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11/01/2022

je n’en suis pas moins sensible à toutes les choses obligeantes que vous me dites, et que je voudrais bien mériter

... A vos commentaires ...

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« À Gay de Noblac

Au château de Ferney, près Genève, 9 octobre [1766] 1

Les maladies qui affligent ma vieillesse, monsieur, ne m’ont pas permis de répondre plus tôt à la lettre que vous avez bien voulu m’écrire le 4 septembre ; je n’en suis pas moins sensible à toutes les choses obligeantes que vous me dites, et que je voudrais bien mériter ; je les dois aux bontés dont M. le maréchal de Richelieu, votre gouverneur, m’honore. Je ne suis pas assez vain pour croire les mériter, mais je suis assez reconnaissant pour être honteux de vous avoir remercié si tard.

J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire. »

1 L'édition Beuchot indique que le destinataire est un avocat de Bordeaux ; sa lettre n'est pas connue .

Il n’y a point assurément de façon de pisser plus noble que celle de mon héros et le cardinal chez qui vous pissâtes, n’aurait pas eu votre générosité

... A chacun son héros !

* James se réserve le droit de ne pas nommer le sien (ça commence par V) .

Art et culture 2.....Qu'est-il passé par la tête des auteurs de ces statues  bizarres ? - Frawsy

Tête à tête avec distanciation sociale réglementaire : au moins deux jets de pisse .

Petite récréation : http://www.frawsy.net/art-et-culture-2-qu-est-il-passe-par-la-tete-des-auteurs-de-ces-statue-a118209058

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

8è octobre 1766 au château de Ferney

Il n’y a point assurément de façon de pisser plus noble que celle de mon héros  et le cardinal de Tencin, chez qui vous pissâtes, n’aurait pas eu votre générosité. Votre jeune homme 1 est arrivé dans mon couvent ; je l’y ai fait moine sur-le-champ ; il aura des livres à sa disposition. J’ai un ex-jésuite 2 qui a professé vingt années, et qui pourra lui donner de bons conseils sur ses études, et diriger sa conduite. J’ai le bonheur d’avoir une espèce de secrétaire 3 qui a beaucoup de mérite, et avec lequel il passera son temps agréablement. Toute notre maison vit dans une union parfaite ; il ne tiendra qu’à lui d’y être aussi consolé qu’on peut l’être quand on n’a pas le bonheur de vous faire sa cour. Il m’a paru vif, mais bon enfant . J’en aurai tous les soins que je dois à un jeune homme que vous protégez, et que vous daignez me recommander. S’il se tourne au bien, il n’aura d’obligation qu’à vos extrêmes bontés du bonheur de sa vie. C’est un enfant que le hasard vous a donné ; vous l’avez élevé et corrigé, et j’espère que vos bienfaits auront formé son cœur.

J’abuse de votre générosité, monseigneur. Puisqu’elle ne se dément point pour cet enfant, daignerez-vous l’employer pour une famille entière du pays que vous avez gouverné ? J’ai déjà pris la liberté d’implorer vos bontés pour les d’Espinas 4, gens de très bon lieu, nés avec du bien, appartenant aux plus honnêtes gens du pays, et réduits à l’état le plus cruel, après vingt-trois ans de galères, pour avoir donné à souper à un prédicant. Si on ne leur rend pas leur bien, il vaudrait mieux les remettre aux galères.

Vous pouvez avoir égaré le mémoire que j’avais eu l’honneur de vous envoyer ; souffrez que je vous en présente un second 5. Vous me demanderez de quoi je me mêle de solliciter toujours pour des huguenots . C’est que je vois tous les jours ces infortunés, c’est que je vois des familles dispersées et sans pain, c’est que cent personnes viennent crier et pleurer chez moi, et qu’il est impossible de n’en être pas ému.

