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24/01/2024

Si j’étais plus jeune, je m’embarquerais sur votre vaisseau, et j’irais chercher quelque pays où l’on ne connût ni le fanatisme ni la calomnie

... Est-ce cela qui motive tous ces émigrants vers l'Europe ? Ce pays sans fanatiques ni calomniateurs serait-il le nôtre ? Je me le demande souvent maintenant .

 

 

« A Jean-Gabriel Montaudoin 1

Ferney, 2 Juin 1768 2

Jusqu’à présent je ne pouvais pas me vanter d’avoir heureusement conduit ma petite barque dans ce monde ; mais, puisque vous daignez donner mon nom à un de vos vaisseaux, je défierai désormais toutes les tempêtes. Vous me faites un honneur dont je ne suis pas certainement digne, et qu’aucun homme de lettres n’avait jamais reçu. Moins je le mérite, et plus j’en suis reconnaissant. On a baptisé jusqu’ici les navires des noms de Neptune, des tritons, des sirènes, des griffons, des ministres d’État, ou des saints, et ces derniers surtout sont toujours arrivés à bon port ; mais aucun n’avait été baptisé du nom d’un faiseur de vers et de prose.

Si j’étais plus jeune, je m’embarquerais sur votre vaisseau, et j’irais chercher quelque pays où l’on ne connût ni le fanatisme ni la calomnie. Je pourrais encore, si vous vouliez, débarquer en Corse ou à Civita-Vecchia, les jésuites Patouillet et Nonotte, avec l’ami Fréron ci-devant jésuite. Il ne serait pas mal d’y joindre quelques convulsionnaires ou convulsionnistes. On mettait autrefois, dans certaines occasions, des singes et des chats dans un sac, et on les jetait ensemble à la mer.

Je m’imagine que les Anglais me laisseraient librement passer sur toutes les mers ; car ils savent que j’ai toujours eu du goût pour eux et pour leurs ouvrages. Ils prirent, dans la guerre de 1741, un vaisseau espagnol tout chargé de bulles de la Cruzade, d’indulgences, et d’agnus Dei. Je me flatte que votre vaisseau ne porte point de telles marchandises ; elles procurent une très grande fortune dans l’autre monde, mais il faut d’autres cargaisons dans celui-ci.

Si le patron va aux grandes Indes, je le prierai de se charger d’une lettre pour un brame avec qui je suis en correspondance 3, et qui est curé à Bénarès sur le Gange. Il m’a prouvé que les brames ont plus de quatre mille ans d’antiquité. C’est un homme très savant et très raisonnable : il est d’ailleurs beaucoup plus baptisé que nous, car il se plonge dans le Gange toutes les bonnes fêtes. J’ai dans ma solitude quelques correspondances assez éloignées, mais je n’en ai point encore eu qui m’ait fait plus d’honneur et plus de plaisir que la vôtre.

Je n’ai pu vous écrire de ma main, étant très malade ; mais cette main tremblante vous assure que je serai jusqu’au dernier moment de ma vie, monsieur, votre, etc. »

 

 

 

 

 

2 Minute avec des corrections autographes ; copies contemporaines ( cette dernière copiée d'après l’original, dont le premier paragraphe était autographe ). D'après l'en-tête de la copie Darmstadt , il semble que la lettre aurait été adressée à Nantes . Ceci est confirmé par la lettre du 20 juin 1768 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-20.html

Nantes est à l'époque le port le plus actif pour le commerce au long cours .

23/01/2024

Tâchez de réhabiliter un peu le siècle si vous pouvez

... Au boulot ô ministres intègres (s'il en reste ) et fonctionnaires lambins !

