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07/01/2021

Malheur à tous ceux qui viennent les derniers, dans quelque genre que ce puisse être ! l’attention du public n’est plus pour eux

... Permettez-moi de mettre en vedette un qui n'est pas dernier et qui  me semble ne plus être écouté, surtout pour ses oeuvres engagées . Passez un bon moment avec Pierre Perret : https://www.youtube.com/watch?v=FrQSxMIGSHg

Humour Liberté" : Pierre Perret estime vivre dans "un monde qui l'inquiète"

Merci Pierrot et bravo .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

9 septembre 1765

Notre résident Montpéroux vient de mourir 1 ; à qui donnera-t-on cette place ? Je voudrais bien que ce fût à un philosophe. Plusieurs personnes la demandent. Je ne connais point du tout par moi-même M. Astier, qui est en Hollande, et qui a, dit-on, bien servi ; mais je sais qu’il est fort sage et fort paisible. Il est sans doute convenable de ne pas envoyer dans cette ville un bigot fanatique.

Je songe à ce pauvre Tercier, qui a perdu si mal à propos sa place 2 pour avoir approuvé un livre médiocre , qui n’était que la paraphrase des Pensées de [La] Rochefoucauld. Si nous pouvions l’avoir, ce serait une grande consolation. Quoi qu’il en soit, je supplie instamment mes anges de nous envoyer un résident philosophe.

M. de Chauvelin, l’ambassadeur à Turin, m’a mandé qu’il vous enverrait la petite drôlerie de l’ex-jésuite : mais à quoi vous servira-t-elle, mes divins anges ? Cet exemplaire est, à la vérité, un peu plus complet que le vôtre ; mais il y a encore beaucoup de choses à corriger. Ne vaudrait-il pas mieux renvoyer au petit prêtre sa guenille en droiture ? Je vous ai déjà dit 3 que je recevais sans difficulté les paquets contresignés qui m’étaient adressés. Et où serait le mal quand on enjoliverait ce paquet d’une demi-feuille de papier, dans laquelle on écrirait :  Voilà ce que M. le duc de Praslin, vous envoie ; il trouve vos vers fort mauvais, et vous recommande de les corriger,  ou telle autre chose semblable ? Il me semble que cette grande affaire d’État peut se traiter très facilement par la poste ; on renverra le tout avec une préface des plus honnêtes, et toutes les indications nécessaires à l’ami Lekain.

Je suis toujours très émerveillé de la défense qu’on a faite au roi de donner le privilège à madame Calas de vendre une estampe. J’ai déjà fait quelques souscriptions dans ma retraite, et M. Tronchin en a fait bien davantage, comme de raison. Je plains bien mes pauvres Sirven. Malheur à tous ceux qui viennent les derniers, dans quelque genre que ce puisse être ! l’attention du public n’est plus pour eux. Il faudrait à présent avoir eu deux hommes roués dans sa famille pour faire quelque éclat dans le monde.

Je m’imagine que l’affaire des dîmes sera décidée à Fontainebleau. Il en est de cette besogne comme de celle de l’ex-jésuite ; il n’importe en quel temps elles finissent, pourvu que mes anges et M. le duc de Praslin les favorisent toutes deux.

Tout ce qui est dans ma petite retraite se met au bout des ailes de mes anges.

V. »



1 Mort le 7 septembre ; son successeur est Hennin ; voir lettre du 29 septembre 1765 à Hennin : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/10/correspondance-annee-1765-partie-29.html

06/01/2021

je ne désapprouve pas qu’on dise bénédicité , mais je souhaite qu’on s’en tienne là, parce que si l’on va plus loin, on ne s’entend plus ; l’assemblée devient cohue et on dispute à chaque service

... Bénédicité à la scout : "Ego sum pauper" : oui, surtout en esprit :

Benedicite ! Pauperibus saturabuntur…
Que vienne votre Bénédiction,
Et que les pauvres en soient rassasiés. 

Ridicule , à en pleurer ! Rassasiés ? les pauvres en ont même une indigestion . Ô religieux de tout poil comment faites-vous pour trouver des âneries pareilles ?

On peut, heureusement, parfois trouver un poil d'humour catho : https://fr.calameo.com/read/00292724462ae09cdaf3c

 

 

 

« A Henri-Jean-Baptiste Fabry de Moncault, comte d'Autrey 1

6è septembre 1765

Ce n’est donc plus le temps, monsieur, où les Pythagore voyageaient pour aller enseigner les pauvres Indiens 2 ; vous préférez votre campagne à mes masures. Soyez bien persuadé que je mourrai très affligé de ne vous avoir point vu. J’ai eu l’honneur de passer quelque temps de ma vie avec madame votre mère 3 dont vous avez tout l’esprit avec beaucoup plus de philosophie.

Si j’avais pu vous posséder cet automne, vous auriez trouvé chez moi un philosophe 4 qui vous aurait tenu tête, et qui mérite de se battre avec vous . Pour moi, je vous aurais écouté l’un et l’autre, et je ne me serais point battu . J’aurais tâché seulement de vous faire une bonne chère plus simple que délicate. Il y a des nourritures fort anciennes et fort bonnes, dont tous les sages de l’antiquité se sont toujours bien trouvés. Vous les aimez, et j’en mangerais volontiers avec vous ; mais j’avoue que mon estomac ne s’accommode point de la nouvelle cuisine. Je ne puis souffrir un ris de veau qui nage dans une sauce salée, laquelle s’élève quinze lignes au-dessus de ce petit ris de veau. Je ne puis manger d’un hachis composé de coq d'Inde, de lièvre, et de lapin, qu’on veut me faire prendre pour une seule viande . Je n’aime ni le pigeon à la crapaudine, ni le pain qui n’a pas de croûte. Je bois du vin modérément, et je trouve fort étranges les gens qui mangent sans boire, et qui ne savent pas même ce qu’ils mangent.

Je ne vous dissimulerai pas même que je n’aime point du tout, qu’on se parle à l’oreille, quand on est à table, et qu’on dise ce qu’on a fait hier à son voisin, qui ne s’en soucie guère ou qui en abuse ; je ne désapprouve pas qu’on dise bénédicité , mais je souhaite qu’on s’en tienne là, parce que si l’on va plus loin, on ne s’entend plus ; l’assemblée devient cohue et on dispute à chaque service.

Quant aux cuisiniers, je ne saurais supporter l’essence de jambon, ni l’excès des morilles, des champignons, et de poivre et de muscade, avec lesquels ils déguisent des mets très sains en eux-mêmes, et que je ne voudrais pas seulement qu’on lardât.

Il y a des gens qui vous mettent sur la table un grand surtout 5 où il est défendu de toucher ; cela m’a paru très incivil ; on ne doit servir un plat à son hôte que pour qu’il en mange ; et il est fort injuste de se brouiller avec lui, parce qu’il aura entamé un cédrat qu’on lui aura présenté . Et puis, quand on s’est brouillé pour un cédrat, il faut se raccommoder et faire une paix plâtrée 6, souvent pire que l’inimitié déclarée.

Je veux que le pain soit cuit au four, et jamais dans un privé. Vous auriez des figues au fruit, mais dans la saison.7

Un souper sans apprêts, tel que je le propose, fait espérer un sommeil fort doux et fort plein, qui ne sera troublé par aucun songe désagréable.

Voilà, monsieur, comme je désirerais d’avoir l’honneur de manger avec vous. Je suis un peu malade à présent ; je n’ai pas grand appétit, mais vous m’en donneriez et vous me feriez trouver plus de goût à mes simples aliments.

Madame Denis est très sensible à l’honneur de votre souvenir. Elle est entièrement à mon régime. C’est d’ailleurs une fort bonne actrice ; vous en auriez été content dans une assez mauvaise pièce à la grecque, intitulée Oreste, et vous l’auriez écoutée avec plaisir, même à côté de mademoiselle Clairon.

Conservez-moi au moins vos bontés, si vous me refuser votre présence réelle.

V. »

2Ceci fait penser à l'Aventure indienne et suggère que ce qui suit a une valeur symbolique . Tous les détails culinaires suivants peuvent être interprétés comme des symboles de l'Eucharistie, du déisme et athéisme (antiquité et « nouvelle cuisine » ), confession, etc . dont V* se moque . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Aventure_indienne

3 Marie-Thérèse Fleuriau d'Armenonville : voir https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=marie+therese&n=fleuriau+d+armenonville

Elle est mentionnée dans une lettre du 23 octobre 1734 de la marquise Emilie du Châtelet au comte de Forcalquier : https://www.ader-paris.fr/lot/103637/12608654?npp=50&offset=50&

4 Damilaville ; le 6 août 1765, Cramer écrit à Grimm : « Je pense tout le bien possible de la personne qui va venir ici [...] mais je vous avoue que je ne suis pas content de voir que l'on abuse des passions d'un homme dont on se fait l'apôtre et dont on se dit l'ami ; que l'on échauffe sa tête sur le point qui la rend plus inflammable, tandis que nous ne pouvons pas suffire ici à jeter de l'eau dessus ; en un mot qu'on l'excite à faire des folies dangereuses, et qu'on lui en fasse faire tous les jours . Il est bien déplorable, il est bien abominable qu'un homme pour qui la nature et la fortune Se sont épuisées [...] passe sa vie à faire des sottises, à les replâtrer, à les nier, à s'en vanter, et finisse toujours par mourir de peur ... »

5 « Grande pièce de vaisselle qui couvre le milieu d'une table pendant le repas et que laquelle on met des fleurs, des fruits, etc. »

6 Expression employée par Mme de Sévigné : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62940272/texteBrut, lettre XXXVI .

Plâtrer ici c'est « revêtir d'un apparence spécieuse », comme on le trouve chez le Tartuffe de Molière :  « Sous le dehors plâtré d'un zèle spécieux. », Ac. I, sc. 5, vers 360, http://www.toutmoliere.net/img/pdf/tartuffe.pdf

7 Ce paragraphe et les deux suivants sont à interpréter à la façon du « catéchisme du Japonais » du Dictionnaire philosophique . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_philosophique/Garnier_(1878)/Cat%C3%A9chisme_du_Japonais

05/01/2021

Je ne puis regarder la défense que comme une folie passagère qu'on aura honte de soutenir

... La défense d'aller au cinéma, au théâtre, et tous lieux où on sait pourtant dispenser les précautions anti-contagion et qui malgré tout sont encore mis sous cloche , alors que les transports en commun vont leur train-train quotidien [NDLR - blague SNCF] .

Il est vrai que la honte d'un ministre est aussi fréquente que mes gains au loto . Comment notre cher ministre de l'Intérieur s'est-il fait berner par une bande de 2000 jeunes cons fêtards à  Lieuron dans le même temps que les forces de police et gendarmerie verbalisaient dans le reste du pays les "dangereux"  contrevenants au couvre-feu ?

https://www.20minutes.fr/societe/2944783-20210104-rave-pa...

✏️DADOU (@davidbuonomo) | Twitter

Clin d'oeil : https://www.francebleu.fr/emissions/l-humeur-de-willy-rovelli

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

6 septembre 1765

Mon cher frère, je croyais l'affaire de l'estampe accommodée . J'avoue qu'il s'est passé dans le monde des choses plus barbares, comme par exemple les massacres de Josué, les proscriptions de Sylla , celle du Triumvirat, la Saint-Barthélémy , etc., etc., etc., mais je n'ai jamais entendu parler d'une chose si injuste, si ridicule .

J'ai déjà fait une cinquantaine de souscriptions dans ma masure, et M. Tronchin doit en avoir fait quatre fois autant . Je ne puis regarder la défense que comme une folie passagère qu'on aura honte de soutenir .

Le philosophe qui est chez moi 1 et qui n'est pas philosophe de Môtiers-Travers, s'est emparé de tous les exemplaires des petits versiculets faits à l'honneur de Mlle Clairon . Il vous en fera tenir ou il vous en portera lui-même .

Mettez-moi, je vous prie, aux pieds de ma philosophe . Je suis assez barbare pour lui souhaiter une maladie qui la fasse revenir à Genève . Je ne peux vous écrire de ma main . Je suis bien faible mais mes sentiments pour vous ne le sont pas . »

1 Damilaville .

04/01/2021

il faut vivre et mourir dans l’amour de la vérité

... No comment . Même si ce n'est pas toujours facile .

-- C'est vrai ! : https://www.youtube.com/watch?v=LdcASSiZO1w

-- Oui c'est bien vrai ça ! dit la Mère Denis ( mais pas Marie-Louise ) : https://www.youtube.com/watch?v=s4g2CVdGjj0

-- Oui c'est bien vrai de vrai ! : https://www.youtube.com/watch?v=pCnMTbLotls

... Paroles de femmes : optimistes .

-- Et puis voilà le "C'est pas vrai ! " d'un homme , réaliste, pessimiste : https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=c%...

... Vivent les femmes !

Chrysanthèmes : diversité de formes et de couleurs

Chrysanthèmes, symboles de la vérité constante ! Funny , is n't it ?

 

 

 

« A Charles -Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

4 septembre 1765.

Premièrement, mes divins anges sauront que c’est la chose du monde la plus aisée d’envoyer au suppliant un paquet de vers contre-signé.

Secundo, que je renverrai sur-le-champ en droiture, à M. le duc de Praslin, la pièce entière dûment corrigée, avec la préface honnête et modeste du petit ex-jésuite , et si mes anges sont contents, ils remettront le tout à Lekain, qui saisira le temps le plus favorable pour imprimer l’ouvrage à son profit, supposé qu’il puisse y avoir du profit, et que le public ne soit pas lassé de tant d’œuvres dramatiques.