On dit que vous allez chercher à Vienne une future reine. Vous ressemblez en tout au duc de Bellegarde, à cela près qu’il ne prenait point d’îles, et qu’il n’imposait pas des lois aux Anglais.

Agréez mon respect et mon attachement, qui ne finiront qu’avec ma vie.

V. »

1 Il s’appelait Claude Galien, et n'était apparemment pas fils naturel de Richelieu , et il se conduisit si mal chez Voltaire que celui-ci le renvoya honnêtement en le plaçant chez M. Hennin, résident de France à Genève. Hennin fut obligé de chasser Galien, qui se faisait appeler Galien de Salmoran (voyez les lettres à Hennin, des 4 et 13 janvier 1768 ; à Richelieu, des 6 et 22 du même mois). Galien alla en Hollande, où il publia la Rhétorique d’un homme d’esprit, 1792, in-8°., le Bréviaire des politiques, 1769 , et Le Spectacle de la nature, poème didactique, 1770 . En 1774 il sera en Russie .

Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-1.html

et : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-3.html

2 Le père Adam .

3 Jean-Louis Wagnière .

5 Voir la note de V* qu'on retrouve sur la copie Beaumarchais-Kehl  : « Affaires des religionnaires, Vivarais ; Intendance de Languedoc . Jean-Pierre Espinas, d’une honnête famille de Château-Neuf, paroisse de Saint-Félix, près de Vernons en Vivarais, ayant été vingt-trois ans aux galères pour avoir donné à souper et à coucher dans sa maison à un ministre de la religion prétendue réformée, et ayant obtenu sa délivrance par brevet du 23 de janvier 1763, se trouvant chargé d’une femme mourante et de trois enfants réduits à la mendicité, remontre très-humblement à Sa Majesté que son bien ayant été confisqué pendant vingt-six ans, à condition que la troisième partie en serait distraite pour l’entretien de ses enfants, jamais lesdits enfants n’ont joui de cette grâce. Il conjure Sa Majesté de daigner lui accorder la possession de son patrimoine, pour soulager sa vieillesse et sa famille. »

10/01/2022

On ne peut certainement entendre qu’un homme fasse mieux une chose que ceux qui ne la font pas

... Il y a ceux qui font et ceux qui disent qu'ils feront .

 

 

« A Claire-Josèphe-Hippolyte Léris de La Tude Clairon

8 octobre [1766] 1

On ne peut certainement entendre qu’un homme fasse mieux une chose que ceux qui ne la font pas. On ne peut entendre qu’une pièce soit mieux représentée par ceux qui y jouent que par ceux qui n’y jouent pas. On doit encore moins entendre que des personnes du monde, qui jouent la comédie pour leur plaisir, aient des talents supérieurs à ceux des plus grands acteurs de Paris.

Ce qu’il faut encore moins entendre, c’est qu’on ait prétendu comparer personne à Mlle Clairon.

Ce qu’il faut surtout entendre, et ce qui est d’une vérité incontestable, c’est qu’on a pour Mlle Clairon tous les sentiments qu’elle mérite et qu’on ne démentira jamais. Le pauvre vieillard lui sera toujours attaché avec des sentiments aussi vifs que s’il était jeune . Il admirera ses talents, et il admirera encore la force qu’elle eut d’en priver 2 un public ingrat ; il aimera sa personne jusqu’au dernier moment de sa vie. »

1 Cette lettre a été publiée pour la première fois dans le Supplément au recueil des Lettres de M. de Voltaire (1808, deux volumes in-8° ou in-12), comme adressée à Mlle Clairon. Elle porte l’adresse de Thibouville dans l’édition des Œuvres de Voltaire en douze volumes in-8°. Beuchot lui a conservé l’adresse à Mlle Clairon, et l’a placée au 8 octobre 1760 , corrigé par Moland selon la copie portant la date 1766,elle ne peut être que de 1766.