 

 

« A Jean-François de La Harpe

Au château de Ferney par Genève le 2 Juin 1768 1

Mon cher confrère en Apollon, notre ami Lacombe m'a écrit touchant le projet dont vous me parlez ; j'ignore ce projet avec tout le monde, je ne le sais qu'avec vous , et j'y suis bien sensible ; mais je dois vous dire en conscience que vous feriez bien mieux d'exercer vos rares talents et de ranimer le théâtre expirant, que de perdre votre temps à sauver mes faibles ouvrages du fleuve de l’oubli où ils seront bientôt plongés avec ceux de cet énergumène Crébillon qui n'a rien fait de bon que quelques rimes de Rhadamiste, encore sont-elles farcies de solécismes.

On dit que l’apostat La Bletterie, qui avait fait un livre passable sur le brave apostat Julien 2, vient de traduire Tacite en ridicule 3. Si quelqu’un était capable de donner en notre langue faible et traînante la précision et l’énergie de Tacite, c’était M. d’Alembert 4. Les jansénistes ont la phrase trop longue. Fasse le ciel qu’ils n’aient jamais les bras longs ! Ces loups seraient cent fois plus méchants que les renards jésuites. Je les ai vus autrefois se plaindre de la persécution, ils voudraient aujourd'hui persécuter . Ils méritent plus d’indignation qu’ils ne s’attiraient de pitié ; et cette pitié qu’on avait de leurs personnes, leurs ouvrages l’inspirent. C'est un effet que ne feront jamais les vôtres . Tâchez de réhabiliter un peu le siècle si vous pouvez . »



1 L'édition de Kehl supprime, par égard pour Crébillon tout le dernier paragraphe . La fin de la lettre manque : on ne dispose en effet que le premier feuillet .

2 La Vie de l'empereur Julien, 1735 La Bletterie ; voir lettre du 1er avril 1735 à Formont et suivantes  : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1735-partie-3-111793133.html

4 D’Alembert a traduit des morceaux de Tacite. (G.Avenel.)

22/01/2024

Voici une déclaration moitié comique moitié sérieuse, et la seule que je crois convenable

... dixit Rachida Dati qui fricote à tout va (comme d'habitude me direz-vous ) pour se faire bien voir : Paris vaut bien quelques lâchetés : https://www.lefigaro.fr/politique/les-insoumis-ont-toujours-respecte-mon-point-de-vue-et-ce-que-je-suis-l-etonnante-bonne-entente-entre-lfi-et-rachida-dati-20240122

 

 

« A Gabriel Cramer

[1er juin 1768] 1

Voici une déclaration 2 moitié comique moitié sérieuse, et la seule que je crois convenable, car mon cher Caro, quand nous ne rions pas les premiers, les rieurs ne sont pas pour nous . Si quelque chose peut faire du bien à l’œuvre Panckoucke, c'est mon drôle de certificat .

Il faut pourtant vous avouer qu'il y a des gens qui ont été fort choqués de la différence qu'ils ont trouvée entre les derniers vers d'Oreste 3, de votre édition, et ceux de l'édition de Duchesne . Ils disent que ceux de Duchesne sont incomparablement meilleurs et je le pense ainsi . Mais le bon de l'affaire, c'est que ces mêmes connaisseurs sont ceux qui me firent supprimer les vers qu'ils redemandent aujourd'hui . Le public a toujours préféré la leçon de Duchesne . C'est suivant cette leçon qu'on joue Oreste partout . Si monsieur Caro m'avait envoyé les dernières feuilles, j'aurais prévenu le reproche qu'on me fait d'avoir gâté la fin d'Oreste . Je ressemble fort au meunier, à l’âne et à son fils 4 .

Voici les vers qu’il faut restituer . Il n'en coûtera qu'un carton à l'ami Panckoucke.

Interim vale .

V. »

1 L'édition Gagnebin place cette lettre en juillet 1768, ce qui est une bonne approximation . Mais l'identification de celle du 1er juin à Panckoucke permet d'aller plus loin et de fixer la date de la présente à un jour près .

