20/01/2021
Je souhaite passionnément qu’il se porte bien, et qu’il demeure en place
... Ce sont les voeux de Voltaire , M. Joe Biden , bon mandat, pour votre bien et celui du monde . Pourvu que ça marche !
Pourtant dommage que vous en soyez encore à prêter serment sur la bible , comme si un kilo de papier imprimé sous la main pouvait assurer une conduite digne et une sincérité inaltérable de l'impétrant * :
Je rêve du jour où le serment se résumera, comme au temps de mon catéchisme , à "Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer !", et vogue la galère !
* On a vu le résultat avec le Donald Trump !
La superstition va encore bon train , duck, you sucker ! "Patrie des courageux" ;-))
Lady Gaga , à vous : https://www.youtube.com/watch?v=0mHOC0aDHcg
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
[vers le 20] [septembre 1765]1
Je crois à présent l’un de mes anges gardiens quitte de tous les tristes devoirs que la perte de l’Infant 2 a exigés de lui. Je le supplie de vouloir bien faire donner cette lettre à Lekain . En la lisant, vous me trouverez bien curieux.
On m’a dit que la santé de M. le duc de Praslin n’était pas bonne et qu’il parlait de se retirer. Je souhaite passionnément qu’il se porte bien, et qu’il demeure en place , et je le souhaite très indépendamment des dîmes que la sainte Église dispute à Genève et à moi. Quand il aura nommé un résident à Genève, je vous prie d’avoir la bonté de m’en instruire.
J’attends toujours vos instructions et votre paquet pour le communiquer au petit ex-jésuite, et je me mets au bout des ailes de mes anges.
V. »
1 Date complétée par d'Argental, sauf le jour . A cette époque, Garcin écrit à Moultou de Neuchâtel : « On débite une étrange nouvelle . C'est que Voltaire a obtenu votre place de résident à Genève ; elle est si extraordinaire que je n'y puis ajouter foi . Je n'ai vu ni ses Contes, ni sa Tolérance, ni le livre de Roustan qui n'est pas imprimé : je voudrais fort que tu pusses m'envoyer les deux premiers ouvrages [,,,]. » Le « livre de Roustan » ne peut être que les Lettres sur l'état présent du christianisme, et la conduite des incrédules, 1768 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k722144/f1.item.texteImage
et voir : https://data.bnf.fr/fr/13014673/antoine-jacques_roustan/
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
19/01/2021
cher soutien des spectacles et des plaisirs des Welches et des Français
... Ô chère Roselyne Bachelot, que faites-vous ? Vous a-t-on remisée dans les réserves de nos musées ? Etes-vous en cours de restauration après analyse par vos confrères ministres qui vous ont sortie du catalogue d'exposition ? Ou jouez-vous le rôle de la potiche ébrèchée, mais qu'on garde, pour ranger ses clés, pièces jaunes et masques ?
« A Henri-Louis Lekain
[vers le 20 septembre 1765]1
Mon cher grand acteur, vous voyez comme ce public approuve aujourd’hui ce qu’il condamnait hier, et condamne ce qu’il approuvait. Il n’appartient qu’au temps de fixer nos têtes de girouette. J’ai chez moi deux leçons d’Adélaïde fort différentes l’une de l’autre ; je soupçonne que la pièce, telle qu’on l’a jouée en dernier lieu, diffère encore de mes deux exemplaires. Je vous prie de m’envoyer l’exemplaire sur lequel vous vous êtes déterminé, afin qu’ayant confronté le tout, je puisse en former une pièce passable, que je vous ferai parvenir, avec une petite préface à la louange des Welches qui ne changent jamais d’opinion. J’ai grand’peur que vous ne les ayez séduits, et qu’ils n’aient pris vos talents pour de beaux vers.
Je vous remercie du petit relevé de la reprise d’Oreste que vous m’avez envoyé. Pourriez-vous pousser vos recherches et votre amitié pour moi jusqu’à m’instruire du nombre de représentations qu’Oreste a eues depuis cette reprise, et de la recette de ces représentations ? car on dit que c’est la recette qui est le thermomètre du succès. Je voudrais bien obtenir aussi que vous me fissiez la même grâce
Sur l’Electre française 2 à la mode soumise,
Pour le galant Itys si galamment éprise.3
Je suis curieux de savoir l’histoire de mon siècle.
Vous pourriez mettre le tout dans une enveloppe de toile cirée, ficelée, à la diligence de Lyon, à l’adresse de votre serviteur :
par la diligence de Lyon pour la messagerie de Genève.
Je vous embrasse bien tendrement, cher soutien des spectacles et des plaisirs des Welches et des Français. »
1 Le manuscrit est daté par l'éditeur « Commencement septembre 1765 » ; Moland , lui, précise « 24 septembre ». On se base notamment sur la mention de la représentation d'Adélaïde .
2 L'Électre de Crébillon .
3 Épître à Mlle Clairon , vers 21-22 .
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Vous ne faites que de bonnes actions, monsieur
... A qui pourrais-je dire cela aujourd'hui ?
A qui pourriez-vous le dire ?
Depuis l'abbé Pierre, je ne vois personne d'aussi bon, et c'est triste . Heureusement, son oeuvre perdure .
Une bonté et un sourire vrais
« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence
Brigadier des armées du roi
au château de Dirac
près d'Angoulême
20è septembre 1765 à Ferney
Vous ne faites que de bonnes actions, monsieur, vous protégez l’innocence des Calas contre un scélérat ; et vous mariez mademoiselle votre fille 1 à un bon gentilhomme. J’espère que vous aurez des petits-fils qui seront bons serviteurs du roi, et bons philosophes comme vous. C’est bien dommage que nos terres soient si loin des vôtres : nous vous donnerions la comédie pour les noces. Permettez-moi de présenter mes respects à madame votre femme et à monsieur votre frère. Tout ce qui a eu le bonheur de vous voir à Ferney vous fait les plus tendres compliments. »
1 Louise va épouser Louis-Honoré Froger de l'Équille le 24 octobre 1765 (20 novembre 1765 selon Besterman : note adaptée par F. Deloffre) ; voir : https://gw.geneanet.org/wailly?lang=en&p=louise&n=joumard+tison+d+argence
01:02 | Lien permanent | Commentaires (0)
18/01/2021
Ceux qui perdent ont possédé. Pour moi, il y a longtemps que j’ai le malheur de n’avoir rien à perdre...
... fors la vie !
« Au marquis Francesco Albergati Capacelli
20 septembre 1765 à Ferney
Vous auriez bien dû, monsieur, venir passer vos trois mois de retraite chez moi ; vous m’auriez consolé de ma vieillesse et de mes souffrances, et j’aurais fait mon possible pour vous consoler de vos chagrins. Mais vous avez trouvé dans vous-même, dans votre philosophie, dans votre goût pour la littérature, des ressources plus sûres qu’on ne pourrait vous en présenter. Le sujet de votre peine n’était d’ailleurs qu’un malheur très commun aux gens heureux, et c’est un malheur que vous avez peut-être déjà réparé. Ceux qui perdent ont possédé. Pour moi, il y a longtemps que j’ai le malheur de n’avoir rien à perdre.
Je n’ai jamais reçu les traductions de M. de Cesarotti ; mais son nom m’est fort connu, et je sais que c’est un homme digne de votre amitié. Si vous voulez bien, monsieur, l’assurer de ma respectueuse estime, lorsque vous lui écrirez 1, ce sera une nouvelle obligation que je vous aurai. Vous savez combien je vous suis tendrement attaché pour le reste de ma vie.
V. »
1 Selon le manuscrit ; l'édition Cayrol porte désirez, que Besterman adpote aussi sans justification raisonnable .
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17/01/2021
J'ai reçu de mon mieux vos deux conseillers, mon cher Président
... Et j'attends avec impatience le jour et l'heure de mon rendez-vous vaccinal . Comme dit le dicton espagnol "si tu es pressé , tu es déjà mort !", et c'est donc la seule consolation que j'ai en comptant les jours me séparant de la salvatrice piqure (si c'était des moutons , j'en aurais assez pour m'endormir !).
Ave Caesar ! morituri te salutant !
« Au Président
Germain-Gilles-Richard de Ruffey etc.