Note de Beuchot : « Il est à croire que cette actrice n’avait pas été flattée de la comparaison que Voltaire établissait parfois entre elle et Mme Denis, sa nièce. »

09/01/2022

Je sais que tous les libelles de Hollande tombent avec le temps dans l'oubli

... Tout le monde le sait depuis belle lurette, il n'y a que lui pour se croire encore persona grata .

François Hollande | Les humeurs d'Oli

 

 

 

« A Antoine Maillet du Clairon 1

Au château de Ferney, par Genève, 6 octobre 1766 2

Je suis votre confrère en littérature, monsieur ; j'ai le même protecteur que vous en la personne de M. le duc de Praslin . Voilà mes deux titres pour vous supplier de me rendre un bon office .

On a imprimé à Amsterdam, chez Marc-Michel Rey, sous le nom de Genève, un livre intitulé Lettres de M. de Voltaire à ses amis du Parnasse . Il se trouve que ces prétendus amis du Parnasse sont : le roi de Prusse, le feu roi de Pologne Stanislas, l’Électeur palatin, le duc de Bouillon, le duc de La Vallière, etc. ; il y a aussi plusieurs lettres à des particuliers . On les a toutes altérées et empoisonnées par les traits les plus calomnieux ; on y a mis des notes encore plus outrageantes . Je suis dans la douloureuse nécessité de me justifier contre ce libelle scandaleux . Vous êtes dans Amsterdam, et vous êtes à portée, monsieur, d'être informé du nom de l'éditeur . Tout ce que je lui demanderais, ce serait qu'il réparât une conduite si atroce, en avouant du moins qu'il s'est trompé . Je sais que tous les libelles de Hollande tombent avec le temps dans l'oubli, mais celui-ci peut me faire grand tort pour le temps présent , et il est essentiel que je désabuse les personnes que cet éditeur offense dans cette malheureuse édition . Je vous serai très obligé de vouloir bien me faire part des lumières que vous aurez acquises sur cette petite affaire . Pardonnez à mon importunité et agréez les sentiments de reconnaissance avec lesquels je serai toute ma vie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi . »

2Original signé conservé aux archives de l'académie de Mâcon, mais non retrouvé ; on suit l'édition Gaudier : « Communication […] destinée à être lue au prochain congrès des sociétés savantes » ; Annales de l'académie de Mâcon, 1870, X, 123.

08/01/2022

Je ne me rebute point, mais je suis fort affligé

... Sidney Poitier est mort . Bêtement, inculte que je suis,  je le croyais déjà au paradis des grands acteurs . Je n'ai pas vu tous ses films, malheureusement, et j'espère qu'en hommage certains seront diffusés très prochainement . J'ai un excellent souvenir de "La Chaine" et plus encore de "Dans la chaleur de la nuit"  et "Devine qui vient dîner.

Comme voeux pour 2022, je nous souhaite d'avoir encore de tels acteurs/trices .

https://www.lefigaro.fr/cinema/sidney-poitier-est-mort-ho...

Sidney Poitier - Cinéma Passion

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

6è octobre 1766 1

Vraiment, mes adorables anges, je ne suis pas étonné que le prophète Élie de Beaumont ne vous ait pas envoyé son mémoire pour les Sirven . La raison en est bien claire, c’est que ce mémoire n’est pas encore fait. Il m’avait mandé, il y a près de deux mois, qu’il l’avait remis entre les mains de plusieurs avocats pour le signer, et M. Damilaville lui avait déjà donné quelque argent de ma part . Je croyais même déjà l’ouvrage imprimé, je me hâtais de demander un rapporteur, je sollicitais votre protection et celle de vos amis ; mais enfin il s’est trouvé que Beaumont avait pris le futur pour le passé. Je vois qu’il a été un peu désorienté par deux causes malheureuses qu’il a perdues coup sur coup. Il ne faudrait pas que le défenseur des Calas se chargeât jamais d’une cause équivoque . Celle des Sirven lui aurait fait un honneur infini.