Troisièmement, mes anges me permettront-ils de leur présenter la pancarte ci-jointe ?1 M. Fabry, dont il est question, a rendu en effet des services, en réglant les limites de la France, de la Suisse, et de Genève. Si mes anges ont la bonté de m’assurer des intentions favorables de M. le duc de Praslin, je serai bien content, et je ferai grand plaisir à M. Fabry.

Notre résident se porte mieux, mais M. Tronchin ne croit pas qu’il en réchappe . Il peut se tromper, tout grand médecin qu’il est. Vingt personnes demandent déjà cette place.

Je crois que M. le duc de Praslin est instruit du mérite de M. Astier, qui est employé depuis longtemps 2. Je ne le connais pas, mais je sais qu’il est tout à fait pour la bonne cause, et extrêmement circonspect.

Je suis extrêmement content de M. Damilaville ; c’est un homme d’une probité courageuse.

Il faut vous dire un petit mot de la vertu de Jean-Jacques Rousseau, qui est dans un autre goût.

Il vient d’être avéré que, pour être admis à la communion des fidèles dans le village où il aboie, il a promis, par un écrit signé de sa main, qu’il écrirait contre le livre abominable d’Helvétius . Son curé, avec lequel il s’est brouillé, comme avec le reste du monde, a été obligé de faire imprimer cette belle promesse . Il est bien triste pour la philosophie que ce misérable en ait pris le manteau pendant quelque temps , mais il ne faut pas que Platon cesse de philosopher parce que le chien de Diogène veut mordre ; il faut vivre et mourir dans l’amour de la vérité.

Je baise plus que jamais le bout des ailes de mes anges. »

1  Lettre non connue destinée sans doute à Choiseul, dans laquelle V* demande quelque distinction pour Fabry . Le 23 décembre 1768, Du Pan écrit à Freudenreich que Fabry « était allé à Paris recevoir le cordon de Saint-Michel et les ordres de M. de Choiseul. »

2 En Hollande .

03/01/2021

J'espère que la démarche inattendue du Parlement ne servira qu'à augmenter l'empressement du public

... Vous allez me trouver monomaniaque, mais là encore je vois une incitation , tout à fait raisonnable, à se faire vacciner contre ce méchant Covid-19, pour autant que le Parlement nous surprenne par une exemplarité inhabituelle jusqu'à présent .

Hélas , la réalité est là, notre lenteur bureaucratique proverbiale  justifie la colère du président : https://www.bfmtv.com/politique/pas-a-la-hauteur-des-francais-la-colere-de-macron-sur-la-lenteur-de-la-campagne-de-vaccination_AN-202101030018.html

soutenue par celle du  monde médical : https://www.lci.fr/sante/covid-19-coronavirus-pandemie-fi...

 

 

 

« A Charles Manoël de Végobre Avocat

à Genève

Ferney 3è septembre 1765

La lettre dont vous m'honorez, monsieur, me confirme dans mon sentiment ; on est bien ferme dans son opinion quand elle est autorisée par vous . J'ai écrit plusieurs fois à Lausanne à M. Seigneux de Correvon tout ce que vous me faites l'honneur de me mander . Je lui ai fourni quelques pièces intéressantes, qui ne sont point connues . Je lui ai conseillé de ne pas imprimer tout ce grand nombre de factums qui disent tous la même chose . Il s'est chargé de faire une préface historique telle que vous semblez la demander . Je n'ai aucun commerce avec ce Grasset qui ne mérite assurément pas qu'on en ai avec lui . Je crois que vous ne ferez pas mal de représenter à M. de Correvon les mêmes choses que vous avez bien voulu m'écrire .

Quant à l'estampe de Mme Calas j’ai déjà quelques souscriptions , et M. Tronchin étant à Genève en a bien davantage . Elles avaient à Paris la plus grande vogue . J'espère que la démarche inattendue du Parlement ne servira qu'à augmenter l'empressement du public . Cette entreprise seule est capable de dédommager amplement la famille Calas .

Permettez que je vous adresse pour la respectable veuve, ce petit billet que M. Debrus mettra dans son paquet, ou que vous mettrez dans le vôtre, si vous écrivez à Paris .

J'ai l'honneur d'être avec tous le sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

02/01/2021

J’accepte, monsieur, la proposition que vous me faites ... Quand j’aurai besoin d’argent, je vous en demanderai

... Entendez-vous monsieur Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance ?

