04/06/2025
porter à mon crédit sur votre livre
... ma volonté de vouloir bien rencontrer Poutine à tout moment !" dit Volodymyr Zelensky : https://www.20minutes.fr/monde/ukraine/4156822-20250604-direct-guerre-ukraine-secretaire-conseil-securite-russe-pyongyang-rencontrer-kim-jong
« A Gaspard-Henri Schérer
Voici, monsieur, deux petites lettres de change que je vous supplie d'avoir la bonté de faire recevoir, et de porter à mon crédit sur votre livre .
J'ai l'honneur d’être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
20è décembre 1769 à Ferney. 1»
1 Original signé . Le manuscrit est endossé : « £ 1868-ensemble » et « reçue le 21 decbre ».
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Pourvu que je remplisse cette condition il n'a nul droit de m’inquiéter
... Ainsi parle le Premier ministre bulgare, Rossen Jeliazkov qui se réjouit de la décision du Parlement européen pour la rentrée prochaine de la Bulgrie dans la zone euro : https://www.euractiv.fr/section/economy-jobs/news/la-bulg...
« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon
Au château de Ferney 20è décembre 1769 1
Je suis bien sûr, monsieur, que ce n'est pas de votre aveu que le sieur Girod veut m'empêcher de me chauffer . Il doit savoir que par mon contrat je dois laisser soixante arbres par arpent dans le bois de Tournay dont j'ai la pleine jouissance . Pourvu que je remplisse cette condition il n'a nul droit de m’inquiéter .
Votre fermier prenait six moules de bois par an, et moi qui ai acheté la terre à vie, je n'y ai pas pris un fagot depuis dix ans .
Aujourd'hui je fais ébrancher les arbres, et le sieur Girod veut me troubler dans cet exercice de mon droit incontestable . C'est bien le moins, monsieur, que je puisse me chauffer du bois d'une terre que j’ai si chèrement achetée . Vous savez que je m'en rapporterai uniquement à vous . Vous fîtes mettre dans le contrat qu'elle valait trois mille cinq cents livres de rente . Vous savez que je ne l'ai pu affermer que douze cents livres avec quelques chars de fourrage et de vin estimés trois cents livres . Je vous ai payé comptant trente-cinq mille livres . Vous exigeâtes pour douze mille livres de réparations, j'en ai fait pour vingt mille livres dont j'ai les quittances . Ainsi pour cinquante mille livres j'ai eu quinze cents livres de rente viagère à l'âge de soixante-six ans . Je ne m'en repens pas, monsieur, puisque j'ai tout fait sur votre parole . Mais il serait bien cruel qu'on abusât de ma bonne foi, de ma facilité et de ma vieillesse jusqu’à se servir de votre nom pour vouloir me priver d'un droit expressément stipulé dans notre contrat . Je demande justice à vous-même, et je vous supplie d'avoir la bonté d'ordonner à votre procureur Girod de ne me pas molester davantage ; je vous serai très obligé, et je regarderai cette justice comme une faveur.
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Original signé ; éd. Emile Deberre, La Vie littéraire à Dijon au XVIIIè siècle, 1902 . De Brosses a porté sur le manuscrit : « Volt, ébranchage ».
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Vous devriez bien, quand vous aurez du loisir, ne pas oublier A,B,C,D,E,F, de la Jurisprudence
... Conseil amical au Garde des Sceaux par delà les siècles .
« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin fils
Avocat en Parlement
à Saint-Claude
16è décembre 1769 1
Le solitaire de Ferney fait mille compliments au philosophe de Saint-Claude . S'il se portait mieux il pourrait faire donner les étrivières au carme, mais il est trop malade pour entrer dans ces petites discussions . La sottise, et l'insolence du carme aurait été dangereuse au quatorzième siècle, mais dans celui-ci on peut prendre le parti d'en rire . Je me trouve d'ailleurs entre le bon et le mauvais larron, entre Bayle et Jean-Jacques .
Vous devriez bien, quand vous aurez du loisir, ne pas oublier A,B,C,D,E,F, de la Jurisprudence .Voila tout ce qu'on vous demanderait pour le présent, vous auriez tout le temps que vous voudriez pour le reste .