Je ne puis pas dire que j'en trouve tout beau

... C'est vrai, les athlètes français vont devoir gagner le défilé de mode de la cérémonie d'ouverture des J.O. avec leurs tenues à la "mixité comme ligne directrice " : https://www.20minutes.fr/sport/jo_2024/diaporama-4071141-photo-1171415-jo-paris-2024-tenues-officielles-equipe-france-olympique-images

Difficile de faire plus banal .

Attention, le blanc c'est salissant , est-on sponsorisé par Les Cleaners ?

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Pas folichon !

 

 

« A Charles-Joseph Panckoucke

J'ai lu la nouvelle édition in-quarto qu'on débite à Paris de mes œuvres 1 . Je ne puis pas dire que j'en trouve tout beau … papier, dorure, images, caractère car je n'ai point encore vu les images . Mais je suis très satisfait de l’exactitude et de la perfection de cette édition, qui, à ce que j'espère, sera la dernière . Je trouve que tout est beau, hormis les vers , qu'il fallait laisser faire à Jean Racine 2 .

Je souhaite que ceux qui l'ont entreprise ne se ruinent pas ; et que les lecteurs ne me fassent pas les mêmes reproches que je me fais ; car j'avoue qu'il y a un peu trop de vers et de prose dans ce monde . C'est ce que je signe en connaissance de cause.

Voltaire .

A Ferney 1er juin 1768.3 »

1 Ceci fait allusion à l'édition de la Collection complète des œuvres de M. de Voltaire, dite « édition quarto », dont les sept premiers volumes sont datés de 1768 . Il est bien dommage que V* ne précise pas le nombre de volumes publiés à ce moment .

2 Au moment de la publication des Métamorphoses d'Ovide en rondeaux, de Benserade, 1676, Chapelle avait malignement écrit :

[...]J'en trouve tout fort beau,

Papier, dorure, images, caractère,

Hormis les vers, qu'il fallait laisser faire

A La Fontaine .

Voir les Œuvres de Chapelle et de Bachaumont, édition Jean-Baptiste Tenant de Latour, 1854 : https://books.google.nl/books?id=EsA5AAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=snippet&q=oivde&f=false

3 L'édition de Kehl ajoute cette lettre à celle du 1er février 1768, induisant ainsi en erreur quant à la date de parution des premiers volumes de l'édition de Panckoucke . Voir note précédente.

Et : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/09/07/c-est-un-tissu-de-railleries-ameres-et-d-invectives-atroces-6460331.html

21/01/2024

On souhaite d’être ignoré, mais c’est quand il n’est plus temps. Dès que les trompettes de la renommée ont corné le nom d’un pauvre homme, adieu son repos pour jamais

... C'est vrai éternellement, et le grand Georges Brassens nous le chante: https://www.youtube.com/watch?v=gWRzopyZBSA&ab_channe...

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« A Jean Capperonnier

1er Juin 1768 1

J’ai bientôt fait usage, monsieur, du livre de la Bibliothèque royale que vous avez eu la bonté de me prêter 2. Il a été d’un grand secours à un pauvre feu historiographe de France, tel que moi. Je voulais savoir si ce Montecuculo, que nous appelons mal à propos Montecuculli, accusé par des médecins ignorants d’avoir empoisonné le dauphin François, parce qu’il était chimiste, fut condamné par le Parlement ou par des commissaires ; ce que les historiens ne nous apprennent pas. Il se trouve qu’il fut condamné par le Conseil du roi. J’en suis fâché pour François Ier . La vérité est longtemps cachée ; il faut bien des peines pour la découvrir. Vous ne sauriez croire ce qu’il me coûte de soins pour la chercher à cent lieues dans le Siècle de Louis XIV et de Louis XV. Ce travail est rude. Il y a trois ans qu’il m’occupe et qu’il me tue, sans presque aucune diversion. Enfin il est fini. Jugez, monsieur, si je peux avoir eu le temps de faire toutes les maudites brochures qu’on débite continuellement sous mon nom. Je suis l’homme qui accoucha d’un œuf ; il en avait pondu cent avant la fin de la journée. Les nouvellistes de Paris ne sont pas si scrupuleux en fait d’historiettes que je le suis en fait d’histoire. Ils en débitent souvent sur mon compte, non seulement de très extraordinaires, mais de très dangereuses . C’est la destinée de quiconque a le malheur d’être un homme public. On souhaite d’être ignoré, mais c’est quand il n’est plus temps. Dès que les trompettes de la renommée ont corné le nom d’un pauvre homme, adieu son repos pour jamais.

