aie aussi l’honneur de vous répondre. Je n’entends rien à la raillerie ; mais j’espère que vous serez content de ma politesse.

On m’a mandé, monsieur, que vous aviez bien maltraité le bon vieillard auprès de qui je cultive les lettres ; on dit que c’est dans le vingt-septième volume des Mémoires de l’Académie des belles-lettres, p. 331. Je n’ai point ce livre ; c’est à vous à voir, monsieur, si les paroles qu’on m’a rapportées sont les vôtres . Les voici .

« M. de Voltaire, par une méprise assez singulière, transforme en homme le titre du livre intitulé le Sadder. Zoroastre, dit-il, dans les écrits conservés par le Sadder, feint que Dieu lui fit voir l’enfer et les peines réservées aux méchants, etc. Je parierais bien que M. de Voltaire n’a jamais lu le Sadderetc.3 »

Permettez, monsieur, que je défende, devant vous et devant l’Académie des belles-lettres, la cause d’un homme hors de combat, qui ne peut se défendre lui-même. J’ai consulté le livre que vous citez, et que vous censurez. Le titre n’est pas Histoire universelle, comme vous le dites, mais Essai sur l’histoire générale et sur les mœurs et l’esprit des nationsL’endroit que vous citez, et sur lequel vous offrez de parier, est à la page 63 de la nouvelle édition de 1761, tome Ier 4. Voici les propres paroles : « C’est dans ces dogmes qu’on trouve, ainsi que dans l’Inde, l’immortalité de l’âme et une autre vie heureuse ou malheureuse. C’est là qu’on voit expressément un enfer. Zoroastre, dans les écrits que le Sadder a rédigés 5, dit que Dieu lui fit voir cet enfer, et les peines réservées aux méchants », etc. 

Vous voyez bien, monsieur, que l’auteur n’a point dit, Zoroastre, dans les écrits conservés par Sadder. Vous concevez bien que le Sadder ne peut pas être un homme, mais un écrit. C’est ainsi qu’on dit, les choses annoncées par l’Ancien Testament, et prouvées par le Nouveau ; la destruction de Troie négligée par Homère, et connue par l’Enéide ; l’Iliade d’Homère abrégée par la traduction de La Mothe ; les Fables d’Esope embellies par les Fables de La Fontaine.

Vous voulez parier, monsieur, que ce pauvre bon homme, que vous traitez un peu durement, n’a jamais lu le Sadder. Je lui ai montré aujourd’hui la petite correction que vous lui faites, et votre offre de lui gagner son argent. « Hélas ! m’a-t-il dit, qu’il se garde bien de parier, il perdrait à coup sûr. Je me souviens avoir lu autrefois dans le Sadder, porte 32è : « Si quelque homme docte veut lire le livre de Vesta, il faut qu’il en apprenne les propres paroles, afin qu’il puisse citer juste. » C’est un excellent conseil que Le Sadder donne aux critiques.

« Le même Sadderporte 46, dit (autant qu’il m’en souvient) : « Il ne faut pas reprendre injustement et tromper les lecteurs  . C’est le péché d’Hamimal . Quand vous avez été coupable de ce péché, il faut faire excuse à votre adversaire ; car, si votre adversaire n’est pas content de vous, sachez que vous ne pourrez jamais passer, après votre mort, sur le pont aigu. Allez donc trouver votre adversaire que vous avez contristé mal à propos ; dites-lui : J’ai tort, je m’en repens ; sans quoi ; il n’y a point de salut pour vous. »

« Il faut encore, m’a dit ce bon vieillard, que M. l’abbé Foucher ait la bonté de lire les portes 57 et 58 ; il y verra que Dieu ordonne qu’on dise toujours la vérité. Je ne doute pas que M. l’abbé Foucher n’aime beaucoup la vérité. Il a bien dû concevoir qu’il est impossible que le Sadder signifie un homme, et non pas un livre. Les Italiens sont le seul peuple de la terre chez qui on accorde l’article le aux auteurs : Le Dante, le Pulci, le Boyardo, l’Arioste, le Tasse ; mais on n’a jamais dit chez les Latins, le Virgile, ni chez les Grecs, l’Homère 6; ni chez les Asiatiques, l’Esope ; ni chez les Indiens, le Brama ; ni chez les Persans, le Zoroastre ; ni chez les Chinois, le Confutzé. Il était donc impossible que Le Sadder signifiât un homme et non pas un livre. Il est donc nécessaire et décent que cette petite bévue de M. l’abbé Foucher soit corrigée, et qu’il ne tombe plus dans le péché d’Hamimal.

« Quant au pari qu’il veut faire. Il est vrai que Roquebrune, dans Le Romain comique, offre toujours de parier cent pistoles 7. Il est vrai que Montagne dit : « Il faut parier, afin que votre valet puisse vous dire au bout de l’année : Monsieur, vous avez perdu cent écus en vingt fois pour avoir été ignorant et opiniâtre. » Je ne crois point M. l’abbé Foucher ignorant, au contraire, on m’a dit qu’il était très savant. Je ne crois point non plus qu’il soit opiniâtre, et je ne veux lui gagner ni cent pistoles ni cent écus. »

Voilà, monsieur, mot pour mot, tout ce que m’a dit l’homme plus que septuagénaire, et fort près d’être octogénaire, que vous avez voulu contrister au mépris des lois du Sadder. Il n’est nullement fâché de votre méprise ; il vous aime beaucoup : j’en use de même, et c’est avec ces sentiments que j’ai l’honneur d’être,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

30è Avril 1769 à Ferney.8»

1 Membre de l’Académie des belles-lettres. Cette lettre fut imprimée dans le Mercure. (G.Avenel.)

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Foucher_(%C3%A9rudit)

et : https://obtic.huma-num.fr/elicom/voltaire/doc.jsp?id=1769-04-30_49394

3 Citation de Fouché [Paul Foucher], « Les Ecrits de Zoroastre », Histoire de l'Académie royale aux inscription et belles-lettres, 1761, XXVII, 331.

5 En 1765, on lisait : « Zoroastre dans les écrits conservés par Sadder. » En 1761, Voltaire mit : « Dans les écrits abrégés dans le Sadder. » (Georges Avenel.)

Quoi qu'en dise V*, il est difficile d'admettre qu'un ouvrage puisse être dit avoir «  rédigé » des écrits .

6 On voit ici que les connaissances de V* en grec sont très superficielles, puisque , précisément, l'article s'emploie couramment en grec devant les noms de personnes .

7 Scarron, Le Roman comique, I, xvi : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6216939s.texteBrut

8 Copie par Wagnière ; édition « Copie de la lettre à M. l'abbé Foucher [etc.] », Mercure de France de juin 1769, p. 151-156 . Sur la copie on lit une signature ( peut-être De Bure ) biffée ; mais les lettres suivantes à Foucher seront signées de Bigex, et de même celle-ci dans toutes les éditions . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvre...