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20/03/2021

arrêter la procédure

... Vive les stups ! Tagada tagada voilà les poulets  ! Tagada tagada on vous envoie aux fraises !

https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2021/03/19/...

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Caries en vue, sus aux képis !

 

 

« A Joseph-Marie Balleidier

La femme Garder payera six francs à mes gardes, elle payera aussi les frais de la procédure commencée contre elle, au moyen de quoi monsieur Balleidier est prié d'arrêter la procédure, et si elle ne satisfait pas d'abord à ces conditions on continuera de la poursuivre .

V.

A Ferney le 25è novembre 1765. 1»

1 L'édition Vézinet est incomplète . Balleidier a noté « R[épondu] le 26 » sur le manuscrit .

19/03/2021

les tracasseries étrangères peuvent servir de délassement, et amuser un moment

... Biden-Poutine, Poutine-Biden : "t'ar ta gueule à la récré !"

https://www.youtube.com/watch?v=WjkVzYLAhEg

Brutal refroidissement climatique entre Joe Biden et Vladimir Poutine | Le  HuffPost

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

28è [25] novembre 1765 1

Il y a deux choses, mes divins anges, à considérer en ce paquet. La plus importante est celle de deux vers à restituer dans Adélaïde ; et ces deux vers se trouvent dans une lettre ci-jointe à Lekain 2, laquelle je soumets à la protection de mes anges.

La seconde est une billevesée 3 d’une autre espèce qui fera voir à mes anges combien je suis impartial, ami de la paix, exempt de ressentiment, équitable, et peut-être ridicule.

Plusieurs membres du conseil de Genève et plusieurs citoyens sont venus tour à tour chez moi, et m’ont exposé les sujets de leurs divisions. J’ai pris la liberté de leur proposer des accommodements. Il y a quelques articles sur lesquels on transigerait dans un quart d’heure ; il y en a d’autres qui demanderaient du temps, et surtout plus de lumières que je n’en ai. Mon seul mérite, si c’en est un, est de jouer un rôle diamétralement opposé à celui de Jean-Jacques, et de chercher à éteindre le feu qu’il a soufflé de toutes les forces de ses petits poumons. J’ai mis par écrit un petit plan de pacification 4 qui me paraît clair et très aisé à entendre par ceux qui ne sont pas au fait des lois de la parvulissime république de Genève . Donnez-vous, je vous en prie, le plaisir ou l’ennui de lire ma petite chimère ; je ne veux pas la présenter aux intéressés avant que vous m’ayez dit si elle est raisonnable. Je crois qu’il faudrait préalablement la montrer à deux avocats de Paris, afin de savoir si elle ne répugne en rien au droit public et au droit des gens. Ensuite je vous prierai de la faire lire à M. de Sainte-Foix, à M. le marquis de Chauvelin, à M. Hennin, et enfin à M. le duc de Praslin ; mais non pas à M. Crommelin, parce qu’il est partie intéressée, et que, malgré tout son esprit et toute sa raison, il peut être préoccupé.

Si M. le duc de Praslin approuvait ce plan, je le proposerais alors au conseil de Genève, et ce serait un préliminaire de la paix que M. Hennin ferait à son arrivée. Je ne me mêlerai plus de rien, dès que M. Hennin sera ici ; je ne fais que préparer les voies du Seigneur 5.

Je sais bien, mes divins anges, que M. le duc de Praslin a maintenant des affaires plus importantes. Je vois avec douleur que les parlements, à force d’avoir demandé des choses qui ont paru injustes, succomberont peut-être dans une chose juste, et que la France ne sera pas du diocèse de Novogorod-la-Grande .

La maladie de M. le dauphin cause encore de plus grandes inquiétudes, et ce n’est pas trop le temps de parler des tracasseries de Genève ; mais aussi les tracasseries étrangères peuvent servir de délassement, et amuser un moment.

Amusez-vous donc, et donnez-moi vos avis et vos ordres.

Quand vous serez dans un temps plus heureux et plus fait pour les plaisirs, le petit ex-jésuite vous enverra ses Roués. Il a profité, autant qu’il a pu, de vos très bons conseils . Il ne parviendra jamais à faire une pièce attendrissante , ce n’était pas son dessein ; mais elle pourra être vigoureuse et attachante.

Toute ma petite famille baise très humblement le bout de vos ailes.