Mme Denis et moi vous souhaitons la bonne année ; nous aurions bien voulu la finir et la commencer avec vous . »
1 Original ; éd. Kehl qui amalgame des versions abrégées de la présente et de la lettre du 11 décembre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/05/31/pourvu-que-dans-un-mois-on-ait-quelques-morceaux-de-jurispru-6550081.html
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en vertu de ces promesses on n'a rien trouvé
... que des tenues, des non tenues, des presque tenues ô M. Macron : https://www.luipresident.fr/emmanuel-macron/
« Marie-Louise Denis et Voltaire
à Gabriel Cramer
[décembre 1769]
Mme Denis a envoyé chez Jacob chercher les volumes du Siècle de Louis XIV, en vertu de la promesse que monsieur Cramer lui avait faite, et en vertu de ces promesses on n'a rien trouvé . Comme on envoie ce qu'on appelle une barotte 1 à Genève, si ce qu' a promis monsieur Cramer était prêt, cette barotte pourrait le ramener aujourd'hui mercredi . Mme Denis lui fait bien ses compliments .
Le vieil oncle en fait autant et recommande très fort à monsieur Cramer de prendre vite un parti pour l’édition du supplément de l'Encyclopédie 2, attendu que la vie est courte . J'entends la vie de l'oncle, car pour celle d'un homme aussi dodu et aussi gai que monsieur Cramer elle sera celle de Mathusalem. »
1 Patois genevois et romand , du pays de Gex et Savoie : une brouette ; moyen de transport étonnant pour une telle distance . Mme Denis veut sans doute dire un barrot, à savoir une charrette à bras .
Voir Jean Humbert, Nouveau Glossaire genevois, 1852 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50673v/f69.image.r=barrot
2 Apparemment la publication projetée par Panckoucke qui désormais a pris dans l'esprit de V* la forme des Questions sur l'Encyclopédie ; voir lettre d'octobre-novembre 1768 à Panckoucke : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/05/10/dans-une-histoire-il-y-a-toujours-plusieurs-choses-mal-sonna-6497784.html
et 24 mai 1769 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/11/29/on-dit-que-nous-aurons-bientot-des-choses-tres-curieuses-qui-6525103.html
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03/06/2025
cette passion et mes regrets
... Quelques-uns des jours meilleurs : https://www.youtube.com/watch?v=JghXPMixC80&ab_channe...
« A Giovanni Marenzi
15 décembre, au château de Ferney, par Genève.
Monsieur,
J’ai soixante-seize ans, je suis très malade ; j’ai été sur le point de mourir ; ainsi vous aurez la bonté de m’excuser si je ne vous ai pas remercié plus tôt. Vous nous avez ressuscités, Zaïre et moi 1 ; vous faites des vers italiens comme j’en voudrais faire de français, si j’avais encore la force de m’amuser à ce charmant badinage ; mais l’état où je suis ne me permet tout au plus que de vous remercier en prose du fond de mon cœur. J’ai toujours désiré vainement de voir l’Italie ; on ne peut avoir une passion plus malheureuse ; vous augmentez, monsieur, cette passion et mes regrets. Autrefois mes compatriotes faisaient un pèlerinage à Notre-Dame de Lorette ; j’en ferais un au tombeau de messer Ariosto, si je n’étais pas trop près du mien ; mais je viendrais surtout voir celui qui m’a bien voulu embellir.
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Il avait traduit la tragédie de Voltaire. (G.Avenel).
Mais on ne connaît pas cette traduction italienne .
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Il y a beaucoup de gens dans ce monde qui persécutent les vivants et les morts
... No comment .
« A Guillaume Madur du Lac 1
Ferney 15 décembre 1769 2
Monsieur,
Si je n'avais pas été en train de tâter de mon cimetière, je vous aurais félicité plus tôt de votre victoire sur les ennemis des cimetières en plein air . Il y a beaucoup de gens dans ce monde qui persécutent les vivants et les morts ; vous me paraissez prendre en main la cause des uns et des autres .
