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06/08/2025

Je vous prie, monsieur, de payer à vue

... C'est du Bayrou tout pur : https://www.tf1info.fr/politique/budget-2026-forte-hausse...

 

 

« A Guillaume-Claude de Laleu, Secrétaire

du roi, Notaire

rue du Temple

à Paris

Je vous prie, monsieur, de payer à vue, à l'ordre de monsieur Schérer, six mille livres valeur entendue .

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

A Ferney ce 21è février 1770.1 »

1 Original signé, endossé :  « Payés à l'ordre de Messieurs Rougemont frères valeur en compte Lyon ce 22 février 1770 ; Henri Schérer P[our] acquit, Rougemont frères. »

On a encore appuyé la baïonnette sur le ventre ou dans le ventre d’une femme grosse ; je crois qu’elle en mourra . Tout cela est abominable ; mais les prédicants disent que c’est pour avoir la paix

... On croirait bien que le Patriarche rapporte des faits de la bande de Gaza . Netanyahou monte encore d'un cran dans le détestable : https://www.i24news.tv/fr/actu/israel-en-guerre/artc-live...

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

21è février 1770 1

J’ai reçu, madame, le Charles-Quint anglais 2 ; je n’en ai pu lire que quelques pages ; mes yeux me refusent le service tant que la neige est sur la terre. Il est bien étrange que je m’obstine à rester dans ma solitude pour y être aveugle pendant quatre mois ; mais la difficulté de se transplanter à mon âge est si grande et si désagréable que je n’ai pu encore me résoudre à passer mon hiver dans des climats plus chauds. Je me suis consolé en me regardant comme votre confrère : et puisque vous souffrez une privation totale, j’ai cru qu’il y aurait de la pusillanimité à n’en pas supporter une passagère.

Je voulais vous remercier plus tôt . Les éclaboussures de Genève m’ont dérangé pendant quelques jours. On s’est mis à tirer sur les passants dans la sainte cité de maître Jean Calvin. On a tué tout roide quatre ou cinq personnes en robe de chambre ; et moi, qui passe ma vie en robe de chambre comme Jean-Jacques, je trouve fort mauvais qu’on respecte si peu les bonnets de nuit. On a tué un vieillard de quatre-vingts ans, et cela me fâche encore : vous savez que j’approche plus de quatre-vingts que de soixante-dix, et vous n’ignorez pas combien la réputation d’octogénaire me flatte, et m’est nécessaire. Vous êtes très coupable envers moi d’avoir étriqué mon âge, au lieu de lui donner de l’ampleur. Vous m’avez réduit malignement à soixante et quinze ans et trois mois, cela est infâme : donnez-moi, s’il vous plaît, soixante et dix-sept ans, pour réparer votre faute.

On a encore appuyé la baïonnette sur le ventre ou dans le ventre d’une femme grosse ; je crois qu’elle en mourra . Tout cela est abominable ; mais les prédicants disent que c’est pour avoir la paix. Il a fallu avoir quelques soins des battus qui se sont enfuis : car, quoique je sois capucin, je ne laisse pas d’avoir pitié des huguenots.

Mais, mon Dieu, madame, saviez-vous que j’étais capucin ? C’est une dignité que je dois à votre grand-maman et à saint Cucufin. Voyez comme Dieu a soin de ses élus, et comme la grâce fait des tours de passe-passe avant que d’arriver au but 3. Le général m’a envoyé de Rome ma patente. Je suis capucin au spirituel et au temporel, étant d’ailleurs père temporel des capucins de Gex.

Tant de dignités ne m’ont point tourné la tête . Les honneurs chez moi ne changent point les mœurs. Vous pouvez toujours compter, madame, sur mon attachement, comme si je n’étais qu’un homme du monde. Il est vrai que je n’ai pas les bonnes fortunes du capucin 4 de Mme de Forcalquier, mais on ne peut pas tout avoir. Recevez ma bénédiction.

Frère V., capucin indigne. 

Vraiment, madame, on prend bien son temps pour m'engager à traduire un chant du Tasse ! Je me soucie de La Jérusalem délivrée comme de la Jérusalem esclave des Turcs . Quel est donc cet Italien 5 qui veut faire travailler les Français comme ses nègres pour lui faire gagner de l'argent ?»