Il a encore, comme vous savez, un procès très intéressant au nom de sa femme ; mais je tremble encore pour ce procès-là . Il a le malheur d’y réclamer les lois rigoureuses contre les protestants, lois dont il avait tant fait sentir la dureté, non seulement dans l’affaire des Calas, mais dans une autre encore que je lui avais confiée. Cette funeste coutume des avocats de soutenir ainsi le pour et le contre pourra lui faire grand tort, et en fera sûrement à la cause des Sirven . Cependant l’affaire est entamée, il la faut suivre. J’ai obtenu pour cette malheureuse famille Sirven la protection de plusieurs princes étrangers ; je leur ai écrit que le factum était prêt . S’il ne paraît pas, ils seront en droit de croire que je les ai trompés. Je ne me rebute point, mais je suis fort affligé.

Je ne le suis pas moins que vous n’ayez pas reçu le commentaire sur les délits et les peines 2, par M. Christin, avocat de Besançon. Je sais bien que M. Jeannel a des ordres positifs de ne laisser passer aucune brochure suspecte par la voie de la poste ; mais cette brochure est très sage, elle me paraît instructive ; il n’y a aucun mot qui puisse choquer le gouvernement de France, ni aucun gouvernement. Je reçois tous les jours, par la poste, tous les imprimés qui paraissent ; on les laisse tous arriver sans aucune difficulté. Je ne vois pas pourquoi l’on défendrait le transport des pensées de province à Paris, tandis qu’on permet l’exportation de Paris en province.

Je suis encore plus surpris qu’on n’ait pas respecté l’enveloppe de M. de Courteilles, et que l’on prive un conseiller d’État d’un écrit sur la jurisprudence. Vous recevrez cet écrit par quelque autre voie, et vous jugerez si on doit le traiter avec tant de rigueur.

Vous n’ignorez pas qu’on a fait en Hollande deux éditions de quelques-unes de mes lettres, qu’on a cruellement falsifiées, et auxquelles on a joint des notes d’une insolence punissable contre les personnes du royaume les plus respectables. On m’a conseillé de m’adresser à un nommé M. du Clairon 3, qui est, dit-on, actuellement commissaire de la marine, ou consul à Amsterdam ; il est auteur d’une tragédie de Cromwell, qu’il a dédiée à M. le duc de Praslin. Je ne veux pas croire qu’il soit trop instruit du mystère de cette abominable édition ; mais je crois qu’il peut aisément se procurer des lumières sur l’éditeur.

M. le prince de Soubise, et plusieurs antres personnes d’une grande distinction, sont très outragés dans ces lettres. Il est nécessaire que je mette au moins dans les journaux un avertissement 4 qui démontre et qui confonde la calomnie. Heureusement les preuves sont nettes et claires ; j’ai en main les certificats de ceux à qui j’avais écrit ces lettres, qu’un faussaire a défigurées. J’espère que M. du Clairon, qui est sur les lieux, voudra bien me donner des éclaircissements sur cette manœuvre infâme. Je lui écris 5 qu’ayant, comme lui, M. le duc de Praslin pour protecteur, j’ai quelque droit d’espérer ses bons offices, dans cette conjoncture, à l’abri d’une telle protection ; que le livre est imprimé par Michel Rey, imprimeur de Jean-Jacques Rousseau, à Amsterdam ; que Jean-Jacques y est loué 6, et les hommes les plus respectables chargés d’outrages ; que je le supplie de vouloir bien me donner sur cette œuvre d’iniquité les notions qu’il pourra acquérir, et que tous les honnêtes gens lui en auront obligation. Je me flatte que M. le duc de Praslin permettra la liberté que je prends de dire un mot dans cette lettre de mon attachement pour lui, et de la protection dont il m’honore. »

1 L'édition de Kehl , suivie des autres éditions,date par erreur du 8 octobre et supprime le nom de Christin au début du troisième paragraphe .