Vous pensez bien juste sur les véritables pauvres et sur certains mendiants . Le dernier pape 3 canonisa, il y a deux ans, un de ces porte-besaces 4, et les gueux ses confrères y ont dépensé quatre cent mille écus que les peuples ont payés .
Voilà , monsieur, où nous en sommes dans le siècle de la raison . Jugez si nous avons besoin d'êtres pensants qui vous imitent dans votre courage et dans vos succès . Je suis vieux comme Moïse, et je ne peux que lever les mains au ciel, comme lui 5, pendant que vous vous battez contre les barbares . »
2 Copie contemporaine ; éd. Beuchot . Sur le manuscrit, le destinataire est désigné comme « bailli d'Ambert en Auvergne » . Il avait écrit le 22 novembre 1769 à V* pour lui annoncer qu'il avait, malgré le clergé, fait transférer le cimetière « hors des habitations ».
3 Clément XIII .
4 Allusion à la Canonisation de St Cucufin . Dans la première édition, le mot est remplacé par pauvres, suivi de et ses confrères, mendiants par état .
5 Exode, XVII, 11 : https://saintebible.com/exodus/17-11.htm
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On n’en parlera qu’après l’arrangement ou dérangement des finances qui va se faire, et après l’extinction de certaines tracasseries qui sont trop longues
... Cependant, le remue-ménage politicard qui précède des élections commence à se faire entendre en vue des municipales de 2026 . On n'a pas fini d'entendre des âneries et de voir d'ambitieux coqs de basse-cour se voler dans les plumes pour la victoire de partis en quête de puissance . Pauvres bêtes , vous passerez à la casserole !
« A Paul-Claude Moultou
à Genève 1
Je vais répondre, mon cher philosophe, à tous les points de votre lettre.
Il n’a point encore été question au conseil d’un conventicule huguenot à Versoix . On n’en parlera qu’après l’arrangement ou dérangement des finances qui va se faire, et après l’extinction de certaines tracasseries qui sont trop longues.
Le libraire qui s’est confié à des théologiens est un grand sot. Ce polisson croit donc être au temps de Calvin. Un jeune homme plein d’esprit, qui a vu son manuscrit, prétend que rien n’est si plat et si obscur. Il dit que rien n’est plus capable de déshonorer la mémoire de votre ancien ami. Ne pourriez-vous pas redemander en justice les manuscrits qui vous appartiennent, en qualité d’exécuteur testamentaire 2 ?
Je vous fais mon compliment sur vos deux galériens. Si c’est par Mme la duchesse d’Enville que vous êtes parvenu à cette bonne œuvre, cela prouve qu’elle a du crédit auprès de M. de Saint-Florentin ; si c’est par vous-même, vous ferez casser la révocation de l’édit de Nantes 3.
Je voudrais bien savoir comment le parlement de Toulouse a validé un mariage fait contre les lois du royaume. Cela n’est pas dans l’ordre des possibles. Il faut qu’il y ait, dans cette aventure, des circonstances qui en changent totalement le fond.
Il est très vrai, Dieu merci, qu’il y a dans ce parlement une douzaine de magistrats aussi philosophes que vous.
Si on ne vous dit rien des Sirven, lisez la dernière Gazette de Berne 4. Vous y verrez que le 17 novembre Sirven a été élargi, avec mainlevée de son bien. Il en appelle au parlement pour avoir des dédommagements. Je n’ai pas un seul exemplaire de Dieu et les Hommes 5.
Votre pauvre Charles Bonnet aurait grand besoin que ses parents le fissent interdire 6.
Voilà, mon cher ami, tous vos articles tirés au clair. Ce qu’il y a de plus vrai dans tout ceci, c’est que je vous aime autant que je vous estime, et, le tout, sans cérémonie.
V.
13è décembre 1769.»
1 Original ; éd. Gaberel limitée à deux brefs extraits déformés ; Taillandier à peine plus complète ; Lettres inédites, 1863, enfin correcte.