1 Original ; minute corrigée par V* où manque le post-scriptum . Il a été ajouté d'une autre main, puis barré dans la copie Beaumarchais et manque dans toutes les éditions .

2 L’Histoire de Charles-Quint, par G. Robertson, né en 1721, mort en 1793, à qui est adressée la lettre du 26 février : https://www.monsieurdevoltaire.com/2015/11/correspondance-annee-1770-partie-6.html

Voir lettre du 20 février 1770 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/04/rien-ne-contente-plus-les-yeux-rien-ne-delasse-plus-6557809.html

D'après une lettre de Mme Du Deffand on sait qu'il a été envoyé de Paris le 6 février .

4 Voltaire parle encore des bonnes fortunes des capucins dans ses stances à Saurin ; voir stance XXX : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome8.djvu/553

Vous avez fait une bien belle action

... On pourrait vous le dire un jour si vous appliquez les recommandations claires de la Sécurité routière, telles que celles-ci : le système tirette : https://www.securite-routiere.lu/dangers-de-la-route/systeme-tirette/

Grand Duché du Luxembourg, petit par la superficie, grand pour la sécurité, qu'on se le dise au pays des Gaulois râleurs !

 

 

 

« A François de Caire , Ingénieur

en chef, Chevalier de Saint-Louis

à Versoix

21è février 1770 à Ferney

Monsieur,

Vous avez fait une bien belle action, et dont M. le duc de Choiseul sentira sans doute tout le mérite . Vous avez logé les fugitifs attachés à la France chez les Représentants qui ne passent pas pour être fort amis de la France 1.

Le sieur Roland devait vous apporter les compliments et les remerciements que nous vous devons Mme Denis et moi ; mais il n'est pas revenu .

Nous voudrions bien être en état de venir faire notre cour à l'accouchée 2 ; mais ce maudit temps et mes maladies ne me permettent pas d'obéir aux sentiments de mon cœur.

Je me borne malheureusement à vous assurer de loin de mon sincère et respectueux dévouement .

V. »

1 Les réfugiés ont été logés provisoirement dans des maisons sises en sol français appartenant à de riches Genevois ; voir Jean-Pierre Ferrier : Le duc de Choiseul, Voltaire et la création de Versoix-la-Ville, 1922, p. 38 .

Et voir : https://www.tdg.ch/en-1768-choiseul-veut-un-port-et-une-ville-a-versoix-119340768976

2François de Caire vient d'avoir un fils nommé Charles-Henry-François-Marie . La marraine, Anne-Marie de Périse de Bourcet, absente , a été représentée par Mme Denis au baptême le 6 février 1770 .

05/08/2025

ce n’est pas assez pour moi que vous désiriez d’avoir été mal informé

... Poutine doit en être vert de rage : https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/coup-de-ma%C3%AEtre-du-renseignement-ukrainien-les-secrets-d-un-sous-marin-nucl%C3%A9aire-russe-d%C3%A9voil%C3%A9s/ss-AA1JRsw2?ocid=winp1taskbar&cvid=6891262472ca4597908e3251d6e30ec6&ei=41#image=1

Des têtes militaires russes vont encore tomber . Poutine va décimer davantage ses propres rangs que les Ukrainiens ne le peuvent .

 

 

« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon

21è février 1770 à Ferney

En vérité, monsieur, ce n’est pas assez pour moi que vous désiriez d’avoir été mal informé. Il serait bien triste pour nous deux que vous eussiez pu imaginer un moment qu’on eût eu la bêtise d’étêter des arbres en les ébranchant, et que moi j’eusse eu l’autre bêtise de vendre mes ébranchages 1, lorsque j’ai quinze feux dans mon château, et que je suis obligé de faire venir du bois de quatre lieues dans cet abominable pays, où l’on manque de tout, et où ma seule consolation est de jouir de deux terres franches, avantage qu’on n’a point ailleurs.