5 La lettre est perdue.

6 Dans une note de la page 122 des Lettres […], éditeur appelle J.-J. Rousseau un « homme bien plus célèbre encore [que Jean-Baptiste Rousseau] autant par ses rares talents et son éloquence, que par ses paradoxes ingénieux et séduisants, et par les barbares persécutions qu'il éprouve de son indigne patrie et de ses infâmes juges . »

07/01/2022

c'est le plus infâme calomniateur qui ait jamais barbouillé du papier

... Jon Stewart , esprit infâme et capable de voir les pires mauvaises intentions chez les autres alors qu'elles ne sont que les siennes . Il faut être bien naze pour confondre fiction et réalité, voir de l'antisémitisme dans un film de haute fantaisie : https://www.lefigaro.fr/culture/j-k-rowling-jugee-antisem...

Il est aussi fondamentalement lâche .

Jon Stewart | Villain, Funny caricatures, Caricature

 

 

 

« A Jacques Lacombe, Libraire

Quai de Conti

à Paris

1er octobre 1766

Mon ami, monsieur, m'envoie encore une petite correction qui lui paraît nécessaire aussi bien qu'à moi . C'est à la fin du quatrième acte .

C’est ainsi qu'à Pompée il faut être fidèle.

Nous verrons, si le ciel après tant de malheurs

Ne voudra pas enfin seconder mes fureurs .

Je lui avais dit que je trouvais ces deux derniers vers trop communs, et qu'il faut éviter ces expressions et ces rimes qui trainent partout . Voici comme il les a corrigés .

C'est ainsi qu'à Pompée il faut être fidèle,

Pour moi, digne de vivre et mourir votre époux,

Je leur vendrai bien cher des jours qui sont à vous.

etc.

Vous aurez probablement,monsieur, le temps de porter ce petit changement sur la pièce que vous voulez bien imprimer . Si ma lettre arrive trop tard vous êtes prié d'ordonner un carton d'un feuillet entier afin que cela soit plus propre . Pardonnez à mon zèle pour mon ami si je vous donne tant de peine pour si peu de chose . J'espère recevoir bientôt la déclaration que je vous ai demandée 1 sur une lettre que je vous écrivis il y a longtemps à propos de la reine Christine . Je vous serais très obligé si vous pouviez me donner quelques notions sur l'éditeur . C'est sûrement quelque regrattier du Parnasse de Paris , car il paraît assez bien connaître votre littérature, mais c'est le plus infâme calomniateur qui ait jamais barbouillé du papier .

Je vous embrasse de tout mon cœur en supprimant toujours les cérémonies en faveur du sentiment . »

06/01/2022

N'importe il faut aller en avant ...Je n’ai d’autre ressource que dans la vérité ; il faut qu’elle paraisse du moins aux yeux des ministres 

... Mister président dixit (ou presque) . Maître Castex semble bien l'avoir compris et ses coups de gueule valent bien ceux de l'opposition, nous sommes en régime coups pour coups .

Près de 14 000 nouveaux infectés par heure, plus de 230 chaque minute, soit au moins 34 600 pendant la rédaction et mise en ligne de cette note ! Et il en est encore qui pleurnichent parce qu'on les empêche de nuire . Ces hors-la-loi vont sentir le vent du boulet , et puisqu'il le faudra, les coups de pied au cul .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

1er octobre 1766 1

Je vous envoie, mon cher ami, cette lettre ouverte pour M. de Beaumont 2, que je vous supplie de lire. Il s’est chargé de trois affaires fort équivoques, qui feront grand tort à la cause des Sirven. Il y a un parti violent contre lui . On a surtout prévenu les deux Tronchin. On s’irrite de le voir invoquer une loi cruelle 3 contre les protestants mêmes qu’il a défendus . On dit que sa femme, étant née protestante, devait réclamer cette loi moins qu’une autre. On prétend que l’acquéreur de la terre de Canon 4 est de bonne foi, et que les terres en Normandie ne se vendent jamais plus que le denier vingt. On assure que le brevet obtenu par l’acquéreur le met à l’abri de toutes recherches, et que la même faveur qui lui a fait obtenir son brevet lui fera gagner sa cause.