J’ai l’honneur d’être avec la plus sensible reconnaissance pour toutes vos bontés,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Le destinataire n'est pas Jean-Augustin Capperonnier comme le pensait Beuchot, suivi par Moland, mais l'oncle de ce dernier, bibliothécaire de la Bibliothèque royale.

Je ne puis ni dire un mot , ni faire un pas qui ne soit public, et par conséquent empoisonné . Encore si on se contentait de noircir ce que j'ai fait ! Mais on m’impute ce que je n'ai pu faire

... "Ti bouffe, ti bouffe pas, ti crève quand même" , comme on dit dans la Céggal é la Foormi, et président "tu fais ou tu ne fais rien" tu as toujours tort , c'est la France !

Rions un peu avec le regretté Pierre Pechin : https://www.dailymotion.com/video/x2sofu

J'en profite pour dire M... à ceux qui y verront un sketch raciste , je ne rirai encore pas avec vous , circulez , vous êtes trop bornés !

 

 

« A Marie-Louise Denis

31 mai [1768] au soir 1

J'ai reçu , ma chère nièce, votre lettre du 26 mai et je suis toujours stupéfait et affligé que mon paquet adressé pour vous à M. de Chennevières ne vous soit pas parvenu . Son peu de crédit à la poste me fait de la peine .

Je suis très fâché que vous soyez allée à Versailles chercher une audience ; mais fort aise que vous couriez dans Paris dans un carrosse de remise . Cela fait du bien au corps et tire l'âme de l'ennui d'être tête à tête avec elle-même . Puisque vous voyez Mme Du Deffand, ne pourriez-vous pas lui représenter avec amitié le tort qu'elle m'a fait en montrant ma lettre 2 . Elle m'avait promis plus de discrétion : et je ne lui avait écrit que sur ses serments d'être fidèle . Je crains fort que cette lettre n'ait donné à M. le maréchal de Richelieu un prétexte d'être en froid avec moi . Je disais que vous alliez solliciter à Paris les paiements des généreux seigneurs français, et moi ceux des généreux seigneurs allemands .

Pourquoi M. de Richelieu s’appliquerait-il ce mot, et pourquoi se fâcherait-il ? Le duc d'Orléans, le prince de Beauvau, le duc de Bouillon ne sont-ils pas mes débiteurs ?

Le rôle que je joue dans ce coin du monde est triste . Je ne puis ni dire un mot , ni faire un pas qui ne soit public, et par conséquent empoisonné . Encore si on se contentait de noircir ce que j'ai fait ! Mais on m’impute ce que je n'ai pu faire : Le Compère Matthieu, Le Catéchumène, La Théologie portative, La Religion des Français 3, L’Évangile de la raison 4, Le Militaire philosophe et une foule de pareils ouvrages .

Il faudrait que j'eusse trois âmes comme Géryon 5, et cent mains comme Briarée pour suffire à tant de sottises tandis que je suis occupé jour et nuit du Siècle de Louis XIV et de Louis XV et que je n’épargne ni soins ni argent pour assembler des matériaux dont je construit cet édifice dont peut-être les Français et la cour même devraient me savoir quelque gré .