Au reste, je doute fort que M. Salles obtienne jamais les privilèges que vous avez obtenus pour Tournay 2. Soyez très sûr, et j’en sais des nouvelles, que le roi ne pardonnera jamais aux Genevois leur conduite. Ils viennent en dernier lieu d’égorger des habitants qui avaient envoyé leurs signatures au ministère pour se retirer a Versoix. Ils ont tué entre autres un vieillard de quatre-vingts ans qui se promenait dans les rues en robe de chambre. Ils ont blessé, à coups de crosse de fusil, une femme grosse qui en mourra. Toute la ville est en armes et en combustion. Deux mille habitants vont quitter cet antre de la discorde.

Vous n’avez pas fait assurément un mauvais marché avec moi. Vous le savez, et vous me devez de l’amitié en dédommagement. Je regarderai cette amitié comme d’un prix fort supérieur à celui que je vous ai payé.

Je dois, en vous parlant de Tournay pour la dernière fois, vous observer 3 que le fermier Chouet 4, ivrogne, fils du syndic Chouet, ivrogne, petit-fils du libraire Chouet, ivrogne, avait cru, en faisant la contrebande des blés, gagner des sommes immenses et vous payer ce que vous voudriez de votre terre. Mais les choses sont bien changées depuis la liberté de l’exportation des grains. Soyez très persuadé qu’actuellement vous ne retireriez pas de Tournay mille francs si vous la faisiez régir. Voilà l’état des choses. Croyez-moi sur ma parole. Je n’ai aucun intérêt de vous déguiser la vérité ; et quand je dis mille francs, c’est beaucoup trop.

Pour des fermiers, vous savez qu’on n’en trouve point. Quand je vous ai proposé de faire affermer vous-même la terre par Girod, c’était uniquement pour vous convaincre de la vérité de tout ce que je vous dis, et pour vous faire voir que je suis très heureux d’en retirer environ quinze à seize cents livres, c’est-à-dire douze cent francs en argent et le reste en fournitures qui valent tantôt au-dessus de cent écus et tantôt au-dessous.

Tout cela, monsieur, étant bien nettement expliqué et dans la vérité la plus exacte et la plus incontestable, il ne me reste qu’à vous demander l’honneur de votre amitié. J’ai celui d’être, avec tous les sentiments que je vous dois,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire. »

1 Quoique les dictionnaires ne donnent que ébranchement, celui d'ébranchage qu'utilise V* marque mieux le résultat de l'opération que le précédent .

2On a dit que ce document est conservé .

Après le traité de Lyon (27 janvier 1601), par lequel la Bresse, le Bugey et le pays de Gex furent cédés à Henri IV par le duc de Savoie en échange du marquisat de Saluces, le roi confirma l’exemption de tailles et divers autres privilèges et franchises pour les fonds que les habitants de Genève possédaient dans le pays de Gex. Un dénombrement de ces fonds fut fait en 1609, et la terre de Tournay s’y trouva comprise, parce que Jean de Brosses, son possesseur, avait droit de bourgeoisie à Genève. — Le président de Brosses obtint, à titre de confirmation, le renouvellement de ces privilèges en 1755. — Il paraîtrait qu’en 1770, un sieur Salles, Genevois, marchandait Tournay ; et Voltaire cherche à inquiéter M. de Brosses sur la conclusion de ce marché, subordonnée, ce semble, à la question de conservation des privilèges en cas de vente. (Th. Foissey.)

 

3 La première édition ajoute un sic après ce mot ; en fait on rencontre fréquemment observer au lieu de faire observer au XVIIIè siècle .

04/08/2025

Rien ne contente plus les yeux, rien ne délasse plus

... que le succès de champions et championnes français.es .

Vive Pauline Ferrand-Prévot et vive Léon Marchand et vive Maxime Grousset et Yohann Ndoye-Brouard et Yann Le Goff !

https://www.lefigaro.fr/sports/autres-sports/les-geants-f...

 

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 20 février 1770] 1

Je reçois dans ce moment, mon cher ami, les trois volumes de l'Histoire de Charles Quint 2 que M. Robertson m'envoie . Le livre est imprimé avec des interlignes lesquelles sont doubles à chaque paragraphe . Tous les livres sont imprimés ainsi en Angleterre . Rien ne contente plus les yeux, rien ne délasse plus le lecteur . C'est l'intérêt du libraire puisque moyennent cet arrangement le livre est plus goûté, et de quatre tomes on en fait cinq .