N.B. – Je ne vous ai point envoyé une partie de rogatons, parce que je vous destine le tout . J'ai envoyé deux ou trois feuilles à M. l'abbé de Chauvelin, et deux ou trois autres à Mme Du Deffand . La somme totale sera de trois volumes, que Cramer avait commencé d'imprimer sans m'en rien dire, et auxquels j'ai été obligé de donner mes soins quand il m'a dit son secret .6 

V.» 

1L'édition de Kehl, suivie des éditions, omet le nota bene biffé sur la copie Beaumarchais . La date a été corrigée, cette lettre étant évidemment antérieure à celle du 27 , datée elle du 28 : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/10/correspondance-annee-1765-partie-35.html

Du même jour est la réponse de Crommelin à la lettre de Lullin citée : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/16/ce-matin-quatre-citoyens-m-ont-fait-dire-qu-ils-voulaient-me-parler-je-leur.html

3 Un mémoire sur les troubles de Genève. (Georges .Avenel.)

6 Ce Nota bene fait évidemment référence aux Mélanges : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71878s.texteImage

18/03/2021

Tout doit, si je l’en crois, céder à son pouvoir ; Lui plaire est ma grandeur, l’aimer est mon devoir

... Signé : Jean Castex .

"Lui" : qui ? Je le parie, sa timidité l'empêchera de l'avouer dans sa conférence de presse ce soir , mais suivez mon regard LREM [Louons le Révérend Emmanuel Macron]...

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La suite au prochain numéro ...

 

« A Henri-Louis Lekain

Je présume que M. Lekain aura attendu un temps plus favorable pour faire débiter la tragédie qu’il imprime . Je viens de découvrir encore des vers répétés au troisième acte.

Il y a dans la scène seconde de ce 3è acte :

Vous acceptiez la main qui vous perça le flanc.

C’est Nemours qui parle ; et Adélaïde lui dit, quelques vers après :

Enflé de sa victoire, et teint de votre sang,

Il m’ose offrir la main qui me perça le flanc.

Je retrouve dans une vieille copie :

Tout doit, si je l’en crois, céder à son pouvoir ;

Lui plaire est ma grandeur, l’aimer est mon devoir.1

Cette version est sans doute la meilleure 2; des cartons ne sont pas une chose bien difficile, et il faut les préférer à des négligences insupportables.

Je fais mille remerciements à M. Lekain. Je ne crois pas qu’il y ait eu des spectacles à Paris pendant les prières de quarante heures 3.

S’il y a quelque chose de nouveau, je le supplie de vouloir bien en faire part à son ami

V.

25è novembre [1765] »

1 Wagnière a écrit une version toute différente de ces vers ; V* les a biffés et remplacés par ceux qu'on voit ici .

2 Elle est effectivement adoptée .

3 Pour le rétablissement du dauphin .

Je ne sais si les spectacles ont cessé à Paris dans la crise dangereuse où se trouve M. le Dauphin . Ils doivent du moins être déserts

... Mon cher Voltaire, je te le confirme, tout est clos, mais pas toujours désert --occupations de protestation obligent.

Que va dire Maître Castex le Grand Gouvernant [sic] dans sa pièce à épisodes ad libitum "conférence de presse du jeudi" ?

https://www.telerama.fr/sites/tr_master/files/styles/simplecrop1000/public/manif_theatre_de_la_colline_08_0.jpg?itok=7_16delr

 

 

 

« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian, ancien

Capitaine de cavalerie, Chevalier de Saint-Louis

rue d'Anjou au Marais

à Paris

A Ferney 22è novembre 1765 1

Aujourd'hui en dévidant un écheveau de soie Mme Denis a trouvé une lettre du 29è octobre de M. le Grand Écuyer, je courais le risque de ne lire cette lettre que dans un an, car la navette à laquelle la soie était destinée s’étant brisée en mille morceaux, la soie sa voisine était fort négligée . Heureusement la destinée a prévenu tout ce que vous me mandiez, et que j'ignorais ; je suis devenu M. Perrin Dandin, je tâche d'accommoder les procès, et j'ai le bonheur de n'avoir mécontenté jusqu'ici aucun parti . Si je ne parviens pas à rétablir la concorde je me flatte du moins que les plaideurs rendront justice à mes intentions et à mes procédés . Je n'ai rien fait qu’ouvertement et avec franchise ; j'ai mis même par écrit mes propositions, afin qu'il y eût une preuve subsistante de l'intégrité de ma conduite . Cette petite occupation ne ralentit point du tout mon zèle pour les choses qui sont si chères à l'homme supérieur que vous avez gratifié d'une visite . Nous sommes tous deux attachés au même char sans nous connaître, et j’ai de la passion pour lui sans l'avoir jamais vu .