2 « J’ai expliqué à M. de Voltaire qu’on m’avait rendu mes manuscrits et qu’on les imprimait en Hollande. » (Note de Moultou).L'ouvrage en question est indubitablement l'édition d'Abauzit par Moultou ; voir lettre du 5 mars 1768 à d'Alembert http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/24/assurement-il-n-est-fecond-qu-en-dissensions-et-en-sophismes-6467611.html, et celle du 20 décembre 1769 à Moultou .V* avait certainement vu les annonces de l'édition Chirol et Philibert d'Abauzit dans les Nouvelles de divers endroits du 2 décembre 1769.
— Tous les éditeurs disent qu'il s’agit de Rousseau, et probablement de la première partie des Confessions, or le manuscrit des Confessions n'est parvenu entre les mains de Moultou qu'en 1778 .
3 Il était très-difficile en effet d’obtenir la grâce des galériens protestants. Les hommes convaincus d’avoir assisté au culte étaient envoyés aux galères pour ce seul fait, et Louis XIV avait, formellement défendu de les libérer à l’expiration de leur peine ; quand une fois ils y étaient entrés, même pour un temps limité, ils n’en sortaient plus. On y mêlait systématiquement trois sortes très différentes de condamnés : des protestants, des malfaiteurs, et ce qu’on appelait des Turcs, c’est-à-dire des Algériens, des Barbaresques ou autres Orientaux pris à la guerre. Un de ces forçats libérés, Martheile de Bergerac, a laissé des mémoires qui sont devenus excessivement rares ; c’est un des livres les plus curieux qui existent dans notre langue.
En 1764, Claude Chaumont fut libéré ; Voltaire avait lui-même obtenu sa grâce. L’historien des Églises du désert, tome II. page 424, a publié une lettre d’un pasteur qui présenta Chaumont à son libérateur : « Quoi ! lui dit Voltaire, mon pauvre petit bonhomme, on vous avait mis aux galères ! Que voulait-on faire de vous ? Quelle conscience de mettre à la chaîne et d’envoyer ramer un homme qui n’avait commis d’autre crime que de prier Dieu en mauvais français ! »
En 1769 je ne trouve qu’un seul nom de galérien mis en liberté, Alexandre Chambon, âgé de plus de quatre-vingts ans, dont vingt-sept passés aux galères. Sa libération est en général attribuée au prince de Beauvau.
Dans une autre circonstance, Moultou s’efforça d’obtenir la délivrance d’un autre forçat, père de six enfants très jeunes encore. C’était un nommé Raymond, dont le souvenir et la famille se sont perpétués dans le midi de la France. Par l’intermédiaire de Mlle Curchod de Nasse, qui fut plus tard Mme Necker, Moultou fit agir la duchesse d’Enville. Malheureusement Mme d’Enville s’adressa à M. de Saint-Florentin, persécuteur opiniâtre et sans pitié. Il répondit : « Cette affaire regarde M. le duc de Choiseul (ministre de la marine) ; mais, s’il faisait sortir Raymond, je le ferais, moi, charger de chaînes. » (Correspondance inédite de Moultou.)
Il résulte d’une autre lettre de Voltaire (à d’Argental, en date du 17 juin 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/07/25/les-ecailles-tombent-des-yeux-le-regne-de-la-verite-est-proche.html), que Voltaire avait proposé au duc de Choiseul de transporter à la Guyane comme colons « une trentaine de galériens qui sont sur les chantiers de Marseille pour avoir écouté la parole de Dieu en pleine campagne. » Ils devaient s’embarquer avec chacun mille écus. Voltaire se plaint qu’au dernier moment ils ont manqué de parole et préféré les galères à la Guyane. Mais il nous semble incroyable que ces forçats eussent trouvé dans leurs familles ruinés 90,000 francs pour un pareil établissement.
Ce fut seulement sous Louis XVI, en 1775, que les deux derniers forçats pour la foi, comme les appelaient nos pères, furent libérés. (Note du premier éditeur)
4 Dans son numéro du 9 décembre 1769, mais le compte rendu qu'en fait V* est très approximatif .
5 La publication de cette « grosse brochure » a été annoncée dans une lettre de Charles Bonnet à Théodore Tronchin du 14 octobre 1769.
Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome28.djvu/139
6 Grande injustice (Note du premier éditeur.)
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