Comme il se pourra très bien qu'il y ait cinq volumes il est clair qu'il faut lâcher cet ouvrage tome à tome, et par le débit du premier vous jugerez aisément du nombre des exemplaires que vous tirerez des tomes suivants . J'espère que vous n’aurez pas à vous repentir de votre entreprise . Peut-être que ma main-d’œuvre ne sera pas trop bonne mais je vous assure que la matière est riche, belle, intéressante et utile .

Aurez-vous bientôt fini vos abominables aventures de Genève ? Croyez-moi, donnez- vous tout entier aux Questions sur l’Encyclopédie .

Vous pouvez mander à Panckoucke que cet ouvrage, de la manière dont il est conçu, ne convient point du tout au Dictionnaire philosophique 3.

Mille compliments à toute votre famille .

N.B. – L’aventure des prisonniers de l'Encyclopédie obligera à changer quelques lignes à l'avant-propos . »

1 Original ; post-scriptum autographe ; éd . Gagnebin . La date est fixée par celle des lettres du 21 février 1770 à Mme Du Deffand et du 26 février 1770 à Robertson .

3Ces mots marquent l'abandon définitif du projet Panckoucke ; voir lettre du 12 janvier 1770 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/06/20/elle-s-en-ira-en-fumee-comme-toutes-les-affaires-qui-trainen-6552212.html

03/08/2025

La sainte cité est devenue un enfer

... Chaque religion a sa cité sainte, mais il en est une qui bat des records, c'est Jerusalem où le diable est Netanyahou : https://www.courrierinternational.com/reveil/2025-08-03#a...

et son acolyte le ministre de la Sécurité nationale , Ben Gvir, est son âme damnée exécutive : https://french.wafa.ps/Pages/Details/234397

Sale temps pour la paix !

 

 

« A Jean-François-René Tabareau

et à Joseph Vasselier

20è février 1770 à Ferney 1

Monsieur Tabareau et monsieur Vasselier savent sans doute ce qui se passe dans Genève . On y assassine dans les rues des vieillards de quatre-vingts ans et des femmes grosses . La sainte cité est devenue un enfer . Grâce au ciel on ne voit point de pareilles horreurs à Lyon 2.

Continuez-moi tous deux votre amitié .

V. »

1 Original ; éd. Kehl . Voir la lettre du 24 avril 1769 à Tabareau à laquelle celle-ci se trouve amalgamée : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/25/nous-autres-francais-mon-cher-ami-nous-ne-sommes-pas-dignes-6520336.html

02/08/2025

vous verrez que je ne vous ai point oublié

... mon cher Voltaire, et je continuerai de vous lire par-dessus votre épaule pour vous publier tant que je pourrai . Vale .   

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire

intime, Historiographe de S.A.E.

à Manheim

En me proposant, mon cher ami, le voyage dont vous me parlez, nous oubliez que j’ai soixante-seize ans, et que je ne sortirai de mon lit que pour aller nella bara 1 ; mais vous verrez que je ne vous ai point oublié 2.

Vous pouvez dire à Waechter 3 que non-seulement je lui achèterai des médailles, mais que je lui en ferai vendre.

Le triste état de ma santé ne me permet pas de vous écrire une plus longue lettre.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

V.

20 février 1770 à Ferney. »

1 Traduction dans la bière . Noter que l'italien moderne distingue bara, tombe ou bière de barra , barre.

2 Collini, rapprochant cette expression de quelques autres d’autres lettres de Voltaire, dans son édition explique qu’elle est l’annonce d’un legs dans son testament. Il ajoutait : « Il est mort sans avoir fait les dispositions qu'il projetait . Je ne regrette pas les dons qu'il se proposait de me faire ; l'intention qu'il en a manifestée m'est un gage assez précieux de son attachement et de son amitié . » Mais pour pouvoir s'exprimer en ces termes, Collini devait supprimer de son ouvrage une lettre postérieure du 31 janvier 1771 où il exprime sa reconnaissance pour un « bienfait » de V* qui lui a fait payer cent écus .