Je vous confie mes alarmes. L’odieux qu’on jette sur cette affaire nuira beaucoup à celle des Sirven, je le vois évidemment , mais plus nous attendrons, plus nous trouverons le public refroidi ; et d’ailleurs les démarches que j’ai faites exigent absolument que le mémoire soit imprimé sans délai ; si M. de Beaumont est à la campagne, il n’a d’autre parti à prendre que de vous confier le mémoire, que vous ferez imprimer par Merlin. Il se serait bien mieux vendu s'il avait paru avant l'affaire de M. de La Luzerne . C'est un malheur attaché au mérite ; mais les Sirven en souffriront . N'importe il faut aller en avant . La protection de MM. les ducs de Choiseul et de Praslin nous soutiendra . Nous aurons la protection de M. le comte de Saint Florentin . Enfin nous sommes engagés et nous n'avons pas un moment à perdre .

J’ai enfin reçu le certificat 5 de M. Deodati . J’aurai celui 6 de Lacombe par le premier ordinaire. Il est essentiel de confondre la calomnie , car en brisant une de ses flèches, on brise toutes les autres. Il paraît tous les jours des livres qu’on ne manque pas de m’imputer. Il faudrait que je ressemblasse à Esdras 7, et que je dictasse jour et nuit, pour faire la dixième partie des écrits dont l’imposture me charge. On poursuit avec acharnement ma vieillesse ; on empoisonne mes derniers jours. Je n’ai d’autre ressource que dans la vérité ; il faut qu’elle paraisse du moins aux yeux des ministres ; ils jugeront de toutes ces calomnies par celles de l’éditeur de mes prétendues lettres. C’est un service qu’il m’aura rendu, et qui pourra servir de bouclier contre les traits dont on accable les pauvres philosophes. Est-il bien vrai qu'on a mené à la Bastille deux hommes pris à Nancy qu'on dit s'être défendus longtemps contre les preneurs ?

On a annoncé le livre de Fréret 8 dans la Gazette d’Avignon ; on y dit, à la vérité, que le livre est dangereux, mais qu’il y a beaucoup de modération et de profondeur.

Adieu, mon cher ami ; je vous embrasse aussi tendrement que je vous regrette.

Je vous demande en grâce de m’envoyer, par la première poste, le factum de M. de La Roque contre M. de Beaumont 9, car je veux absolument juger ce procès au tribunal de ma conscience. »

1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais omet deux passages : Il se serait mieux vendu […] à perdre , et Est-il bien vrai [,,,] preneurs ? Le cinquième paragraphe omis sur la copie est cependant bien imprimé .

2 Lettre manquante .

4 Département du Calvados. Élie de Beaumont y fonda un prix pour une rosière. L’abbé Le Monnier a publié un opuscule intitulé Fêtes des bonnes gens de Canon, et des Rosières de Briquebec et de Saint-Sauveur-le-Vicomte ; 1778, in-8° : https://books.google.bj/books?id=VKIvyr2S_ioC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

5 Il fait partie de l’Appel au public, page 579 : https://fr.wikisource.org/wiki/Appel_au_public/%C3%89dition_Garnier

6 Il n’est pas dans l’Appel au public.

8 L’Examen critique des Apologistes de la religion chrétienne ; voyez lettre du 1er avril 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/06/m-6325583.html

9 Dans le procès dont il est parlé au commencement de cette lettre, voir : https://archives.calvados.fr/ark:/52329/sr8wcdt0n4pb/f0383e89-0710-4e81-a8c6-69d5c16ead83