Vous me parliez de cette lettre du siège de Tolède . Le général qui assiège cette ville est bien jeune, et il est difficile de prendre Tolède en quinze jours . Je m’imagine que vous lui avez conseillé de tourner le siège en blocus .

Je ne sais si les spectacles ont cessé à Paris dans la crise dangereuse où se trouve M. le Dauphin . Ils doivent du moins être déserts 2, et le clergé doit suspendre ses querelles pour ne s'occuper qu'à prier Dieu . Il vaut beaucoup mieux qu'il fasse des prières que des mandements ; les unes seront très bien reçues de Dieu, et les autres fort mal du public .

Toute ma petite famille de Ferney fait mille tendres compliments à ma famille de Paris . Je ne sais où vous êtes à présent ; mais soit à la ville, soit à la campagne, je me flatte que ma lettre vous parviendra . Mme la duchesse d'Anville qui a depuis près d'un mois un paquet pour Mme de Florian, ne paraît pas prête à partir ; je ne sais ce que deviendra mon paquet . Adieu, monsieur, je vous embrasse de tout mon cœur . »

1 L'édition de Kehl est limitée au 3è paragraphe amalgamé à la lettre du 16 novembre 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/14/comme-bon-voisin-je-voudrais-s-il-etait-possible-tout-concil-6303441.html

2 La Comédie fermera du 17 décembre 1765, alors que le Dauphin se meurt, au 11 janvier 1766 inclus . Jusqu'à cette date le public ne sera pas moins nombreux que d'habitude , et la comédie du Philosophe sans le savoir de Sedaine sera représentée avec un grand succès à partir du 2 décembre .

Vos sentiments m'ont paru aussi purs que les miens

... Oui, Mme Corinne Masiero, vous avez osé agir . De sombres abrutis vous poursuivent en justice pour "exhibition sexuelle" ! Que ces minus habens, hommes et femmes hypocrites, restent avec leurs oeillères, l'échine pliée, tartuffes : "cachez ce sein que je ne saurais voir !" , censeurs à n'en pas douter de "L'origine du monde", incapables de reconnaitre le courage . 

https://www.vanityfair.fr/actualites/articles/corinne-mas...

Le visage de l'origine du Monde de Courbet révélé

Mme  Masiéro, m... à ceux qui n'ont vu en vous qu'un sexe "dérangeant"

 

 

« A Jean-André De Luc

22 novembre 1765

J'ai lu monsieur les papiers que vous m'avez fait l'honneur de m'envoyer . Ils m'ont paru écrits avec sagesse, autant qu'avec clarté . J'ose penser qu'il ne serait pas difficile de concilier les esprits sur les points qui sont discutés dans ces mémoires . L'objet le plus important si je ne me trompe et qui semble rencontrer des difficultés insurmontables est le droit auquel on a donné le nom de négatif . La médiation n'a voulu sans doute ni avilir l'autorité du Conseil ni enchaîner la liberté des citoyens . Tout l'esprit de vos lois consiste dans le maintien de ces deux objets .

Hier après votre départ de Ferney je fis lire les articles de la médiation à l'avocat qui avait dîné avec nous . Il trouva sans hésiter que la lettre de la loi n'était pas en faveur des représentants . Il faut donc trouver quelque tempérament qui concilie la lettre et l'esprit . J'ai été fort surpris que dans sept cents citoyens vous ne puissiez pas compter trois jurisconsultes . Peut-être y a-t-il un remède à cette étrange disette . Je vous proposerai mes faibles idées 1 la première fois que j'aurai l'honneur de vous entretenir . Vous savez que je n'ai et ne puis avoir en vue que le bien public . Vos sentiments m'ont paru aussi purs que les miens . Vous m'éclairerez beaucoup mais vous ne pourrez guère augmenter l'envie que j'ai de voir votre République tranquille et heureuse non plus que les sentiments d'estime que vous m'avez inspirés.

Permettez-moi d'y joindre ceux de l’amitié sans cérémonie . Votre très humble et très obéissant serviteur .

V. »

1 Ces « faibles idées » se trouvent dans « Propositions à examiner pour apaiser les divisions de Genève », puis « Réflexions sur les moyens proposés pour apaiser les troubles de la ville de Genève ».

Voir : https://adrienfaure.blog.tdg.ch/archive/2018/06/09/l-implication-de-voltaire-dans-la-vie-politique-genevoise-la-292653.html

Sur cette affaire voir Fernand Caussy : « Voltaire pacificateur de Genève » dans la Revue politique et littéraire : Revue bleue, 4 janvier 1908 : voir page 13/36 (page 9 du document) : https://www.retronews.fr/journal/la-revue-politique-et-litteraire/04-janvier-1908/2057/4394725/13

Voir

Vous savez monsieur que les mauvais propos ne doivent pas empêcher les bonnes actions

... Nous allons le voir avec la conférence de presse de M. Castex, lequel est toujours bien brouillon, et les décisions gouvernementales semblables à un tirage du loto : au pif ! Résultat favorable souhaité : quine, double quine, carton ! 

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Conseil des ministres !?

 

 

« A Jean-André De Luc

l'aîné 1

à Genève

[21 novembre 1765 ?]

Vous savez monsieur que les mauvais propos ne doivent pas empêcher les bonnes actions . Je n'ai et ne puis avoir d'autre but que la liberté et la concorde de mes voisins . Je ne ferai rien qu'au grand jour, et je me flatte que M. le duc de Praslin approuvera ma conduite .

Vous m'avez trouvé droit et sincère, vous me trouverez toujours tel, ce n'est point en secret que je reçois l'honneur de vos visites . Vous pouvez venir sans scrupule, comme je fais gloire de m'entretenir avec un homme de votre mérite et avec des amis qui vous ressemblent .

Mon carrosse attend vos ordres . »

1 Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Andr%C3%A9_Deluc

La lettre peut être datée à peu près grâce aux lettres du 21 novembre à Pierre Lullin et celle de ce dernier : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/16/ce-matin-quatre-citoyens-m-ont-fait-dire-qu-ils-voulaient-me-parler-je-leur.html

17/03/2021

Ce matin quatre citoyens m'ont fait dire qu'ils voulaient me parler ; je leur ai envoyé un carrosse, je leur ai donné à dîner, et nous avons discuté de leurs affaires

... Si seulement c'était vrai, Roselyne ! (Bachelot, précisément "ministre de la Culture" ! sic. ). Non seulement tu ne fais rien de concret, mais en plus tu te permets des jugements de valeur absolument indignes , incapable en plus d'affronter ceux que tu te glorifies d'aider financièrement et qui ne demandent que d'exercer leurs métiers d'artistes . Avoue que tu n'es dans ce gouvernement que la cinquième roue du carrosse, béni-oui-oui d'offfice , grosse tête de marionnette de foire . "Cette soirée n'a pas été utile au cinéma ...": tu ne crois pas si bien dire, il y a eu d'un côté des acteurs, des vrais, et de l'autre ta vanité vexée et ta vacuité insondable : https://actu.orange.fr/politique/roselyne-bachelot-etrille-la-ceremonie-des-cesar-un-meeting-politique-a-l-antipathie-incroyable-magic-CNT000001xNZ1k.html

Chapeau bas à Corinne Masiéro ! Rassurez-vous, vous n'êtes pas en "état de ruine" , même si Morandini , franc comme un âne qui recule, fait caviarder vos seins et sexe .

Corinne Masiero, nue sur la scène des César, persiste et signe : "Je m'en  fous"

https://www.rtl.fr/culture/cine-series/cesar-2021-corinne...

https://www.rtl.fr/culture/cine-series/corinne-masiero-repond-a-roselyne-bachelot-quand-allez-vous-arreter-de-nous-faire-crever-7900009004

 

 

« A Pierre Lullin Conseiller Secrétaire

d’État

à Genève

Jeudi au soir 21è novembre 1765 à Ferney 1

Monsieur,

Ce matin quatre citoyens m'ont fait dire qu'ils voulaient me parler ; je leur ai envoyé un carrosse, je leur ai donné à dîner, et nous avons discuté de leurs affaires .

Je dois d'abord leur rendre témoignage qu'aucun d'eux n'a laissé échapper un seul mot qui pût offenser les magistrats . Je ne crois pas qu'il soit impossible de ramener les esprits, mais j'avoue que le conciliation est fort difficile . Il y a des articles sur lesquels il m'a paru qu'ils se rendraient 2; il y en a d'autres qui demandent un homme plus instruit que moi, et plus capable de persuader . J'avais imaginé un tempérament qui semblait assurer l'autorité du Conseil, et favoriser la liberté des citoyens ; je vous en ferai part quand je pourrai avoir l'honneur de vous entretenir . Vous serez du moins convaincu que je n'ai profité de la confiance qu'on a bien voulu avoir en moi, que pour établir la concorde 3. Mes lumières sont bornées, mes vœux pour la prospérité de la République ont plus d'étendue .

Je vous supplie, monsieur, d'assurer le Conseil de mon zèle et de mon très respectueux dévouement, et de croire que j'aurai toujours l'honneur d'être avec les mêmes sentiments

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Desnoiresterres donne une version incomplète .

2 On a tous les renseignements possibles, intéressants, sur cette entrevue dans une lettre de Pierre Lullin à Jean-Pierre Crommelin du 22 novembre 1765 : « De Genève du vendredi 22 novembre 1765 . / Monsieur,/ Je dois vous informer de quelques conversations que vous avons eues avec M. de Voltaire, que le Conseil m'a ordonné de vous mander, présumant que M. le duc de Praslin pourrait en avoir connaissance, et dont vous ne parlerez point le premier . / Je reçus le 27 du mois dernier une lettre de M. de Voltaire, dans laquelle après m’avoir dit un mot de l'affaire des dîmes, il ajoutait :

« Je me suis toujours fait, monsieur, un honneur et un devoir …  [http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/02/21/si-vous-pouvez-vous-echapper-quelques-moments-et-venir-diner-6298986.html ] » / +

« J'eus l'honneur de lire au Conseil cette lettre, dont je reçus l'ordre d'aller à Ferney ; il y avait déjà quelque temps qu'on parlait beaucoup des visites que les représentants faisaient à M. de Voltaire . On présuma qu'il voulait m'en entretenir . Je me rendis à Ferney le 30, je lui dis que j'avais préféré d'avoir l’honneur de le voir, que Messeigneurs informés de ses sentiments pour eux m'avaient chargé de lui exprimer leur sensibilité . Il me dit d'abord avec une grande effusion de cœur qu'il était plein de respect pour le Conseil et qu'il désirait qu'il fût persuadé de son dévouement et de son zèle pour tout ce qui peut intéresser l’État ; qu'on l’avait calomnié dans le public et représenté comme ayant des liaisons intimes et dangereuses avec les représentants et qu'il espérait que le Conseil n'aurait ajouté aucune créance à ces bruits , qu'il était vrai que ne pouvant refuser sa porte à personne il avait reçu la visite de De Luc fils accompagné de Vieussieux, que le sujet ou le prétexte de cette visite fut le désir qu'avait De Luc de connaître par lui-même les titres qui étaient au château de Ferney, qui prouvaient que ses ancêtres avaient possédé cette terre ; qu'après l'avoir satisfait là-dessus la conversation était naturellement tombée sur nos dissensions et sur Rousseau ; qu'ils lui témoignèrent leur crainte sur l'abus du droit négatif, qu'il leur répondit qu'elle était chimérique, que la crainte des abus à venir portait à tout, parce qu'il est possible d'abuser de tout, qu'il fallait se reposer sur la sagesse du Conseil, qui lui paraissait bien éloigné d’abuser de son autorité, qu'il lui avait paru faible dans sa conduite vis-à-vis Rousseau : que la continuation des dissensions lui paraissait tendre à une médiation, ce qui était un pas vers la servitude, qu'il leur dit que tant qu'ils suivraient les directions de Rousseau, il ne pourrait leur taire qu'ils serait regardés à la cour de France comme des rebelles et des séditieux, que Rousseau y était en abomination . Ils l'assurèrent qu'ils ne suivaient plus ses conseils . Il leur répondit qu'ils ne le connaissaient pas, qu'il avait le cœur noir, qu'il se bornerait à leur en citer un exemple qui le concernait ; qu'il avait écrit il n'y a pas longtemps : « Si vous avez dit que je n'étais pas secrétaire d'ambassade à Venise, vous en avez menti et si je ne l'ai pas été vous pouvez me dire que c'est moi qui en ai menti » ; que pour s'assurer de la qualité de Rousseau il avait écrit pour avoir du bureau ce qui pouvait le concerner, qu'on lui avait envoyé la copie de trois lettres que Rousseau avait écrit à M. Du Theil, premier commis du bureau des Affaires étrangères en 1741, dans lesquelles en se plaignait de l’ambassadeur, il dit qu'il mange son pain, qu'il était à ses gages, et qu'il était son secrétaire, qu'il s'était brouillé avec lui pour le règlement d'un compte, qu'il avait eu peur qu'il ne le jetât par la fenêtre, et qu'il l'avait menacé de coups de bâton : qu'il leur avait lu ces lettres, et il me les fit lire.

« Il me dit ensuite qu'on accusait le Conseil d'être la cause des ordres que le canton de Berne avait donné à Rousseau de se retirer . Je l'assurais que le Conseil n'avait jamais rien écrit à aucune puissance sur le compte de Rousseau . Il ajouté qu'on l'accusait d'avoir écrit un mémoire adressé à M. le duc de Praslin contre le magistrat, qu'on pouvait s'informer si ce fait n'était pas faux, que toutes les fois qu'il avait écrit, c'était d'une manière favorable au Conseil . Il s'étendit ensuite sur la folie qu'il y avait d'imaginer qu'il pût se lier avec les représentants dans des vues défavorables au Conseil , qu'il fait trop de cas de son estime et de celle de tous ses amis pour avoir de semblables desseins . Tout ceci fut dit de manière que je compris qu'il avait fortement désiré de s'expectorer avec moi . Il me pressa de garder le secret et invita le Conseil à en faire de même . Il me dit qu'il se trouvait dans une position telle qu'il pouvait rendre au Conseil des services importants dans l'occasion qu'il regardait comme très prochaine, mais qu'il ne fallait pas s'effaroucher si on voyait aller quelques-uns des principaux chez lui, qu'ils le regardaient comme une personne neutre, qu'ainsi ce qu'il pourrait leur dire ferait plus d'effet que ce qui partirait de tout autre , que le Conseil pouvait prendre confiance en lui, qu'il ferait ce qu'il désirerait, qu'il lui était entièrement dévoué et il m'en donna pour preuve qu'on lui avait écrit de se séparer de la République pour l'affaire des dîmes, qu'il n'avait pas voulu le faire présumant qu'on voulait peut-être lui être favorable et nous condamner . Je le remerciai beaucoup de ses dispositions, l'assurant que j'en informerais le Conseil.

« Je me trouvai seul ensuite avec Mme Denis qui me dit qu'elle désirait me parler depuis quelque temps et elle m'informa que lorsque son oncle quitta les Délices Chapuis, De Luc et d'autres allèrent lui témoigner leurs regrets de ce qu'il quittait le territoire de la République . Ils parurent parler au nom des citoyens qui se flattaient de n'avoir en rien contribué à cette retraite ; elle me dit qu'elle ne pouvait dissimuler que le brûlement du Dictionnaire philosophique avait affecté son oncle, que cependant elle l'avait calmé en lui représentant que le Conseil était gêné dans ses délibérations par les ménagements qu’il doit avoir pour le Consistoire et par l'égalité qu'il doit observer dans ses jugements ayant brûlé Émile : elle me réitéra les sentiments de son oncle pour la République et elle m’assura qu'il avait été très fâché des bruits répandus contre lui . Elle pense que les visites de M. De Luc et autres n'avaient pour but que de se rendre son oncle favorable dans le cas de l'appel de la médiation et elle me dit qu'elle tenait de lieu sûr que si on était obligé d'y recourir, l'intention de la Cour était de se tenir radicalement au premier ouvrage .

« Sur mon rapport j'eus ordre de me rendre à Ferney et de dire à M. de Voltaire que le Conseil avait une véritable satisfaction de ses sentiments, persuadé qu'il était qu'il lui rendrait service dans toutes les occasions . Mes ordres portaient de le sonder, sans cependant rien avouer qui pût lui faire croire que le Conseil voulût le charger d'aucune proposition .