à Dijon
18è septembre 1765, à Ferney
J'ai reçu de mon mieux vos deux conseillers, mon cher Président, tout malade que je suis . Je m'intéresse vivement aux progrès de votre Académie ; vous l'avez établie, et vous la perfectionnerez . Je ne peux que vous applaudir de loin . Si vos magistrats avaient pu rester quelque temps dans nos cantons ils auraient vu chez moi une assez bonne comédie, qui se soutient malgré le départ de Mlle Clairon . Il faut avouer que cette Mlle Clairon est bien étonnante . En vérité je n'avais point d'idée d'un jeu si supérieur . Toutes les actrices que j'avais vues jusqu'à présent, excepté Mlle Dumesnil, n'étaient que de froides marionnettes .
J'aurais bien voulu vous tenir à Ferney avec M. l'ancien premier président de La Marche votre ami . Je fais bâtir deux ailes pour vous mieux recevoir si jamais vous revenez dans nos déserts . Conservez-moi des bontés qui seules peuvent me consoler de votre absence .
18è septembre 1765 à Ferney »
10:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
16/01/2021
il est avec l'attachement le plus respectueux votre très humble et très obéissant serviteur et il en dit autant à vos deux maris
... En tout bien tout honneur .
« A Marie-Jeanne Pajot de Vaux, Maîtresse
des comptes
à Lons-le Saulnier
Franche-Comté
18è septembre 1765 à Ferney
M. de Gondreville , madame, est aussi aimable que vous le dites . Je vois bien que vous vous y connaissez ; qui est plus faite que vous pour décider de ce qui doit plaire ?
Je demande bien pardon à monsieur François ; je compte bien lui écrire un jour pour l’assurer de tout mon attachement . Je prie madame sa mère en attendant de lui faire mes compliments très sincères .
On répète actuellement chez moi des comédies ; nous n'avons pas besoin de cela pour vous regretter ; vous auriez été une de nos meilleurs actrices ; mais vous êtes encore plus faite pour être le charme de la société que celui du théâtre . Si votre vieux serviteur vous écrivait de sa main il prendrait encore la liberté de vous appeler Pâté 1; mais comme il vous écrit de la main d'un autre il est avec l'attachement le plus respectueux votre très humble et très obéissant serviteur et il en dit autant à vos deux maris .
V. »
10:19 | Lien permanent | Commentaires (0)
15/01/2021
On ne peut rien ajouter à la promptitude et à la bonne grâce qu'on a mises dans cette affaire
... La vaccination anti-Covid , en France, évidemment ! Réputé et auto-proclamé pays de la raison cartésienne ? Bordélique , oui !
Je ne sais pas si l'imprimeur aura assez de papier pour fournir tous les diplômes mérités par nos instances politiques et administratives .
« A Jean Le Rond d'Alembert
18 de septembre [1765]
Mon cher et digne philosophe, vous avez donc enfin votre pension . Vous avez sans doute bien remercié de la manière galante dont on vous l'a donnée . On ne peut rien ajouter à la promptitude et à la bonne grâce qu'on a mises dans cette affaire .
M. le marquis d'Argence d’Angoulême m'a envoyé une lettre que vous lui aviez écrite ; c'est un homme plein de zèle pour la bonne cause, et qui a pris avec zèle le parti des Calas contre Fréron . J'ai bien de la peine à décider quel est le plus misérable d'Aliboron ou de Jean-Jacques ; je crois seulement Jean-Jacques plus fou et non moins coquin . Promettre d'écrire contre Helvétius pour être reçu à la communion, est d'un bassesse incroyable .
Je crois que vous aurez Mlle Clairon au mois d'octobre, mais je ne crois pas qu'elle reparaisse sur le théâtre des Welches . J'aime tous les jours de plus en plus mon philosophe Damilaville ; Tronchin lui a donné la fièvre pour le guérir . Je souhaite qu'il soit longtemps entre ses mains , et je voudrais bien vous tenir avec lui . Vous trouveriez Genève bien changée ; la raison y a fait des progrès dont on ne se doutait pas . Calvin n'y sera bientôt regardé que comme un cuistre intolérant .
Conservez bien votre santé ; jouissez de l'étonnante révolution qui se fait partout dans les esprits, et vivez pour éclairer les hommes . »
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