 

 

« A Jacob Bouthillier de Beaumont

à Genève

Je prends la liberté, monsieur, d’être très fâché contre vous . M. Bernoulli 1 a dîné à Sacconex, au lieu de me faire l’honneur de dîner chez moi. Cela n’est pas bien ; il doit savoir combien je respecte  son nom.

J’accepte, monsieur, la proposition que vous me faites. Vous pouvez garder quinze mille livres, et à l’égard des dix louis légers, vous pouvez me les envoyer avec l’appoint, jusqu’à concurrence de 291 livres à votre loisir ; et les 15 000 livres net vous resteront aux conditions que vous proposez. Quand j’aurai besoin d’argent, je vous en demanderai.

J’ai l’honneur d’être bien sincèrement, monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

A Ferney 3 septembre 1765. »

01/01/2021

Alcibiade peut avoir fait quelques sottises, mais Alcibiade a fait de belles choses . Aussi le préfère-t-on à tous les citoyens inutiles qui n’ont fait ni bien ni mal

... Emmanuel Macron  peut "avoir fait quelques sottises, mais ... " etc., etc. 

Faute de grives, mangeons des merles et accordons le bénéfice à celui qui fait plutôt qu'à celui qui stagne . Et vaccinons-nous !

BONNE SANTE  

ET  

TOUT LE RESTE A L'AVENANT

Cartes de voeux 2021 pour entreprises - Voeux professionnel

Dans le bon sens  ...

 

 

« A Charles Michel, marquis du Plessis-Villette

1er septembre [1765] 1

Il y a longtemps, monsieur, que je médite de vous écrire. Le séjour de Mlle Clairon m’a un peu dérangé ; et après son départ il a fallu réparer le temps que les plaisirs avaient dérobé à ma philosophie.

Je ne connaissais point le mérite de Mlle Clairon ; je n’avais pas même l’idée d’un jeu si animé et si parfait. J’avais été accoutumé à cette froide déclamation de nos froids théâtres, et je n’avais vu que des acteurs récitant des vers à d’autres acteurs, dans un petit cercle entouré de petits-maîtres.

Mlle Clairon m’a dit que ni elle ni Mlle Dumesnil n’avaient déployé l’action dont la scène est susceptible que depuis que M. le comte de Lauraguais a rendu au public, assez ingrat, le service de payer de son argent la liberté du théâtre et la beauté du spectacle 2. Pourquoi nul autre homme que lui n’a-t-il contribué à cette magnificence nécessaire ? et pourquoi ce même public s’est-il plus souvenu de quelques fautes de M. de Lauraguais 3 que de sa générosité et de son goût pour les arts ? Les torts qu’un homme peut avoir dans l’intérieur de sa famille ne regardent que sa famille ; les bienfaits publics regardent tous les honnêtes gens. Alcibiade peut avoir fait quelques sottises, mais Alcibiade a fait de belles choses . Aussi le préfère-t-on à tous les citoyens inutiles qui n’ont fait ni bien ni mal.

Je ne sais pas encore quelle espèce de vie vous mènerez ; mais comme je ne vous ai vu faire que des actions généreuses, comme vous avez un cœur sensible et beaucoup d’esprit, et que par-dessus tout cela vous allez être très riche, vous devez bien vous attendre qu’on épluchera votre conduite. Vous vous trouverez entre la flatterie et l’envie, mais j’espère que vous vous démêlerez très habilement de l’une et de l’autre. Pardonnez à ma petite morale.

Je ne vous envoie point les versiculets faits en l’honneur de Mlle Clairon. On en tira quelques exemplaires . Mlle Clairon en emporta une moitié, mes nièces se jetèrent sur l’autre ; je n’en ai pas à présent . Dès que j’en aurai recouvré une, je vous l’enverrai . Mais en vérité, ces bagatelles ne sont bonnes qu’aux yeux de ceux pour qui elles sont faites . Elles sont comme les chansons de table, qu’il ne faut chanter qu’en pointe de vin.

Je vous remercie de toutes vos nouvelles. Souvenez-vous toujours de la bonne cause : ce n’est pas assez d’être philosophe, il faut faire des philosophes .

Si vous voyez M. le comte de La Touraille, ne m’oubliez pas auprès de lui. Il me paraît avoir bien de la raison, de l’esprit, et du goût ; cela n’est pas à négliger. »

 

 

 

1 L'édition Œuvres du marquis de Villette « améliore » le texte sur quelques points mineurs .

2 Il a payé pour débarrasser la scène de spectateurs .

3 Son épouse a plaidé pour obtenir leur séparation . Voir : http://histoire-bibliophilie.blogspot.com/2013/07/linfatigable-comte-de-lauraguais.html