Toutes les fadaises qu'on débite sous mon nom pour les mieux vendre font un effet cruel . Les évêques de Saint-Claude et d'Annecy ont crié et il fallait leur fermer la bouche . Le cardinal de Choiseul, archevêque de Besançon, s'est plaint malgré son nom qui doit le porter à l’indulgence, que des officiers, et surtout des ingénieurs parlaient hautement contre notre religion catholique, et prêchaient le déisme . Le duc de Choiseul en a écrit aux directeurs du Génie très sérieusement . Le roi sur cet article ne fait grâce à personne . Le sang du chevalier de La Barre est encore tout frais, et quoique l'Europe ait été indignée de ce sacrifice, on en ferait volontiers un second . Il y a des furieux à la cour, à la ville et surtout dans le Parlement . Ce qu'on appelle la bonne compagnie de Paris ne sait rien de tout cela ; et quand elle en apprend par hasard quelque chose, elle en rit . En un mot je dois redouter la calomnie, et non des railleries sur un devoir que j'avais rempli avec vous, et que j'ai rempli quand je suis seul .

Nous sommes tous malades . Fanchon se meurt . Il n'y a que Dupuits qui se porte bien . Il a besoin de santé, car il va courir dans les montagnes . Bonsoir ma chère nièce . »

1 Date complétée par Mme Denis avec une étourderie coutumière : elle écrit « 1738 » au lieu de 1768 .

3 Certainement le Discours sur la nature et les dogmes de la religion gauloise, 1769, mais encore inédit à l’époque, par Pierre de Chiniac de La Bastide du Claux . V* le réimprime au volume VIII (1770) de l’Évangile du jour .

Voir : https://books.google.fr/books?id=EJkPAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

20/01/2024

Qui n’a jamais rien écrit contre ce qu’il doit respecter n’a point de rétractation à faire

... Entendez-vous, comprenez-vous ô ministres de tout poil ?

 

 

« A Gay de Noblac

30 mai 1768 1

Vous écrivez, monsieur, à M. de Voltaire, par votre lettre du 19 mai, que vous avez fait un petit ouvrage sur sa rétractation, et que vous le dédiez au chapitre de Saint-André. Il est trop malade pour avoir l’honneur de vous répondre. Je suis obligé de vous dire qu’il respecte fort le chapitre de Saint-André ; mais nous ne savons ici ce que c’est que cette rétractation prétendue. Les gazettes des pays étrangers sont souvent trompées par les nouvellistes de Paris, et trompent le public à leur tour : elles deviennent quelquefois les échos de la calomnie . Elles immolent les particuliers au public. M. de Voltaire, en s’acquittant le jour de Pâques, dans sa paroisse, d’un devoir auquel personne ne manque dans ce diocèse, entouré de protestants, avertit les assistants du danger de la reine, et fit prier Dieu pour elle. Il donna aussi quelques ordres qui regardaient la police. C’est sur cela, monsieur, que quelques plaisants de Paris ont écrit qu’il avait fait un sermon. Qui n’a jamais rien écrit contre ce qu’il doit respecter n’a point de rétractation à faire. Il sait, monsieur, que jeunes gens 2 inconsidérés mettent tous les jours sous son nom des brochures qu’il ne lit point. Son âge d'environ soixante-quinze ans devrait le mettre à l’abri de ces imposteurs. Occupé dans la plus profonde retraite du soin de soulager ses vassaux et de défricher des campagnes incultes, il n’a jamais daigné seulement confondre ces bruits populaires ; et moi, monsieur, je dois taire ce qu’il ne fait pas. Toute la province rend depuis douze ans le même témoignage que moi. Il n’appartient qu’à ses calomniateurs de se rétracter. On doit laisser les citoyens en repos, et surtout un homme de son âge. Il m’a dit qu’il vous remerciait de vos intentions, mais qu’il vous serait encore plus obligé de votre silence.

J’ai l’honneur d’être, etc. »

1 Minute autographe ; édition Supplément au recueil . V* a porté sur le manuscrit : « Réponse à M. Gay de Noblac à Bordeaux ».

2 Sic. Il faudrait sans doute ajouter l'article de ou les ; quoique le mot gens s'emploie encore assez souvent sans article au XVIIIè siècle ; dans ce cas , la phrase aurait un ton plaisant .