« La veille de mon départ M. de Voltaire avait envoyé à M. le conseiller Jacob Tronchin une lettre ,dans laquelle après lui avoir manifesté ses sentiments pour sa famille à l'occasion du libelle, et son attachement à la constitution du gouvernement, il dit, « que voyant avec douleur les jalousies et les divisions qui règnent il propose une entrevue dans un dîner à sa campagne entre deux magistrats des plus conciliants et deux des plus sages citoyens à laquelle on pourrait inviter un avocat auquel les deux partis auraient confiance », et il finit en invitant M. Tronchin à y aller avec M. le conseiller Turretin au cas que sa proposition ne pût avoir lieu . MM. les syndics à qui M. Tronchin communiqua cette lettre, lui ordonnèrent de lui répondre qu'il la leur avait communiquée et qu'ils y réfléchiraient : on n'en dit rien d'abord au Conseil, on me mit dans la confidence . On m'ordonna de feindre d'ignorer le contenu de cette lettre et je me rendis à Ferney le lendemain 14 de ce mois ; j'informai M. de Voltaire que j'avais rendu compte au Conseil de notre précédente conversation et que j'avais eu ordre de lui témoigner de nouveau la sensibilité du Conseil aux sentiments qu'il m’avait exprimés. Il me réitéra les assurances de son dévouement et il me dit, qu'il avait écrit à M. Tronchin et s'il ne m’avait pas communiqué sa lettre ; je lui dis que je l'ignorais entièrement , il en parut un peu surpris et tout de suite il me dit : « Il y a beaucoup de mécontentement et d’aigreur, il faut chercher quelques moyens qui puissent contenter les représentants . Il vaut mieux le faire par vous-même que par autrui. M. le duc de Praslin a bien connaissance que le roi a été médiateur, mais il ne connait point votre constitution . » Je le trouvai tout occupé de la lecture des lettres populaires et d'un manuscrit que mes yeux ne purent lire étant un peu éloigné de lui ; « J'ai beaucoup réfléchi, dit-il, sur les moyens de concilier vos différends et j'imagine qu'on pourrait contenter les représentants en trouvant un expédient qui donnât de l'efficace aux représentations mais qui les rendît extrêmement rares . Pour cela je pense qu'il faudrait fixer le nombre de représentants, leur âge et leur qualité afin que le Conseil y ait égard . Si on poussait ce nombre jusqu'à 6 ou 700, je doute qu'il fût aisé de persuader un si grand nombre de citoyens à moins que le grief ne fût évident » ; je lui répondis que ce moyen altérerait notre constitution, qu'il n'était pas si difficile qu'il l'imaginait de réunir 6 à 700 bourgeois, que telles étaient les liaisons qu'occasionnaient les cercles, les fabriques et le commerce, qu'un chef, pour peu qu'il soit accrédité, peut faire appuyer ses griefs prétendus par ce nombre de citoyens et même par un plus grand, qu'ainsi l'expédient proposé irait toujours à faire porter au Conseil général les fantaisies d'un homme en tête de la démocratie . Il me parut sentir la force de cette réflexion, il n’insista pas, il ne me dit rien de plus et je partis .

« MM. les syndics informèrent le Conseil de la lettre de M. de Voltaire et l'avis fut que M. Tronchin irait à Ferney où après avoir exprimé à M. de Voltaire les sentiments du Conseil pour lui, il lui dirait qu'il jugeait n'avoir pas le droit de transiger sur la constitution du gouvernement de la République, qu'ainsi l'entrevue qu'il proposait, ne pourrait aboutir à rien . M. Tronchin fut chargé de l'en détourner le plus poliment qu'il pourrait . M. Tronchin est allé à Ferney le 20, M. de Voltaire a bien pris la résolution du Conseil et il a dit que dans toute cette affaire il ne voulait être que le cabaretier . Il parla encore de la proposition qu'il m'avait faite, et il dit qu'il aurait fallu mettre par écrit l'explication de huit ou dix lois qui tiennent le plus au cœur des représentants, qu'on aurait confirmé le droit négatif pour le reste ; quelques-uns le sont allé voir lundi dernier et ils lui ont manifesté leur intention de n'élire aucuns magistrats qui n'aient obtenu leur demande , qu'ils voulaient absolument M. Trembley pour procureur général ou point . J'ai l'honneur d'être / monsieur votre très humble et très obéissant serviteur/ Lullin/ Conseiller et secrétaire d’État ».

Certains conclurent de cette lettre que les efforts de conciliation de V* se réduisent à animer les « citoyens » contre Rousseau .

3 Le Conseil, ayant reçu communication de la lettre de V* à Jacob Tronchin et d'une autre similaire (non retrouvée), fut d'avis , le 25 novembre 1765, que « ledit noble Lullin doit aller chez le sieur de Voltaire et lui répondre le plus honnêtement qu'il pourra que le Conseil n'est en aucune façon disposé à transiger sur la constitution du gouvernement de la République et qu'il rompe aussi civilement qu'il sera possible toute négociation . »